Les momies
Les Égyptiens croyaient que la préservation du corps après la mort (Même pour
certains animaux comme les chats ou les taureaux) leur assureraient une vie éternelle dans l’au-delà. Ils vont au cours
des siècles utiliser un ensemble complexe de techniques, qui ne cesseront pas de s’améliorer, pour parvenir à
une préservation parfaite de ce corps. Bien avant les Pharaons, les Égyptiens de la préhistoire espéraient cette vie après
la mort. Ils garnissaient leurs tombes d’objets utiles à un certain confort pour leur future vie comme : De la
vaisselle, des pots, des outils, des bijoux, des meubles etc… La plus ancienne momie retrouvée, le fut par l’archéologue
anglais William Matthew Flinders Petrie,
c’est celle d’un des premiers Rois enterrés à Abydos,
il y a environ 5000 ans, Horus Djer (2974-2927) de la
Ière dynastie (v.3040-2828).
Le corps du défunt sera préparé de diverses manières : Les viscères, surtout le foie, les intestins et l’estomac
et le cerveau seront retirés, il sera lavé au natron, séché au sable chaud, remplis avec des goudrons, des bitumes et des
plantes, sa protection externe sera complétée par un emballage constitué de plusieurs couches de bandelettes. Ces bandelettes de
lin trempées dans la résine permettaient de faire ressortir les traits du visage, la poitrine et même les organes génitaux du
défunt. La momification dans l’Égypte antique s’inscrivait dans un véritable rituel funéraire. Dès que le décès avait lieu, le
corps était remis aux embaumeurs au milieu des pleureuses professionnelles. Dans un atelier, les embaumeurs lavaient le corps et
procédaient aux diverses opérations de momifications, dont la durée était de 70 jours.
Vases canopes de Toutânkhamon |
Le rituel de la momification
Le corps purifié était transporté à la "maison du rajeunissement" et
allongé sur une table en bois. Les embaumeurs cassaient d’abord l’os du nez pour leur facilité l’opération suivante qui était
d’extraire le cerveau à l’aide d’un crochet. Le crâne était alors rempli de natron (Solution de soude naturelle trouvée dans
les lacs salés) pour dissoudre les restes du cerveau. Ils lavaient ensuite à l’eau la cavité afin d’éviter la décomposition des
éléments qui auraient pu rester. Une fois le crâne débarrassé du cerveau, ils remplissaient l’espace vide de lin enduit de résine
de conifères complétées de cire d’abeille et d’huiles végétales parfumées. Ensuite ils passaient à l’éviscération. Avec un couteau,
ils faisaient une incision du côté gauche du corps, au-dessus de la hanche.
Ils vidaient l’abdomen sans retirer le cœur, ni les reins qui étaient considérés comme des organes essentiels.
Puis ils rinçaient l’abdomen avec du vin de palme et des épices grillées. Ils le saupoudraient de parfums et le remplissaient
ensuite avec de la myrrhe pure broyée, de la cannelle et d’autres épices à l’exception de l’encens. Puis, finalement ils le
recousaient. Le cœur, siège de la pensée et des sentiments, était quelque fois remplacé par un scarabée.
Ceci fait, ils plaçaient le corps dans le salpêtre pendant 40 jours, soit le temps accordé à l’embaumement.
Pendant que le corps séchait, les embaumeurs lavaient et séchaient les entrailles. Ils les trempaient ensuite dans de la résine
chaude et les enveloppaient dans des linges. Ensuite ils les inséraient dans des vases canopes. Ces vases étaient assez simples
sous l’Ancien Empire (2647-2150), ils avaient des
couvercles à tête d’homme, censés représenter le défunt. À partir de la fin de la
XVIIIe dynastie (1549-1295), les bouchons des vases canopes furent
modelés à l’image des Divinités qui allaient être chargées de les protéger. Ces quatre génies funéraires anthropomorphes, appelés
"Les fils d’Horus" avaient pour mission de garder
les viscères du corps du défunt, mais pour que le pouvoir s’accomplisse, le Génie était associé à une Déesse et à un
point cardinal. Les vases ainsi remplis étaient ensuite rangés dans un coffre à vase canope et qui était généralement placé dans
la chambre funéraire à coté du sarcophage.
Une fois le rituel des 40 jours passés, le corps éviscéré et
séché était emmené à la maison de la purification. Les embaumeurs le vidaient de nouveau, le lavaient et le séchaient. Ils
l’enduisaient ensuite de plusieurs couches d’huiles végétales et animales. Puis, après toute une préparation pour lui redonner
le meilleur aspect possible, commençait la pose des différentes couches de bandelettes de lin. Les embaumeurs disposaient entre
les couches des amulettes, qui se trouvaient momifié avec le défunt, ainsi que des papyri portant des formules magiques destinées
à écarter les démons et franchir les portes tout au long du parcours pour accéder à l’au-delà. Les cavités abdominales et la cage
thoracique étaient bourrées à l’aide de tampons de lin imprégnés de résine, de sciure de bois, ou même d’un lichen aromatique
(Momies des Pharaons Siptah (1194-1188) et
Ramsès IV (1153-1347)).
Momie de Ramsès II |
Cette opération très longue et délicate prenait de 10 à 15 jours et il fallait
environ 375 m² de tissu pour une momie. Ces bandelettes mesuraient de 6 à 20 cm de largeur. Pour les momifications de
personnes non royales, les hommes avaient le plus souvent les mains placées sur les organes génitaux et les femmes avaient
les bras le long du corps. Les momies royales, elles, avaient les bras croisés sur la poitrine. Pour finir, on plaçait un
masque à l’image du défunt sur la momie ainsi qu’une longue perruque et un collier doré.
Les masques des Rois, comme celui très célèbre de
Toutânkhamon (1336/35-1327) étaient en or et incrustés de pierres
précieuses. Les moins riches se contentaient de masques en papier (ou carton) peints et
dorés. Ensuite, le corps était placé dans un cercueil souvent en bois peint et gravé. Les défunts royaux et les gens riches
avaient plusieurs cercueils qui s’encastraient les uns dans les autres. Les prêtres assistaient à chaque étape tout en récitant
des formules d’incantation magiques (Le
Livre des Morts).
L’opération totale avait duré 70 jours. Ces 70 jours avaient une
signification mystique, puisque c’était la durée de l’éclipse de Sothis (ou Sirius, l’étoile du chien). Le corps mourrait et
renaissait sur la même durée que l’étoile disparaissait et revenait. La famille et les pleureuses venaient chercher le
corps et une procession conduite par les Prêtres emmenait le défunt jusqu’à sa dernière demeure. Dans le cortège, il y avait
le sarcophage porté avec le coffre à vase canope et une statue du défunt.
Puis venaient les Prêtres, la famille, les amis et les servantes. Le Grand Prêtre,
selon un rituel bien défini, procédait aux dernières incantations : Il touchait d’un geste sacré les sept ouvertures de la tête
de la momie pour faire revivre les sens. Puis venait la cérémonie d’ouverture de la bouche et des yeux. Le Prêtre revêtait pour
l’occasion le masque du Dieu
Anubis. La momie et son
sarcophage étaient placés debout. Divers objets sacrés étaient portés à sa bouche pendant que des paroles magiques étaient
prononcées. Par cette opération le défunt devait pouvoir conserver dans l’au-delà, la vue, la parole, l’ouïe et le goût.
Les offrandes, la nourriture, les objets nécessaires à la vie dans l’au-delà et le mobilier funéraire étaient
disposés et on déposait le (les) cercueil(s) dans le sarcophage qui était scellé ainsi que la tombe. Les Égyptiens moyens se
contentaient d’une simple cérémonie. Les plus riches offraient des hommages chers à leurs morts, mais quelle que soit la qualité
des funérailles, chaque Égyptien y avait droit. Les funérailles avaient pour but principal d’identifier le défunt au Dieu
Osiris et se déroulaient en fait en 4 étapes bien
distinctes, avec chacune leurs rituels : Le deuil et les pleurs, la traversée du Nil, la procession vers la nécropole, l’arrivée
au tombeau. Chaque étape avait sa propre signification et son propre Prêtre.
Les vases canopes
Avec leur allure de poupées Russes, les vases canopes forment un élément
indispensable des sépultures Égyptiennes. Ils contenaient les viscères des
momies qu’ils accompagnaient dans leur voyage
vers l’au-delà. Ce fut à la fois des objets d’art et des talismans.
D’après les croyances religieuses de l’Égypte antique, il suffisait de placer les vases canopes dans les tombes à
côté des défunts pour leur garantir une protection magique.
Leur nom vient d’une cité près d’Alexandrie, Canope,
où les habitants adoraient un Dieu Osiris ayant la forme
d’une jarre surmontée de la tête de la divinité. En calcaire, en albâtre, en terre cuite, en bois ou en faïence, ces récipients
contenaient les viscères du mort, plus exactement le foie, les poumons, l’estomac et les intestins.
Au moment où le corps du défunt était momifié, ses viscères étaient soigneusement lavés, en général avec du vin
de palme, puis farcis avec de la myrrhe, de l’anis, des oignons… Les organes étaient ensuite enveloppés dans une toile de lin
très fine, puis placés séparément dans les quatre vases au milieu d’un liquide conservateur à base d’huiles, les mêmes que celles
utilisées pour embaumer les corps. À l’intérieur de la
momie, on remplaçait les organes manquant par de la sciure de bois, ou des
tampons de lin. Une fois remplis, les vases canopes étaient eux-mêmes entreposés à l’intérieur d’un coffre en bois,
le coffre canope. Les égyptologues ont retrouvé des centaines de ces boîtes.
Fragment du Livre des Morts
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Elles
comportaient un couvercle bombé et un bouton sur le couvercle qui permettait de sceller le récipient par un sceau. Lors des
funérailles, le coffre à canopes était placé sur un traîneau qui suivait immédiatement celui qui transportait le sarcophage.
On a par exemple retrouvé dans la tombe (KV62) de
Toutankhamon (1336/35-1327) un coffre à canopes en albâtre
magnifiquement décoré.
Quelle que soit l’époque de la tombe, les vases canopes allaient toujours par quatre. En effet, dans la religion
Égyptienne ce chiffre avait une signification importante, il correspondait aux quatre points cardinaux et l’homme était placé
au centre de ce carré. Si le nombre de ces petits vases n’a jamais varié en revanche leur forme a évolué. Les tout premiers,
qui ont été mis au jour sont de forme sobre et fermés par une pierre plate.
Au début du
Nouvel Empire (1549-1080) apparurent les premiers vases
qui reproduisaient le visage du défunt, comme une sorte de mini sarcophage. Le couvercle portait des inscriptions hiéroglyphiques
et ces vases étaient parfois complétés par de petits bras et de petites jambes. Avec le temps, les formes devinrent de plus en plus
élancées, les épaules furent plus hautes et la taille plus étroite. Sous la
XVIIIe dynastie (1549-1295) apparurent les couvercles à l’effigie des
"quatre fils d’Horus".
Ces quatre génies funéraires anthropomorphes avaient donc pour mission de garder les viscères du corps du défunt, mais pour
que le pouvoir s’accomplisse, le Génie était associé à une Déesse et à un point cardinal :
• Le vase canope qui renfermait le foie était protégé par
Amset, avec un couvercle qui représentait une tête
humaine. Son point cardinal était le Sud et sa Déesse était
Isis.
• Le vase canope qui renfermait l’estomac était protégé par
Douamoutef, avec un couvercle qui représentait
une tête de chacal. Son point cardinal était l’Est et sa Déesse était
Neith.
• Le vase canope qui renfermait les poumons était protégé par
Hâpi, avec un couvercle qui représentait une tête de
babouin. Son point cardinal était le Nord et sa Déesse était
Nephtys.
La Divinité était parfois représentée sous l’aspect d’une
momie, ou encore en train de marcher.
• Le vase canope qui renfermait les intestins était protégé par
Qebehsenouf, avec un couvercle qui représentait
une tête de faucon. Son point cardinal était l’Ouest et sa Déesse était
Selket (ou Selqit ou Selkis).
Ces couvercles à l’effigie des "fils
d’Horus" furent très répandus jusqu’à la conquête de l’Égypte
par Alexandre le Grand (336-323).
À la fin de la période, on vit apparaître d’autres types de canopes et en particulier des coffrets en bois, ou en céramique,
dans lesquels les quatre organes étaient placés ensemble.
Vases canopes en bois stuqué
peint – 3e Période Intermédiaire – Musée du Louvre |
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