Autres Royaumes et Villes :
L’Hyrcanie   et  le 
Warahshe
 

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L’Hyrcanie

 
   L’Hyrcanie (ou Hyrcania ou Hircania ou Hyrkani, en Grec : Υρκανια, en Persan : هیرکانی Verkâna, en Avestique : Vəhrkō, en Gilaki et Mazandarani : Verk, en Sanskrit : वृक Vŗka ) est le nom qui, dans l’Antiquité, fut donné aux régions d’Asie situées au Sud-est de la mer Caspienne au Nord-est de l’Iran actuel, autour de l’actuelle rivière Gorgân. Le nom "Hyrcanie" est le nom Grec attesté dans les récits historiques. Ce nom est une variante du Perce ancien, Verkâna, comme il est enregistré dans les inscriptions de Béhistoun (ou Behistun) de Darius I (522-486), ainsi que dans d’autres inscriptions en Perse ancien et écriture cunéiforme. Verkā signifie "loup" en Perse, par conséquent l’Hyrcanie Verkâna est le "Pays des loups". Pour les Grecs, la mer Caspienne était nommée "La mer Hyrcanienne". À l’époque médiévale elle devint "Mer de Mazandaran". Le pays bénéficia d’un climat tropical et était très fertile. Les Perses estimaient qu’il était une des "bonnes terres" que leur Dieu suprême Ahura-Mazda (ou Ahuramazda) avait créé personnellement. Au Nord-est, l’Hyrcanie fut ouverte au steppes d’Asie centrale où les tribus nomades avaient vécu pendant des siècles.

 

L’histoire …….

 
    L’Hyrcanie fut une province de la Médie, puis se retrouva sous l’autorité des Perses Achéménides, après que Cyrus II le Grand (559-529) ait construit son Empire, qui s’étendait de la Grèce à l’Indus et qu’il eut écrasé le dernier Roi Mèdes Astyage (585-550/49). Elle devint ensuite une satrapie de l’Empire Perse Achéménide gouvernée par Hystaspede. La capitale, et la plus grande ville, et le site du “palais royal” fut Zadracarta (ou Gorgân ou Gurgan). Certains spécialistes avancent, qu’il semble qu’elle fut administrée comme une sous-province de la Parthie, car elle n’est pas nommée séparément dans les listes provinciales de Darius I (522-486) et Xerxès I (486-465).
 

L’Hyrcanie à son extension maximale

 

 
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   Après la mort de Cambyse II (529-522), l’usurpateur Bardiya/Gaumata, qui n’appartenait pas à la dynastie Achéménide, s’empara du trône. Les partisans de la maison royale Perse aidèrent Darius I à devenir Roi et Bardiya/Gaumata fut tué. Presque immédiatement, les sujets de l’Empire se révoltèrent. La rébellion s’étendit aux provinces d’Arménie, d’Assyrie, de Parthie et d’Hyrcanie.
 
   Darius I mâta une à une ces rébellions. Dans ses inscriptions de Béhistoun (ou Behistun), nous savons que l’Hyrcanie devint complètement Perse en 522. Toutefois, ceux-ci laissèrent une garnison en Parthie, qui fut commandée par Hystaspès (En Perse Vishtaspa) le père de Darius I, qui était Satrape d’Hyrcanie. Mais, le 8 mars 521 les Parthes et leurs alliés Hyrcaniens attaquèrent la garnison Perse.
 
   Après de rudes combats ils furent finalement battus. Hérodote (Historien Grec, 484-v.425) mentionne plusieurs fois l’Hyrcanie dans ses écrits. Il nous indique que les Perses construisirent des ouvrages d’irrigation à grande échelle dans le pays et également que des soldats Hyrcaniens firent partie de la grande armée du Roi Xerxès I (486-465) contre les Grecs en 480.
 
   L’historien note qu’ils avaient les mêmes armes que les Perses. Il est possible, mais pas prouvé, que pendant la période Perses, un mur fut construit pour défendre l’Hyrcanie contre les nomades des steppes d’Asie centrale.
 
   Les ruines d’un mur au Nord de la rivière Gorgân, qui sont encore visibles de nos jours, appelées "Le Mur (ou la porte) d’Alexandre" correspondent à un mur qui fut construit plus tard, sous les Parthes, mais il remplaça probablement une défense Perse déjà existante. Plus tard, Darius II (423-404), fils d’Artaxerxès I (465-424) et de la Reine Esther (ou Kosmartydène ou Cosmartidène) monta sur le trône après avoir assassiné son demi-frère Sogdianos.
 
   Une première inscription d’Ochus (Darius II) qui peut être datée au 10 Janvier 423 indique qu’il était déjà à cette époque Satrape d’Hyrcanie et qu’il fut rapidement reconnue par les Mèdes, la Babylonie et l’Égypte. Pour sa prise de pouvoir il eut recours à des troupes d’Hyrcanie et des satrapies supérieures : L’Arie, la Parthie, l’Arachosie, la Bactriane et la Sogdiane. L’Hyrcanie fit sa réapparition dans l’histoire lorsque le Roi de Macédoine Alexandre le Grand (336-323) envahit l’Asie. Les Hyrcaniens sont mentionnés lors de la bataille de Gaugamèles le 1 Octobre 331. C’est à la frontière entre cette satrapie et la Parthie que Darius III (336-330), en fuite devant Alexandre, fut assassiné en 330.

 

   Après la mort d’Alexandre et du partage de son Empire, l’Hyrcanie devint la propriété des Rois Séleucides. À la fin du III siècle av.J.C des nomades du Nord, appartenant à la tribu des Parni, envahirent la Parthie et l’Hyrcanie. Bien que la Parthie fut perdu à jamais pour les Rois Séleucides, l’Hyrcanie se trouva dans la dernière décennie du IIIe siècle reconquise par Antiochos III Mégas (223-187). Mais une génération plus tard l’Hyrcanie fut à nouveau perdue au profit des Parthes Arsacides (141 av.J.C-224 ap.J.C), le nouveau nom de la tribu des Parni, qui en 141 se libérèrent de la tutelle des Rois Séleucides.
 
   La région fut une partie importante de leur Empire, situé entre leurs territoires Parthes et leur pays d’origine sur la steppe. Il est certain que les Rois Parthes utilisèrent une ville d’Hyrcanie comme leur résidence d’été. On les donne aussi comme les constructeurs du "Mur d’Alexandre", qui mesurait 180 km de long et possédait 40 forteresses. Néanmoins, il semble que les Parthes furent contestés par les Hyrcaniens puisque l’on note une révolte en 58 ap.J.C.

   Après la chute de l’Empire Parthe, en 224 ap.J.C, l’Hyrcanie devint une province du nouvel Empire Perse Sassanides (224-637). Elle le resta jusqu’à l’invasion des arabes. Elle fut pour les Sassanides un important territoire dans la mesure où elle leur permettait de se tenir à l’écart des invasions des tribus d’Asie. De ce fait, les Rois Sassanides construisirent de nombreuses forteresses dans la région. Après la chute de l’Empire Sassanide, de nombreux nobles fuirent vers l’Hyrcanie où ils s’installèrent définitivement.
 
   Les arabes n’ont pas réussi à conquérir l’Hyrcanie principalement en raison de la situation géographique, mais aussi à cause de l’importante résistance de la part des notables tels que Vandad Hormoz, Mâziar et Babak Khorramdin. Sous la direction de quelques autres familles aristocratiques, tels que les Karens et les Bavands, l’Hyrcanie resta un État indépendant Zoroastrien. Les Mongols envahirent l’Est au XIIIe siècle et ce ne fut qu’au XVe siècle que l’Hyrcanie devint officiellement une fois de plus une partie de l’Iran.

 

Bibliographie
 

  Pour d’autres détails sur l’Hyrcanie voir les ouvrages de :
 
Charlotte Baratin, Georges Rougemont et Frantz Grenet :
Les provinces orientales de l’empire parthe, Université Lumière Lyon 2, Lyon, 2009.
Pierre Briant :
Histoire de l’Empire Perse, de Cyrus à Alexandre, Fayard, Paris, 1996 – En Anglais, From Cyrus to Alexander : A history of the Persian empire, Eisenbraun, Winona Lake, 2002.
Elton L.Daniel :
The history of Iran, CT: Greenwood Press, Westport, 2001-2005.
Wolfram Grajetzki :
Greeks and Parthians in Mesopotamia and beyond : 331 BC-224 AD, Bristol Classical Press, London, 2011.
Philip Huyse :  
La Perse antique, Éditions Les Belles Lettres, Guide des Civilisations, Paris, 2005.
Mohammad Yusuf Kiani :
Parthian sites in Hyrcania : The Gurgan plain, Dietrich Reiner, Berlin, 1982.
Olivier Lecomte :
The iron age of northern Hyrcania, pp : 461-478, Iranica Antiqua 40, 2005.
Christine Palou et Jean Palou :
La Perse antique, Presses Universitaires de France, Paris, 1962.
Klaus Schippmann :
Parthian sites in Hyrcania : The Gurgan plain, Arts & Sciences V, pp : 349-352, Gnomon 56, N°4, 1984.
Martin Schottky :
Zur geschichte von Media Atropatene und Hyrkanien in parthischer zeit, Josef Wiesehöfer, Das Partherreich und seine Zeugnisse, Historia-Einzelschriften 122, Steiner, Stuttgart, 1998.
Marc Van de Mieroop :
A history of the ancient near east, ca. 3000-323 B.C., Blackwell Pub., Malden, 2007. 
François Widemann :
Les successeurs d’Alexandre en Asie centrale et leur héritage culturel, Riveneuve éditions impression, Paris, 2009.

 

 

Warahshe

 

   Warahshe (ou Warahše ou Warakshe ou Parahsum ou Parašum Marhashi ou Marhaši ou Marhasi ou Marhashi ou Parhasi ou Barhasi, en Persan : پرشی) fut une cité-État qui se développa entre 2500 et 1900 av.J.C à l’Est de l’Élam, sur le plateau Iranien, mais qui n’a pas encore été localisée avec précision. Elle était située soit dans le Zagros occidental, soit plus à l’Est, entre l’Élam et la vallée de l’Indus (Mélukhkha ou Meluhha dans les textes Mésopotamiens). Quelques spécialistes avancent sur la côte Nord du golfe Persique. Une inscription du Roi d’Adab, Lougal-Ane-Mudu (v.2600), trouvée au Sud du pays Goutis, parle d’une guerre avec leur Roi, Migir-Enlil (v.2600).
 
   Cette cité-État fut en contact avec la civilisation d’Aratta et des cultures du Golfe Persique, comme celle de Dilmun (ou Bahreïn). Certains spécialistes avancent aussi qu’elle serait issu de la région de Jiroft où de nouveaux sites archéologiques viennent d’être mis au jour, ou encore plus au Nord, autour du site archéologique de Shahdad, le débat reste ouvert. Warahshe est mentionnée pour ses relations commerciales avec les royaumes Mésopotamiens, auxquels il fournit notamment des pierres précieuses (Agathe, chlorite, cornaline, lapis-lazuli, stéatite) et des animaux (Brebis, chiens, éléphants, ours, singes, zébus).

Tablette d’argile qui donne la
liste des victoires de Rimush
sur Abalgamash et les villes
Élamites – Copie d’une
inscription monumentale

 

 
L’histoire…….

 

   L’histoire de cette cité-État nous est connue par les relations qu’elle entretint avec son voisin l’Élam et les Empires Mésopotamiens d’Akkad et d’Ur (surtout la IIIe dynastie). La première attestation du royaume est faite, vers 2600, dans un texte du Roi d’Adab, Lugal-Anne-Mundu (v.2600), qui aurait combattu son Roi Migir-Enlil (v.2600). L’apogée de Warahshe arriva à l’époque de l’Empire d’Akkad (2334-2142). Les souverains d’Akkad durent souvent combattre des coalitions des Rois Élamites d’Awan (v.2700-v.2210) avec ceux de Warahshe, qui apparaissent comme leurs alliés traditionnels. Sargon d’Akkad (2334-2279) fut le premier à les vaincre et les annexer à son Empire.


 

Vase trouvé dans la région de Jiroft
peut-être de culture Warahshe

 
   Toutefois, le Roi d’Akkad suivant, Rimush (2279-2270) dut lutter contre une rébellion constituée par une alliance du Roi de Warahshe, Sidgau (v.2290-v.2275) avec celui d’Awan Khita (ou Hita, v.2280-v.2250). Cette coalition fut défaite par Rimush. Certains spécialistes avancent que cette alliance aurait été faite avec le Roi d’Awan, Luhî-Ishshan (ou Luh-Ishan, v.2320). Puis, le Roi d’Akkad, Naram-Sin (2255-2218) fit de même, il écrasa l’alliance du Roi Khita avec le Roi de Warahshe Abalgamash (v.2275-v.2250).
 
   Les mêmes spécialistes donnent là, le Roi d’Awan, Hishep-Ratep (ou Hišep-Ratep, v.2270 ?). Après la chute du royaume d’Akkad, qui débuta vers 2193, un nouvel Empire Mésopotamien émergea à partir la ville d’Ur et ses souverains tentèrent eux aussi d’étendre leur influence en direction du plateau Iranien.
 
   Il se heurtèrent comme les précédant à une coalition formée par les Rois du Warahshe et d’autres royaumes Iraniens comme celui de Simashki (Élam) ou d’Anshan. Le Roi d’Ur, Shulgi (ou Sulgi ou Shoulgi, 2094-2047) tenta d’arrêter la progression de la Dynastie de Simashki en mariant une de ses filles, Nialimmidashu au Roi de Warahshe Libanukshabash (v.2080-v.2060) et une autre au Roi d’Anshan. Mais ce fut peine perdue, car son successeur Amar-Sin (2046-2038) dut à nouveau combattre le Warahshe, dirigé par son nouveau souverain, Arwilukpi (v.2045-v.2035).
 
   Après la chute de l’Empire d’Ur, vers 2004, le royaume de Warahshe ne se trouva plus dans l’horizon politique des royaumes Mésopotamiens qui se concentrèrent moins sur le Plateau Iranien, dominé par l’Élam. Il disparut peu à peu des textes Mésopotamiens et son histoire nous est dès lors inconnue. Sa chute se produisit vraisemblablement vers 1800-1700, quand plusieurs cultures Iraniennes disparurent. Le dernier Roi attesté est Mashhundahli (v.2020) mais on ignore les dates exactes de son règne, il serait pour certains spécialistes contemporain d’Ibbi-Sin (2028-2004) d’Ur ?.

 

Bibliographie
 

  Pour d’autres détails sur le Warahshe voir les ouvrages de :
 
Elton L.Daniel :
The history of Iran, CT: Greenwood Press, Westport, 2001-2005. 
Philip Huyse :  
La Perse antique, Éditions Les Belles Lettres, Guide des Civilisations, Paris, 2005.
Christine Palou et Jean Palou :
La Perse antique, Presses Universitaires de France, Paris, 1962.
Daniel T.Potts :
Total prestation in Marhashi-Ur relations, pp : 343-357, Iranica Antiqua 37, Février 2002.
In the beginning : Marhashi and the origins of Magan’s ceramic industry in the third millennium BC, pp : 67-78, Arabian Archaeology and Epigraphy 16, N°1, Blackwell Publishing, Avril 2005.
Marc Van de Mieroop :
A history of the ancient near east, ca. 3000-323 B.C., Blackwell Pub., Malden, 2007.

 

 
 
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