Les grandes batailles de l’antiquité :
Bataille de Notion –
Bataille des îles Arginuses –
Bataille d’Aigos Potamos
 

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                Bataille  de  Notion  Printemps
407

 

Présentation

 
   La bataille de Notion (ou Notium ou Naumachia tēs Notion, en Grec : Ναυμαχία της Νότιον "Sud") fut une bataille navale au cour de la Guerre du Péloponnèse (431-404) qui se déroula au printemps 407 av.J.C. (Date supposée, d’autres dates sont proposées en fonction des spécialistes : Fin de l’été 407, l’automne 407 ou le printemps 406). On lui trouve aussi quelques fois le nom de bataille d’Éphèse. Elle eut lieu au large de Notion (ou Notium), ville d’Ionie proche d’Éphèse. Elle fut une confrontation entre la flotte Spartiate, soutenue par les Perses, et commandée par l’Amiral (ou Navarque) Lysandre (ou Lýsandros, en Grec : Λύσανδρος, †395) et la flotte Athénienne commandée par Alcibiade (ou Alcibiades ou Alkibiadês Kleiniou Scambônides, en Grec : ‘Aλκιβιάδης Κλεινίου Σκαμβωνίδης, 450-404) qui fut un homme d’État, un orateur et un Général Athénien, et vit la défaite de cette dernière.
 
   Alcibiade avait été envoyé par Athènes en Asie avec 100 navires, 1.500 hoplites et 150 cavaliers et débarqua sur l’île d’Andros. À terre, il battit les troupes Spartiates, mais ne prit pas la ville. Il dut ensuite partir. Selon certains spécialistes en Carie pour trouver l’argent nécessaire afin de payer ses soldats, pour d’autres aider un de ses Commandant Thrasybule (ou Thrasýboulos, en Grec : ΘρασύBουλος, v.445-388), dans le siège de Phocée (ou Phocaea). En son absence, un de ses Commandants, Antiochos (ou Antiochus, en Grec : ‘Aντίοχος, †407) en dépit des ordres formels d’Alcibiade, provoqua la flotte ennemie. Lysandre, largement alimentée en hommes et matériel par les Perses, le battit facilement, avec seulement quelques trirèmes. Antiochos (ou Antiochus) fut tué et 15 navires et de nombreux Athéniens furent pris.

 

Le prélude

 
   En 407 av.J.C, Lysandre (ou Lýsandros, en Grec : Λύσανδρος, †395) fut nommé Amiral (ou Navarque) de la flotte Spartiate en remplacement de Mindaros (ou Mindarus) décédé à la bataille de Cyzique (Printemps 410). Lysandre rassembla une flotte et navigua vers l’Est de la mer Égée, de Sparte à Éphèse où il établit sa base. Il avait avec lui 70 trirèmes, chiffre qu’il porta à 90 grâce à de gros efforts de construction navale fait dans la ville en peu de temps. À Éphèse, il établit des relations diplomatiques avec Cyrus le Jeune (v.424-401), un Prince Perse Gouverneur des provinces maritimes d’Asie. Lysandre construisit une véritable amitié personnelle avec lui et le Prince accepta de lui donner des fonds, de sa propre bourse, pour augmenter le salaire des rameurs Spartiates et les rendre ainsi plus motivés et plus performants. Avec ce financement accru, Lysandre put même attirer des rameurs expérimentés débauchés dans la flotte Athénienne.
 
   Le Commandant de la flotte Athénienne, Alcibiade (ou Alcibiades ou Alkibiadês Kleiniou Scambônides, en Grec : ‘Aλκιβιάδης Κλεινίου Σκαμβωνίδης, 450-404) était forcé de déclencher une bataille avec Lysandre et il menna sa flotte, une centaine de navires, au large de Notion (ou Notium), ville d’Ionie proche d’Éphèse, d’où il pouvait surveiller de près la flotte Spartiate. Toutefois, il ne réussit pas à provoquer suffisamment Lysandre pour que ce dernier se lance dans le conflit. Là on trouve deux versions, la première, Alcibiade partit en Carie pour trouver l’argent nécessaire afin de payer ses soldats. Une autre, il navigua au Nord avec quelques navires pour aider un autre Commandant Athénien, Thrasybule (ou Thrasýboulos, en Grec : ΘρασύBουλος, v.445-388), dans le siège de Phocée (ou Phocaea) une ville Ionienne, sur la côte Ouest de l’Asie Mineure.
 
   Quoi qu’il en fut, après son départ, la majeure partie de sa flotte, soit environ 80 navires, resta derrière lui cantonnée à Notion (ou Notium). Traditionnellement son commandement aurait dû être donné à plusieurs Généraux, ou au moins à des Triérarques, mais Alcibiade prit la décision non conventionnelle, largement critiquée par les auteurs anciens et modernes, de le donner au Commandant Antiochos (ou Antiochus, en Grec : ‘Aντίοχος, †407). Le seul ordre laissé par Alcibiade à ce dernier était de ne surtout pas provoquer ou attaquer Lysandre pendant son absence. Cependant, pour une raison quelconque, Antiochos (ou Antiochus) choisit de ne pas obéir à cet ordre et tenta de mettre en œuvre un stratagème, qu’il pensait, donnerait aux Athéniens une victoire.

 

Le déroulement

 
   On ne sait pas vraiment pour quelle raison Antiochos (ou Antiochus), décida de ne pas obéir aux ordres de son Commandant Alcibiade (ou Alcibiades), mais ce dernier partit, il décida de mener sa propre bataille. Il avait prévu quelques navires pour réaliser ce qu’il pensait être un piège fatal pour les Spartiates dans une escarmouche victorieuse pour les Athéniens. Pour cela, après avoir fixé l’ensemble de la flotte Athénienne prête au combat, il conduisit seulement ses dix meilleurs trirèmes vers Éphèse, cherchant à tirer les Spartiates au combat, lui-même ayant le rôle de l’appât. Son plan était d’amener les Péloponnésiens à la poursuite de sa petite force, après quoi le reste de la flotte Athénienne en embuscade les écraserait. Ce plan était très semblable à celui qui avait donné la victoire Athénienne à la bataille de Cyzique, mais les conditions à Notion (ou Notium) étaient tout à fait différentes de celles de cette bataille.
 

  L’Amiral (ou Navarque) Spartiate Lysandre (ou Lýsandros, en Grec : Λύσανδρος, †395) ne mordit pas l’hameçon et ne mit en mer qu’un petit nombre de vaisseaux avec lesquels il donna la chasse à Antiochos (ou Antiochus). Trois de ses navires les plus rapides rejoignirent l’arrière de la petite flotte d’Antiochos (ou Antiochus) qu’ils attaquèrent et ils détruisirent deux des 10 bateaux Athéniens.
 
   Les huit autres navires se précipitèrent pour aider, mais ne purent l’emporter, car lorsqu’il vit les Athéniens venir au secours d’Antiochos (ou Antiochus), Lysandre dirigea sur eux toute sa flotte rangée en bataille. Cette manœuvre provoqua la panique chez les Athéniens et la flotte restée au large de Notion (ou Notium) prit la fuite. Lysandre engagea ainsi la bataille navale, les Lacédémoniens en bon ordre et les Athéniens avec leurs vaisseaux dispersés avec un manque total de coordination.

  Ce fut dans cette panique qu’Antiochos (ou Antiochus) fut tué. Dans les combats qui suivirent, les Athéniens perdirent 15 trirèmes et en eurent 7 autres capturées et eurent beaucoup d’hommes fait prisonnier. La supériorité numérique des Athéniens fut compensée par une meilleure stratégie de Lysandre. Après avoir remporté une victoire inattendue celui-ci retourna à Éphèse emmenant avec lui les vaisseaux pris. Les Athéniens retournèrent à Notion (ou Notium) pour se regrouper.
 
   Après avoir reçu des nouvelles de la bataille, Alcibiade (ou Alcibiades) leva le siège de Phocée et revint au Sud pour renforcer la flotte à Notion (ou Notium) et rétablir une parité numérique approximative entre les deux flottes. Il fit des tentatives pour attirer Lysandre dans une nouvelle confrontation, mais qui furent infructueuses et les deux flottes restèrent face à face à s’observer.

 
   Très rapidement, la défaite de Notium causa la chute complète d’Alcibiade (ou Alcibiades), qui paradoxalement, n’avait pas combattu. Il fut accusé d’abandon de poste et d’avoir négocié en secret avec les Perses et les Spartiates. Il fut désavoué et démis de ses fonctions de Stratège et de Commandant. Craignant pour sa vie, il rejoignit les Perses et se réfugia en Phrygie. Les commandements des deux flottes changèrent de mains après Notion (ou Notium). Lysandre fut remplacé par Callicratidas (ou Callicratidès ou Kallikratidas, en Grec : Καλλικρατίδας, †406) et du côté Athénien, la chute d’Alcibiade (ou Alcibiades) ramena ses amis Thrasybule (ou Thrasýboulos, en Grec : ΘρασύBουλος, v.445-388) et Théramène (En Grec : Θηραμένς, †404 av.J.C), et le commandement global fut donné à Conon (En Grec : Κόνων, Général, 444-390). Au cours des années suivantes, les flottes allaient s’affronter de nouveau, comme à la bataille des îles Arginuses.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
  
Antony Andrewes :
Notion and Kyzikos: The sources compared, pp : 15-25, The Journal of Hellenic Studies 102, 1982.
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Richard Crawley :
Complete writings : The Peloponnesian war de Thucydides, Modern Library, New York, 1951.
Nic Fields :
The Spartan way, Pen and Sword, Havertown, 2013.
Donald Kagan :
The Peloponnesian War, Viking, New York, 2003.
Fred Eugene Ray :
Land battles in 5th century B.C. Greece : A history and analysis of 173 engagements, McFarland, Jefferson, 2009 – 2011.
Denis Roussel :
La guerre du Péloponnèse, Le Livre de poche, Paris, 1964, 1966.
Simon Verdegem :
Plutarch’s life of Alcibiades : Story, text and moralism, Leuven University Press, Leuven, 2010.
Rex Warner :
History of the Peloponnesian war of Thucydides, Penguin Books, Harmondsworth, Baltimore, 1972.

 

 

           Bataille  des  îles  Arginuses 

Juillet 406

 

Présentation

 
   La bataille navale des îles Arginuses (ou Naumachia tēs Arginusae, en Grec : Ναυμαχία της Αργινουσών) fut l’un des derniers grands épisodes de la Guerre du Péloponnèse (431-404). Elle se déroula en Juillet 406 av.J.C. Elle eut lieu en mer Égée, au large à l’Est de l’île de Lesbos, face aux petites îles Arginuses qui bordent à cet endroit la côte de l’actuelle Turquie. La flotte Athénienne, commandée par huit Stratèges, y défit la flotte Spartiate dirigée par Callicratidas (ou Callicratidès, en Grec : Καλλικρατίδας, Amiral (ou Navarque) Spartiate, Juillet 406). La bataille avait été précédée par une victoire Spartiate qui avait conduit la flotte Athénienne, sous le commandement de Conon (Général Athénien, 444-390), à trouver refuge à Mytilène. Les Athéniens avaient rassemblé une force partant de zéro, composée en grande partie de navires nouvellement construits et dirigés par des équipages inexpérimentés pour lui porter secours.
 

Représentation de trière Grecque

   Cette flotte inexpérimentée était donc tactiquement inférieure aux Spartiates, mais ses Commandants furent en mesure de contourner ce problème en utilisant de nouvelles tactiques, qui permirent aux Athéniens d’assurer une victoire inattendue. La nouvelle de la victoire fut accueillie avec jubilation à Athènes, et le peuple reconnaissant vota pour accorder la citoyenneté aux esclaves et Métèques qui avaient combattu dans la bataille.
 
   Cette victoire Athénienne se solda néanmoins par des conséquences tragiques, puisque les Généraux victorieux furent condamnés à mort par les Athéniens pour avoir négligé, à la suite d’une tempête, de recueillir et de ramener dans la cité les corps de 25 Athéniens naufragés. À Sparte, les traditionalistes qui avaient soutenu Callicratidas se pressèrent de vouloir faire la paix avec Athènes. Ce parti envoya une délégation à Athènes pour faire une offre de paix. Les Athéniens, cependant, rejetèrent l’offre, et Lysandre (ou Lýsandros, en Grec : Λύσανδρος, Homme politique et Amiral (ou Navarque) Spartiate, †395) partit en mer Égée pour prendre le commandement de la flotte pour le reste de la guerre.

 

Contexte et prélude

 
   En 406 Callicratidas (ou Callicratidès, en Grec : Καλλικρατίδας, Amiral (ou Navarque) Spartiate, Juillet 406) fut nommé Amiral (ou Navarque) de la flotte Spartiate, en remplacement de Lysandre (ou Lýsandros, en Grec : Λύσανδρος, Homme politique et Amiral (ou Navarque) Spartiate, † 395). Callicratidas était un Spartiate traditionaliste, méfiant de l’influence que les Perses avaient sur sa cité et il n’hésitait pas à demander le soutien du Prince Perse Cyrus le Jeune (v.424-401) en lutte pour le pouvoir contre son frère Artaxerxès II (404-359), qui fut un fervent partisan de Lysandre. Ainsi, Callicratidas, pour rester le maximum indépendant, fut forcé de monter sa flotte en recherchant un financement auprès des alliés de Sparte parmi les villes Grecques de la région. De cette façon, il rassembla une flotte de quelque 140 trirèmes.
 

  Selon Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355), Conon (Général Athénien, 444-390), quant à lui, Commandement de la flotte Athénienne à Samos, ne put, du fait de problèmes avec le moral de ses marins, utiliser seulement que 70 sur plus de 100 trirèmes qu’il avait en sa possession. Callicratidas, une fois qu’il eut assemblé sa flotte, navigua vers Méthymne (ou Methymna, en Grec : Μήθυμνα), sur la côte Nord de l’île de Lesbos, qu’il assiégea et prit d’assaut.
 
   Il pouvait dès lors se servir de la cité comme base pour prendre le reste de l’île, ce qui lui ouvrit la voie pour déplacer sa flotte vers l’Hellespont, qu’il lui fallait contrôler car c’était un point principal de la route d’acheminement du grain pour l’alimentation d’Athènes. Afin de défendre Lesbos Conon fut contraint de déplacer sa flotte, numériquement inférieure, de Samos vers des îles près de Méthymne (ou Methymna). Lorsque Callicratidas l’attaqua, avec une flotte maintenant de 170 navires, Conon fuit à Mytilène, où il fut bloqué avec ses navires et assiégé après en avoir perdu 30 dans un affrontement à l’embouchure du port.

  Assiégé par terre et par mer, Conon était impuissant à agir contre les forces très supérieures qui l’entouraient et fut juste capable de glisser un navire messager vers Athènes pour porter les mauvaises nouvelles sur sa situation. Lorsque le navire messager atteignit Athènes, l’assemblée ne perdit pas de temps et vota immédiatement des mesures extrêmes pour construire et recruter une force de secours. Les statues d’or de la Déesse Niké furent fondues pour financer la construction des navires et des esclaves et des Métèques furent recrutés pour servir d’équipage à la flotte.
 
   Pour s’assurer d’un groupe suffisamment important et loyal de membres d’équipage, les Athéniens prirent la mesure radicale d’étendre la citoyenneté à des milliers de ces hommes qui rameraient avec la flotte. Plus d’une centaine de navires furent préparés et équipés grâce à ces mesures et les contributions des alliés augmentèrent la taille de la flotte à 150 trirèmes lorsque l’armada atteignit Samos pour délivrer Conon.

 
   Dans un agencement peu orthodoxe, la flotte fut commandée conjointement par huit Généraux : Aristocrate (ou Aristocrates), Aristogène (ou Aristogenes), Diomédon, Erasinidès, Lysias, Périclès le Jeune, Protomaque (ou Protomachus) et Thrasylle (ou Thrasyllus). Après avoir quitté Samos, la flotte Athénienne navigua vers les îles Arginuses, à l’Est de l’île de Lesbos, où elle fit escale une soirée. Callicratidas, informé de l’approche de ces forces, laissa une cinquantaine de navires en poste pour maintenir le siège de Mytilène et prit le large avec 120 navires. Il mena sa flotte à la rencontre des Athéniens, repéra leurs feux de signalisation en face des Arginuses et pensa les attaquer de nuit par surprise, mais comme le vent soufflait fort et que de fortes pluies orageuses s’abattaient, il fut contraint de retarder son attaque jusqu’au matin.
 

Le déroulement

 
   À l’aube du jour suivant, les deux armées se mirent en ordre de bataille. Callicratidas avait 140 navires et en face les Athéniens 150. Pour la première fois dans la guerre, les équipages et les Commandants Spartiates étaient plus expérimentés que leurs contraires Athéniens. Cependant, pour contrer cette faiblesse les Commandants Athéniens mirent en place plusieurs tactiques nouvelles et novatrices. Tout d’abord, leur flotte fut divisée en huit divisions autonomes, chacune commandée par un des Généraux. Deuxièmement, ils organisèrent leur flotte dans une double ligne, au lieu de la ligne traditionnelle unique, afin d’empêcher les Spartiates d’utiliser la manœuvre connue sous le nom diekplous, dans laquelle une trirème se faufilait dans un espace entre deux navires ennemis, puis frappe l’un de ceux-ci sur le côté. Comme prévu, les Lacédémoniens s’étendirent sur une seule ligne, face aux Arginuses, tandis que les Athéniens formèrent donc une double ligne, dos aux Arginuses, attendant l’ennemi.
 
   L’aile gauche des Athéniens était commandée par Aristocrate (ou Aristocrates) et Diomédon, chacun à la tête de 15 trirèmes, soit une trentaine de vaisseaux alignés. Ils étaient soutenus, en deuxième ligne, par le même nombre de navires, dirigés par Périclès le Jeune et Erasinidès. À côté d’eux, 10 vaisseaux Samiens s’étaient rangés en une seule ligne, au centre. Derrière ceux-ci, la dizaine de vaisseaux aux ordres des Taxiarques formaient aussi une seule ligne, soutenus encore à l’arrière par quelques navires supplémentaires. Enfin, leur aile droite, dirigée par Protomaque (ou Protomachus) et Thrasylle (ou Thrasyllus) à l’avant, Lysias et Aristogène (ou Aristogenes) à l’arrière, était composée comme la gauche de deux lignes de 30 navires. Comme dit plus haut, cette formation empêchait toute possibilité aux Spartiates de couper leurs lignes en deux.

 

   Plus les Athéniens avançaient, plus ils étendaient considérablement leurs lignes évitant d’être surpassés sur les flancs, mais débordant ainsi les Spartiates. Les combinaisons et tactiques que les Athéniens avaient mises en œuvre, créèrent une situation dangereuse pour les Spartiates. Les timoniers de Callicratidas, qui dirigeait l’aile droite de leur flotte, voyant qu’il ne pouvait faire un front égal à celui des Athéniens, lui conseillèrent de se retirer sans combattre, mais le Navarque insista et il décida de diviser son armée en deux, pour attaquer des deux côtés les lignes ennemies et éviter de se faire encercler.
 
   Un violent et long combat s’engagea alors entre les navires des deux flottes. Callicratidas fut tué alors que son navire heurtait un navire adverse, le précipitant dans la mer. Sa mort découragea ses hommes et son aile droite s’effondra. La gauche continua de lutter plus longtemps, mais ne put résister face l’ensemble de la flotte Athénienne. Elle finit par fuir avec l’aile droite. Au total, selon Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30), les Spartiates perdirent 75 navires et les Athéniens 25.

  Au lendemain de la bataille, les Commandants Athéniens durent décider de plusieurs tâches urgentes et concentrer leur attention sur comment secourir Conon retenu par 50 navires Lacédémoniens à Mytilène. De plus il fallait avoir une action décisive contre ces navires pour conduire à leur destruction avant qu’ils n’aient une chance de rejoindre le reste de la flotte de Callicratidas. Dans le même temps, cependant, il fallait récupérer les survivants et les noyés des 25 navires Athéniens coulés ou hors d’usage.
 
   Pour faire face à ces deux préoccupations, les huit Généraux décidèrent de croiser avec la majeure partie de la flotte vers Mytilène, où ils tenteraient de soulager Conon, confiant aux Triarches Thrasybule et Théramène le soin de rester sur place avec un détachement plus petit afin de récupérer les naufragés. Cependant, ces deux missions furent contrecarrées par l’arrivée soudaine d’une tempête qui conduisit les navires de la flotte Athénienne à revenir au port, dans les Arginuses.

 
   La flotte Spartiate qui avait fui à Mytilène à l’issue de la bataille, eut alors le temps de s’échapper et il s’avéra impossible de secourir les nombreux marins tombés à l’eau. À Athènes, la joie du peuple à l’annonce de la victoire inattendue laissa vite place à une bataille pour déterminer qui était responsable de l’absence de secours apporté aux marins naufragés. Lorsque les Généraux apprirent la colère du peuple, ils affirmèrent que Thrasybule et Théramène, qui étaient déjà revenus dans la vile, étaient responsables du fiasco. Ces derniers se défendirent brillamment contre ces accusations et la vindicte populaire se retourna alors contre les Généraux. Les huit Stratèges furent relevés de leurs charges et débuta leur procès. On finit par soumettre l’accusation contre les Stratèges au vote de l’assemblée. Le peuple, dans un accès de frénésie de vengeance condamna finalement à mort les huit Généraux qui avaient pris part à la bataille navale.
 
   À Sparte, la défaite des Arginuses s’ajoutait à une série de revers et les traditionalistes découragés qui avaient soutenu Callicratidas se pressèrent de vouloir faire la paix avec Athènes. Ce parti envoya une délégation à Athènes pour faire une offre de paix. Les Athéniens, cependant, rejetèrent l’offre, et Lysandre (ou Lýsandros, en Grec : Λύσανδρος, Homme politique et Amiral (ou Navarque) Spartiate, † 395) partit en mer Égée pour prendre le commandement de la flotte pour le reste de la guerre.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
  
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Richard Crawley :
Complete writings : The Peloponnesian war de Thucydides, Modern Library, New York, 1951.
Debra Hamel :
The battle of Arginusae : Victory at sea and Its tragic aftermath in the final years of the Peloponnesian War, Johns Hopkins University Press, Baltimore, 2015.
Ludwig Ferdinand Herbst :
Die Schlacht bei den Arginusen, Gedruckt bei J.A. Meissner, Hamburg, 1855.
Peter Hunt :
The slaves and the Generals of Arginusae, pp : 359-380, American Journal of Philology 122, N°3, 2001.
Donald Kagan :
The Peloponnesian War, Viking, New York, 2003.
John Francis Lazenby :
Arginusae, battle of (406 bc), Oxford University Press, Oxford, 1967.
Fred Eugene Ray :
Land battles in 5th century B.C. Greece : A history and analysis of 173 engagements, McFarland, Jefferson, 2009 – 2011.
Denis Roussel :
La guerre du Péloponnèse, Le Livre de poche, Paris, 1964, 1966.
Norman Tobias :
Arginusae, battle of – Atonement, war of, Acad. Internat. Press, Gulf Breeze, 2004.
Simon Verdegem :
Plutarch’s life of Alcibiades : Story, text and moralism, Leuven University Press, Leuven, 2010.
Eleutherios Ang Vourvachēs :
Hē naumachia tōn Arginousōn kai hē dikē kai hē se thanato katadikē tōn Athēnaiōn Stratēgōn (406 p. Ch.), Ekdoseis Enalios, Athènes, 2007.
Rex Warner :
History of the Peloponnesian war of Thucydides, Penguin Books, Harmondsworth, Baltimore, 1972.

 

 

     Bataille  d’Aigos Potamos

Sept. 405

 

Présentation

 
   La bataille d’Aigos Potamos (ou Aegos ou Ægos ou Aegospotami ou Naumachia tēs Aegospotami, en Grec : Ναυμαχία στους Αιγός Ποταμούς) fut une bataille navale qui eut eu lieu en 405 av.J.C (On trouve souvent Septembre). Elle se déroula au large d’Aigos Potamos ville à l’embouchure de la rivière du même nom (Aujourd’hui Indjé-limen ou Galata), en Chersonèse de Thrace dans l’Hellespont (Aujourd’hui Dardanelles). Elle fut une confrontation entre les flottes Athénienne et Spartiate et fut le dernier engagement majeur de la Guerre du Péloponnèse (431-404). À l’issue de cette bataille, la flotte Spartiate, sous le commandement de Lysandre (ou Lýsandros, en Grec : Λύσανδρος, Homme politique et Amiral (ou Navarque) Spartiate, † 395), détruisit complètement celle des Athéniens. Cela mit un terme effectif à la guerre, Athènes ne pouvant plus importer du grain ou communiquer avec le reste de son Empire sans le contrôle de la mer.
 

Contexte et prélude

 

   En 405, après la sévère défaite de Sparte à la bataille des îles Arginuses (Juillet 406) et le décès de son Commandant Callicratidas (ou Callicratidès, Juillet 406), Lysandre (ou Lýsandros, en Grec : Λύσανδρος, Homme politique et Amiral (ou Navarque) Spartiate, † 395) qui avait commandé la flotte lors de ses premiers succès, en reprit la direction. Puisque la constitution Spartiate interdisait qu’un Commandant puisse détenir le poste de Navarque plus d’une fois, il fut nommé à la place au titre symbolique de Vice-amiral.
 
   Comme nous le précise Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355), un des avantages de Lysandre en tant que Commandant était sa relation étroite avec le Prince Perse Cyrus le Jeune (v.424-401). Grâce à cette amitié, lorsque Cyrus fut rappelé à Suse par son père, Darius II (423-404), il nomma, de façon totalement inattendue, Lysandre Satrape de Lydie, de Phrygie et de Cappadoce à sa place. Avec les ressources de ces riches provinces à sa disposition, Lysandre rassembla rapidement l’argent nécessaire pour reconstituer la flotte Spartiate.

  Avec cette force nouvelle, il déclencha ensuite une série de campagnes à travers la Mer Égée. Il prit rapidement plusieurs cités détenues par les Athéniens et attaqua de nombreuses îles. Toutefois, il ne pouvait se déplacer au Nord dans l’Hellespont, du fait de la menace de la flotte Athénienne basée à Samos. Pour détourner l’attention des Athéniens et les éloigner de leur base, il mit en place une ruse. Il attaqua à l’Ouest, s’approchant assez près d’Athènes elle-même. Il attaqua Égine et l’île de Salamine (Petite île à environ 2 km. au large du Pirée, le port d’Athènes) et débarqua en Attique.
 
   La flotte Athénienne se lança alors à sa poursuite pour tenter de l’arrêter, mais Lysandre l’évita. Il fit demi-tour et gagna l’Hellespont, établissant une base à Abydos. De là, il prit la ville stratégique de Lampsaque (En Mysie sur l’Hellespont, aujourd’hui Lapsaki). À partir de ce moment la route pour se rendre maître du Bosphore était libre. Il coupa les voies commerciales par où Athènes recevait la majeure partie de son grain.


 

Buste d’Alcibiade,
copie Romaine
– Musée du Capitole

 
   Les Athéniens prirent rapidement conscience que s’ils ne voulaient pas mourir de faim il fallait qu’ils réagissent rapidement. Ils décidèrent donc de se porter au-devant de Lysandre. Ils le rattrapèrent peu après sa prise de Lampsaque et décidèrent d’établir une base à Sestos (ou Sêstós), ville de Chersonèse de Thrace située à l’endroit le plus étroit des Dardanelles et faisant face, côté Asiatique, à Abydos. Sa position stratégique en faisait un point de ravitaillement important sur la route des Détroits.
 
   Cependant, peut-être à cause de la nécessité de maintenir une surveillance étroite sur Lysandre, les Athéniens installèrent leur camp sur une plage beaucoup trop proche de Lampsaque. De plus l’emplacement était loin d’être idéal à cause de l’absence de port et de la difficulté qu’il y avait à ravitailler la flotte. Mais, selon Donald Kagan, sa proximité de Lampsaque semble avoir été la principale préoccupation des Généraux Athéniens. Chaque jour, la flotte naviguait vers Lampsaque en formation de combat et attendait devant le port. Toutefois, comme Lysandre refusait d’en sortir, elle retournait à son campement.
 
   À cette époque, l’ancien dirigeant Athénien Alcibiade (ou Alcibiades ou Alkibiadês Kleiniou Scambônides, en Grec : ‘Aλκιβιάδης Κλεινίου Σκαμβωνίδης, 450-404) vivait en exil près du campement Athénien. En descendant à la plage où les navires étaient rassemblés, il fit plusieurs suggestions aux Généraux. Dans un premier temps, il proposa la relocalisation de la flotte à Sestos même, qui était plus sûre. Puis, il leur assura que des Rois Thraces avaient offert de lui fournir une armée. Si les Généraux le réintégraient et lui offraient une place de Commandant à leurs côtés, il prétendit qu’il utiliserait cette armée pour leur prêter assistance. Cependant, selon Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30), les Généraux rejetèrent son offre et ses conseils et Alcibiade rentra chez lui.

 

Le déroulement

 
   Deux récits de la bataille d’Aigos Potamos nous sont parvenus. Le premier de Diodore de Sicile rapporte que le Général Athénien qui commandait le cinquième jour à Sestos, Philoclès (En Grec : Φιλοκλς), navigua avec 30 vaisseaux, ordonnant au reste de la flotte de suivre à distance. Donald Kagan fait valoir que si ce récit est véridique, la stratégie Athénienne, devait être d’attirer les Spartiates dans une attaque contre une petite flotte, puis de les surprendre par l’arrivée du reste de leurs forces. Mais la petite flotte fut immédiatement vaincue et les autres navires furent pris par surprise alors qu’ils étaient encore sur la plage.
 
   Le deuxième récit, nous vient de Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355). Il rapporte que la flotte Athénienne tout entière sortit comme chaque jour pour défier Lysandre de sortir du port de Lampsaque, mais que ce dernier refusa comme d’habitude. Lorsque les Athéniens décidèrent de rentrer à leur camp les marins se dispersèrent pour trouver de la nourriture c’est alors que la flotte de Lysandre arriva et captura la plupart des navires sur la plage, sans même une bataille navale. Quel que soit le récit exact de la bataille, le résultat fut le même. La flotte Athénienne fut écrasée et seulement 9 navires s’échappèrent, dirigés par Conon (En Grec : Κόνων, Général, 444-390). Lysandre captura le reste et fit 3.000 ou 4.000 prisonniers Athéniens. L’un des navires qui avaient réussi à prendre la fuite, le Paralus, fut envoyé à Athènes pour informer les dirigeants du désastre. Les autres, avec Conon à leur tête, partirent se réfugier auprès d’Evagoras I (ou Euagoras, 410-374) Roi de Salamine de Chypre.
 


 

Trirème – Mosaïque au Musée du Bardo – Tunis

   Lysandre et sa flotte victorieuse retournèrent vers Lampsaque. Prenant comme prétexte une atrocité précédente faite par les Athéniens où les marins Spartiates de deux navires capturés avaient été jetés par-dessus bord, Lysandre ordonna le massacre de Philoclès et de 3.000 des prisonniers Athéniens. Puis il fit mouvement vers Athènes s’emparant tout au long de sa route de cités. Les Athéniens, désormais privés de flotte, étaient impuissants devant cette menace. Seule, Samos, où le gouvernement démocratique était resté loyal à Athènes, donna une petite résistance et refusa de céder. Lysandre laissa une partie de ses forces derrière lui pour mener le siège de la ville.
 
   Craignant une vengeance que les Spartiates victorieux pourraient leur faire subir, les Athéniens se résolurent à tenir le siège de leur cité, mais leur cause était désespérée. Sans une flotte pour importer des céréales de la mer Noire, Athènes fut décimée par la famine et la ville capitula en Avril 404 (On trouve aussi Mars). Les murs de la cité furent rasés et une Oligarchie (les 30 Tyrans) favorable à Sparte, dirigée par le sophiste Cristas, imposa alors la terreur aux Athéniens (jusqu’en 403), dont Aristote (384-322, philosophe Grec) traite aux chapitres 35 et 36 de "la Constitution d’Athènes". La victoire Spartiate d’Aigos Potamos mit fin à la Guerre du Péloponnèse et plaça la ville dans une position d’hégémonie à travers tout le monde Grec, qui dura plus de trente ans, jusqu’à ce que Thèbes y mette un terme à la bataille de Leuctres en Juillet 371.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Kai Brodersen :
What happened at Aegospotami? : Xenophon and Diodorus on the last battle of the Peloponesian War, Franz Steiner, Wiesbaden, 2014.
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Richard Crawley :
Complete writings : The Peloponnesian war de Thucydides, Modern Library, New York, 1951. 
Donald Kagan :
The Peloponnesian War, Viking, New York, 2003.
Aggelos Kapellos :
Philocles and the sea-battle at Aegospotami (Xenophon Hell. 2.1.22–32), pp : 97-101, Classical World 106, N°1, 2012.
William Frederick Masom :
A synopsis of Grecian history, B.C. 405-358 : From the battle of Ægospotami to the seizure of Amphipolis by Philip, W.B. Clive & Co., University Correspondence College, London, 1889.
Fred Eugene Ray :
Land battles in 5th century B.C. Greece : A history and analysis of 173 engagements, McFarland, Jefferson, 2009 – 2011.
Denis Roussel :
La guerre du Péloponnèse, Le Livre de poche, Paris, 1964, 1966.
Simon Verdegem :
Plutarch’s life of Alcibiades : Story, text and moralism, Leuven University Press, Leuven, 2010.
Rex Warner :
History of the Peloponnesian war of Thucydides, Penguin Books, Harmondsworth, Baltimore, 1972.

  

 

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