Quelques Divinités du panthéon :
Seshat
 

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Sommaire
 

Fonctions et origine
Ses représentations et symboles
Ses lieux de cultes principaux
Le culte de Seshat
Légendes et mythes
Bibliographie

 

Représentation de Seshat

 
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Statuette de Seshat
– Musée du Louvre

Fonctions et origine

 
   Seshat (ou Séchat ou Seschat ou Seschet ou Seshet ou Sesheta ou Safkhet ou Sesat ou Seshata – “Celle qui écrit” ou “Celle qui est un scribe” ou "Celle qui préside aux écrits") est une divinité assez discrète du panthéon. Déesse de l’écriture et de l’histoire, protectrice des bibliothèques, patronne des scribes et Dame des constructeurs. Comme intellectuelle, elle fut bien vite associée à son grand homologue masculin Thot. Parfaitement reconnaissable à sa tenue, Seshat est une Déesse dont les représentations sont relativement rares. Si Seshat tint une place discrète dans les faits mythologiques, elle n’en fut pas moins une divinité de grande importance. Particulièrement pour le Roi ou le Pharaon dont elle prédisait la destinée et dont elle conservait la mémoire des actes. Elle fut son archiviste en quelque sorte.
 

Ses représentations et symboles

 
   Les images que nous avons de Seshat sont invariablement celle d’une femme, debout le plus souvent, mais on la trouve aussi assise, occupée à écrire, vêtue d’une longue robe moulante, que recouvre une peau de léopard. Elle est l’unique Déesse à être vêtue de la sorte. Certaines Grandes Prêtresses portent également cette tenue. Est-ce un attribut de magicienne ?. Pour l’heure, le lien n’a pu être établi. Un élément, dont le sens n’a pas été encore clairement élucidé, la caractérise plus encore, il s’agit d’une sorte de fleur (ou rosette) à sept pétales fichée sur le sommet de sa tête. Par-dessus, une paire de cornes renversées. Ce symbole, inspiré peut-être d’un ancien colifichet, suffit parfois à écrire le nom de la Déesse. On la connaît également recroquevillée comme Maât. Elle tient alors la croix de vie Ânkh (anx). Parfois, sa présence dans une scène se résume à la seule rosette qu’elle a sur la tête. En tant que patronne des scribes, et à l’instar de Thot, son homologue masculin, Seshat tient également le calame (Roseau taillé en pointe dont on se sert pour l’écriture) et la palette. Les images de cette Déesse sont peu fréquentes, on compte tout de même parmi elles, un superbe bas-relief Ramesside, datant de vers 1250, qui orne une des parois du temple d’Abou-Simbel.
 
   Ses symboles étaient :
Ses attributs divins : Le plus caractéristique est une fleur à sept pétales fichée sur le sommet de sa tête que coiffent deux cornes animales renversées. Elle partage avec Thot le calame et la palette, des scribes.
 
Animaux, couleur et élément : Aucun animal ne lui fut spécifiquement consacré. Son élément fut l’air et sa couleur le jaune comme Maât avec laquelle elle peut parfois nourrir quelques ressemblances.
 
Les fêtes en son honneur : Seshat tint un rôle important, lors des couronnements et des jubilés royaux. Son anniversaire, célébré conjointement avec celui de la Déesse Mafdet, donnait aussi lieu à quelques réjouissances.

 

Ses lieux de cultes principaux

 
   Les lieux de cultes de Seshat furent surtout résidants dans les temples d’autres divinités. Son clergé est cependant attesté dans le Delta et à Memphis. Avec Thot, on la célébrait aussi à Hermopolis, ainsi qu’à Thèbes.
 

Le culte de Seshat

 
   Le culte de Seshat est dans un sens particulier car plutôt que d’avoir bénéficié de temples à elle seule dédiés, elle fut l’hôte des plus grands sanctuaires. Des sanctuaires à la construction desquels elle participait par essence, puisque quand Seshat n’écrivait pas et ne consignait pas l’histoire du pays, elle bâtissait. Aussi est-ce dans l’environnement du Roi ou du Pharaon que la Déesse s’avéra être la plus sollicitée, à défaut d’être véritablement fêtée. Car en effet, et en vertu des croyances Égyptiennes, particulièrement du souverain, Seshat intervint réellement, du moins les Égyptiens le croient-ils, dans le déroulement de plusieurs actes royaux : Fondations, jubilés, etc… Peu de temples et peu de fêtes donc pour cette divinité. Cette discrétion de la Déesse se vérifie par la rareté des lieux de culte lui étant consacrés. Il semble qu’elle eut tout de même un clergé, qui fut originaire du Delta et plus précisément de Sais. Sa vénération est aussi attestée à Memphis et à Hermopolis, la cité du Dieu Thot, avec lequel Seshat fut souvent vénérée.


 

La Reine Hatshepsout et Seshat –
Relief de la chapelle rouge – Karnak

 
   Pour la pratique de son culte, elle fit donc partie des divinités résidantes, c’est-à-dire partageant les temples avec leurs principaux titulaires, comme cela se faisait fréquemment dans le pays. Ainsi Amon l’accueillait-il à Thèbes. C’est là l’essentiel du culte qui lui était rendu. Seshat n’était en effet que très exceptionnellement fêtée, car elle fut en fait celle qui assurait la postérité, la renommée du souverain. En témoigne le décor du temple funéraire de la pyramide de Pépi II (2246-2152) à Saqqarah. Parmi les bas-reliefs grandioses qui en ornent les parois, figure une scène classique : La victoire du Roi sur ses ennemis. Pépi II y est représenté massacrant ses adversaires. D’autres à genoux le supplient de leur accorder sa grâce. À leurs côtés, s’accumule le butin. Au milieu de cette grande fresque, Seshat, assise, transcrit sur sa tablette les événements auxquels elle assiste. Elle dénombre les années de vie, ainsi que les années de règne des souverains et rédige ainsi, les siècles passant, les “listes royales“, sources essentielles de connaissance qui contribuèrent à établir la chronologie des règnes dans le pays.
 
   Le culte voué à Seshat se manifesta également, comme dit plus haut, par l’implication de la Déesse dans la construction des temples dont le Roi ou le Pharaon ordonnait la réalisation. Ses compétences en matière de géométrie n’y sont pas étrangères. L’initiative de construire un temple est une prérogative royale, mais les prescriptions rituelles liées à la fondation sont si précises, que le souverain devait être assisté de Seshat. Elle seule lui permettait de calculer l’orientation de l’édifice.
 
   L’opération se faisait de nuit, puisque les quatre angles du temple devaient être fixés d’après la position des étoiles, avec comme réfèrent, la constellation de la Grande Ourse, la cuisse de Seth selon la mythologie, qu’il ne fallait, de fait, jamais perdre de vue. Le souverain disposait pour cela d’un instrument de visée dont Seshat était censée lui avoir appris le maniement. Venait ensuite l’étape du tracé au sol. Seshat, sous les traits d’une femme dont elle prenait l’aspect, aidait le Roi ou le Pharaon à tendre le cordeau entre deux piquets pour marquer le sol des futures fondations. Seshat veillait sur l’exactitude du tracé. Ainsi, dans cet acte créateur qu’est la fondation d’un temple, assurait-t-elle le souverain d’une réussite égale à celle des Dieux.

 

Légendes et mythes

 
   Tout comme Maât, avec laquelle elle se confond parfois, Seshat ne se raccroche à aucun des grands cycles mythologiques. Elle est une personnification des concepts abstraits que sont l’écriture, le calcul, la mémoire. Au mieux, dans les légendes, fait-elle quelques apparitions dans certains passages des plus grands récits. Apparitions qui mettent en relief la haute estime que les Dieux et Déesses avaient d’elle, car Seshat fut respectée en tant que Déesse éminemment intellectuelle, son nom “Celle qui préside aux écrits“, le rappelle avec force. Elle fut aussi “Celle qui a été la première à écrire“. L’écrit, le calcul, le dessin, furent au cœur de ses préoccupations. Ainsi fut-elle “Celle qui réside aux livres divins et aux archives” de la royauté. Cela sous-entend que Seshat écrivait et consignait tout ce que l’on sait de l’histoire des Dieux et des faits du Roi ou du Pharaon, de la généalogie des souverains à la tenue des livres de comptes du Trésor royal, Seshat notait et enregistrait tout ce qui avait trait à la bonne marche du pays.
 
   Un peu comme nos bibliothécaires, elle étendait ses compétences à d’autres champs d’informations que l’écriture proprement dite : “Je suis la maîtresse des plans“, écrivait-elle et même la “Maîtresse de la construction“. Elle fut la mémoire de l’architecture, à la conception de laquelle elle participait activement. Une telle activité sous-entend de solides connaissances en mathématiques et géométrie et en astronomie, pour l’orientation des édifices. Ainsi Seshat n’avait-t-elle rien à envier à Thot, lui aussi fort doué en ces domaines. Dans la mesure où Seshat procéda en premier lieu d’un concept abstrait bien plus que d’une divinité, aucune famille, dans un premier temps du moins ne lui fut connue. En effet, et comme ce fut souvent le cas en Égypte, ce furent les hommes qui attribuèrent des parents et parèdres aux divinités. Le cas de Seshat est à ce titre parfaitement exemplaire.
 
   La plus ancienne parenté qui lui soit connue est attestée dans la rédaction du premier Texte des Pyramides, sous l’Ancien Empire (2647-2150), et la met en relation avec la Déesse féline Mafdet. Même si les liens les unissant ne nous apparaissent pas clairement, toujours est-il que Seshat et Mafdet étaient considérées comme deux sœurs jumelles. D’ailleurs l’anniversaire des deux Déesses était rituellement célébré le même jour. Au cours du Nouvel Empire (1549-1080), et de par la similitude de leurs fonctions, Seshat entama un rapprochement avec Thot. Certaines légendes avancent qu’elle fut à la fois sa sœur et sa fille. Il faut attendre l’Époque Ptolémaïque (305-30), pour que Seshat soit dotée d’un complément masculin, le Dieu Seshaou, une forme particulière d’Osiris, duquel peu de chose nous est parvenu.
 
   Plus tardivement, à l’époque Romaine, Seshat se vit assimilée à quelques-unes des plus grandes Déesses Égyptiennes comme : Hathor, Isis, Nephtys ou encore Râttaoui, une Déesse que l’on honorait particulièrement à Thèbes. Seshat fut aussi considérée comme une la magicienne. La magie tient une place non négligeable dans la vie des Égyptiens, que ce soit une magie guérisseuse ou prophylactique dans le cadre de la santé, une magie liée aux offrandes rendues aux morts ou aux Dieux, elle était partout présente. Aussi Seshat figure-t-elle en bonne place dans la barque de , entre Thot et Heka, afin d’exercer son art contre Apophis, le serpent qui, inlassablement chaque nuit, assaillait le vaisseau solaire.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la Déesse voir les ouvrages de :
 
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Seshat and the pharaoh , JEA 26, Egypt Exploration Society, London, 1940.
Mary Barnett et Michael Dixon :
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L’Egypte : Dieux, mythes et religion : Un voyage dans le monde fascinant des mythes et de la religion de l’ancienne Egypte, EDDL, Paris, Janvier 2001.
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