La période néo-Élamite (v.1100-539) est
très complexe à reconstituer et les spécialistes la divisent en trois grandes parties.
François Vallat les classe ainsi : Néo-Élamite I de vers 1100 à 770 ou 743 ; Néo-Élamite II de
vers 743 à 653 ou 646 ; Néo-Élamite III de vers 646 à 539. La première partie n’est malheureusement
pratiquement pas documentée par les inscriptions. La deuxième est mieux connue, mais
elle est essentiellement reconstituée par le biais de sources
Assyriennes,
peuple qui entra à plusieurs reprises en conflits avec les Élamites, ce qui pose le problème de
n’utiliser qu’une version des faits. La troisième fut la dernière période durant laquelle des royaumes
Élamites furent indépendants, avant d’être inclus dans l’Empire
Perse Achéménide sous le règne de
Cyrus II (559-529). Pierre de Miroschedji
fait remarquer, qu’en revanche, du point de vue de l’archéologie, la coupure observable en
Susiane est à situer autour de 720/700. Avant, la région
semble en déclin alors qu’en ensuite on remarque une reprise qui n’est pas entravée durablement par les destructions
des Assyriens.
Fragment d’un bas-relief dit
"la fileuse" ou "la tisserande" – Période néo-Élamite – Découvert à Suse
|
Période de troubles
– v.1100-760 ou 743
On sait très peu de chose sur le début de cette période Néo-élamite I dite
"période de troubles" qui couvre près de 350 ans et on
ne connaît aucun Roi Élamite. On sait que c’est à cette époque que des peuples Iraniens
s’installèrent en Iran occidental : Les
Mèdes vers le Nord-ouest entre la région du lac
d’Ourmia (ou Orumieh) et celle d’Hamadan et les
Perses, dont un nombre conséquent
finit par s’installer dans le Fars actuel, dans la région
d’Anshan où se développeront plusieurs petits royaumes.
Ce qui est sûr c’est qu’Anshan
resta encore, au moins partiellement, Élamite. Comme nous le précise François Vallat, les
Perses d’Anshan fondèrent dans la
ville une dynastie d’où semble t-il, ils chassèrent petit à petit les Élamites.
L’arrivée des Perses dans la région peuplée par les
Élamites marqua un changement déterminant pour l’histoire du Sud-ouest Iranien.
En politique extérieure, on pense qu’il se fit des alliances entre l’Élam et la
Babylonie pour lutter contre la nouvelle
puissance montante que représentaient les
Assyriens. Le
Roi
Babylonien, Mar-Biti-Apla-Usur (ou Mar-biti-apla-usur, 984-978) fut, selon une chronique
Babylonienne, un soldat d’origine
Élamite et il fonda la VIIe dynastie de
Babylone qui ne lui survivra
d’ailleurs pas longtemps. Plus tard on retrouve les Élamites aux côtés
du Roi de Babylone, Marduk-Balatsu-Iqbi
(ou Marduk-Balassu-Iqbi, 819-813) pour combattre l’Empereur
d’Assyrie
Shamshi-Adad V (ou Samsi-Adad V, 824-810).
L’Assyrien
fut vainqueur une première fois et en 813, il lança une nouvelle attaque sur la
Babylonie et vint à bout de la coalition.
Ces derniers événements furent d’importance, puisqu’ils annoncèrent l’intrusion des Élamites aux côtés des
Babyloniens dans leurs luttes contre
l’Assyrie.
Ce fut au IXe et au début du VIIIe siècle que les Empereurs
Assyriens entreprirent de grandes
campagnes militaires qui aboutirent à leur mainmise sur la
Babylonie et même une partie du Zagros,
ce qui menaçait directement l’Élam. Cette période est essentiellement connue par les textes officiels
Assyriens qui relatent les conflits
et une chronique historique Babylonienne.
Les quelques inscriptions royales Élamites de cette époque sont difficiles à dater
précisément et donc à resituer dans ce
contexte de conflits, d’autant plus que les noms des souverains Élamites qui apparaissent dans les textes
Mésopotamiens ne correspondent pas
exactement à leur nom Élamite. Par exemple Ummanigash dans les sources
Assyriennes est
Humban-Nikash I (743-717) dans celles Élamites.
Du point de vue politique intérieure, cette période semble caractérisée par une fragmentation.
Suse resta la plus importante ville
Élamite, mais d’autres cités devinrent des capitales de royaumes Élamites, comme Hidalu et Madaktu
(Peut-être Tepe Patak à environ 40 km à l’Ouest de
Suse).
On note aussi l’apparition d’autres royaumes dans le Sud-ouest Iranien, qui sont cités dans les sources
Assyriennes. Certains semblent
dirigés par des Perses comme Parsua (de la tribu
des Parsa ou Parsu), la région de Parsumash (ou Parsamash ou Parsumaš), ou
Anshan, préfigurant l’émergence de la dynastie
Achéménide.
Quand l’Élam réapparaît dans l’histoire vers le milieu du VIIIe siècle, le royaume est centré sur la Susiane, ses Rois
régnant depuis Suse.
Socle d’une statue royale commémorant une victoire militaire. VIIIe / VIIe
siècle – Musée du Louvre |
La période néo-Élamite II
– 760-646 ou 743-646
La deuxième partie de la période
néo-Élamite va voir un siècle de luttes contre
l’Assyrie.
Cette période est caractérisée par une forte migration des Iraniens pour le plateau Iranien. Les sources
Assyriennes autour de 800 distinguent les "puissants Mèdes", c’est-à-dire les
Mèdes et les "lointain Mèdes"
qui vont entrer plus tard dans l’histoire sous leurs propres noms :
Parthes, Sagartiens, Margiens,
Bactriens,
Sogdiens etc… Parmi ceux-ci, la tribu
Parsu, d’abord enregistrée en 844 en tant que vivant sur la rive Sud-est du lac d’Ourmia (ou Orumieh), mais qui à la fin de
cette période, augmenter des Élamites, se fixera sur le plateau Iranien et sera
rebaptisée la Perse proprement dite.
Le premier Roi connu et identifiable de cette deuxième période néo-Élamite est
Humban-Tahra I (ou Khumban-Tahra, 760 à ?). De lui comme de son successeur Humban-Umena II (ou Khumban-Umena ou
Khumban-Imena ou Humban-Numena, ? à743) nous possédons très peu d’élément. On a plus
d’information sur le fils de ce dernier, le Roi suivant Humban-Nikash I (ou Khumban-Nigash, 743
à 717), le Ummanigash des sources
Assyriennes.
Il apporta son soutien à une révolte dans le Sud
Mésopotamien. Il s’allia avec le Roi de
Babylone,
Marduk-Apla-Iddina II (ou Merodach-Baladan, 722-710 et en 703) pour l’aider à se défendre contre
l’Empereur Assyrien,
Sargon II (722-705). Ils furent malheureusement repoussés par
l’Assyrien
et le Roi de Babylone
dut s’enfuir.
Shutruk-Nahhunté II
(ou Shuttir-Nakhkhunte ou Šutruk-Naḫḫunte ou Schutruk-Nahhunte, 717
à 699) est le
Roi d’Élam suivant. Il est identifié par les chroniques
Babyloniennes,
Assyriennes et des
inscriptions à Suse. Les textes dans la ville rapportent la plupart
de ses actions dans divers temples. Comme ses prédécesseurs, il soutint la cause
des Babyloniens
face aux Assyriens.
En 710, lui et le Roi de Babylone
Marduk-Apla-Iddina II sont battu par
Sargon II.
En 708 une autre défaite de Shutruk-Nahhunté II, toujours face à
Sargon II, est enregistrée.
Il prit la ville de Dur-Athara, capturant et expulsant 18.430 de ses habitants. Il prit ensuite les villes de Sam’una et
Bab-Douri où il fit encore beaucoup de prisonniers, enfin, il mit le siège à Bit-Imbi, puis rejoint l’Euphrate, afin de poursuivre
d’autres objectifs.
Marduk-Apla-Iddina II fut chassé de
Babylone, il se réfugia alors en Élam. En 703, Shutruk-Nahhunté II l’aida à reprendre la ville
en envoyant 80.000 archers et cavaliers. L’Empereur
Assyrien
suivant,
Sennachérib (705-681) écrasa la révolte et détrôna pour la deuxième fois
Marduk-Apla-Iddina II. Il confia alors le trône de
Babylone
à des hommes de confiance. Il plaça d’abord le
Babylonien, Bel-Ibni
(703-700), qui fut élevé en Assyrie.
En 700,
Marduk-Apla-Iddina II soutenu une nouvelle fois par Shutruk-Nahhunté II,
reprit le combat pour récupérer son trône et attaqua Bel-Ibni. Son action
provoqua une nouvelle invasion de la
Babylonie par
Sennachérib, qui le repoussa encore. Il réussit à s’enfuir une troisième fois, dans les marécages du Sud d’où
il ne revint plus jamais.
Sennachérib trouvant que Bel-Ibni avait été incompétent lors de cette guerre, le
remplaça par son fils aîné, Assur-Nadin-Shumi (ou Assur-Nadin-Sumi, 700-693) et il attaqua l’Élam.
Shutruk-Nakhkhunté II, fut le dernier Élamite à se réclamer de l’ancien titre “Roi
d’Anshan et de
Suse". Peu de
temps après, il fut assassiné par son frère Khallutush-Inshushinak II.
Khallutush-Inshushinak II (ou
Hallushu ou Hallutush-Inshushinak, nommé Hallushu dans les textes
Assyriens,
699 à 693) arrive au pouvoir en 699. Il envahit le Nord de la
Babylonie et semble avoir contrôlé des
cités de la région quelque temps. Le fils
Sennachérib ne tint pas longtemps. Il fut renversé en 693 par les
Babyloniens qui le livrèrent au Roi d’Élam. Khallutush-Inshushinak II l’emmena dans son pays et le fit exécuter.
Sennachérib contre-attaqua violement. Juste après, Khallutush fut assassiné par Kutir-Nahhunté IV (ou
Kudur-Nahhunte, 693 à 692) qui lui succéda sur le trône. Les
Assyriens lancèrent une campagne contre
des régions Élamites et prirent Madaktu, ville qui semble alors être la capitale Élamite, avant de se replier.
Kutir-Nahhunté IV eut un tout petit règne, il abdiqua en faveur de
Humban-Umena III (ou Khumban-Umena ou Khumban-Imena,
692 à 689), qui comme ses prédécesseurs reprit le combat contre les
Assyriens. Humban-Umena III monta une
coalition contre l’Assyrie avec l’aide d’autres
Rois du Sud-ouest Iranien, ceux d’Anshan,
d’Ellipi et de Parsua. Avec cette nouvelle armée, en 691, à la bataille de Halule, sur le Tigre, il apporta son soutien aux
Babyloniens dans une révolte dans le Sud
Mésopotamien.
L’issue de la bataille est indécise, les deux parties dans leurs annales prétendent avoir
vaincu l’adversaire. Il semble effectivement que Humban-Umena III est infligé une défaite à l’armée
Assyrienne.
En 689/688,
Sennachérib
contrarié par la résistance des
Babyloniens et par la mort de son fils aîné, décida de porter un coup fatal à
Babylone et à l’Élam. Il ordonna le
massacre et la déportation des habitants de la région, puis il pilla et détruisit la ville.
Sennachérib reprit à son compte le titre de Roi de
Babylone.
L’Élam n’eut plus d’appui en
Mésopotamie et dut rester isolée quelques temps.
Puis Humban-Haltash
I (ou Khumban-Haltash ou Khumma-Khaldash, 689 à 680 ou 688 à 680) arriva au pouvoir. En 685,
il reprit la
Babylonie aux
Assyriens, mais il fut repoussé par les
Babyloniens eux-mêmes. L’Élam fut alors incapable de semer le trouble en
Assyrie,
mais
Sennachérib fut assassiné dans un temple par un de ses fils, Arad-Mulissu au cours d’une insurrection.
Une guerre civile éclata en
Assyrie qui fut gagnée par
Assarhaddon (681-669). Le règne d’Humban-Haltash I connut une détérioration des relations Élamites-babyloniens, celui-ci ayant
prit la ville de
Sippar.
Assarhaddon passa un traité avec les
Mèdes pour combattre l’Élam,
car dans le Sud de la
Babylonie un Gouverneur Élamite, Nabu-Zer-Kitti-Lišir se révolta et assiégea la ville
d’Ur.
Il ne put cependant faire face aux armées
Assyriennes et il s’enfuit en Élam. Humban-Haltash II (ou
Khumban-Haltash ou Khumma-Khaldash, 680 à 675) le fils de Humban-Haltash I lui succéda.
Sous son règne l’Élam connut une guerre civile et il dut gouverner avec Shilhak-Inshushinak II (680
à 675) et
Urtaki.
Il commença une campagne contre
Sippar, mais il fut défait par les
Babyloniens, puis
il fut tué par Shilhak-Inshushinak II.
Représentation de Suse sur
des bas-reliefs néo-Assyriens commémorant la destruction de la ville par les
troupes d’Assurbanipal. |
Puis Urtaki (ou Urtak ou Urtaku, 675
à 663 ou
674 à 664) prit le pouvoir en exilant Shilhak-Inshushinak II. Pour un certain temps, à bon escient, il maintint de bonnes relations
avec le nouvel Empereur Assyrien,
Assurbanipal (ou
Assur-Banapliou ou Assourbanipal, 669-631 ou 669-626), qui envoya même du blé en
Susiane au cours d’une famine.
Mais ces relations amicales n’étaient que temporaires. Autour de 664,
Urtaki attaqua par surprise Babylone.
L’Assyrie, alors qu’elle était aussi en
guerre en Égypte,
envoya de l’aide à Babylone et les
Élamites reculèrent devant les troupes
Assyriennes. Pour renforcer sa position et éviter les représailles Urtaki se présenta comme allié aux
Assyriens,
en envoyant un ambassadeur permanent à
Ninive, la capitale
Assyrienne.
Son attitude fut jugée inacceptable par les autres Princes Élamites et l’un d’eux, Tept-Humban-Inshushinak
(ou Tempti-Khumma-In-Shushinak ou Tioumman ou Te-Umman ou Taiman, 663 à 653) le chassa du trône. Quelques spécialistes pensent
qu’il n’est peut-être pas le même Roi que Te-Umman, d’autres attribuent ce nom à Urtaki. Urtaki se réfugia à la cour de l’Empereur
d’Assyrie,
Assurbanipal.
Tept-Humban-Inshushinak demanda son extradition, ce que refusa l’Empereur
d’Assyrie.
Mécontent de ce refus, l’Élamite monta une grande rébellion.
Assurbanipal
intervint et mit la coalition de rebelles en déroute jusqu’en Élam.
En 653, Tept-Humban-Inshushinak fut tué à la bataille de la rivière Ulaya (ou Ulaï, nom d’après les sources
Assyriennes, elle est identifiée
aujourd’hui au Karkheh ou Karun en Susiane) et
Suse fut occupée par les
Assyriens.
Cet événement fut commémoré sur les bas-reliefs d’une salle du palais Sud-ouest de
Ninive,
où il est dit que Tept-Humban-Inshushinak se suicida. Ils offrent une représentation
des armées
Assyrienne et Élamite. Son fils Atta-Humban-Inshushinak (653 à 648) lui
succéda, peu de temps et on ne sait rien de lui, fut-il seulement Roi ?.
La même année l’État Mèdes du Nord tomba
aux mains des Scythes ce qui provoqua le déplacement de la tribu Parsu à
Anshan, mais leur Rois
Teispès I (675-640) fut capturé
(Voir Perses d’Anshan).
Malgré cela les Rois Élamites continuèrent à revendiquer le
titre de "Roi d’Anshan
et de Suse".
Assurbanipal réorganisa
l’Élam. Il installa deux fils d’Urtaki sur le trône de deux royaumes Élamites :
Humban-Nikash II (ou Khumban-Nigash, 653 à 651 ou 653 à 652) à Madaktu et Tammaritu I
(651 à 648) à Hidalu. L’Élam devint alors vassal de l’Empire
Assyrien et un hommage lui fut imposé.
L’Élam devint alors vassal de l’Empire
Assyrien et un hommage lui fut imposé.
L’armée Assyrienne victorieuse rentra à
Ninive,
emportant avec elle la tête de Tept-Humban-Inshushinak qui fut affichée au port de la ville. La mort et la tête du souverain
furent représentées à plusieurs reprises dans les reliefs du palais
d’Assurbanipal. Tammaritu I eut alors
la possibilité de s’emparer du trône d’Élam. C’est ce qu’il fit en 651 après avoir éliminé Humban-Nikash II avec l’aide des
Assyriens.
Après un bref règne, son fils Tammaritu II (648 à 647) lui succéda, mais il fut moins fidèle aux
Assyriens que son père et apporta
son soutien en 652 au Roi de
Babylone, Shamash-Shuma-Ukin (668-648, le frère
d’Assurbanipal), lorsque
celui-ci se souleva contre l’autorité de son frère. Tammaritu II ne put rester longtemps au pouvoir, il fut évincé par son
Général Indabigash (ou Indabibi, 647 ou 649 à 648), il se réfugia à
Ninive où son ancien ennemi
Assurbanipal l’accueillit.
Le Général ne demeura pas longtemps au pouvoir lui non plus, puisqu’Humban-Haltash III
(ou Khumban-Haltash ou Khumma-Khaldash, 647 à 644 ou 642 ?) le détrôna en 647.
Pendant ce temps,
Assurbanipal régla la situation en
Babylonie, après un siège de deux ans de
Babylone et son frère qui se suicida en incendiant son palais. Il envahit l’Élam sous le prétexte de remettre Tammaritu II
(Toujours réfugié dans son palais de Ninive)
sur le trône, mais en fait plutôt pour en finir avec la menace Élamite. Humban-Haltash III
eut le temps de s’enfuir et Tammaritu II remonta sur le trône, mais aussitôt une révolution de palais provoqua sa mort et le retour d’Humban-Haltash
III. Agacé, Assurbanipal décida de mener une
guerre impitoyable contre l’Élam. Il dévasta les pays du Bît-Imbi, de Rashi et de Hamanu et
entra dans le pays Élamite, qui tomba rapidement. Les grandes villes du royaume furent prises, pillées et
rasées, Hidalu et Madaktu et Suse en 646
qui fut détruite. L’Élam dévasté, ne se releva pas de cette terrible défaite. Le pays n’eut plus d’influence, il fut totalement
sous le contrôle des Assyriens.
Les spécialistes ne sont pas d’accord sur la date de fin de règne d’Humban-Haltash III.
Pour certains il mourut en 646 (Prise de
Suse), pour d’autres il échappa aux
Assyriens et mourut en 644 ou 642 en les combattant ou encore il fut capturé en 640 par
Assurbanipal.
Sur une tablette mise au jour en 1854 par Austen Henry Layard,
Assurbanipal se vante des destructions qu’il pratiqua en Élam :
"Suse, la grande ville sainte, la demeure de leurs Dieux, le siège de leurs
mystères, je l’ai conquise. Je suis entré dans son palais, j’ai ouvert leurs
trésors où l’argent, l’or, des biens et des richesses amassées ont été détruits
… J’ai détruit la ziggourat de Suse. J’ai réduit les temples d’Élam en
cendres; leurs Dieux et Déesses je les ai dispersés aux vents. Les tombes de
leurs anciens et récents Rois je les ai dévastées, j’ai exposé au soleil et j’ai
emporté leurs os vers la terre d’Assur. J’ai dévasté les provinces de l’Élam et
sur leurs terres, j’ai semé le sel."
Ruines du palais royal Achéménide de Suse.
Photo avant retouche :
Wikimedia.org |
La période néo-Élamite III
– 646-539
La troisième partie de la période Néo-élamite (646-539) est seulement
connue dans les grandes lignes. La dévastation est toutefois moins complète
qu’Assurbanipal
s’en soit vanté et l’Élam fut divisé en plusieurs petits royaumes ou principautés de faible importance : Malamir,
Suse, Samati, Zamin, etc….
Malgré la chute de l’Assyrie,
en 609, ceux-ci se révélèrent incapables de combler le vide de pouvoir et de faire face à la progression des Rois
Perses d’Anshan
dans un premier temps, puis de ceux des Achéménides, qui assimilèrent l’héritage
Élamite pour fonder un puissant royaume.
Un de ceux-ci,
Cyrus II le Grand (559-529), constitua un Empire en prenant successivement possession des royaumes :
Mède,
Lydien et
Babylonien.
On ne sait pas exactement de quand il faut dater la prise de contrôle totale de
Cyrus II sur les “royaumes” Élamites, dont celui de
Suse.
Beaucoup de spécialistes pensent que ce fut sans doute
lorsque Babylone tomba, en 539,
que l’on doit considérer que les derniers territoires Élamites furent aussi intégrés dans l’Empire
Achéménide.
Cyrus II déplaça sa capitale à
Pasargades, 40 km. au Nord-est
d’Anshan.
Les souverains les plus célèbres de ces royaumes ou principautés furent :
▪ Ummanunu (ou Khumma-Menanu) à
Suse
▪ Shutur-Nahhunte à Malamir
▪ Humban-Shutruk à Gisat
▪ Pahuri à Zamin
▪ Shilhak-Inshushinak et
Tepti-Humban-Inshushinak, Rois de Samati, de Zari, de Parsa et d’Anshan
Les royaumes Élamites n’existaient plus mais cela n’empêcha pas le peuple de se rebeller contre l’autorité
Achéménide.
Darius I (522-486) dut faire face à
plusieurs conflits internes dans son Empire, comme on l’apprend dans l’inscription de Behistun. Il dut notamment
mater une révolte en Élam, menée par un certain Hacina, dont certains spécialistes pensent qu’il ne fut pas forcément un Élamite,
mais peut-être un Perse ?. Une seconde rébellion eut lieu quelques temps plus tard menée par un dénommé Martiya
(nom Perse), qui se proclama Roi d’Élam. Toutefois il va finalement être capturé et mis à mort par des Élamites, par crainte
de représailles, selon les propos de Darius I.
Après avoir stabilisé son Empire le Roi procéda à des réformes administratives et il établit une capitale
à Persépolis, également
proche d’Anshan, où, comme le précise Daniel T.Potts,
furent mis au jour des milliers de tablettes administratives rédigées pour la plupart en Élamite.
Cette langue fut également employée dans des inscriptions royales retrouvées dans le Fars et en Élam, ce qui montre que des
scribes Élamites étaient employés dans l’administration
Achéménide. Plus tard,
Darius I fit de
Suse, qui était alors la capitale de la
satrapie de l’Élam,
une de ses capitales. Il y fit accomplir de nombreux travaux, dont la construction de son grand palais. Plusieurs de ses
successeurs réalisèrent également des constructions dans cette ville. Sous
Xerxès I (486-465), des troupes de
Susiane furent incorporées dans l’armée
Perse qui envahit la
Grèce lors de la
Seconde Guerre Médique
(480-479). Hérodote, (Historien
Grec, v.484-v.425) lorsqu’il décrivit
ce conflit nomma les habitants de la région des “Cissiens”.
L’Empire Achéménide fut conquis
entre 330 et 323 par le Roi de Macédoine,
Alexandre le Grand (336-323). À sa mort, il
fut partagé après une série de conflits entre ses généraux, les Diadoques.
Séleucos I (305-280) domina
finalement autour de 300 la partie orientale qui comprenait la Susiane
et la Perse. Il fit frapper des pièces à son effigie dans des ateliers à
Suse et
Persépolis. Ces villes furent agrandies afin d’accueillir
des colons Grecs.
Suse devint une cité
Grecque, rebaptisée Seleukeia. Cette phase
d’hellénisation est attestée par la présence d’inscriptions
Grecques, mentionnant des magistrats et
la construction de bâtiments caractéristiques de cette civilisation, comme un gymnase et un bouleutérion.
Après plusieurs guerres
contre l’Égypte,
contre les autres autres royaumes hellénistiques et des révoltes qui secouèrent leur Empire, les
Séleucides virent leur emprise
sur la partie orientale de leur territoire s’effriter.
Antiochos III (223-187) dut
faire face à la révolte du Satrape de
Médie, Molon, qui prit le contrôle de toute la
Susiane, mais il fut finalement vaincu. Le pouvoir
Séleucide
fut contesté en Iran par les
Parthes Arsacides venus des bords de la Caspienne. Vers 140, un de leurs Rois,
Mithridate I (ou Arsace V, 171-138),
mit la main sur la Susiane et les autres parties du
Sud-ouest Iranien et envahit la
Babylonie.
Suse devint l’une des deux capitales, avec
Ctésiphon,
de l’Empire
Parthe.
Soumission d’un souverain Élyméen au Roi Parthe Mithridate I.
Photo avant retouche :
Wikimedia.org |
Royaume d’Élymaïs
À l’époque
Parthe Arsacide (141 av.J.C-224 ap.J.C), un royaume
ou une principauté au nom d’Élymaïs (ou Élymais, en Latin : Élymaïde, en
Grec : Elymaia) exista, qui survécut
jusqu’à son extinction par l’invasion des Perses
Sassanides au début du IIIe siècle de notre ère. Il était situé dans le cœur de l’antique Élam. La plupart des
Élyméens
étaient probablement des descendants d’anciens Élamites. La capitale d’Élymaïs fut souvent
Suse, qui ne faisait effectivement pas directement partie de sa région
et Séleucie de Susiane (ou Séleucie sur Hedyphon) qui est une ancienne ville dans le Sud-ouest de l’actuel Iran.
L’emplacement de la ville n’a pas encore été identifié avec certitude. Les limites exactes
d’Élymaïs ne sont pas sûres.
Les premières références à ce royaume sont par Néarque (ou Nearchus), l’Amiral
d’Alexandre
le Grand (336-323), dans un passage conservé par
Strabon (Géographe
Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C – Livre 2.13.6).
Il situe le royaume vers le Nord de la Susiane.
Il semble que de temps à autre au fil des siècles, les "Rois" d’Élymaïs
contrôlèrent également toute la Susiane.
Strabon (XVI.1.17) signale
qu’Élymaïs
était divisé en trois provinces : Gabiène (ou Gabiane), Massa et Båtene Korbiane. La signification du terme province est contestée en
tant que telle. D’autres auteurs anciens signalent, cependant, que la
Susiane appartenait à
Élymaïs.
Vers 221 ap.J.C. le
Perse Sassanide,
Ardachêr I (ou Ardashir I ou Ardashir Babigan,
224-241) prit le contrôle du Sud-ouest Iranien. Une de ses inscriptions commémore la défaite d’un “Roi d’Ahvaz”
(une ville du Khûzistân) que beaucoup de spécialistes, dont Daniel T.Potts, considèrent être le dernier Roi Élyméen. Il s’empara
ensuite de tout l’Empire
Parthe, fondant un Empire qui dominait l’Iran et les pays voisins qui vécut jusqu’aux invasions musulmanes du VIIe siècle
ap.J.C. À partir de cette période, les traces de l’ancien Élam se raréfient encore plus. Sous les premiers siècles de la
période islamique, les auteurs arabes mentionnent la présence dans le Khûzistân de personnes parlant une langue qui leur est
inconnue et qui pourrait bien être une forme tardive de l’Élamite ?.
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