David par Nicolas Cordier – Chapelle Borghèse
– Basilique Sainte-Marie Majeure – Rome
|
Son origine
David (ou Dāwūd ou Dawud, en
Hébreu :
דָּוִיד "bien-aimé" ou
דוד בן-ישי מלך ישראל,
David ben Yishai, en arabe :
داوود Dāwūd, en syriaque :
ܕܘܝܕ Dawid, en
Grec :
Δαυίδ ou Δαβίδ Daveed), fut
le deuxième Roi des Hébreux
d’un royaume uni en Terre d’Israël, d’où quelques fois le terme Roi d’Israël, de 1010 à 970 selon Gershon Galil et Kenneth Anderson Kitchen
ou 1000 à 962 selon William Foxwell Albright. Il naquit en 1037 (ou 1040),
à Bethléem, dans le territoire de la tribu de Juda.
Il fut le fils de Jessé (ou Yishai) de la tribu de Juda de Bethléem, fils d’Obed et de Ruth la
Moabite (Premier Livre de Mathieu 5-6), dont l’histoire est racontée en
détail dans le Livre de Ruth. Sa mère n’a pas de nom dans la Bible, mais le Talmud l’identifie comme Nitzevet, fille de Adael.
Il eut six frères (David fut le plus jeune) dont les trois aînés, Éliab, Abinadab et Chamma, furent des compagnons d’armes du Roi
Saül, et deux sœurs : Tseruja et Abigaïl (Premier Livre des
Chroniques 2: 15-16).
Son histoire est racontée dans le Premier Livre de Samuel (16-31) et sa vie en tant que Roi dans le Deuxième Livre de Samuel (1-24)
et au début du Premier Livre des Rois (1-2).
Représentation de Saül menaçant David – 1646 – Guercino (1591-1666) –
Galleria Nazionale d’Arte Antica – Rome |
David et Saül
Il n’était que simple berger de Bethléem lorsqu’il participa
avec le Roi Saül
à la guerre contre les Philistins.
Le souverain les avait chassé des collines et les combattait sur leur propre terrain. Mais ils se ressaisirent et envahirent une fois de
plus le pays et s’installèrent entre Soko (ou Shocoh) et Azéqa, à Éphès-Dammam (ou Pas Dammim, une place forte dans la tribu de Juda).
Saül partit avec son Général Abner et son armée les affronter et David se joignit donc à eux.
David avait été envoyé par son père apporter des provisions à ses frères dans l’armée.
Il entendit le Géant Philistin Goliath défier les
Israélites d’envoyer leur propre champion pour décider de l’issue de la guerre en combat singulier.
Il contacta le Roi et lui dit qu’il était sûr qu’il pouvait vaincre Goliath comme il avait tué un lion et un ours menaçant ses troupeaux.
Saül laissa à contrecœur David combattre Goliath.
Ce fut dans la vallée d’Elah que David, avec un seul tir de fronde, terrassa Goliath.
Il prit cinq pierres lisses d’un ruisseau à proximité et frappa le géant au front avec une pierre de sa fronde.
Goliath tomba mort et David prit l’épée de Goliath et le décapita.
Cet exploit fit fuir l’ennemi de terreur et assura la victoire à Saül.
(Premier Livre de Samuel 17: 1-18: 5).
Dans certaines traductions du 21:19 du Deuxième Livre de Samuel on trouve que Goliath fut tué par Elhanan, fils de Jaïr de Bethléem.
Selon certains chercheurs, dont Baruch Halpern, il est probable que les conteurs ont déplacé l’acte de l’obscure Elhanan sur le
personnage plus célèbre de David.
Lorsqu’il retourna à sa cour les gens acclamèrent plus David que le Roi, qui fit de lui un officier de son armée. Suivant la Bible hébraïque,
il fut aussi envoyé à Saül, dès son jeune âge, pour lui jouer de la harpe (ou cithare dans
certain texte) lorsque l’esprit de ce dernier se troublait.
Saül tente d’assassiner David —
Gravure Gustave Doré (1832-1883) |
Le Roi en devint vite jaloux. Il développa pour le nouveau
héros une animosité qui l’incita plusieurs fois à tenter de le tuer.
Il fut désavoué par le Prophète et la tribu de Juda qui lui opposa une résistance.
Les événements ultérieurs montrent que ce fut de la part de
Saül plusieurs tentatives pour obtenir la mort de son rival.
Par le biais de l’armée, de la propre femme de David, Mikhal (ou Michal, la fille du Roi), par des embuscades, le menaçant une fois avec sa
lance etc.., Saül essaya de tuer David.
Celui-ci finit par fuir, avec l’aide de Mikhal (ou Michal),
contre la poursuite des intentions meurtrières de son père (Premier Livre de Samuel 18,8 à 12),
à Rama (ou Ramathaïm-Tsophim, ville qui a été identifiée avec le quartier moderne de Shmuel Hanavi au Nord-ouest de
Jérusalem) pour échapper à la colère du Roi, mais il le fit suivre.
Thomas Römer, Loyse Bonjour et Maria Ambrogio avancent qu’à l’issue d’une bataille, Jonathan, le fils de
Saül, s’éprit de David et que ce fut lui qui l’aida à s’enfuir définitivement.
Les deux hommes auraient entretenus une relation intime, dont la nature est largement débattue.
De Rama, David gagna Nob (Une place dans les environs de Jérusalem,
à proximité de Bachurim, près du mont des Oliviers), puis Gath (ou Gat ou Geth) au Nord-ouest du territoire des
Philistins à proximité de la Shéphélah (ou Shfelah).
Après avoir recueilli un groupe de sympathisants, dont il devint le Chef,
Il rassembla autour de lui tous les mécontents, dont Abiathar, fils d’Abimélek, Prêtre de Nob. Puis il fuit d’un endroit à un autre la fureur de
Saül.
Samuel oint David – Panneau de bois intérieur – Synagogue de Dura Europos – Syrie.
|
Il erra quelque temps dans le désert de Maôn et arriva dans la région d’Ein Gedi
(Une oasis au bord de la rive occidentale de la mer Morte à la limite du désert de Judée) où il fut rattrapé, mais le Roi l’épargna.
Cependant, David ne pouvait pas faire confiance à Saül et il se plaça
sous la protection du Roi Philistin de Gath (ou Gat ou Geth),
Akish, ennemi d’Israël. Ce dernier l’établit avec sa famille à Tsiklag (ou Ziqlag), ville du Néguev de la tribu de Siméon,
en pays Philistin, d’où David avec sa troupe libéra les clans
Judéens de la menace Amalécite.
Son arrivée au pouvoir
À la mort de Saül,
le Prophète Samuel, qui l’avait déjà oint à
Bethléem comme successeur de Saül à la suite d’une ultime désobéissance de ce dernier,
le proclama Roi à Hébron (Deuxième Livre de Samuel 5,3).
À cette date le royaume se divisa en deux : Le royaume de Juda et le royaume d’Israël.
Les Chefs des clans de la tribu de Juda le reconnurent comme souverain
et les 11 autres tribus d’Israël reconnurent Ishboshet (ou Ishbaal ou Ish-Bosheth),
le fils de Saül. Celui-ci fut proclamé Roi d’Israël par Abner, le Général de l’armée de Saül,
à Mahanaïm près de Jabbok (Située au-delà du Jourdain mais dont l’emplacement précis est très incertain – Deuxième Livre de Samuel 2:8).
La guerre fut inévitable entre Ishboshet et David.
Ce dernier affermit sa position et il arrêta une armée Israélite près de Gibeon (ou Gabaa ou Gabaon, ville à 8 km. au Nord de
Jérusalem, le site serait le village d’El-jib).
Il fit une politique matrimoniale, entretint des relations diplomatiques et se rallia le Général Abner qui
trahit Ishboshet.
Après l’assassinat d’Ishboshet, par la
diplomatie, David rallia toutes les tribus et conclut une alliance avec elles à
Hébron et trois ans plus tard il fut proclamé Roi de
Juda et d’Israël.
David tenant la tête de Goliath – Le Caravage (1606-1607) –
Musée d’histoire de l’art de Vienne |
Ses conquêtes
Les
Philistins inquiets de la puissance de David,
tentèrent de séparer les deux camps en attaquant dans la vallée de Rephaïm (ou Emeq Rephaïm ou Nephilim) au Sud-ouest, près
de Jérusalem, à la jonction de
Juda et d’Israël.
David les repoussa par deux fois et instaura une monarchie centralisée et puissante. Il avait besoin d’une ville neutre comme capitale.
Il choisit alors la ville des Jébuséens (ou Jébusiens), Jébus l’actuelle Jérusalem.
Mais cette cité possédait de hautes murailles et une alimentation en eau potable assurée par une source permanente, même en été, ce
qui la rendait pratiquement imprenable.
Les habitants puisaient l’eau depuis un tunnel creusé dans le roc, de plus de
500 mètres, sans sortir de la ville. Ce fut au moyen de ce tunnel que les troupes de David prirent, v.1004/1003,
Jérusalem par ruse. Le Roi en fit alors la capitale politique et
religieuse des Hébreux et il y fit transporter "l’Arche d’Alliance",
avec l’intention de construire un temple,
mais Dieu, parlant au Prophète Nathan, l’interdit, disant que le temple devait attendre pour une génération future.
David qui a décapité Goliath – 1476 – Andrea del Verrocchio
(1435-1488) – Museo del Bargello – Florence |
La puissance de David vint de son expérience militaire réussie de chef de bande. Les hommes qu’il dirigea,
parmi lesquels se trouvait des Philistins,
devinrent sa garde privée et le noyau de l’armée professionnelle et il confia la tête de son armée à son neveu Joab. Le Roi profita de l’effacement
et des difficultés des puissances Égyptienne,
Babylonienne et
Assyrienne, ainsi que du vide laissé en Syrie /Palestine par
la disparition de l’Empire Hittite et étendit
son influence sur la région.
Au Sud, il soumit les Moabites.
Puis il prit l’initiative d’une guerre et annexa le royaume Ammonite.
À l’occasion de l’avènement de son Roi Hanoun (v.100-v.995), prétextant un affront diplomatique, il prit sa capitale
Rabbath-Ammon (ou Rabbah
ou Rabbathammana chez les Grecs ou
Philadelphia, Amman aujourd’hui).
Mais les Ammonites
lancèrent une contre-offensive. Pour ce faire Hanoun rallia à sa cause les royaumes
Araméens voisins de
Zobah (ou Zoba ou Tsoba
ou Soba ou Aram-Soba), Rehob (ou Beth-Rehob ou Aram-Rehob ou Beth-Rehov), Beth-Maakah, Tôb
et le royaume de Damas (ou d’Aram ou de Syrie) de Adad III (v.960),
que Joab repoussa. Dans Samuel 12:31, la victoire sur les Ammonites
du Roi David est longuement décrite. Il y est aussi exposé le traitement des prisonniers qui n’est pas nécessairement barbare, la
description peut être interprétée comme signifiant qu’ils furent employés comme ouvriers dans divers travaux publics.
Le chroniqueur, présente quelques passages cruels. Les Ammonites,
eux-mêmes, avaient une réputation de cruauté dans la guerre.
Limites du royaume de David
|
Cliquez sur un nom de ville ou de région
|
Suite à cette conquête David, détrôna le Roi Hanoun et prit un butin considérable,
pour conserver la paix, il nomma Shobi (ou Shobi ben Nashah, v.995 à ?), le frère d’Hanoun, dirigeant
d’Ammon.
Shobi s’avérera un fidèle vassal de David, celui-ci alla même recruter pour son armée des mercenaires
Ammonites.
Puis David affronta le Roi de Zobah (ou
Tsoba ou Soba ou Zoba ou Aram-Soba), Hadadezer (ou Hadadézer ou Hadad-Ezer), à la bataille d’Hélam.
Shobak, le chef de l’armée ennemie, mourut au combat et 700 chars furent pris et détruits pour la plupart, les
Hébreux ne
connaissant pas encore l’usage de cette arme.
David établit un Préfet à Damas et soumit au
tribut les vassaux Araméens d’Hadadezer.
Cet acte fut suivi par un traité de paix.
Au Nord, le Roi d’Hamath (ou Hana ou Hamat, ville sur les rives de l’Oronte dans le centre de la Syrie), Toï,
ennemi d’Hadadezer, se reconnut le vassal de l’État
Hébreu et paya un tribut à David. Celui-ci repoussa une nouvelle fois les
Philistins, mais ne tenta pas d’annexer leur territoire.
David contrôlait maintenant au Sud, le territoire des Édomites
qu’il combattit et dévasta pour garder ouverte la route d’Aqaba. Il les écrasa dans “la vallée de sel”, probablement près de la mer Morte.
Il rattacha leur royaume aussi en y établissant des Préfets. Toutefois, un Prince
Édomite, nommé Hadad, réussit à s’échapper et se réfugia en
Égypte. Après la mort de
David, Hadad essaiera de revenir et fomentera une rébellion contre les Israélites, mais il échouera en Syrie.
David entretint d’excellentes relations avec les
Phéniciens et surtout avec Hiram I le Grand (978-944 ou
969-936 selon la Bible), le Roi de Tyr dans le but de bénéficier
des échanges commerciaux avec la cité.
La mort d’Absalom –
Gravure Gustave Doré (1832-1883)
|
Politique intérieure
En politique intérieure, David organisa l’administration
sur le modèle des monarchies existantes en adoptant leur idéologie. L’unité des 12 tribus d’Israël progressa, mais ses projets de recensement en vue
de l’établissement de l’impôt et celui de la construction du Temple à Jérusalem
furent rejetés par les Prophètes. Ce sera son fils et successeur qui les réalisera.
L’administration de Juda et
d’Israël restèrent proche de celle pratiquée sous le règne de
Saül. La principale alimentation du trésor royal était les butins de guerre
pris à l’ennemi. Cependant, malgré ses succès, David dut affronter dans son propre peuple, des oppositions armées.
À l’occasion d’une calamité publique, David livra sept descendants de
Saül, les cinq fils de sa fille Merab et les deux fils de sa concubine Ritspa
(ou Rizpah ou Rispah ou Riz’-pa), Armoni et Mephibosheth (ou Mephiboscheth), à la vengeance des habitants de
Gibeon (ou Gabaa ou Gabaon, ville à 8 km. au Nord de Jérusalem, le site serait le
village d’El-jib), qui les exécutèrent rituellement (Deuxième Livre de Samuel 21: 8-9). Suite à un méfait de ses habitants,
Gibeon avait été détruite de fond en comble par un lévite du pays d’Éphraïm, qui avait fait appel à toutes les autres tribus pour se venger contre
la tribu de Benjamin. David reprit Mikhal (ou Michal ou Michol ou Mical ou Mikal, en
Hébreu :
מִיכַל), que
Saül avait remariée, puis s’en sépara de nouveau. Il est difficile de savoir si Mikhal
mourut stérile et sans enfants, comme indiqué dans le Deuxième Livre de Samuel (06:23), ou eut des enfants, tel que décrit dans la plupart
des traductions du 21: 8 de ce Deuxième Livre de Samuel.
Roi David dans la lettre B –
Lettrine sur parchemin inspiré d’un manuscrit Cistercien |
Absalom (ou Absalon), son troisième fils, se rebella contre lui et se fit proclamer Roi à
Hébron par les tribus.
Tamar (ou Thamar), une fille de David fut violée par son demi-frère Amnon, Absalom (ou Absalon) la vengea en faisant tuer Amnon.
Puis il fuit chez son grand-père maternel le Roi de
Geshur (ou Gueshur ou Géshour). Sa principale revendication était son refus de
Salomon,
fils de Bethsabée, comme choix de David pour sa succession.
David dut fuir avec sa garde personnelle et les chefs de l’armée. Une guerre civile éclata qui fut de courte durée.
David envoya son serviteur Hushaï (ou Huchai) à la cour d’Absalom, comme agent double, à la fois pour contrecarrer les avis du conseiller
en chef d’Absalom, et pour être avertit des moindres gestes d’Absalom.
Hushaï (ou Huchai) réussit à persuader Absalom de poursuivre immédiatement son père du fait d’une meilleure préparation de ses
propres forces, dans une grande bataille. Les armées de David et d’Absalom se rencontrèrent à la bataille du bois d’Éphraïm.
Cependant, lors du combat, Absalom se prit les cheveux dans les branches d’un chêne et Joab le neveu et Général de David le tua,
poignardé et tué de trois flèches (Deuxième Livre de Samuel 18: 14-15).
David dans la prière – 1640 – Pieter de Grebber (1600-1652) –
Musée Catharijneconvent – Utrecht |
Lorsque la nouvelle de la victoire fut portée à David, il ne se réjouit pas, mais
fut "agité de tristesse de la perte de son fils" : “Ô mon fils Absalom, mon fils, mon fils Absalom ! Je serais mort à votre
place, Absalom, mon fils, mon fils !“. Les tensions entre Israël, au Nord et Juda au Sud restèrent vives. Shéba (ou Chéba) fils de
Bikri, de la tribu de Benjamin, profitant du départ de David de Jérusalem,
tenta de rassembler les Hébreux du Nord et revendiqua l’indépendance d’Israël
contre David. Joab élimina son rival Amasa, qui venait d’être
placé à la tête de l’armée et il poursuivit les rebelles au Nord de Dan. Il mit le siège devant Abel-Beth-Maakah, dont les habitants
livrèrent les fugitifs qui s’y étaient réfugiés.
En religion, David imposa YHWH ("être" nom
Hébreu de Dieu) comme Dieu officiel du royaume d’Israël.
Juda et
Israël partagèrent le même culte. Il fut secondé dans ce sens par le Grand Prêtre
Abiathar (ou Abyatar), fils et successeur d’Achimélech, descendant d’Eli. Il avait été persécuté par
Saül, et fut privé du sacerdoce par
Salomon, parce qu’il
favorisa le parti d’Adonijah (ou Adonias).
David fut soutenu également par les Prophètes Gad et Nathan.
David était devenu très vieux lorsqu’à la mort d’Amnon et d’Absalom, un autre de ses fils,
Adonijah (ou Adonija ou Adonias), appuyé par Joab et le Grand Prêtre Abiathar (ou Abyatar), se considéra comme son héritier et se déclara Roi.
Bethsabée, la femme préférée de David, et le Prophète Nathan, allèrent voir le Roi et obtinrent son accord que
Salomon, le fils de Bethsabée, devienne
son successeur. Ils furent soutenus par le Grand Prêtre du Temple, Sadoq (ou Sadok ou Tsadok ou Tsadoq)
et le Prophète Benayahuet le Chef de la garde de David, eux aussi pour
Salomon. De son vivant, David fit sacrer Roi
Salomon et mourut quelques temps après.
Jacob L.Wright trouve l’abdication du Roi mourant en faveur de
Salomon comme “un geste politique habile“.
Représentations, sources et historicité
David est représenté comme un Roi juste,
mais pas sans faute, ainsi qu’un célèbre guerrier, musicien (Il est souvent représenté avec une harpe) et poète.
Il est traditionnellement crédité de la paternité d’un grand nombre de
psaumes. Il est décrit comme “un homme selon le cœur de Dieu” dans les Livres de Samuel.
David est une figure importante pour les membres des religions Juives, Chrétiennes et islamiques.
La tradition biblique maintient Jésus comme descendance directe de la lignée de David. Dans l’islam, David est considéré comme un Prophète.
David – 1768 – Le Guerchin (1591-1666) –
Musée des beaux-arts – Rouen. |
Bien que la stèle de Tel Dan (datée de 850-835), qui est largement admise, appuie l’existence historique d’une
dynastie royale de Judée avec à sa tête un individu nommé David, l’interprétation
des preuves archéologiques, sur l’ampleur et la nature du royaume de Juda et de la Jérusalem
au Xe siècle av.J.C, est une question de débats acharnés entre les spécialistes,
comme les avis différents entre Israël Finkelstein et Ze’ev Herzog de l’Université de Tel-Aviv.
Israël Finkelstein dit, que la base des études archéologiques donnent à penser que Juda est demeuré relativement vide
de population permanente, tout à fait isolé et très marginal jusqu’à, passé l’époque présumée de David et
Salomon. Selon Ze’ev Herzog, l’unité de la monarchie de David et
Salomon, qui est décrite par la Bible comme une puissance régionale,
"fut tout au plus un petit royaume tribal…".
Beaucoup d’archéologues modernes rejettent l’idée que David régna sur une monarchie unie, suggérant à la place qu’il ne
régna à cette époque que comme un Chef de clan sur le royaume de Juda au Sud, beaucoup
plus petit que le royaume du Nord d’Israël.
Ils notent également, contrairement à la tradition, qu’Israël et
Juda étaient encore polythéiste à l’époque de David et de
Salomon, et avancent que beaucoup plus tard des rédacteurs du VIIe siècle ont cherché à
dépeindre un âge d’or d’un passé uni, avec une monarchie monothéiste, dans le but de répondre aux besoins contemporains.
Le manque de preuves pour les campagnes militaires de David et sur le développement relatif de
Jérusalem, capitale de
Juda, par rapport à
Samarie, la capitale
d’Israël très développée et urbanisée, renforcent encore ce point de vue.
D’un autre côté William Dever estime que les preuves archéologiques et anthropologiques appuient les grands récits bibliques d’une
Judée comme un État important au Xe siècle av.J.C.
Le tombeau de David – Mont Sion |
Sa sépulture
Selon la Bible (Premier Livre des Rois, 2: 10)
David fut enterré avec ses ancêtres dans la “Cité de David” qui selon les références bibliques est l’emplacement d’origine de la vieille ville de
Jérusalem.
Ce fut un lieu Saint Chrétien pendant le Moyen Âge, dans le Cénacle de Jérusalem
(“Chambre haute” dont parlent les Évangiles), quartier général des Franciscains où la tradition fixe le lieu
de la sépulture depuis le XIIe siècle. La tombe du Roi devint un lieu de pèlerinage musulman en 1552, puis Juif après la Guerre Israélo-arabe
de 1948-1949. Comme nous le précise Marie-Armelle Beaulieu (La tombe du Roi David vandalisée, Terrasanta-net, 3 Janvier 2013)
en Janvier 2013, elle fut vandalisée par un Juif ultra Orthodoxe qui détruisit les mosaïques musulmanes qui tapissaient le mur
séparant la chambre du cénotaphe.
Cependant, le “tombeau de David” (ou Kever David Hamelekh, en
Hébreu :
קבר דוד המלך ,
“Tombe du Roi David“), sur le mont Sion à Jérusalem, près de l’abbaye de
la Dormition est une structure médiévale et selon beaucoup de spécialistes, dont Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman,
a donc tout d’une tradition folklorique sans fondement historique. La tombe est située dans un coin de l’ancienne Hagia Sion,
une église Byzantine. Comme dit plus haut, une ancienne tradition Byzantine du IVe siècle fait de l’endroit le lieu du Cénacle de
Jésus et le lieu de rassemblement des premiers Chrétiens. Le bâtiment fait à présent partie de la Yeshivat Hatefoutsot.
David et Bethsabée – 1562 – Jan Massys (1509-1575) – Musée du Louvre
|
David, Bethsabée et Uri
David prit pour maîtresse Bethsabée, la femme d’Uri
(ou Uriah ou Urie ou Ourias, en
Hébreu :
אוריה החתי) un officier
Hittite. Mais Bethsabée tomba enceinte de David.
Après avoir vainement tenté de masquer son adultère, celui-ci envoya alors Uri avec l’armée Israélite au siège de
Rabbath-Ammon (ou Rabbah
ou Rabbathammana chez les Grecs
ou Philadelphia, Amman aujourd’hui) dans l’espoir qu’il se fasse tuer au combat contre les
Philistins.
David envoya aussi à son Général Joab un message, avec pour mission de mettre Uri en première ligne, afin qu’il soit touché et qu’il meurt et
de l’abandonner sur le champ de bataille (Deuxième Livre de Samuel 11: 1-15).
C’est ce qui se produisit et David put épouser Bethsabée qui portait son enfant, mais cet acte déplut à l’Éternel.
Le Prophète Nathan se prononça contre le péché de David : “Pourquoi as-tu méprisé YHWH (Yahvé) et fait ce qui lui déplaît ? Tu
as frappé par l’épée Uri le Hittite, sa femme, tu l’as prise pour ta femme, lui tu l’as fait périr par l’épée des Ammonites.
Maintenant l’épée ne se détournera plus jamais de ta maison….” (Deuxième Livre de Samuel 12:10).
David reconnut son péché mais bien qu’il se repentit, Dieu "frappa l’enfant … et il tomba malade … et le septième jour,
l’enfant mourut"….(Deuxième Livre de Samuel 12:14)
YHWH pardonne ta faute, tu ne mourras pas”.
Dans le Deuxième Livre de Samuel (12, 1-10), il est dit que pour lui faire reconnaitre sa faute le Prophète Nathan
conta une histoire à David : Un pauvre homme avait adopté une jeune brebis qu’il nourrissait et elle grandissait
avec lui ainsi qu’avec ses fils, elle mangeait de son morceau de pain, elle buvait de sa coupe, elle couchait sur son sein, elle était pour
lui comme une fille. Mais un homme riche qui passait par là, prit sans permission, pour la manger, l’unique brebis du pauvre homme.
À l’écoute de cette histoire, David entra dans une grande colère contre l’homme riche qui méritait selon lui d’être tué à son tour.
Nathan lui précisa alors que lui-même s’était comporté comme l’ignoble individu, en envoyant Uri à la mort dans une bataille,
pour lui prendre sa femme.
Bethsabée – 1654 – Willem Drost (1633-1659) – Musée du Louvre
|
Sa famille
David a huit épouses attestées et le Deuxième Livre de Samuel (3, 2-5)
lui énumère six fils, de six femmes différentes :
● Mikhal (ou Michal ou Michol ou Mical ou Mikal, en
Hébreu :
מִיכַל) la 2e fille du Roi
Saül, qu’il délaissa sans avoir eu d’enfants.
● Achinoam (ou Ahinoam, en
Hébreu :
אחינועם “Frère de grâce” ou “Agréable“),
Princesse Juive de Jezraël (ou Jezréel ou Jezrahel ou Jizreel ou Yizréel), qui lui donna un fils :
▪ Amnon (en
Hébreu :
אַמְנוֹן “Fidèle“), qui naquit à
Hébron. Il est décrit comme “le Jizreélite”.
Bien qu’il fut l’héritier présomptif au trône, il est surtout connu pour le viol de sa demi-sœur Tamar (ou Thamar).
● Abigaïl de Carmel (ou Abigail ou Abigayil ou Abigaël, en
Hébreu :
אֲבִיגָיִל “La joie
de son père“), Princesse Juive, précédemment épouse de Nabal, un riche marchand, elle lui donna un fils :
▪ Daniel (ou Kileab ou kĭl’ĕăb, en
Hébreu :
כִּלְאָ֔ב), qui naquit à
Hébron. Il est seulement nommé dans la liste des fils de
David et aucune autre mention n’est faite de lui, bien qu’étant le deuxième fils. Il est connu comme Daluyah dans la Septante.
● Maaka (ou Maachah ou Maaca ou Maacha ou Maaca ou Ma`aKhaH, en
Hébreu :
מעכה “Concassée“), une fille du Roi
de
Geshur (ou Gueshur ou Géshour), Talmai (ou Talmaï). Elle lui donna deux enfants :
▪ Un fils : Absalom (ou Absalon ou Avshalom, en
Hébreu :
אַבְשָלוֹם ,
en Tiberian : ‘Aḇšālôm “Père de la paix“), qui naquit également à
Hébron. Le Deuxième Livre de Samuel (14:25) le décrit
comme le plus bel homme du royaume. Absalom finalement révolté contre son père fut tué lors de la bataille du bois d’Ephraïm.
▪ Une fille : Tamar (ou Thamar, en
Hébreu :
תָּמָר “Palmier“), qui fut violée par
son demi-frère Amnon, ce qui conduisit ce dernier à la mort.
● Haggit (ou Haggith ou Hagith ou Aggith ou Hagit, en
Hébreu :
חַגִּית “Fête“), qui lui donna un fils :
▪ Adonijah (ou Adonija ou Adonias ou Adoniyah ou Adoniyahuh, en
Hébreu :
אֲדֹנִיָה “Mon maître est Yahvé“),
qui naquit aussi à Hébron.
Lorsque son père était mourant, il se fit proclamer Roi, mais le Prophète Nathan et Bethsabée décidèrent David à nommer
Salomon
comme son successeur.
Bethsabée au bain tenant la lettre de David – 1654 – Rembrandt (1606-1669) –
Musée du Louvre |
● Abital (ou Abithal ou Avital, en
Hébreu :
אֲבִיטַל “Père de la rosée” ou
“Fraiche“), qui lui donna un fils :
▪ Shephatiah (ou Schephathia, en
Hébreu :
שפטיה “Dieu est mon juge“), qui naquit à
Hébron. Dont on ne sait rien.
● Égla (ou Eglah), dont on ne sait rien, qui lui donna un fils :
▪ Ithream (ou Jithream ou yithre`am, en
Hébreu :
יתרעם “Reste” ou “Excellence du peuple“), qui naquit à
Hébron. Dont on ne sait rien.
● Bethsabée ou Bæthetav ou Bat-Seba, en
Hébreu :
בַּת שֶׁ֫בַע “Fille de serment“, en arabe : بثشبع) la petite-fille
de l’un des plus proches conseillers de David. Elle lui donna quatre fils :
▪ Shammua (ou Schimea, en
Hébreu :
שמוע ou
שמעא “Renommée”),
▪ Shobab (ou Schobab ou Showbab “Rebelle, rétrograde“),
▪ Nathan (ou Natan, en
Hébreu :
נתן), l’Evangile de Luc
trace la lignée de Jésus à travers celle de Nathan,
▪
Salomon (ou
Solomon ou Shlomo ou Šəlōmō ou slomo ou Shlemun ou Sulaymān ou Siliman ou Sleman, en
Hébreu :
שְׁלֹמֹה, en Syriaque :
ܫܠܝܡܘܢ, en arabe :
سليمان, en
Grec : Σολομών),
qui succéda à son père.
David eut aussi huit autres fils nés d’autres mères à
Jérusalem (Deuxième Livre de Samuel 5: 14-16) : Ibhar (“Élection” ou “Celui qui est choisi“),
Elishua (ou Ĕlîšā ou Elisée, en
Hébreu :
אֱלִישָׁע “Mon Dieu est le salut“),
Éliphéleth (ou Eliphélet “Dieu est délivrance“),
Nogah (En Hébreu :
נֹגַה “Luminosité” ou “Clarté“),
Nepheg (ou Népheg ou Nephegh “Faible” ou “Rejeton“),
Japhia (“Éclairant” ou “Apparaissant” ou “Splendide”,
Elishama (En Hébreu :
אֱלִישָׁמָע “Mon Dieu a entendu“)
et Eliada (ou Éliada, en Hébreu :
אֶלְיָדָע “Dieu a connu“).
Selon le Deuxième Livre des Chroniques (11:18), un autre fils naquit de David, qui n’est mentionné dans
aucune des généalogies : Jerimoth (ou Yeriymowth, en Hébreu :
ירִימוֹת “Il est très haut” ou “Enflé“).
Et selon le Deuxième Livre de Samuel (9), David adopta Jonathan
le fils de Mephibosheth (ou Mephiboscheth) le dernier descendant de Saül.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur David et les
Hébreux voir les ouvrages de :
Robert Alter :
– The David story : A translation with commentary of 1 and 2 Samuel, W.W. Norton, New York, 1999.
Alan Graeme Auld :
– Kings without privilege : David and Moses in the story of the Bible’s kings, T & T Clark, Edinburgh, 1994.
Hans Borger :
– Uma história judeu do Povo, Sefer, San Pablo, 2008.
Paul Borgman :
– David, Saul, and God : rediscovering an ancient story, Oxford University Press, Oxford, New York, 2008.
Walter Brueggemann :
– David’s truth in Israel’s imagination & memory, Fortress Press, Philadelphia, 1985.
Jacques Cazeaux :
– Saül, David, Salomon : La royauté et le destin d’Israël, Cerf, Collection : Lectio Divina, N°193, Paris. 2003.
Simón Dubnow :
– Manual de la historia judía : desde los orígenes hasta nuestros días, Sigal, Buenos Aires, 1977.
Jack Finegan :
– Light from the ancient past. The archaeological background of the Hebrew-Christian religion, Princeton U.P., 1947 – J.Finegan, 1959.
Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman :
– Les Rois sacrés de la Bible : À la recherche de David et Salomon, Bayard Centurion,
Collection : Etudes et essai, Paris, Mars 2006 – En Anglais, David and Solomon : In
search of the Bible’s sacred Kings and the roots of the western tradition, Free Press, New York, 2006.
– The Bible unearthed : Archaeology’s new vision of ancient Israel and the origin of its sacred texts,
Free Press, New York, 2001.
David Noel Freedman, Allen C.Myers et Astrid Biles Beck :
– Eerdmans dictionary of the Bible, W.B. Eerdmans, Grand Rapids, 2000.
Gershon Galil :
– David and Hazael : War, peace, stones and memory, Palestine exploration quarterly 139, N°2,
Published at the Fund’s Office, Londres, 1937- Février 2007.
Henri Gaubert :
– David et l’avènement de Jérusalem, Mame, Paris, 1965 – Hastings House New York, 1969.
Louis Ginzberg et Gabrielle Sed-Rajna :
– Les légendes des Juifs (5) : Josué, les Juges, Samuel et Saül, David, Salomon, Les Éditions du Cerf :
Institut A. de Rothschild, Paris, Août 2004.
Lore Groszmann Segal :
– The story of King Saul and King David, Schocken Books, New York, 1991.
Baruch Halpern :
– David’s secret demons : Messiah, murderer, traitor, King, W.B. Eerdmans, Grand Rapids, 2001-2003.
Jonathan Kirsch :
– King David : The real life of the man who ruled Israel, Ballantine, New York, 2000.
Baruch Halpern :
– David’s Secret Demons: Messiah, Murderer, Traitor, King, W.B. Eerdmans, Grand Rapids, 2001-2003.
Abraham Malamat :
– History of Biblical Israel : Major problems and minor issues, E.J.Brill, Leiden, Boston, 2001.
Steven L.McKenzie et Christian Wiese :
– König David : Eine biographie, De Gruyter, Berlin, 2002.
Paula M.McNutt :
– Reconstructing the society of ancient Israel, Westminster John Knox Press, Louisville, 1999.
Claude Moliterni et Jean-Marie Ruffieux :
– David et Salomon, Dargaud, Paris, 1986.
Stefan Ark Nitsche :
– König David : Sein Leben, seine Zeit, seine welt, Gütersloher Verl.-Haus,
Kaiser, Gütersloh, 2002.
Kurt L.Noll :
– The faces of David, Sheffield Academic Press, Sheffield, 1997.
Robert Pinsky :
– The life of David, Nextbook, Schocken, New York, 2005.
Thomas Römer et Loyse Bonjour :
– L’homosexualité dans le Proche-Orient ancien et la Bible, Labor et Fides, 2005 – En Espagnol,
La homosexualidad en el Cercano Oriente antiguo y la Biblia, Communidad teológica de México, México, 2007 – En Italien,
– L’omosessualità nella Bibbia e nell’antico Vicino Oriente, Claudiana, Torino, 2007.
Peter Schäfer :
– Histoire des Juifs dans l’antiquité, Paris, 1989.
Mordecai Schreiber :
– The shengold Jewish encyclopedia, Shengold Books, Rockville, 1998.
Jacob L.Wright :
– David, King of Israel, and caleb in Biblical memory, Cambridge University Press, New York, 2014.
|