Les  nécropoles  :
Oumm el-Qaab
 

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La vallée des Rois  –  Les tombes
La vallée des Reines  –  Les tombes
Liste des tombes Thébaines
Deir el-Bahari  –  DB320
Deir el-Médineh
Dra Abou el-Naga
El-Assasif
El-Khokha
El-Tarif
Gournet Mourraï
Sheikh Abd el-Gourna

  

Sommaire
 

▪  Le site
▪  Les fouilles
▪  L’histoire de la nécropole royale
▪  Les principales tombes
▪  L’architecture des tombes
▪  La nécropole privée
▪  Les enclos royaux
▪  Les chambres annexes
▪  Bibliographie

Vue du site et du
sol jonché de
poterie

 

ou  Peqer
Peqer    Pqr

 

Le site

 
   La nécropole d’Oumm el-Qaab (ou Umm el Qaab ou Oumm el-Qa’ab ou Oumm el-Kab ou Umm el-Qa’ab ou Umm el Ga’ab, en arabe : أم القعاب‎) "la mère des cruches", est ainsi nommée à cause de la grande quantité de poteries trouvées à cet endroit. Globalement on estime à environ huit million de poteries qui furent déposées là en offrande. Ce fut la nécropole royale de la Période Pré-dynastique (v.3500-v.3150) et des premières dynasties. Elle est située à environ 1,5 km/2 km dans le désert d’Abydos. Les archéologues divisent le site en deux parties : Le cimetière B et le cimetière U. En bordure du village moderne on trouve les "enclos royaux" des premières dynasties, le plus connu est celui de Shunet ez Zebib.
 
   La zone fut un lieu de vénération et de culte pour les anciens Égyptiens. Selon l’égyptologue Ian Shaw, au Moyen Empire (2022-1650) une des tombes royales, qui pourrait être celle d’Horus Djer (2974-2927), fut excavée et reconstruite pour le culte du Dieu Osiris. D’autres égyptologues datent ce fait de la XIIIe dynastie (v.1783-v.1625). Même bien après que le dernier Roi y fut enterré, la nécropole resta un lieu de pèlerinage, surtout au Nouvel Empire (1549-1080). Elle fut également beaucoup visitée à la Basse Époque (656-332).

 

Les fouilles

 


 

Stèle funéraire avec le nom
d’Horus du Roi Djer, trouvée
à Oumm el-Qaab –
Musée du Caire

   Ce fut Émile Amélineau qui le premier entama des fouilles sur le site en 1894. Il mit au jour une série de tombeaux contenant des objets, portant le nom des Rois des premières dynasties, qui furent envoyés au Musée du Caire. Ses fouilles furent importantes mais malheureusement elles ne furent pas effectuées de manière scientifique, il n’y eut pas, entre autres, de rapport de fouille, ce qui fit perdre une grande quantité d’informations qui auraient pu être vitales pour comprendre le site et reconstituer le contenu des tombes. Parmi les importantes mises au jour il y a la stèle funéraire du “Roi Serpent” qui est aujourd’hui au Musée du Louvre. Toutefois ces premières excavations firent connaître le site et la nécropole fut de nouveau fouillée à partir 1900-1901, par Sir William Matthew Flinders Petrie.
 
   Il mit au jour en quelques années les tombeaux de tous les Rois de la Ière dynastie (v.3050/40-2828) et de deux de la IIe dynastie : Péribsen/Sekhemib (2694/92-2674) et Khâsekhemoui (2674-2647), ce qui permit de définir la chronologie des Rois de la Ière dynastie. C’est de Petrie que vient la division de la nécropole en deux parties. Cependant après lui Oumm el-Qaab retomba dans l’oubli. Il fallut attendre les années 1970 pour que le site suscita à nouveau de l’intérêt. Ce fut l’égyptologue Allemand Werner Kaiser qui reprit le travail et décida de refouiller systématiquement toutes les tombes. Il en étudia aussi l’architecture et le mode de construction. Son attention se porta en premier lieu sur les tombes du cimetière B et notamment sur celles des Rois Narmer (v.3050/40-v.2995), Horus Aha (v.2995-2974), et sur les prédécesseurs de ceux-ci appartenant à la dynastie 0 (Nom inventé par Petrie).
 
   Ce fut Kaiser qui fouilla la tombe B1/2 qu’il attribua au Roi Iry-Hor (ou Ra-Hor). Puis il étendit ses recherches au cimetière U. En 1988, il dégagea la tombe U-j, comportant 12 chambres intérieures et qui est la plus grande tombe de cette époque jamais découverte dans le pays. Lors de la restauration de la tombe T121 d’Horus Den, qui est terminée aujourd’hui, Kaiser découvrit un sceau de la nécropole donnant l’ordre des 5 premiers Rois de la Ière dynastie. Aujourd’hui c’est une mission Allemande dirigée par Günter Dreyer qui termine les fouilles du cimetière U.

 

L’histoire du site

 


 

Entrée de la tombe restaurée d’Horus Den

   On ne sait pas exactement aujourd’hui encore, de quand datent les premières inhumations sur le site. Les recherches récentes dans le cimetière U de la mission Allemande ont permis de dégager deux tombes, U502 et U239, qui dateraient de la période de Nagada I (ou Amratien, v.3800-v.3500). Le cimetière U comprend aussi les plus anciennes sépultures en briques avec les tombes U133 et U149. Des égyptologues, suite aux dernières découvertes sur le site parlent de Rois aux noms de : Coquillage ou Taureau I et II, qu’ils comptent pour certains avant la dynastie 0, une dynastie 00 peut-être ?, le débat entre spécialistes est ouvert.
 
    On est donc sur que lors de la période Prédynastique (v.3500-v.3150) Oumm el-Qaab devint la nécropole officielle des chefs Thinites qui prirent le pouvoir à la fin de la période Nagada IId, ou au début de la période Nagada IIIa (v.3250). La dynastie 0 (v.3250/3200-v.3050/3040), dont les Rois furent issu à la fois de Thinis et de Nekhen (ou Hiérakonpolis), émergea quelques temps après. Le cimetière U resta le lieu d’enterrement officiel de ses souverains jusqu’à vers la fin de cette dynastie. Ce fut à partir du Roi Iry-Hor qu’ils déplacèrent leurs sépultures dans le cimetière B. Nous ne connaissons pas les raisons de ce changement. Horus Ka (ou Ka-Sehen, v.3060), puis Horus Narmer (v.3050/40-v.2995) suivirent avec des tombes au plan simplifié et à l’architecture en brique. Ce fut aussi à cette période que l’on vit apparaître la distinction entre deux éléments : La tombe par elle même et l’enclos, ou l’enceinte funéraire.

 

Les principales tombes

 
    Cimetière U : Cette zone contient les tombes des "Rois" de la période Pré-dynastique.

 
• Tombe Uj – Tombe d’un noble inconnu, mais peut-être celle du Roi Horus Scorpion I (v.3170) compte tenu des insignes trouvés dans la sépulture. Cependant les égyptologues sont encore divisés sur cette affirmation. La tombe du "Roi" se compose de 12 chambres intérieures. La chambre funéraire est carrée et mesure environ 2,90 m. de côté x 4,70 m. de hauteur. À l’Est de celle-ci on compte neuf salles de stockage, qui sont divisées en trois rangées de trois chambres. Probablement à cause de l’augmentation des besoins d’espace dans une phase ultérieure, deux salles de stockage légèrement plus grandes furent ajoutées.
 
   La tombe est, pour la période et compte tenu de sa taille, une découverte sans précédent. Toutes les tombes royales précédentes consistaient en un puits avec seulement une ou deux chambres. Un sceptre fut mis au jour dans la chambre funéraire, ainsi qu’une inscription sur un Sérekh qui montre la position de Scorpion I. Il fut également mis au jour dans les magasins des cruches à vin pour une contenance environ 4000 litres. Comme le précise Hermann Alexander Schlögl les pots de vin étaient étiquetés "Plantation du Roi Scorpion". Enfin près de 200 plaquettes d’ivoire et de pierre (ou labels) furent trouvées, décrivant les actes de son règne. Ce sont les plus anciennes trouvailles écrites en Égypte.
 
    Cimetière B : Cette zone contient les tombes des Rois depuis la fin de la dynastie 0 (v.3250/3200-v.3050/3040), ceux de la Ière dynastie (v.3040-2828) et les deux derniers Rois de la IIe dynastie.
 
• Tombe B1/B2– Tombe (A) du Roi Iry-Hor (ou Ra-Hor). Cette tombe fut découverte par Sir William Matthew Flinders Petrie. Elle se compose de deux chambres distinctes : La plus grande, la chambre B 1, mesure 2,50 m. x 7 m., l’autre, plus petite, B 2, mesure 4,50 m. x 2,50 m. et servait sans doute de salle de stockage.
 
• Tombe B7/B8/B9 – Tombe (B) du Roi Horus Ka (ou Ka-Sehen, v.3060) qui fut le successeur immédiat du Roi Iry-Hor. Sa tombe a le même plan de construction et aménagement de l’espace que la tombe de son prédécesseur, c’est uniquement par la dimension des chambres qu’elle diffère, B 7 : 6 m. x 3,30 m. et B 9 : 6 m. x 3 m. Environ 40 objets funéraires y furent mis au jour sur lesquels était inscrit le nom d’Horus Ka.
 
• Tombe B10/B15/B19 – Tombe (D) du Roi Horus Aha (v.2995-2974), qui se fit enterrer dans son tombeau avec son épouse et un groupe de lions. La tombe possède trois chambres séparées, deux puits indépendants et 34 tombes secondaires sur trois rangées. Les trois chambres ont toutes la même taille.
 
• Tombe B17/B18 – Tombe (C) du Roi Narmer (v.3050/40-v.2995). L’attribution à ce Roi n’est pas certaine encore à ce jour. La sépulture se compose de deux chambres. Chaque chambre mesure environ 10 m. x 3 m. Ici, les chambres n’ont pas été construites séparément, mais elles se trouvent directement l’une contre l’autre séparées seulement par un mur. Lors de sa découverte une stèle y fut mise au jour.


 

Vue des tombes secondaires
de la sépulture de Den

 
• Tombe O326 – Tombe (F) du Roi Horus Djer (2974-2927) où sa stèle brisée fut mise au jour. Par rapport à ses prédécesseurs il bénéficie d’une plus grande chambre funéraire et de 334 chambres secondaires sur plusieurs rangées. La tombe est rectangulaire, bordée de puits en briques de terre et a des dimensions extérieures de 21,50 m. x 20 m. Le centre de la chambre funéraire était autrefois recouvert de bois. C’est la plus grande tombe découverte à ce jour. On y a mis au jour certaines stèles des courtisans enterrés avec le Roi. Selon l’égyptologue Ian Shaw, au Moyen Empire (2022-1650) cette tombe royale fut excavée et reconstruite pour le culte du Dieu Osiris. D’autres égyptologues datent ce fait de la XIIIe dynastie (v.1783-v.1625).
 
   À une époque plus tardive, un escalier conduisant dans la chambre funéraire, fut construit. À la Basse Époque (656-332), le Pharaon Apriès (589-570) y fit ériger une chapelle. En raison de la réutilisation par la suite de la tombe il n’a été trouvé que quelques restes du mobilier funéraire. À la lisière du désert se tenait l’enclos royal de Djer. Il est mal conservé, mais il avait un mur qui englobait une superficie de 96,20 m. x 53,80 m. Le mur était d’environ 3,25 m. d’épaisseur. À l’intérieur de la clôture on a découvert les vestiges d’un temple.
 
• Tombe P – Tombe (E) du Roi Péribsen/Sekhemib (2694/92-2674) de la IIe dynastie (2828-2647). Sa tombe (si c’est la sienne) est simplement décorée. Elle mesure 21 m. x 18,50 m. et est significativement différente de celles de la dynastie précédente. La chambre funéraire est construite en brique. Un hall d’entrée débouche, par deux ouvertures, sur deux rangées de quatre chambres de stockage et la chambre funéraire. Celle-ci, au carrée, à des dimensions de 7,30 m. x 2,89 m. de haut. La tombe fut pillée, mais il restait encore des sceaux, dont un avait d’inscrit la première phrase écrite en hiéroglyphes, et des vases en pierre au nom de Péribsen et d’anciens dirigeants de la IIe Dynastie. Il y avait aussi de nombreuses empreintes de sceaux au nom de Sekhemib ce qui a fait considérer à quelques égyptologues qu’il s’agissait de la même personne. Les premières fouilles furent réalisées par Émile Amélineau.
 
   Elles permirent de mettre au jour des vases en pierre et de nombreux vases en cuivre. Avant la tombe se trouvaient autrefois deux piliers avec le nom du souverain. Le tombeau lui même appartenait à un complexe dans lequel le culte du mort était effectué. Ce quartier, de 108 m x 55 m, était entouré d’un monumental mur de briques crues et contenait aussi quelques bâtiments. Les murs de ces bâtiments internes avaient une épaisseur de 1,50 m. L’enceinte possédait trois entrées, une au Nord, une au Sud et une à l’Est. À son Sud-est se trouvait une chapelle, dont les dimensions étaient de 12,30 m. x 9,50 m., qui possédait trois chambres. Depuis le début de cette dynastie les Rois mirent fin aux chambres secondaires. L’accès de la tombe se faisait par une rampe.
 
• Tombe Q26 – Tombe (K) du Roi Horus Qa’a (2853-2828) d’où proviendraient deux stèles de basalte. La dernière évolution des tombes pour cette dynastie sera sous ce Roi avec une tombe légèrement plus grande et une entrée orientée désormais au Nord. La chambre funéraire, de 10 m. x 5 m., en amont de six salles de stockage plus petites, se trouve au milieu du complexe et on y accède par un escalier. Elle est entourée par 26 chambres secondaires.
 


 

Tombe de Khâsekhemoui

• Tombe T121 – Tombe (I) du Roi Horus Den (ou Oudimou, 2914-2867) qui est l’une des plus prestigieuses du site. Elle a pour dimensions de 25,50 m. x 16,40 m. Avec la construction de ce tombeau on assiste à de nouvelles innovations : Pour la première fois un large escalier très long, de 24 m, qui se trouve au milieu d’une rangée de tombes secondaires, mène au complexe souterrain ; la chambre funéraire d’environ 8,50 m. x 15 m., voit son accès bloqué par une herse après l’enterrement ; une structure indépendante, à l’angle Sud-est de la tombe du Roi, est dotée de son propre escalier menant à une niche, le premier serdab, qui contenait semble t-il la statue du Roi, l’escalier servant de passage au Ka du Roi ; enfin le sol de la tombe reçoit une couverture de granit rose d’Assouan. Cette sépulture était entourée de 121 tombes secondaires.
 
• Tombe U69 – Tombe (J) du Roi Sémerkhet (2861-2853). Elle fut fouillée en premier en 1895-1896 par l’archéologue Français Émile Amélineau, puis des investigations complémentaires furent faites en 1899 et 1900 par Sir William Matthew Flinders Petrie. Ses dimensions extérieures sont de 29,20 m. x 20,80 m. et elle est construite de briques de boue. Il y a des signes qui nous indiquent que le complexe fut achevé à la hâte. L’entrée du tombeau se situe à l’Est et la chambre funéraire, de 16,50 m. x 7,50 m., se trouve au centre de la structure. Elle est entourée de 69 chambres secondaires dont deux devaient servir de magasin, on y a mis au jour sept stèles dont deux appartenaient à un certain Néfer. La chambre funéraire est en mauvais état mais on peut encore voir qu’elle était recouverte de bois, comme le montrent quelques vestiges. Il n’a été retrouvé que très peu de chose des offrandes et du mobilier funéraire. Par contre ont été mis au jour plusieurs sceaux avec le nom du Roi.

Vaisselle en bronze trouvée dans la tombe
de Khâsekhemoui – British Museum

 
• Tombe V – Tombe du Roi Khâsekhemoui (2674-2647)qui est monumentale. Elle est la plus vaste du site et la plus compliquée. Elle est la dernière à y avoir été construite. Elle est de forme rectangulaire et de très grandes dimensions, elle fait 68,97 m. x 12,20 m. Elle était entourée par une enceinte de 123 m. x 64 m., avec des murs de 5,35 m. d’épaisseur. Près de l’angle Est se trouvait un petit bâtiment carré de 18,30 m. x 15,50 m. de haut. Cette disposition est peut-être ce qui donnera l’idée de son complexe funéraire à son fils Djoser (2628-2609, IIIe Dynastie). La tombe est formée d’un long couloir flanqué de 58 chambres en briques d’accès restreint, destinées à recevoir, entre autres, les offrandes funéraires, et la chambre funéraires.
 
   Celle-ci, est située dans le centre de la tombe à près de 2 m. de profondeur. Ses dimensions sont de 5,30 m. x 3,30 m. Elle est parée de blocs de calcaire et est considérée comme la plus ancienne structure de maçonnerie au monde. La tombe fut fouillée par Sir William Matthew Flinders Petrie, en 1901, puis par Émile Amélineau. Elle contenait un sceptre en sardoine bagué d’or, des vases de pierre et des vases en céramique remplis de grains et de fruits. Il y avait aussi de petits objets laqués, des perles de cornaline, des outils en silex et en cuivre, de la vannerie et une grande quantité de sceaux.
 
   La tombe de Khâsekhemoui avait également un nombre relativement important de mobilier funéraire qui avait échappé aux pilleurs de tombe, y compris des vases (ou pots) en brèche (ou breccia, roche composée d’au moins 50% d’éléments anguleux prit dans un ciment naturel) et en grès, dont les bords furent enduits avec de l’or. L’archéologie a démontré que l’utilisation de l’or en tant que décoration pour des objets d’une tombe se fit pour la première fois sous Khâsekhemoui. Il faut aussi souligner de la vaisselle en bronze et cuivre, particulièrement remarquables qui est restée, malgré le temps, pour la plupart des éléments étonnamment bien conservés. Ces objets sont la preuve du démarrage précoce de l’époque du bronze Égyptien.
 


 

Poterie de type Égéen
retrouvée dans la tombe
de Djer (O326) – Musée Petrie

• Tombe X63 – Tombe du Roi Adjib (ou Anedjib, 2867-2861). Elle est considérée comme la plus petite, 16,40 m. x 9 m., de toutes les sépultures royales du site. Sa chambre funéraire, de 7 m. x 4,50 m. fut construite entièrement en bois plutôt qu’en pierre et était de mauvaise qualité de construction. La tombe fut fouillée la première fois par Sir William Matthew Flinders Petrie de 1899 à 1900. Elle est divisée en deux salles et un escalier. Les murs des chambres n’ont pas plus d’un mètre d’épaisseur. La plus petite des deux chambres contenait les empreintes de sceaux de nombreux courtisans. Autour de la tombe sont regroupées 65 chambres secondaires. Une seule de ces chambres était peut-être un magasin. Dans certaines ont été mis au jour de nombreux vestiges de sculptures en ivoire.
 
• Tombe Y41 – Tombe (H) de la Reine Merneith (v.2914-v.2900). Son tombeau est proche de celui de son époux Horus Djet (Z). C’est l’un des tombeaux les plus grands du site 16,50 m. x 13,90 m. sur 2,70 m. de hauteur pour ses dimensions extérieures, et l’un des plus raffinés de cette époque construits dans la nécropole royale. La tombe contenait une grande chambre dont les parois de l’infrastructure étaient recouvertes de briques crues. On y trouve huit petits magasins étroits entourant la chambre funéraire. Il contenait une partie du mobilier funéraire. On y a mis au jour de nombreux bocaux scellés. Le plafond de la salle était en bois. C’est dans la chambre funéraire qu’a été retrouvée la stèle de la Reine. Sa tombe est entourée de 41 tombes secondaires.
 
• Tombe Z – Tombe (G) du Roi Horus Djet (ou Ouadji, 2927-2914). Sa tombe est similaire à celle Roi Horus Djer. Les chambres principales sont à peu près de la même taille, 13,50 m. x 11,50 m., mais le nombre de chambres secondaires fut réduit à 178. Dans la tombe principale, il y a 19 chambres magasins. La sépulture était entourée, lors de sa découverte, de poteries votives datant de la XVIIIe dynastie (1549-1295) et postérieure.

 

L’architecture des tombes

 
   Les tombes royales consistent au début en une grande fosse creusée dans le sol avec des murs construits en briques. Elles sont ensuite entourées de chambres qui serviront de tombes secondaires, qui communiquent parfois avec la chambre funéraire du souverain et qui forment assez souvent des rangées. Les premières tombes royales ne possèdent pas de magasins de stockage. Elles sont de diverses tailles, la plus ancienne sépulture du site, dans le cimetière U, a des dimensions déjà importantes de 3 m. x 6,10 m. et elle possède à l’intérieur un puits dont les murs sont en briques. Cependant on en trouve aussi plus petites, 4,5 m. x 0,75 m.
 

Fragment de la stèle funéraire
d’Horus Qa’a, trouvé sur le site

   À partir de la Ière dynastie (v.3040-2828) et plus particulièrement du Roi Narmer / Ménès (v.3050/40-v.2995), tombe B17-B18, la taille des sépultures et leur complexité va considérablement augmenter. On est certain qu’elles possédaient des superstructures, qui sont malheureusement aujourd’hui détruites. Toutefois il subsiste encore des fosses (ou puits) bordés de briques, comme pour la tombe d’Horus Djet (ou Ouadji, 2927-2914), avec des rangées de sépultures secondaires. Les égyptologues pensent que les superstructures devaient avoir la forme de mastaba comme à Saqqarah, mais sans vestiges significatifs il est difficile d’être affirmatif. Günter Dreyer pense qu’il devait y avoir deux éléments, un tumulus caché recouvrant les salles souterraines et un second grand tumulus recouvrant l’ensemble.
 
   Comme dit plus haut, à partir des successeurs de Narmer on constate un développement considérable de la tombe royale. Le tombeau possède une chambre funéraire qui est encerclée de petites pièces. Le sarcophage en bois se trouve au milieu de la chambre dans une fosse dont les murs sont en briques. Ces rangées de petites pièces accueillent les offrandes et les tombes des fonctionnaires du Roi et ses serviteurs, plusieurs dizaines de ces sépultures sont habituellement construites dans le tombeau. Certaines des offrandes contenaient des animaux, comme l’âne trouvé dans le tombeau de la Reine Merneith (v.2914-v.2900). Preuve de l’existence de sacrifices, mais cette pratique fut semble t-il par la suite modifiée par des offrandes symboliques.


 

Tombe de la Reine Merneith


   La tombe d’Horus Aha (v.2995-2974), qui succéda à Narmer, bénéficia ainsi de trois chambres (B10/15/19) séparées, deux puits indépendants et 34 tombes secondaires sur trois rangées. Le Roi suivant, Horus Djer (2974-2927) jouit d’une plus grande chambre funéraire et de plusieurs blocs et rangées de chambres secondaires. Avec Horus Den (2914-2867) qui suivit, on assista à des évolutions importantes : Pour la première fois un large escalier très long, de 24 m, qui se trouve au milieu d’une rangée de tombes secondaires, mène au complexe souterrain ; la chambre funéraire voit son accès bloqué par une herse après l’enterrement ; une structure indépendante, à l’angle Sud-est de la tombe du Roi, est dotée de son propre escalier menant à une niche, le premier serdab, qui contenait semble t-il la statue du Roi, l’escalier servant de passage au Ka du Roi ; enfin le sol de la tombe reçoit une couverture de granit rose d’Assouan. La tombe possède 334 chambres secondaires autour de la sépulture centrale.
 
   La dernière évolution des tombes pour cette dynastie se fit sous le Roi Horus Qa’a (2853-2828) avec une tombe légèrement plus grande et une entrée orientée désormais au Nord. De ces faits les tombeaux prirent une certaine importance, le plus grand d’entre eux couvrant une surface de 2 500 m². Les Rois de la IIe dynastie (2828-2647) vont délaisser Oumm el-Qaab pour construire leur tombeaux à Saqqarah, sauf deux : Péribsen/Sekhemib (2694/92-2674) et Khâsekhemoui (2674-2647). On ne connait pas les raisons de ces choix. Comme le propose Toby Alexander Howard Wilkinson il s’agit peut-être, lors de cette période troublée, d’une volonté politique de se rattacher aux grands Rois des dynasties précédentes. Si pour Péribsen l’architecture du tombeau reprend celle de la Ière dynastie, pour Khâsekhemoui la construction type de la tombe change. Elle n’est plus une sorte de cercle mais un long passage bordé de chambres de chaque côté avec la chambre royale au milieu de la longueur. Oumm el-Qaab ne se fit définitivement supplanter par Saqqarah qu’au début de la IIIe dynastie (2647-2575).


 

Fragment de stèle funéraire de
Sémerkhet avec son Sérekh,
trouvé à Oumm el-Qaab

 
   Le site était en grande partie écroulé et le contenu des tombes avait presque été totalement vidé par les pillards, mais les égyptologues ont tout de même mis au jour quelques objets importants aux noms des Rois, hormis les stèles ornées de bas-reliefs ou peintes : De riches bijoux qui étaient mis sur les momies, une profusion de fragments de vases en pierres et de mobiliers, des tablettes d’ivoire et d’ébène gravées, des sceaux d’argiles. Ces sceaux de différents fonctionnaires, dont plus de 200 variétés ont été trouvées, donnent un aperçu du régime public. Plus tard un monastère Copte situé au Nord, semble avoir été construit sur les fondations d’importantes murailles des premières dynasties.
 

La nécropole privée

 
   Outre la nécropole royale il existait aussi une nécropole privée à Oumm el-Qaab. Elle, commença sous la Ière dynastie (v.3040-2828), avec quelques petites tombes dans la ville elle même. Elle prit de l’ampleur sous les XIIe (1991-1786) et XIIIe dynasties (v.1783-v.1625) et contint de nombreux riches tombeaux. Un grand nombre de petites tombes fut ensuite construit entre la XVIIIe (1549-1295) et la XXe dynastie (1186-1069). La population, lors des dynasties suivantes, continua à enterrer ses morts sur le site jusqu’à l’ Époque Romaine. Ce cimetière privé fut fouillé dans un premier temps par Auguste Édouard Mariette. Malheureusement ses ouvriers vont mettre au jour plusieurs centaines de stèles funéraires sans en enregistrer les emplacements ou les noms. Plus tard des fouilles furent reprises par Edward Russell Ayrton, puis par David Randall-MacIver et enfin par John Garstang.

 

Les enclos royaux ¹

 
   En bordure de la vallée, à la limite entre les cultures et le désert, plusieurs Rois des Ière dynastie (v.3040-2828) et IIe dynastie (2828-2647) bâtirent en briques d’immenses enceintes : Les enclos royaux. Nous en connaissons 7, ou 8 si on rajoute les structures de celui du Roi Horus Aha (v.2995-2974). L’attribution de ces enclos à un Roi donné n’est pas toujours très simple et leurs fonctions exactes restent encore à définir. Le mieux préservé est celui du Roi Khâsekhemoui (2674-2647) de la IIe dynastie, connu sous le nom de Shunet ez Zebib. Ils mesurent entre 90 m. et 130 m. sur 50 m. à 70 m. Deux structures possèdent des tombes secondaires. Ce sont des enceintes à redans, comme celle de Khâsekhemoui, que l’on peut comparer à l’architecture de l’enceinte du complexe de Djoser.


 

Stèle au nom de Merneith
trouvée dans son tombeau
– Musée Égyptien du Caire

 
   Ils sont construit en briques et ils étaient recouvert d’un enduit blanc. Quatorze bateaux factices furent découverts près de l’enclos de Khâsekhemoui, sans doute pour reproduire les vrais navires. À la lisière du désert se tenait l’enclos royal du Roi Horus Djer (2974-2927). Il est mal conservé, mais on voit encore qu’il avait un mur qui englobait une superficie de 96,20 m. x 53,80 m. Le mur était d’environ 3,25 m. d’épaisseur. À l’intérieur de la clôture, on trouve les vestiges d’un temple. Ces enclos possèdent sans doute un lien avec les tombes du site. Faut-il y voir un endroit rituel ou de culte du Roi défunt ?. Le peu d’indices à l’intérieur de ces constructions ne permet pas de conclure avec certitude. Servaient-ils aux funérailles ou à leurs préparations ?. Peut-être que de nouvelles fouilles pourront apporter de nouveaux éléments.

 

Les chambres annexes ¹

 
   Les grandes tombes royales d’Oumm el-Qaab possèdent deux éléments : La tombe royale proprement dite, parfois dotée d’une longue rampe d’accès s’enfonçant dans le sol comme les sépultures des Rois Horus Qa’a (2853-2828) et Horus Den (2914-2867) et les chambres annexes qui servaient de tombes secondaires. Ces tombes secondaires peuvent être très nombreuses, parfois plus de 300. Ces chambres/tombes sont sujettes depuis bien longtemps à des interrogations et des débats entre les spécialistes. L’architecture en est assez rudimentaire, elles possédaient juste une structure souterraine incluant la chambre funéraire.
 
 :  La fosse était creusée, puis recouverte, comme pour les tombes royales, d’un plafond en bois, aujourd’hui disparu. Au-dessus il existait une structure qui selon l’époque fut en bois ou en briques. Les dignitaires, hauts fonctionnaires, Prêtres etc… dès la Ière dynastie (v.3040-2828), vont plutôt se faire ensevelir à Saqqarah Nord, ce site possède d’exceptionnels vestiges de mastabas. À Oumm el-Qaab, rien de tel, d’où la question que se posent les égyptologues : Alors à qui appartenaient ces tombes ?. On suppose aujourd’hui que ce fut probablement à des personnes servant le Roi et/ou la cour royale. Cette nombreuse présence d’enterrement près du Roi fut rapidement assimilée à des sacrifices humains. Ces serviteurs devaient continuer à remplir leurs fonctions auprès du souverain au-delà de la mort.
 


 

Détails de l’enceinte de Péribsen, montrant les
offrandes et derrière l’enceinte de Khâsekhemoui

   Cela indique que les Rois de cette dynastie étaient reconnus comme des Êtres suprêmes avec une puissance divine. Il est vrai que l’on ne sait pas avec certitude si les occupants de ces tombes furent sacrifiés ou enterrés après leur mort naturelle. Toutefois la thèse de sacrifices humains est largement retenue. Ces pratiques semblent avoir été communes aux Rois de toute la Ière dynastie. Elle fut abandonnée par la suite, les êtres humains étant remplacé par les oushebtis. Dans tous les cas l’interprétation est donc très délicate.
 
   D’autre part, l’état de ces tombes rend difficile toute chronologie de fermeture. Furent-elles scellées pendant ou peu après les funérailles du Roi ? et furent-elles construites en même temps que la tombe du souverain ? Autant de question aujourd’hui toujours sans réponse. Près des enclos funéraires, des tombes secondaires fournirent aux archéologues des noms, souvent grâce à des stèles funéraires. Celles-ci, bien plus petites et plus grossières que les stèles royales, constituent une source importante pour les égyptologues. Dans certains cas, les noms des propriétaires étaient juste écrits sur un mur de la tombe.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la nécropole voir les ouvrages de :
 
Émile Amélineau :
Le tombeau d’Osiris. Monographie de la découverte faite en 1807-1898, Ernest Leroux, aris, 1899.
Les nouvelles fouilles d’Abydos, 1896-1897, compte-rendu in extenso des fouilles…, Ernest Leroux, Paris, 1902.
Les nouvelles fouilles d’Abydos, 1897-1898, compte-rendu in extenso des fouilles…, Ernest Leroux, Paris, 1904 et 1905.
Jan Assmann :
Tod und Jenseits im Alten Ägypten, Beck C. H, Munich, Janvier 2001 – Février 2003.
Joachim Boessneck :
Besprechung der tierknochenfunde aus dem grabkomplex des Horus-Aha in Umm el-Qaab bei Abydos, M.L. Leindorf, Marburg, 1991.
Günter Dreyer :
Umm el-Qaab : Nachuntersuchungen im frühzeitlichen königsfriedhof 7./8. Vorbericht, MDAIK 52, Mainz, 1996.
Eva-Maria Engel :
The Royal Tombs at Umm el-Qa’ab, Archeo-Nil 18, 2008.
Ulrich Hartung et Günter Dreyer :
Umm el-Qaab I : Das prädynastische Kkönigsgrab U-j und seine schriftzeugnisse, Philipp von Zabern, Mainz, 1998.
Umm el-Qaab II : Importkeramik aus dem Friedhof U in Abydos (Umm el-Qaab) und die Beziehungen Ä;gyptens zu Vorderasien im 4. Jahrtausend v. Chr, Philipp von Zabern, Mainz, 2001.
Werner Kaiser :
Zu den Königsgräbern der 1. Dynastie in Umm el-Qaab, MDAIK 37, Philipp Von Zabern, Mainz, 1981.
– Zum Siegel mit frühen Konigsnamen von Umm el-Qaab, pp : 115-119, MDAIK 43, Philipp Von Zabern, Mainz, 1987.
David O’Connor :
The cenotaphs of the Middle Kingdom at Abydos, MGEM, IFAO, Le Caire, 1985.
William Matthew Flinders Petrie :
The royal tombs of the first dynasty, Part I- II, The Office of the Egypt exploration fund, 1900.
The royal tombs of the earliest dynasties, 1901, Part II, The Office of the Egypt exploration Fund, 1901.
 

¹  – D’après l’article de François Tonic, pp : 45-46, Toutânkhamon Magazine N°39, Juin/Juillet 2008.

 

 

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