Les cités Pisidiennes :
Antioche de Pisidie
 

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 Pour plus de détails voir aussi les autres cités Pisidiennes : Sagalassos, Termessos, la Pisidie

 

Sommaire
 

Localisation et civilisation
L’histoire
L’archéologie
La ville et ses monuments
      Fortifications et porte d’Antioche
      Le nymphée et l’aqueduc
      Le petit théâtre
      L’acropole
      Le propylée
      L’Augusteum
      Tiberia Platea
      Les bains
      La grande basilique
      Le sanctuaire de Men
Bibliographie

Le Decumanus Maximus

 

Localisation  et  civilisation

 
   Antioche de Pisidie (ou Antiocheia, en Grec : Antiocheia, ‘Αντιόχεια τς Πισιδίας, en Latin : Antiochia ad Pisidiam) fut une ville de la région des lacs en Turquie dans la province moderne d’Antalya. Elle se situait à la croisée des mers Méditerranée et Égée et la région centrale d’Anatolie, près de l’ancienne frontière entre la Pisidie et la Phrygie. De ce fait elle fut aussi connue sous le nom d’Antioche de Phrygie. Le site se trouve à environ 1 km. au Nord de Yalvaç (ou Yalobatch), ville moderne de la province d’Isparta. Antioche est située sur une colline dont le point le plus haut est à 1236 m. La ville est entourée, à l’Est du ravin profond de la rivière Anthius qui se jette dans le lac Egridir (en Turc : Eğirdir Gölü), avec la montagne du Sultan (en Turc : Sultandağ) au Nord-est, le mont Karakuş au Nord, la montagne Rouge (ou Kizildag) au Sud-est, la montagne Kirişli et la rive Nord du lac Egridir au Sud-ouest.


 

Vue des ruines du site

 
   L’acropole de la ville avait une superficie de 460.000 m² et était entouré de remparts fortifiés. La cité contrôlait un territoire estimé à environ 1400 km² et selon quelques spécialistes il y avait 40 villages pour une population de 50.000 habitants vivants sur cette zone. La population au cours de la période Romaine dut même être supérieure à cela. Son sol fertile constamment irrigué était très approprié pour la culture des fruits et pour l’élevage. Pour les vétérans des légions Romaines qui vont la coloniser et qui venaient de régions pauvres d’Italie, l’agriculture devint l’activité principale. En ce qui concerne la religion on note la présence importante dans la ville du culte du Dieu Men (ou Men Askaelos, en Grec : Μήν, en Latin : Mensis) en tant que protecteur des pauvres.
 
   On pense aujourd’hui que la ville fut probablement fondée sur le site d’un ancien sanctuaire Phrygien dédié a cette divinité, on y retrouve d’ailleurs de nombreuses inscriptions. Les Actes des Apôtres nous apprennent que Paul de Tarse (ou Saint Paul) et Saint Barnabé se rendirent plusieurs fois à Antioche de 45/46 à 49 ap.J.C, mais qu’à leur première visite ils furent chassés par les Juifs très nombreux dans la ville. Ils y fondèrent plusieurs communautés Chrétiennes au cœur des territoires non évangélisés. Antioche fut l’une des premières villes d’Anatolie à adopter le Christianisme. La première et la plus grande église dédiée à Saint Paul fut construite plus tard à l’emplacement où ce dernier prononça son sermon, elle porte le nom de grande basilique.

 

 Pour plus de détails voir aussi : La carte

 
 


 

Vestiges le long du Cardo Maximus

L’histoire…….

 
   Il est de tradition de prétendre que la ville fut fondée en 280 av.J.C par le Roi Séleucide Antiochos I Sôter (280-261), fils de Séleucos I Nikatôr (305-280), l’un des Généraux d’Alexandre le Grand (336-323) qui lui donna son nom tout comme à la ville d’Antioche sur l’Oronte. Toutefois l’histoire de la cité ne peut pas être séparée de celle de la région des Grands Lacs et de la Pisidie. Des recherches ont montré des traces d’habitation sur le site depuis le paléolithique. Au cours des fouilles et des travaux faits autour de Yalvaç (ou Yalobatch) par David M.Robinson et l’Université du Michigan, en 1924, il a été démontré une présence d’établissements sur les buttes environnantes remontant au IIIe millénaire av.J.C.


   À Antioche même il n’a jamais été retrouvé de trace d’installation datant des périodes proto-Hittite ou Hittite, contrairement au reste de la région dont nous savons par des sources Hittites qu’elle faisait partie de celle qu’ils appelaient, Arzawa. Pas de trace non plus Phrygienne ou Lydienne comme les autres cités plus anciennes environnantes. Après la mort d’Alexandre le Grand, le Roi Séleucide Antiochos I Sôter prit le contrôle de la Pisidie et afin de protéger la population des villes fortifiées furent fondées sur les lieux d’importance stratégique. Il créa ainsi près de 60 cités dont 16 d’entre-elles porteront le nom d’Antioche.  Selon Strabon (Géographe, historien et philosophe Grec, 64 av.J.C-23 ap.J.C), Antioche de Pisidie fut peuplée avec des colons de Magnésie du Méandre, en Ionie. Dans le même temps Antiochos I dut se battre pour le partage de l’Anatolie. Il dut faire face aux sécessions de la Bithynie, du Pont, de Pergame et de la Cappadoce qui s’érigèrent en royaumes indépendants. Cette lutte fut de plus compliquée, en 278, par l’invasion de cette région par les Galates venant d’Europe. En 275/274 il parvint à les repousser. Il les aurait battu à l’aide d’éléphants, que les Galates n’avait jamais vu auparavant.


 

Vestiges de l’enceinte

 
   Il est pratiquement attesté par tous aujourd’hui qu’Antioche de Pisidie fut construite par le Roi Séleucide dans l’idée d’en faire une base militaire pour contrôler les attaques Galates, la ville se trouvant à la frontière des régions de Pisidie et de Phrygie. La fondation d’Antioche indique une date du dernier quart du IIIe siècle av.J.C, que l’on a fixé à 280, mais des trouvailles archéologiques au Nord-est du sanctuaire du Dieu Men donnent des dates autour du IVe siècle. Cela indique qu’il y avait eu sûrement avant Antiochos I des cultures dans la région.
 

 

   Tandis que les royaumes Hellénistiques se battaient entre eux, Rome devint l’État le plus puissant en Europe et commença à pratiquer une politique d’expansion vers l’Est. Les Romains envahirent la Macédoine, la Thrace et les Dardanelles et ils atteignirent la Phrygie, via Magnésie et la Pisidie. Ils furent toutefois surpris par la résistance des Galates et lors du traité d’Apamée, en 188 av.J.C, ils donnèrent les terres de Pisidie, qu’ils avaient confisqué à Antiochos III Mégas (223-187), à leur allié le royaume de Pergame qui dominait alors la région.
 
   Quelques temps plus tard, en 133, à la mort du Roi de Pergame, Attalos III Philométor (ou Attale, 138-133) la région redevint Romaine par héritage et Antiochos changea une nouvelle fois de mains. Bien que l’Anatolie fut dominée par les Romains, la Pisidie et ses grandes cités furent données au contrôle du royaume de Cappadoce qui était un allié de Rome. Pendant les années qui suivirent les Rois de Cappadoce perdirent toute autorité sur la région ce qui conduisit à l’émergence de puissants royaumes pirates autour des grandes villes, en particulier en Cilicie et Pisidie. Les Pisidiens d’Antioche liguèrent leur force aux pirates Ciliciens et Pamphyliens jusqu’à ce que la domination Romaine soit restaurée en 102 av.J.C.


 

Vestiges d’une des portes de la cité

 
   La position géographique et stratégique de la région est difficile à contrôler. En 39 av.J.C, le Consul Romain Marc Antoine (83-30 av.J.C) confia les villes de Pisidie au Roi de Galatie Amyntas (39-25 av.J.C) et lui demanda de réprimer les bandits d’Homonada (ou Hoinona), une cité des montagnes du Taurus, qui menaçaient les routes reliant la Pisidie à la Pamphylie. Amyntas prit la ville et tua son Prince. Cependant la veuve de ce dernier décida de le venger et Amyntas fut victime en 25 av.J.C d’une embuscade où il trouva la mort. Après la mort du Galate Antioche redevint possession de Rome qui l’incorpora à sa nouvelle province de Galatie. Au cours de la période Romaine la Pisidie fut colonisée par des anciens combattants de ses légions qui la maintinrent sous contrôle. Pour les colons venus des régions pauvres d’Italie, l’agriculture devint l’activité principale. Sous la Pax Romana de l’Empereur Auguste (27 av.J.C -14 ap.J.C) huit colonies furent établies en Pisidie et Antioche et Sagalassos devinrent les centres urbains les plus importants. Toutefois seulement Antioche fut honoré avec le titre de "Colonia Caesareia" peut-être en raison de sa position stratégique.
 
   La ville devint une importante colonie Romaine, prit la position de capitale et fut même divinisée. La province fut progressivement Latinisée et le Latin resta la langue officielle de la région jusqu’à la fin du IIIe siècle ap.J.C. La fertilité de la terre et la paix apportée par Auguste et sa "Pax Romana" rendirent plus facile pour les colons vétérans leur intégration et la possibilité d’avoir de bonnes relations avec les indigènes. À la même période, la construction d’un bon réseau routier par Auguste, dont la via Sébaste reliant Antioche de Pisidie avec les ports Pamphyliens comme Pergé, qui traversait le territoire Sagalassien, ouvrit des possibilités inattendues pour la ville. Antioche profita de ce réseau routier au maximum et devint une ville capitale pour de nombreuses cultures différentes en raison des activités économiques, militaires et religieuses de la région. C’est la raison pour laquelle Paul de Tarse y donna son premier sermon.


 

Une arche du viaduc

 
   La cité joua un rôle important dans la propagation rapide du Christianisme. Entre 45/46 et 49 ap.J.C, Paul visita Antioche à chacun de ses voyages missionnaires, ce qui aida considérablement à faire de la ville le centre de cette nouvelle croyance en Anatolie. La période de prospérité et d’activité de construction pour les riches cités de Pisidie atteignit son apogée avec le règne de l’Empereur Hadrien (117-138) et se poursuit jusqu’au début du IIIe siècle. Pendant cette période, l’élite locale utilisa la construction de monuments comme moyen de représentation et de promotion sociale.
 
   Cependant lorsque l’Empire Romain entra en crise, en 235 ap.J.C après la mort de l’Empereur Alexandre Sévère, avec la succession rapide des Empereurs et une instabilité sociale au bord de la guerre civile, seul le Sud-ouest de l’Anatolie et en particulier la Pamphylie et une partie de la Pisidie continua de prospérer en raison son importance stratégique comme avant-poste pour des interventions militaires en Méditerranée orientale.
 
   Au cours du IIIe siècle, un grand nombre de troupes et la flotte Romaine prirent cantonnement en Pamphylie à Sidé sur le golfe d’Antalya. Malheureusement pour Antioche, cette nouvelle possibilité économique profita plus aux villes du Sud de la Pisidie, qui s’enrichirent de la vente de céréales et de l’approvisionnement des troupes. Lors de la légalisation du Christianisme sous l’Empereur Constantin (305-337) Antioche joua un rôle important et devint la capitale de la province de Pisidie Chrétienne, fondée au IVe siècle. Un nombre croissant d’adeptes de la nouvelle religion réclama une plus grande place dans la société. Les tensions qui en découlèrent entre les Chrétiens et les païens, apparemment vers l’an 400, amenèrent à la destruction des édifices considérés païens par les Chrétiens. Des signes de tensions externes apparaissent également autour de 400, lorsque des mercenaires se révoltèrent lors de raids d’Ostrogoths et d’Isauriens. Il devint alors urgent dans toute la région de fortifier lourdement par des murailles la plupart des villes.


 
Arrivée au théâtre par la Decumanus Maximus

 
    Au VIe siècle, deux raisons contribuèrent à ce qu’Antioche perdent en importance : La lutte pour le partage de l’Anatolie et les guerres civiles. Elle resta toutefois encore un centre important du Christianisme. D’autres facteurs entrèrent en ligne de compte pour le déclin des grandes cités de Pisidie : La région fut dévastée par un tremblement de terre en 518, puis une peste autour de 541-543, puis un autre tremblement de terre en 590, auxquels s’ajouteront les raids arabes dans le milieu du VIIe siècle, ce qui finira de les ruiner.
 
   De plus après la conquête musulmane de la Syrie, les routes commerciales furent perturbées et la région n’eut plus les moyens de se relever. Lors d’une campagne de conquête dirigée par le calife omeyyade Al-Walid ben Abd al-Malik, en 713, la ville fut rasée. Des tentatives furent faites pour la reconstruire, mais elle ne retrouva pas sa splendeur passée. Elle fut finalement abandonnée lorsque Yalvaç fut implantée au XIIIe siècle. De nos jours, il reste un certain nombre de ruines antiques dont beaucoup font encore l’objet de fouilles importantes.

 

L’archéologie

 
   Francis Vyvyan Jago Arundell, aumônier àİzmir entre 1822-1834, fut la première personne à définir et étudier la ville. En 1828, il publia le récit de son premier voyage en Anatolie réalisés en 1826 "Une visite aux sept Eglises d’Asie". Ses notes après son second voyage en 1833 furent publiées à Londres, en 1834, sous le titre : “Découvertes en Asie Mineure“, comprenant une description des ruines de plusieurs villes antiques et surtout d’Antioche de Pisidie".


 

Ruines du théâtre

 
   Puis ce fut au tour de William John Hamilton de s’installer dans la région et d’étudier les aqueducs, les Bains et la grande Basilique. Ses notes furent publiées en 1842 dans, "Les recherches en Asie Mineure, Pont, Arménie" (Researches in Asia Minor, Pontus, Armenia). Il fut suivi à des époques différentes par des explorateurs célèbres du XIXe siècle tels que : Pierre Alexandrowitsch de Tchihatcheff (ou Pyotr Alexandrovich Chikhachyov), Laborde, Ritter et Richter. William Mitchell Ramsay, qui consacra 50 ans de sa vie à la géographie historique de l’Asie Mineure, y fit son premier voyage en 1880.
 
   En collaboration avec John Robert Sitlington Sterrett, ils effectuèrent deux voyages d’études et découvrirent des inscriptions qui fournirent des informations historiques détaillées. Sur les deux voyages les deux hommes visitèrent et étudièrent Antioche. À la même période, Weber concentra ses études sur les aqueducs. Le réseau d’eau fut examiné et la fontaine monumentale fut identifiée. Les résultats des études de Ramsay jusqu’à 1905 furent publiés en 1907. En 1911, Ramsay établit son campement à Antioche et les études sur la ville démarrèrent de façon systématique. William Moir Calder explora le sanctuaire de Men qui se trouvait àKarakuyu Hill, 5 km. au Sud-est d’Antioche. L’année suivante, des fouilles furent faites sous la direction de Ramsay et furent soutenues par la Princeton University. Au cours de ces fouilles, jusqu’en 1914, certains édifices importants furent excavés dans et autour de la ville. En 1914, une grande découverte archéologie fut faite, les "Res Gestae Divi Augusti" (les actes du divin Auguste) qui étaient le testament politique de ce premier Empereur Romain, furent trouvés sous la forme de fragments en face du sanctuaire impérial.
 


 

Ruines de l’Augusteum

   Malheureusement les fouilles furent interrompues du fait de la Première Guerre Mondiale. William Mitchell Ramsay reprit les recherches en 1923. En 1924, une grande expédition fut montée par Francis Willey Kelsey, de l’Université du Michigan qui comprenait Ramsay. Les fouilles se déroulèrent sous la direction de David M.Robinson et portèrent sur la grande Basilique, la place "Tiberia Platea", les propylées de l’acropole et la porte monumentale Ouest. Puis, après seulement un an d’excavation, les travaux du groupe de l’Université du Michigan cessèrent à cause d’une querelle entre Ramsay et Robinson. William Mitchell Ramsay retourna de nouveau sur le site entre 1925 et 1927, mais sans résultats majeurs.
 
   Puis, plus aucune étude ne fut effectuée jusqu’en 1960. Au cours de ce long intervalle, de nombreux blocs architecturaux des bâtiments principaux furent utilisés par les indigènes pour la construction de Yalvaç. En 1962, une étude détaillée de la ville fut faite par Michael H.Ballance, A.Frazer et Klaus Franz Tuchelt. En 1976 quelques nouveaux artefacts furent mis au jour sur le sanctuaire impérial. Stephen Mitchell et Marc Waelkens menèrent une recherche de documentation d’Antioche entre 1982-1983.
 
   L’utilisation de leurs découvertes, des dessins à partir d’études antérieures, en particulier celles de l’Université du Michigan en 1924, et toutes les informations disponibles sur la ville, furent regroupées dans un livre intitulé "Antioche de Pisidie" (1998). Aujourd’hui la cité est étudiée par le Mehmet Taşlıalan, directeur du Musée Yalvaç (1979-2002) et Bayram Tekin, Maire de Yalvaç. Mehmet Taşlıalan est reconnu comme le plus grand spécialiste du sanctuaire impérial, de la grande Basilique ainsi que de l’église Saint-Paul.

 

La  ville  et  ses  monuments

 
   De nos jours, il reste un certain nombre de ruines antiques dont : Des fortifications comprenant une porte monumentale ; un nymphée ; un aqueduc ; un théâtre ; les propylées de l’acropole ; la place dite "Auguste Platea" ; l’Augusteum d’où s’élevait un temple probablement consacré à Auguste (ou Dionysos) ; la place "Tiberia Platea" construite en l’honneur de l’Empereur Tibère (14-37 ap.J.C) ; les bains et à proximité les vestiges de deux basiliques Byzantines, dont une dédiée à Saint Paul, ceux du sanctuaire de Men et ceux d’une église du IVe siècle, dite église centrale en raison de sa position topographique. Elle fut fouillée en 1924, par l’architecte Woodbridge qui en fit un plan sommaire. William Mitchell Ramsay effectua des fouilles en 1927.
 


 

Vestiges du temple d’Auguste

   Il y trouva un sceau avec les noms des trois martyrs de l’époque de l’Empereur Dioclétien (284-305) : Néon, Nikon et Héliodore. Enfin sur l’axe principal de la rue on trouve les vestiges d’un bassin semi-circulaire qui correspond au fond d’une cascade. Cela devait servir pour les voyageurs lorsqu’ils entraient dans la ville pour épancher leur soif. À l’extérieur de la cité, hors des murs d’enceinte, approximativement en face de la grande basilique, une petite vallée se dégage. Elle est identifiée depuis peu comme un stade. Ces composantes ont toutes disparues, mais les traces d’un stade en forme de U, d’environ 190 m. x 30 m. peuvent être vues.
 
   La plupart de la ville n’a pas été fouillés et des questions comme, par exemple, la relation entre le théâtre et le Cardo Maximus ne peuvent pas encore être totalement expliquée. Ces dernières années, des études électromagnétiques ont montré qu’un plan hippodamien avait été appliqué pour la construction de la cité comme à Priène ou encore à Milet. La ville était divisée en quartiers par des rues (vicus, Pluriel vici), mais leur fréquence n’a pas encore été établie. L’une des deux principales artères de la cité, de 320 m. de long, au nom de Decumanus Maximus, part de la porte Ouest de la ville.
 
   L’autre, au nom de Cardo Maximus, fait 400 m. de long et commence à partir du nymphée. Elle traverse la Decumanus au Sud de la Tiberia Platea. Les deux côtés des rues comprennent des ruines datant du Ier et IIe siècle ap.J.C. Le nom Platea est utilisé pour de vastes zones carrées dans la rue entourées de magasins et de portiques. La découverte d’édifices monumentaux et surtout de plusieurs nympheums des deux côtés de ces deux voies principales peu faire penser que quelque chose d’important pour la ville s’y déroulait, entre autres, peut-être des processions.

 

Fortifications  et  porte  d’Antioche

 
   En arrivant à Antioche par l’Ouest, les visiteurs peuvent voir les fortifications et les structures de différentes époques. Des fragments d’architecture de la porte principale de la ville sont en attente de réfection. Cette porte occidentale était probablement l’entrée principale de la cité car un certain nombre d’anciennes routes y convergent. Elle est soutenue par des murs monumentaux des deux côtés.
 


 

Ruines d’une porte de la cité

   Comme près de la moitié des portes monumentales en Anatolie, il s’agit d’un arc de triomphe voûté pour symboliser la puissance militaire et l’autorité Romaine. Elle fut fouillée en 1924 par l’équipe de l’Université du Michigan. Elle comportait des inscriptions sur les deux côtés. Celles-ci étaient montées sur des architraves et étaient formées à partir de lettres de bronze. Ces lettres ont aujourd’hui disparu, mais en 1924, une pierre a été trouvé qui en avait encore de positionnées. Au cours des dix dernières années, Maurice Byrne a travaillé sur les archives de l’expédition 1924. Il a constaté que la pierre donnait le nom d’un membre d’une famille distinguée d’Antioche, les Pansiniani, qui étaient connus depuis un certain nombre de générations.
 
   Beaucoup de pierres avec des inscriptions, des deux côtés de la porte, sont manquantes, elles ont été réutilisées. En 1924 l’une d’elles a été trouvée dans le cimetière local, elle servait de pierre tombale. Grâce à l’inscription qu’elle comportait encore il a été possible de dater la porte de 129 ap.J.C, lorsque l’Empereur Hadrien (117-138) a visité l’Asie Mineure.
 

Le nymphée  et  l’aqueduc

 
   Au début du Cardo Maximus, au Nord de la ville, se trouve le nymphée. À l’époque Romaine le nymphée est une fontaine publique monumentale, ornée de sculptures et de jeux d’eau. Le bâtiment a la forme d’un grand U et a été construit pour recueillir l’eau acheminée par l’aqueduc et la distribuer dans toute la ville. Le complexe comprend un réservoir de 27 m. x 3 m. pour recueillir l’eau entrant, une façade ornementale de 9 m. de haut et un bassin 27 m. x 7 m. pour une profondeur de 1,50 m. Juste derrière ce complexe, on trouve les vestiges de l’aqueduc qui amenait l’eau à la ville depuis une source des Montagnes du Sultan. La ville moderne de Yalvaç utilise la même eau de la source encore aujourd’hui.


 

L’aqueduc

 
   Les fouilles du nymphée ne révélèrent que les fondations et il est difficile d’interpréter les ornements de la façade à partir de seulement un marbre et quelques beaux vestiges mis au jour, mais sans doute étaient-ils similaires à ceux que l’on trouve dans d’autres citées Romaines. Aucune inscription n’a été trouvée associée au bâtiment. Dans la Rome impériale, l’aqueduc est apparu avec le développement de l’urbanisme et celui d’Antioche fait parti des exemples bien préservés d’une telle structure. En raison notamment de la Pax Romana, on assiste à une croissance rapide des populations qui ont un besoin d’eau de plus en plus important, les aqueducs vont être une réponse à ce besoin.
 
   À Antioche, l’eau provient des montagnes d’une altitude de 1465 m. Pour parcourir les 11 km. qui la sépare de la ville elle est acheminée par, parfois des canaux, parfois des tunnels et parfois sur des aqueducs d’un ou deux étages, selon le terrain, en pierre de grès. Grâce à cette prouesse d’ingénierie, 3000 m³ d’eau étaient distribués à la ville tous les jours sans aucun problème et ce pendant des siècles. La distance entre deux pylônes soutenant la structure varie entre 3,80 m. et 4,70 m. Le nymphée et le système d’approvisionnement en eau sont datés de la première moitié du premier siècle quand Antioche devint Colonia Césarée.
 

Le  théâtre

 
   Au-delà de la Porte d’entrée de la ville commence la Decumanus Maximus, 50 m. plus haut dans cette rue se trouve l’entrée du théâtre. Malheureusement pas grand chose n’a survécu et il est assez difficile de se faire une idée de l’état du bâtiment vu son état actuel. Les blocs du cavea (Partie d’un théâtre Romain ou d’un amphithéâtre où se trouvent les gradins sur lesquels s’assoient les spectateurs), du diazôma (Allée qui sépare horizontalement les gradins en deux parties), des kerkidai (escaliers), des entrées et de l’orchestre ont été réutilisés lors de constructions plus tardives à Antioche et à Yalvaç.


 

Autre vue du théâtre

 
   Francis Vyvyan Jago Arundell a observé que plusieurs blocs avaient été retirés lorsqu’il a identifié le théâtre en 1833. Lors d’excavations récentes faites par Mehmet Taşlıalan, directeur du Musée Yalvaç (1979-2002), il a été enregistré que la largeur du bâtiment à l’arrière du théâtre était de 100 m. Ainsi nous pouvons comparer sa construction à celle du théâtre d’Aspendos en Pamphylie, qui avait une capacité de 12.000 personnes. Le théâtre d’Antioche est donc plus important que les théâtres des grandes villes de Pisidie, comme à Sagalassos, Termessos et Selge. L’architecture d’origine peut être datée de la fondation de la colonie Romaine, voire même remonter à l’époque Hellénistique. De nouvelles fouilles sont nécessaires pour le dater précisément. Par contre on sait qu’il fut élargi en 311 grâce à une inscription qui se trouvait à l’entrée du tunnel d’accès.
 

L’acropole

 
   La ville, comme d’autres colonies hellénistique, fonda sur une colline pour la facilité sa défense, l’acropole. Le terme acropole (Aκρόπολις / akrópolis, "ville haute") désigne de manière générale une citadelle construite sur la partie la plus élevée et la mieux défendue d’une cité, servant de refuge ultime aux populations lors des attaques. La vallée escarpée de la rivière Anthius à l’Est offrait une défense parfaite. La pente pour accéder à l’Acropole monte doucement en terrasses et atteint une hauteur de 60 m. au-dessus de la plaine. On ne sait pas si les bastions, de plan semi-circulaire, qui peuvent être vu à l’Ouest continuent dans d’autres parties des murs de défense. L’acropole, d’une superficie de 460.000 m², était ceinte d’une muraille principalement en blocs de calcaire gris locaux.
 


 

Autre vue viaduc

   Aucune preuve claire de l’existence de tours de défense n’a encore été trouvée. La plupart des murs et du système de défense date du IVe siècle ap.J.C. Par contre il est certain qu’au fur et à mesure de l’avancé des fouilles, des fortifications datant de la période hellénistique viendront sans doute au jour. L’acropole ne renfermait pas les maisons des fermes qui se trouvaient hors des murs. Notamment à l’Ouest et à l’Est, où sur les pentes descendant vers la plaine on a mis au jour des vestiges de maisons. L’emplacement de la nécropole n’est pas connu, mais des morceaux de sarcophages, de pierres tombales et des inscriptions funéraires dans les murs des maisons du quartier moderne Kızılca, sont des indications que la nécropole devait se trouver à cet endroit.
 

Le  propylée

 
   Un propylée est à l’origine un vestibule conduisant à un sanctuaire. Aujourd’hui il désigne un accès monumental. C’est la porte d’entrée d’un sanctuaire, la séparation entre un lieu profane (la cité) et un monde divin (le sanctuaire). Les 12 marches à la fin de la Tiberia Platea sont tout ce qui reste du propylée, cette passerelle monumentale menant au sanctuaire impérial. Woodbridge, l’architecte des fouilles de 1924, en a proposé une reconstruction qui est encore aujourd’hui très discutée. Ceci dit sans cette reconstruction il serait impossible de recréer la forme du propylée. La structure a été totalement détruite et les blocs ont été réutilisés plus tard dans les murs de défense ou dans les bâtiments de Yalvaç. Il était composé d’un triple arc et son énorme entablement était porté par quatre colonnes à l’avant et quatre à l’arrière. Le bâtiment servit de model non seulement pour la porte de la ville côté occidental, mais également pour de nombreux autres arcs de triomphe en Asie Mineure.
 


 

Le nympheum

   Il fut construit comme un sanctuaire impérial en l’honneur de l’Empereur Auguste (27 av.J.C -14 ap.J.C), qui à l’époque venait de gagner en Septembre 31 av.J.C, la bataille d’Actium contrele Consul Mac Antoine (83-30). L’objectif de la décoration du bâtiment est destiné à commémorer les victoires navales d’Auguste. Le sanctuaire au-delà de la porte assure la fonction du bâtiment. En 1914, la découverte de nombreux fragments des "Res Gestae Divi Augusti" (Les actes du divin Auguste) qui sont le testament politique de ce premier Empereur Romain, furent trouvés en face du sanctuaire impérial. Les travaux les plus récents sur les lettres en bronze des inscriptions qui étaient montées sur les architraves des deux côtés de l’entrée principale furent réalisés par Maurice Byrne. Il localisa dans les archives photographiques de 1924 trois pierres qui furent perdues par la suite. Celles-ci montrent que la même inscription a été montée sur les deux côtés du bâtiment. Elle se lit comme suit : "Pour l’Empereur César Auguste, Fils d’un Dieu, Consul pour la 13e fois, avec une puissance Tribunicienne pour la 22e fois, Imperator pour la 14e fois, le Père du pays". La largeur de l’entrée centrale était de 4,50 m et des entrées latérales de 3,50 m.
 

L’Augusteum

 
   L’Augusteum, d’où s’élevait un temple consacré à Auguste (Certains spécialistes disent à Dionysos) est sans contexte le bâtiment qui bénéficia des plus grands soins dans sa construction parmi tous les monuments de la ville. On y accède après avoir gravi les douze marches du propylée. Ce temple fut construit au plus haut point de la ville et devait sûrement, avec ses richesses architecturales et ornementales, avoir un effet renversant sur le visiteur. L’Augusteum fut l’un des premiers endroits à être fouillé par l’équipe de William Mitchell Ramsay en 1913. L’opinion courante est que la construction du temple commença lors du vivant d’Auguste et qu’il lui fut dédié après sa mort.
 


 

Autre vue de l’Augusteum

   Le complexe est maintenant considéré comme contemporain du propylée et de la Platea, mais il y a des traces que ce site aurait pu être utilisé pour un autre culte à des époques antérieures. Le temple comportait des colonnes cannelées à chapiteaux Corinthiens de 8,70 m. de haut, qui étaient posées sur des bases de type Anatolien. Sur l’architrave, il y avait une frise de guirlandes. La richesse ornementale de l’édifice fut complétée par une frise de fleurs sur les murs de la Cella (Partie close du temple, généralement de forme rectangulaire, parfois ronde). Des parties importantes des frises, qui sont bien conservées encore aujourd’hui, peuvent être vues sur le site et au Musée de Yalvaç.
 
   Dans le sanctuaire, une zone semi-circulaire de 100 m. x 85 m. était occupée par un portique (Galerie couverte dont les voûtes ou les plafonds sont supportés par des colonnes) à deux étages. À chaque extrémité de ce portique, sur les côtés Sud et Nord, il y avait une stoa (Partie d’un bâtiment couvert, fermé à l’arrière par un mur plein et ouvert en façade par une colonnade). Les portiques sur les côtés furent construits avec des colonnes Doriques. Lors des tests de reconstitution, il a été estimé que près de 150 colonnes devaient être utilisées dans la construction monumentale de l’Augusteum.
 

La  Tiberia  Platea

 
   La Tiberia Platée fut construite en l’honneur de l’Empereur Tibère (14-37 ap.J.C). En face de l’église centrale une grande rue de 85 m. de long sur 11 m. de large, qui était décorée avec des colonnades et des statues des deux côtés, mène au propylée. Il y a encore un débat entre les spécialistes si le nom de "Tiberia Platée" (Carré ou place de Tibère) doit être donné à l’ensemble du complexe de la rue ou seulement à l’emplacement carré de 30 m. de côté en face du propylée. Lors des fouilles de 1924 ont été mis au jour des inscriptions, des autels, de la vaisselle (verres et assiettes), des poteries, des ustensiles de cuisine et plusieurs centaines de pièces qui montrent que les magasins tout autour de ce carré étaient comme des petits restaurants et bars.


 

Échoppes sur le Cardo Maximus

 
   Une autre trouvaille intéressante dans la Platea fut celle d’un bloc de fontaine. Les vestiges d’un système d’eau fait de tubes en terre cuite peuvent y être encore vus aujourd’hui. Ce système de distribution venait du nymphée.
 

Les  bains

 
   Les bains se trouvent à l’angle Nord-ouest de la ville, mais le bâtiment n’a pas attiré beaucoup l’intérêt des chercheurs au cours des 150 dernières années. La plupart d’entre eux l’identifie comme un complexe colossal en forme d’arc. Sept sections de l’édifice ont été mises au jour par les fouilles dirigées par Mehmet Taşlıalan, Directeur du Musée Yalvaç (1979-2002) ces dernières années, mais une partie importante du complexe, qui est de 70 m. x 55 m., est encore enterrée et le plan n’en est pas encore très clair.
 
   Il y a de plus encore une certaine incertitude de savoir si cet édifice était vraiment des bains. Par exemple, en raison du soleil et du facteur vent, l’entrée des bains publics en Asie Mineure étaient toujours faites sur les côtés Sud ou Est, mais ici la situation est différente, les entrées sont à l’Ouest et au Nord-ouest. On constate aussi qu’il n’y a pas de trace claire d’un approvisionnement en eau ou d’un système de chauffage. Sauf dans une salle où les vestiges d’un système de chauffage par le sol (ou hypocauste) sont visibles, avec des tubes d’argile cuite et des briques rectangulaire, mais il ne serait être celui qui alimentait tout l’édifice.
 


 

Entrée des bains

   Dans l’attente de nouvelles fouilles qui pourraient venir éclairer la fonction réelle de ce bâtiment il est convenu de le considérer comme servant de bains publics, surtout qu’il est quand même comparable à une bâtisse de Sagalassos qui a elle été attestée comme servant de bains publics. Quoi qu’il fut, le début des phases de construction de cet édifice peut être daté de la première moitié du premier siècle ap.J.C, comme l’aqueduc et le nymphée.
 

La  grande  basilique

 
   L’un des complexes architecturaux les plus importants d’Antioche est sans aucun doute la grande basilique au Nord-ouest de la ville, à proximité des murs extérieurs. Francis Vyvyan Jago Arundell fut le premier à avoir identifié ce bâtiment comme une basilique et publier son plan qui est devenu un guide pour les chercheurs ultérieurs. Mehmet Taşlıalan, Directeur du Musée Yalvaç (1979-2002) identifie la grande basilique comme "l’Église de Saint Paul" par le biais d’un autel qui a été mis au jour à la place de marché de Yalvaç. La basilique fut excavée la première fois en 1924 par l’équipe de l’Université du Michigan, puis malheureusement laissée ensuite à l’abandon. Elle fut enterrée à nouveau pendant 80 ans jusqu’à ce que les fouilles reprennent, par Mehmet Taşlıalan, qui a récemment effectué un sondage dans l’abside. Le bâtiment, de 70 m. x 27 m., est orienté Est-ouest. Le narthex (ou antéglise ou l’avant-nef, est l’entrée de l’église, c’est un espace intermédiaire avant d’accéder à la nef intérieure) qui est de 27 m. x 13 m. est en appui contre les murs de défense.


 

Ruines de la basilique

 

 
  Le plan du bâtiment reprend l’ensemble des spécifications d’une basilique, avec une abside, une grande nef au milieu et deux plus étroite sur les côtés. Le mur extérieur de l’abside est sur un plan heptagonal. La basilique montre des modifications de son plan d’origine au cours du temps. Les premières, peuvent-être de la fin du IVe siècle : L’abside et les nefs eurent leurs sols couverts de mosaïques et trois nouvelles entrées à la paroi Nord furent ajoutées lors de cette phase de travaux, la centrale étant de 4 m. de large ; la cour sur le côté Nord date également de cette période.
 
   L’axe central de la basilique est différent de l’axe central de la mosaïque du sol, montrant des changements de structure. La mosaïque, qui avait été mise au jour par David M.Robinson et l’Université du Michigan en 1924, est couverte aujourd’hui de près de 30 cm. de terre. Cependant les photographies de l’époque montrent qu’elle représentait des motifs floraux géométriques dans des cadres rectangulaires. Dans la nef centrale au début de l’abside où devrait être un autel, une inscription en mosaïque fut mise au jour indiquant le nom de l’Évêque Optimus qui représentait Antioche au concile de Constantinople en 381.
 


 

Autre vue des ruines de la basilique

   Cette date coïncide avec la datation de la grande Basilique. Ainsi, la grande basilique d’Antioche est connue comme l’un des deux premiers exemples d’églises Chrétiennes d’Anatolie. L’autre se trouve dans la cité d’Antioche sur l’Oronte. L’abside fait 10,80 m. de diamètre et la nef centrale est séparée par deux rangées de 13 colonnes. Le sondage récent montre les traces d’une fondation en arc des deux côtés. Les entrées Nord s’ouvrent sur le cérémonial de la cour centrale qui est entourée d’un portique en forme de L. Dans le Nord de la cour un bassin baptistère qui fut ajouté au complexe basilical et les fondations à côté du bassin d’un bâtiment pavé de mosaïque, qui devait être la résidence des Évêques, ont été mis au jour.
 

Le  sanctuaire  de  Men

 
   Un sanctuaire existe sur la colline voisine à 6 km. à l’Est d’Antioche. Il est environ à 1600 m. de hauteur et est dédié à l’un des Dieux mystiques d’Anatolie : Men (ou Men Askaelos, en Grec : Μήν, en Latin : Mensis) qui est un Dieu protecteur des pauvres. La colline était connue comme le "Gemen Korusu", le bois de Gemen. Encore aujourd’hui, elle est rendue attractive par le biais des pins sacrés du Patrios Theos d’Antioche. Les chercheurs se demandaient où pouvait se trouver le sanctuaire dont Strabon (Géographe, historien Grec, 64 av.J.C-23 ap.J.C) parlait dans ses écrits, jusqu’aux débuts du XXe siècle où l’équipe William Mitchell Ramsay découvrit une route processionnelle sacrée avec des stèles votives de chaque côté menant au sanctuaire.
 


 

Vestiges du sanctuaire de Men

   Les chercheurs mirent au jour, compris dans le temenos (Espace sacré constituant le sanctuaire) : Deux temples dont un plus petit ; un stade ; un andrôn qui était la pièce ou la partie de la maison réservée aux hommes. Elle consistait en une cour découverte, entourée de colonnades, autour de laquelle étaient disposés les divers appartements exigés pour le service du maître ; une salle des cérémonies ; une église Byzantine et un bâtiment dont la fonction n’est pas encore identifié. Les inscriptions trouvées indiquent qu’un culte important fut dédié à Men sur une longue période, du IVe siècle av.J.C au IVe siècle ap.J.C.
 
   Sur les murs du temenos, en particulier sur le côté Sud-sud-ouest, Ramsay a découvert de nombreuses inscriptions sur une stèle votive dédiées aux mendiants, afin de leur apporter : La santé, la protection etc… Le sanctuaire et ses édifices sont en mauvais état car du fait, à l’époque, de l’expansion du Christianisme, les sites des religions d’Anatolie et les cultes importés, comme ceux des Empereurs furent systématiquement endommagés au cours du IVe s. ap.J.C par les Catholiques. C’est pourquoi les spécifications des bâtiments ne peuvent être vues clairement aujourd’hui, surtout que le site n’a pas encore fait l’objet de fouilles approfondies.

 

Autre vue d’une entrée
des bains
Vestige d’une porte
de la cité
Autre vue du viaduc Détail d’un ornement
de la cella
Autre vue des bains

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la cité et ses monuments voir :
 
Francis Vyvyan Jago Arundell :
Discoveries in Asia Minor : I including a description of the ruins of several ancient cities, especially Antioch of Pisidia, Bentley, London, 1834.
Maurice A.Byrne , William Mitchell Ramsay et Guy Labarre :
Nouvelles inscriptions d’Antioche de Pisidie : D’après les Note-books de W. M. Ramsay, Österreichische Akademie der Wissenschaften, R.Habelt, Bonn, 2006.
Kayhan Dörtlük :
Antalya : Lycie, Pisidie, Pamphylie : guide des cités antiques, Keskin Color Kartpostalcilik Ltd., Istanbul, 1991.
Thomas Drew-Bear, Mehmet Taşlıalan et Christine M Thomas :

Actes du premier congrès international sur Antioche de Pisidie, Universitée Lumière-Lyon 2, Lyon, UMR 5649 du CNRS, diffusions de Boccard, Paris, 2002.
William John Hamilton :
Researches in Asia Minor, Pontus, and Armenia : With some account of their antiquities and geology, G.Olms, Hildesheim, New York, 1984.
George Francis Hill :
The coinage of Pisidian Antioch, Royal numismatic society, London, 1914.
Guy Labarre :
Le Dieu Men et son sanctuaire à Antioche de Pisidie, Ed. Modulaires Européennes, Femelmont, 2010.
Stephen Mitchell, Jean Burdy et Marc Waelkens :
Pisidian Antioch. The site and its monuments, Duckworth, Londres, 1998.
Georges Radet et G.-R. Cheslay :
Les villes de la Pisidie, Ernest Leroux, Paris, 1893.
Vincenzo Ruggieri et Aleksandra Filipovic :
Antiochia di Pisidia. Qualche considerazione epigrafica e liturgica, La parola del passato 357, G.Macchiaroli, Napoli, 2007.

 

Pour d’autres détails voir : Le site officiel avec photos, plans de la cité, images et films 3D

 

 
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