Les grandes batailles de l’antiquité :
Bataille  de  Callinique –
Bataille  d’Emmaüs –
Bataille  de  Leucopétra
 

Nous avons besoin de vous

 

Bataille  de  Callinique 171

 

Statère or de Persée

     Présentation

 
   La bataille de Callinique (Callinicus ou callinicos ou Naumachia tēs Kallinikos, en Grec : Ναυμαχία της Καλλίνικου) se déroula en 171 av.J.C. Elle eut lieu sur une colline appelée Callinique (ou Callinicus ou Kallinikos ou Callinicos), à proximité du camp Romain de Tripolis Larisaia, sur la rivière Pénée (ou Peneus), à 5 kilomètres au Nord de Larissa, en Thessalie. Ce fut une bataille entre les armées du royaume de Macédoine menées par le Roi Persée (ou Perseus, en Grec : Περσεύς, 179-168) et celle de la république Romaine dirigées par le Consul Publius Licinius Crassus (Consul en 171), au cours de la première année de la Troisième Guerre Macédonienne (171-168), qui vit la victoire des Macédoniens.
 
   Ces derniers étaient soutenus par le Roi Odryse de Thrace, Cotys IV (185-165 ou 171-167), par des mercenaires Crétois et par des auxiliaires de nationalités diverses. Les Romains avaient avec eux comme d’habitude, leurs alliés Italiens, des soldats amenés par le Roi de Pergame, Eumène II (ou Eumènès ou Eumenês ou Euménès ou Eumene, 197-159), une force de cavalerie de Thessalie et des alliés Grecs. Bien que la fin de la bataille fût en fait peu concluante parce que Persée se retira avant d’arriver à faire la différence, elle est considérée comme une victoire Macédonienne parce que les Romains subirent de lourdes pertes. S’ensuivirent deux années de guerre incertaines qui se soldèrent par une victoire décisive de Rome à la bataille de Pydna le 22 Juin 168.

 

Le contexte

 
   Avec le déclenchement de la de la Troisième Guerre Macédonienne (171-168), le Consul Romain Publius Licinius Crassus, qui avait appris la présence Macédonienne en Thessalie, navigua de l’Italie vers l’Épire sur la côte Ouest de la Grèce. Il traversa une grande partie de la Grèce par des cols de montagne difficiles pour atteindre la Thessalie et établit son campement à Tripolis Larisaia, sur la rivière Pénée (ou Peneus), à 5 kilomètres au Nord de Larissa. Là, il fut rejoint par les forces du Roi de Pergame, Eumène II (ou Eumènès), qui se composaient de 1.000 cavaliers et 4.000 soldats d’infanterie. Se joignirent à eux 500 frondeurs Étoliens, 400 cavaliers Thessaliens, 300 cavaliers et 100 fantassins d’Apollonie (ou Apollonia) d’Illyrie et 1.500 hommes infanterie légère de la Ligue Achéenne.
 


 

Hastatus Romain contre
pezhetairos Macédonien
Image : pinterest.com

   Pendant ce temps, les armées du Roi de Macédoine Persée ravagèrent les terres du Nord de la Thessalie, à proximité de la frontière Macédonienne. Les lignes d’approvisionnement Romaines étaient de Larissa, par Phères, dans le Sud de la Thessalie, aux ports du golfe Pagasétique (ou golfe Pélasgique ou Pagasitikos, en Magnésie) au Sud, par Crannon et Pharsale au centre de la Grèce. Persée mit en place son campement, et se fondant sur la rapidité et l’efficacité de sa cavalerie (environ 4.000 cavaliers) et de son infanterie légère, il envoya un détachement ravager les champs près de Phères, pour couper les communications Romaines avec le golfe Pagasétique, dans l’espoir d’attirer les Romains loin de leur campement. Cependant, comme le précise Tite-Live (ou Titus Livius, historien Romain, v.59 av.J.C-17 ap.J.C.), ceux-ci ne bougèrent pas.
 
   Persée espionnait le camp Romain avec un détachement tous les jours à 9 heures. Ces derniers en envoyaient un en reconnaissance dans le même temps. Les deux forces se surveillaient sans s’affronter, mais la bataille se dessinait. Pendant plusieurs jours Persée se présenta au même endroit et à la même heure. Les Romains à chaque fois se retiraient. Cependant, comme ils avaient omis d’établir des unités de cavalerie dans leur camp, le Roi déplaça son campement et se positionna à 7/8 km. du camp Romain. Puis, à l’aube, il marcha vers eux avec toute sa cavalerie et son infanterie légère. Cela prit les Romains par surprise qui furent obligés de réagir. Selon Tite-Live, Persée aligna alors ses hommes environ 2,5 km. de la ligne Romaine.

 

Le déroulement

 
   Le déploiement des forces Romaines et Macédoniennes a été décrit par Tite-Live (ou Titus Livius, historien Romain, v.59 av.J.C-17 ap.J.C.), qui dit que les deux armées étaient presque égales en nombre. Les parties principales de la ligne Macédonienne se composaient de groupes mixtes de cavalerie et d’infanterie légère, un détachement de troupes d’élite avec de l’infanterie lourde et légère (Persée Agema) et l’élite de la cavalerie “sacré” au centre avec 400 lanceurs de javelot. L’aile gauche était occupée par l’ensemble des troupes du Roi Odryse de Thrace, Cotys IV, cavalerie et infanterie légère, tandis que sur l’aile droite se trouvaient la cavalerie Macédonienne et l’infanterie de mercenaires Crétois. Les deux ailes étaient flanquées de cavalerie et des auxiliaires du Roi de diverses nationalités.
 
   Les Romains avaient la même cavalerie entremêlée avec de l’infanterie légère sur les ailes, mais pas d’infanterie lourde, Publius Licinius Crassus n’envoyant seulement que la cavalerie et l’infanterie légère. Son aile droite avait l’infanterie légère et l’ensemble de la cavalerie des alliés Italiens. L’aile gauche avait la cavalerie et l’infanterie légère des différentes cités Grecques alliées. Le centre était occupé par un corps de cavalerie volontaire et 200 Galates et 300 Cyrtéens (Peuple de Médie) apportés par le Roi de Pergame, Eumène II (ou Eumènès). 400 cavaliers Thessaliens se tenaient à courte distance sur l’aile gauche. Publius Licinius Crassus garda l’infanterie lourde aligné en arrière à l’intérieur de son camp.
 
   Après quelques escarmouches près du camp Romain, qui permirent à Persée de sonder les forces Romaines. Au lever du soleil il lança toute son armée sur une colline du nom de Callinique (ou Kallinikos ou Callinicos ou Callinicus), avec la cavalerie devant et derrière la phalange. Les légions Romaines prirent position derrière leur cavalerie qui fit face à l’ennemi. La bataille fut lancée par les frondeurs et les lanceurs de javelot. Puis les Thraces de Cotys IV lancèrent une charge furieuse contre la cavalerie Italienne, qui en fut complètement désordonnée. Persée, qui avait pris le commandement de la cavalerie d’élite Macédonienne et soutenu par un bataillon d’infanterie royale chargea la cavalerie Romaine d’élite et la plupart de la cavalerie Grecque, à l’exception des 400 cavaliers Thessaliens qui restaient en arrière-garde, et les repoussa. Dans cette partie de la bataille, les Romains perdirent 200 cavaliers et 2.000 fantassins et 600 furent faits prisonniers et le reste se dispersa. Les Macédoniens n’auraient perdu que 20 cavaliers et 40 hommes d’infanterie.


 

Cavalerie Macédonienne tardive

 
   Les Thessaliens, qui avaient été gardés en réserve, formèrent alors une jonction avec les troupes d’Eumène II (ou Eumènès) à l’arrière, en gardant leurs rangs compactes, afin d’offrir une retraite sûre pour la cavalerie Italienne désordonnée et les fantassins fugitifs. Dans le même temps, l’infanterie lourde Romaine sortit du camp. Les troupes du Roi s’étaient étalées dans leur poursuite des fugitifs et de ce fait avançaient dans une formation non compacte. Alors qu’elle s’apprêtait à attaquer le camp Romain, la phalange Macédonienne reçu alors l’ordre de Persée, sur les conseils de son Commandant des mercenaires Crétois, de stopper et de se regrouper. Celui-ci ne voulait pas encourir des pertes importantes dans ses Phalangistes contre un camp fortifié et la poursuite de la bataille était un risque inutile. Le Roi décida de se retirer. Son armée prit comme butin les armes de ceux qui étaient tombés sur le champ de bataille et toute la compagnie revint triomphalement à son camp.
 
   Bien que la fin de la bataille fût en fait peu concluante parce que Persée se retira avant d’arriver à faire la différence, elle est considérée comme une victoire Macédonienne parce que les Romains subirent de lourdes pertes. Eumène II (ou Eumènès) exhorta le Consul Romain de déplacer le camp sur la rive Nord de la rivière Pénée (ou Peneus) pour obtenir la protection du cours d’eau, ce qui fut fait de nuit. Persée revint le lendemain pour entamer une autre bataille, mais lorsqu’il vit que le camp Romain était de l’autre côté de la rivière, il pensa qu’il avait eu tort de ne pas poursuivre la bataille la veille et d’être resté inactif pendant la nuit alors qu’il aurait pu empêcher la traversée de la rivière et anéantir l’ennemi. De son côté le Consul Romain fit arrêter les commandants Étoliens des cinq escadrons de cavalerie, accusés d’avoir paniqué, provoquant la fuite de l’ensemble de l’aile Grecque, et ils furent envoyés sans procès à Rome. Les Thessaliens furent eux récompensés pour leur bravoure.
 
   La bataille ne fit pas une grande différence au cours de la première année de la Troisième Guerre Macédonienne. La campagne tomba dans une impasse, même si ce faisant, les Romains sacrifièrent leur contrôle sur la capitale de la Thessalie, Larissa, qui se trouvait sur la rive Sud, et laissèrent leurs alliés dans la plaine centrale exposée aux incursions de la cavalerie Macédonienne. Le moral était bas, en particulier chez les alliés et les légions Romaines eurent peur de quitter leur camp pendant la bataille. Persée offrit la paix, mais Consul Romain Publius Licinius Crassus la rejeta, surtout qu’il reçut des renforts de Numidie. Le Consul semble s’être focalisé sur la récolte du maïs local pour nourrir ses troupes. Il déménagea du Nord de Larissa à son Sud-est, à Crannon. Persée réalisa quelques attaques, mais celles-ci ne constituèrent que des escarmouches. Lorsqu’il perdit une de ces escarmouches, il quitta le Nord de la Thessalie et rentra en Macédoine. Alors que l’hiver approchait, il envoya ses troupes hiberner.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Frank Ezra Adcock :
The Greek and Macedonian art of war, University of California Press, Berkeley, 1957.
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
Le monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
Lee L.Brice :
Warfare in the Roman republic : from the Etruscan wars to the battle of Actium, California : ABC-CLIO, Santa Barbara, 2014.
Peter Connoly :
– Greece and Rome at War, Greenhill Books, Londres, 1981 et 1998. 
Robert Malcolm Errington :
A history of Macedonia, University of California Press, Berkeley, 1990.
Andrea Frediani :
Le grandi battaglie di Roma Antica : I combattimenti e gli scontri che hanno avuto come protagonista la città eterna, Newton Compton, Roma, 2009.
Le grandi battaglie tra Greci e Romani : Falange contro legione : Da Eraclea a Pidna, tutti gli scontri tra opliti e legionari, Newton Compton, Roma, 2012.
Nicholas Geoffrey Lemprière Hammond et Frank William Walbank :
A history of Macedonia : Volume III : 336-167 B.C., Clarendon Press, Oxford, 1972 et New York, 1988. 
Jessica Homan Clark :
Triumph in defeat : Military loss and the Roman republic, Oxford University Press, Oxford, New York, 2014.
John Thornton :
Le guerre macedoniche, Carocci editore, cop., Roma, 2014

 

 

        Bataille  d’Emmaüs

Sept. 165

 

Présentation

 
   La bataille d’Emmaüs (ou Naumachia tēs Emmaüs, en Grec : Ναυμαχία της ‘Eμμαούς,) se déroula en Septembre 165 av.J.C. Elle eut lieu à proximité de la ville d’Emmaüs (En Grec : ‘Eμμαούς, en Latin : Emmaus, en Hébreu : אמאוס, en arabe : عمواس ‘Imwas) dont la localisation exacte en Judée est assimilée à Emmaüs Nicopolis, à environ 30 km. à l’Ouest de Jérusalem, à la frontière entre les monts de Judée et la vallée d’Ayalon. Ce fut une bataille entre les armées Juives, dirigées par Judas Maccabée (ou Judas Machabée ou Macchabée ou Judas Maccabaeus ou Yéhouda Makkabi ou Yeouda HaMakabi ou Y’hudhah HaMakabi, en Hébreu : יהודה המכבי ou המקבי "Le marteau", 165-160) et les armées Séleucides, dirigées par Ptolémée (Fils de Dorymènes), Général et Stratège de Cœlé-Syrie et de Phénicie, Nicanor (ou Nikanor, † 161) et Gorgias, tous deux Généraux Séleucides. La bataille fut la troisième confrontation militaire de la révolte des Maccabées et vit la victoire de ces derniers. Des négociations de paix entre les Hasmonéens et Lysias (ou Lusias, ? -162), Général et parent du Roi Séleucide Antiochos IV Épiphane), alors Gouverneur de l’Ouest de l’Empire Séleucide, intervinrent après la bataille.
 


 

Judas Maccabée – Plaque d’émail –
XVIe s. –  Musée de Cluny – Paris

 

Le contexte

 
   La bataille d’Emmaüs se déroula trois ans après le déclenchement la révolte des Maccabées. Le Roi Séleucides, Antiochos IV Épiphane ("l’illustre" ou “Dieu manifeste”, en Grec : ‘Αντίοχος Δ΄ ‘Eπιφανήςs, en Hébreu : אנטיוכוס הרביעי אפִּיפָאנֶס Antiochus IV Afifans, 175-164), n’avait, jusque-là, pas porté une grande attention à ce soulèvement en Judée. Il était plus préoccupé par des troubles à l’Est de son Empire, où ses satrapies orientales étaient en train de se révolter, soumises à la pression croissante des Parthes Arsacides. Le souverain avait donc décidé de mater lui-même ces rebellions avec une grande expédition vers ses satrapies supérieures et il avait laissé la direction de l’Empire à son Général et Gouverneur de Syrie, Lysias (ou Lusias), qu’il avait nommé comme vice-Roi après son départ.
 
   La bataille d’Emmaüs est racontée dans le Premier Livre des Maccabées (3.38-4.25) et dans le Deuxième (8.8-29). Le Premier Livre des Maccabées en décrit le déroulement avec réalisme et avec une bonne connaissance du lieu et des faits. On y trouve les effectifs de chaque camp, mais comme pour toutes les batailles de l’antiquité les chiffres sont exagérés. Chez les Séleucides on trouve généralement les chiffres de 40.000 ou 20.000 fantassins et 7.000 cavaliers. Certains spécialistes pensent que ses valeurs reprennent en fait celles d’une bataille du Roi David du Premier Livre des Chroniques (19:18). Il faut souligner que l’auteur du Premier Livre des Maccabées présente la révolte de la Judée comme la principale préoccupation d’Antiochos IV et attribue l’expédition du Roi en Parthie à la nécessité de récolter des fonds pour financer une armée pour mater la révolte en Judée.
 
   On sait aujourd’hui qu’il n’en était rien et que ce fut Lysias (ou Lusias), voire comme le précise Dov Gera, plus vraisemblablement Ptolémée (Fils de Dorymènes), Stratège de Cœlé-Syrie et Phénicie, qui envoya les Généraux Nicanor (ou Nikanor), Gouverneur de Samarie, et Gorgias, Gouverneur d’Édom (ou Idumée), pour commander l’expédition Séleucide. Le but de la campagne était d’éliminer les rebelles Hasmonéens sévissant dans les monts de Judée. Gorgias établit son campement près d’Emmaüs. Les Séleucides étaient conscients de la difficulté d’envahir les monts de Judée depuis la plaine. Le choix d’Emmaüs, à l’Est de la vallée d’Ayalon, permettait de disposer de plusieurs routes possibles le long des pentes des monts, dont la passe de Beït-Horon (ou Beth-Horon ou Bethoron, petite chaîne montagneuse située à proximité des monts de Judée et au Nord de la vallée d’Ayalon) où Judas Maccabée (ou Judas Machabée) avait mis en déroute une grande armée Séleucide sous le commandement de Séron quelques temps auparavant.
 
   Les routes de vallée d’Ayalon à la plaine côtière assuraient une communication facile avec l’arrière. L’intention des Séleucides était donc de sécuriser progressivement ces voies d’accès et d’atteindre le plateau au Nord de Jérusalem sans être surpris par les forces rebelles, contrairement à l’armée de Séron. Dov Gera nous dit que ce camp, protégé par une fortification, permettait aussi d’utiliser simultanément plusieurs routes afin d’éviter que l’armée toute entière ne soit attaquée par surprise. De plus des cavaliers surveillaient le camp depuis des points d’observation. Les forces de Judas Maccabée (ou Judas Machabée) campèrent elles, à Mitspa (ou Masepha), ville dans les monts, de la tribu de Benjamin, à quelques kilomètres au Nord de Jérusalem.


 

Judas Maccabée contre l’armée de Nicanor –
Illustration Gustave Doré (1832-1883)

 

Le déroulement

 
   Une fois son campement bien installé à Mitspa (ou Masepha), lieu d’assemblée traditionnel des Israélites, Judas Maccabée (ou Judas Machabée) organisa une cérémonie qui avait pour objectif de motiver les combattants et de renforcer leur moral à la veille de la bataille. Gorgias fut informé de la concentration des forces Juives dans la ville, et lors d’une nuit de Septembre, il lança une expédition via la passe de Beït-Horon (ou Beth-Horon ou Bethoron), de 5.000 hommes et 1.000 cavaliers, avec l’idée de prendre les Juifs par surprise. Le choix de cette attaque indirecte plutôt qu’une bataille rangée résulte de la conviction pour les Séleucides que les Juifs cherchaient à éviter un affrontement frontal. Judas Maccabée (ou Judas Machabée) avait en fait délibérément cherché à attirer plusieurs fois une partie des forces Séleucides hors de leur camp.
 
   Cependant, Judas fut averti de la manœuvre, et, dans le même temps, il quitta Mitspa (ou Masepha) avec 3.000 hommes et se dirigea vers Emmaüs où il installa un campement au Sud de la ville. Il emprunta une route passant par Abou Gosh, Neve Ilan et Horvat Eqed. La distance entre les deux villes via la passe Beït-Horon (ou Beth-Horon ou Bethoron) est de 23 km, contre 27 km par Neve Ilan. Lorsque Gorgias arriva à Mitspa (ou Masepha) il découvrit que les Juifs avaient déjà quitté la cité. À ce moment il fut mal informé, on lui dit que les Juifs s’étaient enfuis. Le Général sauta sur l’occasion et lança ses troupes dans la région environnante à la recherche de l’armée soit disant en déroute de Judas. Le seul endroit évident pour se cacher était les montagnes. Alors Gorgias et ses hommes parcoururent les collines espérant déloger les soldats Juifs, mais les recherches furent bien sûr infructueuses.
 
   Judas avait l’intention d’attaquer le camp Séleucide depuis le Sud-est. Il passa par l’un des cols situés entre Emmaüs et le contrefort de Latroun (ou Latrun) d’où il dominait le camp de ces derniers. Cependant, il n’attaqua pas la nuit, compte-tenu de la difficulté à coordonner une attaque de plusieurs milliers d’hommes dans l’obscurité. De plus, beaucoup de ses soldats manquaient d’épées et d’armures et en arrivant au camp à Emmaüs Judas vit que l’ennemi n’avait pas un tel problème. Le camp était fortement fortifié et entouré par la cavalerie lourde bien formée. Judas réorganisa alors ses hommes, pour attaquer en unités ressemblant à une armée régulière importante. L’attaque se produisit par surprise, les Juifs disposant d’une position en hauteur avantageuse. Les forces Séleucides ne s’attendaient pas à cette attaque, car Gorgias était censé être en train d’attaquer les Juifs à Mitspa (ou Masepha).
 
   La confrontation eut lieu sur les flancs de la crête entre Emmaüs et Latroun (ou Latrun). Une partie des gardes et des soldats Séleucides réussit toutefois à s’organiser pour le combat et finit par se replier dans le camp. Mais, celui-ci fut incendié par les forces de Judas, signifiant à Gorgias, qui était toujours dans les collines, que la bataille était en train d’être perdue. L’armée de Judas poursuivit les fuyards, harcelant leurs arrières jusqu’à ce que près de 3.000 furent laissés pour morts. Gorgias décida alors de leur porter secours et retourna sur Emmaüs. Il arriva seulement pour trouver son camp détruit avec l’armée rebelle en sa possession et en position prête à affronter ses troupes. Les Juifs avaient eu la bonne idée d’occuper le camp pour éviter que les forces Séleucides ne se réorganisent à proximité d’Emmaüs.


 

Ruines d’Emmaüs Nicopolis – Bain Romain

 
   Gorgias ne donna pas suite à la bataille après la destruction de sa base, il fuit vers les plaines côtières avec Judas poursuivant son armée et rejoignit Gezer (ou Guézer ou Tel Guezer ou Tell el-Jezer) une ville de Canaan à mi-chemin sur la route entre Jérusalem et Jaffa, c’était le fort Séleucide le plus proche, à 7 km. au Nord-ouest, puis l’Édom (ou Idumée) et les villes côtières de Yabné (ou Yavné, aujourd’hui ville du district centre d’Israël) et Ashdod (ou Asdod). Le nombre de morts attribué aux Séleucides à la fin du récit du Premier Livre des Maccabées n’est que le reflet du nombre de combattants Juifs indiqué un peu plus haut, il n’est probablement pas la réalité.
 
   La bataille d’Emmaüs est considérée comme l’une des plus importantes victoires de Judas Maccabée (ou Judas Machabée) dans la guerre pour l’indépendance de la Judée. La réussite de la manœuvre de l’Hasmonéen montra que les forces Juives étaient bien entrainées, bien coordonnées et capables d’évoluer rapidement sur un terrain difficile. Cela finit de convaincre les Séleucides qu’ils devaient se préparer à une guerre dure et longue.
 
   De plus, tant que le gros de leur armée était occupée à combattre dans les Satrapies supérieures avec Antiochos IV, les forces militaires qu’ils pouvaient envoyer en Judée restaient limitées. En Octobre 165, Lysias (ou Lusias) entama alors des négociations avec les Hasmonéens. Ces négociations durèrent pendant six mois, mais elles échouent malgré l’appui d’Ambassadeurs Romains. L’intervention des Ambassadeurs donna une reconnaissance officielle à Judas et l’encouragea à poursuivre son combat. Les Séleucides décidèrent donc de réunir une plus grande armée et marchèrent sur la Judée, mais l’année suivante Judas battit Lysias lui-même, à Beth-Zur (ou Bethsura, dans la région de Hébron).

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Bezalel Bar-Kochva :
Judas Maccabaeus : The Jewish struggle against the Seleucids, Cambridge University Press, Cambridge, New York, 1989.
William Maxwell Blackburn :
Judas the Maccabee and the Asmonean princes, Presbyterian Board of Publication, Philadelphia, 1864. 
Claude Reignier Conder :
Judas Maccabaeus and the Jewish war of independence, Published for the Committee of the Palestine Exploration Fund by A.P. Watt, Londres, 1894.
Thomas Fischer :
Hasmoneans and Seleucids : Aspects of war and policy in the Second and First Centuries B.C., Bochum, 1985.
Dov Gera :
Judaea and Mediterranean politics, 219 to 161 B.C.E., E.J.Brill, Leiden, New York, 1998.
William Weir :
50 battles that changed the world : the conflicts that most influenced the course of history, Listen & Live Audio, Rosaland, 2008.

 

 

        Bataille  de  Leucopétra

146

 

Présentation

 
   La bataille de Leucopétra, ou souvent appelée bataille de Corinthe, (ou Naumachia tēs Leukopetra, en Grec : Ναυμαχία της Λευκόπετρας) se déroula en 146 av.J.C. Elle eut lieu sur un promontoire nommé Leucopétra dans l’isthme de Corinthe. Ce fut une bataille entre les armées de la république Romaine, dirigées par le Consul Lucius Mummius Achaicus (Homme d’État et Général Romain, Consul en 146), et celles de la Ligue Achéenne sous le commandement du Stratège Diaeos de Mégalopolis (ou Diaeus, en Grec : Διαĩος, † 146), dernier chef de la Ligue Achéenne, qui vit la défaite de ce dernier. La bataille aboutit à la destruction totale de Corinthe après un siège.
 
   Une fois dans la ville, Lucius Mummius Achaicus tua tous les hommes et vendit comme esclaves les femmes et les enfants. Puis il brûla la cité, c’est de ces faits qu’il reçut le surnom “Achaicus” comme vainqueur de la Ligue Achéenne. Diaeos (ou Diaeus), se réfugia dans Mégalopolis, sa ville natale, où il s’empoisonna après avoir égorgé sa femme et ses enfants. Cette bataille marqua le début de la période de domination Romaine en Grèce. Bien qu’il y ait une preuve archéologique d’un faible niveau de population en place dans les années qui suivirent, en 44 av.J.C, Jules César (100-44), peu de temps avant son assassinat, refonda la ville avec le nom de Colonia Laus Iulia Corinthiensis (Colonie de Corinthe en l’honneur de Jules).

 

Le contexte

 
   En 146 av.J.C, les Romains avaient finalement vaincu et détruit leur principal rival en Méditerranée, Carthage. Ils avaient également évacué le danger Séleucide quelques années plutôt avec la paix d’Apamée (En 188, traité de paix entre la république Romaine et le Roi Séleucide, Antiochos III Mégas (223-187)) et pouvaient maintenant se concentrer sur la Grèce. Ils visaient une bataille décisive qui renforcerait leur emprise dans ce domaine, restait à trouver l’adversaire et le prétexte Le conflit qui opposa Rome à son ancien allié, la Ligue Achéenne, puissance dominante de la Grèce à cette époque, eut pour origine un différend entre Athènes et Oropos (En Grec : Ωρωπός), une ville portuaire de l’Attique située à la frontière de la Béotie. Son règlement passait par une assemblée de la Ligue se déroulant à Corinthe. Dion Cassius (ou Cassius Dio Cocceianus, historien Romain, v.155-v.235) indiqua que ce fut les Achéens qui commencèrent la querelle.
 

   Comme nous le précise, Rita Compatangelo-Soussignan et Xavier Bouteiller, devant les tergiversations de la Ligue à régler le problème, les Romains finirent par prendre position en faveur de l’autonomie de certaines cités de la Ligue. La cité d’Héraclée de Trachis, ancienne colonie Spartiates à l’Ouest des Thermopyles, au Sud du golfe Maliaque, profita de l’occasion pour faire sécession, ce qui conduisit la Ligue à mobiliser une armée pour la reprendre. Durant l’hiver 146, Rome déclara alors la guerre à la Ligue Achéenne qui faisait obstacle à sa prédominance en Grèce et elle chargea Lucius Mummius Achaicus (Homme d’État et Général Romain, Consul en 146) de cette mission.

  Parti de Macédoine, afin de négocier la paix avant l’arrivée de Mummius, Quintus Caecilius Metellus Macedonicus (v.210-116, Magistrat Romain, Préteur en 148, Consul en 143) marcha sur la Grèce. À la suite de l’échec des négociations, les Romains vainquirent la première armée Achéenne sous le commandement du Stratège Critolas (ou Critolao, en Grec : Κριτόλαος) de Megalopolis à la bataille de Scarphée (ou Skarphia ou Scarpheia) en Locride, et avancèrent sans entrave vers Corinthe. Après cette défaite, les Grecs se replièrent sur Corinthe afin de contrer les Romains et nommèrent Diaeos de Mégalopolis (ou Diaeus) Stratège (Général), qui s’empressa de rassembler une nouvelle armée.

 

Le déroulement

 
   Le Consul Romain Lucius Mummius, avec 23.000 fantassins et 3.500 cavaliers, probablement deux légions, plus les alliés Italiens, plus des renforts de Crète et de Pergame, avançait vers le Péloponnèse contre la Ligue Achéenne. Le Général (ou Stratège) Achéen Diaeos de Mégalopolis (ou Diaeus) rassembla à Corinthe 14.000 fantassins et 600 cavaliers, auxquels vinrent se greffer les survivants de la première armée de Critolas (ou Critolao). Sitôt arrivé, les Achéens firent une attaque surprise réussie de nuit sur le camp de la garde Romaine, lui infligeant de lourdes pertes. Puis, le lendemain, encouragés par ce succès, ils se lancèrent dans la bataille. Cependant leur cavalerie était fortement en infériorité numérique. Certaine d’être battue, elle n’attendit pas de recevoir la charge de la cavalerie Romaine et s’enfuit immédiatement.
 
   Dans le même temps, l’infanterie Achéenne résista elle aux légions Romaines jusqu’à ce qu’une force compacte de 1.000 fantassins Romains charge leur flanc et les mette en déroute le long des murs de la ville. Certains Achéens se réfugièrent alors dans Corinthe. Cependant, aucun moyen de défense ne fut mis en place, en effet devant la défaite évidente Diaeos (ou Diaeus) avait fui en Arcadie. De plus, dans la nuit, la cité fut abandonnée par les Achéens. Après trois jours d’attente, Lucius Mummius prit la ville sans combat. Elle fut complètement détruite par l’armée Romaine victorieuse et tous ses trésors pillés. Puis Mummius fit exécuter la plupart des hommes et vendit les femmes et les enfants comme esclaves avant d’incendier la cité.
 
   Les spécialistes se posent encore aujourd’hui la question de pourquoi un tel acharnement sur la cité. L’anéantissement complet de Corinthe, le même sort que Rome avait fait subir à Carthage la même année, marqua une rupture importante dans la politique précédente Romaine en Grèce. Pour André Piganiol, la destruction de la cité est sans doute due à la crainte des Romains d’une résurrection de l’opposition Corinthienne et à la volonté de faire un exemple en effaçant son identité. Son territoire fut effet intégré à l’Ager Publicus (Territoire qui appartient au peuple Romain) dont une partie passa sous contrôle de Sicyone. Cet épisode marqua la fin définitive de l’indépendance de la cité. Comme dit plus haut Jules César refonda la ville avec le nom de Colonia Laus Iulia Corinthiensis (Colonie de Corinthe en l’honneur de Jules) en 44 av.J.C., peu avant son assassinat.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Xavier Bouteiller et Rita Compatangelo-Soussignan :
Le territoire de Corinthe, Université du Maine, Le Mans, 2006.
Ignazio Didu :
La fine della Confederazione achea, Università degli studi di Cagliari, Istituto di storia antica, Cagliari, 1993.
Claude Gentry :
The battle of Corinth, Magnolia Publishers, Baldwyn, 1976.
André Piganiol :
La conquête Romaine, Presses universitaires de France, Paris, 1967.
Thomas Schwertfeger :
Der Achaiische Bund von 146 bis 27 v. Chr., C.H. Beck, München, 1974.

 

 

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