Localisation et développement
La Bactriane (ou Baktrianê ou Bactrie ou Baktria, en Persan :
باختر, en
Grec :
Βακτριανê), fut une région de l’Asie centrale et fut un Empire
Indo-européen dont la capitale fut Bactres (Actuelle Balkh). Les
Indiens lui donnaient le nom de Bahlikâ et les Chinois celui de Daxia. L’antique
Bactriane correspond géographiquement au Sud de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan
et au Nord-ouest de l’Afghanistan actuel. La Bactriane est une région célèbre en raison de ses richesses minérales et
de sa prospérité agricole et plusieurs routes commerciales importantes en provenance de l’Inde et
la Chine (Y compris la Route de la soie) passaient la traversaient. À la fin du IIe millénaire, la Bactriane se
caractérise par deux ensembles géographiques distincts, la partie orientale, avec des sites comme Shortughaï et la
partie occidentale, avec des sites comme Djarkutan. Dès le VIIe/VIe siècle, vont apparaitre les grandes villes
fortifiées. Ses richesses vont très vite attirer la convoitise d’autres peuples et elle sera conquise au VIe siècle
par les Perses Achéménides, puis par
le Roi de Macédoine
Alexandre le Grand (336-323)
lorsque celui-ci se rendra maître de l’Empire Perse.
Plaque représentant une figure dite : Aphrodite
de Bactriane – Musée Guimet
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À sa mort et le partage de son Empire, la Bactriane tomba sous la coupe des Rois
Séleucides. L’indépendance lui fut
accordée lorsque le Satrape,
Diodote I, vers 256 y fonda le royaume de
Bactriane qui fut appelé "Empire
Grec de la Bactriane" ou "royaume Gréco-bactrien". Celui-ci fut dirigé par les descendants des
Grecs qui s’étaient installés là
après la conquête d’Alexandre
et dont, de ce fait, la culture fut largement influencée par la
Grèce.
Le royaume Gréco-bactrien fut le plus oriental de la zone du monde Hellénistique, couvrant la Bactriane,
la Sogdiane et l’Asie centrale de 250 à v.130/125 av.J.C.
L’expansion de ce royaume dans le Nord de l’Inde à partir de 180 fut créé le royaume Indo-grec, qui dura
jusqu’à environ 10 ap.J.C. Le Roi Parthe,
Mithridate I (171-138)
mit un terme à la puissance des Gréco-bactriens et envahit une grande partie de leur
royaume. Il fut ensuite suivi par les Scythes, l’Empire Indo-scythe des Kouchans
(du Ier av.J.C au IIIe siècle ap.J.C) semble avoir prit
Bactres pour capitale. Puis la région passa aux mains des
Perses Sassanides (224-637).
Durant leur domination, la Bactriane prit le nom de Tokharistan. Elle fut ravagée par les Huns au Ve siècle, puis par les
Turcs au VIe siècle. La Bactriane disparut complètement avec l’invasion arabe au VIIIe siècle. La
langue de Bactriane était le Bactrien, un dialecte Indo-iranien et la religion principale, avant l’arrivée de l’islam, fut
le Zoroastrisme.
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La plupart des dates
sur les Rois Gréco-bactrien sont données à titre indicatif et basées essentiellement
sur l’analyse numismatique et très peu de sources classiques. La liste des Rois et leurs
dates de règne à partir de Démétrios I est dérivée de la plus récente
et la plus vaste analyse sur le sujet, par Osmund Bopearachchi (Monnaies
Gréco-Bactriennes et Indo-Grecques, catalogue, 1991). |
L’histoire
Habitée dès l’Age du Bronze (v.3000-v.1200), la Bactriane fut une région
célèbre dans l’Antiquité en raison de ses richesses minérales et de sa prospérité agricole. Elle faisait figure de terre
paradisiaque aux ressources inépuisables, ce qui permit l’accumulation d’énormes quantités de richesses
par la plupart des populations nomades, d’où l’insistance des grands conquérants à chercher à s’en emparer. La première
proto-civilisation urbaine, dans la région, se posa au cours du IIe millénaire. À partir du début du premier millénaire,
après une longue période de déclin, la région redevint florissante et semble s’unifiée.
Déesse fluviale en ivoire – Begram –
Ier siècle av.J.C- Musée Guimet
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On découvre à travers les textes sacrés de l’Avesta qu’entre le IXe et le VIe
siècle, un État indépendant se constitua autour de Bactres-Zariaspa "La cité à l’étendard dressé" où Zoroastre trouva
refuge. Un Roi (ou Prince), Vishtapa (v.700 à v.630) est attesté, il aurait soutenu et aidé Zarathoustra à
propager sa doctrine dans toute la Perse. L’époque dite "bactrienne", qui correspond à la période de l’âge du fer
jusque vers 550, est encore mal connue. Cependant, le contrôle des routes commerciales, très lucratif, attira l’intérêts
des étrangers.
Au VIe siècle avant JC, sous l’autorité des
Perses Achéménides, après que
Cyrus II le Grand (559-529) ait construit son Empire,
qui s’étendait de la Grèce à l’Indus.
La Bactriane devint la douzième
satrapie, réunit à la Margiane et la Sogdiane.
Cette
satrapie prit le nom de Bakhtrishde (ou Baktrish) qui devint Bactriane et qui apparut pour la
première fois dans les inscriptions royales Perses
dans un document commercial de cette époque.
Statue hermaïque en calcaire
trouvée à Aï Khanoum – IIe siècle av.J.C- Musée Guimet
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Durant les
Guerres Médiques (499-479), les Bactriens fournirent un important contingent aux
Perses. En 462, une révolte de la Bactriane fut
écrasée par Artaxerxès I (465-424). La Bactriane
fut difficilement conquise, de 329 à 327, par le Roi de
Macédoine
Alexandre le Grand (336-323)
et fut plus tard l’objet de rébellions. Ces conquêtes
d’Alexandre marquèrent
la fin de l’indépendance de la Bactriane. La région ne fut que brièvement mentionnée par les premiers géographes
et historiens Grecs,
mais elle occupa une place importante dans les récits des campagnes
d’Alexandre.
Plus tard de nombreux historiens et géographes de l’époque Hellénistique et de
l’Empire Romain vont la décrire en parlant de "Ses mille cités". Peu après la
bataille de Gaugamèles (01/10/331), en Juillet 330, Bessos
(ou Bessus ou Artaxerxès V, en Persan :
اردشیر پنجم Ardeshir V,
Grec : Βήσσος,
† été 329) le
Satrape de Bactriane assassina
le dernier Roi Perse Achéménide
Darius III (336
à 330) et prit le titre de Roi de
Perse sous le nom d’Artaxerxès V et se réfugia
en Bactriane. Alexandre poursuivit
l’usurpateur et le livra à un frère de Darius III,
qui le fit périr dans les plus cruels tortures. Artabaze (330 à ?) fut alors nommé à la tête de la Bactriane et de la
Sogdiane. À la mort
d’Alexandre, lors du partage de son
Empire, la région devint, vers 304, l’héritage des
Séleucides. Ceux-ci ne la
gardèrent pas longtemps sous leur contrôle.
En 256/255 (ou 250), Diodote I (ou Diodotus,
en Persan : دیودوت,
en Grec :
Διόδοτος Α’ ou Théodote ou Theodotos :
"cadeau divin", adaptation de Diodotos : "cadeau de Zeus",
256 à 238 ou 256 à 234),
Satrape et Gouverneur militaire de la Bactriane, de la Sogdiane
et de la Margiane profita que Roi
Séleucide
Antiochos II Théos
(261-246) était entrain de livrer bataille contre
l’Égypte de
Ptolémée II Philadelphe
(282-246) pour se libérer de la tutelle
Séleucide et proclamer
l’indépendance de la région.
Peu de temps après, en 247, le
Satrape Andragoras de la
Parthie voisine, allié de
Diodote I, fit de même et se proclama lui aussi Roi. Mais il fut rapidement éliminé par
Arsace I (250-247), le
Chef des nomades (Dahan) de la tribu des Parni. Celui-ci se rendit indépendant aussi des
Séleucides avec l’aide
d’une autre tribu, les Aparniens et s’autoproclama Roi, ce qui conduisit à la montée de l’Empire
Parthe Arsacide.
Les Gréco-bactriens se retrouvèrent alors coupés de contact direct avec le monde
Grec. Le commerce avec eux se
retrouva très réduit, tandis que le commerce avec
l’Égypte
se développa.
Monnaie de Diodote I – Cabinet des Médailles
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Le nouveau royaume de Bactriane, fortement urbanisé, est considéré comme un des plus riches de l’Orient. Il
commença son expansion territoriale à l’Est et l’Ouest. À sa mort, Diodote I fut remplacé sur le trône
par son fils Diodote II (ou Diodotus, en Grec :
Διόδοτος B’, 238 à 223). Dès son arrivée au pouvoir Diodote II passa alliance avec le Roi
Parthe
Arsace I et l’aida dans
sa lutte contre le Roi Séleucide
Séleucos II Kallinikos
(246-225). En 232/231 l’armée de
Séleucos II s’avança
jusqu’au fleuve Jaxartes, mais ayant subi de lourdes pertes, le Roi
Séleucide fit la paix avec
Arsace I qui reconnut sa suzeraineté.
Selon Polybe (Général, homme d’État
et historien Grec,
v.205-126 av.J.C – Livre XI, 34, 2), autour de 230 ou 223, Diodote II fut tué par un usurpateur,
Euthydème I Satrape de
Sogdiane qui prit également le pouvoir en Bactriane.
Monnaie de Diodote II – Cabinet des médailles
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Euthydème I (ou Euthydmus ou Euthydemos, en Persan :
اوتیدم یکم, en
Grec :
Εὐθύδημος Α΄, 223 à 200 ou 223 à 195),
selon Polybe (Général, homme d’État et historien
Grec, v.205-126 av.J.C), fut un
Grec de Magnésie qui commença
sa propre dynastie dite : dynastie Euthydèmide. Euthydème I étendit son royaume à partir de la
Sogdiane, dont il était l’ancien
Satrape,
allant au-delà de la ville d’Alexandrie Eskhaté, fondée par
Alexandre le Grand, en Ferghana (ou Fergana, en Ouzbékistan).
Il reprit ainsi aux Mauryas qui
dirigeaient l’Inde, les anciennes
satrapies Achéménides situées au Sud de
l’Hindū-Kūsh. On sait peu de choses de son règne jusqu’en 208 où il fut attaqué par le Roi
Séleucide,
Antiochos III Mégas (223-187)
qui envahit la Bactriane. Bien qu’il commanda une armée de 10.000 cavaliers, Euthydème I perdit la bataille
sur la rivière Hari (Arios ou Areios en
Grec) en Arie et dut se retirer.
Il résista ensuite avec succès à trois ans de siège dans sa ville fortifiée de
Bactres ce qui contraint
Antiochos III a finalement le reconnaître comme dirigeant.
Tétradrachme d’Euthydème I
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Afin de sceller une alliance, en 206,
Antiochos III offrit une de ses filles en mariage au fils d’Euthydème I,
Démétrios I. Il est aussi dit par les
auteurs antiques qu’Euthydème I négocia la paix avec
Antiochos III en lui
prouvant qu’il pouvait être une protection, grâce à ses défenses, contre l’invasion éventuelle de l’Asie centrale par les
nomades. Après le départ de l’armée
Séleucide, le royaume de Bactriane semble s’être encore élargi. À l’Ouest, il semble avoir
contrôlé la partie du Nord-est de l’Iran, qui appartenait avant aux
Parthes, ceux-ci ayant été pour
un temps défait par
Antiochos III.
L’Empire Gréco-bactrien vers 200
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Cliquez sur les noms de villes ou régions
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Au Nord, Euthydème I, déjà en possession de la région du Ferghana, mena des expéditions dans le
Kashgar (ou Kachgar ou Kashi ou Turkestan Chinois) et sur Ürümqi (Aujourd’hui la capitale de la région
autonome du Xinjiang, au Nord-ouest de la Chine) ce qui conduisit aux premiers contacts
entre la Chine et l’Occident.
Strabon
(Géographe Grec,
v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) écrivit : "Ils (les bactriens) ont étendu leur Empire,
même en ce qui concerne le pays des Seres (Chinois) et la Phryni"
(Livre XI.XI.I [10]). Ces faits seraient confirmés par la découverte au Nord du
Tien Shan, à la porte de la Chine, de plusieurs statuettes représentant des
soldats
Grecs.
Elles sont aujourd’hui exposées au musée du Xinjiang à Ürümqi. La numismatie suggère
également que certains échanges de technologies eurent lieu à ces occasions. Les Gréco-bactriens furent les premiers à utiliser
le cupronickel (Alliage de cuivre et de nickel) pour leur monnaie qui était une
technologie, connue par les Chinois de cette époque sous le nom de cuivre blanc (Certaines armes
des Royaumes combattants étaient en cuivre et nickel).
L’exportation des métaux Chinois, en particulier le
fer, est attesté autour de cette période. La mort d’Euthydème I est estimée entre 200 et 195 et les dernières années de son
règne ont sans doute vu le début de l’invasion de l’Inde.
Son fils Démétrios I lui succéda.
Il existe de nombreuses pièces de monnaie d’Euthydème I le représentant à
différents âges de sa vie, jeune, d’âge moyen et vieux.
Démétrios I Anikêtos (“l’Invincible” ou Démétrius, en
Grec : Δημήτριος,
v.200 à v.180), le fils d’Euthydème I, lui succéda. Il serait né autour de 222. La première partie du règne de Démétrios I fut
importante pour l’extension de la Bactriane. Autour de 185 environ,
Démétrios I commença à récupérer l’Arachosie
et l’Arie, déjà habitées par de nombreux
Grecs.
Tétradrachme en argent de Démétrios I
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Ces deux régions
étaient régies par les Mauryas depuis la libération du territoire par
Chandragupta Maurya (321-298)
mais étaient restées libres après que l’Empire Maurya ait été renversé par la dynastie Sunga.
Le Sud de l’Afghanistan fut aussi absorbé en 180. Puis Démétrios I envahit et conquit entièrement le
Gandhâra et le Pendjab.
À partir de cette date, partant de sa base au
Gandhâra, il commença l’invasion de l’Inde, Les historiens
divergent sur les motivations de cette invasion. Certains suggèrent que l’invasion de l’Inde eut pour but de montrer
le soutien de la Bactriane à l’Empire allié Maurya et ainsi protéger la foi Bouddhiste.
Démétrios I aurait atteint Pataliputra en Inde orientale (Auj.
Patna).
Autre principal type de pièce de Démétrios I.
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Toutefois, pour certains spécialistes, ces campagnes sont
à attribuer à Ménandre I, le premier Roi Indo-grec (v.165-v.155).
Démétrios I n’aurait probablement seulement envahit que les régions du Pakistan.
Le débat reste ouvert.
Il est généralement admis, par contre, qu’il assujettit Takshashîlâ (ou Taxila), où beaucoup de ses pièces de monnaie
furent mises au jour dans le site archéologique de Sirkap. L’invasion fut achevé en 175. Il
s’établit alors dans le Nord-ouest de l’Inde ce que l’on appelle le royaume Indo-grec, qui dura près de
deux siècles, jusque vers 10 ap.J.C, tandis que les Sungas restèrent autour du Gange et de l’inde centrale et
orientale. Cette époque fut également une période de grand syncrétisme culturel, illustré par le développement
du Gréco-bouddhisme.
N’ayant jamais été vaincu dans les batailles Démétrios I fut qualifié à titre posthume
"Aniketos" (L’Invincible) sur les pièces de monnaie.
La fin de son règne fut marquée par une terrible guerre de prétendants. À la mort du Roi, pour une raison inconnue
vers 180, les territoires de l’Empire furent séparés en parties occidentale et orientale gouvernées par plusieurs
co-Rois et Rois successeurs : Euthydème II (en
Grec :
Εὐθύδημος
B΄, v.180 à v.171), probablement un fils de Démétrios I,
régna sur la Bactriane. Il devint Roi vers 180, soit après la mort de son père,
soit comme co-Roi avec lui. Ses pièces de monnaie l’associent étroitement avec
le Roi Agathoclès, mais leur relation reste incertaine. Il est
représenté comme un très jeune garçon sur ses pièces, ce qui laisse supposer
qu’il mourut très jeune.
Monnaie en cupronickel de Pantaléon
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Pantaléon
(ou Panteleímon, en
Grec :
Παντελεήμων ou
Πανταλέων, v.190 à v.180) peut-être un frère de Démétrios I
qui régna sur l’Arachosie et le
Gandhâra, mais il
n’est peut-être tout simplement qu’un contemporain de Démétrios I. C’est un des
plus énigmatique Roi Gréco-bactrien. Il fut un des premiers Roi Grec à avoir sa
monnaie gravée en pièces Indiennes, ce qui donne à penser qu’il avait sa base en
Arachosie et au
Gandhâra et
voulait le soutien de la population. La quantité limitée de ses pièces de
monnaie indique un règne court.
Il semble qu’il fut remplacé par son
(Probable) frère Agathoclès I, par qui il fut commémoré sur des pièces de
monnaie. Certaines de ses pièces (Ainsi que celles d’Agathoclès I et Euthydème
et II) ont une caractéristique surprenante, elle sont faites
en cupronickel (Alliage de cuivre et de nickel), une technologie qui ne sera pas développé
dans l’Ouest avant le XVIIIe siècle, mais qui était connu par les Chinois de l’époque.
Monnaie en Nickel d’Agathoclès I
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Agathoclès I (ou Agathocle Dikaios, en
Grec :
‘Aγαθοκλῆς ò Δίκαιος
“Le Juste”, v.180 à v.170) fut un frère possible de Démétrios I qui régna sur les Paropamisades.
Les Paropamisades sont une région de l’Hindū-Kūsh centrée sur Kaboul et Bagram.
Il fut contemporain, ou un successeur, du Roi Pantaléon. Il semble avoir été
attaqué et tué par l’usurpateur
Eucratide I, qui prit le contrôle des territoires Gréco-bactriens. On sait peu de choses sur lui, à l’exception de sa monnaie très abondante.
Certains spécialistes, à l’étude de celle-ci, avancent l’idée qu’il aurait pu être un usurpateur, ou plus probablement un membre
d’une branche mineure de la dynastie. Toutefois, les similitudes entre sa monnaie et celle de Pantaléon
rendent probable qu’Agathoclès eut effectivement un rapport avec ce dernier, qui
dans ce cas aurait pu être aussi un usurpateur ?.
Monnaie d’Antimaque I de
Colophon – Cabinet des médailles
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Antimaque I
de Colophon (ou
Anthimachus ou Antimaque ou Anthimachus Théos, en
Grec :
‘Aντίμαχος Α ò Θεός ; connu comme Antimakha , v.180
à v.170 ou 165) fut un autre frère de Démétrios I. Il est reconnu comme tel par une grande partie des historiens.
Il régna sur une zone couvrant une partie de la Bactriane, la basse vallée du Kaboul et peut-être une partie des régions
septentrionales du Pakistan. Une inscription retrouvée sur ce Roi va contre l’idée selon laquelle il régna avec deux co-Roi du
Nord, Euthydème II et Démétrios I.
Cette inscription donne également une excellente idée quant à la nature de son royaume. Sur sa monnaie, Antimaque I de
Colophon s’appelle
"Dieu-Roi", ce qui est une première dans le monde Hellénistique. Il fut battu par l’usurpateur
Eucratide I et son royaume fut absorbé par ce dernier.
En Bactriane, apparut un certain Eucratide I (ou Eucratides le Grand ou Eucratides
ou Eucratidès ou Eukratides, en
Grec :
Εύκρατίδης Α,
171 à v.145). Il est selon les sources : Soit un Général ou un fonctionnaire de
Démétrios I qui souleva une rébellion, soit un allié des
Séleucides,
cousin du Roi Séleucide,
Antiochos IV
Épiphane (175-164) qui tentait de regagner le territoire de Bactriane. En 171, Eucratide I réussit à renverser
la dynastie Euthydèmide en Bactriane et monta sur le trône. Le Roi qu’il détrôna était probablement Antimaque I de
Colophon.
Justin (ou Marcus Junianus Justinus ou Justinus Frontinus, historien Romain du IIIe siècle) explique qu’Eucratide I
prit le pouvoir à peu près, ou en même temps, que le Roi
Parthe,
Mithridate I (171-138)dont le règne est précisément connu pour avoir commencé en 171, ce qui fait
retenir pour l’instant aux spécialistes cette date approximative pour l’adhésion des
Eucratide. Les études de la numismatie donnent à penser qu’Eucratide I
était un contemporain du Roi Indo-grec Apollodote I (ou Apollodotus
Iv.180-v.160) qui régna sur des territoires qui étaient plutôt situés à l’Est de
l’Hindū-Kūsh.
Tétradrachme en argent d’Eucratide I
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Certaines des pièces de monnaie d’Eucratide I présentent
probablement ses parents. Son père y est nommé Hélioclès et sa mère, portant un
diadème royal, Laodice (ou Laodicée). Laodice fut un membre de la maison
impériale Séleucide. La
branche Gréco-indienne des Euthydèmides va quelques temps après venir au
secours de leurs cousins de Bactriane. Un Roi Indo-grec appelé Démétrios, qu’il est
difficile d’identifier, mais qui est très probablement Démétrios II (v.175-v.140), serait retourné en
Bactriane avec 60.000 hommes pour écarter l’usurpateur, mais apparemment
après quatre mois de lutte il aurait été vaincu et tué lors d’une bataille (Justin XLI, 6). Eucratide I va
alors lancer des campagnes dans le Nord-ouest de l’Inde et va statuer sur un
vaste territoire, comme l’indique l’abondante frappe de ses pièces de monnaie,
dans de nombreux territoires Indiens, en deux langues.
Drachme en deux langues d’Eucratide I
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Parallèlement
(ou peut-être après ses campagnes Indiennes) en occident,
Eucratide I fut attaqué par le Roi
Parthe,
Mithridate I. Ce dernier ayant peut-être passé alliance avec les partisans des Euthydèmides. Il
envahit : Une grande partie de la Bactriane, le territoire à l’Ouest de la rivière Hari
(Arios ou Areios en
Grec) en Arie,
la ville d’Herât (Artacoana) tomba en 167, et les régions de Tapuria et Traxiane, appelées par
Strabon (Géographe
Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) "Le pays d’Aspiones et Turiua".
Eucratide I, après avoir tenté de reprendre la ville de Merv aux
Parthes,
préféra négocier la paix avec
Mithridate I contre tous les territoires perdus.
Statère d’or d’Eucratide I
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Toujours Justin écrit :
"Les Bactriens, impliqués dans diverses guerres, ont perdu non seulement leur
domination, mais aussi leur liberté, épuisés par les guerres contre les
Sogdiens, le Arachotes, le Dranges, les
Ariens et les Indiens, ils ont finalement été
écrasés, par un ennemi plus faible qu’eux, les
Parthes. (Justin, XLI, 6 [20]). Eucratide I eut une grande et prestigieuse série de pièces de monnaie, ce
qui suggère un règne d’une importance considérable. Cependant, à la fin de son règne, il fut également repoussé par le Roi
Indo-grec Ménandre I (v.165-v.155 ou v.130), qui réussit à créer un immense territoire unifié sur
tout l’Ouest de l’Inde jusqu’à Mathura, voire même plus loin.
Justin explique que l’accord d’Eucratide I avec les
Parthes ne plut pas à certains et que sur
le chemin du retour de l’Inde, il fut assassiné par "son co-Roi", qui serait un de ses propres fils, soit Eucratide II,
soit Hélioclès I (Bien qu’il y ait des spéculations sur le fait qu’il se pourrait que ce soit tout simplement son ennemi le
fils de Démétrios II). "Il est tué sur le chemin du retour par son fils, qu’il avait associé à son règne, celui-ci,
sans cacher son parricide parce que pour lui il n’a pas tué un père mais un ennemi. Il détestait tant son père qu’il a traîné
son corps attaché à son char, il a roulé avec son char sur le sang de son père et a ordonné que le corps soit laissé sans une
sépulture" (Justin XLI, 6 [19 ]). Ses successeurs furent ses deux fils, Eucratide II et Hélioclès I, mais le
meurtre d’Eucratide I provoqua semble t-il une guerre civile entre les membres de la dynastie.
Monnaie d’Eucratide II
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Eucratide II (ou Eucratides
ou Eucratidès ou Eukratides, en
Grec :
Εύκρατίδης B, v.145 à v.140)
semble régner pendant un laps de temps relativement court après l’assassinat de son père, jusqu’à ce qu’il fut détrôné
dans la guerre civile dynastique causée par le même meurtre. Au cours des années précédant sa prise de pouvoir,
Eucratide II fut Corégent avec son père et sur ses dernières pièces de monnaie il ajouta le titre "Sôter" (Sauveur),
ce qui pourrait être une indication qu’il se jugeait comme successeur légitime. En 141, les Gréco-bactriens semblent
avoir passé une alliance avec le Roi
Séleucide,
Démétrios II Nikatôr
(145-125) dans sa lutte contre le Roi Parthe
Mithridate I. Il mourut en
combattant les d’Indo-scythe ou Saka.
Platon (En
Grec :
Πλάτων, 166 ou v.145 à v.140) régna lui aussi pendant un court laps de temps
dans le Sud de la Bactriane, ou Paropamisades (ou Paropamisadae, région de l’Hindū-Kūsh centrée sur Kaboul
et Bagram) pendant la guerre civile. Avant cela il aurait été Régent en 166, surement lors d’une campagne d’Eucratide I.
Le style des pièces de monnaie de Platon donne à penser qu’il
était un parent, très probablement un frère d’Eucratide II et d’Hélioclès I.
Monnaie de Platon
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Sur ses pièces de monnaie
il est représenté comme un homme d’âge moyen. Certaines peuvent éventuellement être interprétées comme appartenant à l’ère du
royaume Indo-grec (Qui a commencé vers 180/175). Dans ce cas, Platon aurait pu régner dans cette dynastie vers 140. Cela
correspond à la date donnée par Osmund Bopearachchi (Catalogue des monnaies Gréco-bactriennes et
Indo-grecques, 1991), qui met Platon entre 145-140, ce qui expliquerait qu’aucune de ses pièces
n’aient été trouvées dans les ruines d’Aï-Khanoum, une ville de Bactriane qui fut détruite après de longs combats sous le
règne des Eucratide.
Hélioclès I (En
Grec :
‘Hλιοκλῆς A, v.145 à v.130) aura un règne un peu plus long
puisqu’il semble se maintenir jusqu’en 130. Au long de la guerre civile le royaume s’effrita petit à petit .
Le Roi Parthe
Mithridate I continua sa progression
et à la fin de son règne il occupa les territoires entre l’Indus et l’Hydaspe
(ou Hydaspes, aujourd’hui Jhelum ou Jhelam), cependant son royaume fut affaibli après sa mort.
Les guerres contre les Indo-grecs virent la perte de beaucoup de territoires au profit du Roi Indo-grec Ménandre I (v.165-v.155
ou v.130). Dans le même temps, les tribus nomades, dont une connue sous le nom d’Indo-scythe ou Saka, envahirent la région,
tuant Eucratide II et détruisant la ville d’Alexandrie sur l’Oxus en 140. Ils commencèrent aussi à envahir différentes parties
de la Parthie.
Leur invasion de cette région est bien documentée.
Tétradrachme en argent d’Hélioclès I
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On y voit qu’ils lancèrent une attaque en direction des
villes de Merv, Hécatompyles (ou Hecatompolis) et
Ecbatane. Qu’ils réussirent à
vaincre et à tuer le Roi Parthe
Phraatès II (138-127), fils de
Mithridate I. Ce dernier avait été un moment leur allié et avait ensuite refusé de les payer pour l’acheminement de
troupes de mercenaires dans sa lutte contre le Roi
Séleucide
Antiochos VII
Évergète (138-129).
La Bactriane se retrouva fortement diminuée après toutes ses guerres au
cours du mouvement massif des Scythes. La destruction de la ville
Gréco-bactrienne d’Aï-Khanoum, date de vers 140 et leur est régulièrement attribuée.
Il semble qu’ils aient pris Bactres pour capitale.
Autour de 130, la Bactriane subit aussi l’invasion d’une autre tribu, les Yuezhi
(ou Tokhariens ou Yueh-Chih). Ceux-ci chassés de leurs terres dans le Turkestan
oriental par les Huns, profitèrent aussi des troubles provoqués par la guerre
civile qui suivit la mort d’Eucratide I et prirent peu à peu le contrôle de tout
le royaume de Bactriane.
Selon l’ambassadeur et explorateur Zhang Qian de la dynastie Han, ils représentaient une force considérable entre 100.000 et
200.000 guerriers. Les Yuezhi prirent possession dans un premier temps, sans trop de problème, de la Bactriane du Nord.
Il semble qu’ils aient poussé les tribus Scythes à continuer leur route en Inde,
d’où ils fondèrent l’Empire Indo-scythe des Kouchans (du Ier av.J.C au IIIe
siècle ap.J.C). Hélioclès I abandonna alors la Bactriane, mais ses dernières
années de règne ne sont pas bien connues. Ayant quitté le territoire de
Bactriane, il est techniquement le dernier Roi Gréco-bactrien, bien que
plusieurs de ses descendants, allant au-delà de l’Hindū-Kūsh, forme la partie
occidentale du royaume Indo-grec jusqu’en 70 av.J.C.
Médaillon circulaire en plâtre – Begram –
Ier siècle av.J.C- Musée Guimet
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Plusieurs Rois Indo-grecs, y compris Hélioclès II (v.95-v.80), ont frappé des pièces de monnaie qui pourraient être
associés à la dynastie Eucratide. Quelques spécialistes supposent qu’Hélioclès I fut tué au combat, d’autres qu’il fuit et
déplaça sa capitale dans la vallée de la Kaboul et y établit le siège de son royaume.
Le détail des sources Chinoises semble indiquer que l’invasion ne détruisit pas complètement la civilisation de
Bactriane. Le commerce semble encore être exercé avec l’Asie à cette époque puisque vers 126, l’ambassadeur et explorateur
Zhang Qian de la dynastie Han visita la Bactriane et signala la présence de produits Chinois sur les marchés
du Pays. À son retour, Zhang Qian informa l’Empereur Chinois des Han, Wudi (141-87) du niveau de sophistication des civilisations
urbaines de Ferghana, de la Bactriane et de la
Parthie. Il représenta aussi la Bactriane comme
un pays qui était totalement démoralisé et dont le système politique avait disparu, bien que son infrastructure urbaine soit restée.
Boucles d’oreille or – Tombes de Tillia,
Ier siècle av.J.C – Musée Guimet
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Les Chinois s’intéressèrent sont alors au développement
des relations commerciales avec eux. Un certain nombre de Chinois furent envoyés ensuite en l’Asie
centrale, ce qui déclencha le développement de la Route de la soie à partir de la fin du IIe siècle av.J.C. Globalement,
les Yuezhi restèrent en Bactriane pendant plus d’un siècle. Ils s’hellénisèrent dans une certaine mesure, comme l’ont suggéré
l’adoption de l’alphabet Grec
pour écrire leur langue Iranienne et de nombreuses pièces de monnaie, frappées dans le style des Roi
Gréco-bactriens, avec le texte en Grec.
Les Yuezhi quittèrent la Bactriane pour le Nord de l’Inde où ils s’établirent
en prenant possession du Gandhâra.
Après leur départ les Parthes Arsacides
s’emparèrent de toutes leurs anciennes conquêtes à l’Ouest et les Scythes restés en Bactriane
prirent possession du reste des territoires et fondèrent un nouvel État, le royaume de Bactres dont
les dimensions vont souvent varier. La région passa ensuite sous la domination
des Perses Sassanides (224-637)
et fut ravagée par les Huns au Ve siècle, puis par les Turcs au VIe siècle. Durant la domination
Sassanides, la Bactriane prit le nom
de Tokharistan dérivé de celui que l’on donnait alors aux Kouchans.
Coupe à motifs géométriques en or –
Tepe Fullol – Vers 2100-2000 – Musée Guimet
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Les sites importants
De nombreuses fouilles ont été effectuées en Bactriane, surtout en Bactriane
du Nord (vallée du Surkhan-Daria) par des équipes Franco-ouzbèques ou Nippo-ouzbèques, en particulier sur le site de l’ancienne
Termez. La Bactriane de l’âge du bronze (v.3000-v.1200), contrairement à la
Mésopotamie et
à l’Indus, n’a, à ce jour, livré aucun document écrit. Toutes les informations que nous possédons
reposent exclusivement sur les données qu’ont fourni les diverses recherches archéologiques. Les premières fouilles ont débutées
au début des années 1970 par la mission Franco-ouzbèques, dirigée par A.Askarov. Elles ont confirmé que les
premières civilisations urbaines du Sourkhan Darya apparaissent à l’âge de bronze sur plusieurs sites, dont ceux dans le Nord de
Payon Kourgan, Sapalli-Tepe et Djarkutan qui sont à aujourd’hui les mieux connus.
• La forteresse de Payon Kourgan fut construite sur une éminence naturelle
à 10 km au Sud-est des Portes de Fer de Derbent et à 5 km au Sud de Bayssun, au
croisement des routes caravanières reliant la
Sogdiane à la Bactriane du Nord
et au Tchaganian. En 1997, des fouilles ont été faites principalement dans la
partie Sud du site, sur des constructions proches de l’enceinte. Elles ont
fourni d’abondantes découvertes, dont : Des monnaies Kouchanes qui fournissent
des éléments de datation, une quinzaine de terres-cuites parmi lesquelles une
représentation d’Héraclès et celle d’un guerrier équipé à la mode
Grecque.
Ont également été découverts des boulets de pierre, des pointes de flèches de
type nomade à quatre ailettes, des râpes à grain etc …
Vue des ruines de Termez
|
• Le site de Khaytabad qui se situe à 7 km au Nord de la ville contemporaine
de Djarkutan, sur la rive droite du Surkhan Darya. La taille du site est de
plus de 11 hectares et il a une forme vaguement circulaire. La citadelle carrée
de 90 m de côté se trouve dans l’angle Sud ouest de la ville. Elle est séparée
du reste de la ville par un profond fossé. La hauteur de la citadelle est de
plus de 17 m. La citadelle et la ville étaient fortifiées
par un puissant mur flanqué de tours. Autour de la ville il y avait un fossé
profond rempli d’eau. Des fouilles ont été commencées en 1976. Des travaux sur
la citadelle ont été entrepris, ils sont principalement consacrés à
l’exploration de la pente orientale de laquelle une tranchée avait été ouverte en 1995.
• Les vestiges de l’ancienne
Termez, l’une des capitales de la Bactriane-Tokharistan,
se trouvent à 8 km au Nord et à l’Ouest de la ville actuelle de Termez (Province
du Sourkhan Darya, Ouzbékistan). Ses ruines s’étendent dans un coude de l’Amou
Darya, sur une superficie d’environ 500 ha, ce qui en fait le site archéologique
le plus vaste de la région. L’ancienne Termez se compose d’ensembles d’inégale
importance. À l’Ouest, deux éminences distantes de 500 m dominent le cours de
l’Amou Darya. Au sud, la Citadelle (ou ville haute), forme un rectangle d’Est en
Ouest d’environ 400 m x 200 m qui est bordé de puissants remparts. Ceux-ci
sont entourés par un large fossé. Au Nord, le Tchingiz-Tepe, qui s’élève à 27 m,
est une colline naturelle sur laquelle on trouve encore quelques vestiges de constructions.
Vue des ruines de Termez
|
Elle devait peut-être avoir un rôle dans la
défense du site. La ville basse (Chahristan) à l’Est de la citadelle et du
Tchingiz-Tepe, possède une enceinte encore bien conservée, percée de deux
portes. Les faubourgs (Rabat), dont les fortifications ont presque entièrement
disparues, occupent une vaste superficie d’où n’émergent que les ruines d’un petit château (Kourgan).
• Aï Khanoum est
située au Nord de l’Afghanistan, au confluent des rivières Kokcha et de
l’Amou-Daria. Elle a été édifiée entre la fin du IVe siècle et le milieu du IIe
siècle. Le site a été fouillé, entre 1965 et 1978, par une mission Française
menée par Paul Bernard. Les fouilles ont permis de mettre à jour : Un ensemble
palatial monumental de 250 m x 350 m. On y accédait par des propylées
alignés sur la rue principale suivis d’une cour carrée de 100 m de côté, bordée
de 18 colonnes à chapiteaux corinthiens. Des temples, le temple principal était
un bâtiment rectangulaire avec podium à l’architecture typiquement orientale. Il
renfermait une statue monumentale représentant Zeus-Oromazdès, divinité mixte du
panthéon Irano-grec.
Vue des remparts et du gymnase d’Aï Khanoum
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Un théâtre qui comportait 35 rangées de gradins,
pouvant accueillir 6000 spectateurs. Un gymnase monumentale accolé au rempart
Ouest, il comportait deux cours dont celle du Nord était entourée de colonnes
Doriques. Depuis, le site a été massivement pillé par les voleurs, mais dans la trésorerie
royale ont a découvert les restes du trésor d’Eucratide I. Les objets d’art
trouvés dans les ruines témoignent d’une double tradition, Grecque et Iranienne.
• Begram (ou Kapishî ou Alexandrie du Caucase ou Kapiçi "ville de
Kapiça") est située à 60 kilomètres au Nord de Kaboul. La cité fut détruite par
Cyrus II (559-529), restaurée par
Darius I (522-486) et reconstruite et fortifiée par
Alexandre le Grand (336-323).
Elle devient la capitale sous les Rois Gréco-bactriens. La ville était
construite sur un plan hippodamien. Elle était protégée par une muraille en
briques crues renforcée aux angles par des tours. Elle était surement entourée
d’une douve.
L’entrée de la cité se faisait par le Sud d’où partait la rue
principale qui traversait la ville. Cette rue était bordée de magasins et
d’ateliers. Dans le complexe palatial, on a découvert deux salles contiguës de
10m x 6m, murées. Elles ont livré des objets de grand luxe dont : Des récipients
Chinois de style Han, des bronzes hellénistiques, des sièges en bois plaqué
d’ivoire d’origine Indienne, des verres peints Gréco-romains venant
d’Égypte etc…. Ces pièces datent vraisemblablement du IIe siècle ap.J.C.
Plaquette en ivoire au décor peint
d’une scène de Jataka – Begram – Musée Guimet
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Bactres
Bactres (ou Bactra, en Bactrien : βαχλο ẞ axlə
en Perse : بلخ Balh) est
identifiée au site de l’actuelle Balkh dans le Nord Afghanistan. Elle est mentionnée dans l’inscription de Béhistoun de
Darius I (522-486) sous le nom de Bakhtrish et
dans l’Avesta sous l’appellation de Bakhdi. Les arabes l’appelaient Umm Al-Belaad ou Mère des villes en raison de son
ancienneté. Elle est située à environ 20 km au Nord-ouest de la capitale
provinciale, Mazar-e Charif et environ 74 km au Sud du fleuve Amou-Daria (ou
Oxus ou Oxos) et d’un de ses affluents qui coulait autrefois à Balkh.
Dès
l’Antiquité, la ville doit son importance à sa position de carrefour entre la
route terrestre qui relie l’Iran à la Chine et celle qui mène en Inde. Pendant
longtemps la ville a été le siège central de la religion Zoroastrienne, le
fondateur Zoroastre, serait mort à l’intérieur de ses murs, selon le poète
Persan Firdûsî (ou Firdousi) de Shāhnāma.
L’histoire….
Bactres
est une des plus anciennes villes de
Bactriane et elle est considérée comme la première ville dans laquelle les tribus Indo-iraniennes du Nord de
l’Amou-Daria se sont installées entre 2000 et 1500. Le changement climatique a
conduit depuis l’antiquité à la désertification du pays mais à l’époque la
région était très fertile. L’ancienneté et la grandeur du lieu sont reconnues
par les populations, qui parle de la ville comme de "la Mère des villes".
La fondation mythique de la cité est attribuée à Keyumars (Premier Shāh du
monde selon le poète Firdûsî de Shāhnāma), le Romulus Perse en quelque sorte.
Vue de la muraille
Hellénistique et Couchane
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Il est certain que dans l’antiquité la cité était la rivale de grandes villes comme
Babylone,
Ecbatane ou
Ninive.
Il est une tradition de longue date que l’ancien sanctuaire d’Anahita (ou Aredvi Sura Anahita,
divinité de l’eau, de la fertilité, de la guérison et de la sagesse) s’y trouvait dans un
temple si riche qu’il aurait été pillé. Quelques chercheurs pensent qu’un certain nombre de
dirigeants de l’Antiquité ont été historiquement les dirigeants locaux d’un espace autour de Bactres.
Ils affirment que le Royaume Bahlikâ décrit
dans l’ancienne épopée Indienne du Mahâbhârata (ou Mahābhārata, une des deux grandes épopées de
l’Inde ancienne, l’autre étant le Rāmāyana) est le même que la ville de Balkh,
ce qui signifierait que la civilisation de cette région a des liens védiques
avec le Nord de l’Inde dès le Ier millénaire. Dans les mémoires de Xuanzang
(ou Xuánzàng, Moine Bouddhiste Chinois, savant et voyageur, 602-664), nous apprenons qu’au
moment de sa visite dans le VIIe siècle, il y avait dans la ville ou dans ses
environs, près d’une centaine de couvents Bouddhistes, avec 3000 fidèles et
qu’il y avait un grand nombre de stupas et d’autres monuments religieux. Les sources
Arméniennes
indiquent que le Roi Parthe
Arsace I (250-247)
y aurait établi sa capitale.
Artaxerxès II Mnémon (404-359)
y aurait consacré une statue à la Déesse Anahita.
En 329, Bessos (ou Bessus ou Artaxerxès V, en Persan :
اردشیر پنجم Ardeshir V,
Grec : Βήσσος,
† été 329) le
Satrape de
Bactriane qui a assassiné le dernier Roi
Perse Achéménide
Darius III (336-330)
se réfugie en Bactriane. Il se fait reconnaître à Bactres et prend le titre de Roi de
Perse sous le nom d’Artaxerxès V.
Alexandre le Grand (336-323)
y installe une puissante garnison et y épouse en 327,
Roxane fille du Roi de
Sogdiane, Oxyarte. C’est à Bactres
qu’Alexandre
aurait déjoué le complot dit "des Pages". Bactres devient la capitale sous le
royaume Gréco-bactrien, puis sous l’Empire des Kouchans. La cité était un haut
lieu du Bouddhisme avec le célèbre monastère de Naubahar. Elle sera entièrement
détruite par les Mongols. Le site de Balkh est aujourd’hui, pour sa grande
majorité, un tas de ruines à une altitude de 365 m.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur la Bactriane et Bactres voir les ouvrages de :
Osmund Bopearachchi :
– Monnaies Gréco-bactriennes et Indo-grecques,
Bibliothèque nationale, Département des monnaies, médailles et antiques, Bibliothèque nationale, Paris, 1991.
Elton L.Daniel :
– The history of Iran, CT: Greenwood Press, Westport, 2001-2005.
Jean-Claude Gardin :
– Prospections archéologiques en Bactriane orientale : (1974-1978), Éditions Recherche sur les civilisations,
Paris, 1989-1998.
Frank Lee Holt :
– Alexander the Great and Bactria : The formation of a Greek frontier in Central Asia,
E.J. Brill, Leiden, New York, 1989.
Philip Huyse :
– La Perse antique, Éditions Les Belles Lettres, Guide des Civilisations, Paris, 2005.
Pierre Leriche et Vincent Fourniau :
– La Bactriane au carrefour des routes et des civilisations de l’Asie centrale : Termez et les villes de
Bactriane-Tokharestan : Actes du colloque de Termez 1997, Maisonneuve & Larose : IFEAC, Paris, 2001.
Jeffrey D.Lerner :
– The impact of Seleucid decline on the eastern Iranian plateau : The foundations of Arsacid Parthia and
Graeco-Bactria, F.Steiner, Stuttgart, Janvier 1999.
Abodh Kishore Narain :
– The Indo-Greeks, Clarendon Press, Oxford, 1957.
Jean-Yves Nathan, Gilles Neret-Minet et Rodolphe Tessier :
– Bactriane, Néret-Minet, Paris, 2006.
François Portzer :
– Le Royaume gréco-bactrien d’Eucratides I : 170-145 av.J.C, Éditeur inconnu, Paris, 1981
Claude Rapin :
– La trésorerie du palais hellénistique d’Aï Khanoum : L’apogée et la chute du royaume grec de Bactriane,
De Boccard, Paris, 1992.
Hugh George Rawlinson :
– Bactria; The history of forgotten empire, AMS Press, New York, 196.
Joseph Toussaint Reinaud :
– Relations politiques et commerciales de l’Empire Romain avec l’Asie orientale (l’Hyrcanie, l’Inde, la Bactriane
et la Chine) pendant les cinq premiers siècles de l’ère Chrétienne, Zeller, Osnabrück, 1966.
Daniel Schlumberger :
– La prospection archéologique de Bactres, Paul Geuthner, Paris, 1949.
Józef Wolski :
– Le problème de la fondation de l’État Gréco-bactrien, Iranica Antiqua, Gent, 1982.
William Woodthorpe Tarn :
– The Greeks in Bactria and India, Cambridge : At the University Press, 1951.
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