Son origine
Démétrios I Poliorcète “Preneur de ville” (En Grec :
Δημήτριος A’
Πολιορκητής) fut Roi
de Macédoine de 294 à 287
av.J.C (on trouve aussi souvent 288).
Après la mort d’Alexandre le Grand
(336-323), il fut un
personnage central dans les guerres sanglantes qui éclatèrent entre les Diadoques pour la prédominance des territoires de l’Empire.
Il naquit en 336 et il fut le fils d’Antigonos I Monophtalmos
(ou Antigone le Borgne, 306-301)
et de Stratonice (ou Stratoníkē, en Grec : Στρατονίκη). Son frère cadet,
Philippe, mourut jeune, en 305.
Démétrios I et son père entretinrent toujours d’excellentes relations, dont, selon les
auteurs de l’époque, ils étaient fiers, étant donné les périodes d’instabilité et de suspicions meurtrières entre proches parents
qui étaient monnaie courante à cette époque. Démétrios I passa son enfance à
Celaenae (ou Kelainai ou Kélainai ou Celaenæ) et aurait reçu une éducation principalement
militaire. La destinée de ce Roi est bien connue grâce aux Vies parallèles de
Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec,
46-v.125), qui mit en comparaison Démétrios I avec Marc-Antoine. Il faut signaler que l’auteur spécule sur le fait que Démétrios
I
puisse être un neveu d’Antigonos I que celui-ci aurait adopté après
s’être marié avec la veuve de son frère nommé Démétrios ?.
Contexte et début de carrière
La mort
d’Alexandre le
Grand en 323 à Babylone marqua le début
d’une lutte acharnée pour le pouvoir entre les Diadoques (Généraux) du Roi, qui ne se calmera pas avant 275. La première
guerre de succession débuta à partir de 323/2 et prit fin avec la mort de
Perdiccas (Régent 323-321) et
Cratère (ou Kraterós, v.370-321).
Elle résultait du mécontentement des Diadoques lors du partage de l’Empire à
Babylone.
Là, Antigonos I entreprit
très vite une lutte contre Perdiccas et son fidèle disciple
Eumène de Cardia (ou Eumènès, 362-316) qui voulaient refaire l’Empire à leur profit.
En 321, après la mort de
Perdiccas, eut lieu la redistribution de l’Empire aux accords de
Triparadisos, en Haute-Syrie, en vue de réorganiser le commandement et les
satrapies.
Ils marquèrent le renforcement du pouvoir : d’Antigonos I
qui y fut nommé Stratège d’Asie avec la mission d’écraser Eumène de Cardia (ou Eumènès), et
d’Antipatros (ou Antipater, Régent 321-319) à la tête de la
régence Macédonienne avec le titre d’Épimélète (Protecteur) des Rois.
Antigonos I devint
vite un fidèle d’Antipatros qui lui donna de
grands pouvoirs.
Tétradrachme argent de Démétrios I
|
Dans l’esprit de garder toutefois un œil sur ses activités,
Antipatros lui adjoint comme second son propre fils
Cassandre, désigné Chiliarque de la cavalerie. La mésentente entre les
deux hommes allait rapidement éclater. Cassandre parvint quand même à
convaincre son père de ne pas se séparer de la tutelle des Rois et à les emmener avec lui en
Macédoine. Ce geste de défiance envers
Antigonos I, qui avait obtenu la garde des souverains, fut compensé
par le mariage entre Phila I,
la fille d’Antipatros et la veuve de
Cratère avec Démétrios I.
Désormais les deux hommes forts de l’Empire se partageaient l’autorité impériale,
Antipatros en Europe et
Antigonos I en Asie.
Au début 319, la menace que représentait
désormais Antigonos I en Asie obligea
Antipatros à infléchir sa politique
et à préparer un appel à Eumène de Cardia. Celui-ci, réfugié dans la forteresse de Nora en
Cappadoce,
proposa des négociations de paix à Antipatros par
l’intermédiaire l’historien Grec Jérôme de Cardia (ou Hieronymus de Cardia,
v.360-v.272), et, comme le précise l’historien Romain Justin
(III siècle ap.J.C), il semble qu’un rapprochement eut lieu entre les deux hommes
au détriment d’Antigonos.
Malheureusement, à l’été 319
Antipatros mourut à l’âge de 78 ans. Sa succession fut confiée à
Polyperchon, ainé des Généraux, qui fut désigné
Épimélète des Rois avec la lourde tâche de maintenir la Macédoine hors
du giron d’Antigonos I et de
Ptolémée (Roi 305-282). Son fils aîné
Cassandre fut quant à lui confirmé dans ses fonctions de
Chiliarque. Cette nouvelle organisation, relança les conflits les uns refusant de se soumettre, d’autres revendiquant pour
eux-mêmes l’héritage etc… En Macédoine, des factions s’organisèrent
autour de chacun des protagonistes, la Reine-mère Olympias prit le
parti de Polyperchon, qui rallia à sa cause Eumène de Cardia,
qu’il désigna Stratège d’Asie au nom des Rois, avec la charge de combattre
Antigonos I, tandis que
Cassandre obtint le soutien
d’Antigonos I. Se déclencha alors la Deuxième Guerre des Diadoques
(319-315). Dans le contexte des hostilités qui eurent lieu au cours de cette
période, Antigonos I envoya des troupes en
Cappadoce, et plus tard en
Cilicie, pour
capturer Eumène.
Durant l’hiver 318-317, Eumène gagna la
Susiane où il rassembla les troupes de Haute-Asie et organisa sa défense.
Antigonos I arriva à son tour dans la région et reçut le soutien du
Satrape de
Médie, Peithon (ou Pithon, v.355-316) et de
Séleucos (Roi 305-280) qu’il chargea
d’assiéger la citadelle de Suse.
Eumène franchit alors le Tigre et défit Antigonos I
sur les rives du Copratès (Auj. rivière Dez, un affluent du Karun). Ce dernier se replia sur la
Médie menaçant les possessions des
Satrapes ralliés à
Eumène. Puis Antigonos I s’avança vers la
Perse,
tandis que l’armée d’Eumène allait à sa rencontre dans la région de Paraitacène, au Nord-est de
Suse, où ils se rencontrèrent fin 317.
Antigonos I le battit une première fois et une deuxième fois en 316,
à la
bataille de Gabiène (ou Gabiane) où Eumène fut capturé et aussitôt exécuté sur l’ordre
d’Antigonos I
dans des circonstances assez floues. Dans le cadre de cette campagne, Démétrios I reçut le baptême du feu en tant que commandant
de cavalerie, à l’âge d’à peine plus de vingt ans. Selon
Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), il est à noter que Démétrios
I, contrairement à l’opinion de la plupart des alliés de son père, lui conseilla de ne pas tuer le Général vaincu.
Portrait de Démétrios I – Musée du Louvre
|
Antigonos I devint maintenant maître des
Satrapies supérieures
et semble t-il le seul capable de prendre l’initiative de la reconstruction de l’Empire
Macédonien.
Antigonos I arriva dans
Babylone, pour demander des comptes à
Séleucos qui jouait une carte personnelle tout en ayant combattu Eumène. Ce dernier plutôt que de l’affronter préféra
la fuite et se réfugia alors en Égypte.
Antigonos I n’hésita pas alors à nommer des
Perses à des postes clés. Selon Diodore
de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30), il s’empara du trésor royal de Kyinda (en
Cilicie),
estimé à 10.000 talents, auquel s’ajoutèrent ses revenus annuels d’environ 11.000 talents. Avec Démétrios I ils devinrent donc
en 316 les plus riches et les plus puissants des Diadoques.
Dans le même temps son allié
Cassandre s’imposait en
Macédoine contre
Olympias qu’il fit assassiner, et avec
Ptolémée ils
chassèrent définitivement Polyperchon de
Macédoine, qui fuit alors vers le Péloponnèse, où il contrôlait
encore avec son fils Alexandros quelques places fortes.
En 316, Cassandre fut le véritable Régent et il bénéficia d’un appui
considérable en Grèce. Antigonos I
et Démétrios I se lancèrent alors de leur côté dans un vaste mouvement de réorganisation de l’Asie. Au printemps de 315,
leurs activités ambitieuses provoquèrent l’inquiétude des autres Diadoques, qui se mobilisèrent contre eux.
La Troisième Guerre des Diadoques
La lutte contre la coalition de
Cassandre, qui est appelée Troisième Guerre des Diadoques dura de 314 à
311. Démétrios I va y avoir sa première mission en tant que responsable militaire. Pendant que
Ptolémée était occupé en Libye pour écraser une
rébellion de la ville de Cyrène, Antigonos I
et Démétrios I envahirent la Syrie et la
Phénicie lui appartenant.
Cela allait être une tâche difficile pour Démétrios I à l’âge de 22 ans de lutter contre ce dernier, mais il bénéficia de
consultants expérimentés, dont son second, le
Satrape de
Médie, Peithon (ou Pithon).
Selon Diodore de Sicile
(Historien Grec, v.90-v.30), avant de partir pour le Nord, son père lui laissa une armée composée de 10.000 mercenaires, 2.000
Macédoniens, 5.000
Lyciens et
Pamphyliens, 4.000 archers
Perses, 5.000 cavaliers et 43 éléphants de
guerre. Pendant qu’Antigonos I gagnait la
Phrygie,
Ptolémée et Démétrios I s’affrontèrent, en 312, à la
bataille de Gaza.
Malgré son armée imposante, la différence d’expérience militaire joua et Démétrios I et Peithon (ou Pithon) furent battus.
5.000 de leurs hommes perdirent la vie, tandis que 8.000 furent faits prisonniers et envoyés en
Égypte.
Ptolémée marcha contre les villes
de Phénicie, les
annexant de nouveau, les unes par les armes, les autres par la persuasion. Démétrios I de son côté, n’ayant plus d’armée
forte, envoya un message à son père exigeant son aide rapide. Il déménagea son
campement à Tripoli de
Phénicie (aujourd’hui le Liban), et y réunit des hommes provenant de
Cilicie et plusieurs
villes capturées par l’ennemi où ils avaient fui.
Ptolémée choisit de l’attaquer afin de le chasser de Cœlé-Syrie. Ce dernier, cependant, informé par des espions, déplaça
rapidement son armé et attaqua le camp ennemi tôt le matin, semant le chaos. Il n’y eut pas de véritable bataille gagnée, ne
saisissant que quelques prisonniers.
Antigonos I
apprit, très satisfait que son jeune fils avait toutefois renversé la situation
grâce à ses propres efforts, et bientôt les deux hommes réunirent leurs forces.
Ptolémée fut contraint de prendre la difficile
décision de rentrer en Égypte où il
pourrait, le cas échéant, se défendre plus facilement. En 311, lors de ce retrait les
Égyptiens pillèrent la Syrie et les
villes de Ptolémaïs (ou Acre ou Akkā),
Jaffa et
Gaza. Il est à noter
que dans la même période, Séleucos ,
consolida sa position dominante dans la région de
Babylone.
Tête masculine souvent attribuée à Démétrios I – Musée du Louvre
|
Démétrios I fit ensuite une campagne contre les
Nabatéens,
qui, cependant, prit fin avec un compromis entre les deux parties. Au cours de cette période, il avait étudié la manière dont les
habitants exportaient l’asphalte de la mer Morte et persuada son père de tenter d’extraire ce produit pour leur propre compte. Le
projet montra une forte résistance des peuples autochtones et il dut rapidement abandonné cette idée pour parer à des choses
plus pressantes. En effet Antigonos I apprit que
Séleucos entamait des mouvements de
troupes importants et inquiétants en
Babylonie. Il ordonna alors à Démétrios I de se rendre rapidement dans la région et il lui confia une armée
de 5.000 Macédoniens, 10.000 mercenaires fantassins et 4.000 cavaliers,
afin de stabiliser la situation à
Babylone, puis de revenir rapidement par la mer.
Apprenant le départ de Démétrios I de
Damas en Syrie,
les Babyloniens quittèrent la ville en
attendant des renforts de Séleucos.
Lorsque Démétrios I arriva il trouva la cité vide et afin de pouvoir ravitailler son armée il se livra à un pillage en règle.
Il dut abandonner sa conquête et bien qu’il laissa sur place des hommes de confiance, la campagne de Démétrios I en
Babylonie fut un échec et
Antigonos I perdit la
région qui revint à Séleucos.
Une première tentative de paix entre
Antigonos I et
Ptolémée échoua en raison de l’ampleur des exigences
d’Antigonos I. Mais en 311, la situation était bien moins
satisfaisante pour lui. Suite à la défaite de Démétrios I face à
Séleucos,
il avait besoin de la paix pour se retourner contre ce nouvel adversaire. Il se fit représenter par Aristodème de
Milet (ou Aristodemos ou Aristódêmos),
un de ses Généraux, pour reprendre les négociations d’un traité.
Celui-ci établit que chacun des Diadoques gardait ses possessions,
très affaiblis, Cassandre,
Lysimaque et
Polyperchon acceptèrent le traité
mettant ainsi fin à la Troisième Guerre des Diadoques. Antigonos I
fut par ailleurs nommé officiellement Stratège d’Asie,
alors que Cassandre obtint le titre de Stratège d’Europe, tout en
gardant la tutelle d’Alexandre IV.
Antigonos I fut le vainqueur provisoire de ce conflit. Son Empire,
centré sur l’Asie Mineure, restait
intact moins la Babylonie.
De plus, il garda la possession des trésors dérobés dont il ne fut pas question dans les négociations de paix. Cependant
Antigonos I n’avait pas atteint pleinement ses objectifs. Aucun de
ses adversaires ne fut définitivement vaincu et il dut
reconnaître Cassandre
comme tuteur du Roi
Alexandre IV
et comme Stratège d’Europe, ce qui lui redonnait du pouvoir sur les cités
Grecques.
La suprématie d’Antigonos I
Campagne en Cilicie
Quelques temps après les accords entre les Diadoques, en 310,
Ptolémée se mobilisa à nouveau.
Il accusa Antigonos I d’harceler certaines villes Grecques qui,
selon les termes de la trêve, devaient rester autonome. Initialement ces territoires et villes de
Cilicie étaient
vassaux d’Antigonos I.
Puis Ptolémée contacta les villes
dans l’Hellespont que contrôlaient Cassandre,
Lysimaque leur demandant de se tenir
contre tous les plans expansionniste d’Antigonos I.
Ce dernier ne resta pas inactif, d’une part il réprima la révolution dans l’Hellespont avec l’aide de son plus jeune fils
Philippe. De l’autre, il envoya Démétrios I en
Cilicie, qui restaura
la situation et qui reprit face aux Généraux de
Ptolémée les terres perdues. Avec la majorité du
jeune Alexandre IV qui arrivait les conflits
allaient se durcir.
En effet il représentait maintenant une menace pour le pouvoir de l’ensemble des Diadoques, car il était
le Roi légitime. Pour Cassandre, le traité de 311 ne lui garantissait de
conserver le titre d’Épimélète et de Stratège d’Europe que jusqu’à cette majorité. Le risque était trop grand et, en 310,
tandis que Ptolémée et Antigonos s’affrontaient, il
fit assassiner le jeune Roi et sa mère, Roxane par Glaucias.
Lorsque la guerre gagna de nouveau tous les Diadoques,
Polyperchon entra de nouveau en conflit contre
Cassandre. Il lui opposa, Hercule, qu’il fit passer pour le fils
illégitime d’Alexandre et le présenta
comme un successeur potentiel d’Alexandre IV.
Dans le même temps, il leva une importante armée de 20.000 hommes.
Cassandre, plutôt que de s’engager dans un combat difficile,
proposa à Polyperchon
de le conserver dans ses possessions.
En 309, Polyperchon changea de
stratégie, il cassa son traité de paix avec Antigonos I et il fit
empoisonner le jeune Héraclès et sa mère, Barsine, pour rentrer
dans les bonnes grâces de Cassandre. Il se plaça dès lors sous l’égide
de ce dernier qui le confirma dans ses possessions, dont
Corinthe et
Sicyone.
Toutefois, il ne joua plus aucun rôle politique jusqu’à sa mort vers 303. En 308,
Cassandre
vit ses possessions en Grèce convoitées par
Ptolémée, qui conclut même un accord avec Antigonos I dans lequel
il fut décidé qu’Antigonos I s’appropriait les îles de la mer
Égée et Ptolémée la Grèce continentale. Cette
alliance était clairement dirigée contre Cassandre et
Polyperchon.
Statère or de Démétrios
|
Campagne contre Athènes
Vers 308,
Antigonos I
profita que Séleucos fut occupé à la
frontière orientale de son Empire au Gandhara, contre
Chandragupta Maurya (321-298, fondateur
de la dynastie des Maurya) pour tourner ses ambitions sur la Grèce et la
Macédoine. Il fit armer une nouvelle flotte de 250 navires qu’il confia à Démétrios I. Le premier objectif de ce dernier fut
Athènes. Le but était d’en chasser l’Oligarque Démétrios de
Phalère (Orateur et homme d’État
Athénien, 360-282) élu Archonte décennal, qui gouvernait la cité au nom de son allié
Cassandre.
Selon Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30),
Démétrios I quitta Ephèse avec
tout un arsenal d’engins de siège performants et innovants.
Il fit le siège d’Athènes et lança une attaque féroce sur le
Pirée. En face de lui se tenait Démétrios de Phalère, commandant la garnison du port de Munichie (Port de la marine de
guerre, actuellement Kastella).
En une journée Démétrios I prit le Pirée, puis après deux jours
d’âpres combats, quand les murs de la ville furent presque détruits, les
défenseurs se rendirent et la cité tomba. Démétrios de Phalère obtint
l’accord de pouvoir s’exiler, d’abord à Thèbes, puis
à la cour Ptolémée.
Ainsi Athènes, qui avait perdu son autonomie pendant la guerre
Lamiaque quinze ans auparavant, retrouva son ancienne démocratie traditionnelle. Les citoyens exprimèrent leur gratitude
en érigeant des statues en or de Démétrios I et Antigonos I,
ainsi que la construction d’un autel en l’honneur des "sauveurs". À son tour
Antigonos I donna à la ville une grande quantité de blé et du bois de
construction pour une centaine de navires. Cette situation en Grèce était inacceptable pour
Ptolémée, à qui la puissance nouvelle
d’Antigonos I apparaissait comme une menace.
Campagne contre Chypre
À son
tour Ptolémée arma une flotte en vue d’attaquer la
Syrie. Démétrios I fut alors rappelé par son père sans avoir pu prendre ni
Corinthe, ni
Sicyone, qui restèrent aux mains de
Ptolémée.
Cependant, en 306, Démétrios I et son second Médios de Larissa (ou Medius ou Medeios, en
Grec : Μήδιος ou Mήδειoς), se tournèrent vers
Chypre, alors aux mains de
Ptolémée et gouvernée par son frère Ménélas
(ou Ménélaos, en
Grec : Μενέλαος),.
Pour atteindre ses objectifs, Démétrios I fit une courte escale en
Carie pour obtenir de l’aide
dans cette campagne ainsi qu’à Rhodes, mais
cette dernière ayant de bonne relation avec l’Égypte
Ptolémaïque refusa de prendre part au conflit. Selon les chiffres donnés par
Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30),
Démétrios I arriva en
Cilicie avec entre 12.000 et 15.000 fantassins et 800 et 500 cavaliers et plus de 120 galères rapides et
environ 60 navires lours. Il accosta sur la péninsule de Karpas au Nord-est de l’île et il prit les villes de
Karpasia (ou Carpasia ou Karpasion) et Urania. Démétrios I atteignit ensuite Salamine
où il attendit Ménélas (ou Ménélaos). Dans la bataille qui suivit à l’extérieur des murs de la ville, l’armée de
Ménélas (ou Ménélaos) disposait de 12.000 fantassins et 800
cavaliers. Ce fut Démétrios I qui gagna après une brève bataille et traqua l’ennemi à la périphérie de la ville. Toujours selon
Diodore, il fit 3.000 prisonniers et tua 1.000 soldats.
Ménélas (ou Ménélaos) se réfugia derrière ses murs et se prépara alors aux défenses de la ville pour soutenir un siège, tout en envoyant un message à
Ptolémée en
Égypte, lui demandant d’envoyer de l’aide.
Démétrios I fit construire plusieurs machines de siège à des artisans spécialisés d’Asie. Parmi elles se trouvaient la célèbre
hélépole (ou helépolis, grande tour inventée par Polyeidos de
Thessalie). Afin de secourir son frère,
Ptolémée navigua
d’Égypte à destination de Paphos
(Ville sur la côte occidentale de
Chypre). Selon
Diodore, sa flotte était composée de 140 navires de guerre et 200 navires de transport avec au moins 10.000 fantassins.
Son plan était de rejoindre la flotte de 60 navires que son frère avait à
Salamine. Cependant, Démétrios I à la tête de sa flotte
ordonna à ses Amiraux de bloquer le port de
Salamine et la sortie des navires de Ménélas . Ainsi
Ptolémée n’eut pas d’autre choix que de
quitter
Cition (ou Kition ou Citium, cité de la côte Sud-est de l’île) où il s’était stationné, destination
Salamine.
Démétrios I, qui avait placé des espions chez l’ennemi ne fut pas surpris par la manœuvre.
Autre Tétradrachme de
Démétrios I – Metropolitan Museum of Art
|
Il ordonna à sa flotte d’attaquer et à sa cavalerie de patrouiller la plage afin de fournir une assistance
directe à des survivants. La bataille de
Salamine de Chypre eut lieu cette même année de 306, et comme le précise
Diodore fut féroce
compte tenu des forces en présence et des grands intérêts en jeu. Toujours selon l’auteur, Démétrios
I se battit admirablement. Finalement, l’aile gauche, où il combattait, vaincu l’aile droite de
Ptolémée, forçant de nombreux navires à fuir.
Ce dernier reconnut sa défaite et ordonna un repli sur
Cition (ou Kition ou Citium).
Dans le même temps, de son côté Ménélas (ou Ménélaos) réussit à briser l’emprise des navires qui l’empêchaient de quitter le port de
Salamine, mais il arriva trop tard dans la bataille pour
offrir une aide à son frère, alors il rentra à Salamine.
Démétrios I, conscient que la flotte de Ptolémée était en infériorité numérique,
cacha la sienne derrière un cap à côté d’un port naturel. Ptolémée
atteignit la baie, qui pour lui était apparemment désertée, et commença à débarquer ses troupes. Les forces de Démétrios se ruèrent sur lui et
l’écrasèrent. Entre 70 et 80 navires de guerre Égyptiens
furent capturés intacts avec leurs équipages, et une centaine de navires de transport avec quelque 8.000 soldats. Ménélas (ou Ménélaos) perdit lui près de
40 navires de guerre. La flotte de Démétrios eut seulement 20 navires endommagés, tous rapidement réparés. Démétrios prit ensuite le contrôle
de toutes les villes de l’île. Il fit un don aux Athéniens, qui l’avaient renforcé
militairement, de 1.200 armures prises en butin. À la suite de cette bataille
Ptolémée quitta définitivement
Chypre et retourna en
Égypte et abandonna pour un temps
la maîtrise des mers à Antigonos I et son fils.
(Voir
Troisième bataille de Salamine de Chypre).
La même année, fort de ses nombreux succès,
Antigonos I se déclara le successeur d’Alexandre IV
et il prit le titre de Roi (Basileus, en Grec: Βασιλεύς)
d’Asie sous le nom d’Antigonos I Monophtalmos, avec
l’ambition de restaurer à son profit l’ancien Empire
d’Alexandre. Les autres Diadoques, afin de ne pas se
retrouver sous sa domination, se virent contraints de faire de même afin d’assurer leur légitimité face à ce nouveau Roi et
Lysimaque devint Roi de
Thrace (306-281),
Ptolémée devint Roi
d’Égypte (Ptolémée I Sôter, 305-282),
Séleucos devint Roi des
Séleucides
(Séleucos I Nikatôr, 305-280) et en 305 Cassandre fut proclamé (ou auto
proclamé) Roi de Macédoine (Mais il ne le fut réellement qu’en 301
après la mort d’Antigonos I).
Campagne contre l’Égypte
Maintenant
sans réelle opposition, Antigonos I estima que le moment était venu
de frapper Ptolémée I au cœur de son royaume.
Il prit le commandement d’une armée qui traversa la Syrie avec plus de 80.000 fantassins, 8.000 cavaliers et 83 éléphants de
guerre. Dans le même temps, Démétrios prit le commandement de la flotte, avec une force de 150 navires de guerre et 100
de transport, qui suivirent par la mer une route parallèle à celle de l’armée de terre. Toutefois la route de ces derniers
fut particulièrement dure, l’armée ayant à faire face à des terrains difficiles et des escarmouches. Quand à la marine,
elle eut aussi de gros problèmes devant subir de très mauvaises intempéries.
Selon Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30),
finalement les troupes terrestres et maritimes arrivèrent à se rejoindre dans une zone à deux pas du Nil.
Ptolémée I – Musée du Louvre
|
Ptolémée I eut la clairvoyance de
placer de fortes garnisons dans toutes les régions non protégées par une barrière physique. Dans le même temps afin de créer une
puissante vague de défection dans le camp d’Antigonos I, il
corrompu les mercenaires de ce dernier avec de l’argent. Antigonos I
pour récupérer la situation et éviter une plus grande hémorragie de ses troupes, dut condamner à mort la plupart des déserteurs
et torturer certains d’entre eux en exemple.
Cependant, le mauvais choix de la période dans l’année pour l’attaque, causa
beaucoup de dommages et retards dans le développement des projets militaires, ce qui força
Antigonos I et ses conseillers
à réexaminer la situation et à ordonner la retraite vers la Syrie, afin de revenir à une période plus favorable. Démétrios
I sur mer ne parvint pas non plus à forcer les défenses
Égyptiennes et dut renoncer. Cette fois,
sans dommage, Ptolémée I,
avait réussit à sauver son pays et il retourna paisiblement à
Alexandrie.
Le siège de Rhodes
Après l’échec de la campagne
Égyptienne,
Démétrios I se tourna vers Rhodes qui, en raison de
ses intérêts économiques avec l’Égypte,
refusait d’aider son père. En effet, les Rhodiens, bien que
généralement ils maintinrent une stricte neutralité, avaient montré une faveur distinctive pour
Ptolémée I. Le siège de l’île, qui
fut l’un des
plus célèbres de l’Antiquité, durera un an. Démétrios I y gagna son surnom de Poliorcète
“Preneur de ville“, bien qu’il ne s’empara pas complètement de la cité. Il utilisa de nombreuses machines de siège
auxquelles les Rhodiens opposèrent une grande bravoure.
Les contacts diplomatiques entre les deux parties ayant échoués, marqués par la méfiance et la rigidité, cela
conduisit en 305 à un conflit.
Afin d’empêcher l’envoi d’une aide à l’île,
Antigonos I proclama à tous les marchands de Syrie, de
Phénicie, de
Cilicie, de
Pamphylie et même
Rhodes elle-même, de rester à l’écart de l’île, s’ils
ne voulaient pas entrer dans le conflit.
Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30) nous apprend que la flotte de Démétrios
I se composait de 200 navires de guerre de toutes les tailles et plus de 170 bateaux auxiliaires, avec environ 40.000
soldats, sans compter les cavaliers.
Après avoir débarqué ses hommes à terre, Démétrios I ordonna la destruction complète des champs, des fermes
et de la zone forestière afin d’en tirer des munitions et des matériaux pour les fortifications de son camp.
Lorsque les Rhodiens se rendirent compte que tout compromis
avec Démétrios I était impossible, ils envoyèrent des Ambassadeurs à
Ptolémée I,
Lysimaque et
Cassandre, leur demandant de ne pas permettre que
Rhodes soit attaquée et d’entrer en guerre pour eux.
Dans le même temps grâce à l’argent de riches citoyens ils commencèrent à construire des machines de guerre et de renforcèrent
leurs murs.
|
Un accent particulier fut mis dans les fortifications du port, qui allait
être la cible principale de l’attaque de Démétrios I, car il était impératif
pour lui de tenir cette position pour acheminer ses engins de siège. Les
premiers jours furent marqués par une attaque déterminée de Démétrios I contre le port où les
Rhodiens, malgré la supériorité numérique de l’ennemi,
réussirent même à contre-attaquer. Les affrontements eurent des succès et des échecs
équivalents des deux côtés.
Après des mois d’efforts, en 304, Démétrios I décida de déplacer le combat sur la côte. Pour déplacer
ses engins de guerre il mobilisa 3.400 hommes, puis il ordonna une attaque frontale. Il y eut une petite période de trêve
lorsque des médiateurs de Cnide
furent envoyés, mais les belligérants n’arrivant à aucun accord, la guerre continua avec la même férocité. Dans le même temps, certains marins de
Ptolémée I, Lysimaque et
Cassandre furent capables de forcer le blocus et d’acheminer de grandes quantités nourriture et
de matériaux utiles aux assiégés qui relancèrent fortement le moral des défenseurs.
|
À cette même époque
Ptolémée I envoya des fournitures supplémentaires et
1.500 soldats, tandis que Démétrios I accueillit des Ambassadeurs de plusieurs villes Grecques lui demandant de lever le siège.
Le Roi, cependant, déterminé à conquérir la cité, profita d’une brèche dans les murs de défense et lança une attaque
puissante simultanée par terre et par mer, au cours de laquelle une partie de son armée réussit à entrer dans l’espace du
théâtre de la ville.
Les Rhodiens combattirent avec courage
pour repousser l’ennemi, assurant la défense de leurs proches, et la tentative de Démétrios I échoua. À ce moment,
Antigonos I exhorta son fils de capituler avec des conditions aussi
favorables possibles. Ainsi, grâce à l’entremise des Étoliens, les deux parties se rencontrèrent pour signer un traité de paix.
Finalement, il fut convenu que Rhodes
reste autonome sans ingérence d’Antigonos I, mais elle s’engagea à
devenir l’alliée de ce dernier et elle dut livrer cent otages.
Autre Tétradrachme de Démétrios |
Campagne en Grèce
Si Démétrios I dut négocier et mettre fin au siège de
Rhodes ce fut aussi parce qu’en Grèce
Cassandre venait de reprendre l’offensive.
En 304, ce dernier parvint à refouler la
Ligue Étolienne
et occupa l’Attique. Puis il assiégea Athènes
qui était sur le point de tomber malgré l’intervention des
Étoliens.
Toutefois, sa victoire allait être de courte durée puisque Démétrios I partit avec 330 navires pour la ville assiégée.
Sa mission était également la libération des cités Grecques des garnisons installées par
Cassandre et
Polyperchon.
Non seulement il réussit à expulser le Roi Macédonien de l’Attique,
mais il le repoussa au Nord des Thermopyles. Démétrios I se tourna ensuite contre les Béotiens les forçant à libérer la ville de
Chalcis (ou Khalkís ou Halkídha), principale ville d’Eubée, et à dissoudre leur alliance avec
Cassandre. Il conclut également une alliance avec la
Ligue Étolienne.
Pendant les premiers mois de 303, Démétrios I expulsa les garnisons
Égyptiennes qui commandaient la ville de
Sicyone dans le
golfe de Corinthe et il redonna son autonomie à la
cité qu’il embellit, puis il prit le contrôle de Corinthe,
deux anciennes possessions de Polyperchon. À demande des
habitants il plaça une garnison afin de leur apporter une protection jusqu’à la fin de la guerre.
Il prit ensuite les villes de Boura (ou Bura ou Biraen) en
Achaïe, de Skyros (ou Scyros ou Skúros)
et Orchomène en Arcadie, dont le Gouverneur fut crucifié devant les murs de la cité.
Il exigea alors la soumission sans conditions de la
Macédoine et
Cassandre perdit alors ses possessions au Sud de la
Thessalie.
Dans le Péloponnèse, seule la cité de Mantinée resta fidèle à
Cassandre. En 302, Démétrios I reconstitua avec
son père la Ligue de Corinthe
qu’il dirigea principalement contre Cassandre,
affirmant son ambition en Grèce continentale.
La seconde coalition contre Antigonos I
Cette montée en puissance de Démétrios I
suscita la crainte parmi les ex Diadoques qui décidèrent d’apporter leur soutien à
Cassandre en formant une
nouvelle coalition contre
Antigonos I et Démétrios I,
qui regroupa : Lysimaque,
Ptolémée I et
Séleucos I.
Les forces de Démétrios I étaient considérables car son immense richesse lui permettait de mobiliser des effectifs, sans doute
équivalents à ses principaux adversaires réunis, on estime celles-ci entre 70.000 et 80.000 hommes. Pendant que Démétrios I passait
l’hiver à Athènes,
Cassandre envoya à
Lysimaque, une force militaire
pendant que lui marcha sur la
Thessalie.
Au printemps 302, ce dernier débarqua en
Phrygie Hellespontique et reçut la soumission de nombreuses cités sur les côtes de
Lycie et de
Carie, dont
Colophon,
Éphèse et
Sardes en
Lydie.
Antigonos I
partit à sa rencontre
et après une série de succès rencontrés par les troupes de
Lysimaque, celui-ci, craignant une pénurie
d’approvisionnement, jugea plus approprié d’attendre l’arrivée de
Séleucos I avant de s’engager dans la
bataille.
Lysimaque campa près Dorylée
(ou Dorylaeum, près de la ville moderne d’Eskişehir), dont la géomorphologie facilitait la défense.
Cependant, Antigonos I l’assiégea, mais il fut incapable
de le capturer et le Roi Thrace
s’échappa. Antigonos I envoya alors des messagers à
Démétrios I lui demandant de le rejoindre, car il était clair que l’approche d’une bataille décisive était
imminente. Lorsque le message de son père atteignit Démétrios I, celui-ci qui ne voulait pas partir avec déshonneur face à
Cassandre, lui demanda une trêve et partit. Puis,
à l’automne, il débarqua à Éphèse.
Dans le même temps, Cassandre, dès le départ de
Démétrios, s’empressa de rétablir son autorité en
Thessalie et en Phocide, puis
il renversa le Roi d’Épire,
Pyrrhos I (307-302 et 297-272)
allié d’Antigonos I et Démétrios I.
Après avoir pris quelques villes dans les environs de l’Hellespont, en arrivant dans la région du
Pont, Démétrios I y plaça une
garnison de 3.000 fantassins et 30 navires, puis il répartit ses soldats dans différentes villes pour passer l’hiver.
Répartition des territoires vers 300
|
L’arrivée de Démétrios I en Asie
mit Lysimaque en difficulté. Il le fut d’autant
plus, que les renforts envoyés par Cassandre, sous le commandement de
son propre frère Pleistarchos (ou Pleístarkhos) furent vaincus par Démétrios I. Lors de l’hiver 302/301,
Lysimaque
fut obligé de battre retraite vers
Héraclée du
Pont afin d’y attendre l’arrivée de
Séleucos I qui hivernait en
Cappadoce. De son côté
Ptolémée I, venait d’envahir la Cœlé-Syrie et se
préparait à rejoindre Séleucos I.
L’arrivée de ce dernier avec de nombreux éléphants de guerre bouleversa complètement le rapport de force.
Malgré ces quelques petits déboires, les coalisés s’étaient réunis en un champ de bataille commun, déterminés à mettre un terme
à leurs différends par la force des armes lors de l’été suivant, la
bataille d’Ipsos allait commencée. En 301,
Antigonos I,
aidé de Pyrrhos I qui était en exil,
marcha contre l’armée coalisée, regroupée près du village d’Ipsos
en Phrygie.
Il faut signaler qu’il était dans sa 81e année, et il commandait encore en personne la phalange, Démétrios I commandant lui
la cavalerie. Apparemment, le combat commença lorsque ce dernier attaqua le fils de
Séleucos I, le futur
Antiochos I Sôter (280-261)
et le poursuivit loin hors du champ de bataille. Selon
Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), la persécution à ce point
d’Antiochos
était un acte complètement insensé de la part de Démétrios I.
Les spécialistes se demandent encore aujourd’hui pourquoi
Antigonos I, commandant de toute l’armée, laissa
s’absenter à ce point Démétrios I, se privant de la couverture de sa cavalerie.
Séleucos I, profita de
l’aubaine et, sans attaquer, encercla
Antigonos I
obligeant un grand nombre de soldats à se rendre. Selon
Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125),
Antigonos I crut jusqu’à la dernière minute
que son fils allait le secourir. En effet celui-ci essaya de revenir l’aider, mais il trouva sa route bloquée par les éléphants
de Séleucos I.
Antigonos I mourut sous un déluge de flèches
et de javelots, atteint par un de ces derniers. Voyant le désastre de la bataille, Démétrios I fuit à
Ephèse avec 5.000 fantassins et 4.000 cavaliers.
La
bataille d’Ipsos donna le coup de grâce à tous les efforts de reconstruction de l’Empire
d’Alexandre rêvé par
Antigonos I
et son fils. Elle fut également décisive puisqu’elle entraîna la dislocation définitive de l’Empire,
les vainqueurs se partageant le royaume d’Antigonos I :
Cassandre se maintint en
Macédoine et en Grèce. Il donna la
Cilicie et la
Lycie à son frère Pleistarchos (ou
Pleístarkhos). Ptolémée I obtint la Cœlé-Syrie,
Lysimaque annexa la partie Ouest de
l’Asie Mineure
(jusqu’aux monts Taurus) et Séleucos I
obtint la partie orientale de la Syrie. Démétrios I réussit à se maintenir à
Mégare, à Corinthe et garda la
Phénicie que
Ptolémée I espérait.
Pyrrhos I, vers 300/299, qui avait apporté son soutien à
Antigonos I fut emmené comme otage
en Égypte.
Il fut traité à la cour de Ptolémée I
avec de grands égards. (Voir
la bataille d’Ipsos).
La période de réorganisation
Démétrios I à cette période connut
des moments extrêmement difficiles et il navigua pour l’Attique espérant un soutient
d’Athènes. Cependant, en chemin un messager lui apprit
une résolution des Rois lui interdisant d’entrer dans la ville. Selon
Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste
Grec, 46-v.125), Démétrios I fut indigné et profondément blessé par ce comportement, qui était en contraste avec les valeurs
en cours à l’époque, mais il n’avait pas la force de se venger ou de réclamer quoi que ce soit.
Un coup supplémentaire lui fut porté avec la défection des villes du Nord du Péloponnèse, qui jusque là le soutenaient et
qui expulsèrent les garnisons qu’il leur avait placées à l’époque où ils étaient alliés. Toutefois, Démétrios I se ressaisit et
déterminé à renverser la vague de malchance qui s’abattait sur lui, il laissa
Pyrrhos I en Grèce, et, en 300, il navigua vers la péninsule
de Thrace
où
il ravagea la campagne afin de traiter de façon
définitive le pouvoir de
Lysimaque.
La réaction des anciens coalisés fut étonnante puisque loin de lui en tenir rigueur, peu de temps après, un
messager arriva au camp de Démétrios I envoyé par
Séleucos I.
Celui-ci lui proposa d’épouser sa fille, Stratonice I
qu’il avait eu avec Phila I.
Cette nouvelle alliance fut bien évidemment avantageuse pour Démétrios I, mais également pour
Séleucos I
car Lysimaque venait de se joindre par mariage
avec la maison de Ptolémée I, en ayant épousé sa fille,
Arsinoé II Philadelphe.
Démétrios I partit ensuite vers la
Cilicie, et sa mère
et Stratonice I à
Salamine de
Chypre, qu’il contrôlait encore.
Agacé par “l’invasion” de Démétrios I dans ses territoires, Pleistarchos (ou Pleístarkhos) se rendit auprès de son frère
Cassandre et se plaignit de la nouvelle politique de
Séleucos I et Démétrios I.
Ce dernier profita de l’absence de Pleistarchos et fort de sa nouvelle alliance avec
Séleucos I, il envahit la
Cilicie.
Tétradrachme argent de Cassandre |
Cassandre, au détriment de son frère,
saisi l’opportunité et proposa à Démétrios I de garder la
Cilicie en
échange de la garantie de ne pas le voir attaquer la Grèce. Cet accord le renforça considérablement dans sa position de Roi de
Macédoine.
Cette collusion n’allait pas durer longtemps. Au printemps 297, à la mort de
Cassandre, Démétrios I occupa le Nord et le centre de la Grèce. Selon
Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180), à
Athènes se profilait le risque de renversement du régime.
Le principal promoteur de ces émeutes était Lacharês, démagogue influent dans la politique de la ville qui
avait conclu un accord avec
Cassandre, qui visait à obtenir son aide pour devenir un Tyran.
À la vue de l’instabilité dans la cité, Démétrios I considéra que c’était le bon moment pour intervenir.
Sa première tentative pour atteindre l’Attique avorta car sa flotte fut frappée par une violente tempête qui lui coûta
beaucoup d’hommes et de navires. Afin de recruter des soldats supplémentaires il marcha alors vers le Péloponnèse.
Il assiégea la ville de Messine où il fut très grièvement blessé, mais il survécut. Après son rétablissement il passa alliance
avec plusieurs villes qui à une époque s’étaient déjà révoltées avec lui et il envahit l’Attique.
Il prit Éleusis et Rhamnonte (ou
Ramnous ou Rhamnus). Dans le même temps Lacharês réussit à expulser son
adversaire politique, Démocharès et devint ainsi le maître incontesté de la
ville.
En 294, Démétrios I coupa alors les routes de ravitaillement de la cité qu’il assiégea. Lacharês fut obligé de quitter
la ville pour ne pas mourir de faim et il fuit secrètement en Béotie. Démétrios I prit possession
d’d’Athènes, il offrit de la nourriture aux habitants et
installa de nouveaux dirigeants. Devenu le maître de la cité, Démétrios I tourna alors son attention vers
Sparte qui jusque-là n’avait jamais été occupée par l’ennemi,
mais qui était l’alliée de Ptolémée I.
Il battit le Roi Archidamos IV (305-275), près de Mantinée, dans les environs du Mont Lycée (ou Lykaion ou Lycaeon) et envahit
son territoire. Il s’apprêtait à prendre
Sparte mais il apprit
que Lysimaque avait pillé des villes qu’il
contrôlait en Asie Mineure, et
dans le même temps Ptolémée I avait prit
Chypre et assiégeait dans
Salamine
Phila I et ses enfants. Il dut donc abandonner ses plans de
conquête et quitter le Péloponnèse.
Démétrios I, Roi de Macédoine
Son arrivée au pouvoir
Après la mort de
Cassandre en 297, le trône de
Macédoine fut occupé par son fils Philippe IV (297-296), qui mourut
quelques mois plus tard à l’âge de 18 ans. Les deux autres fils de
Cassandre, Antipatros I
(ou Antipater, 296-294) et Alexandre V (296-294) arrivèrent alors sur le trône en
Co-Roi sous la régence de leur mère la
Reine Thessalonice (ou Thessalonica ou Thessalonike ou Thessaloniké). Ce dernier reçut la partie Ouest du royaume (À l’ouest
du fleuve Axios, actuel Vardar). Dès sa prise de pouvoir Antipatros I (ou Antipater) qui épousa Eurydice II, la fille de
Lysimaque et de
Nicée (ou Nicæa ou Nikaia), dut lutter contre les ambitions
d’Alexandre V qui lui épousa Lysandra I, la fille de
Ptolémée I et l’entente entre les deux frères ne dura pas. Antipatros I (ou Antipater) fit assassiner leur mère sous prétexte
qu’elle favorisa Alexandre V lors du partage du royaume et en 294 désireux de régner seul, il le destitua. Celui-ci face aux
visées de son frère appela alors à l’aide le Roi d’Épire
Pyrrhos I et Démétrios I.
Pyrrhos I intervint le premier. Il rétablit
la situation au profit d’Alexandre V avec le partage initial et il fit payer son intervention par d’importantes provinces
frontalières de son royaume qui lui furent cédées (Ambracie, Acarnanie et Amphilochie), puis il quitta la
Macédoine. À ce moment arriva Démétrios I, mais Alexandre V, n’ayant
plus besoin de lui, décida de le faire assassiner lors d’un banquet. Démétrios I eut vent du projet, qu’il anticipa en faisant
tuer Alexandre V à Larissa en Thessalie
en 294. Il renversa Antipatros I (ou Antipater) et il devint Roi de
Macédoine à leur place.
Antipatros I (ou Antipater) fuit alors avec
son épouse chez son beau-père
Lysimaque.
Mais ce dernier mit à mort son beau-fils, parce qu’il se plaignait d’avoir été privé du trône de
Macédoine par la
trahison de son beau-père. Selon Plutarque
(Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), les raisons qui conduisirent les
Macédoniens à déclarer Roi Démétrios I étaient :
En premier leur haine d’Antipatros I (ou Antipater) accusé de matricide ;
En second les souvenirs frais de la gérance dure de Cassandre ;
Troisièmement l’absence de concurrence sérieux pour le trône et enfin quatrièmement un profond respect pour la maison de
l’ancien Régent Antipatros (ou Antipater) et sa fille
Phila I, qui avait épouser Démétrios I.
Dans le même temps le nouveau Roi apprit la bonne nouvelle que
Ptolémée I avait libéré
Phila I et ses enfants qui étaient en captivités,
tandis que sa fille, Stratonice I, épouse de
Séleucos I, était devenue la femme du
fils de ce dernier,
Antiochos I, qui était littéralement tombé amoureux de sa belle-mère.
Séleucos I craignant que son fils ne
meure d’amour, lui donna Stratonice I en mariage.
Pour installer sa résidence royale, Démétrios I fit
construire une nouvelle ville, qu’il nomma Démétrias (ou Dimitrias) en Magnésie, le long du golfe Pagasétique,
dans la partie orientale de la
Thessalie, près d’Iolcos
(À proximité de la ville moderne de Volos).
Ses premières campagnes
Ainsi, après de nombreux retournements de fortune, Démétrios I se retrouva à la tête
d’un puissant royaume qui comprenait en plus de la Macédoine, la
partie orientale de la Thessalie, le
Péloponnèse et l’Attique. Sa première action fut une entente avec
Lysimaque, car il avait besoin des forces du Roi
de Thrace dans une lutte contre les
Daces (ex Gètes) qui menaçaient les frontières
septentrionales du royaume. Il maintint également son alliance avec
Pyrrhos I. Puis son désir de conquête reprit et sa première
cible fut la Béotie, qui était alliée avec Sparte dans le refus
de la domination Macédonienne. Dans cette campagne,
nous apprenons que pour la première fois son fils
Antigonos II Gonatas (Roi 272-239)
participa à la réussite militaire lorsqu’en 293 ils assiégèrent et capturèrent la ville
de Thèbes.
Lorsqu’ils prirent le contrôle total de la ville ils tuèrent et exilèrent
certains Thébains et y
laissèrent une garnison installée dans la Cadmée (ou Kadmeia, la citadelle, l’acropole
Thébaine).
Démétrios I désigna Jérôme de Cardia (ou Hieronymus de Cardia, historien Grec, v.360-v.272), autrefois au service de son père,
Gouverneur (ou Harmoste) de Béotie. Puis, afin de maintenir ses soldats occupés,
le Roi se tourna contre Ligue Étolienne
et ils pillèrent quelques villes que contrôlait celle-ci.
Vers 292, Lorsque
Lysimaque
tomba entre les mains des Daces (ex Gètes), Démétrios I en profita pour envahir la Thrace.
Toutefois, son expédition fut de courte durée car Thèbes
en tira elle aussi avantage et se révolta.
Antigonos II mena la répression contre les Béotiens tandis que Démétrios I revint en toute hâte entreprendre
un second siège de la ville. Dans le même temps, Pyrrhos I
brisa son alliance avec Démétrios I et s’avança jusqu’aux Thermopyles depuis la
Thessalie.
Démétrios I laissa son fils continuer le siège et marcha contre lui.
Pyrrhos I prit la fuite sans oser combattre Démétrios I
qui laissa d’importantes forces en
Thessalie pour parer à toutes nouvelles invasions et retourna faire le siège de
Thèbes.
Il utilisa une hélépole (ou helépolis, grande tour inventée par Polyeidos de
Thessalie) pour percer les défenses de
la cité mais les Thébains s’opposèrent avec une grande
résistance. Pendant les combats, Démétrios I fut grièvement blessé au cou, ce qui ne l’empêcha pas de continuer à se battre
et en 291 la ville tomba.
L’affrontement
avec Pyrrhos I
Entre les deux sièges de
Thèbes,
Pyrrhos I, avait donc tenté d’envahir la
Thessalie mais s’était ravisé à l’arrivé des
troupes de Démétrios I. L’une et l’autre partie avait toutefois le désir de conquérir de nouveaux territoires mais le statu quo
régnait au nom de leur ancienne amitié. Leur relation fut détériorée par un incident personnel. Lanassa, la fille du Tyran de
Syracuse Agathoclès (ou Agathocle, 317-289), fut une des épouses du Roi
d’Épire
à qui elle apporta en dot de mariage l’île de Corcyre. Cependant Lanassa n’accepta pas que son mari vive la polygamie, et en
291/290, elle divorça de Pyrrhos I.
Elle partit à Corcyre et offrit l’île comme dot de mariage à Démétrios I s’il acceptait de l’épouser. Il accepta avec joie,
occupa l’île et avant de la quitter laissa une garnison.
Cependant Pyrrhos I n’allait pas en rester là et il conçut
sa vengeance. En 290, Démétrios I reçut à sa cour en Macédoine
une délégation d’Agathoclès (ou Agathocle, 317-289) et mit au point une alliance contre
Pyrrhos I.
Buste de Pyrrhos I provenant
de la villa des Papyri d’Herculanum – Museo Archeologico Nazionale –
Naples |
Le Roi lança une campagne contre
l’Étolie où il laissa le quart de son armée sous le commandement de
son Lieutenant, Pantauchos (ou Pantauchus) et il marcha sur l’Épire
qu’il ravagea. Cependant, pendant ce temps, Pantauchos fut sévèrement battu par
Pyrrhos I, ce qui
accrut le prestige de ce dernier alors que Démétrios I se voyait reprocher par les
Macédoniens son goût du faste et son mépris de leurs usages.
Sur les deux fronts ce fut 5.000 Macédoniens qui furent capturés.
Selon
Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), étonnamment,
Pyrrhos I après cet incident gagna une grande popularité
parmi ces derniers, qui répandaient des histoires sur le personnage et sa vertu martiale, le comparant
souvent à Alexandre le Grand.
Lorsque Démétrios I tomba dangereusement malade à Pella,
Pyrrhos I profita de l’occasion et
en 289 s’avança sans résistance jusqu’à Édesse (ou Edessa ou Vodéna ou Bodena) qu’il pilla. Alors sur le point de perdre la
Macédoine, Démétrios I recouvrit ses forces, il réunit beaucoup
d’anciens partisans, et chassa sans peine l’Épirote, le forçant
à se retirer de nouveau dans son royaume en concluant une sorte d’accord avec lui.
La fin de son règne
Une fois le calme revenu en
Macédoine Démétrios I commença à faire des plans pour
atteindre son plus grand et plus ambitieux rêve : Récupérer tous les territoires jadis dirigés par son père.
À cette fin il lança la création de l’une des armées les plus puissantes jamais vu en Grèce.
Il rassembla environ 90.000 fantassins et 12.000 cavaliers et il fit construire une flotte de 500 navires de guerre.
Pour autant sa situation restait fragile. Déterminés à mettre un terme à ses ambitions qui représentaient à nouveau
une menace, les trois autres anciens Diadoques :
Séleucos I,
Ptolémée I et
Lysimaque, s’allièrent une fois de plus contre lui,
envoyant également des Ambassadeurs à Pyrrhos I pour le
presser d’entrer en Macédoine.
En 289/288, Ptolémée I navigua dans les eaux Grecques
avec une flotte importante et incita les villes à la révolte contre Démétrios I. Dans le même temps
Lysimaque et
Pyrrhos I envahirent la
Macédoine. Le premier à l’Est par la
Thrace et l’autre à l’Ouest par
l’Épire, où ils semèrent pillages et destructions.
Démétrios I laissa son fils
Antigonos II
en Grèce, avec la charge de défendre la région, et partit au secours de la Macédoine. Il défit d’abord
Lysimaque à Amphipolis, mais il apprit bientôt
que Pyrrhos I s’était emparé de Beroia (ou Véria ou Bérée ou
Béroia ou Véroia), en Macédoine centrale, ce qui démoralisa
ses troupes déjà fatiguées des guerres constantes et pleines de ressentiment sur le comportement excentrique du Roi.
Certaines commencèrent alors, petit à partit, à déserter et rejoindre les rangs des ennemis, surtout celui de
Pyrrhos I
qui étaient de plus en plus populaire. À ce changement de fortune, son épouse,
Phila I,
se suicida en s’empoisonnant. Pendant ce temps en Grèce,
Athènes se révolta. Se rendant compte que le jeu était maintenant perdu,
Démétrios I secrètement abandonna son campement qui tomba alors aux
mains de Pyrrhos I.
Le Roi fuit à Cassandréia (ou Cassandrée) en Chalcidique où l’attendait
Antigonos II. En 288, la Macédoine fut donc partagée
entre Lysimaque et
Pyrrhos I qui obtint lui en 287 le titre royal.
Campagne en Asie Mineure
Lysimaque – Musée archéologique de Selçuk – Turquie
|
La situation pour Démétrios I, bien que semblant désespérer, ne l’abattit pas.
Il contrôlait encore de nombreux territoires en Grèce tenus par son fils et il n’avait pas pour autant abandonné tous projets
de conquête qui de plus maintenant étaient mêlés à un sentiment de vengeance. Un
nouvel espoir apparut lorsqu’il réussit une fois de plus à lever des troupes. En
287 il entreprit à nouveau le siège
d’Athènes qui, sous la direction du Stratège Olympiodore
(ou Olympiodorus ou Olympiodoros), s’était révoltée. La cité fut secourue par
Pyrrhos I qui
brisa le siège.
Toutefois il reconnut à Démétrios I ses possessions en
Thessalie et en Grèce, dont
Éleusis, Le Pirée,
l’île de Salamine,
Lemnos, Skyros et Imbros qui restaient détachées d’Athènes.
Après avoir séjourné à Cassandréia (ou Cassandrée), Démétrios I entreprit de reprendre sa domination sur
Athènes, mais au moment d’y faire le siège il changea d’avis
comprenant que son intérêt fut plutôt de s’implanter en
Asie Mineure.
Il rassembla ce qui lui restait de ses navires et de ses troupes, que l’on évalues à 11.000 fantassins et
cavaliers, et il navigua pour l’Asie
pour réclamer la
Carie et la
Lydie détenues par
Lysimaque. En 287, à
Milet il rencontra Eurydice I, l’ex épouse
de Ptolémée I et sœur de
Phila I, et épousa sa fille Ptolémaïs qui lui avait été promise en
mariage dès 300/298 par l’entremise de
Séleucos I. Après les cérémonies Démétrios I repris sa campagne et prit quelques cités et places fortes, certaines par la
force, mais d’autres se rallièrent spontanément comme
Sardes en
Lydie.
Tout allait pour le mieux pour Démétrios I, mais Agathoclès (ou Agathocle), le fils de
Lysimaque, arriva avec une puissante armée
l’obligeant à passer en Phrygie
dans l’espoir de soulever l’Arménie et la
Médie. Malgré ses forces, Agathoclès (ou Agathocle)
ne parvint toutefois pas à vaincre Démétrios I sur le champ de bataille, il décida alors d’affamer son armée. Pour Démétrios I
la malchance s’abattit en plus sur lui, il perdit une partie de ses troupes emportée lors de la traversée du fleuve
Lycos (ou Lycus, aujourd’hui Çürüksu Çayı) qui arrose la plaine de Denizli (Turquie). La peste s’ajouta à la famine
et au total ce fut près de 8.000 hommes qu’il perdit.
Avec ses hommes restant, étant donné qu’Agathoclès (ou Agathocle) bloquait les passages des monts Taurus,
Démétrios I fuit à Tarse
en Cilicie, appartenant
à Séleucos I où il écrivit une lettre
désespérée à ce dernier, lui demandant de l’aide, décrivant sa situation défavorable et citant les liens familiaux qui les
unissaient. Séleucos I hésita à aller
secourir le Macédonien, mais il fut convaincu par ses conseillers de
ne pas laisser Démétrios I tranquille et de marcher sur la
Cilicie
à la tête d’une puissante armée, mais contre lui.
Antigonos II
tenta en vain d’envoyer des secours à son père en
Asie mineure contre
Séleucos I.
Démétrios I se retira alors dans des places fortes du mont Taurus et envoya des
Ambassadeurs espérant négocier avec
Séleucos I. Celui-ci lui permit seulement d’hiverner en Cataonie, en
Cappadoce, à condition qu’il donne en
otages ses principaux amis. Prit au piège dans une situation désespérée, Démétrios I n’eut plus qu’une seule solution, le passage
en force. Il pilla la région, occupa les passes et mena une guerre d’escarmouches contre
Séleucos I qui refusait de l’affronter,
sachant qu’il ne pouvait plus compter sur l’aide de
Lysimaque à qui il ne faisait plus confiance du tout.
La situation changea brutalement car le malheur s’abattit encore sur Démétrios I, qui tomba gravement malade
pendant 40 jours. Son armée, sans chef, se démoralisa et la plupart de ses soldats désertèrent. Lorsqu’il reprit ses esprits il
regroupa ce qui lui restait de troupes. En 286, il franchit les monts Amanus (Aujourd’hui monts Nur ou Nur Dağları)
au Sud-est de la Turquie dans la partie orientale des monts Taurus, et parvint jusqu’au Nord de la Syrie.
Il ravagea la région jusqu’aux plaines de Cyrrhestica, proches de la plaine
d’Antioche, la capitale de
Séleucos I. Ce dernier se mit aussitôt à sa poursuite en Syrie. Démétrios I décida de l’attaquer au cours de la nuit afin
de le surprendre.
Malheureusement pour lui, certains déserteurs avertirent son ennemi. Le
Macédonien fut forcé de prendre la fuite. Le lendemain, il remporta
toutefois une victoire sur Séleucos I,
mais celui-ci se présenta aux mercenaires de Démétrios I et les exhorta, avec succès, à changer de camp. Après de nombreuses
désertions, Démétrios I se rendit compte que tout était fini, il fuit avec quelques partisans et officiers par le monts Amanus
par lequel il voulait secrètement gagner la mer où sa flotte l’attendait. Il se rendit vite compte que cette fuite serait
impossible et, en 285, il n’eut d’autre choix que de se constituer prisonnier.
Captivité et mort de Démétrios I
Buste en bronze de Séleucos I – Musée d’archéologie – Naples
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Lorsque les messagers de Démétrios I arrivèrent à
Séleucos I, ce dernier
soulagé ordonna la préparation d’une grande réception et envoya un message de consolation
au Macédonien, lui rappelant qu’ils
étaient des alliés et associés. Cependant, il constatât rapidement que ses courtisans commençaient à montrer de l’amitié à
Démétrios I, qui semblait être une personne influente dans les affaires du pays et il fut immédiatement saisi par l’anxiété
et la jalousie. Toutefois, bien que
Lysimaque l’encouragea à l’exécuter,
Séleucos I choisit de l’assigner à
résidence à Apamée de Phrygie.
Il fut bien traité par Séleucos I
qui lui assura une existence digne de son rang. Démétrios I commença à penser que la situation n’était pas aussi effrayante que
prévu, bien que sous bonne garde. Il envoya alors un message à son fils,
Antigonos II et à ses officiers et amis qui lui restaient
fidèles à Athènes et à
Corinthe, de conserver coute que coute les possessions
d’Antigonos II en Grèce.
Ce dernier écrivit des lettres à
Séleucos I implorant la libération
de son père, même, selon Plutarque (Philosophe,
biographe et moraliste Grec, 46-v.125), se proposant comme otage en échange. De nombreuses villes et Commandants saluèrent la
proposition, de Lysimaque de demander une grosse
somme d’argent en échange de la vie de Démétrios I. Cependant,
Séleucos I qui à toujours détesté
celui-ci, jugea la proposition barbare et inhumaine. Le Macédonien fut
donc gardé en vie et en captivité. Il ajusta finalement sa nouvelle vie et chercha d’abords à faire du sport et à se maintenir
en bonne condition physique. Mais avec le temps il commença à ressentir les choses avec indifférence et se mit à la boisson et
au jeu. Plutarque dit qu’il était souvent ivre pour
éviter la douleur de la détention.
En 283, après une captivité de trois ans, à l’âge de 53 ans,
il mourut d’une maladie causée par les orgies et les
débauches de table et de boisson. Selon Plutarque,
Séleucos I fut très triste et regretta
les infamies lancées contre Démétrios I. Après de splendides funérailles à
Corinthe,
Antigonos II mobilisa l’ensemble de la flotte pour
transporter l’urne funéraire de son père. Elle reçut les honneurs de toutes les villes traversées lors de son voyage vers la
forteresse de Démétrias (ou Dimitrias) en Magnésie, le long du golfe Pagasétique, dans la partie orientale de la
Thessalie,
près d’Iolcos (À proximité de la ville moderne de Volos), que son père avait fondée.
Les sources antiques indiquent qu’aucune représentation littéraire ou artistique
ne fut exécutée de manière
satisfaisante sur la beauté naturelle de Démétrios I. Sa capacité d’adaptation au changement lui permit tout au long de sa vie de
manœuvrer dans des situations difficiles, mais souvent au risque de faire face à l’impulsivité, l’opportunisme, l’instabilité et
l’insouciance. D’une certaine manière, il inspira la peur mais aussi la fascination de ses
adversaires. Diodore de Sicile (Historien Grec,
v.90-v.30) dit qu’il était très agréable comme compagnon pour les plaisirs d’une vie paisible, mais aussi terriblement énergique
et actif lorsque la tâche le demandait. Selon
Plutarque, il était beaucoup plus à l’aise à la préparation des campagnes que pour les mener et il n’était jamais complètement
satisfait de l’ampleur et de l’ambition de ses plans. L’auteur décrivit aussi longuement les débauches de Démétrios I et ses
excentricités à Athènes et ailleurs, et sa grande légèreté
qui lui coûta la vie.
Sa famille
Les sources anciennes citent de nombreux détails épicés
de la vie sexuelle de Démétrios I, en nous donnant beaucoup de noms de femmes qui sont entrées en relations avec lui au cour
de sa vie : Mania, Dima (ou Dimos), Leonnes, Cressida, Antikyra, etc… L’influence exercée par le Roi
sur les beautés qui l’entouraient était notoire. En fonction des spécialistes on lui compte
en plus six épouses, cinq selon
Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste
Grec, 46-v.125) :
• Phila I (En Grec :Φίλα), qui fut la fille
d’Antipatros
(ou Antipater). Elle épousa Démétrios I en troisième noces, entre 319 et 315 (on
trouve aussi 321 ?), mais on ignore la date exacte. Elle lui donna deux enfants :
▪ Un fils :
Antigonos II Gonatas (En Grec :
Αντίγονος B΄
Γονατᾶς, Roi 277 à 274 et de 272 à 239) qui naquit vers 320.
▪
Une fille : Stratonice I (ou Stratonikê, en Grec :
Στρατoνίκη) qui naquit vers 318 et mourut vers 268. Elle épousa en 301,
Séleucides
Séleucos I Nikâtor
(305-280). Elle fut d’une grande beauté et le fils de ce dernier,
Antiochos I
(280-261), eut pour elle une violente passion amoureuse. Lorsque
Séleucos I s’en aperçut
soucieux de préserver la santé et la vie de son unique fils, il accepta de la lui céder
Stratonice I pour femme. De ces unions naîtrons plusieurs
enfants dont avec Séleucos I une fille,
Phila II qui épousa son oncle
Antigonos II Gonatas.
• Deidameia (ou Déidamie
ou Deidamia ou Laodamia, en Grec : Δηϊδάμεια ou
Λαοδάμεια) qu’il épousa en 309 (on
trouve aussi 303).
Elle fut la fille du Roi d’Épire Éacide (ou Eacides, 322-317)
et de la Reine Phthia et la sœur de Pyrrhos I (307-302
et 297-272). Deidameia mourut en 300
(on trouve aussi 298). Elle lui donna un fils :
▪ Alexandre (ou Aléxandros, en Grec :
‘Aλέξανδρος) qui naquit peu après 303 et mourut après 246/240.
Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) nous dit qu’il passa sa vie en
Égypte.
• Eurydice (En Grec :’Aθηναία
ἡ Εὐρυδίκη), qu’il connut au cours de son premier
séjour à Athènes
et qu’il épousa vers 307. Ce fut une descendante du glorieux
Général Miltiade (ou Miltiadês, 540-489). Elle était veuve et avait été précédemment l’épouse
d’un dénommé Ophellas († 309), Gouverneur de la Cyrénaïque. Selon
Plutarque
(Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), elle mourut après 306 et elle
donna un fils à Démétrios I :
▪ Korragos (ou Corrhabus ou Korrhagos, en Grec :
Κόρραγος) dont on ne sait rien.
• Ptolémaïs (En Grec : Πτολεμαίς) qui fut fille du Roi
d’Égypte
Ptolémée I
et d’Eurydice I (fille d’Antipatros
[ou Antipater]). Il fut fiancé avec elle depuis 300/298, mais il ne l’épousa qu’en 287 lors de sa visite à sa mère à
Milet. Elle mourut après 287.
Elle lui donna un fils :
▪ Démétrios Kallos (En Grec :
Δημήτριος ὁ Καλός
“Le juste ou le Beau”), qui naquit vers 287 et qui fut Roi de Cyrène. Il épousa Olympias de Larissa, qui lui donna
Antigonos III Dôson
(Roi 229-221), puis il épousa
Bérénice II fille du Roi de Cyrène Magas, celle-ci découvrant
que Démétrios Kallos la trompait avec sa mère
Apama II, le
fit assassiner en 249/248.
Bérénice II devint Reine d’Égypte
(246-222), épouse de Ptolémée III
Évergète I.
• Lamia (En Grec : Λάμια), qui fut la fille de
l’Athénien, Cléanor. Elle naquit probablement en 340.
Elle fut une musicienne et une courtisane et fut d’abords la maîtresse
de Démétrios de Phalère, probablement avant 308, puis celle de
Ptolémée I (ou son épouse ?). Sa relation avec ce
dernier se termina par sa capture par Démétrios I, à la
bataille de
Salamine de Chypre en 306. Elle était déjà d’un âge avancé, lorsqu’elle tomba sous le charme de Démétrios I, dont elle devint l’épouse.
Sa date de décès est inconnue, après 303. Nous ne connaissons pas d’enfants de son union avec Ptolémée I. Selon
Athénée de Naucratis (ou Athếnaios Naukratitês,
† IIIe siècle ap.J.C, érudit et grammairien Grec) elle donna une fille à Démétrios I.
▪ Phila (En Grec :Φίλα) dont nous ne savons rien.
• Lanassa (En Grec : Λάνασσα), qu’il épousa vers 291/290. Elle fut la fille du Tyran de
Syracuse Agathoclès (ou Agathocle, 317-289), peut-être par sa seconde épouse Alcia
(ou Alkia). Elle fut en premières noces une des épouses
du Roi d’Épire
Pyrrhos I (307-272) à qui elle avait apporté en dot de mariage
l’île de Corcyre. Lanassa n’accepta pas que son mari vive la polygamie, et en 291/290, elle divorça de
Pyrrhos I.
Elle partit à Corcyre et offrit l’île comme dot de mariage à Démétrios I s’il acceptait de l’épouser. Il accepta et occupa l’île.
Il n’y a pas d’enfant connu de cette union.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur le Roi voir les ouvrages de :
Hermann Bengtson :
– Die Diadochen. Die nachfolger Alexanders des Großen. C.H.Beck, München, 1987.
Richard A.Billows :
– Antigonos the One-eyed and the creation of the Hellenistic state, University of California Press, Berkeley, 1990.
– Kings and colonists : Aspects of Macedonian imperialism, E.J.Brill, Leiden, New York, 1995.
Kostas Buraselis :
– Das hellenistische Makedonien und die Ägäis : Forschungen zur politik des Kassandros und der drei ersten Antigoniden
im Ägäischen meer und in westkleinasien, C.H.Beck, München, 1982.
Jacob Burckhardt :
– Démétrios, le preneur de villes, Le Promeneur, Paris, 1992.
Paul Cloché :
– La dislocation d’un empire : Les premiers successeurs d’Alexandre le Grand (323-281/280 avant J.-C.),
Payot, Paris, 1959.
Steffen Diefenbach :
– Demetrios I Poliorketes (306–282 v. Chr.), Hellenistische Königreiche, Zabern, Darmstadt, 2014.
Georgios Dimitrakos :
– Demetrios Poliorketes und athen, Universität Hamburg, Christians, Hamburg, 1937.
Johann Gustav Droysen :
– Geschichte des Hellenismus, B. Schwabe, Basel, 1952-1953.
Franz Engeloch :
– Der Hymnos der Athener auf Demetrios Poliorketes, Barner, W., Göttingen, 1994-1997.
Yvon Garlan :
– Le siège de Rhodes, L’Histoire 25, pp : 48-57, Juillet-Août 1980 – La Grèce ancienne,
pp : 254–269, Claude Mossé, 1986.
René Ginouves, Giannēs M.Akamatēs et Manolēs Andronikos :
– La Macédoine de Philippe II à la conquête Romaine,
CNRS Editions, Paris, 1993 – Ekdotike Athenon,
Athènes, 1993 – En Anglais, Macedonia : from Philip II to the Roman conquest,
Princeton University Press, Princeton, 1994 – Ekdotike Athenon, Athènes, 1994.
François Lefèvre :
– Traité de paix entre Démétrios Poliorcète et la confédération étolienne (fin 289 ?), pp : 109–141,
Bulletin de correspondance hellénique 122, Persée, 1988.
Nicholas Geoffrey Lemprière Hammond :
– A History of Macedonia, vol. 3, 336-167 B.C, Clarendon Press, Oxford, 1972 et 1988.
Eugenio Manni :
– Vita Demetri Poliorcetis de Plutarque, La nuova Italis, Firenze, 1953.
Edward Theodore Newell :
– The coinages of Demetrius Poliorcetes, Oxford University Press, H. Milford, 1927 – Obel International, Chicago, 1978.
Isabelle Pimouguet-Pédarros :
– La cité à l’épreuve des Rois : Le siège de Rhodes par Démétrios Poliorcète, 305-304 av.J.C.,
Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2011.
Graham Shipley :
– The Greek world after Alexander, 323–30 BC, Routledge, London, New York, 2000.
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– La Macédoine de Philippe II a la conquête Romaine, Phoenix – Toronto 50, N°1, 1996.
Hans Volkmann :
– Demetrios I, Der Kleine Pauly (KlP), Band 1, Stuttgart, 1964.
Claude Wehrli :
– Antigone et Démétrios, Droz, Genève, 1968.
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