Quelques grands Rois d’Arménie :
Tiridate  I
53  et  54 à 58  et  62 à 73
 

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  Sommaire
 

Son origine
Son arrivée au pouvoir
Son règne
Bibliographie

           DATES  de  RÈGNE
53 et 54-58
53 et 54 à 60
53 et 58 à 63

 
et 62-73
61-75
63-72
66-72

 


 

Statue de Tiridate I dans les
jardins du Château de
Versailles, par André (1687)

 

Son origine

 
   Tiridate I (ou Trdat, en Latin : Tiridates, en Arménien : Տրդատ Ա) fut pour beaucoup de spécialistes le 1er souverain et le fondateur de la dynastie Arménienne Arsacide. Ses dates de règne aux différentes périodes sont encore assez imprécises du fait de la rareté des documents contemporains, les sources étant presque totalement Romaines. Son début de règne en 53 fut marqué par une brève interruption vers la fin de l’année, puis il reprit de 54 à 58 (on trouve aussi 54 à 60 ou 58 à 63), puis il fut arrêté de nouveau pour une période beaucoup plus longue de 58 à 62 et enfin reprit en 62 jusqu’en 73 (on trouve aussi 61 à 75 ou 66 à 72 ou 63 à 72). Tiridate I fut un des cinq fils du Roi Parthe, Vononès II (50-51) et d’une concubine Grecque, dont on ignore le nom et que certains donnent comme d’origine Thrace. Sa jeunesse, qu’il passa en Médie, qui était alors gouvernée par son père au nom du Roi Gotarzès II (47-50), est largement méconnue. Le nom de Tiridate signifie "donné par Tir", Dieu Arméno-parthe de la littérature, des sciences et des arts trouvant son origine dans le Dieu Tishtriya (ou Tištrya ou Tistrya) avestique et fusionné avec l’Apollon Grec.  
 

Son arrivée au pouvoir

 

   En 51, Rhadamiste (ou Rhadameste ou Radamisto, 51-53 et 54), fils du Roi Artaxiade d’Ibérie Aderk (ou Pharasman I ou Pharzman ou Farasmanes, 1-58) et époux de Zénobie, la fille de Mithridate d’Arménie (Donc sa cousine), détrôna son beau-père et le fit assassiner pour trahison et s’empara du pouvoir. La même année, le Procurateur Romain de Cappadoce, Julius Paelignus (ou Julio Peligno), envahit l’Arménie et ravagea le pays. Paelignus reconnut toutefois Rhadamiste en tant que nouveau Roi d’Arménie. Ce dernier ne régna pas longtemps, il fut attaqué à son tour par le Roi Parthe, Vologèse I (51-77/78) qui envahit à son tour l’Arménie. Il prit Artaxata, en 53 et il fit proclamer Roi son frère, Tiridate I. Cette action viola une nouvelle fois le traité conclut entre l’Empereur Romain Auguste (27 av.J.C-14 ap.J.C) et le Roi Parthe, Phraatès IV (38-2 av.J.C), qui attribuait aux Romains le droit de désigner et de couronner les Rois d’ArménieVologèse I considérait pour sa part que le trône d’Arménie était jadis la propriété de ses ancêtres et qu’il était maintenant occupé par un usurpateur à la suite d’un crime. Mais une épidémie hivernale et une insurrection menée par son fils Vardanès II (55-58) l’obligèrent à retirer ses troupes d’Arménie, permettant à Rhadamiste de revenir la même année et de punir les nobles locaux, proparthe, en tant que traîtres. Au début de l’année 54, ces derniers se révoltèrent et le remplacent de nouveau par Tiridate I. Rhadamiste fuit alors l’Arménie et se réfugia dans les États de son père. 


 

Mithra naissant du rocher
 Musée National Romain

 

Son règne

 

   Dans un accord pour résoudre le conflit Romano-parthe pour la main mise sur l’Arménie, Tiridate I fut confirmé Roi d’Arménie par l’Empereur Romain Néron (54-68). Même si cela faisait de l’Arménie un vassal de Rome, diverses sources Romaines contemporaines pensent que Néron a de facto cédé l’Arménie aux Parthes. L’accord entre l’Empereur Romain et ces derniers stipulait que le Roi d’Arménie serait lié aux deux Empires. Il serait, comme cela avait déjà été prévu dans l’accord passé entre l’Empereur Romain Auguste (27 av.J.C-14 ap.J.C) et le Roi Parthe, Phraatès IV (38-2 av.J.C), choisit dans la famille Arsacide du Roi des Parthes, mais serait couronné par les Romains.
 
   Le premier à inaugurer la longue listes des Rois Arsacides fut donc Tiridate I qui en plus d’être Roi, fut aussi un Prêtre Zoroastrien et fut accompagné par d’autres Mages dans son voyage à Rome en 66. Au début du XXe siècle, Franz Cumont spécula que Tiridate I joua un rôle dans le développement du culte de Mithra, qui à son avis, a Romanisé le Zoroastrisme. Cette théorie a été aujourd’hui réfutée par les spécialistes.
 
   Insatisfait de l’influence Parthe de plus en plus près de son Empire, Néron envoya le Général Gnaeus Domitius Corbulo (ou Corbulon, 7-67) avec une grande armée à l’Est afin de rétablir la domination Romaine. Au printemps 58, Corbulo entra en grande Arménie et avança vers Artaxata, tandis qu’un de ses alliés, Aderk (ou Pharasman I ou Pharzman ou Farasmanes) d’Ibérie attaquait par le Nord et un autre, Antiochos IV de Commagène, (38-72) attaquait au Sud-ouest. Soutenu par son frère Vologèse I, Tiridate I envoya des escadrilles loin de leurs bases attaquer les Romains. Corbulo riposta en utilisant les mêmes tactiques et en faisant appelle aux tribus Moschoi pour attaquer des régions de l’Arménie. Tiridate I en difficulté, fuit la capitale et Corbulo brûla Artaxata.

Tête de Néron –
Glyptothèque de Munich


    À l’été, Corbulo recommença à progresser dans la direction de Tigranocerta à travers un terrain accidenté. Il passa par le Taronitida (ou Taron) où plusieurs de ses commandants trouvèrent la mort dans une embuscade tendue par la résistance Arménienne. Cependant Tigranocerta ouvrit ses portes, à l’exception de l’une des citadelles, qui fut détruite au cours de l’attaque. À ce moment-là, en fin 58, début 59, la majorité des Arméniens abandonnèrent la résistance et acceptèrent le Prince favorisé par Rome. Tiridate I fut détrôné et l’Empereur Néron donna la couronne au dernier descendant royal des Rois de Cappadoce, le petit-fils de Glaphyra, fille d’Archélaos de Cappadoce et Alexandre de Judée (Le fils d’Hérode le Grand, 41-4 av.J.C), qui prit le nom Arménien de Tigrane VI Cappadoce (59-62).
 
   Son fils, nommé Alexandre, épousa Jotapé (ou Iotape ou Iotapa), la fille d’Antiochos IV (38-72) de Commagène et fut fait Roi de Cilicie. Néron fut salué avec honneur par les Romains pour cette première victoire et Corbulo fut nommé Gouverneur de Syrie en récompense. Une petite armée de 1000 légionnaires, 3 cohortes auxiliaires et 2 divisions de cavalerie, fut attribuée à Tigrane VI afin de défendre le pays. Le Roi Parthe, Vologèse I fut furieux de voir désormais un étranger assis sur le trône Arménien, mais il hésita à rétablir son frère et s’engager dans un conflit. De plus, il devait aussi combattre les Hyrcaniens qui s’étaient révoltés. En 61, Tigrane VI envahit le Royaume d’Adiabène (Royaume en Assyrie avec pour capitale à Arbela, Arbil aujourd’hui en Irak) et renversa son Roi, Monobazès II (ou Monobaze ou Monobaces, v.55-v.68), qui était un vassal des Parthes. Vologèse I prit cet acte pour une agression de la part de Rome et commença une campagne dans le but de rétablir Tiridate I sur le trône Arménien. Il plaça sous le commandement du Spahbod Spahbod (ou Spahbed, ou Spāhbed, Commandant des cavaliers), Monesès, une armée et lui ordonna d’expulser Tigrane VI d’Arménie.


 

Copie d’un buste attribué à
Corbulon – Musée du Capitole


   Ayant réprimé la révolte des Hyrcaniens, Vologèse I réunit toutes ses forces et se lança vers l’Arménie. Le Romain Corbulo fut informé de l’attaque imminente et envoya deux légions à l’aide de Tigrane VI, sous le commandement de Verulanus Sévère et Vettius Bolanus. Corbulo plaça le reste des légions sur les rives de l’Euphrate et arma des troupes irrégulières des provinces voisines. Monesès marcha vers Tigranocerta, mais il savait qu’il ne parviendrait pas à démanteler la défense de la ville, ses troupes n’étant pas préparées à tenir un long siège. Corbulo, de son côté, jugea prudent de ne pas attaquer directement le Parthe.
 
   Il envoya un centurion Romain du nom de Casperius au camp de Vologèse I à Nisibe (ou Nisibis ou Nusaybin ou Nisibia ou Nisibin, ville dans la province de Mardin, au Sud-est de la Turquie), située à environ 40 km de Tigranocerta avec la demande de lever le siège de la ville. En raison d’une épidémie et de la pénurie de fourrage pour ses chevaux Vologèse I accepta de relever le siège de Tigranocerta et demanda à ce que l’Arménie lui soit rattachée afin de parvenir à une paix ferme.
 
   Vologèse I exigea aussi que les troupes, aussi bien Romaines que Parthes, évacuent l’Arménie, que Tigrane VI soit détrôné et que Tiridate I soit reconnu. Le gouvernement Romain refusa d’adhérer à cet arrangement et envoya Lucius Caesennius Paetus, Gouverneur de Cappadoce, régler la question en mettant l’Arménie sous l’administration directe des Romains. Cependant Paetus subit une humiliante défaite à la bataille de Rhandeia (ou Randeya) en 62, qui impliqua la destruction de la XIIe légion Fulminata, commandée par Calvisius Sabinus (ou Calvisius Sabino) et la IVe Scythica commandée par Funisulanus Vettonianus (ou Funisulano Vetoniano). Le commandement des troupes fut remis alors à Corbulo, qui l’année suivante à la tête d’une importante armée entra en Arménie et pratiqua l’élimination de tous les Gouverneurs régionaux qu’il soupçonnait être proparthe.
 
   À l’emplacement de la bataille de Rhandeia (ou Randeya), où il battit les Romains, Tiridate I lança un appel à Corbulo en vu d’un accord de paix. Lorsque le Roi arriva au camp Romain, il retira son diadème royal et le plaça sur le sol près d’une statue de Néron. Corbulo accepta en retour de le recevoir à Rome. Tiridate I fut reconnu comme le Roi d’Arménie, vassal des Romains. Une Garnison Romaine resta dans le pays de façon permanente. Corbulo accompagna Tiridate I à Rome afin d’attester de sa fidélité à Néron. En Octobre de la même année eut lieu la première rencontre entre Néron et Tiridate I à Neapolis (ou Naples). L’Empereur ordonna la tenue de jeux en l’honneur de son hôte, qui démontra ses talents d’archer. Après un voyage de 9 mois, où il fut accompagné de sa famille et d’une représentation de la noblesse Arménienne, escorté par 3000 soldats, Tiridate I rejoignit sa capitale.


 

Vue du temple de Garni

 
   Le Roi ramena également avec lui un grand nombre d’artisans qualifiés pour la reconstruction d’Artaxata. Il rebaptisa la capitale, Néronia, en l’honneur de l’Empereur et embellit la résidence royale de Garni, toute proche avec des colonnades et des monuments d’éblouissantes richesses et construisit également un nouveau temple (Temple de Garni). Le commerce entre les deux continents fut également augmenté, ce qui permit à l’Arménie de garantir son indépendance de Rome. Rome pouvait maintenant compter sur l’Arménie comme un allié loyal. La paix fut une victoire considérable pour la politique de Néron. Il devint très populaire dans les provinces orientales de Rome, même auprès des Arméniens et des Parthes. Le nom de la XIIe Légion Fulminata, découvert gravé sur une montagne de Gobustan (Azerbaïdjan moderne), témoigne de la présence de soldats Romains au delà les rives de la mer Caspienne en 89, ce qui correspond à l’inscription Romaine la plus lointaine connue à ce jour.
 
   En 72, des guerriers nomades d’une tribu Sarmate, les Alains, firent une incursion en Médie Atropatène, ainsi que dans divers districts du Nord de l’Arménie. Tiridate I et son frère Pacorus II (ou Pakoros ou Pacoros ou Arsace XXIV), le Roi des Mèdes Atropatènes (Roi des Parthes, 78-105), leur firent face et livrèrent un certain nombre de batailles. Au cours de l’une d’elle Tiridate I fut capturé, mais il réussit à s’échapper et garder la vie sauve. Les deux frères réussissent à repousser les nomades, mais ceux-ci en se repliant pillèrent la région et emportèrent un butin considérable. Une inscription Araméenne retrouvée près de Tbilissi indique que Tiridate I au cours de ses dernières années de règne aurait été en conflit avec le royaume d’Ibérie. On ne connaît pas la date exacte de sa mort, ainsi que les circonstances de sa succession. On sait par diverses sources qu’un nommé Sanadroug I lui aurait succédé, mais on ne sait pas s’ils avaient un lien de parenté ?.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur le souverain voir les ouvrages de :
  
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Historical dictionary of Armenia, Scarecrow Press, Lanham, London, 2002.
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Histoire du peuple Arménien, Privat, Toulouse, 1986 et 2007.
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Cyrille Toumanoff : 
Manuel de généalogie et de chronologie pour le Caucase chrétien (Arménie, Géorgie, Albanie), 1976.
Les dynasties de la Caucasie chrétienne de l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle : Tables généalogiques et chronologiques, Rome, 1990. 

 

 
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