Localisation et généralités
L’Illyrie (ou Illyris, en Grec : ‘Iλλυρία ou
‘Iλλυρίς, en Latin : Illyria ou Illyricum) fut un royaume des côtes de l’Adriatique dans la partie
occidentale de la péninsule des Balkans, correspondant à peu près à l’Ouest de la Croatie et de la Slovénie, à
la Bosnie-Herzégovine, au Monténégro, au Kosovo et à l’Albanie actuelle. Les Illyriens apparurent vers le XXe siècle. Illyrie fut
aussi l’appellation des Romains d’une région plus ou moins définie des Balkans occidentaux.
Ce fut un peuple de souche Indo-européenne qui comprenait des Dalmates et des Pannoniens. Vers 1300, ils
s’établirent sur les côtes Nord et Est de l’Adriatique. Aujourd’hui les archéologues les associent à la culture de Hallstatt
(Nom d’une période de l’âge de fer précédant l’antiquité. C’est aussi celui d’un lac et du site archéologique éponyme en Autriche,
dans le Salzkammergut).
Dans la mythologie Grecque, l’étiologie du nom Illyrie remonte à Illyrius, le fils de Cadmos et Harmonia, qui a finalement
régné sur l’Illyrie et devint l’ancêtre éponyme des Illyriens. Une version ultérieure du mythe identifie Polyphème et Galatée
parents de Celtus, Galas et Illyrius. Le deuxième mythe pourrait provenir peut-être des similitudes avec les Celtes et les
Gaulois.
La grande difficulté pour la connaissance de
l’histoire de ce peuple tient à l’absence de texte écrit dans la langue Illyrienne. Toutes nos sources sont issues de la
littérature Grecque ou Romaine. Polybe
(Général, homme d’État et historien Grec, v.205-126 av.J.C) nous affirme que la langue parlée à Skodra (ou Scodra ou Shkodra
ou Scutari, aujourd’hui Shkodër au Nord de l’Albanie), à la cour du Roi Genthios (180-168) était différente du Grec, mais on
en a retrouvé, à aujourd’hui, aucune trace écrite. Ces textes nous donnent une vue que très partielle de la vie à cette époque.
Ils relatent surtout les conflits opposant le monde Grec et Illyrien. Certaines des dynasties qui ont régnée sur le pays ont
laissé de riches tombeaux, comme à Trebenishte où ont été mis au jour des masques en or et des vases de bronze du
VIe siècle et à Selcë e Poshtme (en Croatie) où ont été mis au jour de la céramique, des pièces de parure, des monnaies,
des outils et des armes datant du du IIIe siècle.
La population
La région était divisée en plusieurs tribus (ou
Ethnè). Chacune possédait un Roi, il n’existait donc pas d’unité politique commune à tous. Les principales furent :
▪ Les Ardiéens (ou Ardianes ou Ardian ou Ardiaei ou Ouardiaei, en Grec :
‘Aρδιαῖοι ou
Οὐαρδαῖοι, en Latin : Vardiaei),
résidant au départ à intérieur des terres mais qui finalement s’installèrent sur la côte
Adriatique.
▪ Les Autariates (ou Autariatae, en Grec :
Αὐταριάται) qui sont devenus importants entre le
VIe et le IVe siècle av.J.C.
▪ Les Cavii (En Latin : Cavi) qui vivaient près du lac
Skodra (ou Scodra ou Shkodra ou Scutari, aujourd’hui ville de Shkodër au Nord de
l’Albanie). Leur principal établissement
était Épicaria. Ils sont rarement mentionnés par les auteurs anciens.
▪ Les Dalmates (ou Dalmatae ou Delmatae, en Grec :
Δαλμάται), qui occupaient la région méridionale de l’actuelle Croatie.
▪ Les Dardaniens (ou Dardani, en Grec : Δαρδάνιοι ou
Δάρδανοι, en Latin : Dardanien, en Albanais : Dardanët) qui vivaient dans l’actuel Kosovo.
▪ Les Dassarètes (ou Dassaretae ou Dexaroi ou Dassareti, en Grec :
Δασσαρέται ou Δεξάροι), qui étaient situés
entre les Dardaniens et la Ardiéens et qui occupaient aussi le Nord de l’Épire.
▪ Les Docléates (ou Docleatae ou Dokleatai, en Grec :
Δοκλεάται) qui vivaient dans ce qui est aujourd’hui le Monténégro à l’Ouest de la
rivière Moraca. Leur capitale était Docléa (ou Dioclea).
▪ Les Enchéléiens (ou Encheles ou Enchelei, en Grec : ‘Eγχέλη, ou
Enchelioi ou Encheleis, en Grec : ‘Eγχέλιοι ou
‘Eγχελεῖς,
en Latin : Encheleae) qui vivaient dans la région de lac d’Ohrid (ou Okhrid) et Lynkestis (ou Lyncestie), en Albanie aujourd’hui,
en république de Macédoine et en Grèce. Leur nom signifie "Homme anguille".
▪ Les Iapodes (ou Iapydes ou Japodes ou Giapidi, en Grec :
Ιάποδες) qui vivaient à l’intérieur de la région située à l’Est de l’Adriatique, au Nord du
territoire des Liburniens et à l’Est de la péninsule d’Istrie, entre les rivières Colapis (ou Kupa) et Oeneos (ou Una) et la
chaîne de montagnes du Baebios (ou Alpes de Velebit).
▪ Les Labéates (ou Labeatae, en Grec : Λαβεάται)
qui vivaient autour de Skodra (ou Shkodra ou Scutari ou Scodra ou Shkodër
aujourd’hui) au Nord-ouest de l’Albanie.
▪ Les Liburniens (ou Liburne ou Libournoi, en Grec :
Λιβυρνοί, en Latin : Liburni) qui vivaient sur le Nord de la côte Adriatique, entre les
rivières Arsia (ou Raša) et Titius (ou Krka) dans ce qui est aujourd’hui la Croatie.
▪ Les Parthini (ou Partheni ou Peerthenetai, en Grec :
Παρθῖνοι ou Παρθηνοί)
qui constituaient une partie des Taulantiens au Nord, dans la région montagneuse et le quartier
d’Épidamne (ou Dyrrhachion ou Dyrrhachium,
aujourd’hui Durrës). Après la mort de
Philippe V (221-179) de
Macédoine leurs terres furent ajoutées aux possession
du Roi Ardiéen d’Illyrie Pleuratos III, allié
aux Romains. Leur ville principale était Parthus qui fut prise par César dans le cadre de sa campagne contre Pompée.
▪ Les Pénestes (ou Pneste, en Grec : Πενέσται), leur
capitale était Hyscana (ou Uscana).
▪ Les Sardeates (ou Sardiotai, en Latin : Sardeates) qui étaient installés près de Jajce,
en Bosnie-Herzégovine, puis ils ont migré en Dacie.
▪ Les Taulantiens (ou Taulantins ou Taulantii, en Grec :
Ταυλάντιοι), qui étaient constitués en fait de sous tribus. Ils vivaient
sur la côte Adriatique (Dans le Nord de l’Albanie d’aujourd’hui), dans le voisinage de la ville
d’Épidamne (ou Dyrrhachion ou Dyrrhachium,
aujourd’hui Durrës).
L’histoire …….
Les Illyriens furent les premiers avec les Grecs,
à s’installer dans les Balkans et constituèrent un immense Royaume. Au VIIe et VIe siècle, l’Illyrie subit une forte hellénisation
du fait de ses relations avec les Grecs, qui y fondèrent des comptoirs :
Apollonia (ou
Apollonie), Épidamne (ou Dyrrhachion ou Dyrrhachium,
aujourd’hui Durrës), Lissos, Orikos et
sur la côte Dalmate : Issa, Kerkyra (ou Corfou), Melaina, Pharos.
Le premier royaume d’Illyrie enregistré fut celui de la tribu Enchéléine au VIIIe siècle av.J.C. Les Enchéléiens (ou Encheles ou
Enchelei ou Enchelioi ou Encheleis ou Encheleae) vivaient dans la région de lac d’Ohrid (ou Okhrid) et Lynkestis (ou Lyncestie),
en Albanie aujourd’hui, en république de Macédoine et en Grèce. Ils étaient souvent en guerre pour la domination de la région
avec les anciens Macédoniens qui s’étaient installés dans l’Est.
Leurs voisins du Nord-ouest furent les Illyriens Taulantiens (ou Taulantii), au Nord les Dardaniens (ou Dardani) et au Sud
les Dassarètes (ou Dassaretae), une ancienne tribu Grecque qui occupait aussi
l’Épire. On a pu constater qu’à certaine période les Illyriens s’unirent
autour d’un chef, mais sans grande continuité dynastique. Au IVe siècle on assista à la formation de plusieurs royaumes Illyriens.
Le dernier royaume d’Illyrie fut fondé, par le Roi Dardanien Bardylis I
(ou Bardytys ou Bardyllis ou Vardylis, en Grec : Βάρδυλις
ou Βάρδυλιν ou Βάρδυλλις, en Latin : Bardulis, 393 à 358 ou 385 à 358 ou 385
à 356) qui lança l’unification du pays. Malgré ses origines humbles, mineur et charbonnier, il devint chef d’une bande de
voleurs avant d’être proclamé Roi. Bardylis I n’était pas l’héritier
de Sirras (ou Sirrhas, en Grec : Σίρρας, v.435 à v.393) son prédécesseur des Enchéléiens,
mais du Roi d’Illyrie précédent qui est juste connu pour avoir passé un traité de
paix avec le Roi de Macédoine, Amyntas II Micros (394)
pour le contrôle de Lynkestis (ou Lyncestie).
Tétradrachme argent du règne de Bardylis I – v.380 – Damastion
|
Il réussit à unifier diverses tribus en une seule organisation ce qui lui apporta une formidable
puissance dans les Balkans et ce qui entraîna un changement des relations avec la
Macédoine. Il prit pour capitale Skodra (ou Scodra ou
Shkodra ou Scutari, aujourd’hui Shkodër au Nord de l’Albanie). Contrairement aux Rois d’Illyrie précédents,
Bardylis I sut combiner les actions militaires et les développements
économiques. Il commença à émettre une monnaie d’argent à partir de vers 393, frappée dans la ville de Damastion.
En 393,
il s’opposa à l’accord avec Amyntas II et son prédécesseur et envahit la
Macédoine. Il remporta une bataille décisive contre
son Roi Amyntas III (393-370/369) et pilla
le Nord et l’Ouest du pays. Bardylis I
remplaça Amyntas III par un Roi fantoche
nommé Argaeus II (ou Argaios ou Argée 393-392), un fils d’Archélaos I,
pour à peine deux ans car Amyntas III
retrouva son trône avec l’aide des Thessaliens.
Un peu avant, en 385, les Illyriens avaient formé une alliance avec Denys l’Ancien (405-367), le Tyran de
Syracuse. Le but de cet accord était la restauration au trône d’Épire
d’Alcétas I (390
370) qui était en exil. La coalition rassembla toutes ses forces et traversa
l’Épire pour atteindre le pays des Molosses où elle ne rencontra que
peu de résistance. Elle pilla la région ainsi que la totalité de l’Épire et
réussit à remettre Alcétas I au pouvoir. Toutefois, une
résistance Molosse s’étant rassemblée en corps d’armée, leur livra combat aidée
par les Lacédémoniens et ils
repoussent l’incursion des envahisseurs. Le bref règne de
Bardylis I sur le Nord de
l’Épire fut terminé.
Puis Bardylis I profita des conflits auxquels les
Macédoniens étaient confrontés et il lança des raids sur
les frontières septentrionales de leur royaume. En 372, grâce à ces invasions continues, le Roi
força Amyntas III à lui payer un tribut annuel.
En 370/369 le Macédonien mourut. Son mariage avec Eurydice
avait produit plusieurs enfants dont l’aîné des garçons qui lui succéda fut
Alexandre II (370/369-368).
En 369, Bardylis I empêcha
Alexandre II
d’éliminer les Dardaniens de Macédoine en lançant une
nouvelle invasion au Nord-ouest du pays. En 365
Alexandre II fut remplacé par son frère
Perdiccas III (368-359). Ce dernier humilié d’avoir à rendre hommage aux Dardaniens, marcha vers le Nord au printemps de 359
pour leur livrer bataille, mais,
Bardylis I fut vainqueur et le Roi lui-même fut parmi les 4.000 morts
Macédoniens. Par ses actions,
Bardylis I avait porté la
Macédoine au bord de
l’effondrement, lorsque Philippe II (359-336),
le plus jeune frère de Perdiccas III monta
sur le trône.
Ce dernier pensait que son royaume devait s’affranchir de la tutelle des royaumes voisins, Les Péoniens et les
Illyriens. Dans un premier temps, afin de se concentrer sur la lutte interne nécessaire pour assurer sa couronne,
Philippe II réaffirma le traité que les
Dardaniens avaient imposé à la Macédoine et scella
l’alliance par son mariage avec Audata, la fille (on trouve aussi le nièce ?) de
Bardylis I. Au printemps 358, ses forces bien
recomposées, il fut en mesure de répondre à l’occupation du Nord-ouest de la
Macédoine par
Bardylis I. Il mobilisa tous les soldats
valides de Macédoine dans une bataille dans une plaine
de la vallée de l’Érigon, près de Bitola (Au Sud-ouest de la République de Macédoine actuelle), juste au Sud de l’État Dardanien.
Bardylis I fut écrasé et 7.000 Illyriens périrent sur le champ de
bataille, dont Bardylis I.
Grâce à cette victoire, Philippe II étendit
ses frontières Nord-ouest en annexant le territoire Dardanien jusqu’au lac d’Ohrid (ou Okhrid).
Bardylis I eut son fils
Clitos qui fut Roi en 335.
Le successeur de
Bardylis I fut Grabos (ou Grabus, en Grec :
Grabos, 358 à 356). Juste après sa prise de pouvoir il fut lui aussi battu par les forces de
Philippe II (359-336). Grabos commença à négocier
avec Olynthe, et s’allia brièvement à Ligue Chalcidienne, dirigée par la cité, offrant sans doute de rétablir l’accès aux mines
d’argent de Damastion. Cependant ce traité fut vite abandonné. En 356 il s’allia avec
Athènes
avec le Roi Péonien Lyppeius et avec les Rois Odryses de
Thrace Ketriporis (ou Cétriporis, 356-347) et son père Berisadès (ou Berisades, 359-356). Cette coalition, à la demande
des Athéniens, fut constituée afin de résister à la
montée en puissance Macédonienne. Cependant
Philippe II prit ses ennemis par surprise et son Général,
Parménion, fut en mesure de bloquer la coalition avant qu’elle n’ait eu une chance de converger. Au cours de l’été 356,
Grabos fut défait par Parménion dans une grande bataille et il fut forcé de s’allier avec la
Macédoine.
Après sa défaite Grabos fut remplacé par remplacé par le Taulantien Pleuratos I (ou Pleuratus, en Grec :
Πλευράτος, 356 à 335). En 344 il combattit et fut battu par
Philippe II
(359-336) lors d’une bataille féroce où d’ailleurs le
Macédonien fut blessé. Ce dernier envahit donc l’État et dévasta la campagne. Il gagna de nombreuses villes et renvoya en
Macédoine un important butin.
Pleuratos I, dans un dernier effort, essaya de contrecarrer les avances de
Philippe II en Illyrie, mais sans succès.
Après ce conflit, l’État Illyrien se limita aux terres le long de la mer Adriatique. Cependant, Pleuratos I continua
à gouverner avec une politique anti-Macédonienne
jusqu’en 335. Il fut le père de
Glaucias qui fut Roi en 317.
Puis arriva sur le trône, le Dardanien Clitos (ou Kleitos
ou Cleitus, en Grec : Κλεῖτος, 335 à 317
ou 335 à 295) qui fut un fis de
Bardylis I. À sa prise de pouvoir, il fut le meneur de la révolte
Illyrienne contre le royaume de Macédoine. Il passa des
accords avec le Roi Taulantien Glaucias et le Roi Pleuras (337-335)
des Autariates. Il eut la malchance d’être le chef des troupes
de cette coalition lors du siège et de la prise de Pélion (ou Pelium ou Pílio ou Pēlion) par le Roi de
Macédoine,
Alexandre le Grand (336-323) lors de ses
conquêtes expansionnistes. Clitos avait capturé la garnison de la ville de Pélion et attendait les troupes de
Glaucias pour se
renforcer. Cependant, Alexandre arriva sur
la ville en premier mais il vit que Clitos avait fait la blocus de la cité.
Glaucias arriva à l’aide de son collègue et les
Macédoniens furent forcés de battre en retraite.
Alexandre revint avec plus de matériel
et habilement il reprit l’offensive, surplombant les armées Illyriennes depuis les hauteurs avoisinantes, il empêcha Clitos et
Glaucias de mener une attaque conjointe.
Après une trêve de trois jours, le
Macédonien attaqua le camp Taulantien et élimina
les Illyriens sous le couvert de la nuit. Toutefois, Clitos réussit s’enfuir
dans les territoires Taulantiens, après avoir mit sa capitale en feu, pour ne rien
laisser aux Macédoniens, et retrouva son trône mais
de nouveau en étant que vassal du royaume de Macédoine.
Dans son invasion, Alexandre compta
sur un allié, le Roi des Péoniens qui envahit les territoires des Autariates, permettant au Roi de combattre les troupes ennemies
affaiblies et en attente de renforts. L’historien Arrien (ou Lucius Flavius Arrianus Xénophon ou Arrien de
Nicomédie, historien Grec et philosophe de
l’époque Romaine, v.85-v.145) rapporte le sacrifice de trois garçons et trois filles pour s’assurer la victoire de la Bataille de
Pélion (ou Pelium ou Pílio ou Pēlion). Clitos fut le père de Bardylis II qui sera Roi en 295.
Sculpture actuelle de
Glaucias – Tirana – Albanie |
Après Clitos le titre royal passa à
Glaucias (ou Glaukias, en Grec : Γλαυκίας,
317 à 303 ou 317 à 302), le fils de Pleuratos I et le Roi des
Taulantiens, qui régnait sur une communauté située plus à l’Ouest, dans
l’arrière-pays d’Épidamne
(ou Dyrrhachion ou Dyrrhachium, aujourd’hui Durrës), deuxième plus grande ville d’Albanie).
Il est d’abord mentionné comme apportant une force considérable à l’aide de Clitos, contre
Alexandre le Grand
(336-323), dans la bataille de Pélion (ou Pelium ou Pílio ou Pēlion). Ils furent vaincus et Clitos
fut contraint de se réfugier dans les territoires Taulantiens, où
Alexandre ne le poursuit pas.
Nous n’avons ensuite des traces de Glaucias que près de 20 ans plus tard, comme offrant un asile à l’enfant
Pyrrhos I (307-272), lorsque son
père le Roi d’Épire Éacide (322-317) fut chassé de son royaume.
La femme de Glaucias, Béroè (ou Bérée), elle-même de la famille des Éacides, adopta l’enfant et le protégea contre
Cassandre,
(Roi de Macédoine de 301 à 297), bien que ce dernier
le réclamait sous menace d’une guerre, et qui cherchait à s’emparer de
l’Épire pour lui-même.
Peu de temps après, le Macédonien
envahit ses territoires et le vaincu dans une bataille. Glaucias signa un traité qui mit fin aux hostilités contre les alliés de
Cassandre et il conserva
Pyrrhos I à sa cour. Après la mort du Roi
d’Épire Alcetas II
(313-307), Glaucias en profita pour envahir le royaume et rétablir le jeune Prince
Pyrrhos I, alors âgé de 11/12 ans, sur le trône. Les territoires de
Glaucias débordaient sur ceux d’Apollonia (ou Appolonie) et d’Épidamne
(aujourd’hui Durrës), récemment prise par Cassandre, et
cette proximité amenait des conflits fréquents avec ces États.
En 312, Glaucias assiégea Apollonia avec l’aide du
Spartiate Acrotatos (ou Acrotatès ou Acrotatus),
ils emportèrent la victoire sur les Macédoniens.
Puis il prit Épidamne où il vaincu la garnison de
Cassandre et ce dernier fut obligé de lui
donner la ville. Les deux cités étaient maintenant libres et hostiles à la
Macédoine. Avant de prendre le contrôle
d’Épidamne ses forces avaient été rejointes par l’oligarchie de la ville
qui avait été expulsée par les démocrates et Corcyre.
La date exacte de la mort de Glaucias n’est pas mentionnée, mais il semble qu’il régnait encore en 302, lorsque
Pyrrhos I se rendit à sa cour, pour être présent au mariage de l’un de
ses fils.
À la fin du IIIe siècle, la royauté revint à la dynastie des
Dardaniens avec Bardylis II
(ou Bardytys ou Bardyllis ou Vardylis, en Grec : Βάρδυλις, vers 295 à 290), le fils de
Clitos, qui unifia de nouveau l’Illyrie et qui garda pour capitale Skodra (ou
Scodra ou Shkodra ou Scutari, aujourd’hui Shkodër au Nord de l’Albanie) et dont le territoire s’étendait au Monténégro et en
Croatie méridionale, au Sud de la Neretva. Bardylis II réussit à recréer l’État de son grand-père dans la région de
Dassarètes à l’Ouest des lacs d’Ohrid (ou Okhrid) et Lynkestis (ou Lyncestie). Un exploit qui prend toutes ses dimensions
lorsque l’on sait que pour être atteint il dut faire la guerre contre l’ennemi héréditaire la
Macédoine et, apparemment, aussi contre les héritiers de
Glaucias. Bardylis II aurait absorbé ou hérité de l’État Taulantien
de ce dernier. Toutefois il faut signaler qu’il fut un Roi client du Roi
d’Épire, Pyrrhos I
(307-272), ce qui était un allié précieux car celui-ci vouait une haine profonde à la
Macédoine. Bardylis II devint d’ailleurs le beau-père de
Pyrrhos I lorsque sa fille Bircenna (ou Birkenna ou Bicenna), en 292,
devint l’une des épouses de l’Épirote.
Drachme argent de Monunios – Épidamne
|
Le Roi Dardanien suivant fut Monunios (ou Monunius, en Grec :
Μονούνιος, 290 à vers 270) qui a laissé plus de traces
archéologiques qu’historiques. Ce fut lui aussi un farouche adversaire de la
Macédoine, mais
il offrit tout de même une aide de 10.000 soldats à
Ptolémée Keraunos (281-279) lors des
invasions Celtes, que ce dernier refusa. L’État Dardanien sous Monunios est classé parmi les plus forts dans les Balkans à
cette époque. Les invasions Celtes ne l’affectèrent pas autant que les
Macédoniens. En 281, Monunios conclu une alliance avec
Pyrrhos I (307-272). Leurs intérêts communs étant de contrecarrer
une Macédoine trop forte. Il fut le premier Illyrien
a frapper ses propres pièces d’argent après probablement avoir prit le contrôle de l’État
Taulantien et des colonies Grecques de la côte.
Le Roi fut enterré dans les tombes royales de Selcë e Poshtme dans la ville de
Pélion (ou Pelium ou Pílio ou Pēlion). Un casque avec une inscription en Grec fut mis au jour au lac d’Ohrid (ou Okhrid),
ainsi que des pièces de monnaie d’argent portant des symboles à la fois du Roi
et Macédoniens. Selon John Joseph Wilkes, après la mort
de Ptolémée Keraunos, Monunios aurait
pu prendre le trône de Macédoine pour une brève période.
Beaucoup de dirigeants Dardaniens du même âge ont été nommés Monunios et il semble y avoir une certaine confusion dans
l’attribution des évènements. Par exemple on n’a pas la certitude que le Roi qui offrit son aide à
Ptolémée Keraunos fut le même qui frappa des
monnaies à Épidamne (ou Dyrrhachion ou Dyrrhachium,
aujourd’hui Durrës).
Ce fut sous son règne et celui de son successeur que débuta la grande période de la
piraterie Illyrienne. Durant ces années, les corsaires Illyriens s’attaquèrent aux navires Romains
dans l’Adriatique et en mer Ionienne. Ils pillèrent les marchands Romains, grâce à
des petites embarcations rapides, les lemboi. Lui suivit sur le trône Dardanien, Mytilos (ou Mytilus, en Grec :
Μύτιλος, vers 270 à 231) qui fut probablement son fils. Il fut le deuxième monarque à
frapper en 270 sa propre monnaie. Les pièces portaient des symboles de la ville
d’Épidamne (ou Dyrrhachion ou Dyrrhachium,
aujourd’hui Durrës) et le nom du
Roi qui soulignaient sa souveraineté sur la ville comme son prédécesseur l’avait fait. Des copies des pièces Illyriennes sont
conservées au musée archéologique de Zagreb, en Croatie. Mytilos est connu par une brève note historique qui raconte une guerre
qu’il mena entre 271 et 265 contre le successeur du Roi d’Épire,
Pyrrhos I (307-272),
Alexandre II (272-240). Guerre qu’il perdit ce qui permit à
l’Épirote, d’étendre son royaume sur le Sud de l’Illyrie, jusqu’au fleuve
Shkumbin (ou Genusus).
Toutefois, Mytilos conserva son autorité à Épidamne
et Apollonia (ou Appolonie) après l’invasion de son territoire. Pendant son règne, les agressions des pirates
Illyriens poussèrent les Romains à s’aventurer pour la première fois à l’Est de l’Adriatique et sous celui de son successeur,
en 229/228, à leur déclarer la guerre. Mytilos fut remplacé sur le territoire Dardanien par Longaros (ou
Longarus, 231 à 206). Ce dernier fera alliance avec les Ardiéens pour lutter contre la
Macédoine de
Philippe V (221-179). Il fut suivit par son
fils Bato (206 à 176) qui combattit aux côtés des Romains contre la
Macédoine pendant la
Deuxième Guerre Macédonienne (200-197). Il fut
succédé sur le trône Dardanien par son frère Monunios (II -ou Monunius, en Grec :
Μονούνιος, 176 à 167). Il fut le
dernier Roi Dardanien.
Dans le même temps que Mytilos, Pleuratos II (ou Pleuratus, en Grec :
Πλευράτος, vers 260 à vers 250) prit le contrôle des Illyriens Ardiéens.
Il fut le fondateur de cette dynastie dite Ardiéenne qui contrôla une grande partie de l’Adriatique lors du siècle suivant.
Beaucoup d’historiens avancent qu’il n’y eut pas d’interruption entre la dynastie fondée par
Bardylis I et celle de Pleuratos II.
Cependant Pleuratos fut un nom dynastique Illyrien porté par un certain nombre de monarques et de nobles Illyriens et donc
rien n’est sûr. La théorie la plus acceptée est que Pleuratos II créa bel et bien sa propre dynastie. Il fut succédé par son
fils.
Agron (ou Agron d’Illyrie, en Grec : ‘Aγρων,
vers 250 à 231) fut sûrement le plus grand Roi des Illyriens Ardiéens. L’État Ardiéen ne fut pas seulement le plus important
d’Illyrie de l’époque, mais aussi un des plus grands des Balkans. Après le déclin de
l’Épire, à la mort de
Pyrrhos I (307-272), il réussit à étendre son contrôle sur de
nombreux peuples et villes des régions de la mer Adriatique et Ionienne. Le Roi reprit aussi le contrôle de l’Adriatique avec ses
navires de guerre, une domination dont jouissaient autrefois les Liburniens (ou Liburne ou Libournoi ou Liburni). Il fit de
grandes améliorations pour le sort de ses sujets et les villes prospérèrent rapidement, notamment parce qu’il réduisit l’autonomie
locale des différentes tribus. Il étendit ainsi sa domination sur les tribus voisines. Il annexa une partie de
l’Épire, exerça un contrôle sur
Épidamne (ou Dyrrhachion ou Dyrrhachium,
aujourd’hui Durrës), qui appartenait au Dardanien Mytilos, et sur les îles de Corcyre
et Pharos où il laissa des garnisons. Son État s’étirait de Narona (Dans la vallée de la Neretva dans l’actuelle
Croatie) en Dalmatie au Sud de la rivière Aous (ou Aoös, aujourd’hui Vjosa) et Corcyre.
Il fut célèbre pour sa victoire décisive sur les
Étoliens,
qui à l’époque étaient considérés comme la
plus grande puissance de Grèce. En 234, la succession royale en Épire prit
fin et une république fédérale fut instituée. Dans le Sud, la partie occidentale de l’Acarnanie
(Région occidentale de la Grèce, délimitée au Nord par le golfe Ambracique et à
l’Ouest et au Sud-ouest par la mer Ionienne) fit sécession à cet arrangement.
Leur indépendance fut bientôt menacée par les
Étoliens, qui, en 232/231,
attaquèrent l’Acarnanie et commencèrent à occuper le
territoire autour du golfe d’Ambracie, y compris l’ancienne capitale du même nom, ce qui força les
Épirotes à établir un nouveau centre à Phoiniké (ou Phœnicè).
Assiégés à Médion, les Acarnaniens demandèrent de l’aide au Roi de
Macédoine,
Démétrios II l’Étolique
(239-229), qui était en guerre avec
l’Étolie et
la Ligue Achéenne.
En réponse, Celui-ci paya Agron pour qu’il vienne en aide à l’Acarnanie. L’attaque Illyrienne, montée en 232
(ou 231), fut décrit par Polybe (Général, homme d’État
et historien Grec, v.205-126 av.J.C). Les Illyriens débarquèrent à Médion, à l’aube et en secret et progressèrent contre les
lignes Étoliennes. Ces dernières
furent dépassées par l’audace de la démarche et écrasées. Les armées d’Agron repoussèrent les
Étoliens, ravagèrent l’Élide et la
Messénie, mais fort de leurs succès envahirent
l’Épire. Attaquée par ceux qui devaient la protéger,
l’Épire se tourna alors vers les
Étoliens et les
Achéens qui acceptèrent de lui porter secours. Ce sera l’épouse d’Agron,
Teuta qui finira le conflit.
Plus tard, Agron donna la ville de Pharos à
Démétrios de Pharos
(Roi 228/7-219) et Corcyre à gérer avec le titre de Gouverneur. Agron fut mentionné par deux historiens, Appien
d’Alexandrie (Historien Grec, 90-v.160) dans
ses guerres étrangères et Polybe dans
ses histoires. Les villes Grecques sur la côte Illyrienne furent systématiquement attaquées et conquises par les forces
d’Agron. Rome répondit d’ailleurs à un appel de l’île de Vis (ou Lissa, île Croate de l’Adriatique, au large de Split), menacée
par l’Ardiéen, et envoya des émissaires. Mais ils furent attaqués en route par des navires Illyriens, et l’un d’eux fut tué.
À l’hiver 231, Agron mourut subitement d’une attaque de pleurésie qui le tua en quelques jours.
Son fils, Pinnes (ou Pinneus ou Pineus, 230 à 217, seul de 219 à 217), qu’il eut de sa
première épouse Tritueta, lui succéda sur le trône Ardiéens pendant treize ans,
mais jamais de facto, car il mourut avant d’être seul au pouvoir.
Statue de Teuta – Musée de Skodra (ou Shkodër)
|
La seconde épouse d’Agron, la Reine
Teuta (En Grec : Τεύτα, 230 à ?), agira comme régente
après la mort du Roi. Les chefs locaux demandèrent alors une plus grande puissance et autonomie pour leurs régions mais Teuta,
qui craignait de perdre son statut, réussit à apaiser les frondeurs, mais sans les mâter. Cet acte fut considéré
comme un signe de faiblesse et aucun navire dans la mer Adriatique et Ionienne ne fut à l’abri des pirates Illyriens
qui attaquaient indépendamment les embarquassions de n’importe quel pays ce qui
causa des dommages pour les relations extérieures de l’Illyrie. En 229, une nouvelle attaque des Illyriens, ravagea les cités de
la côte d’Épire. Ils battirent une flotte
Étolienne et
Achéenne à Paxos et prirent Corcyre.
Rome profita de la position de la Reine Teuta quelque peu inconfortable et entreprit alors une action militaire
contre elle pour venger l’attaque de ses émissaires et se débarrasser des pirates Illyriens qui nuisaient à son commerce, ce qui
déclencha, en 229, la Première Guerre Illyrienne. L’armée Romaine pour la première fois traversa l’Adriatique et accosta en
Illyrie. Une armée composée d’environ 20.000 soldats, 200 cavaliers et toute une flotte de 200 navires fut envoyée à la conquête
de Corcyre.
Démétrios de Pharos
(Roi 228/7-219), son Gouverneur pour Teuta, n’eut guère d’autre choix que de trahir ses maîtres
et livrer la ville aux Romains.
Il leur servit ensuite de guide pour la suite de la campagne.
L’armée Romaine gagna ensuite Apollonia (ou Apollonie) et leurs forces terrestres combinées à celle de la marine leur permirent
de progresser rapidement vers le Nord. Ils prirent les villes les unes après les autres et finalement assiégèrent et prirent la
capitale Skodra (ou Scodra ou Shkodra ou Scutari ou Shkodër). Teuta fuit à Rhizon,
dans le golfe de Kotor, en Dalmatie (Aujourd’hui Risan, dans le Monténégro).
En 227 Teuta se rendit et accepta des conditions de paix honteuses. Les Romains lui permirent de poursuivre son
règne mais limité à une région étroite autour de la capitale, la privant de tous ses autres territoires et l’obligeant à libérer
les cités Grecques et Dalmates, notamment Corcyre, Apollonie et Épidamne
(ou Dyrrhachion ou Dyrrhachium, aujourd’hui Durrës). Elle dut également s’engager à veiller à ce qu’aucun
navire de guerre Illyrien et pas plus de deux navires marchands n’aillent plus loin que Lissos (ou Lezhë ou Alessio, petite ville
dans le Nord-Ouest de l’Albanie actuelle). Ils lui imposèrent également de payer un tribut annuel et de reconnaître l’autorité de
Rome et la réintégration de Pinnes sur le trône. On ne sait rien sur le reste de sa vie.
En récompense pour sa Loyauté,
Démétrios de Pharos (ou Pharus, en Grec : Φάρο,
υ de Δημήτριος, de 228/227 à 219) se vit remettre une partie considérable des
avoirs de Teuta, Pinnes étant trop jeune pour régner, dont le fief de Pharos et quelques îles voisines et une partie du littoral
Illyrien. La décennie après 229 connut une renaissance de la puissance Illyrienne sous son règne. Après la guerre, vers 222,
il se maria à Tritueta. Se mariage signifiait qu’il devenait officiellement régent du royaume Ardiéen comme Roi client de Rome.
Toutefois, peu après, Démétrios ignora le traité avec Rome et allia l’Illyrie avec la
Macédoine
d’Antigonos III Dôson (229-221), ennemi de
Rome. En 222, il prit part, avec Antigonos III, à la
bataille de Sellasie (ou Sellasia),
contre le Roi de
Sparte, Cléomène III (ou
Cléomènes, 235-219), à la tête de 1.600 soldats où ils sortirent vainqueurs. (Pour plus de détails voir
La Bataille de Sellasie).
Peu après, pariant sur le fait que les Romains
étaient occupés par la menace que représentaient les Gaulois et les Carthaginois, Démétrios pilla les cités Illyriennes soumises
à Rome et ravagea les Cyclades. La Seconde Guerre Illyrienne éclata au printemps 219 lorsqu’une armée Romaine fut envoyée en
l’Illyrie, sous le commandement du Consul Lucius Aemilius Paulus, pour expier la violation du traité de paix et
faire rentrer Démétrios dans les rangs. Vaincu, ce dernier fuit vers la
Macédoine et se réfugia auprès de son nouveau Roi
Philippe V (221-179) dont il devint le
conseiller. Démétrios fut tué en 214 alors qu’il tentait de mener la
Macédoine à la conquête de la
Messénie.
Pinnes redevint Co-Roi, bien que sa mort soudaine en 217 à l’âge de 15 ans fit qu’il ne régna jamais vraiment.
Il ne fut même pas mentionné par Polybe
(Général, homme d’État et historien Grec, v.205-126 av.J.C). Appien
d’Alexandrie (Historien Grec, 90-v.160) et Cassius
Dion (Historien Romain, v.155-v.235) se réfèrent à lui uniquement comme l’héritier légitime. Appien écrivit que Pinnes demanda
l’aide des Romains, mais rien ne semble être venu de lui directement.
Skerdelaidas (ou Scerdilaidas, en Grec :
Σκερδιλαΐδας, co-Roi
de 218 à 217 et Roi jusqu’en 206) succéda à Démétrios sur le trône Ardiéen. Avant de prendre le pouvoir il fut commandant des
armées Illyriennes et joua un rôle majeur dans les Guerres Illyriennes contre les Romains.
Il fut un des plus jeunes frères d’Agron. Il participa à de nombreuses
expéditions en mers Ionienne et Egée avec
Démétrios de Pharos et son beau-frère Amyna. Dès le début de son règne Skerdelaidas fut
un allié de Rome. En 217, après la mort de Pinnes, il devint un ennemi de la
Macédoine afin de conforter ses liens avec la cité.
Avec les Romains préoccupés dans leur guerre contre Carthage,
Philippe V (221-179) de
Macédoine chercha à prendre le Sud de l’Illyrie à
Skerdelaidas et, de 214 à 210, fit plusieurs avancées dans l’État Ardiéen.
Cependant,
Philippe V avait plus que les Romains à
s’inquiéter car la présence Macédonienne était détestée
dans toute la Méditerranée et, en 208, les
Étoliens et les Dardaniens sous leur Roi Longaros (ou Longarus, 231 à 206) se joignirent à Skerdelaidas pour
vaincre Philippe V. Avec aucune chance de
victoire, le Roi de Macédoine accepta en 205 un traité
de paix. Contrairement à la plupart des autres Rois d’Illyrie dont il n’existe que des données éparses, Skerdelaidas est
mentionné dans les écrits des auteurs,
Appien d’Alexandrie
(Historien Grec, 90-v.160), Tite-Live (ou Titus Livius, historien Romain, 59
av.J.C-17 ap.J.C) et Polybe
(Général, homme d’État et historien Grec, v.205-126 av.J.C), et dans les chroniques de l’époque Romaine. Son fils lui succéda.
Monnaie de Genthios |
Pleuratos III
(ou Pleuratus, en Grec : Πλευράτος, 205 à 181)
arriva sur le trône Ardiéen dans une époque troublée. Toutefois, il est prouvé qu’il peut avoir régné avec son père en tant que
corégent avant 205. Il continua la politique pro-Romaine de Skerdelaidas encore plus résolument,
tant et si bien que sa fidélité à Rome était réputé même dans d’autres États. Il réussit à repousser les frontières de son royaume
dans le Sud lorsqu’il fut récompensé par les Romains par des terres prises à
Philippe V (221-179) de
Macédoine.
Comme le précise Danièle Berranger-Auserve,
sans rien faire il devint le plus grand des Rois d’Illyrie de son époque uniquement du fait de sa fidélité aux Romains.
En 200 il proposa son aide au siège que firent les Romains à la ville de Dassarètes (ou Dassaretae ou Dexaroi ou Dassareti,
de la tribu du même nom) au lac d’Ohrid (ou Okhrid), possession
Macédonienne. Le Consul Romain Publius Sulpicius
Galba Maximus déclina l’offre, mais promis de demander son soutien à Pleuratos III quand son armée serait
en Macédoine.
En 199 Pleuratos III s’allia avec
le Roi Dardanien Bato (206-176) et envahit la Macédoine,
toutefois Danièle Berranger-Auserve souligne que sa contribution à la victoire finale des Romains à
Cynocéphales (ou Cynoscéphales)
sur Philippe V en 197 fut minime.
Ce fut surtout Bato qui causa le plus de dommage au
Macédonien et fut une menace plus grande à ses
frontières Nord. Néanmoins, en 196 Pleuratos III fut récompensé de son aide par des possessions dans la région stratégique de
Lynkestis (ou Lyncestie), qui avait été aux mains des
Macédoniens pendant près de deux siècles après la défaite
de Bardylis I en 358. L’État Ardiéen reçut également le contrôle de
la partie de l’Illyrie sur le territoire des Parthini, anciens alliés des Romains et les villes en Illyrie qui avaient été
soumises par Philippe V.
En 189 Pleuratos III fut considéré
comme l’un des Rois clients les plus fidèles aux Romains. Selon
Polybe (Général, homme d’État et historien Grec,
v.205-126 av.J.C), la même année, le Roi de
Pergame,
Eumène II,
(ou Eumènès ou Eumenês, 197-159), un autre allié des Romains de longue date, se plaignit au Sénat que Pleuratos III ne méritait
pas tant de récompenses qui augmentaient son pouvoir en Illyrie, car il n’avait rien fait pour les Romains. Son seul mérite
résidait dans le fait qu’il ne leur causa pas de dommage. Pleuratos III eut également la Dalmatie dans le Nord de l’Illyrie
sous son contrôle, qui plus tard obtint son indépendance lorsque
Genthios
(ou Gentios ou Gentius) monta sur le trône.
Une partie de l’autorité de Pleuratos III, voire la plus grande partie, était fondée sur sa flotte très
importante. Il fut notamment autorisé à piller et dévaster les côtes
d’Anatolie avec soixante navires au
cours d’une campagne en 189, mais ne reçut aucun gain de territoire à la fin des hostilités.
Il épousa Eurydice qui avait déjà un fils, Caravantios (ou Caravantius) et qui lui donna deux autres fils :
Genthios
(ou Gentios ou Gentius, en
Grec : Γένθιος, 180-168)
et Plator.
Le Roi Genthios tel qu’il est représenté sur
les billets de 2000 lekë Albanais depuis 2008 |
Genthios (ou Gentios
ou Gentius, en Grec : Γένθιος, 181 à 168
ou 180 à 168) succéda à son père et fut le dernier Roi de l’État Ardiéen d’Illyrie. Son nom semble dérivé de l’Indo-européen
commun *g’en- “engendrer”, apparenté au Latin : gens, gentis “la famille, le clan, la race”. Selon Pline l’Ancien
(Écrivain et naturaliste Romain, 23-79), la gentiane jaune, et par extension la gentiane, tire son nom de Genthios (Gentius), qui
en aurait découvert les vertus curatives ?. Il prit pour capitale Skodra (ou Scodra ou Shkodra ou Scutari, aujourd’hui Shkodër au
Nord de l’Albanie). En 180, au début de son règne, la Dalmatie et la région de Daorson (en Daorsi ou Daorsei, dans la vallée de
la Neretva) se déclarèrent indépendantes. En 171, Genthios s’allia aux Romains contre les
Macédoniens, mais en 169 il changea de camp pour s’allier
au Roi de Macédoine,
Persée (179-168).
La ville la plus méridionale de l’État Ardiéen de Genthios était Lissus (ou Alessio
ou Lezhë aujourd’hui), une situation établie depuis la Première Guerre
Illyrienne. Il y arrêta deux légats Romains, les accusant de ne pas venir comme
émissaires mais comme des espions et détruisit les villes d’Apollonia (ou
Apollonie) et d’Épidamne
(ou Dyrrhachion ou Dyrrhachium, aujourd’hui Durrës) qui étaient alliées de Rome.
Toutefois, en 168, il fut vaincu à Shkodra
par une armée Romaine sous les ordres du Consul Lucius Anicius Gallus en seulement 20 jours (On trouve aussi en 30 jours ?).
En 167 il fut emmené à Rome comme prisonnier pour participer au triomphe de Gallus, après quoi il fut
emprisonné à Iguvium (Aujourd’hui Gubbio dans le Nord-est de la province de Pérouse, en Ombrie). La date exacte de sa mort
est inconnue. Genthios épousa Etuta, la fille du Roi Dardanien Monunios (II ou Monunius, 176 à 167).
Après sa défaite, les Romains divisèrent la région en trois divisions administratives,
appelées : Meris ; Labeates ; et Acruvium, Rhizon, Olcinium et leurs environs. Ils y établirent un commandement militaire
et elle devint la province d’Illyrie (ou Illyricum). En 77, la Dalmatie fut conquise et ajoutée à l’Illyrie. La région fut un des
théâtres de la confrontation entre Jules César (100-44) et Pompée (106-48), notamment les
villes d’Apollonia (ou Apollonie), d’Épidamne
(ou Dyrrhachion ou Dyrrhachium, aujourd’hui Durrës) et d’Oricum (Nom d’une cité portuaire, située au Sud de Vlorë,
en Albanie).
En 34, ce fut les régions au Sud de l’ancien royaume d’Illyrie et en
9 av.J.C, la Pannonie qui furent conquises par les Romains. Sous le règne d’Auguste (27 av.J.C-14 ap.J.C) à la
suite d’une révolte des Illyriens, de 6 à 9 ap.J.C, le pays fut partagé entre les provinces de Dalmatie et de
Pannonie. Cette province Romaine correspond géographiquement à peu près à l’Ouest de la Bosnie-Herzégovine, de la Croatie et de la
Slovénie. Dioclétien (284-285) et plusieurs autres Empereurs Romains furent originaires d’Illyrie. Au IVe siècle, le nom d’Illyrie
fut donné à une grande préfecture Romaine qui comprenait l’ancienne colonie ainsi qu’un large territoire au Nord de l’Adriatique
et l’essentiel de la péninsule Balkanique. Sous la domination de Rome, la région prospéra et de nombreuses routes et édifices
furent construits. À la chute de l’Empire Romain d’Occident en 476 ap.J.C, l’Illyrie fit partie de l’Empire Byzantin.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur l’Illyrie voir les ouvrages de :
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
– Le monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
Zofia Halina Archibald :
– The Central and Northern Balkan Peninsula, Wiley Library, 2006.
Hermann Bengtson :
– Herrschergestalten des Hellenismus, C.H.Beck, München, 1975.
Danièle Berranger-Auserve et Pierre Cabanes :
– Epire, Illyrie, Macédoine : Mélanges offerts au professeur Pierre Cabanes, Université de Clermont-Ferrand II,
Centre de recherches sur les civilisations antiques, Presses universitaires Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, 2007.
Pierre Cabanes :
– L’Illyrie méridionale et l’Epire dans l’Antiquité : Actes du Colloque international de Clermont-Ferrand,
22-25 octobre 1984, Adosa, Clermont-Ferrand, 1987.
– Les Illyriens de Bardylis à Genthios : IVe-IIe siècles avant J.-C, SEDES, Paris, 1988.
Pierre Cabanes et Faïk Drini :
– Corpus des inscriptions grecques d’Illyrie méridionale et d’Épire,
École Française d’Athènes, Fondation D. et E. Botsaris, Athènes, 1995.
Jeff Champion :
– Pyrrhus of Epirus, Pen & Sword Military, Barnsley, 2009.
Jean-Nicolas Corvisier :
– Aux origines du miracle Grec : Peuplement et population en Grèce du Nord, Presses universitaires de France,
Paris, 1991.
Arthur M. Eckstein :
– Polybius, Demetrius of Pharus, and the origins of the Second Illyrian War,
Classical Philology 89, N°1, University of Chicago Press, Chicago, Janvier 1994.
Jean Baptiste Évariste Charles Pricot de Sainte-Marie :
– Les slaves méridionaux : Leur origine et leur établissement dans l’ancienne Illyrie,
Armand Le Chevalier, Paris, 1874 – F. Fetscherin et Chuit, Paris, 1886.
Nicholas Geoffrey Lemprière Hammond et Frank William Wallbank :
– A history of Macedonia / Vol. 3, 336-167 B.C., Clarendon Press, Oxford, 1972-1988.
Saimir Shpuza, Roland Étienne et Shpresa Gjongecaj :
– La romanisation de l’Illyrie méridionale et de l’Épire du Nord (IIe siècle avant notre ère –
IIe siècle de notre ère),
Université Panthéon-Sorbonne, Paris, 2009 – Atelier National de Reproduction des Thèses, Lille, 2009.
John Joseph Wilkes :
– The Illyrians, B. Blackwell Publishers Limited, Oxford, 1992, 1995.
Edouard Will :
– Histoire politique du monde hellénistique : 323-30 av. J.-C., Impr. Berger-Levrault, Nancy, 1966 –
Presses universitaires de Nancy, Nancy, 1979 et 1982 – Editions du Seuil, Paris, 2003.
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