Quelques Rois Importants :
Pyrrhos I
 
307-302  et  297-272
 

Nous avons besoin de vous

 

 
Sommaire
 

Son origine et sa 1ère prise de pouvoir
Son deuxième règne

La campagne d’Italie
La campagne de Sicile
La retraite d’Italie
La fin de son règne

Sa famille
Bibliographie

 

Buste de Pyrrhos I provenant
de la villa des Papyri d’Herculanum –
Museo Archeologico Nazionale – Naples 

 


 

Pyrrhos enfant, sauvé –
Nicolas Poussin – Musée du Louvre

Son origine et sa première prise de pouvoir

 
   Pyrrhos I (En Grec : Πύρρος της Ηπείρου, en Latin : Pyrrhus, en Latin ancien : Burrus) et nom pas Pyrrhus comme on peut malheureusement trop souvent le voir en Français (cf : Larousse), fut un Roi d’Épire et des Molosses de 307 à 302 et de 297 à 272. Il naquit en 319/318 et il fut le fils du Roi d’Épire, Éacide (322-317) et de la Reine, Phthia, qui était la fille de Ménon de Pharsale. Il eut deux sœurs : Troas et Deidameia. Celle-ci fut d’abord fiancée au Roi de Macédoine, Alexandre IV Aigos (317-310), fils de Roxane et d’Alexandre le Grand, mais, en 309, après la mort d’Alexandre IV, elle épousa Démétrios I Poliorcète (294-287).
 
   Lors de l’exil d’Éacide, alors qu’on le recherchait pour le tuer, par haine de son père, Pyrrhos I fut enlevé en secret et apporté chez les Illyriens. Afin d’être élevé en cachette, il fut remis à Béroè (ou Bérée), l’épouse de Glaucias (ou Glaukias, 317-303), le Roi des Taulantiens. Ces derniers étaient une tribu Illyrienne implantée aux alentours de Lezhë (ou Lissus ou Alessia), au Nord de l’Albanie actuelle. Béroè était elle-même de la famille des Éacides, elle adopta l’enfant et le protégea contre Cassandre, (Roi de Macédoine de 301 à 297), bien que ce dernier le réclamait sous menace d’une guerre.
 
   En 307, les Épirotes, émus par cette histoire, changèrent d’attitude et rappelèrent Pyrrhos I dans le royaume afin qu’il succéda à son oncle Alcétas II (313-307), qu’ils venaient d’assassiner. Pyrrhos I, toujours avec l’aide de Glaucias (ou Glaukias) entra en Épire et récupéra son trône. Cependant il n’avait alors que onze/douze ans et les Épirotes lui donnèrent des tuteurs pour veiller au royaume jusqu’à ce qu’il atteignit sa majorité. Adolescent, le Roi passa son temps dans les batailles. Du fait du succès de ses entreprises, il fut rapidement jugé comme un grand homme de guerre et le seul qui paraissait capable de pouvoir défendre le royaume. Cependant, en 302, Néoptolème II (le petit-fils d’Olympias) que le grand-père de Pyrrhos I, Arymbas (ou Arrybas, 370-342 et 323-322) avait détrôné en 323, reprit le pouvoir pour la troisième fois et il chassa le jeune Roi de l’Épire. En 301, le pays tomba alors sous la tutelle de Cassandre.

 


 

Monnaie d’Antigonos I Monophtalmos

Son deuxième règne

 
   Pyrrhos I était considéré par les Anciens comme le plus grand Général après Alexandre le Grand, mais ce stratège et tacticien remarquable ne remporta jamais que des succès sans lendemains. Il perdit même à une époque, la Macédoine et la Thessalie. Son rêve de reconstituer l’Empire d’Alexandre le Grand, en s’assurant d’abord la suprématie sur la Méditerranée occidentale l’entraîna en Italie du Sud et en Sicile (280-274), où il ne put se maintenir. Au début de ce deuxième exil, Pyrrhos I se lia avec les Macédoniens Antigonos I Monophtalmos (306-301) et le fils de celui-ci, son beau-frère, Démétrios I Poliorcète (294-287), en lutte contre Cassandre. En 301, lors de la Troisième Guerre des Diadoques, il combattit à leurs côtés à la bataille d’Ipsos (en Phrygie), contre une coalition regroupant : Cassandre, le Roi de Thrace Lysimaque (322-281), le Roi d’Égypte Ptolémée I Sôter (305-282) et le Roi Séleucide, Séleucos I Nikâtor (305-280).
 
   Malheureusement pour Pyrrhos I ils furent écrasés par la coalition et Antigonos I y laissa la vie. Après cette bataille perdue, lors du partage du butin, Lysimaque reçut la majeure partie de l’Asie Mineure jusqu’aux Monts Taurus (La partie orientale revenant à Séleucos I) et Cassandre devint le maître de la plus grande partie de la Grèce. Selon les termes du traité de paix entre les belligérants, Pyrrhos I, vers 300/299, fut emmené comme otage en Égypte. Il fut traité à la cour de Ptolémée I Sôter avec de grands égards. Le souverain Égyptien étant impressionné par les capacités de Pyrrhos I, pendant sa captivité, il lui donna en mariage sa belle-fille, Antigoné (ou Antigone), la fille de la Reine d’Égypte Bérénice I et de Philippe, un noble Macédonien. Les deux hommes devinrent suffisamment proche pour qu’en 297, à la mort de Cassandre, Ptolémée I apporte à Pyrrhos I son aide militaire afin qu’il récupère son trône, qu’il partagea avec Néoptolème II.
 


 

Lysimaque – Musée
archéologique de Selçuk –

   En 295 Pyrrhos I le fit empoisonner et devint le seul maître de l’Épire. La même année il épousa Lanassa, qui était la fille du Tyran de Syracuse, Agathoclès (Dont il divorça en 290). Ce mariage lui apporta Corcyre (Aujourd’hui Corfou) en dote. Il prit pour capitale Ambracie (ou Ambrǎcǐa, l’actuelle Arta), qui était située dans une boucle du fleuve Arachthos (ou Arahthos ou Árakhthos) sur la côte Nord du golfe Ambracique. Grâce à des mariages avec d’autres Princesses : Bircenna (ou Bicenna ou Birkenna), qui était la fille du Roi d’Illyrie Bardylis II (v.295-290), et une fille d’Andoleon de Paenia, il agrandit son royaume, ces Rois devenant ces clients.
 
   Il modernisa l’économie et l’armée, puis Pyrrhos I se lança dans une politique d’expansion militaire. On ne lui compte pourtant à cette époque guère plus de 10.000 soldats. En 289, il s’allia avec les Étoliens. Il profita de la maladie de son beau-frère Démétrios I pour s’emparer d’une grande partie de la Macédoine, jusqu’à Édesse, mais ce dernier l’en chassa peu de temps après. En 288, il repartit à la conquête de la Macédoine. Allié avec la coalition du Roi Séleucide Séleucos I Nikâtor (305-280), Ptolémée I et du Roi de Thrace, Lysimaque (322-281), il attaqua Démétrios I.
 
   Il le détrôna et se proclama, en 287, Roi de Macédoine, titre qu’il ne garda qu’un peu plus d’un an. Démétrios I contre-attaqua et envahit l’Asie Mineure contrôlée par Séleucos I. Il prit l’Ionie, propriété de Lysimaque, la Lydie et la Carie. Mais en Phrygie, en 286, où ses troupes furent décimées par la maladie, il fut battu, emprisonné et exilé à Apamée de Phrygie. Il mourut trois ans plus tard, en 283. En 285/284 Pyrrhos I fut chassé de Macédoine par Lysimaque qui s’en proclama, à son tour, Roi. Cependant, plusieurs villes d’Asie Mineure se soulevèrent.
 
   Le Gouverneur de Pergame, Philetairos (282-263), qui avait été nommé à ce poste par Lysimaque, passa une alliance avec Séleucos I. Celui-ci entra en guerre contre Lysimaque. En Février 281 à la bataille de Couroupédion (ou Corupedion ou Curupedion, en Lydie), Lysimaque fut vaincu et tué. Son Empire fut ensuite découpé et le royaume de Thrace fut récupéré par Ptolémée Kéraunos (281-279), le fils de Ptolémée I Sôter et d’Eurydice I, qui se fit proclamer également Roi de Macédoine par l’armée en Septembre 281. En 280, Ptolémée fit assassiner Séleucos I qui tentait de s’emparer de la Macédoine et dont l’armée venait de franchir l’Hellespont. Il s’allia alors avec Pyrrhos I et lui donna une de ses filles en mariage. Ils parvinrent à repousser les assauts d’Antigonos II Gonatas, qui cherchait à reconquérir le pays. Après la mort de Ptolémée I, malgré ses efforts pendant la guerre civile qui suivit, Pyrrhos I ne retrouva pas le trône de Macédoine. Abandonnant ses ambitions sur ce pays le Roi se trouva un autre champ de batailles.


 

Buste de Pyrrhos I –
Palais Pitti – Florence

 
La campagne d’Italie

 
   En 281 les Romains attaquèrent, sous le commandement du Consul Lucius Aemilius Barbula, la ville de Tarente (Port du Sud de l’Italie sur le golfe du même nom). Celle-ci bien que s’étant alliée aux Samnites (Tribus Sabelliennes établies dans le Samnium, région montagneuse d’Italie centrale) ne put s’opposer à l’armée Romaine, qui s’empara de la ville et la pilla. Les Tarentins envoyèrent alors un ambassadeur auprès des Romains, afin de négocier une trêve et dans le même temps demandèrent de l’aide à Pyrrhos I. Celui-ci fut encouragé à porter secours aux Tarentins par l’oracle de Delphes. Ses objectifs ne furent, cependant pas désintéressés.
 
   Il reconnut là, la possibilité de se tailler un Empire en Italie. Il débarqua au printemps 280, en Italie du Sud, avec une puissante armée d’environ 35.000 hommes (dont 4.000 cavaliers, 2.000 archers, 500 frondeurs, 20.000
phalangistes Épirotes) et 20 éléphants de guerre, dans le but de soumettre les légions Romaines. Les éléphants avaient été prêté par le Roi d’Égypte Ptolémée II Philadelphe (282-246), qui avait également promis 9.000 soldats et 50 autres éléphants pour aidé Pyrrhos, mais cette armée ne vint jamais. Devant la force de l’assaillant Barbula et ses hommes durent s’enfuir.
 
   En Juillet de la même année, à Héraclée (ou Heraclea ou Heracleia ou Herakleia, aujourd’hui Policoro dans la province de Matera) à l’embouchure entre les rivières Aciris (Aujourd’hui Agri) et Siris (ou Siridos, aujourd’hui Sinni), dans le golfe de Tarente, à proximité du fleuve Siris, grâce à sa cavalerie et à ses éléphants qui effrayèrent les troupes Romaines, Pyrrhos I remporta une importante victoire sur les légions commandées par le Consul Publius Valerius Laevinus. Il y a des sources contradictoires sur les victimes. Jérôme de Cardia (ou Hieronymus de Cardia, historien Grec, v.360-v.272), rapporte que les Romains auraient perdu environ 7.000 hommes et Pyrrhos I, 4.000, dont beaucoup de ses meilleurs soldats. Denys d’Halicarnasse (Historien Grec, v.60-v.8 av.J.C) donne une vue plus sanglante du carnage avec 15.000 morts côté Romains et 13.000 pour les Grecs.

 

  Pour plus de détails voir : La bataille d’Héraclée de Lucanie

 
   Les populations encore indépendantes du Bruttium et de Lucanie firent alors alliance avec Pyrrhos I, suivies des Samnites, récemment soumis par les Romains, ainsi que les cités Grecques de Crotone et de Locres. Pyrrhos I fit mouvement sur la Campanie, cependant il n’arriva pas à prendre Capoue. Il décida alors de marcher sur Rome, étant certain que des populations sur son trajet se rallieraient à lui pour se débarrasser de l’emprise Romaine. Les Romains décidèrent à ce moment d’un nouveau plan, ils divisèrent leurs forces en quatre armées. La première, sous les ordres du Consul Barbula, fut chargée d’empêcher la formation d’une alliance entre Pyrrhos I, les Lucaniens et les Samnites. La seconde reçut l’ordre de protéger Rome, au cas où la cité serait attaquée par le Roi d’Épire. La troisième, sous les ordres du consul Tiberius Coruncanius, fut chargée de s’attaquer aux Étrusques, afin qu’ils ne s’allient pas avec Pyrrhos I. Enfin, la quatrième armée, sous le commandement du Consul Publius Valerius Laevinus, reçut l’ordre d’attaquer Tarente et les Lucaniens.

 


 

Les campagnes de Pyrrhos I en Italie

 
   Pyrrhos I arriva jusqu’à Préneste (ou Praeneste) une ancienne ville du Latium, à 37 km. à l’Est de Rome, aujourd’hui nommée Palestrina, la ville était située sur une hauteur stratégique des Apennins, mais contrairement à ses prévisions, sans avoir obtenu de ralliement (On trouve aussi, dans d’autres sources, que sa progression fut stoppée à Anagni [ou Anagnia], à deux jours de marche de Rome), quand il se retrouva face à une autre armée Romaine. Pyrrhos I se rendit compte qu’il ne disposait pas de suffisamment de soldats et qu’il risquait d’être en infériorité dans un combat contre Laevinus et Barbula, il décida de faire demi-tour. Il passa l’hiver en Campanie et envoya Cinéas présenter un traité de paix aux Romains. Celui-ci fut rejeté, l’Ambassadeur Romain Caius Fabricius Luscinus (ou Gaius Fabricius Luscinus) restitua même à Pyrrhos I les prisonniers que ce dernier avait fait libérer par anticipation et que les Romains refusèrent de racheter.
  


 

Buste de Pyrrhos I –
Glyptothèque Ny Carlsberg –
Copenhague

   Pyrrhos I n’eut donc pas d’autre choix que de reprendre le combat. Lorsqu’il envahit l’Apulie, dans le Sud de l’Italie, en 279, à la bataille d’Ausculum, il dut affronter une nouvelle fois les soldats Romains dans une grande bataille. Pyrrhos I avait face à lui quatre légions et leurs alliés, soit près de 40.000 hommes commandés par le Consul Publius Decius Mus. Le Roi remporta tout de même la bataille, mais au prix de lourdes pertes. Les Romains perdirent entre 6.000 et 8.000 hommes et Pyrrhos I environ 3.500. C’est cette bataille, qui est à l’origine de l’expression “victoire à la Pyrrhus”. Selon Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) celui-ci aurait déclaré, commentant ses pertes à l’issue de la bataille : “Si nous devions remporter une autre victoire sur les Romains, nous serions perdus”. Les historiens Romains présenteront la bataille qui dura 2 jours comme indécise pour minimiser cette défaite.
 

  Pour plus de détails voir : La bataille d’Ausculum

 
La campagne de Sicile

 
   L’alliance avec Tarente devait permettre à Pyrrhos I, une fois les Romains vaincus, de pouvoir s’emparer facilement de la Sicile, puis, par la suite, de revenir en Macédoine, à la tête d’une nouvelle armée et reprendre le pays. En 278, une opportunité s’offrit à lui qui put lui permettre de mettre à bien son plan. Il reçut dans le même temps deux demandes d’aides. La première émanait des cités Grecques de Sicile qui souhaitent son appui pour chasser les Carthaginois de l’île.
 
   L’autre, plus inattendue, vint de certains Macédoniens, dont le Roi Ptolémée Kéraunos (281-279) venait de trouver la mort dans une bataille en repoussant une invasion Celte, dirigée par par le Chef de guerre Bolgios (ou Belgios ou Belgius ou Bólgios, en Grec: Βόλγιος). Ils lui proposèrent de remonter sur le trône du pays à la place de Méléagre (ou Meleager, 279), le frère de Ptolémée Kéraunos.
 
   Pyrrhos I hésita, mais il décida que dans un premier temps la Sicile lui offrait une meilleure occasion. Il serait toujours temps de prendre ensuite le trône de Macédoine fragilisé par une guerre civile qui devenait inévitable. Il débarqua donc avec toute son armée en Sicile où, en 277, ses habitants le proclamèrent Roi de Syracuse (Titre qu’il garda jusqu’en 275). Il se lança aussitôt dans la libération du pays et, la même année, il s’empara de la ville d’Éryx, dans la montagne à l’Ouest de la Sicile, à environ 10 km. de Trapani (ou Drepana ou Drepanon) et 3 km. de la côte. 


 

Monnaie de Pyrrhos I

 
   Cette cité était réputée pour être la plus puissante forteresse Carthaginoise de l’île. Par ce coup d’éclat rapide, les autres cités sous domination Carthaginoise se mirent immédiatement sous sa protection. Fort de son succès, en 276, Pyrrhos I entama des négociations avec Carthage. Celle-ci fut d’accord pour traiter avec lui.
 
   Les Carthaginois acceptèrent de lui envoyer de l’argent et des navires une fois qu’un traité de paix fut conclu. Le Roi était prêt à signer, mais contre toutes attentes, les cités Grecques de Sicile refusèrent cet accord obligeant Pyrrhos I à rompre les négociations. Ces dernières étaient opposées à toute paix, tant que Carthage contrôlerait encore la cité portuaire fortifiée de Lilybée (Aujourd’hui Marsala), sur la côte Ouest de l’île, un des principaux bastions Carthaginois de Sicile, fondé par Himilcon en 396.
 
   L’armée de Pyrrhos I entama alors le siège de Lilybée. Elle lança des assauts pendant plus de deux mois, mais la cité ne céda pas étant ravitaillée par la mer. Le Roi réalisa qu’il ne pourrait jamais s’emparer de la ville sans un blocus maritime. Il demanda à ce moment aux cités Grecques de Sicile de lui fournir des hommes et de l’argent dans le but de construire une flotte. Toutefois celles-ci tardèrent à accéder à ses demandes. Pyrrhos I fit alors une grossière erreur. Il décida de passer en force et plaçant des garnisons dans chaque ville, il les obligea à des contributions forcées. Ce régime autoritaire le rendit très impopulaires auprès des populations. À tel point que les cités Grecques changèrent de camp et proposèrent aux Carthaginois de se rallier à eux. L’affaire était trop belle pour Carthage qui profita de l’occasion et envoya une nouvelle armée contre Pyrrhos I.
 
   Cependant le Roi était toujours très fort militairement et il les écrasa. Malgré cette nouvelle victoire, la Sicile continua à être de plus en plus hostile contre lui et Pyrrhos I sentit qu’il devait envisager d’abandonner ses prétentions sur l’île. Alors qu’il était en pleine réflexion, arrivèrent en Sicile deux émissaires Samnite et Tarentin, provenant de Grande-Grèce (Nom que les Grecs de l’Antiquité utilisaient pour désigner les côtes méridionales de la péninsule Italienne). Ils informèrent le Roi que toutes les cités Grecques d’Italie, exceptée Tarente qui résistait encore, étaient conquises par les Romains.
 
   Ce fut le prétexte qu’attendait à Pyrrhos I, il prit alors la décision de quitter la Sicile. Petros Garoufalias précise que sur son bateau de retour il aurait déclaré à ses troupes : “Quel champ de bataille nous laissons là aux Carthaginois et aux Romains”. Pendant toute la période que Pyrrhos I passa en Sicile, les Romains prirent le temps de se constituer une nouvelle armée, bien plus puissante que celle qu’il avait dû affronter avant son départ pour l’île.

 

Monnaie bronze de Syracuse de Pyrrhos I – 278 av.J.C

La retraite d’Italie

 
   Le Roi était conscient des forces en présence et il savait que s’il voulait sortir une nouvelle fois vainqueur, il devait abréger sa campagne en Italie. Il chercha donc à écraser rapidement les légions Romaines. Pour ce faire, en 275, il décida de remonter d’Apulie par le Samnium et de rencontrer l’armée Romaine du Consul Manius Curius Dentatus près de Beneventum (ou Bénévent) dans l’actuelle Campanie au Sud de l’Italie. Le terrain sur lequel se déroula la bataille empêcha Pyrrhos I d’utiliser son armement lourd, de plus les Romains avaient appris à se défendre contre les éléphants.
 
   Les forces de Pyrrhos I ainsi que ses éléphants furent éparpillés dès le début de la bataille. Les troupes Romaines firent pleuvoir une pluie de flèches et de lances sur les éléphants qui se retournèrent alors sur les soldats de Pyrrhos I. Le Roi se rendit compte qu’il allait être battu et il décida de quitter le champ de bataille avant l’issue du combat.
 
   Ce fut la dernière confrontation opposant les forces de Pyrrhos I aux Romains. Diminué, il demanda de l’aide militaire et financière à la Macédoine, ainsi qu’aux dynasties Lagide et Séleucide, mais celles-ci ne venant pas il décida alors de mettre fin à sa campagne d’Italie et à l’automne de retourner en Épire en abandonnant toutes ses conquêtes. Il laissa toutefois à son fils Hélénus (ou Héllènos) et à Milon, un de ses lieutenants, la charge de défendre la citadelle de Tarente. Pyrrhos I parti, la pression Romaine s’accentua sur Locres et Tarente, qu’une flotte Carthaginoise vint secourir, en violation d’un traité passé avec Rome. En 274, le Roi rappela son fils et une partie des troupes, Milon défendit la citadelle encore deux ans, mais Tarente se rendit au Consul Papirius Cursoren en 272. Avec cette victoire, les Romains affirmèrent leur domination sur la péninsule Italienne et sur la Méditerranée.

 

La fin de son règne

 
   Pendant sa campagne Italienne, Pyrrhos I ayant besoin de renforts, écrivit au nouveau Roi de Macédoine Antigonos II Gonatas (277-274 et 272-239), lui demandant des troupes et de l’argent, mais Antigonos II refusa poliment. À l’automne 275, Pyrrhos I battu rentra en Épire, sa retraite d’Italie, cependant, allait être une malchance pour le Macédonien. De retour avec une armée de 8.000 fantassins et 500 cavaliers, il avait besoin d’argent pour les payer, ce qui l’encouragea à cherche une autre guerre. Le refus d’aide d’Antigonos II allait être un bon prétexte. Ajoutant à ses effectifs des mercenaires Celtes (ou Galates), il envahit la Macédoine avec l’intention de remplir ses coffres de butin et reprendre le trône de Macédoine. La campagne se déroula très bien pour lui. Il se rendit maître rapidement de plusieurs villes et il fut rejoint par 2.000 déserteurs de l’armée d’Antigonos II.
 
   Se sentant suffisamment fort il attaqua le Macédonien dans un passage étroit et sema le désordre dans ses troupes à la bataille de la rivière Aous (ou Aoös, aujourd’hui Vjosa ou Vjosë). Les troupes Macédoniennes d’Antigonos II se retirèrent, mais son propre corps de mercenaires Celtes, qui avait la charge de ses éléphants, tenu bon jusqu’à ce que les soldats de Pyrrhos I les encerclent, après quoi ils furent obligés de se rendre. Pyrrhos I chassa ensuite le reste de l’armée d’Antigonos II qui, démoralisée par la défaite, refusa de se battre.
 
   Antigonos II ne put s’échapper qu’en dissimulant son identité et il dut se replier sur la côte, à Thessalonique, où mouillait sa flotte. En 274/273 Pyrrhos I prit possession de la Thessalie et de la Haute-Macédoine dont il se déclara Roi, tandis qu’Antigonos II se maintint sur les villes côtières, mais pour beaucoup d’historiens il n’était plus le Roi en poste. Pyrrhos I s’aliéna toutefois rapidement les Macédoniens en laissant ses mercenaires Celtes (ou Galates) piller la nécropole royale d’Aïgaï (ou Aegae ou Aigéai) pour rechercher de l’or.
 
   Puis, l’année suivante, Pyrrhos I quitta la Macédoine, qu’il laissa à la garde de son fils Ptolémée. Cléonyme (ou Kleonymos), un Spartiate de la dynastie des Agiades, deuxième fils de Cléomène II (ou Cléomènes, 370-309), qui était détesté par ses compatriotes, lui avait demandé d’attaquer Sparte afin de le mettre sur le trône. Pyrrhos I avait accepté avec l’intention de garder ensuite le contrôle du Péloponnèse. Il Rassembla une armée de 25.000 fantassins, 2.000 cavaliers et 24 éléphants, il envahit le Péloponnèse et occupa Mégalopolis en Arcadie.


 

Tétradrachme d’Antigonos II Gonatas

 
   Dans le même temps Antigonos II profita de l’occasion, il rassembla toutes ses forces et reprit l’offensive. Il fut battu une première fois par Ptolémée, mais il continua son action. Comme une grande partie de l’armée Spartiate était en Crète à l’époque, Pyrrhos I assiégea Sparte avec le grand espoir d’une prise facile de la ville, mais les citoyens organisés résistèrent vaillamment, ce qui permit à un des commandants d’Antigonos II, Aminias le Phocidien, de porter secours à la cité avec une force de mercenaires de Corinthe. Peu de temps après, l’armée de Sparte, revint de Crète avec 2.000 hommes. Ces renforts sapèrent le moral des troupes de Pyrrhos I dont des hommes désertèrent de plus en plus tous les jours. Il cessa alors l’attaque et se contenta de piller le pays.
 
   Pyrrhos I ayant renoncé à prendre la cité il lui fallait maintenant une autre cible. La ville du Péloponnèse la plus importante après Sparte fut Argos. Les deux hommes principaux de cette cité furent, Aristippe et Aristée, qui de plus étaient d’avides rivaux. Comme Aristippe fut un allié d’Antigonos II, Pyrrhos I invita Aristée à venir à Argos pour l’aider à prendre la ville. Antigonos II conscient que l’Épirote avançait sur Argos, marcha avec son armée sur la cité afin de prendre une position forte sur un terrain élevé près de celle-ci. Lorsque Pyrrhos I appris la manœuvre, il campa à Nauplie (ou Náfplio ou Anápli, ville du Péloponnèse, capitale de l’Argolide) et le lendemain il envoya un messager à Antigonos II, le traitant de lâche et lui demandant de descendre et de se battre sur la plaine. Antigonos II répondit qu’il choisirait son propre moment pour se battre et que si Pyrrhos I était las de la vie, il pouvait trouver de nombreuses façons de mourir.
 
   Les Argiens, craignant que leur territoire ne devienne une zone de guerre, envoyèrent des députations aux deux Rois en les priant d’aller se battre ailleurs et permettre à leur ville à rester neutre. Les deux souverains acceptèrent, mais Antigonos II conquit la confiance des Argiens en livrant son fils en otage pour prouver son engagement. Pyrrhos I, qui avait récemment perdu un fils à la retraite de Sparte refusa de faire la même offre, car en fait, avec l’aide d’Aristée, il complotait pour s’emparer de la ville. Dans le milieu de la nuit, il dirigea son armée sous les murs de la cité et entra par une porte qu’Aristée lui avait ouverte.
 
   Ses troupes Celtes (ou Galates) se saisirent de la place du marché, mais il eut du mal à faire entrer ses éléphants dans la ville car les portes de celle-ci étaient très petites. Cela donna aux Argiens le temps de rassembler leurs forces. Ils occupèrent les points forts et envoyèrent des messagers Antigonos II lui demandant de l’aide. Ce dernier accepta et leur envoya une force importante. Dans le même temps arriva également avec une aide de 1.000 Crétois et Spartiates qui attaquèrent immédiatement les Celtes (ou Galates) de Pyrrhos I qui tenaient la place du marché.
 
   L’Épirote se rendit compte que ses troupes Celtes avaient du mal à tenir leur position et qu’il lui fallait maintenant avancer sur la cité pour leur venir en aide. Cependant les rues étroites de celle-ci, peu propice à une manœuvre de masse, se révélèrent être rapidement un handicape et semèrent la confusion parmi ces hommes. Au petit matin, Pyrrhos I dut se rendre à l’évidence, il lui fallait battre en retraite. Craignant que les portes de la ville soient trop étroites pour que ses troupes sortent facilement et rapidement et se fassent piéger, il envoya un messager à son fils, Hélénus (ou Héllènos), qui était à l’extérieur avec le corps principal de l’armée, lui demandant de briser une partie des murs. Le messager, cependant, ne réussit pas à transmettre les instructions clairement.
 
   Comprenant l’inverse de ce qu’il fallait faire, Hélénus (ou Héllènos) pris le reste des éléphants et quelques troupes et avança dans la cité pour aider son père. Avec une partie de son armée qui essayait de sortir de la ville et l’autres d’y entrer, l’armée de Pyrrhos I se retrouva dans une parfaite confusion. ela s’aggrava par les éléphants dont un grand nombre était tombé sur la passerelle et bloquaient le passage. Dans ce chaos Pyrrhos I fut frappé par une tuile lancée par une vieille femme depuis un toit, un soldat d’Antigonos II, profita de l’occasion et le tua en le décapitant. Halcyoneus (ou Alcyoneus), un des fils d’Antigonos II, entendit que Pyrrhos I avait été tué. Prenant la tête, qui avait été coupée par le soldat, il la lança aux pieds de son père. Loin d’être heureux, ce dernier en colère contre son fils l’aurait frappé, le qualifiant de barbare et le chassant.
 
   Il couvrit ensuite la tête avec son manteau et fondit en larmes, puis il fit incinéré le corps de l’Épirote avec tous les hommages du à son rang. Après la mort de leur Roi, toute l’armée se rendit à Antigonos II, augmentant considérablement sa puissance. Plus tard, Halcyoneus (ou Alcyoneus) découvrit Hélénus (ou Héllènos), déguisé en mendiant. Il le traita avec bonté et l’amena à son père qui fut plus satisfait du comportement de son fils. Antigonos II salua le jeune garçon courtoisement et le traita comme un invité d’honneur, puis le renvoya en Épire.
 
   Pyrrhos I fut considéré comme l’un des plus grands commandants militaires de son temps. Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec) le classe même devant Hannibal. Pyrrhos I écrivit ses Mémoires et plusieurs livres sur l’art de la guerre. Ces ouvrages ont depuis été perdus, bien que, Plutarque prétend qu’Hannibal aurait été influencé par eux, d’où sûrement sont classement. Pyrrhos I resta célèbre pour ses guerres coûteuses contre les Romains, aussi bien en hommes qu’en argent, beaucoup de ses soldats étaient des mercenaires, mais aussi comme un homme bienveillant. Toujours selon Plutarque (46-v.125, ibid., 1) Pyrrhos I interrogé sur sa succession, aurait répondu qu’il laisserait son royaume "À celui d’entre ses enfants dont l’épée serait la plus tranchante".
 

Sa famille

 
   Pyrrhos I eut six épouses qui lui sont attestées :
 
Antigoné (ou Antigone, en Grec : ‘Aντιγόνη), fille de Bérénice I (Future Reine d’Égypte, épouse de Ptolémée I Sôter), de son premier mariage avec Philippe, un Macédonien inconnu par ailleurs. Elle l’épousa pendant sa captivité en Égypte en 297, Pyrrhos I étant devenu un ami de son beau-père. Elle serait morte en couche en 295. Elle lui donna deux enfants :
Un fils :


 

Buste de Pyrrhos I – Musée du Louvre

Ptolémée d’Épire, qui naquit en 296 et mourut en 272.

Une fille :

Olympias II, qui naquit en 296 et mourut en 234. Elle fut l’épouse de son demi-frère Alexandre II (Roi 272-240).


• Thessalonice (ou Thessalonica ou Thessalonike ou Thessaloniké, en Grec : Θεσσαλονικη), qu’il épousa en 297. Elle fut la fille du Roi de Macédoine Philippe II (359-336) et de la Reine Nicesipolis et la veuve du Roi de Macédoine, Cassandre (301-297). Il n’y a pas d’enfant connu de cette union.
 
• Lanassa (En Grec : Λάνασσα), qu’il épousa en 295. Elle fut la fille du Tyran et Roi de Syracuse Agathoclès (317-289), peut-être par sa seconde épouse Alcia. Agathoclès escorta sa fille à son fiancé en Épire avec sa flotte. Elle apporta en dot de mariage l’île de Corcyre. Lanassa n’accepta pas que son mari vive la polygamie, et en 291/290, elle divorça de Pyrrhos I. Elle partit à Corcyre et offrit l’île comme dot de mariage au Roi de Macédoine, Démétrios I Poliorcète (294-287) s’il acceptait de l’épouser. Il accepta et occupa l’île. Après la mort d’Agathoclès, Pyrrhos I, comme ex-mari de Lanassa, affirma des revendications héréditaires sur la Sicile. Ce fut sur la base de ces conclusions, que les habitants de Syracuse demandèrent à Pyrrhos I en 279 de l’aide contre Carthage. Lanassa donna un ou deux fils à Pyrrhos I :

Alexandre II naquit vers 295 et succéda à son père de 272 à 240. Il épousa sa demi-sœur Olympia II.
Hélénus (ou Héllènos) qui est donné par Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30 – Bibliothèque historique 22.8.2) et Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125 – Pyrrhus 9) mais il y a peut-être confusion avec le Hélénus, fils de Bircenna ?.

 
• Bircenna (ou Birkenna ou Bicenna, en Grec : Βιρκέννα), qu’il épousa en 292. Elle fut la fille du Roi d’Illyrie, Bardylis II (v.295-290) et naquit vers 310. Pyrrhos I l’épousa pour des raisons diplomatiques afin d’augmenter son pouvoir dans le Sud de l’Illyrie. Elle mourut en 272. Elle lui donna deux enfants :

Un fils :

Hélénus (ou Héllènos) d’Épire qui à un âge précoce accompagna son père dans ses campagnes ambitieuses menées dans la péninsule Italienne.

Une fille :

Néréis, qui fut co-Reine de Syracuse, épouse du co-Roi de Syracuse Gélon II (240-216).

 
• Une fille d’Andoleon de Paenia (315-285). Il n’y a pas d’enfant connu de cette union.
 
• Une fille de Ptolémée Kéraunos (281-279), afin de sceller une alliance entre les deux Rois. Il n’y a pas d’enfant connu de cette union.

 

Bibliographie

 
   Pour plus de détails sur le Roi voir les ouvrages de :
 
Jacob Abbott :
Pyrrhus, Harper, New York, 1902.
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
Le monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
Hermann Bengtson :
Herrschergestalten des Hellenismus, C.H.Beck, München, 1975.
Pierre Cabanes :
L’Epire de la mort de Pyrrhos à la conquête Romaine, 272-167 av.J.C., Belles Lettres, Paris, 1976.
Emmanuèle Caire :
D’Heéraclée à Ausculum : Les traditions historiographiques, pp : 233-247, Pallas 79, Paris, 2009.
Jeff Champion :
Pyrrhus of Epirus, Pen & Sword Military, Barnsley, 2009.
Robert Flacelière et Emile Chambry :
– Vies. Tome VI : Pyrrhos, Marius, Lysandre, Sylla de Plutarch, Les Belles Lettres, Paris, 1971.
Peter Connoly :
– Greece and Rome at war, Greenhill Books, Londres, 1981 et 1998.
Paul Corbier :
Pyrrhus en Italie, réflexion sur les contradictions des sources, pp : 221-231, Pallas 79, Paris, 2009.
Peter R.Franke :
– Pyrrhus, The Cambridge Ancient History. Band 7.2 (The Rise of Rome to 220 B.C., Cambridge University Press, Cambridge, 1989.
Petros Garoufalias :
Pyrrhus : King of Epirus, Stacey International, London, 1979 – Robert Beard, London, 1999.
Herbert Heftner :
Der aufstieg Roms, vom Pyrrhoskrieg bis zum fall von Karthago (280–146 v. Chr.), Pustet, Regensburg, 1997.
Nicholas Geoffrey Lemprière Hammond et Frank William Wallbank :
A history of Macedonia / Vol. 3, 336-167 B.C., Clarendon Press, Oxford, 1972-1988
Pierre Lévêque :
Pyrrhos, Éditions de Boccard, Paris, 1957.
Don Nardo :
– Leaders of ancient Greece, CA : Lucent Books, San Diego, 1999.
The decline and fall of ancient Greece, Greenhaven Press, San Diego, 2000.
Arie Bastiaan Nederlof :
Pyrrhus van Epirus : zijn achtergronden, zijn tijd, zijn leven (historie en legende), Rodopi, Amsterdam, 1978.
Elena Santagati :
Un re tra Cartagine e i Mamertini : Pirro e la Sicilia, G. Bretschneider, Roma, 1997.
Ulrich Von Hassell :
Pyrrhus, Münchner Verlag und graphische Kunstanstalten, München, 1947.
Edouard Will :
Histoire politique du monde hellénistique : 323-30 av. J.C., Impr. Berger-Levrault, Nancy, 1966 – Presses universitaires de Nancy, Nancy, 1979 et 1982 – Editions du Seuil, Paris, 2003.

 

 
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