Statuette d’Horus Aha |
Son origine, son nom
Horus Aha est
un Roi de la Ière dynastie.
Il est appelé par Manéthon, Athôthis, qui lui
compte 57 ans (Africanus), ou 27 ans de règne (Eusebius).
L’identification de Aha avec l’Athôthis de Manéthon est
fondée sur la tentative d’identification de Narmer avec Ménès.
Aha arrive au pouvoir à l’âge d’environ quarante ans. Il est originaire
de Thinis (ou This) aujourd’hui
peut-être El-Birbeh, à 20 kilomètres au
Nord d’Abydos.
Il est sûrement le fils de Narmer et de la Reine
Neith-Hotep,
mais pour certains égyptologues, dont
Peter Kaplony,
Hans Wolfgang Helck,
Dietrich Wildung,
il serait Narmer lui-même.
Il faut noter encore la version de
John von Beckerath et
Michael Höveler-Mueller qui
proposent ce Roi Horus Aha comme premier monarque de cette dynastie, mais avec comme
deuxième nom Ménès et ils placent comme deuxième souverains un Roi qu’ils nomment Atoti, auquel ils donnent comme date de
règne, 2975-2974.
Sérekh d’Horus Aha
|
Si Aha = Narmer ou Némès, alors il y a eu le règne d’un
autre Roi au début de la dynastie, qui est peut-être la Reine
Neith-Hotep,
comme le proposent les égyptologues
Werner Kaiser et
Günter Dreyer. Comme la Reine
Merneith plus
tard, Neith-Hotep pourrait également avoir eu
un règne indépendant ainsi que semble l’indiquer un sceau retrouvé dans la tombe d’Aha où son propre
Sérekh
apparaît, alors que normalement ceux-ci étaient réservés aux seuls dirigeants de sexe masculin.
Kaiser et
Dreyer ont exprimé également
la supposition que le "Roi"
Neith-Hotep
serait le Téti de la
liste d’Abydos, dont le nom est
traditionnellement considéré comme le successeur direct de
Narmer/Ménès.
Les égyptologues suggèrent que la Reine aurait été Régente
pour le Roi Horus Djer mineure et donc trop jeune pour le trône.
Cette hypothèse serait soutenue par l’entrée du nom "Teti" dans le
papyrus de Turin où il
y figure un règne de seulement que 1 an et 45 jours. On rejoint là le Atoti proposé par
Beckerath et
Höveler-Mueller,
qui d’après eux aurait succédé à Aha. Cette thèse n’est pas universellement acceptée.
Fragment de vase en cristal
avec le Sérekh d’Horus Aha – Musée Petrie
|
Son règne
Horus Aha est bien connu par de nombreux objets découverts à
Abydos et
Saqqarah.
Il semble avoir été un dirigeant actif qui mit en avant le culte du Dieu
Ptah de
Memphis, la
nouvelle capitale. Il réforme le système fiscal en organisant des
prélèvements d’impôts. Des inscriptions sur une tablette d’ivoire
d’Abydos nous indiquent
qu’il mène une campagne militaire en Nubie et consolide les possessions de l’Égypte en
Palestine et
en Libye par plusieurs expéditions. Sur la base de céramiques et de tablettes en ivoire datant du début de cette
dynastie on pense que c’est Horus Aha qui construit au comptoir commercial d’En-Besor, au Sud-est de
Gaza dans le
Sud-ouest d’Israël, un bastion dont les ruines sont encore visibles aujourd’hui. À
Saïs, dans le Delta, il fait ériger un temple consacré
à la Déesse Neith.
Sous son règne c’est le début de l’extension de l’écriture et l’élaboration d’un
calendrier.
Horus Aha meurt à 62 ans, une légende veut qu’il fut tué par un hippopotame à la chasse.
Parmi les objets mis au jour relatifs au Roi, il y a une étiquette en bois représentant un sacrifice humain
qui amène beaucoup de questions de la part des spécialistes. On y voit un poignard planté dans la poitrine
d’un homme barbu qui a les mains liées derrière le dos. Un bol est tenu pour recueillir le sang de la victime.
Une scène similaire aurait été trouvée sur un fragment d’un label en l’ivoire du Roi
Horus Djer à
Abydos.
Fragment de faïence avec le nom
d’Horus Aha – British Museum |
Sa sépulture
Horus Aha se fait enterrer dans son tombeau avec son épouse et un
groupe de lions, dans le cimetière d’
Oumm el-Qaab à Abydos (Tombe à trois chambres
B10-B15 et B19). Son tombeau marque un grand changement dans les complexes funéraires
d’Abydos.
Il possède trois chambres avec des murs très épais, bien alignés qui ont été
recouvert avec du bois, et un toit aux poutres apparentes, cette coutume sera
reprise par tous ces successeurs. 34 tombes mineures sont disposées autour du
Roi. On ne sait pas si leurs occupants ont été sacrifiés ou
enterrés après leur mort naturelle. Cela indique dans tous les cas qu’Aha était
reconnu comme un être suprême avec une puissance divine.
La première chambre semble avoir été
le lieu de sépulture du Roi. On y a trouvé un texte écrit au sujet d’une
cargaison de marchandises dans le Delta avec l’offre des biens à un temple, le
tout sculpté sur une toute petite étiquette de bois. La seconde chambre est
censée appartenir à sa Reine nommée Benerib. Son nom a été trouvé sur des
objets funéraires secondaires, appartenant probablement à ses
serviteurs. Cela signifie que le complexe fut étendu au fil du temps et les
fouilles des années 1990 confirment que de nombreuses tombes royales à
Abydos
ont été modifiées à plusieurs reprises.
Environ trois kilomètres au Nord-ouest
d’Ombos (ou Nagada),
à la lisière du désert occidental se trouve l’un des
premiers tombeau dynastique découvert en 1897. On a retrouvé dans cette tombe des tablettes en
ivoire, des vases d’argile et des fragments portant le nom du Roi et de sa
mère, Neith-Hotep.
La tombe appartenait probablement à un administrateur local de
la Ière dynastie. De l’époque du règne d’Horus Aha on été aussi mis au jour, deux grands
complexes funéraires à Ombos
(ou Nagada) et Saqqarah.
Le tombeau de Nagada était probablement
destiné au Roi et à son épouse et mesure 53 m x 26 m. La tombe de
Saqqarah (S3357), où on a longtemps pensé que le
Roi fut enterré, mesure 41,60 m x 15,55 m sur 5 m de hauteur.
Ses épouses et enfants
Horus Aha eut deux ou trois épouses qui lui sont
attestées en fonction des spécialistes, les sources encore aujourd’hui sont
assez incertaines et très discutées :
• Benerib (ou Beneryb – Bnr jb –
"Celle dont le cœur est doux"), qui serait sa sœur selon certains spécialistes, dont
Walter Bryan Emery.
On a retrouvé la trace de cette Reine à
Abydos,
sur des étiquettes en ivoire et des fragments de sceaux trouvés dans
la tombe d’Aha. Un fragment d’une boîte en ivoire avec les noms d’Horus Aha et Benerib a également
été mis au jour à Abydos. Il est
aujourd’hui au Museum of Fine Arts de Boston. Son nom fait l’objet d’une controverse,
il est aussi lu : Ima-ib ou Imaib.
Peter Kaplony lit
le nom : Ima (t)-ib. Son incertitude familial vient du fait qu’aucune
titulature n’accompagne son nom. Par conséquent, il est nécessaire de préciser
que cette femme n’était peut-être pas une fille de
Narmer
et Neith-Hotep, ni même une épouse d’Aha,
mais pourrait aussi bien être une fille de ce dernier.
Benerib fut enterrée à Oumm el-Qaab dans
la tombe B14. On ne connaît pas d’enfant de cette union.
• Khenthepou (ou Khenthap ou Khenedhapi –
£nt-Hp – “Musicienne de Hâpy”)
dont on ne sait pas grand chose. Aucune trace archéologique ou impressions sur des sceaux dans des tombeaux de la
Ière dynastie ne mentionne son nom.
Elle apparait seulement sur les annales royales du Caire de
l’Ancien Empire
où elle est mentionnée en tant que mère d’Horus Djer.
En outre, l’inscription n’enregistre pas de ses titres.
Elle n’est donc donnée que par quelques spécialistes, dont
Joyce Anne Tyldesley,
Aidan Marc Dodson et
Dyan Hilton, comme épouse d’Horus Aha. Silke Roth pense elle que cette Reine fut plutôt une femme du Roi Téti, un
souverain non identifié mentionné dans la
tablette de Saqqarah et dans le
canon royal de Turin et décrit comme
ayant gouverné seulement 1 an et 45 jours. Le nom de Khenthepou signifie "Musicienne d’Hâpy", il
peut faire supposer qu’elle eut à une époque de sa vie un rôle sectaire et religieux.
Elle donne un enfant à Horus Aha :
▪ Horus Djer
qui succède à son père.
• Certains spécialistes attribuent à Horus Aha une autre épouse, une Princesse au nom de Neith-Hotep (Il
y a là peut-être confusion avec sa mère ?).
On lui attribue également quatre ou cinq autres enfants dont nous ne connaissons pas les mères :
Trois ou quatre fils :
▪ Rekhyt (ou Réchit – rhjt),
▪ Heti (ou Het – HTj),
▪ Saiset (SAjst),
peut-être un quatrième au nom d’Imaib, dont le nom apparait dans les
tombes d’Ombos
(ou Nagada), Saqqarah
et Oumm el-Qaab.
Une fille :
▪ Seshemetka (ou Seschemetka – ¤Sm.t k3 –
“Celle qui dirige le Ka” ou "Le Ka la guide" ?) qui aurait été une des épouses de son demi-frère
Horus Djer, mais elle
est aussi donnée comme épouse d’Horus Den ?.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur le Roi voir les ouvrages de :
Joachim Boessneck :
– Besprechung der tierknochenfunde aus dem grabkomplex des Horus-Aha in Umm el-Qaab bei Abydos,
M.L. Leindorf, Marburg, 1991.
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
– The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et 15 Février 2010.
Nicolas Grimal :
– Histoire de l’Égypte ancienne, Fayard, Paris, Novembre 1988 et 1997,
LGF, Livre de Poche, Janvier 1994.
Jacques Kinnaer
– Aha or Narmer, which was menes ?, pp : 74-8, A Modern Journal Of Ancient Egypt 12/3, 2001.
Béatrix Midant-Reynes,
Stan Hendrickx et J.Rowland :
– Egypt at its origins 2: Proceedings of theinternational conference origin of the State, Predynastic and
early dynastic Egypt, Toulouse,
OLA, Peeters, 2008.
Thomas Schneider :
– Lexikon der Pharaonen, Artemis, Zuürich, 1994 – Avec Arne
Eggebrecht, Deutscher Taschenbuch, München, 1996 – Artemis & Winkler, Düsseldorf, 1997 – Albatros, Düsseldorf, 2002.
Joyce Anne Tyldesley,
Aude Gros de Beler et
Pierre Girard :
– Chronicle of the queens of Egypt : From early dynastic times to the death of Cleopatra, Thames & Hudson Ltd,
Octobre 2006 et Janvier 2007 – En Français, Chronique des Reines d’Egypte : Des origines à la mort de Cléopâtre,
Éditions : Actes Sud, Collection : Essais Sciences, Juillet 2008 – En Allemand, Die königinnen des alten Ägypten :
Von den frühen dynastien bis zum tod Kleopatras, Koehler + Amelang Gmbh, Février 2008.
Jürgen Von Beckerath :
– Handbuch der ägyptischen königsnamen, pp : 108-113,
MÄS 20, Deutscher Kunstverlag,
München, Janvier 1984. –
MÄS 49, Philipp von Zabern, Mainz, 1999.
– Chronologic des pharaonischen Ägypten : Die zeitbestimmung der ägyptischen geschichte von der Vorzeit
bis 332 v. Chr., Münchener Universitäts schriften,
MÄS 46, Philipp von Zabern, Mainz,Janvier 1997.
Dietrich Wildung :
– Ägypten vor den Pyramiden, Münchner Ausgrabungen in Ägypten, Ausstellungskatalog,
Philipp von Zabern, Mainz, 1981.
Toby Alexander Howard Wilkinson:
Early dynastic Egypt, New York : Routledge, London, Mars 1999 et Juin 2001.
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