L’ Élam
 
Royaume d’Élymaïs
 

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Pour plus de détails voir aussi :
Période proto-Élamite
 

Période paléo-Élamite
Dynastie d’Awan
Dynastie de Simashki
Dynastie Epartide
Période médio-Élamite
Dynastie des Kidinuides
Dynastie des Igehalkides
Dynastie des Shutrukides

Période néo-Élamite

 

Localisation et origines

 
   À l’époque Parthe Arsacide (141 av.J.C-224 ap.J.C), un royaume, ou une principauté, au nom d’Élymaïs (ou Elymais ou Elymaida, en Latin : Elymais ou Elymaide, en Grec : Έλυμαΐς ou Έλυμαΐα  Elymaia ou Elymaei) exista, qui survécut jusqu’à son extinction par l’invasion des Perses Sassanides au début du IIIe siècle de notre ère. Il était situé dans le cœur de l’antique Élam. Roman Ghirshman a suggéré dans un premier temps que les Élyméens étaient d’origine Persane et qu’ils avaient été mis en place dans cette partie du Khūzestān depuis le VIIIe siècle avant notre ère. Cependant l’hostilité manifestée par les Élyméens aux Rois Achéménides, tel qu’enregistré par Néarque, et le fait qu’ils adoraient des Dieux non-Iraniens fait suggérer aux spécialistes qu’ils furent les descendants des habitants Élamites traditionnelles de ces régions.
 
   Selon John Hansman, une étude comparative de l’iconographie religieuse des Élyméens soutient l’idée qu’ils adoraient des Dieux Sémitiques de Babylonie et d’Assyrie, éventuellement avec des divinités Élamites. La capitale d’Élymaïs fut souvent Suse, qui ne faisait effectivement pas directement partie de sa région et Séleucie de Susiane (ou Séleucie sur Hedyphon) qui fut une ancienne ville dans le Sud-ouest de l’actuel Iran. L’emplacement de la ville n’a pas encore été identifié avec certitude. Les limites exactes du territoire d’Élymaïs ne sont pas sûres et dans tous les cas ont  du changer souvent au fil de l’histoire.

 

L’histoire…….
 


 

Soumission d’un souverain Élyméen au
Roi Parthe Mithridate I.

Photo avant retouche : Wikimedia.org

   L’Empire Achéménide qui régnait sur la Perse fut conquis entre 330 et 323 par le Roi de Macédoine, Alexandre le Grand (336-323). À sa mort, il fut partagé après une série de conflits entre ses généraux, les Diadoques. Séleucos I (305-280) domina finalement autour de 300 la partie orientale qui comprenait la Susiane et la Perse. Suse devint une cité Grecque, rebaptisée Seleukeia. Après plusieurs guerres contre l’Égypte, contre les autres royaumes hellénistiques et des révoltes qui secouèrent leur Empire, les Séleucides virent leur emprise sur la partie orientale de leur territoire s’effriter.
 
   En 220/219, Antiochos III Mégas (223-187) dut faire face à la révolte du Satrape de Médie, Molon, qui prit le contrôle de toute la Susiane, mais il fut finalement vaincu. Le pouvoir Séleucide fut contesté en Iran par les Parthes Arsacides venus des bords de la Caspienne. Vers 140, un de leurs Rois, Mithridate I (ou Arsace V, 171-138), mit la main sur la Susiane et les autres parties du Sud-ouest Iranien et envahit la Babylonie. Suse devint l’une des deux capitales, avec Ctésiphon, de l’Empire Parthe.
 
   Les premières références à un "royaume" d’Élymaïs sont par Néarque (ou Nearchus), l’Amiral d’Alexandre le Grand (336-323), dans un passage conservé par Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C – Livre 2.13.6). Il situe le "royaume" vers le Nord de la Susiane. Il rapporte que le "Elymaei" fut une des quatre tribus prédatrices dans ce qui est aujourd’hui le Sud-ouest de la Perse.
 
   Il décrit Elymaei comme un pays principalement accidenté bordant Suse et habité par des brigands qui faisaient la guerre aux Susiens (Livre 15.3.12, 16.1.17). Il semble que de temps à autre au fil des siècles, les "Rois" d’Élymaïs contrôlèrent également toute la Susiane. Strabon (Livre 16.1.17) signale également qu’Élymaïs était divisé en trois provinces : Gabiène (ou Gabiane), Massa et Båtene Korbiane. La signification du terme province est contestée en tant que telle. D’autres auteurs anciens signalent, cependant, que la Susiane appartenait à Élymaïs.
 
   L’Élymaïde et ses habitants, les Élyméens, apparaissent en tant qu’archers auxiliaires dans les armées d’Antiochos III Mégas (223-187) et de Molon lors du conflit qui les opposa (Livre 16.1.17). En 190, 4.000 frondeurs et archers Cyrtii (Kurde) et Élyméens furent parmi les forces rassemblées par Antiochos III pour une invasion de la Grèce, qui avorta (Tite-Live, 37.40). Appien (Historien Grec – Syrie 66) décrit ces archers Élyméens à dos de chameaux rapides et tirant des flèches avec dextérité. En 187, ce même Roi Séleucide, devant payer un tribut aux troupes Romaines qui l’avaient vaincu, décida de s’emparer du trésor d’un temple en Élymaïde dédié à un Dieu que les sources Grecques appellent Bel, dont on ne sait pas à quelle divinité locale il correspondait (Diodore de Sicile, 28.3, 29, 15). Mais les habitants de la région s’y opposèrent et le mirent à mort le 3 (ou 4) Juillet 187. Le Roi Séleucide, Antiochos IV Épiphane (175-164) chercha également à voler un riche sanctuaire Élyméens, le temple d’Artémis-Nanaïa. Mais encore une fois les habitants déjouèrent la tentative et Antiochos IV se retira.
 
  Vers 140, l’Élymaïde se constitua en royaume ou principauté, profitant des luttes entre les Séleucides et les Parthes. Son histoire qui suit en grande partie celle de la région nous est cependant peu connue dans sa spécificité.  Les dirigeants d’Élymaïs nous sont connus presque exclusivement par leurs pièces de monnaie. Leurs mentions dans les textes classiques sont rares. Le nombre et l’ordre des souverains est controversé entre les spécialistes et fait toujours l’objet de recherches. Seules les pièces de monnaie des dirigeants préchrétiens nous fournissent des données, mais ces dernières ne sont pas datées. Le premier souverain Élyméen identifié est Kamnaskirès I Sôter (v.147) dont le nom semble être Élamite et dont on ne sait rien, était-il seulement Roi ?.
 


 

Monnaie de Kamnaskirès II Nicéphore

   Lui succéda Kamnaskirès II Nicéphore (145 à 139), mais on ne connait pas leur lien de parenté. Les frontières exactes du territoire sur lequel régna Kamnaskirès II Nicéphore sont inconnues, mais on suppose qu’il contrôlait aussi la Médie puisque des pièces de sa monnaie furent mises au jour à Ecbatane et semble t-il aussi frappées dans la ville. À certains moments, il régna également sur Suse. Ses pièces ont des légendes en Grec et suivent le modèle de celles que frappaient les Rois Séleucides. Un texte Babylonien de cette période mentionne qu’en 145, les troupes Élyméennes du "Roi", alors appelé "Kammashkiri Roi d’Élam", attaquèrent des villes de Babylonie. Une contre-attaques Séleucides, selon cette source, eut lieu en Juin / Juillet 144.
 
   Le résultat de cette campagne n’est pas connu, mais nous apprenons que même les habitants de Séleucie du Tigre (ou Séleucie sur le Tigre, en Grec : Σελεύκεια  Seleucia, située aujourd’hui en Irak à 35 km environ de Bagdad et 60 Km au Nord de Babylone) craignirent et souffrirent des troupes Élyméennes. On ne sait rien sur la fin du règne de Kamnaskirès II. Certains spécialistes avancent qu’il est possible que Kamnaskirès I Sôter soit le même que Kamnaskirès II qui aurait changé d’épithète au cours de son règne ?. L’arrivée des Parthes de Mithridate I (ou Arsace V, 171-138) qui prirent Suse et la région probablement vers 140/139 fit reculer les Élyméens, même si leur indépendance fut préservée et que les Rois Parthes durent encore les affronter quelques années plus tard. Peut-être Kamnaskirès II Nicéphore périt-il au cours des combats lors de cette invasion de Mithridate I ?.
 
   Suivra une période assez sombre avec à la tête trois souverains qui semble t-il furent des usurpateurs : Okkonapsès (ou Hyknapses, 139). Il n’est connu que de quatre pièces de monnaie. Les légendes et le style des ses pièces sont purement Grec. Il faut noter que la lecture de son nom sur les pièces est incertaine ; Tigraios (138/37 à 133/32) qui n’est connu que par ses pièces de monnaie. La datation précise de son règne est incertaine, mais serait dans les années après le retrait des Séleucides et la mise en place complète de la suprématie Parthe sur Élymaïs ; Darius (133/132 à 82/81) qui n’était peut-être que Gouverneur de province, dans tous les cas vassal de l’Empire Parthe. Darius n’est connu que d’une seule pièce sur laquelle il est indiqué : le Roi Darius Sôter. La position exacte de Darius est donc inconnue. Des spécialistes avancent qu’il ne régna que brièvement, les Parthes prenant le contrôle d’Élymaïs.
 


 

Monnaie de Kamnaskirès III et d’Anzaze

   Le "royaume" d’Élymaïs réapparaît comme important dans la documentation vers 82/81 (ou 79/78), dans des pièces de monnaie émises au nom du "Roi" Kamnaskirès III (82/81 à v.75) et de son épouse Anzaze, qui montrent l’autonomie dont disposait ce territoire dans l’Empire Parthe. L’image du souverain sur ces pièces n’est plus basée sur les modèles Grecs. Les cheveux, la barbe et les vêtements sont de type Iranien. Comme nous le précise Gilbert J.P.Mc Ewan, les sources Babyloniennes de l’époque mentionnent un conflit, en Janvier / Février 77, entre Kamnaskirès II, appelé Qabinaschkiri et un souverain Parthe, sans doute Orodès I (ou Arsace X – 90-80 ou 80-75). Ces événements sont peut-être les mêmes que ceux décrits par Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C – Géographie Livre XVI.1.18), qui raconte l’histoire d’une révolte dans cette région de l’Empire Parthe, qui n’est cependant pas datée.
 
   Un souverain Élyméen suivant, on pense pour des raisons chronologiques qu’il s’agit sans doute de Kamnaskirès IV (62 à 61 ou 59 à 58 et 56 à 55 av.J.C), est connu pour avoir envoyé en l’an 65 des Ambassadeurs et des cadeaux au Général Romain Pompée (106-48) lorsqu’il était basé en Arménie, sans doute pour obtenir de l’aide contre les Parthes (Plutarque, Pompée 36). Kamnaskirès IV est connu seulement de sa monnaie, portant des légendes en Grec. Ses drachmes et tétradrachmes montrant un Roi de style Grec avec sur le verso une image de Zeus.

 
   Vers 25/30 ap.J.C, les Élyméens semblent reprendre Suse aux Parthes. Une nouvelle dynastie de souverains Élyméens parvint au pouvoir, caractérisée par des noms différents, similaires à ceux des souverains Parthes Arsacides (Orodès ou Phraortès), peut-être étaient-ils membre de cette famille. Certains d’entre eux sont connus par des bas-reliefs rupestres qu’ils ont laissé, dont ceux de Tang-e Sarvak (ou Tang-i Sarvak, près de Behbahan dans le Khûzistân). Par cette pratique comme d’autres aspects, les "Rois" Élyméens rappellent ceux de l’Élam antique, et plusieurs éléments suggèrent que l’on a encore affaire à des descendants d’Élamites, même si leurs inscriptions sur leurs monnaies ou dans la roche sont en Grec, puis en Araméen. Orodès I (ou Orode, v.30/40 ap.J.C) n’est connu que par ses pièces de monnaie. Elles portent une légende en Araméen (Urud Malka – Le Roi Orodes) et sont dans un style Parthe. Un Orodès II (En Araméen : Urud, v.55/60) lui succède, sans doute son fils comme semble le préciser ces pièces de monnaie. Nous ne savons rien des souverains suivants, seules leur monnaie nous est parvenue, mais sans indication de date précise de leur règne.
 
   Vers 221 ap.J.C. le Perse Sassanide, Ardachêr I (ou Ardashir I ou Ardashir Babigan, 224-241) prit le contrôle du Sud-ouest Iranien. Une de ses inscriptions commémore la défaite d’un “Roi d’Ahvaz” (une ville du Khûzistân) que beaucoup de spécialistes, dont Daniel T.Potts, considèrent être le dernier Roi Élyméen. Il s’empara ensuite de tout l’Empire Parthe, fondant un Empire qui dominait l’Iran et les pays voisins qui vécut jusqu’aux invasions musulmanes du VIIe siècle ap.J.C. À partir de cette période, les traces de l’ancien Élam se raréfient encore plus. Sous les premiers siècles de la période islamique, les auteurs arabes mentionnent la présence dans le Khûzistân de personnes parlant une langue qui leur est inconnue et qui pourrait bien être une forme tardive de l’Élamite ?.
 

Pour la bibliographie voir à :
Élam civilisation Bibliographie

 

 
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