Les grandes batailles de l’antiquité :
Bataille de Cynosséma –
Bataille d’Abydos –
Bataille de Cyzique
 

Nous avons besoin de vous

 

            Bataille  de  Cynosséma  hiver 411

 

Présentation

 
   La bataille de Cynosséma (ou Naumachia tēs Kynossema ou Cynossema “le tombeau du chien“, en Grec : Ναυμαχία της Κυνòς σμα) fut une bataille navale qui se déroula au cour de l’hiver 411 av.J.C., pendant la Guerre du Péloponnèse (431-404). Elle eut lieu au large de Cynosséma, dans la péninsule de Gallipoli, en Chersonèse de Thrace (Aujourd’hui détroit des Dardanelles). Elle fut une confrontation entre les flottes : Spartiate commandée par Mindaros (ou Mindarus † 410), et Athénienne commandée par Thrasybule (ou Thrasýboulos, en Grec : ΘρασύBουλος “courageux volontaire”, v.445-388) et Thrasylle (ou Thrasylos ou Thrasyllus, en Grec : Θράσυλλος) et vit une courte victoire de cette dernière.
 
   Cette victoire, arriva à un moment où le gouvernement démocratique traditionnel d’Athènes avait été remplacé par une oligarchie, et une défaite Athénienne aurait pu terminer la guerre et avoir un impact disproportionné par rapport à son importance tactique. Avec elle, la flotte Athénienne reprit confiance et remporta deux victoires successives dans l’Hellespont, la seconde étant la déroute dramatique à la bataille de Cyzique, qui mit fin à la menace Spartiate en mer Noire.

 

Le prélude

 
   Dans le sillage de la défaite d’Athènes dans l’expédition Sicilienne en 413, une petite flotte Spartiate commandée par Chalcideus, qui fut conseillé et assisté par Alcibiade (ou Alcibiades, 450-404, homme d’État et Général Athénien), réussit à provoquer des émeutes dans un certain nombre de villes Ioniennes appartenant à l’Empire Athénien. Après la révolte de la ville clef de Milet, le Satrape Perse Tissapherne (Satrape de Carie, v.413-395) conclut une alliance avec Sparte contre Athènes. Les Spartiates étaient réticents à défier les Athéniens en mer, et une flotte Athénienne réussit à reprendre plusieurs villes et assiégeant Chios pendant les derniers mois de 412 av.J.C.
 
   Cependant, en 411, de nouvelles rébellions à Rhodes et dans l’île d’Eubée, avec la capture d’Abydos et Lampsaque sur l’Hellespont par une partie d’une armée Péloponnésienne terrestre, forcèrent les Athéniens à disperser leurs forces pour faire face aux différentes menaces. La flotte Spartiate put alors se déplacer librement en mer Égée et profita de sa supériorité retrouvée pour lever le blocus de Chios et contenir la flotte Athénienne en mer Égée à Samos. Toutefois, en réussissant à retirer leurs navires de l’Hellespont bloqués à Samos, les Athéniens rétablirent rapidement leur supériorité navale en mer Égée, mais ce faisant, ils ouvrirent la porte à Sparte pour déplacer le théâtre des opération.
 
   En conséquence, à la fin de Juillet, le Commandant Spartiate Clearchus fit une tentative pour essayer d’atteindre l’Hellespont en traversant la flotte Athénienne avec 40 navires. Mais ceux-ci furent refoulés par une tempête et seulement 10 navires purent atteindre l’Hellespont, sous le commandement du Général Mégarien Helixus (ou Helixos), qui déclencha des révoltes à Byzance, Chalcédoine et dans d’autres villes importantes. Quelques mois plus tard, le nouvel Amiral (ou Navarque) Spartiate Mindaros (ou Mindarus, † 410), après avoir décidé que les promesses de soutien faites par le Satrape Perse de l’Hellespont et de Phrygie, Pharnabaze, étaient plus prometteuses que celles de Tissapherne de Carie, réussit à se glisser avec toute sa flotte entre la flotte Athénienne. Puis il rejoignit les navires Péloponnésiens opérant déjà dans l’Hellespont et établit sa base à Abydos, forçant la petite flotte Athénienne cantonnée à Sestos (ou Sêstós, ville de Chersonèse de Thrace située à l’endroit le plus étroit des Dardanelles) à fuir avec des pertes faibles dans les îles au Nord de la mer Égée d’Imbros (ou Gökçeada ou İmroz ou İmvros) et Lemnos (ou Límnos).

 

Le déroulement

 
   Avec une flotte Péloponnésienne substantielle opérant dans l’Hellespont, la route commerciale cruciale pour l’approvisionnement en grain d’Athènes était compromise et la flotte Athénienne n’eut pas d’autre choix que de poursuivre l’Amiral (ou Navarque) Spartiate Mindaros (ou Mindarus, † 410). En conséquence, Thrasybule (ou Thrasýboulos, en Grec : ΘρασύBουλος, v.445-388), assumant le commandement général, conduisit la flotte Athénienne à Éléonte (ou Elaioũs), cité de Chersonèse sur la pointe de la péninsule de Gallipoli, où les Athéniens passèrent cinq jours à se préparer pour défier avec leurs 76 navires les 86 navires Spartiates à Abydos. La flotte Athénienne navigua en colonne dans l’Hellespont, en suivant la rive Nord, alors que les Spartiates partaient d’Abydos par la rive Sud.
 

  Lorsque les Athéniens arrivèrent au promontoire de Cynosséma, les Spartiates attaquèrent. Leur plan était de déborder le flanc droit d’Athènes et de piéger sa flotte dans l’Hellespont en forçant son centre à accoster sur Cynosséma. Le plan fonctionna et le centre Athénien, commandé par Thrasylle (ou Thrasylos ou Thrasyllus, en Grec : Θράσυλλος), s’échoua rapidement et fut immobilisé sur la côte de Cynosséma. Le flanc gauche, assaillit par des navires Syracusains et incapable de voir le reste de la flotte en raison du promontoire, ne pouvait pas aider.
 
   Pendant ce temps, Thrasybule quant à lui, sur le flanc droit, fut en mesure d’éviter l’encerclement par l’extension de sa ligne vers l’Ouest. Cependant, ce faisant, ce mouvement lui fit perdre le contact avec le centre de la formation. Avec les Athéniens divisés et une partie importante de leur flotte inapte au combat, une victoire Spartiate semblait assurée.

   À ce moment critique, cependant, la ligne du Péloponnèse commença à se désordonner lorsque les navires cassèrent leur formation pour poursuivre individuellement les navires Athéniens. Voyant cela, Thrasybule tourna ses navires brusquement et attaqua l’aile gauche Spartiate. Après avoir atteint ces navires, l’Athénien avança sur le centre Péloponnésien. Il le trouva dans un état de désorganisation total, ce qui lui permit de l’attaquer rapidement et de le mettre en déroute.
 
   Les Syracusains sur le flanc droit, voyant fuir le reste de leur flotte, abandonnèrent leur attaque sur l’aile gauche Athénienne et s’enfuirent également. L’étroitesse du détroit, assurait normalement aux Péloponnésiens un chemin court à parcourir pour retrouver leur sécurité et espérer limiter les dégâts. Cependant, à la fin de la journée, la flotte Athénienne avait capturé 21 navires Spartiates contre 15 qu’ils avaient perdus lors du début de la confrontation contre les Péloponnésiens.

 
   Pour commémorer leur victoire, les Athéniens mirent en place un trophée sur Cynosséma. Puis, ils allèrent s’installer à Sestos (ou Sêstós, ville de Chersonèse de Thrace située à l’endroit le plus étroit des Dardanelles), tandis que les reste de la flotte Péloponnésienne retournaient à Abydos. Quelques jours après la bataille, ils dépêchèrent un petit détachement à Cyzique (ou Kyzikos, sur la Propontide, en Mysie, dans la province actuelle de Balıkesir en Turquie), pour reprendre la ville et selon Thucydide (ou Thucydides, homme politique et historien Athénien, 484-v.425), huit trirèmes qu’ils trouvèrent sur le chemin.
 
   Toujours selon l’auteur, ils envoyèrent un messager à Athènes où l’inattendu du succès dans cette bataille restaura la confiance du peuple dans l’effort de guerre. Donald Kagan a souligné également l’effet que cette victoire eut sur les Athéniens. Forcés de se battre dans des conditions fixées par ses ennemis, à un moment où la ville ne disposait pas des ressources pour construire une nouvelle flotte, les Athéniens auraient perdu la guerre à Cynosséma. À la place, ils obtinrent une victoire qui leur permit de continuer à se battre.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Richard Crawley :
Complete writings : The Peloponnesian war de Thucydides, Modern Library, New York, 1951.
Nic Fields :
The Spartan way, Pen and Sword, Havertown, 2013.
Donald Kagan :
The Peloponnesian War, Viking, New York, 2003.
Fred Eugene Ray :
Land battles in 5th century B.C. Greece : A history and analysis of 173 engagements, McFarland, Jefferson, 2009 – 2011.
Denis Roussel :
La guerre du Péloponnèse, Le Livre de poche, Paris, 1964, 1966.
Rex Warner :
History of the Peloponnesian war of Thucydides, Penguin Books, Harmondsworth, Baltimore, 1972.

 

 

         Bataille  d’Abydos 

Novembre
411

 

Présentation

 
   La bataille navale d’Abydos (ou Naumachia tēs Abudos, en Grec : Ναυμαχία της Αβύδου) se déroula en Novembre 411 av.J.C, au cours de la Guerre du Péloponnèse (431-404). Elle eut lieu près d’Abydos, dans le Hellespont sur sa rive asiatique, à son point le plus étroit, aujourd’hui Nagara-Bouroun. Elle fut une confrontation entre la flotte Spartiate, sous le commandement de l’Amiral (ou Navarque) Mindaros (ou Mindarus † 410), qui était partie porter secours à une flottille alliée piégée par les Athéniens dans le détroit des Dardanelles et Athénienne, et vit la victoire de cette dernière. La durée des combats est assez contestée, ce que l’on peut dire c’est que la bataille fut acharnée pendant plusieurs heures avant que l’arrivée de 18 navires Athéniens, commandés par Alcibiade (ou Alcibiades ou Alkibiadês Kleiniou Scambônides, en Grec : ‘Aλκιβιάδης Κλεινίου Σκαμβωνίδης), 450-404), ne fassent pencher la balance de leur côté. Les Péloponnésiens durent battre en retraite sur leur base navale d’Abydos, mais subirent de lourdes pertes.


 

Buste d’Alcibiade – Musée du
Capitole – Rome

 
Le prélude

 
   Après la victoire d’Athènes à la bataille de Cynosséma, la flotte Athénienne établit une base à Sestos (ou Sêstós, ville de Chersonèse de Thrace située à un des endroits les plus étroits des Dardanelles), d’où elle pouvait répondre rapidement à tout mouvement de la flotte Spartiate basée à Abydos. Les deux parties attendaient des renforts. L’Amiral (ou Navarque) Spartiate, Mindaros (ou Mindarus † 410) convoqua son allié le Commandant Syracusain Dorieus de Rhodes (ou Dorieu, en Grec : Δωριεύς, v.450-v.395), avec ses 14 navires, pour le rejoindre à Abydos, dans l’espoir de mettre fin à la Guerre avec une victoire décisive.
 
   Dorieus, navigua du Nord de Rhodes vers l’Hellespont, cependant, avant d’arriver à Abydos, il fut pris dans une tempête automnale, il fut repéré par les Athéniens et attaqué par 20 de leurs navires et conduit à terre. Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355) rapporte qu’il fut piégé à Rhoiteion (ou Rhoeteum, en Grec : ‘Pοίτειον,) qui était une ville Grecque dans le Nord de la Troade, tandis que Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30) rapporte l’emplacement à Dardani (ou Dardanus, en Grec : Δάρδανος, dans la province Turque actuelle de Çanakkale) sur la rive asiatique de l’Hellespont. Donald Kagan suggère que Dorieus fut conduit à terre à Rhoiteion (ou Rhoeteum), puis réussit à avancer un peu plus loin vers Abydos, avant d’être pris au piège une deuxième fois à Dardani (ou Dardanus).
 
   Lorsqu’il apprit la situation critique de Dorieus de Rhodes, Mindaros (ou Mindarus) se hâta de partir de Troie, où il avait fait un sacrifice à la Déesse Athéna, en direction d’Abydos, tandis que le Satrape Perse Tissapherne (Satrape de Carie, v.413-395), son allié, apportait son armée pour soutenir Dorieus à terre. Mindaros (ou Mindarus) conduisit ses navires hors d’Abydos pour lui aussi porter secours à Dorieus. Les Athéniens, en observant cela, quittèrent leur base de Sestos pour le défier.

 

Le déroulement

 
   L’Amiral (ou Navarque) Spartiate, Mindaros (ou Mindarus † 410), après avoir rejoint les forces de Dorieus de Rhodes (ou Dorieu, v.450-v.395), se retrouva avec une flotte de 97 navires sous son commandement, la flotte Athénienne comprenait 74 navires. À l’approche de ces derniers, les Spartiates s’alignèrent, pour la bataille, dos à la rive asiatique de l’Hellespont, avec Mindaros (ou Mindarus) commandant l’aile droite et les Syracusains de Dorieus tenant l’aile gauche. L’aile droite de la flotte Athénienne en face d’eux était sous le commandement de Thrasybule (ou Thrasýboulos, en Grec : ΘρασύBουλος, v.445-388) et Thrasylle (ou Thrasylos ou Thrasyllus, en Grec : Θράσυλλος) commandait la gauche.
 

  La bataille dans le détroit, avec son fort courant, nécessitait la plus grande habileté de la part des équipages, ce qui donnait un avantage aux Athéniens, plus inexpérimentés que les Péloponnésiens. La bataille commença avec un signal provenant des commandants et un combat équilibré suivit. Les navires s’entrechoquèrent, les marins des uns essayant d’atteindre et d’assommer ceux des trirèmes ennemies avec leurs rames, tandis que d’autres se battaient sur les ponts. À cela il fallait ajouter les archers du Satrape Perse Tissapherne (Satrape de Carie, v.413-395), allié aux Péloponnésiens, qui venant de rejoindre le champs de bataille mais par la terre, envoyaient des volées de flèches sur les navires Athéniens de passage près de la rive.

  La journée avançait et malgré les heures qui passaient aucune des deux parties ne put obtenir un avantage décisif. Personne n’était en mesure de l’emporter jusqu’à ce qu’Alcibiade (ou Alcibiades, 450-404, homme d’État et Général Athénien), venant de Samos, apparut avec 18 trirèmes. Dans un premier temps, les deux flottes crurent que les renforts étaient les leurs, mais comme Alcibiade approchait, il hissa un drapeau rouge, signal convenu pour avertir les Athéniens que les navires étaient les leurs. Comprenant cela, la flotte Spartiate quitta la bataille et fuit vers Abydos, mais elle eut de lourdes pertes au cours du voyage, harcelée par les Athéniens. Ces derniers capturèrent 30 navires Spartiates et en récupérèrent 15 des leurs que les Spartiates avaient pris à la bataille de Cynosséma.

 
   Finalement, dans le sillage de cette grave défaite, Mindaros (ou Mindarus) et la flotte Spartiate gagnèrent Abydos pour réparer. Il envoya à Sparte une demande de renfort et passa des accords avec un autre Satrape Perse Pharnabaze (Satrape de l’Hellespont et de Phrygie), en prévision de futures campagnes. Ce dernier mit à sa disposition son infanterie et sa cavalerie pour le protéger. Les Athéniens, furent incapables de profiter de l’avantage qu’ils avaient gagné. Avec leur faible trésorerie et une crise en cours dans l’île d’Eubée, qui était en révolte, ils ne purent maintenir leur flotte dans l’Hellespont, et durent dépêcher 30 navires sous les ordres de Théramène (En Grec : Θηραμένς, homme politique Athénien, †404 av.J.C) pour attaquer les rebelles sur Eubée.
 
   Peu de temps après la bataille, le Satrape Tissapherne arriva d’Ionie. Alcibiade navigua pour le rencontrer, lui apportant des cadeaux. Cependant, il avait mal évalué la situation. Les Spartiates se plaignirent au Roi de Perse du soutien tiède reçu par Tissapherne et de son accueil à Alcibiade. Le Satrape, ayant besoin de démontrer son engagement à son souverain, fit arrêter Alcibiade et l’emprisonna à Sardes (En Lydie). Celui-ci réussit toutefois à s’échapper un mois après.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Richard Crawley :
Complete writings : The Peloponnesian war de Thucydides, Modern Library, New York, 1951.
Nic Fields :
The Spartan way, Pen and Sword, Havertown, 2013.
Donald Kagan :
The Peloponnesian War, Viking, New York, 2003.
Fred Eugene Ray :
Land battles in 5th century B.C. Greece : A history and analysis of 173 engagements, McFarland, Jefferson, 2009 – 2011.
Denis Roussel :
La guerre du Péloponnèse, Le Livre de poche, Paris, 1964, 1966.
Rex Warner :
History of the Peloponnesian war of Thucydides, Penguin Books, Harmondsworth, Baltimore, 1972.

 

 

      Bataille  de  Cyzique

Printemps
410

 

Présentation

 
   La bataille de Cyzique (ou Naumachia tēs Kyzikos, en Grec : Ναυμαχία της Κυζίκου) fut une bataille qui se déroula au printemps 410 av.J.C, au cours de la Guerre du Péloponnèse (431-404). Elle eut lieu près de Cyzique située sur la Propontide (Mer de Marmara), en Mysie, dans la province actuelle de Balıkesir en Turquie. Plus précisément sur la côte de la péninsule actuelle de Kapıdağ (L’antique Arktonnesos ou Arctonnesus ou Arcotoneso). Dans cette bataille, une flotte Athénienne commandée par Alcibiade (ou Alcibiades ou Alkibiadês Kleiniou Scambônides, en Grec : ‘Aλκιβιάδης Κλεινίου Σκαμβωνίδης), 450-404), Thrasybule (ou Thrasýboulos, en Grec : ΘρασύBουλος “courageux volontaire”, v.445-388) et Théramène (En Grec : Θηραμένς, † 404) détruisit complètement une flotte commandée par l’Amiral (ou Navarque) Spartiate Mindaros (ou Mindarus † 410). La victoire d’Athènes permit à cette dernière de récupérer le contrôle sur un certain nombre de villes de l’Hellespont au cours de l’année suivante. À la suite de leur défaite, les Spartiates firent une offre de paix, qui fut rejetée par les Athéniens.
 

Le prélude

 
   Dans le sillage de la victoire Athénienne à la bataille d’Abydos en Novembre 411, l’Amiral (ou Navarque) Spartiate Mindaros (ou Mindarus † 410) envoya à Sparte une demande de renforts et prépara une nouvelle offensive en collaboration avec le Satrape Perse Pharnabaze (Satrape de l’Hellespont et de Phrygie), son allié. Dans le même temps, les Athéniens, eux, furent incapables de profiter de l’avantage qu’ils avaient gagné avec leur victoire. Avec leur faible trésorerie et une crise en cours dans l’île d’Eubée, qui était en révolte, ils ne purent maintenir leur flotte dans l’Hellespont, et durent dépêcher 30 navires sous les ordres de Théramène (En Grec : Θηραμένς, homme politique Athénien, †404 av.J.C) pour attaquer les rebelles sur Eubée.
 
   Au printemps 410, Mindaros (ou Mindarus) avait reconstruit une flotte de 80 navires et, avec le soutien des troupes de Pharnabaze, assiégea et prit la cité de Cyzique. La flotte Athénienne dans le Hellespont se retira alors de sa base à Sestos (ou Sêstós, ville de Chersonèse de Thrace située à l’endroit le plus étroit des Dardanelles) et gagna Cardia (ou Cardie ou Kardia) située sur le golfe Mélas (actuel golfe de Saros en Chersonèse de Thrace) pour éviter la force Spartiate supérieure en nombre. Là elle retrouva les navires sous les commandements d’Alcibiade (ou Alcibiades ou Alkibiadês Kleiniou Scambônides, en Grec : ‘Aλκιβιάδης Κλεινίου Σκαμβωνίδης), 450-404), Thrasybule (ou Thrasýboulos, en Grec : ΘρασύBουλος “courageux volontaire”, v.445-388) et Théramène (En Grec : Θηραμένς, † 404), qui avaient été envoyés pour recueillir des fonds, et qui furent combinés avec elle, créant ainsi une armada de 86 trirèmes. Cette flotte, qui embarquait également une force terrestre commandée par Chéréas (ou Chaerea, en Grec : Χαιρέαν), entra dans l’Hellespont pour défier Mindaros (ou Mindarus).

 

Le déroulement

 
   En ce qui concerne le début de la bataille les sources en notre possession sont assez incohérentes. La flotte Athénienne dépassa la base Spartiate d’Abydos de nuit afin de dissimuler son nombre et établit une base sur l’île de Marmara (ou Proconnèse ou Proikónnêsos), au Nord-ouest de Cyzique. Le jour suivant, la flotte débarqua les hommes de Chéréas près de cette dernière.
 

    Selon Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30), les Généraux Athéniens divisèrent leur flotte en trois parties entre Alcibiade (ou Alcibiades), Thrasybule (ou Thrasýboulos) et Théramène. Alcibiade, avec 20 navires se détacha de la force principale et avança en direction de Cyzique, provoquant les Spartiates dans la bataille, tandis que deux autres divisions restaient à l’arrière. Mindaros (ou Mindarus), pensant que devant lui arrivaient toute la flotte Athénienne, vit là une occasion d’attaquer ce qui lui apparaissait comme une force largement inférieure en nombre et il avança contre elle avec ses 80 trirèmes. Les navires d’Alcibiade firent alors demi-tour et laissèrent l’impression qu’ils prenaient la fuite. Le plan marcha et ils furent immédiatement pris en chasse par les Péloponnésiens.

      Lorsque les deux flottes furent loin de Cyzique, Alcibiade fit face à Mindaros (ou Mindarus) alors que les navires de Thrasybule (ou Thrasýboulos) et Théramène arrivaient dans son dos pour lui couper la retraite. Midaros (ou Mindarus) comprenant le piège, fuit vers une plage au Sud de Cyzique, où les troupes de son allié, le Satrape Perse Pharnabaze, étaient situées. La flotte Spartiate subit quelques pertes lors du combat et atteignit le rivage avec les Athéniens juste derrière elle. Les troupes d’Alcibiade, menant la poursuite, débarquèrent et tentèrent de ramener les navires Spartiates en mer à l’aide de grappins. L’armée de Pharnabaze sur la rive entra alors dans le combat et commença à repousser les Athéniens qui étaient en infériorité numérique.

 
   Voyant cela, Thrasybule (ou Thrasýboulos) débarqua ses hommes pour créer une diversion et ordonna à Théramène de combiner ses forces avec celles commandées par Chéréas (ou Chaerea, en Grec : Χαιρέαν) et de se joindre à la bataille. Pendant un certain temps, Thrasybule (ou Thrasýboulos) et Alcibiade (ou Alcibiades) durent reculer, mais l’arrivée de Théramène et de Chéréas (ou Chaerea), changea le cours de la bataille. Les Spartiates et les Perses furent vaincus et Mindaros (ou Mindarus) fut tué. Tous les navires Spartiates furent pris, sauf ceux des Syracusains alliés, qui y mirent le feu dans la retraite.
 
   Une autre version du début des faits nous est donnée par Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355). Selon l’auteur Alcibiade naviguait vers Cyzique sous une pluie battante et lorsque le temps se dégagea, il vit que Mindaros (ou Mindarus), faisait des manœuvres loin du port. Selon Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), le temps pluvieux profita seulement aux Athéniens, plus près de Cyzique, qui firent ensuite leur manœuvre décrite par Diodore de Sicile. Selon l’historien Robert J.Littman, il est peu probable que Mindaros (ou Mindarus) effectua des manœuvres loin du port et par temps de pluie. Il doute également qu’Alcibiade se trouvait entre la flotte Spartiate et le port. Il dit qu’Alcibiade vint avec 40 navires sous la pluie, qui le cachait du port où était la flotte ennemie.

 

   La version de Xénophon est probablement basée sur le fait qu’il était au courant des événements avant la bataille, mais mal représentés dans leurs déroulements. Les informations de Frontin (ou Sextus Iulius Frontinus, écrivain militaire Romain, v.35/40-103) permettent de préciser que la majeure partie de la flotte Athénienne était cachée derrière le cap à une distance considérable de Cyzique et Alcibiade tourna ses trirèmes contre l’ennemi. Simultanément les deux autres escadrons coupèrent la retraite à Mindaros (ou Mindarus) qui réalisa qu’il était tombé dans une embuscade. À la suite de cette victoire, les Athéniens prirent le contrôle total des eaux de l’Hellespont. Le lendemain, ils reprirent Cyzique, qui se rendit sans combat.

   Démoralisés par la destruction de leur flotte, Mindaros (ou Mindarus) mort et les hommes affamés, les Spartiates envoyèrent une Ambassade à Athènes pour demander la paix. Les Athéniens rejetèrent cette offre. Dans la ville, le gouvernement oligarchique, qui avait régné depuis 411, céda la place à une démocratie restaurée quelques mois après la bataille. Une force expéditionnaire commandée par Thrasylle Thrasylle (ou Thrasylos ou Thrasyllus, en Grec : Θράσυλλος) était prête à rejoindre les forces de l’Hellespont. Cette armée, toutefois, quitta Athènes seulement un an après la bataille et, même si les Athéniens finirent par reprendre Byzance et par obtenir que Chalcédoine leur paye un tribut, ils ne profitèrent jamais vraiment de l’avantage que la bataille de Cyzique leur avait donné.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Antony Andrewes :
Notion and Kyzikos: The sources compared, pp : 15-25, The Journal of Hellenic Studies 102, 1982.
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Richard Crawley :
Complete writings : The Peloponnesian war de Thucydides, Modern Library, New York, 1951.
Nic Fields :
The Spartan way, Pen and Sword, Havertown, 2013.
Donald Kagan :
The Peloponnesian War, Viking, New York, 2003.
Robert J.Littman :
The strategy of the battle of Cyzicus, pp : 265-272, Transactions and Proceedings of the American Philological Association 99, 1968.
Fred Eugene Ray :
Land battles in 5th century B.C. Greece : A history and analysis of 173 engagements, McFarland, Jefferson, 2009 – 2011.
Denis Roussel :
La guerre du Péloponnèse, Le Livre de poche, Paris, 1964, 1966.
Simon Verdegem :
Plutarch’s life of Alcibiades : Story, text and moralism, Leuven University Press, Leuven, 2010.
Rex Warner :
History of the Peloponnesian war of Thucydides, Penguin Books, Harmondsworth, Baltimore, 1972.

  

 

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