Quelques grands Rois de Mésopotamie :
Naram-Sin
2255  à  2218
 

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  Sommaire
 

Son origine
Son règne
Ses constructions et représentations
Sa famille
Bibliographie

   

 

Son origine

 
   Naram-Sin (ou Naram-Sîn ou Naram-Suen "Aimé de Sîn”), fut le 4e souverain de ce que l’on appelle l’Empire d’Akkad. Ses dates de règne ne font pas l’unanimité, on trouve de : 2273 à 2219 ou 2255 à 2218 (celles les plus courantes) ou 2254 à 2218 ou 2209 à 2155 ou 2202 à 2166 av.J.C. Il fut également Roi d’Ur, d’Ourouk et d’Oumma et Roi de Lagash de 2255 à vers 2245.
 
   On ne connait pas le nom de sa mère mais il fut le fils du Roi Manishtusu (ou Maništušu ou Man-Istusu ou Manishtusu ou Manishtousou ou Manischtuschu) à qui il succéda et donc le petit-fils de Sargon le Grand d’Akkad. Il fut un grand guerrier et un bon administrateur. Une grande part de son règne se passa en campagnes militaires et il se révéla un stratège et un tacticien exceptionnel. Comme pour tous les Rois d’Akkad, l’essentiel de nos connaissances sur sa vie repose sur des textes écrits, dans son cas, plus de quatre siècles après les événements. C’est le cas, du récit littéraire de la "Grande rébellion".

 

Son règne

 

   Au moment de son avènement Naram-Sin dut faire face à un soulèvement général de toutes les provinces de son Empire, de la Syrie à l’Élam. Il mata avec férocité les révoltes des villes de Kish, Nippur et Ourouk. Selon les versions de la "Grande rébellion" (Trois paléo-Babyloniennes et une Hittite), il aurait vaincu soit dix-sept, soit onze Rois coalisés. Puis il pacifia un territoire allant de la Syrie à l’Asie Mineure, comme en témoignent des stèles de victoire trouvées à Diyarbakir et à Suleymanieh, dans l’Est de la Turquie, ce qui confirme d’autres inscriptions plus tardives d’une tablette d’argile. Il y est dit qu’il soumit les villes de : Mari, vers 2240 Ebla (La date exacte de la destruction de la ville fait toujours l’objet de nombreux débats) qu’il détruisit et Alep.
 
   Dans le texte Akkadien qui relate la destruction de ces deux dernières villes, Naram-Sin cite le nom du Roi d’Armanum, et non celui d’Ebla, il est donc fort probable qu’à l’époque, il n’y avait plus de Roi à Ebla, et l’Akkadien n’aurait fait que mettre la main sur les territoires sous l’influence d’Ebla auparavant. Au Nord, il mena également des expéditions contre Subartu (ou Soubartou ou Subartum, Haut-Djézireh, futur pays Hourrites), jusqu’à Urkesh (ou Urkeš ou Tell Mozan). À Nagar (ou Tell Brak), dans le Nord de la Mésopotamie il fit, comme en témoignent des inscriptions sur des briques, construire un palais fortifié, qui comprenait de grands magasins. La garnison protégeait aussi probablement le commerce avec les régions montagneuses. Dans certaines pièces on a retrouvé des résidus de grains, d’or, d’argent et de pierres précieuses.
 
   Naram-Sin se tourna ensuite vers le Sud-est et conquit l’Élam où il plaça un Gouverneur dans sa capitale Suse, Puzur-Inshushinak (Ou Kutik-Inshushinak, v.2250-v.2210) qui plus tard après la mort de Naram-Sin profitera de l’occasion pour reprendre sa liberté et constituera un royaume puissant depuis Suse. Puis l’Akkadien conquit Awan, l’autre ville importante du pays. Toutefois, il dut lutter contre une rébellion constituée par une alliance du Roi de Warahshe, Abalgamash (v.2275-v.2250) avec celui d’Awan, Khita (ou Hita, v.2280-v.2250 ?) qui fut défaite par l’Akkadien.
 
   Certains spécialistes avancent que cette alliance aurait été faite avec le Roi d’Awan, Hishep-Ratep (ou Hišep-Ratep, v.2270 ?). Selon Walther Hinz, il signa un traité de paix avec Khita vers 2250 (les sources pour la date sont incertaines), mais qui fit d’Awan un vassal des Akkadiens. Ce traité est le plus ancien document écrit en cunéiforme Élamite qui fut retrouvé. Bien que la dynastie d’Awan fût vaincue, les Élamites furent en mesure d’éviter l’assimilation totale. La ville d’Anshan, située dans une partie montagneuse et escarpée du Sud-ouest de l’Iran, ne fut jamais atteinte par les Akkadiens. En fait, les Élamites resteront une source de tension qui déstabilisera l’Empire Akkadien jusqu’à sa chute définitive.

 

L’Empire  d’Akkad  sous  Naram-Sin

 

 

Cliquez sur un nom de ville ou de région

 
   Naram-Sin poussa ses expéditions jusqu’à Magan (Aujourd’hui Oman), où il battit son Roi, Manium (ou Mannudannu). Il semble même qu’il se soit enfoncé plus profondément encore dans le plateau Iranien, presque jusqu’à la vallée de l’Indus. Une année, il aurait remporté neuf victoires successives sur ses ennemis. Il soumit Satuni, le Roi des Loulloubis (ou Lullubi ou Lulubi, aujourd’hui le Sharazor dans les plaines du Zagros Iranien), peuple originaire de Perse et installé dans le Zagros. Il restaura l’intégrité de l’Empire et se fit proclamer "Roi des quatre nations". Son règne vit l’arrivée d’un autre danger, les Goutis, considérés comme des barbares par les Mésopotamiens, ils étaient originaires du Zagros et lancèrent plusieurs attaques contre leur grand voisin.
 
   Il fut le premier souverain Mésopotamien à être divinisé de son vivant, sans doute vers la fin de sa vie, il se proclama "Dieu de la terre“. Les dernières années du règne de Naram-Sin marquent le début du déclin de l’Empire d’Akkad. Naram-Sin a été représenté dans l’histoire comme un Roi néfaste par qui le malheur s’est répandu en Akkad, peut-être en raison de la mise à sac du sanctuaire Nippur qu’il avait commandé. On peut penser que les Prêtres ne sont pas étrangers à cette réputation qui lui a été faite.  

 


 

Vestiges du temple du palais de Naram-Sin
au Nord du site de Nagar

Ses constructions et représentations

 
   Naram-Sin fut aussi un grand bâtisseur. Outre le palais qu’il se fit bâtir, il reconstruisit les temples. Entre autres, celui d’Inanna à Adab, celui de Shamash à Sippar, celui de Nanna-Suen à Ur, dont il fit Grande Prêtresse sa fille, En-men-ana (ou Enmenana). À Akkad, il fit bâtir un temple dédié à Sin et un temple pour lui-même et fit achever la construction de celui dédié à Ishtar. Il aurait encore restauré celui d’Enlil à Nippur ainsi que les murs de la cité. À Nagar il se fit construire un palais. Ce palais-forteresse, de 105 m. x 92 m., fut un centre administratif du Nord de l’Empire d’Akkad, il ressemblait plus à un dépôt pour le stockage d’hommages collectés et des produits agricoles, qu’à un siège résidentiel.
 
   Malgré l’importance et la longueur de son règne, il ne nous est parvenu que peu de représentations de lui. La plus importante est une stèle de grès rose, de 2 m. de hauteur sur une largeur maximale de 1,05 m. Elle se trouve aujourd’hui au musée du Louvre. On y voit le Roi torse nu, coiffé d’un casque à deux cornes, escaladant une montagne en forme de cône, surmontée par des symboles divins et semblant marcher sur des ennemis vaincus dans la montagne qui semble être les Loulloubis.
 
   Il porte un arc et dans sa main droite, il tient une flèche. La stèle fut, comme le montre l’inscription, à l’origine érigée à Sippar, mais ce fut en 1898, lors de fouilles dans la ville de Suse, qu’elle fut trouvée. Une inscription du Roi d’Élam, Shutruk-Nahhunté I (1185-1153) y décrit sa conquête de Babylone (1158) et y déclare que comme Sippar fut détruite, il emporta la stèle à Suse, ce qu’il fit également pour d’autres objets importants. L’inscription originale de Naram-Sin est endommagée, Zainab Bahrani suggère que cela a été fait par les Élamites.
 
   Le musée d’Istanbul possède un fragment de stèle en basalte de 55 cm. de hauteur, provenant de Pir-Hussein (ou Pir Hüseyin, au Kurdistan Turc), où l’on voit le Roi de profil, vêtu d’une tunique et coiffé de la tiare conique entrain également de tuer des ennemis. 

 

Sa famille

 
   On ne connaît pas le nom de son épouse ou de ses épouses, mais Naram-Sin à dix enfant identifiés :
Bin-kali-Sarri (ou Bin-kali-Sharri) qui était l’aîné des fils.
Sar-Kali-Sarri (ou Shar-Kali-Sharri ou Sarkalisarri, 2218 à 2195) qui lui succéda.
En-men-ana (ou Enmenana) qui fut Prêtresse de Nanna à Ur.
Lipit-Ili (ou Lipitili,) qui fut Gouverneur de Marad.
Nabi-Ulmash qui fut Gouverneur de Tutu (ou Toutou).
Ukkin-Ulmash.
Simat-Ulmash.
Shum-Shani (ou Shumshani ou Sumšani) qui fut Prêtresse de Shamash à Sippar.
Tar’am-Agade qui épousa semble t-il un souverain d’Urkesh comme le laisserait supposer un sceau retrouvé dans la cité.
Tutar-Napshum (ou Tuta napšum) qui fut Prêtresse d’Enlil à Nippur.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur le souverain voir les ouvrages de :
  
Dana Bänder :
Die siegesstele des Naramsîn und ihre stellung in kunst- und kulturgeschichte, Schulz-Kirchner, Idstein, 1995.
Jean Bottéro et Marie-Joseph Stève :
Il était une fois la Mésopotamie, Gallimard, Collection Découvertes, Paris, 1993.
Mark E.Cohen :
A new Naram-Sin date formula, pp : 227-232, Journal of Cuneiform Studies 28, N°4, New Haven, Boston, Octobre 1976.
Joan Goodnick Westenholz :
Legends of the kings of Akkade : The texts, Eisenbrauns, Winona Lake, 1997.
Samuel Noah Kramer :
The Sumerians : Their history, University of Chicago Press, Chicago, 1963.
Cyril John Gadd :
The dynasty of Agade and the Gutian invasion, University Press, Cambridge, 1963.
Walther Hinz :
Elams vertrag mit Narām-Sîn von Akkade, pp : 66-96, Zeitschrift für Assyriologie und Vorderasiatische Archäologie 58, N°1, 1967.
Joan Goodnick Westenholz :
Legends of the kings of Akkade : the texts, Eisenbrauns, Winona Lake, 1997.
Francis Joannès, Cécile Michel et Luc Bachelot :
Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Robert Laffont, Paris, Septembre 2001.
Samuel Noah Kramer :
The Sumerians : Their history, Culture and Character, University of Chicago Press, Chicago, 1963.
Fritz Rudolph Kraus :
Sumerer und Akkader : Ein problem der altmesopotamischen geschichte, North-Holland Publishing Company, Amsterdam, 1970.
Julius Lewy :
Naram-sin’s campaign to Anatolia in the light of the geographical data of the Kültepe texts, Halil Edhem memorial 12, 1947.
Piotr Michalowski :
New sources concerning the reign of Naram-Sin, pp : 233-246, Journal of Cuneiform Studies 32*, N°4, New Haven, Boston, Octobre 1980.
Gebhard J.Selz :
Sumerer und Akkader, Geschichte, Gesellschaft, Kultur, C.H. Beck, München, 2005 – Beck’sche Reihe Wissen, München, 2005.
Edmond Solleberger et Jean Robert Kupper :
Inscriptions royales sumériennes et akkadiennes, Les Éditions du Cerf, Paris, 1971.
Steve Tinney :
A new look at Naram-Sin and the “Great rebellion”, pp : 1-14 Journal of Cuneiform Studies 47, New Haven, Boston, 1995.

 

 
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