Quelques Reines importantes :
Tiâa I
 

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Sommaire
 

Ses titres
Son origine
Son histoire
Ses représentations
Sa sépulture
Sa famille
Bibliographie

 

{La mère du Roi, Grande épouse royale, Tiâa, vivante}

 

Ses titres

 
{Princesse héréditaire (iryt-pat) ; Noble Dame (rpatt) ; Épouse du Roi (Hmt-nswt) ; Grande Épouse Royale (HmT-nswt wrT) ; Grande de louanges (wrt-hzwt) ; Grande de grâce (wrT-imAt) ; Douceur d’amour (bnrt-mrwt) ; Celle qui voit Horus et Seth (mAAt-@r-¤tx) ; Mère du Roi (mwt-nswt) ; Grand-mère royale (mwt-nswt wrt) ; Épouse du Dieu (Hmt-nTr) ; Main du Dieu (Drt-nTr) ; Dame du Double Pays (nbt tAwy) ; Maîtresse [Souveraine] des Deux Terres (Hnwt tAwy) ; Maîtresse [Souveraine] du Double Pays dans son entier (Hnwt tAwy tm) ; Servante d’Horus (kht-@r) ; Suivante d’Horus (xt @r) ; Maîtresse [Souveraine] de toutes les femmes (Hnwt-Hmwt-nbt) ; Prêtresse de Bapef[y] (Hmt-nTr BA-pf[j]) ; Fille de Geb (sAT-Gb) ; L’Héritière de Geb (sATjt-Gb) ; La jeune fille de Pê, La jouvencelle de Dep (sdyy P Hwnt _p) ; Surveillante des équarrisseuses de la maison de l’acacia (xrpt sSmtjw pr imAt)}.
 
Sur un fragment d’une statue de Tiâa I provenant du temple reposoir d’Amenhotep II, à Guizèh on peut lire :

"La suivante d’Horus, La Prêtresse de Bapef[y], L’Épouse du Dieu, Tiâa, La jeune fille de Pê, La jouvencelle de Dep, Tiâa, La fille de Geb, Celle qui dirige les équarrisseuses de la maison de l’acacia, L’Épouse du Roi de Haute et Basse-Égypte, L’Épouse du Dieu, Tiâa, L’Épouse du Roi et la Mère du Roi, La main du Dieu aux mains pures, Tiâa".

 

Son origine

 
   Tiâa I (ou Tia’a – §jAA) est une Reine d’Égypte de la XVIIIe dynastie. Elle fut la Grande Épouse Royale d’Amenhotep II (1428-1401) et sera la seule femme du Roi. Ses origines sont encore aujourd’hui inconnues et très discutées, car elle porte le titre de Mère du Roi (mwt-nswt), mais pas celui de Fille du Roi (s3T-nswt). Il a été spéculé qu’elle fut la sœur d’Amenhotep II, ou sa demi-sœur, mais c’est loin d’être certain. Beaucoup d’égyptologues, dont Christian Leblanc, pensent qu’elle n’était pas d’origine royale et qu’il faut abandonner l’idée proposée par William Christopher Hayes qui voyait en elle une demi-sœur d’Amenhotep II, car cette hypothèse ne repose sur aucune preuve. Du fait que le plus grand nombre de vestiges de Tiâa I furent mis au jour dans le Sud du pays, certains spécialistes y on vu là une possible origine de la souveraine. Toutefois aucune source archéologique ne vient confirmer cette hypothèse.
 


 

Thoutmôsis IV et sa mère Tiâa I –
Musée Égyptien du Caire

Son histoire

 
   Tiâa I sera la dernière Reine de la XVIIIe dynastie à porter le titre d’Épouse du Dieu (HmT-nTr), hérité par les femmes de la famille royale depuis sa création par Ahmès–Néfertari I. La lignée ne reprendra qu’avec la Reine Satrê, épouse de Ramsès I (1295-1294, XIXe dynastie). Elle bénéficiait aussi de l’appellation de Main du Dieu (Drt-nTr) et ne recevra le titre de Grande Épouse Royale que sous le règne de son fils. On sait que Tiâa I et certains proches de la famille royale résidèrent à Miour, dans le Fayoum. La Reine semble y avoir fait de longs séjours pendant le règne de son époux. Le Papyrus Wilbour, rédigé au cours de la XXe dynastie (1186-1069), fait allusion à un domaine de Tiâa I qui se trouvait sur le territoire d’Amon, à Karnak.
 
   Cependant, comme le précise Christian Leblanc, rien n’autorise à croire qu’il s’agissait d’une chapelle consacrée au culte de la Reine divinisée. Ce domaine personnalisé pouvait faire partie de ses propriétés financières. Son nom nous est essentiellement connu parce qu’elle va être la mère du prochain Roi, Thoutmôsis IV. Ce fut d’ailleurs avec le règne de celui-ci que la Reine prit de l’importance, car sous celui d’Amenhotep II, elle resta très en retrait, éloignée de la vie officielle et n’apparaissant jamais (ou pratiquement jamais) sur le devant de la scène politique et/ou diplomatique.
 
   La relation très étroite qui va exister entre la souveraine et son fils est soulignée dans toutes sortes d’inscriptions, qui suggèrent qu’elle doit être considérée comme l’équivalent terrestre des Déesses : Hathor, Isis et Mout, la Déesse mère et épouse d’Amon. L’une des filles de Thoutmôsis IV, est susceptible d’avoir été nommée Tiâa en mémoire de sa grand-mère. Joyce Anne Tyldesley fait remarquer qu’à partir de Tiâa I, et ce jusqu’à la fin de la XVIIIe dynastie, la Mère du Roi va jouer un rôle de plus en plus important sur la scène politique et, surtout, dans les rites religieux, les souverains cherchant à prouver leur propre caractère divin à travers l’histoire de leur naissance.
 
   Sur l’une des parois de la cour de l’enceinte du grand temple d’Amon-Rê, construite par Thoutmôsis IV, on peut voir Tiâa I représentée entrain d’assister à l’un des rites de la fondation de cette cour. Le souverain est suivi par la Reine qui tient un sceptre floral. Christian Leblanc nous dit que sa présence dans un tel contexte est exceptionnelle au Nouvel Empire, car il faudra attendre la Basse-Époque (656-332) pour voir apparaitre à nouveau ce type de scène avec la Divine Adoratrice d’Amon Chépénoupet II (710-650).
 
   Il semble que la Reine bénéficia d’un culte funéraire. En effet, une scène, relevée par Robert Hay, à Sheikh Abd el-Gourna, représentée dans la tombe (TT76) de Thenouna, Porteur de l’éventail à la droite du Roi, nous montre Thoutmôsis IV officiant, à l’occasion des fêtes du nouvel an. On ne sait pas exactement à quel moment du règne de son fils mourut Tiâa I. Ce qui est sûr en revanche c’est qu’elle survécut plusieurs années à son époux et que l’on célébra ses funérailles dans la vallée des Rois.


 

Amenhotep II – Musée de Louxor

 
Ses représentations

 
   Sous le règne d’Amenhotep II, les femmes de la famille royale furent beaucoup moins représentées que plus tôt dans la dynastie. Cet état fut traduit par le fait que, probablement, le Roi ne voulait pas que l’une d’entre elle usurpe le pouvoir comme l’avait fait la Reine Hatchepsout (1479-1457) quelques décennies plus tôt. Tiâa I est peu représentée sur les monuments construits par son époux, mais elle est très présente sur ceux qui furent achevés par son fils, Thoutmôsis IV. Elle sera la première femme avant Néfertari à accompagner le Roi sur de nombreuses statues de celui-ci.
 
   Amenhotep II fit modifier deux représentations de sa mère, Méritrê-Hatchepsout, à Karnak, de façon à les attribuer à son épouse Tiâa I. Sur un colosse assis du Roi, placé contre la face Sud du VIIIe pylône du site, Tiâa I est qualifiée de Grande Épouse Royale (HmT-nswt wrT) de Maîtresse [Souveraine] des Deux Terres (Hnwt tAwy) et de Mère du Roi (mwt-nswt). On sait aujourd’hui que ce fut après sa mort que furent gravées ces épithètes.
 
   Joyce Anne Tyldesley nous dit qu’une statue, mise au jour à Karnak, montre la Reine d’allure spécialement jeune, vêtue d’une longue robe et coiffée d’une lourde perruque, de la couronne de vautour et de l’Uræus. À Karnak et à Louxor (ou Louqsor), les fouilles ont livré d’autres témoignages de Tiâa. Georges Legrain mit au jour, en 1903, deux stèles la représentant. La Reine se trouve derrière son époux officiant devant Amon-Rê.
 
   L’œuvre la plus importante qui nous soit parvenue de la souveraine est sans aucun doute une statue en granit noir, aujourd’hui au musée Égyptien du Caire, exhumée d’une salle située au Sud des piliers héraldiques du temple d’Amon-Rê. Tiâa I est assise à côté de son fils Thoutmôsis IV, avec une attitude suggérant une grande affection entre les deux personnages (voir photo ci-dessus). La Reine porte une volumineuse coiffure faite de nattes. Elle est parée d’un collier et de bracelets et est vêtue d’une robe s’arrêtant aux chevilles.
 
   À Guizèh, non loin du Sphinx, Selim Hassan mit au jour en 1936, deux fragments de statue d’une Reine, malheureusement perdus depuis. Les textes qui y étaient gravés furent recopiés à l’époque par Bernhard Grdseloff. Ils nous informent qu’elle appartenait à la Reine Tiâa I. C’est l’unique statue de la Reine représentée seule et debout. Sur cette statue on a pu relever certains de ses titres. Ceux-ci n’avaient pas été attribués à une souveraine depuis l’Ancien Empire, comme : La suivante d’Horus, La Prêtresse de Bapef[y], Surveillante des équarrisseuses de la maison de l’acacia, Celle qui voit Horus et Seth.

 


 

Entrée de la tombe KV32

Sa sépulture

 
   Tiâa I fut enterrée dans la tombe KV32 de la vallée des Rois, découverte en 1898 par Victor Loret où des fragments de son matériel funéraire y furent mis au jour. La chambre funéraire était en partie remplie de débris d’inondation provenant de la tombe KV47 du Roi Siptah, de la XIXe dynastie, adjacente à la sienne et avec laquelle elle communiquait par un large trou. La découverte de ces débris ont dans un premier temps amenés les égyptologues à croire que la tombe de Siptah appartenait à sa mère, qui porte aussi le nom de Tiâa, toutefois, depuis lors la mère de Siptah a été identifiée et la tombe fut donc réattribuée à Tiâa I.
 
   Cette attribution est confirmée par de récentes recherches menées dans KV32 par Elina Paulin-Grothe. Elles ont également abouti à la mise au jour de nouvelles pièces du mobilier funéraire de la Reine. À ce jour nous n’avons toujours pas retrouvé sa momie. L’hypothèse avancée par Carl Nicholas Reeves, selon laquelle la femme inconnue D retrouvée dans une chambre de la tombe KV35, serait la Reine Tiâa I, reste à confirmer, car pour d’autres égyptologues, il pourrait s’agir de la dépouille de la Reine Isis-Nofret II, une des épouses du Pharaon Mérenptah (1213-1203).

 

Sa famille

 
   Tiâa I donna probablement cinq enfants à Amenhotep II, les avis des spécialistes sont très partagés, surtout pour les garçons. Par exemple Christian Leblanc affirme que la Reine n’eut qu’un fils, le futur Thoutmôsis IV et que les autres enfants mâles sont d’autres mères. Aidan Marc Dodson, Dyan Hilton ou Donald Bruce Redford, pour ne citer qu’eux, en compte trois. Sans plus de preuves il convient de respecter toutes les propositions.
 
  Quatre garçons :

Ouebsenou (ou Oubensénou ou Webensenu ou Ubensenu) dont on ne sait rien, mais qui mourut semble t-il jeune. Dans la tombe KV35 dans la vallée des Rois, d’Amenhotep II, on a retrouvé des fragments de vase canope au nom d’Ouebsenou qui nous confirment sa filiation avec lui. Sur ceux-ci il est nommé "Fils royal, aimé de lui, superviseur des chevaux". Ouebsenou est aussi nommé "Fils royal, aimé de lui" sur la statue (CG638) du Scribe royal, Superviseur des ouvriers à Karnak et Architecte en chef, Minmès (ou Minmose). Il est possible que la stèle B du temple d’Amenhotep II à Guizèh ait pu lui appartenir.
 


 

  Thoutmôsis IV –
Musée du Louvre

Ahmosis (ou Ahmosé) qui sera Grand-Prêtre de à Héliopolis sous le règne de son frère Thoutmôsis IV. Une stèle lui étant attribuée se trouve aujourd’hui au musée de Berlin et une statue brisée, provenant probablement de Coptos, est à celui du Caire.
 
Aménémopet (ou Amenemipet). Selon Peter Der Manuelian, il est attesté comme fils d’Amenhotep II sur la stèle C, trouvée dans le temple du Sphinx du Roi. Donald Bruce Redford propose qu’Aménémopet soit le fils aîné.
 
Thoutmôsis IV qui succède à son père d1401/00 à 1390. Christian Leblanc avance qu’il naquit en l’an 6 du règne d’Amenhotep II. Cette filiation est contestée par certains égyptologues.
 
  Une fille :
Iaret (ou Jaret ou Varet ou Ouadjet – JArt) qui sera vers l’an 7 de son règne une des épouses de son frère Thoutmôsis IV. Elle porte les titres de : Grande Épouse Royale (HmT-nswt wrT), Fille du Roi (sAT-nswt) et Sœur du Roi (snt-nswt). Selon Betsy Morrell Bryan, elle est représentée sur une stèle, datant de l’an 7, a Konosso, ainsi que dans le temple d’Amada en Nubie. Sur la stèle, elle apparait derrière Thoutmôsis IV frappant l’ennemi.
 
  Cinq autres enfants sont attestés au Roi : Nedjem qui n’est connu que d’une seule source. Il est mentionné, avec son frère (ou demi-frère), Ouebsenou, sur une statue de Minmès (ou Minmose), Superviseur des ouvriers à Karnak ; Amenhotep ; Khâemouaset ; Âakhéperkarê et Âakhéperourê (ou Âa-chepru-Rê), Tiâa I est peut-être la mère de certains. Selon Claude Vandersleyen, Ouebsenou et Nedjem ne sont pas des noms habituels que l’on trouvait à cette époque pour des Princes destinés à être Roi. Ce qui lui fait suggérer que leur mère était peut-être d’origine étrangère. D’après l’égyptologue Tiâa I ne serait donc pas celle-ci.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la Reine voir les ouvrages de :
  
Janet R.Buttles :
The queens of Egypt, A. Constable, London, 1908.
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et Février 2010.
Michel Gitton :
Les Divines Épouses de la XVIIIe dynastie, Centre de recherches d’histoire ancienne, Annales littéraires de l’université de Besançon, Les Belles-Lettres, Paris, 1984 et 1989.
Jean-Claude Goyon et Mohamed A.El-Bialy :
Les Reines et Princesses de la XVIIIe dynastie a Thèbes-Ouest, Atelier national de reproduction des thèses, Lille, 2005.
Christian Leblanc :
Reines du Nil au Nouvel Empire, Bibliothèque des introuvables, Juillet 2010.
Joyce Anne Tyldesley, Aude Gros de Beler et Pierre Girard :
Chronicle of the Queens of Egypt : From early dynastic times to the death of Cleopatra, Thames & Hudson Ltd, Octobre 2006 et Janvier 2007 – En Français, Chronique des Reines d’Egypte : Des origines à la mort de Cléopâtre, Éditions : Actes Sud, Collection : Essais Sciences, Juillet 2008 – En Allemand, Die königinnen des alten Ägypten : Von den frühen dynastien bis zum tod Kleopatras, Koehler + Amelang Gmbh, Février 2008.
Peter Der Manuelian :
Studies in the reign of Amenophis II, Hildesheimer Ägyptologische Beiträge Verlag, Gerstenberg, Hildesheim, 1987.
Lana Kay Troy :
Patterns of queenship in ancient egyptian, myth and history, Acta universitatis Upsaliensis.boreas 14, Uppsala studies in ancient mediterranean and near eastern civilisations, R. Holthloer, T. Linders, Uppsala, 1986.
Christiane Zivie-Coche :  (Christiane M.Zivie-Coche)
Tiaa, pp : 551-555, , Band VI/4, Wiesbaden, 1985.
Une curieuse statue de la reine Ti`aa à Giza, MGEM, IFAO, Le Caire, 1985.

 

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