Aïgaï
Localisation
Aïgaï
(ou Aigaí ou Aegae ou Aigéai ou Aigaé, en Grec : Αἰγαί) ou Vergina
aujourd’hui, en Grec : Βεργίνα) fut une petite ville du Nord de la Grèce. Elle est située
dans la préfecture d’Imathia en Macédoine centrale à
environ de 80km. au Sud-ouest de Thessalonique. La cité devint internationalement célèbre en 1977, lorsque l’archéologue
Grec Manólis Andrónikos annonça que le site était l’emplacement où furent enterrés les Rois de
Macédoine dans le tumulus dit "De la Grande Toumba",
y compris le tombeau de Philippe II (359-336),
père d’Alexandre le Grand (336-323)
et le fils de celui-ci Alexandre IV
dans la sépulture dite "Tombe du Prince".
Le site est classé depuis au patrimoine mondial par l’Unesco.
Elle fut la première capitale du royaume de
Macédoine, avant d’être supplantée par
Pella.
Il y a en fait deux villages, Vergina et Palatitsia. Ils définissent les
frontières du secteur de l’ancienne cité d’Aïgaï, qui fut découverte au XIXe
siècle et qui était la première capitale royale de la
Macédoine antique, gouvernée par la dynastie des
Argéades, dès environ 650.

L’entrée du musée au grand tumulus
|
L’histoire …
Lors des VIIIe et VIIe siècles av.J.C
la région fut gouvernée par des tribus
Illyriennes, qui établirent une base stratégique à
l’emplacement d’Égée. Lorsqu’au début du VIIe siècle des tribus de
Thraces et de Péoniens locales se révoltèrent, les
Illyriens furent chassés. Vers 650 av.J.C, les
Argéades, une ancienne maison royale Grecque dirigée par
Perdiccas I (729-678), fuirent Argos et établirent leur
capitale à Égée, instituant ainsi également le royaume de
Macédoine.
Il est dit qu’Aïgaï signifie « ville de chèvres » (αἴξ est le mot Grec
pour la chèvre). La capitale des Rois Macédonien fut appelée ainsi
après Perdiccas I, qui fut conseillé par la Pythie de construire la capitale de son royaume où les chèvres l’avaient amené
(Voir les légendes sur Perdiccas I dans Macédoine).
D’Aïgaï ils se propagèrent dans la partie centrale de la Macédoine.
La zone de la Vergina moderne resta donc inhabitée jusqu’au milieu du VIe siècle av.J.C.
Après 550, une population
Macédonienne s’installa dans la région. Au cours du Ve siècle,
le Roi Archélaos I (ou Archélaüs, 413-399) déplaça la
capitale Macédonienne à
Pella sur la plaine centrale.
Aïgaï resta un important centre cérémonial mais perdit un festival en l’honneur de Zeus au profit de Dion.
Elle continua toutefois à prospérer, même après les raids du IIIe siècle av.J.C et de nouvelles fouilles prouvent qu’elle était
encore habitée au cours du Ier siècle de notre ère.
L’archéologie
Les premières fouilles furent
réalisées en 1861 par l’archéologue Français Léon Heuzey, puis de 1938 à aujourd’hui par le service archéologique de
l’université de Thessaloniki. Elles permirent de découvrir : Le palais monumental avec sa somptueuse décoration de
mosaïques et stucs peints, une section de la ville antique et ses fortifications, un théâtre, un temple d’Eukleia, le
sanctuaire consacré à Aphrodite Cybèle (Mère des Dieux) et la nécropole, renfermant plus de trois cents tumulus.

Cnémides
en bronze trouvées dans le tombeau de Philippe II
|
Cet endroit est appelé "Les tombeaux royaux". Certain
de ces tombeaux exceptionnels, remontent au XIe siècle av.J.C. Dans le Nord de la ville ont été excavés d’autres tumuli, ne
dépassant pas 5 mètres de hauteur, faisant partie d’un cimetière préhistorique et d’un autre plus
récent datant du IVe siècle av.J.C. Le site est répertorié en deux catégories. La première comporte 47 pierres tombales
brisées qui recouvrait les tombes.
Ces stèles de la seconde moitié du IVe siècle av.J.C étaient des éléments décoratifs des tombes de citoyens
hommes et femmes ordinaires. La plupart présente des inscriptions mentionnant les noms des personnes décédées. Soixante quinze
furent identifiés comme appartenant à des Grecs. La seconde catégorie comporte les trois tombeaux
situés à l’intérieur du grand tumulus dont : La tombe "de Perséphone", celle de
Philippe II et celle
d’Alexandre IV.
▪ Le tombeau de
Philippe II, avec ces deux pièces, était
intact lors de sa découverte. Il est couvert d’une voûte en berceau. La façade, uniquement décorative, possède un ordre dorique
d’applique qui comporte une frise de triglyphes et métopes peints en bleu et blanc. Il fait
5,30 m. de long. C’est le plus long tombeau de tous ceux connus en
Macédoine. Les os du Roi étaient enveloppés d’une étoffe d’or et de pourpre. Ils furent découverts dans une urne funéraire
d’or (ou Larnax).
Ce coffre a une étoile gravée sur le couvercle (L’étoile à 12 branches
Macédonienne,
Voir Photo à Philippe II).
Le Larnax était conservé dans un sarcophage de marbre. À l’intérieur le crâne présente une blessure similaire à celle que
Philippe II reçut à l’arcade en 354 lors du siège de Méthone. La
première chambre du tombeau contenait également : Un superbe bouclier d’or et d’ivoire, les armes du Roi, sa cuirasse de fer
décorée d’or, son casque, des cnémides en bronze, son épée, une couronne d’or, posée sur les os calcinés du
Roi. Elle est composée de 318 feuilles et 68 glands.
La seconde chambre funéraire, dans l’autre pièce du tombeau, contient :
Beaucoup d’armes, une couronne de myrte doré, des figurines en ivoire sculptées, un diadème qui
compte parmi les plus beaux bijoux de l’antiquité et des ossements féminins. Ces os sont également conservés dans un Larnax d’or
à l’intérieur d’un sarcophage de marbre. La décoration de cette tombe, datée de 336, serait une
œuvre de Philoxénos d’Érétrie (Peintre Grec, IVe siècle av.J.C). Le
tombeau d’Alexandre IV
dit "le tombeau du Prince" est lui aussi intact. Il contient : Une hydrie funéraire en argent, décorée de manière assez
complexe et agrémentée d’une couronne, comportant les cendres d’un jeune homme d’environ 16 ans et de la vaisselle d’argent
nombreuse et variée. C’est la nature unique des objets et leur exceptionnelle qualité qui ont conduit les spécialistes à
identifier ce tombeau royal au jeune Roi.

Œnochoé en argent
|
▪ La
tombe dite de "Perséphone" est une tombe à ciste mesurant 3,5 m. x 3 m. x 2 m. Elle doit son nom à la fresque,
représentant l’enlèvement de Perséphone par Hadès, qui orne un des grands côtés. Elle est d’un style tout à fait différent des
deux autres, de part la variété des effets picturaux. La décoration de cette tombe, serait aussi une œuvre de Philoxénos
d’Érétrie. La richesse des tombes ne laisse aucun doute sur le caractère exceptionnel du site, que les fouilles ont mis au jour,
surtout depuis 1977. Les découvertes faites dans la nécropole, notamment dans la tombe de
Philippe II, fournissent un important point de repère chronologique
pour l’histoire de l’art Grec.
Tous les arts sont représentés : Architecture, orfèvrerie, peinture, ébénisterie etc… Ces tombes montrent que
la cour de Macédoine fut, depuis le règne de
Philippe II, un centre majeur de l’art Grec. Ce que l’on a découvert
dans les tombeaux est capital. Une étude précise de ces objets permet d’avoir une image claire de la vie et de la culture des
Macédoniens à cette époque et aussi de mieux appréhender les traditions
sépulcrales. Le musée de Vergina qui abrite les fouilles de ces tombeaux est unique aussi car il est construit à
l’endroit même où étaient les tombeaux, à l’intérieur du grand tumulus.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
Manolis Andronikos
– Vergina, the prehistoric necropolis and the Hellenistic, C. Bloms boktryckeri, Lund, 1964.
Manolis Andronikos et Louise Turner :
– Les musées Grecs, Ekdotike Athenon, Athènes, 1979.
– Vergina, the royal tombs, Ekdotike Athenon, Athènes, 1984.
Hansjörg Bloesch :
– Erinnerungen an Aigeai, Münzkabinett Winterthur, Winterthur, 1989.
Kostas Buraselis :
– Das hellenistische Makedonien und die Ägäis : Forschungen zur politik des Kassandros und der 3 ersten Antigoniden …
im Ägäischen meer und in wWestkleinasien, Beck, München, 1982.
Stella Drougou :
– Aïgaï ancienne capitale du royaume de Macédoine, pp : 10-13, Les Dossiers d’archéologie 347, Septembre-Octobre 2011.
Stella Drougou et Chrysoula Saatsoglou-Paliadelē :
– Vergina : Wandering through the archaeological site,
Archaeological Receipts Fund, Direction of Publications, Athènes, 1999.
– Vergina : The land and its history, Ephesus Publishing, Militos, Athènes, 2006.
– The ancient city of Aigai, pp : 243-256, Brill’s Companion to Ancient Macedon, Studies in the Archaelogy
and History of Macedon, 650 BC-300 AD, Leiden, 2011.
Ioannis Galanakis et Declan Mc Carthy :
– Heracles to Alexander the Great : Treasures from the royal capital of Macedon, a Hellenic kingdom in the age of democracy,
Ephoreia Proïstorikōn kai Klasikōn Archaiotētōn, Ashmolean Museum, Oxford, 2011.
René Ginouvès :
– La Macédoine : De Philippe II à la conquête Romaine, CNRS Éditions, Paris, 1993.
Chrysula Saatsoglu-Paliadelē :
– Vergina o taphos tu Philippu, hē toichographia me to kynēgi,
Athēnai Hē en Athēnais Archaiologikē Hētaireia, 2004.
Ioannis Touratsoglou :
– Makedonien – Geschichte, monumente und museen, Ekdotike Athenon, Athènes, 1995-1997.
Julia Vokotopoulou :
– Führer durch das archäologische museum Thessaloniki, pp : 149–178, Editionen Kapon, Athènes, 1996.
|