Téglath-Phalasar III, bas-relief
provenant de son palais à Nimrud – Musée du Louvre |
Son origine, son nom
Téglath-Phalasar III (ou Tiglath-Pileser ou Tiglatpileser ou Theglathphalasar ou
Tukulti-Apil-Esharra ou Tukulti-apil-escharra ou Tukulti-apil-esarra ou Tukulti-apil-Ešarra ou Tukulti-pal-Esarra ou
Tukultī-apal-ešarra “Ma confiance est dans le fils de l’Esharra“) fut le premier souverain de la dernière période
Assyrienne dite : "Apogée et chute"
ou "Nouvel Empire" de 745 à 727 av.J.C ou 744 à 727 ou 744 à 726.
Son origine est encore incertaine et en fonction des spécialistes il fut le dernier fils
d’Adad-Nirâri II,
alors que d’autres avancent qu’il ne serait pas le frère des trois souverains précédents, mais un usurpateur sans relation du tout
avec la précédente maison royale.
Ancien Gouverneur de
Nimrud (ou Kalkhû), Pulû (ou Téglath-Phalasar
donc) aurait été un Général qui prit un nom de règne
Assyrien afin d’être plus légitime vis à vis de ses prédécesseurs.
Il s’appela lui-même fils d’Adad-Nirâri
III dans ses inscriptions, mais il n’est pas certain que cela soit véridique. Il monta sur le trône au milieu de la guerre
civile. La Liste Éponyme Assyrienne dit : "Sur le treizième jour du mois de Airu Tiglath-Pileser a pris son siège
sur le trône", à la suite d’un coup d’État sanglant où la famille royale fut abattue.
Son nom est inscrit sous différentes formes dans les documents historiques : La Bible l’enregistre comme
Tiglath-Pilneser (Chroniques 28:20) et aussi comme Pûl (ou Pûl – Chroniques 5:26 et Rois 15:19,20). Cependant, aucune
de ces sources ne sont contemporaines de l’époque du souverain, donc il reste incertain que le nom de Pûl n’ait jamais été
utilisé au cours de la vie de l’Empereur. Il est donc aussi incertain de le rapprocher de Pulû son nom de Roi
à Babylone.
Son règne
Ses conquêtes
Téglath-Phalasar III inaugura une période d’expansion,
qui assura pendant plus d’un siècle la domination de l’Assyrie.
Il est considéré comme le véritable fondateur du Nouvel Empire Assyrien. En 745, il commença sa première expédition
militaire contre les tribus
Araméennes et
Chaldéenne en
Basse-Mésopotamie où les principales villes se soumirent.
Il descendit jusqu’à Nippur et se fit couronner
"Roi de Sumer et
d’Akkad".
En 744, il mena campagne contre les tribus montagnardes dans le Zagros.
En 743/742, après plusieurs batailles victorieuses il annexa le Nord de la
Syrie où il chassa les
Ourartéens,
puis la Phénicie
qui devinrent des vassaux.
En 740, après trois ans de siège, il prit Arpad (Ville au Nord-ouest
d’Alep
appelée actuellement Tell Rifat) en Syrie, qui fut annexée comme province. Il y massacra ses
habitants et détruisit la ville. Puis il soumit Hamath (ou Hama ou Hamat "forteresse") une
ville sur les rives de l’Oronte dans le centre de la Syrie. La même année il remporta une victoire sur le Roi de
Juda,
Azarias (ou Ozias ou
Uzziah ou Azariah, 776-746). Selon Georges Roux, il aurait aussi conquit l’Arabie (ou Sarrat Aribi) de la Reine Zabibe
(ou Zebībē) et Prêtresse du royaume de Qédar (ou Qidri en Arabie du Nord),
le royaume était centré sur l’oasis de Duma
et Samal (ou Sam’al ou Ja’udi ou Ya’udi ou Yadiya ou Gabbar bits), cité-État
Araméenne du
Nord de la Syrie (aujourd’hui Zincirli Höyük ou Zenjirli Höyük dans les montagnes de l’Anti-Taurus, province de Gaziantep de
la Turquie) du Roi Azriyau, qui lui rendirent hommage.
En 737/736, il asservit le pays des
Mèdes. Il obtint un énorme butin de bétail et les prisonniers furent expulsés vers la région de la Diyala.
En 735 il s’attaqua à l’Ourartou.
Son Roi
Sarduri II (766-733) forma alors une coalition avec les souverains : Matu-Ilu
d’Arpad, Sulumal de Milid
(ou Melid ou Arslantepe dans les faubourgs de Malatya aujourd’hui) et Tarhulara d’une autre partie du Gurgum
(ou Kahramanmaraş).
Cependant l’Assyrien
remporta une importante victoire sur
Sarduri II et ses alliés Syriens et il marcha sur la capitale
Tushpa,
qui fut prise la même année et le royaume fut dévasté. Certains spécialistes avancent que Téglath-Phalasar III ne put
prendre la capitale.
Le récit de la campagne fait, entre autres choses, partie d’une inscription fragmentaire (en argile cuite)
de la stèle de Tasmetu (ou Tašmetu-Sarrat) dans le temple de Nabû à
Nimrud (ou Kalkhû – ND 4301 + 4305) qui fut découverte
en 1955. On apprend aussi que le souverain y trouva des chevaux inégalés pour ses chars de guerre. À Ulluba (Près de
Kumme dans le Nord de la Mésopotamie) il fit construire une
nouvelle forteresse, Ashur iqiša, que des habitants de Samal (ou Ja’udi ou Ya’udi)
dirigèrent. L’Ourartou, qui malgré
cette défaite restait une grande puissance, tenta alors de former une nouvelle coalition et
Tyr,
Sidon,
Ascalon
(ou Ashkelon) se soulevèrent.
Téglath-Phalasar III – Stèle aux
murailles de son palais – British Museum – Londres |
En 734, Téglath-Phalasar III réduisit à néant cette association.
En 733 ses armées occupèrent le territoire des
Philistins sur la
côte de la mer Méditerranée. Puis il aida le Roi de
Juda,
Achaz (ou Ahaz, 742-726),
à vaincre le Roi
d’Israël,
Pékah (736-732) et
Razin (ou Retsin, 792 ou 766-733/2) celui
de Damas. La
ville fut prise en 732, beaucoup d’habitants furent empalés ou déportés dans l’Empire
Assyrien. Il rançonna ensuite le royaume
d’Aram-Damas et
ravagea Israël, à qui il imposa
un très lourd tribut selon l’Ancien Testament. Ces événements sont racontés dans la Bible, qui décrit comment Téglath-Phalasar III
vaincu Pékah et Razin.
Razin fut exécuté par l’Assyrien et
Pékah fut tué par
Osée (ou Osie,
732-722), qui prit le contrôle du royaume
d’Israël comme
vassal de l’Assyrie (2 Rois 15:29; 16:5-9, 1 Chroniques 05:06, 26).
Cette période est confuse puisque que les sources
Assyriennes signalent que Téglath-Phalasar III utilisa
Pékah et
Osée
comme vassaux. Une autre inscription dit que
Pékah fut
tué par les habitants de
Samarie qui portèrent
Osée sur le trône ?.
En occupant toute la
Palestine,
Téglath-Phalasar III se prémunit des
Égyptiens.
Il se laissa ensuite tenter par les richesses de Babylone
et en Octobre 729 il écrasa et captura le Roi Nabu-Mukin-Zeri (ou Nabû-Mukin-Zeri ou Nabu-mukin-zari ou
Nabû-mukīn-zēri, 732-729), il prit la ville et s’en proclama Roi (729-727) sous le nom de Pulû (ou Pulu). Il fit de
l’Assyrie un Empire puissant où ses vassaux devaient payer un tribut
qui enrichit économiquement l’Empire. La
Commagène, Damas,
Tyr,
Sidon,
Byblos,
Karkemish, Hamath,
Gourgoum, Mélid, des villes de
Cilicie ainsi que le royaume de Saba du Roi
Mukkarib Yâthiamar, lui firent des présents. À sa mort, ses fils :
Salmanasar
V et Sargon II
vont lui succéder sur un Empire plus étendu et plus fortement organisé qu’il ne
l’avait jamais été auparavant.
Sa politique intérieure
À partir de Téglath-Phalasar III, la politique de
l’Assyrie devint systématique : Écrasement de l’adversaire,
déportation des Rois vaincus (Remplacés par des Gouverneurs
Assyriens), déportation massives des populations (Plus de 350.000
lors de son règne) pour punir les rebelles et peupler des villes nouvelles procurant ainsi de la main-d’œuvre.
Le souverain mit en place plusieurs réformes destinées à différents secteurs de son État. La première de ces réformes fut faite
pour contrecarrer les pouvoirs des hauts fonctionnaires, qui pendant le règne de ses prédécesseurs étaient devenus extrêmement
importants. Ces hauts dignitaires, comme Shamshi-Ilu (ou Shamshi-t ou Šamši-t ou Samsi-ilu ou Schainschi-ilu ou ilu-Šainši) qui
était commandant en chef de l’armée et Gouverneur de la province
Assyrienne de Bit Adini
(ou Beth Eden) dans la vallée de l’Euphrate depuis l’époque
d’Adad-Nirâri III,
menaient souvent leurs propres campagnes et érigeaient leurs propres stèles
commémoratives, sans évoquer du tout l’Empereur.
Téglath-Phalasar III recevant trois
dignitaires – Orthostate de Nimrud
|
Téglath-Phalasar III redécoupa
l’Empire en provinces plus petites, ce qui entraîna une baisse de leurs
ressources, les empêchant de mener une révolte. Comme le précise John Nicholas Postgate, les provinces furent dirigées par des Gouverneurs, dont la plupart
étaient des eunuques et venaient des familles les plus puissantes de l’Assyrie.
Il engagea la construction de forts et de garnisons et certains colons servirent de troupes auxiliaires.
Le souverain réorganisa l’armée qui devint une armée de métier avec des bataillons spécialisés, ajoutant donc aussi des éléments
étranger. Il en augmenta ainsi considérablement la puissance qui fut composé essentiellement de l’infanterie, dont ses successeurs
se serviront pour des futures conquêtes.
De ses activités de bâtisseur on retient un palais à
Nimrud (Le soi-disant "palais central")
qui sera démantelé par Assarhaddon. Les dalles de décoration sculptées
de son palais et les bas-reliefs illustraient ses réalisations militaires, il y avait gravé aussi ses annales royales.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur le
souverain voir les ouvrages de :
Samuel Anspacher :
– Tiglath Pileser III, AMS Press, New York, 1966.
Enrico Ascalone :
– Mesopotamia : Assiri, sumeri e babilonesi (Dizionari delle civiltà; 1), Electa Mondadori, Brossura, 2005.
John A.Brinkman : – Babylonia under the Assyrian Empire, 745-627 B.C., in M.T. Larsen
(ed.), Power and Propaganda : A Symposium on Ancient Empires. Mesopotamia 7223-250, Copenhagen, 1979.
Eva Cancik-Kirschbaum :
– Die Assyrer. Geschichte, Gesellschaft, Kultur, C.H.Beck Wissen, München, 2003.
Georges Contenau :
– Téglath-phalasar III à Nabonide, Paul Geuthner, Paris, 1927-1972.
– La vie quotidienne à Babylone et en Assyrie, Hachette, Paris, 1950.
Frederick Mario Fales :
– L’impero Assiro. Storia e amministrazione (IX-VII secolo AC), Editori Laterza & Figli Spa, Roma-Bari, 2001.
Albert Kirk Grayson :
– Assyrian and Babylonian chronicles, J.J. Augustin, Locust Valley, 1975 et Eisenbrauns, Winona Lake, 2000.
Amélie Kuhrt :
– The ancient near east, c. 3000-330 BC, Routledge, London, New York, 1995.
Sylvie Lackenbacher :
– Le roi bâtisseur : Les récits de construction Assyriens des origines à Teglatphalasar III,
Editions Recherche sur les civilisations, Paris, 1982.
Don Nardo :
– The Assyrian Empire, CA: Lucent Books, San Diego, 1998.
Albert Ten Eyck Olmstead :
– Assyrian chronology, The American Journal of Semitic Languages and Lit,
University of Chicago Press, Chicago, Mai 1922.
– History of Assyria, Univ of Chicago Pr (T), June 1975 (Postume).
– Assyrian Historiography, IndyPublish.com, Boston, November 2003 (Postume).
John Nicholas Postgate :
– The land of Assur and the yoke of Assur, World Archaeology 23, N°3, 1992.
Alfredo Rizza :
– Les Assyriens et les Babyloniens, Trésors d’une civilisation ancienne, Éditions : White star,
Paris, Septembre 2007.
Robert William Rogers :
– A history of Babylonia and Assyria, Eaton & Mains, New York, 1900 – Jennings & Pye, Cincinnati, 1901 –
Abingdon Press, New York, 1915 – Me. Books for Libraries, Freeport, 1971 – Lost Arts Media, 2003.
Georges Roux :
– Ancient Iraq, World Pub. Co., Cleveland, 1964-1965 – Penguin Books, London, New York, 1992.
Vincent Scheil :
– Inscriptions des derniers rois d’Assyrie, Ernest Leroux, Paris, 1913.
Hayim Tadmor :
– The inscriptions of Tiglath-Pileser III king of Assyria, The Israel Academy of sciences and
humanities, Jérusalem, 1994.
Pour d’autres ouvrage sur l’Assyrie voir à :
Assyrie, Bibliographie générale
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