Quelques Rois Importants :
Thoutmôsis III
1479 – 1425
 

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….Retour à la XVIIIe dynastie

 

 
Sommaire
 

Sa titulature
Son origine
Ses dates et durée de règne
Sa prise de pouvoir
     La proscription d’Hatchepsout
Un grand conquérant
     De la première à la quatrième campagne
     De la cinquième à la septième campagne
     La huitième campagne
     De la neuvième à la quatorzième campagne
     Les dernières campagnes
La fin de son règne
Ses constructions
Sa sépulture
Sa famille
Bibliographie
Filmographie

 

                        DATES  de  RÈGNE
                 1479-1425
    C.Aldred, D.Arnold, N.Grimal, J.Kinnaer,
K.A.Kitchen, J.Malek, F.Maruéjol, W.J.Murnane,
     S.Quirke, I.Shaw, J.von Beckerath
1504-1452  D.B.Redford
1570-1450  P.A.Clayton
1570-1546  P.A.Piccione, C.C.Van Siclen, E.F.Wente 
1490-1439  A.Eggebrecht
1490-1436  E.Hornung, A.H.Gardiner, R.A.Parker,
1479-1426  R.Krauss
1479-1424  A.M.Dodson
1478-1426  P.Vernus, J.Yoyotte
1467-1413  H.W.Helck
1466-1412  D.Sitek

 

Sa titulature
  • Hr kA-nxt xai-m-wAst , mri-ra qAi-HDt , qAi-HDt mri-ra
  • nbti wAH-nsyt-mi-ra-m-pt , sxai-mAat mri-tAwi
  • bik nbw Dsr-xaw sxm-pHti , hrw-Hr-nxtw Hwi-HqAw-xAswt-pHw-sw
  • mn-xpr-ra , mn-xpr-kA-ra
  • DHwti-msi(w) nfr-xprw , HqA-wAst , HqA-mAat , HqA-iwnw
     
  • Mêphramuthôsis  ou  Misphragmuthôsis   (Manéthon)

 

Nom d’Horus Horus Kanekhet Khâemouaset  puis 
Mérirê kaiedjet

(Horus taureau victorieux,
Qui apparaît radieux à Thèbes)

Hr kA-nxt xai-m-wAst  puis  mri-ra qAi-HDt
Nom de Nebty Nebty Ouahnesytmirêmpet
(Nebty Dont la royauté est durable
à l’égal de celle de Rê dans le ciel)

nbti wAH-nsyt-mi-ra-m-pt
Nom d’Horus d’or Bik Nebou Djéserkhâou Sékhempehti
(Aux apparitions sacrées et à la force imposante)
bik nbw Dsr-xaw sxm-pHti
Nom de Roi
Abydos 70
Menkhéperrê
(La manifestation de Rê demeure) ou
(Stable est la manifestation de Rê)

mn-xpr-ra
Nom de naissance Djéhoutymosé Néferkhéperou  ou  Heqaouaset
(Celui qui est né de Thot, Au devenir parfait) ou
(Régent de Thèbes)

DHwti-msi(w) nfr-xprw , HqA-wAst

 

Son origine

 
   Thoutmôsis III (ou Thoutmès ou Thutmose ou Thutmosis en Grec ou Djéhoutymosé en Égyptien) fut le 6e Roi (5e si on le compte régnant avant la Reine Hatchepsout) de la XVIIIe dynastie et, en fonction des spécialistes, le premier à porter le nom de Pharaon "per aa" (D’autres commencent à Amenhotep IV). Le terme étant jusque-là réservé pour désigner le palais “la grande maison“, puis son occupant, le Roi. Il est appelé par Manéthon, Mêphramuthôsis (Flavius Josèphe) ou Misphragmuthôsis (Africanus, Eusebius), mais ces noms sont aussi donnés pour Amenhotep II. Il fut le fils de Thoutmôsis II et d’une épouse secondaire, Iset (ou Isis). Les frères de son père, Amenmès (ou Amenmosé) et Ouadjmès (ou Ouadjmosé ou Wadjmose ou Wadjmès ou Wadj-Messu), qui étaient les aînés, moururent avant celui-ci. C’était alors posé la question de la place de la future Reine Hatchepsout, sa belle-mère, demi-sœur de son père. Selon une interprétation des textes de la Théogamie (Récit de la naissance divine) de Deir el-Bahari, Thoutmôsis I aurait décidé à ce moment de faire couronner sa fille Hatchepsout et lui aurait abandonné la plus grande partie du pouvoir. Hatchepsout se servit de ces textes comme élément pour assoir sa légitimité sur le trône.


 

Cartouche de Thoutmôsis III
sur l’obélisque de Karnak

 
   À la mort de Thoutmôsis I, Hatchepsout âgée d’une quinzaine d’années (Florence Maruéjol nous dit 11/12 ans) épousa son demi-frère Thoutmôsis II qui monta sur le trône. Les travaux de l’égyptologue Luc Gabolde sur les inscriptions des monuments nous permettent de mieux connaître l’équilibre des pouvoirs à cette époque. Cependant à la mort de son époux, n’ayant pas eu de fils avec lui, la succession revint à Thoutmôsis III. Comme il était très jeune, il avait à peine 5 ans, Hatchepsout, Grande Épouse Royale, prit le pouvoir en qualité de Régente.
 
  Ce qui est à noter c’est que dans les documents, les années de règne de Thoutmôsis III sont l’unique décompte utilisé, Hatchepsout n’est jamais mentionnée. Selon une étude récente de l’ADN de Thoutmôsis II, celui-ci ne serait peut-être pas lié paternellement à la lignée principale de la XVIIIe dynastie au pouvoir depuis 1549, ce qui fait supposer à certains spécialistes que Thoutmôsis III ne serait pas son fils ?, idée qui est loin de faire l’unanimité.
 
   Florence Maruéjol nous précise que l’on ignore presque tout de la petite enfance du Roi. Aucun document contemporain ne l’évoque. Seul le texte de la Jeunesse, gravé sous le règne autonome de Thoutmosis III sur le mur Sud des salles des offrandes Sud d’Hatchepsout à Karnak, décrit une intervention d’Amon qui aurait eu lieu en sa faveur, dans le temple de Karnak, alors qu’il était très jeune et que son père, Thoutmôsis II, était encore en vie. Le Dieu se manifesta par un signe prodigieux pour annoncer au Prince, trop petit pour avoir été initié à la prêtrise, qu’il était destiné à détenir la fonction royale. Comme le laisse penser le graffito de Sakkarah, Thoutmosis III vécut probablement à Thèbes, aux côtés d’Hatchepsout. Toujours selon l’auteur, peut-être séjourna-t-il aussi dans le palais construit par son grand-père Thoutmosis I à Memphis où seront éduqués par la suite des Princes héritiers de la XVIIIe dynastie.

 

Dates et durée de règne

 
   Manéthon lui compte 25 ans et 10 mois de règne (Josèphe Flavius) ou 26 ans (Africanus, Eusebius), mais il fait erreur sur cette durée, Thoutmôsis III fut en fait au pouvoir presque 54 ans, du 24/4/1479 au 11/03/1425. Selon Nicolas Grimal, ces dates, de même que toutes les dates de la XVIIIe dynastie, peuvent cependant être contestables en raison des incertitudes sur les circonstances entourant l’enregistrement d’un lever héliaque de l’étoile Sothis sous le règne d’Amenhotep I (1525/24-1504). Incertitudes concernant l’endroit où il convient d’observer ce phénomène qui sert de point de repère pour la datation. En effet on l’enregistre à une date différente si on se trouve à Memphis où à Thèbes (entre autres). Un papyrus des annales du règne d’Amenhotep I note cette observation astronomique, ce qui fait que théoriquement, il pourrait être utilisé pour corréler la chronologie Égyptienne avec le calendrier moderne, mais pour ce faire, il nous faudrait connaître la latitude où l’observation fut prise en compte, hors nous n’avons pas à ce jour cette information.
 
   Les spécialistes pensent que cette observation fut faite, soit à Memphis, soit à Héliopolis, ou encore à Thèbes. Ces différentes latitudes vont donner les dates, avec plus de dix ans de différence, que l’on trouve entre les auteurs. Par contre comme le précise Donald Bruce Redford la longueur du règne de Thoutmôsis III, est connue avec certitude grâce à une information trouvée dans le tombeau d’Amenemheb, fonctionnaire de la cour. Selon James Henry Breasted, Amenemheb a enregistré le décès du Roi dans la 54e année de son règne et William Joseph Murnane précise que ce fut le 30e jour du 3e mois (Phamenoth) de la saison Peret. Son très long règne ne fut pas sans partage (33 ans seul). Il fut évincé du pouvoir très jeune à la mort de son père par sa belle-mère Hatchepsout, Grande Épouse Royale. Il ne commença son règne personnel qu’a la mort de cette dernière (An 22). À la fin de sa vie, durant les deux dernières années de son règne, il partagea une nouvelle régence avec son fils Amenhotep II, tout à fait voulue cette fois.

 

Sa prise de pouvoir
 

  À la mort de son père Thoutmôsis II, sa belle-mère, la Grande Épouse Royale Hatchepsout, n’ayant pas eu de fils avec lui, la succession revint à Thoutmôsis III. Cependant, étant trop jeune pour régner, il n’avait pas 5 ans, ce fut Hatchepsout qui prit le pouvoir en qualité de Régente. Cette succession ne sembla pas à l’époque poser de problème comme l’écrit Inéni, Maire de Thèbes et Surintendant des greniers d’Amon. Mais la Reine chercha rapidement à faire valoir les droits que lui avait concédés son père.
 
Hatchepsout obtint tous les pouvoirs en se faisant couronner "Pharaon" avec l’appui du haut clergé d’Amon, qui était dirigé par le Grand Prêtre Hapouseneb. Le débat sur la date de sa prise de pouvoir est dû à l’interprétation de deux faits : Son changement de titulature, qui est daté de l’an 7, qui suppose donc une Corégence assez longue et l’inscription dans la chapelle rouge à Karnak, datée elle de l’an 2, qui suggère une période plus courte. Quoi qu’il en fût, avec cette prise de pouvoir l’héritier Thoutmôsis III devint Corégent.
 
   La Reine justifia sa légitimité en usant de plusieurs artifices :
– Les dernières volontés de son père qui souhaitait la voir régner.
– Elle s’inventa une naissance divine qui est racontée dans des textes et des représentations qui décorent son temple funéraire de Deir el-Bahari. C’est cette justification qui est appelée Théogamie (Naissance divine). Il y est dit que le Dieu Amon se serait uni avec sa mère Ahmès pour l’engendrer.
– L’oracle d’Amon plaida en sa faveur.
– Elle était Grande Épouse Royale, Fille de Roi et Épouse du Dieu Thoutmôsis II etc…
Cela dit elle n’usurpa pas à proprement parlé le trône, car Thoutmôsis III resta associé aux manifestations et décisions royales, mais pendant une vingtaine d’année (1479-1457) le Roi fut tenu à l’écart de l’État.
 

 Pour plus de détails voir l’article sur : Hatchepsout – Son arrivée au pouvoir

 
   Après la disparition d’Hatchepsout, en l’an 22 de son règne, dans des circonstances inconnues, Thoutmôsis III obtint enfin la pleine souveraineté et dirigea l’Égypte jusqu’à sa mort. Comme le précise Joyce Anne Tyldesley, la date exacte du décès d’Hatchepsout n’étant pas connue, on considère qu’elle survint le jour où Thoutmôsis III devint Pharaon d’Égypte, qui serait le 10e jour, du 2e mois (Mekhir), de la saison Peret, de l’an 22, tel qu’il est inscrit sur une stèle érigée à Armant (ou Hermonthis). Soit, pour James Peter Allen, le 16 Janvier 1458.
 
   À la mort de la Corégente, sa tante et belle-mère, Thoutmôsis III lui rendit tous les honneurs qui lui étaient dus. Contrairement à ce qu’envisageait l’égyptologue W.F.Edgerton, en 1933, Le Roi ne jeta son corps ni aux chiens ni aux chats. Il présida aux cérémonies qui assuraient la vie éternelle de la Reine. Il confia sa dépouille aux embaumeurs, établis sur la rive gauche de Thèbes, afin qu’ils procèdent à la momification avec tout le soin requis. Le Roi mit à profit les 70 jours que dura cette opération rituelle pour organiser l’enterrement et rassembler le matériel préparé par la souveraine. Il prit la tête du cortège qui pénétra dans la vallée des Rois, suivi par les Prêtres et la foule nombreuse des dignitaires et des porteurs chargés des objets et des offrandes destinés à la sépulture. Ce scénario trouve confirmation grâce aux maigres vestiges de l’équipement funéraire d’Hatchepsout exhumés dans l’hypogée par Howard Carter.

 

La proscription d’Hatchepsout

 
  Cependant, juste après les cérémonies, Thoutmôsis III fit marteler les cartouches et images de la Reine, leur substituant ceux de Thoutmôsis I et Thoutmôsis II, ou encore les siens. On assista donc à une tentative d’effacement du souvenir d’Hatchepsout sur les documents historiques. Dans le temple de Deir el-Bahari, les statues furent renversées, brisées ou défigurées avant d’être enterrées dans une fosse. Joyce Anne Tyldesley nous dit qu’à Karnak, on tenta même de murer les obélisques.
 
   Il faut toutefois préciser que contrairement à ce qui est souvent pensé, ce ne sont pas tous les cartouches, ou toutes les images que les ouvriers effacèrent, mais seulement ceux relatifs à Hatchepsout "Roi", pas ceux appartenant à la Régente, ou à la Reine. Si l’on suit la tradition Égyptienne, Thoutmôsis III laissa de ce fait à Hatchepsout la possibilité de revivre dans l’au-delà. Aujourd’hui encore se pose la question du pourquoi d’un tel acte de la part du Roi ?. Était-ce une question politique, était-ce pour se venger d’avoir été tenu à l’écart du pouvoir aussi longtemps ?. Mais, dans ce cas, pourquoi avoir attendu 22 ans ?. Surtout que le Roi étant chef des armées il lui aurait été facile de prendre le pouvoir par la force, hors tout au long de son règne rien ne laisse penser que la Reine eut une quelconque peur d’une action de son beau-fils.
 
   La question divise les égyptologues car en l’absence de document sur l’état d’esprit du Roi il est difficile d’imaginer ses motivations. De fait, on ne dispose d’aucune preuve à l’appui de la théorie consistant à penser que Thoutmôsis III haïssait Hatchepsout, ou éprouvait de l’animosité envers elle. Florence Maruéjol nous dit qu’il faut peut-être y voir une volonté politique de Thoutmôsis III de rétablir une succession à son profit. Dans ce cas Hatchepsout doit être perçue comme une usurpatrice. Une des raisons qui faisait jadis pencher les spécialistes en faveur de cette théorie est qu’on invoquait le triomphe du clergé d’Amon, partisan de la guerre, sur les fidèles de la Reine, ardents défenseurs de la paix. Or, selon Florence Maruéjol, cette situation n’a jamais existé que dans l’imagination des égyptologues, persuadés que la proscription avait commencé avec toute sa virulence dès la mort de la Reine.
 


 

Thoutmôsis III – Deir el-Bahari

   Si la politique était en cause, Thoutmosis III n’aurait pas manqué d’écarter tous les dignitaires ayant soutenu le couronnement de sa tante et servi sous son autorité. II aurait renouvelé entièrement l’équipe dirigeante. Or, celle-ci resta en place. Apres la disparition d’Hatchepsout, le Vizir de la Haute-Égypte, Ouseramon, poursuivit sa carrière avant de léguer sa fonction à son neveu, Rekhmirê. Il reçut même de Thoutmosis III des privilèges considérables. De même, le Grand-Prêtre d’Amon Menkhéperrêséneb, etc… En province, on observe la même stabilité que dans la capitale.
 
   Dans les tombes privées de Thèbes, la proscription ne concerna que le nom et l’image de la Reine, pas leurs propriétarise. Thoutmosis III avait pleinement conscience que, grâce à la bonne administration de la Reine et de son équipe, il hérita d’un royaume stable et aux caisses bien remplies. La bonne santé du pays lui laissa le loisir de s’investir dans l’expansion de son territoire. C’est aussi parce qu’il avait pleinement confiance en son équipe dirigeante que, dès le début de son règne autonome, il put séjourner pendant 7 mois en Syrie/Palestine (Nommé Rétjénou (ou Réténou) en Égyptien : RTnw).
 
   Il faut donc chercher une autre raison. Peut-être une querelle familiale ou dynastique ?. Pour certains égyptologues, Thoutmosis III aurait craint que des descendants de la lignée de la Reine, soit Néferourê, soit un fils de la Reine (et de quel père ?, se demande-t-on), ne perturbent sa succession et ne menacent le trône d’Amenhotep II. Mais Néferourê disparut avant Hatchepsout. Selon la même hypothèse, la querelle de succession remonterait à Thoutmosis I, parce que Thoutmosis III y fait souvent référence et qu’il alla jusqu’à confisquer sa momie dans la tombe d’Hatchepsout afin de la transférer dans une autre sépulture. Les prétendants susceptibles de menacer le trône seraient issus de cet aïeul. Mais on ne possède aucune trace de ces personnages.
 
  Toujours selon Florence Maruéjol, une autre piste serait la défense de l’idéal monarchique. Pour justifier sa présence sur le trône, Hatchepsout dépensa une énergie considérable. Elle engagea les Prêtres d’Amon dans une réflexion théologique poussée. Elle leur confia la tache de mettre par écrit et d’illustrer les rituels les plus anciens de la royauté pharaonique : La naissance et le couronnement. Jamais plus, après elle, le rituel du couronnement ne fut dépeint par les images et par les textes de manière aussi complète. Elle demanda aux Prêtres d’élaborer sa titulature, acte qui est loin d’être anodin puisque celle-ci était conçue comme un programme politique et religieux. Elle n’hésita pas à bouleverser l’architecture même du temple de Karnak. Elle dressa deux obélisques dans un espace compris entre deux pylônes, pour en faire le cœur même de son dispositif de légitimation.
 

Carte des possessions Égyptiennes,
Mitanniennes et Hittites

Un grand conquérant

 
   Thoutmôsis III fut un grand conquérant, il est largement considéré comme un génie par les historiens militaires et, de ce fait, il est surtout remarqué pour ses activités guerrières, dont nous connaissons la chronologie grâce au mur dit "Des annales" qui entourait le sanctuaire d’Amon à Karnak, mais aussi grâce à son scribe royal et commandant de l’armée, Tjanouny (ou Tjenen ou Thanuny), qui décrivit toutes ses conquêtes au cours de son règne. Dès sa prise de pouvoir, après la mort de la Reine Hatchepsout, Thoutmôsis III reprit la politique d‘expansion de son père. Il porta le Nouvel Empire à son apogée. Il mena 16 ou 17 campagnes en 20 ans pour établir un contrôle total sur le Rétjénou (ou Réténou, Syrie/Palestine) et une ou deux en Nubie pour consolider la domination Égyptienne.
 

Thoutmôsis III – Statue en granit
– Musée du Caire

 

De la première à la quatrième campagne

 
   La première fut en l’an 22/23, à la tête de 10.000 soldats. Elle était faite pour écarter la menace que faisait peser une coalition de Princes Syriens, autour du Prince de Kadesh (ou Qadesh), soutenue par le Mitanni. Selon Georg Steindorff, le Roi craignait une invasion dirigée par les descendants des Rois d’Avaris, les textes de l’époque parlent eux plus d’une action dans le but d’agrandir les frontières du pays. L’armée Égyptienne partit de Memphis le 25e jour, du 4e mois (Pharmouti), de la saison Peret (Soit pour certains le 10 Mars ou pour d’autres le 31 Mars) de l’an 22. Elle passa la forteresse de Tjarou (ou Zaru ou Tharu ou Djaru ou Tjel, connue des Grecs sous le nom de Zele ou Silé) à la limite Nord-est du Delta et atteignit Gaza en à peine 10 jours (Près de 300 km), où elle cantonna afin de se réapprovisionner.
 
   Puis, dès le lendemain, elle reprit sa progression et 11 jours plus tard, après une marche de 117 km., elle arriva à Yehem (ou Yemma au pied du Mont Carmel), nous sommes le 16e jour, du 1er mois (Pakhon) de la saison Shemou. L’histoire ne dit pas si la ville résista ou pas, quoi qu’il en soit elle ouvrit ses portes au souverain Égyptien. Le Roi apprit alors que la coalition ennemie était stationnée dans la ville de Megiddo, à 30 km. au Nord de sa position. À ce moment deux solutions s’offraient à lui, passer au plus court par le dangereux défilé d’Arouna, ou faire un détour par le Sud. Malgré une armée éreintée et contre l’avis de son état-major le Roi choisit l’option la plus dure, mais aussi celle que ses ennemis étaient loin de se douter qu’il prenne.
 
   Trois jours après, Thoutmôsis III arriva à Arouna, la passe n’était pas gardée, ou du moins pas suffisamment, et les Égyptiens s’en rendirent maître rapidement. Dès le lendemain (14/15-04-1457) à l’aube, ils arrivèrent sous les murs de Megiddo où l’ennemi était cantonné. Ils lancèrent une attaque contre la coalition. Ce fut la débâcle parmi les troupes adverses, celles-ci abandonnèrent leur équipement, chars, or, argent, tentes etc.. et s’enfuirent se réfugier dans la cité. Cette première victoire de Thoutmôsis III est due en partie à sa position stratégique sur le terrain. Les Égyptiens, déployés de chaque côté de la rivière Kyna, étaient en surnombre et sur une hauteur. Sur ce terrain les chars de la coalition n’étaient d’aucune utilité, de plus, du fait de la disparité des peuples qui la composait, qui ne parlaient sûrement pas tous la même langue et n’étaient pas habitués à manœuvrer ensemble, il lui fut difficile de réagir rapidement.
 
   Les Égyptiens étaient en très net avantage, cependant leur manque d’expérience dans les assauts de cités fortement murées fit qu’ils ne parvinrent pas à prendre la ville. Thoutmôsis III décida alors d’y mettre le siège en faisant encercler la cité par de larges fossés. La dernière récolte ayant été confisquée par les Égyptiens, après un siège de sept mois la ville finit par se rendre pour ne pas mourir de faim. Sa reddition livra la Palestine à Thoutmôsis III.

 

 Pour plus de détails voir l’article sur : La bataille de Megiddo – 14/15 Avril 1457

 
   Le compte rendu des batailles, rédigé par Tjanouny (ou Tjenen ou Thanuny), le scribe de l’armée, fut consigné dans une longue inscription que le Roi fit graver sur les parois du temple d’Amon-Rê à Karnak : Un texte de 225 lignes, chacune mesurant 25 m. de long, que les historiens appellent “les annales de Thoutmôsis III”. Tous les souverains et Princes de Syrie envoyèrent des présents à Thoutmôsis III en guise d’allégeance, même le Roi d’Assyrie Nur Ili (1464-1454) lui envoya des cadeaux somptueux. Ce dernier en effet était menacé par les Mitanniens et espérait la protection Égyptienne. Thoutmôsis III poursuivit ensuite vers Tyr. Il brisa au cours des trois campagnes suivantes, de l’an 24 à l’an 29, la branche occidentale de la coalition avec la prise de Kadesh.
 
   En l’an 24, il mena sa deuxième campagne au Rétjénou (ou Réténou, Syrie/Palestine), ou il recueillit les contributions des vaincus. Lors de celle-ci, le tribut comporte une Princesse accompagnée de 95 personnes, ainsi qu’entre autres, 10 chars et 103 chevaux. Dans leur état actuel, les textes, déjà peu diserts sur le déroulement de cette expédition, passent complètement sous silence les troisième et quatrième campagnes qui eurent lieu entre l’an 25 et l’an 28. Peut-être étaient-elles mentionnées sur la paroi reliant le mur Nord ou débutaient les annates et le sanctuaire de la barque. II est vraisemblable que le Roi mit cette période à profit pour organiser ses conquêtes en Canaan. Peut-être conquit-il à cette époque Génésareth (ou Génézareth ou Ginosar ou Kinneret), aujourd’hui Tel Kinrot (ou Tell el-Oreimeh), sur la rive Nord-ouest du lac de Tibériade, au bord de la via Maris, l’importante voie reliant la Syrie à l’Égypte.
 
   Dans la ville, mentionnée dans les listes de toponymes de Thoutmosis III à Karnak, on a découvert un fragment de stèle en basalte sur lequel quelques hiéroglyphes affirment qu’un Pharaon tint le Mitanni à l’écart. II n’est pas impossible qu’il faille identifier ce souverain à Thoutmosis III qui attaqua le Mitanni en l’an 33. Thoutmosis III renforça la présence Égyptienne dans les ports du Liban, amis de l’Égypte. Elle fut fermement établie à Byblos, comme l’indique l’érection d’un sanctuaire par le Roi. L’Égypte possédait alors le contrôle des ports de la Méditerranée jusqu’à Arwad (ou Aradus ou Arados ou Arvad ou Arpad ou Antioche en Pieria ou île de Ruad) en Syrie.

 


 

Petit sphinx au nom de
Thoutmôsis III – Musée du Louvre

De la cinquième à la septième campagne

 
   La stratégie du conquérant entra ensuite dans sa deuxième phase. Le souverain se fixa pour objectif le contrôle des ports de la cote du Liban, au Nord de Byblos et ceux de la côte méridionale de la Syrie, situés dans la plaine du Akkar. En l’an 29, Thoutmôsis III lança sa cinquième campagne. Les sources, qui entrent tout de suite dans le vif du sujet, ne précisent pas si l’armée emprunta la route terrestre ou la voie maritime avec un débarquement par exemple à Byblos. Le voyage de quelque 650 km. par mer présentait l’avantage d’être plus rapide, 12 jours environ, au lieu d’une trentaine à pied.
 
   Thoutmôsis III s’empara de la ville portuaire d’Oullaza à l’embouchure du Nahr el-Barid, près de l’antique Orthosia, qui était la propriété du Prince de Tunip (ou Tounip), allié de Kadesh, qu’il soumit au pillage. II captura le chef de la cité et les soldats de la garnison. Puis, il s’empara des navires qui mouillaient dans le port et de leurs cargaisons de matières premières et d’esclaves. L’armée Égyptienne y rencontra pour la première fois le peuple qu’ils nommèrent les Apirou (ou Habiru ou Hapiru apr.w). Après avoir attaqué et pillé la région d’Ardata (actuelle Ardat, au Sud-est de Tripoli), en détruisant les récoltes et les vignobles, les troupes Égyptiennes occupèrent le pays de Djahy, décrit par les textes comme un paradis terrestre, qui est probablement une référence au Sud de la Syrie.
  
   L’année suivante, au cours de la sixième campagne, Thoutmosis III s’attaqua à Kadesh, la ville de son ancien ennemi, sur l’Oronte. Il y a une polémique entre les spécialistes sur cette campagne où il est dit que les Égyptiens arrivèrent en Syrie par la mer, car il n’y a aucune preuve directe que ce fut par ce moyen qu’ils lancèrent l’attaque. Quoi qu’il en fut, comme dit plus haut, ils avancèrent jusqu’à Kadesh, qu’ils prirent et pillèrent. Autour de la cité, le Pharaon fit raser les arbres fruitiers et arracher les récoltes. Puis, il se dirigea vers la côte où il fit subir le même traitement à la ville de Sumur (L’actuel Tell Kazel), à l’embouchure du Nahr el-Kebîr, sur sa rive Nord. II assaillit de nouveau Ardata qui avait profité de son absence pour tourner le dos à l’Égypte et la mit à sac.
 
   La Syrie fut totalement conquise au cours de cette campagne et ce fut au cours de celle-ci, en l’an 30, que le Pharaon, pour éviter des nouvelles révoltes, instaura une politique particulière pour s’assurer la fidélité des Princes des cités conquises. II emmena en otage leurs fils et frères, accompagnés de leurs esclaves, en Égypte où ils furent éduqués à la cour et où on leur inculqua la culture et les mœurs Égyptiennes. Ce fut 36 fils de chefs Syriens qui furent éduqués ainsi, avant d’être renvoyés dans leur pays natal succéder à leur pères. Cette action augmenta radicalement la loyauté des peuples soumis.
 
   La septième campagne, en l’an 31, se déroula dans la même région. Florence Maruéjol nous dit que le Prince de Tunip (ou Tounip) avait repris possession d’Oullaza où il envoya une nouvelle garnison dirigée par un commandant aux ordres de son fils avec l’aide des Mitanniens. Pour punir la cité rebelle et inviter Tunip (ou Tounip) à la réflexion, Thoutmosis III lança son armée à l’assaut en lui cédant le droit de la piller et le butin fut gigantesque. La chute de cette ville détermina la soumission de tous les petits ports Phéniciens dont les souverains assuraient l’approvisionnement des troupes rebelles avec leur production céréalière. Comme le précise Donald Bruce Redford Thoutmôsis III prit alors des mesures radicales afin de prévenir les futures rébellions.


 

Statue de Thoutmôsis III
Kunshistorisches Museum – Vienne

 
   Tout le grain excédentaire qui était produit en Syrie fut entreposé dans les ports récemment conquis et fut utilisé uniquement pour le ravitaillement des militaires et des civils Égyptiens présents sur toute la région. Cette action eut pour effet immédiat de ruiner les villes de Syrie qui de ce fait n’eurent plus aucun moyen de financer une nouvelle révolte. À la fin de cette expédition, le Pharaon atteignit le but qu’il s’était fixe en l’an 29. II avait conquis les villes portuaires Phéniciennes et sécurisé les vallées des fleuves qui reliaient la côte aux cites-États de l’intérieur des terres encore hostiles à l’Égypte, comme Tunip (ou Tounip) et Kadesh. Une fois assurée la protection des cités côtières bordant la plaine du Akkar, la troisième phase des opérations militaires au Proche-Orient pouvait commencer. 
 
  Ces deux campagnes, de l’an 29 à la fin de l’an 31, servirent en effet à préparer la suivante, leur but étant de sécuriser les ports de la Méditerranée. Elles permettaient aussi de montrer aux Princes de Kadesh, d’Alep, du Nuhashshe (ou Nukhashshe ou Nuhasse ou Nuhašša, région au Sud d’Alep), ou encore de Tunip (ou Tounip), que l’Égypte était leur suzeraine et qu’elle pouvait à tous moments entreprendre des représailles terribles en cas de rébellions. Enfin elles garantissaient la perception des tributs des peuples assujettis. Ces faits furent largement commentés dans les autobiographies des scribes de l’armée, Tjanouny (ou Tjenen) et Amenemheb.
 
   Thoutmôsis III mentionna dans un texte qu’il prit le port de Jaffa par la ruse, 200 de ses guerriers armés se cachant dans des grands paniers que le Roi offrit ensuite comme cadeau au Gouverneur de la ville Cananéenne (Une autre version du cheval de Troie !). La région n’était toutefois pas entièrement pacifiée et l’année suivante de nouvelles révoltes éclatèrent. Ces guerres d’Asie, qui lui donnèrent le contrôle total du Rétjénou (ou Réténou, Syrie/Palestine), débouchèrent sur nouvelle une cible évidente le, Mitanni

 

La huitième campagne

 
   En l’an 33, lors de sa huitième campagne, une confrontation directe avec ce royaume devint inévitable. Cette campagne, qui durera environ cinq mois, est documentée par au moins onze sources, cependant aucune ne contient un récit complet. Les documents les plus importants sont les stèles du Gebel Barkal et d’Armant. En se servant de tous les textes existants Donald Bruce Redford à reconstituer l’ordre et la nature des évènements. Pour arriver à prendre l’ascendant sur le Mitanni, Thoutmôsis III se devait nécessairement de franchir la barrière naturelle qui protégeait l’adversaire, l’Euphrate. Le Roi décida alors de faire construire des bateaux fluviaux que l’armée Égyptienne transporta depuis Byblos à travers le désert de Syrie.
 


 

Thoutmôsis III tenant une massue
devant deux obélisques –
Relief de Karnak

   Les Égyptiens atteignirent et occupèrent Qatna à l’Est de l’Oronte, fait mentionné sur le septième Pylône du temple d’Amon à Karnak, puis franchirent le fleuve en prenant, lors d’une bataille navale, les troupes de l’Empereur Mitannien, Parshatatar (v.1450-v.1440) entièrement par surprise. Il semble que les Mitanniens ne s’attendaient pas à une invasion à cet endroit, de sorte qu’ils n’avaient pas d’armée prête à se défendre contre une force comme celle de Thoutmôsis III. Bien que leurs navires sur l’Euphrate essayèrent d’interdire le passage aux Égyptiens, Thoutmôsis III remonta vers le Nord. Il put alors librement essaimer de ville en ville qu’il pilla. Il ravagea la région d’Alep et de Karkemish, tandis que les nobles indigènes se cachaient dans des cavernes (C’est ainsi que les documents Égyptiens ont choisi d’enregistrer ces faits).
 
   Pendant cette période, où aucune opposition ne vint déranger le souverain Égyptien, il fit mettre en place une stèle commémorant sa seconde traversée de l’Euphrate, à côté de celle que son aïeul Thoutmôsis I (1504-1492), avait mise en place plusieurs décennies plus tôt. Puis triomphant, Thoutmôsis III repassa à l’Ouest et retourna sur l’Oronte où il fit halte à la hauteur de Niya (ou Niye ou Niy, cité-État au Nord de la Syrie), alors qu’Alep restait la place forte la plus avancée du Mitanni.
 
   À Niya il reçut l’hommage des puissances étrangères, même Babylone et les Hittites vinrent lui apporter des cadeaux. Il semble que ce soit à cette période que les Égyptiens signèrent un traité à Kurustama pour la déportation de montagnards Gasgas (ou Kaska ou Kaškäer ou Kaschkäer ou Gaschgesch ou Gašgeš ou Keschkesch ou Keske) en territoire Égyptien. Le Roi se permit aussi d’organiser une chasse à l’éléphant dans les marécages au pied de la forteresse, comme devait l’avoir fait avant lui Thoutmôsis I. L’armée Égyptienne continua ensuite sa route vers le Sud.
 
   Thoutmosis III rentra par voie de terre en Égypte après avoir garanti le ravitaillement des ports Phéniciens. Il s’arrêta dans la ville de Qatna. La cité se dressait à l’intersection des deux grandes routes commerciales qui traversaient la Syrie du Nord au Sud et d’Est en Ouest et qui reliaient l’Asie Mineure à l’Égypte et la Mésopotamie à la Méditerranée. Là, le souverain essaya les arcs confectionnés dans les ateliers de la ville. Selon Florence Maruéjol, Jugeant leur qualité insuffisante, il ordonna à leur fabricant de confectionner une nouvelle arme qui surpasse toutes les autres. Lorsque l’artisan lui présenta enfin l’arc en question, Thoutmosis III prouva sa satisfaction en le nommant : “Fils de Bastet, champion de l’Égypte”.
 
   D’après Amenemheb (ou Mahou, Prince, Lieutenant dans l’armée), lors de la huitième campagne, l’armée Égyptienne aurait été scindée au moins en deux parties, l’une qui se dirigea vers Byblos avec le Roi et l’autre qui fit route vers la Palestine. En effet, Amenemheb signale qu’il captura trois Asiatiques au Negeb, c’est-à-dire dans le Sud de la Palestine et qu’il les livra à Thoutmosis III après l’arrivée de ce dernier au Naharina (ou Mitanni). II rejoignit donc le souverain au Nord de la Syrie. Dans la région de Takhsy (Ou Tikhsy, entre l’Oronte et l’Euphrate), le soldat participa à la prise de la ville de Mariu, que l’on n’a pas encore identifiée. Non mentionnées dans les annales, les opérations de Takhsy sont évoquées par Minmès, l’échanson du Roi, qui signala le pillage de trente villes.


 

Thoutmôsis III – Musée de Louxor

 
   La question peut se poser pourquoi Thoutmôsis III organisa si vite cette huitième campagne ?. Il semble qu’il ait voulu profiter du flou dans lequel était le royaume Mitannien lors de l’accession au pouvoir de Parshatatar et qu’il y ait vu là une opportunité. Il savait aussi que les Mitanniens étaient menacés sur leurs arrières par les Hittites du Roi Tudhaliya I (ou Touthalija ou Duhalijas, v.1430-v.1420). Parshatatar était cependant loin d’être vaincu, il contrôlait l’intérieur de la Syrie du Nord jusqu’au Nuhashshe (ou Nukhashshe ou Nuhasse ou Nuhašša, région au Sud d’Alep), ainsi que les régions côtières du Kizzuwatna, jusqu’au royaume d’Alalah (ou Alalakh ou Alakhtum ou Mukish ou Tell Açana), à l’embouchure de l’Oronte et Thoutmôsis III, pour avoir une réelle domination, devait encore l’affronter. (Voir la carte des territoires du Mitanni).
 
   Au cours de cette campagne, Thoutmosis III recueillit les contributions qu’il imposa aux peuples soumis. Bien vite, les cadeaux affluèrent d’autres régions du Proche-Orient. Les exploits guerriers du Pharaon en l’an 33 donnèrent à l’Égypte une reconnaissance internationale. Les souverains des grandes puissances du Proche-Orient, Babylone, l’Assyrie et le Hatti, envoyèrent au Pharaon des cadeaux diplomatiques consistant notamment en matières précieuses tels le lapis-lazuli ou l’argent.

 

De la neuvième à la quatorzième campagne

 
   En l’an 34 de son règne le souverain Égyptien décida de retourner en Syrie. Il lança une neuvième campagne dans le but de repousser les Mitanniens en Naharina. Le Roi étouffa d’abords une révolte en pays de Djahy et s’empara de Nouges. Les annales précisent qu’il pilla trois villes dont une dans la région de Nuhashshe (ou Nukhashshe ou Nuhasse ou Nuhašša ou Nuhašše, petit royaume à l’Est de l’Oronte, au Sud d’Alep). Le butin consista en prisonniers, chevaux, chars, troupeaux de vaches, chèvres, moutons et ânes et en différentes sortes de bois. Pour Donald Bruce Redford, cette campagne est plus à considérer comme une succession de raids sur la région du Nuhashshe. L’expédition se présenta comme une tournée au cours de laquelle Thoutmosis III collecta les versements en nature exigés des chefs du Rétjénou (ou Réténou, Syrie/Palestine).
 
   Les comptes rendus de la dixième campagne indiquent par contre des combats beaucoup plus violents. En l’an 35 de Thoutmôsis III, Parshatatar qui avait toujours le soutien de ses vassaux, souleva une grande armée et engagea les Égyptiens aux environs d’Alep. Thoutmosis III poursuivit sa percée au Nord de la Syrie et parvint à la ville d’Aranu, que l’on n’a pas encore localisé précisément. Elle se trouvait dans la zone d’influence du Mitanni, comme le montre la présence d’une armée Mitannienne qui tenta de barrer la route au Pharaon et d’empêcher ses pillages.
 


 

Statuette de 13,6 cm
de Thoutmôsis III –
Metropolitan Museum of Art

   Comme d’habitude pour un souverain Égyptien, Thoutmôsis III se prévalut d’une victoire totale, mais selon Redford cette affirmation est suspecte en raison, d’après lui, de la très petite quantité de prises lors des pillages. Plus précisément, les annales de Thoutmôsis III à Karnak indiquent qu’il n’y eut qu’un total de dix prisonniers de guerre. Il aurait simplement combattu les Mitanniens dans une passe et ces derniers auraient immobilisé son armée. Cependant, si l’on admet que Parshatatar fut le vainqueur, celui-ci ne reçut pas le tribut des Hittites après cette campagne, ce qui pour Redford semble indiquer que l’issue de la bataille fut en faveur de l’armée de Thoutmôsis III.
 
   Le compte rendu des deux campagnes suivantes est malheureusement perdu. La onzième est présumée avoir eu lieu dans la 36e année de règne et la douzième dans la 37e/38e année. Elles consistaient sûrement plus en une succession d’opérations de police et de razzias dans les régions sous contrôle Égyptien. Dans sa treizième campagne, en l’an 38, Thoutmôsis III retourna en Nuhashshe où il pilla des villes et fit un beau butin, mais semble-t-il, d’après Redford, pour une campagne très mineure. Cette année-là, le Prince d’Alalah (ou Alalakh ou Alakhtum ou Mukish ou Tell Açana), proche de la côte Syrienne, à l’Ouest d’Alep et capitale du petit royaume de Mukish, envoya des présents.
 
   L’année suivante, en l’an 39, il monta la quatorzième campagne qui avait pour but d’aller combattre les Shasou (Shsw) qui occupaient le Sud de la Palestine à cette époque. L’emplacement exact de cette campagne est impossible à déterminer, puisque les Shasou étaient des nomades qui auraient pu vivre n’importe où, du Liban jusqu’au royaume d’Édom. D’après la grande liste du Roi, ils se trouvaient plus précisément dans le Negev. Après avoir résisté pendant sept ans au souverain du Mitanni, Parattarna (ou Parrattarna ou Barattarna, v.1480 à v.1450), le Roi d’Alalah, Idrimi (v.1490-v.1450), finit par se soumettre à ce dernier, à une époque correspondant au règne d’Hatchepsout (1479-1457). Vassal du Mitanni il n’en rechercha pas moins l’amitié de l’Égypte, soit pour contrer l’influence du Mitanni, soit pour éviter d’être pris pour cible par Thoutmôsis III comme d’autres cités Syriennes. Le chef d’Asy, lieu encore non identifié avec certitude, fit également parvenir des cadeaux à ce dernier.

 

Les dernières campagnes

 
   Y a-t-il eu une expédition en l’an 40 ?. Dans une partie lacunaire, les annales dressent la liste, lors de la 40e année de son règne, des contributions et hommages qui lui furent rendus par des puissances étrangères qui lui apportèrent des cadeaux, mais on ignore si c’est à considérer comme suite à une campagne. Le texte mentionne d’abord les présents de l’Assyrie, puis les contributions des Chefs du Rétjénou (ou Réténou, Syrie/Palestine). À la fin du passage, après une longue lacune, l’inscription évoque l’installation du camp du Roi au cours de ses voyages. Pourquoi le scribe mentionnerait-il ce camp si les Chefs du Rétjénou étaient venus porter eux-mêmes leurs dus en Égypte ?. Depuis l’an 33 et jusqu’à l’an 39, on remarque que tous les ans Thoutmosis III fit une tournée en Syrie/Palestine pour prélever ses tribus, protéger ses conquêtes et pousser son avantage à l’intérieur de la Syrie. Aurait-il interrompu ce rituel bien établi ?. II faut restituer un an 41 et une 15e campagne, si une expédition fut organisée en l’an 40.


 

Thoutmôsis III massacrant ses ennemis –
Relief sur le 7e pylône de Karnak

 
   Sa campagne Asiatique finale, en l’an 42, la seizième ou la dix-septième donc, est mieux documentée et stratégiquement plus importante que les six précédentes. Le Mitanni n’ayant toujours pas renoncé à laisser les Égyptiens prendre le contrôle de la Syrie, poussa les Princes des villes Phéniciennes au soulèvement. La campagne, de grande envergure, conduisit l’armée Égyptienne en Phénicie, en Amourrou (au Liban), point de départ des opérations menées au centre de la Syrie. De là, Thoutmôsis III fit prendre à ses troupes la voie le long de la côte pour aller écraser une révolte de deux cités dans la plaine de l’Arkan, à cette occasion le souverain s’empara du port d’Arqata (ou Irqata ou Tell Arqa), près de Tripoli du Liban. D’après les fouilles archéologiques, les fortifications de l’agglomération ainsi que les maisons furent détruites par un incendie imputable à Thoutmosis III.
 
   Puis il prit et ravagea Tunip (ou Tounip) et une autre ville dont le nom ne nous est pas parvenu. D’après les représentations de la tombe (TT 86) à Sheikh Abd el-Gourna, de Menkhéperrêséneb l’Ancien, Grand Prêtre d’Amon, qui montrent le chef de Tunip (ou Tounip) remettant son fils aux Égyptiens, la ville accepta la tutelle du Pharaon après cet événement.
 
   Sans attendre Thoutmosis III tourna ensuite son attention vers trois garnisons Mitanniennes qui se situaient autour de la ville de Kadesh. En cours de route, il mit à sac une autre localité. Puis, il pilla ses trois cités sous la dépendance de son Prince. Dans le butin fait au cours de cette campagne, figurent des soldats d’une garnison Mitanniennes.  Selon Florence Maruéjol, nul doute, au vu de la sévérité de la campagne, que les Chefs du Rétjénou (ou Réténou) apportèrent les contributions, décrites sur les murs de Karnak, avec le plus grand empressement.
 
   II est évident que Thoutmosis III ne chercha pas à coloniser les villes de Syrie qu’il démolissait ainsi. Si tel avait été son désir, il se serait contenté d’abattre les fortifications pour éviter que leurs habitants ne se rebellent en se retranchant derrière leurs murailles. Mais il préservait les cultures et les vergers pour recevoir régulièrement ses contributions. En les démolissant systématiquement, il rendait difficile leur redressement comme en témoigne le site d’Arqata (ou Irqata ou Tell Arqa). S’il frappa un grand coup, ce fut pour les réduire à l’impuissance et les empêcher de fomenter des troubles dans les villes portuaires de la côte Syro-libanaise qui formaient la composante essentielle du système de contrôle des territoires conquis en Syrie/Palestine.
 
   De même, en balayant les garnisons Mitanniennes, le Pharaon imposa au Mitanni un nouveau rapport de forces dans la région. Toutefois, pour beaucoup de spécialistes, cette campagne de l’an 42 fut en demi-teinte et montre les limites de la puissance Égyptienne. Elle fut la dernière sur cette région. Par la suite, selon les textes des monuments de l’officier Minmose (ou Minmès), il semble que des actions militaires furent menées dans la région du Takhsy (Ou Tikhsy, entre l’Oronte et l’Euphrate) pour étendre l’influence Égyptienne à l’Est de Byblos et ne pouvant se développer au Nord l’Égypte tenta d’agrandir son territoire vers l’Est.

 

La fin de son règne


 

La chambre funéraire et
le sarcophage de Thoutmôsis III

 
   Enfin dans sa 50e année de règne, Thoutmôsis III mena une dernière campagne, en Nubie, qui le mena jusqu’à la ville de Napata. Son œuvre fut considérable en Nubie. Il hérita d’une Basse-Nubie reconquise et d’une Haute-Nubie dont la frontière avait été repoussée par grand-père Thoutmôsis I jusqu’à Napata et au Djebel Barkal, en aval de la 4e cataracte du Nil. Moins bien armée, la Nubie n’exigea pas autant d’efforts de la part du Pharaon que le Proche-Orient. D’après les textes, Thoutmosis III ne mena pas plus de deux campagnes au Sud de l’Égypte. Celles-ci furent simplement mentionnées au détour de trois textes qui ne livrent aucun détail à leur sujet.
 
   Une stèle élevée dans le temple d’Ermant affirme que Thoutmosis III chassa et tua un rhinocéros en Nubie après qu’il eut maté des rebelles en Miou. C’est une région dont on ignore la localisation précise et qu’il faut peut-être situer en Haute-Nubie, aux environs de la 4e cataracte, puisqu’on sait qu’il suivit les traces de Thoutmôsis I et atteignit la cinquième cataracte. Il fit graver à Kenissa, une stèle frontalière, à côté de celle de son aïeul qui retrace ses hauts faits. Les hiéroglyphes promettaient aux Nubiens qui ne tiendraient pas compte de la stèle et qui bafouaient la frontière fixée par les Égyptiens, qu’ils auraient la tête coupée. Il fut le premier à répandre la culture Égyptienne si loin dans la région. Le plus ancien document Égyptien trouvé au Gebel Barkal date de cette campagne de Thoutmôsis III.
 
   Les cités de Syro-palestine, bien que conservant une certaine autonomie, furent assujetties à payer l’impôt à une administration Égyptienne renforcée par des garnisons placées aux endroits stratégiques. Les conséquences de cette domination de l’Égypte pendant 50 ans furent un énorme afflux de richesses dans le pays, butin de guerre ou impôts. Les royaumes conquis envoyaient : Du vin, de l’huile, des bovins, des chevaux, de l’argent, du cuivre, des pierres précieuses, des armes, des chars, des serviteurs et des femmes pour le harem. La Phénicie donnait le blé, le cuivre, l’étain et prêtait aussi sa flotte pour les opérations militaires.
 
   D’Afrique arrivait l’or, l’ivoire et l’ébène. L’Assyrie fournissait du lapis-lazuli et le Hatti des pierres précieuses. Le pays de Pount envoyait l’encens et la myrrhe. La majeure partie de ces richesses servait à enrichir le temple d’Amon à Karnak et la construction d’un grand nombre de salles et d’obélisques. Tout au long de son règne Thoutmôsis III plaça l’Égypte au sein d’un vaste Empire, englobant : Du Soudan actuel, au couloir Syro-palestinien.
 
   Le Roi, d’après quelques documents, fut un artiste et donc un homme de culture. Il aimait la botanique, il savait façonner les vases et aimait l’écriture. Ce Roi "savant" avait aussi le goût pour les choses anciennes. La liste de ses ancêtres Rois qu’il fît écrire dans le temple de Karnak et le soin qu’il apporta aux monuments des souverains disparus sont certainement un témoignage d’une profonde dévotion et font l’histoire caractéristique de ce grand Roi. Puissance, prospérité, richesses sans cesse accrues, vont profiter aux souverains suivants. Selon James Edward Harris et Edward Frank Wente, le souverain mourut probablement à un âge entre 63 et 66 ans. En général on considère qu’il s’éteignit en l’an 54 de son règne.
 
  Amenemheb consigna l’événement dans sa sépulture (TT 85) de Sheikh Abd el-Gourna, tout en rendant un vibrant hommage à son souverain :

"Le Roi avait accompli son temps, de nombreuses belles années de courage, de force, de triomphe depuis l’an 1 jusqu’à l’an 54, le dernier jour du 3e mois de Peret, en la Majesté du Roi de Haute et Basse-Egypte, Menkhéperrê (Thoutmosis III), justifié. II s’éloigna donc vers le ciel, s’unissant à l’astre, le corps du Dieu se fondant en celui qui l’a fait".

Son fils et successeur Amenhotep II organisa les funérailles. Dument momifié, Thoutmosis III fut conduit en grande pompe dans la tombe qu’il avait fait creuser dans la vallée de Rois.
 


 
Thoutmôsis III – Musée de Louxor

Ses constructions

 
   Thoutmôsis III ne fut pas seulement un grand combattant, son activité de bâtisseur comme tous les Rois de cette dynastie fut à grande échelle. Il réalisa de vastes programmes de construction. Il aurait érigé plus de cinquante temples, bien que certains d’entre eux soient maintenant perdus et ne sont mentionnés que dans les archives écrites. Il remplaça les sanctuaires construits en brique au Moyen Empire par des temples de pierres. Son œuvre architecturale fut immense et couvrit même la Basse et Haute-Nubie : Bouhen, Kouban, Qasr Ibrim, Ouronarti, Pnoubs, Saï, Semna etc…, jusqu’au Gebel Barkal. À Karnak, grâce à son architecte Inéni, il édifia l’Akhmenou, les VIe et VIIe pylônes, un édifice près du lac sacré et plusieurs obélisques.
 
   On trouve aussi des constructions : À Der el-Bahari ; à Médinet Habou ; à Abydos où il fit bâtir un nouveau temple encore plus grand, de 60 m. × 40 m. Il fit également placer un chemin processionnel le long du temple jusqu’au cimetière, surplombé d’un portail de granit. À Avaris où il construisit un palais sur les ruines de la citadelle qui fut également rebâtie ; à Assiout ; à Dendérah ; à Edfou ; à Éléphantine ; à Ermant ; à Esna; à Hermopolis Magma ; à Héliopolis ; à Kôm Ombo ; à Médamoud et à Tôd. L’échanson royal et chef des travaux, Mînmes et le Grand Prêtre d’Amon Menkhéperrêséneb, superviseront dix-neuf de ces travaux. Il fit aussi construire un port maritime, que Ramsès II termina, au Sud de l’île de Pharos.
 
   Au retour de sa première campagne en Asie, Thoutmôsis III fit mettre en chantier plusieurs monuments à Karnak, dont l’Akhmenou (Qui signifie “Temple de la régénération du souverain“) et le temple de Ptah. Dans ces monuments il fit mettre à l’honneur plusieurs personnalités féminines de son entourage. Il dédia notamment à sa mère une superbe statue en granit noir, rehaussée d’or, conservée aujourd’hui au musée du Caire. Il commanda également la construction de nombreuses tombes pour les nobles, qui furent faites avec une finesse et une qualité jamais atteinte. Son règne fut également une période de grands changements stylistiques dans la sculpture, la peinture et les reliefs associés à la construction.

 

Sa sépulture

 
   Thoutmôsis III mourut le dernier jour du 7e mois de sa 53e année de règne, selon certains égyptologues le 30e jour du 3e mois (Phamenoth) de la saison Peret. Son tombeau, KV34, se trouve dans la vallée des Rois, mais sa momie fut retrouvée en 1881 dans la cachette de la tombe DB320 de Deir el Bahari, elle mesurait 1.68 m. La momie fut endommagée par les pilleurs de tombe. Cassée en plusieurs morceaux, elle fut sauvée de la destruction complète par les Prêtres qui la consolidèrent avec des bandelettes. La mémoire de Thoutmôsis III fut longtemps être rappelée, sous la XXIe dynastie, le Roi Pinedjem I (1070-1054) donna à son fils le nom de couronnement de Thoutmôsis (Menkhéperrê) et à sa fille celui de la Reine Hatchepsout (Maâtkarê).


 

Descenderie dans la tombe KV34

 
   Son tombeau fut découvert le 12 février 1898 par Victor Loret qui commença immédiatement les premières excavations. Il fut suivi par Georges Daressy en 1898-1899. Il fut photographié par Paul Bucher en 1932. Ce tombeau représente une transition dans la conception des tombeaux royaux. Il se compose d’une entrée assez raide qui donne accès à un corridor, puis à l’antichambre avec sa descenderie centrale et un deuxième corridor menant à une autre chambre.
 
   La tombe s’étend sur une longueur totale d’un peu plus de 76 m (76,11 m). La chambre funéraire est rectangulaire avec les coins arrondis, lui donnant l’aspect d’un cartouche et est flanquée de quatre chambres latérales. Elle est décorée de trois registres de l’Amdouat et des scènes Litanies de Rê. Ce tombeau possède sur ses murs la première version complète de l’Amdouat. Le superbe sarcophage de quartzite du Roi occupe toujours la chambre funéraire. On a retrouvé dans le tombeau des momies de la Période Ptolémaïque.

 

Sa famille

 
   Thoutmôsis III a sept ou huit épouses qui lui sont attribuées par différents spécialistes :


 

Méritrê-Hatchepsout représentée
dans le temple de Thoutmosis III
à Médinet Habou

 
Satiâh (ou Sitiah ou Sit-aoh ou Sit-Iah ou Sat-Iah – sAt JaH"Fille de la Lune"), Grande Épouse Royale (Hmt-nswt wrt), qui fut la fille d’Ipou (ou Ipu) qui occupait le poste de nourrice royale et il est possible que son père fut l’important fonctionnaire Ahmès-Pennekhbet, dont la carrière couvrira les règnes des Rois Ahmès I (ou Ahmôsis, 1549-1525/24) à Thoutmôsis III. Satiâh mourut pendant le règne de Thoutmôsis III, vers l’an 23 ou 24 (environ vers 1456). Pour ses titres voir à Satiâh. Selon Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton, elle aurait donné un fils à Thoutmôsis III :
 

Amenemhat (ou Aménémès) qui décéda vers l’an 24 du règne de son père. Néferourê est aussi donnée comme la mère de ce Prince. Toujours selon Dodson et Hilton, le nom d’Amenemhat est mentionné sur une inscription dans le temple de Karnak, datant de la 22e année du règne de son père. Elle nous informe que peu de temps après la mort d’Hatchepsout, il fut nommé Prince héritier et "Surveillant du bétail". Ce dernier titre très inhabituel pour un Prince. Il est également représenté dans la tombe Thébaine de son Précepteur, Min, qui était Maire de Thinis.

 
Méritrê-Hatchepsout (ou parfois Hatchepsout-Meryet-Ra ou Hatshepsut-Meryetre – Mr.t Ra HA.t Sps.(w)t“L’aimée de Rê, la première des nobles Dames”), qui fut la deuxième Grande Épouse Royale (Hmt-nswt wrt) du Roi, après la mort de Satiâh. De noble naissance, elle était la fille de Dame Houy (ou Hui) qui avait de nombreux titres : Supérieure des Recluses d’Amon, Supérieure des Recluses du temple de , Divine Adoratrice d’Amon, Divine Adoratrice dans le Temple d’Atoum. Pour ses titres voir à Méritrê-Hatchepsout. Elle donna six ou sept enfants à Thoutmôsis III :
 
  Deux fils :

Amenhotep II qui, son demi-frère aîné Amenemhat (ou Aménémès) étant décédé, succéda à son père comme Roi de 1428/27 à 1401.
 
Menkhéperrê, qui est représenté, avec ses sœurs, sur une statue de leur grand-mère maternelle, Dame Houy, qui est aujourd’hui au British Museum. Il est probable que certains fragments de vase canope trouvés dans la vallée des Reines lui appartiennent.


  Quatre ou cinq filles :

Iset (ou Isis – Ast – "Le trône"), elle est représentée, avec ses sœurs et Menkhéperrê, sur la statue de leur grand-mère maternelle, Dame Houy, qui est aujourd’hui au British Museum. Selon Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton elle est décrite comme plus petit que ses frères et sœurs, elle est donc susceptible d’avoir été la plus jeune d’entre eux.


 

Scène de l’Amdouat sur les murs de la
tombe de Thoutmôsis III

 
Nebetiounet (ou Nebetiunet – nbt Jwnt "Dame de Dendérah"), un titre de la Déesse Hathor. Elle est également représentée, avec ses sœurs et Menkhéperrê, sur la statue de leur grand-mère maternelle, Dame Houy, qui est aujourd’hui au British Museum. On ne sait pratiquement rien d’elle.
 
Méritamon (ou Mérytamon ou Meritamen – Mrjt Jmn  – "Aimée d’Amon"). Pour Christian Leblanc elle serait la cadette. Elle est représentée, avec ses sœurs et Menkhéperrê, sur la statue de leur grand-mère maternelle, Dame Houy, qui est aujourd’hui au British Museum. Elle serait aussi en compagnie de son Tuteur, le Surintendant du Trésor, Bénermerout, sur sa statue cube trouvée à Karnak et aujourd’hui au musée du Caire. La Princesse y est montrée assise sur ses genoux. Selon Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton, elle est également représentée dans la chapelle d’Hathor, construite par son père, à Deir el-Bahari. Elle fut enterrée dans une tombe, sous la colonnade Nord de la première terrasse du temple funéraire d’Hatchepsout à Deir el-Bahari. Elle hérita du titre d’Épouse du Dieu Amon (hmt-ntr jmn) de sa mère. Ses autres titres furent : Fille du Roi (sAt-nswt) et Sœur du Roi (snt-nswt). Pour certains spécialistes, Thoutmosis III et Méritrê-Hatchepsout eurent une deuxième fille appelée Méritamon, elle serait également représentée sur la statue de Houy. Il y a sûrement confusion avec Baketamon, ci-dessous. On ne sait pas laquelle de ces Princesses est représentée sur les genoux de Bénermerout.
 
Baketamon (ou Beket – "Servante d’Amon"). Son nom est inscrit avec le cartouche de son père, sur un objet votif en faïence, découvert par Henri Edouard Naville à Deir el-Bahari, qui est aujourd’hui au musée de Brooklyn. Elle est également mentionnée sur un bâton de jet, qui est aujourd’hui au Brooklyn Museum, ayant appartenu à un de ses serviteurs, un certain, Amenmosé (ou Amenmès), et probablement sur un scarabée qui est aujourd’hui au British Museum. Selon Dodson et Hilton, il est possible qu’elle soit la Princesse debout derrière sa sœur Méritamon dans la chapelle d’Hathor à Deir el-Bahari. Pour d’autres elle est de mère inconnue et ne serait pas une fille de Méritrê-Hatchepsout.


 

Sénènmout et Néferourê
– Musée du Caire

 

On lui attribue aussi quelques fois la maternité de la Reine Tiâa I, l’épouse d’Amenhotep II.

 
• Nébétou (ou Nebtu ou Nebetta ou Nibtou ou Nebetiunet – nbtw). Elle est représentée dans une scène, sur un pilier de la tombe de Thoutmôsis III (KV34), où le Roi dirige une procession des membres de sa famille avec ses deux Grandes Épouses Royales, Méritrê-Hatchepsout et Satiâh, Nébétou et sa fille Néfertari. Les noms de Satiâh et Néfertari sont suivis par maa kherou, qui indique qu’elles étaient déjà décédées lorsque le tombeau fut construit. À la différence du nom des deux autres épouses, celui de Nébétou n’est pas enfermé dans un cartouche. On ne lui connait qu’un titre : Épouse du Roi (hmt-nswt). Nébétou est aussi citée dans la tombe TT24, à Sheikh Abd el Gourna de Nebamon, qui était Majordome du Domaine de l’Épouse Royale Nébétou.Nous ne savons rien d’autre de cette souveraine qui, selon Christian Leblanc, dut mourir après Satiâh. Elle aurait donné une fille au Roi :
 

Néfertari (ou Nefertiry – Nfrt jrj) qui est nommée par quelques spécialistes, dont Christian Leblanc, Nofretirou. Elle apparait sur le pilier de la salle du sarcophage de Thoutmosis III, derrière les trois épouses du souverain. Sur une statue qui le montre agenouillé, tenant une stèle devant lui (CG 42120), un certain Amenemheb se proclame Intendant du domaine de Menkhéperrê et Directeur du bétail de Néfertari, au nom enserré dans un cartouche. À part cette représentation et une dans la tombe KV34, où la légende inscrite près de sa silhouette suggère qu’elle mourut prématurément, elle n’est citée nulle part. Il est fort possible qu’elle ne fut pas une fille de Nébétou.

 
Néferourê (Nfrw RA“La beauté de Rê” ou “La perfection de Rê”), qui naquit en l’an 10/11 du règne de Thoutmôsis II. Elle fut peut-être l’épouse de son demi-frère Thoutmôsis III. Cette théorie est fondée sur deux inscriptions où le nom de la Grande Épouse Royale, Satiâh (ou Sitiah) fut remplacé par celui de Néferourê. Une des inscriptions est associée au titre Grande Épouse Royale (Hnt-mswt wrt), l’autre avec celui d’Épouse du Dieu Amon (Hmt-ntr-imn). À partir de là, quelques spécialistes, dont Ian Shaw, avancent que Néferourê serait la mère du Prince Amenemhat (ou Aménémès), mais ils sont loin de faire l’unanimité. Il faut préciser qu’il n’existe pas de preuves concrètes pour affirmer, ni qu’elle fut l’épouse de Thoutmôsis III, ni qu’elle fut la mère de son fils.
 
Menhet (M-a-n-ht), Ménoui (ou  Menouay – M-n-nw-wAj) et Merti (ou  Mertet – M-a-rw-ti-t) qui furent, autour de l’an 40, des épouses mineures. Elles furent semble-t-il d’origine étrangère car leurs noms sont à consonance de l’Ouest Sémitique, peut-être Syriennes, mais aucune ne serait Hourrite. On ne sait pas si ces femmes furent liées familièrement et si elles venaient du même royaume. Elles furent enterrées dans une élégante tombe au Sud-ouest de l’Ouâdi Gabbanat el-Gouroud à Thèbes. Leur tombeau fut découvert en août 1916 dans les falaises de la montagne, mais il fut rapidement pillé par des villageois. On ne connait pas d’enfant de ces unions. Chacune eut le titre d’Épouse du Roi (hmt-nswt).
 
• Nebsemi (ou Nebesmi), cette "Reine" n’est mentionnée que sur un fragment d’une statue de femme, assise les mains posées sur les genoux et vêtue d’une robe longue, trouvée dans l’Henemet-ankh, le Château de millions d’années de Thoutmosis III. Sur les côtés du trône, l’inscription l’identifie comme “l’épouse royale Nebsemi“. Elle est qualifiée de “juste de voix auprès d’Osiris“. D’après Arthur Edward Pearse Brome Weigall, qui a découvert l’effigie, c’est la seule statue de grande dimension exhumée dans le monument. Malgré le style qui rappelle la XIX dynastie, il considère que la statue est probablement contemporaine du temple, car c’est l’unique élément qui daterait de cette époque reculée qui serait présent dans le temple. Dans ce cas, la Reine serait une autre épouse de Thoutmosis III. Aucun autre monument ne mentionne cette femme. Ses titres étaient : Épouse du Roi (hmt-nswt), Épouse du Roi sa bien-aimée (htm-nswt-meryt.f).
 
   D’autres enfants sont attribués à Thoutmosis III dont on ne connait pas le nom de la (ou les) mères (s) :

Thoutmôsis, qui est donné par quelques spécialistes dont Christian Leblanc. Il fut d’après l’égyptologue Grand-Prêtre de Ptah à Memphis, comme le confirmerait une statuette aujourd’hui au musée du Louvre. Il ajoute que c’est probablement au même personnage que se réfèrent deux stèles aujourd’hui dans les musées de Leyde et Florence. Aidan Marc Dodson avance lui qu’il s’agit sur ces stèles d’un fils d’Amenhotep III (1390-1353/52) ?.
 
Siamon (ou Saamon, S3 Jmn – "Fils d’Amon"), qui est donné notamment par William Kelly Simpson, Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton. Selon ces égyptologues, il serait nommé sur une statue-cube fragmentaire du Chancelier Sennéfer (ou Senneferi), qu’il eut pour père nourricier, qui est aujourd’hui au musée Égyptien du Caire et qui a été datée du règne de Thoutmosis III. Peut-être le Prince fut-il également figuré sur cette œuvre abimée. Si l’inscription omet de mentionner le nom du Roi, père du garçon, elle précise, en revanche, que Sennéfer exerce la fonction de “Directeur de ce qui est scellé“. Dignitaire bien connu de Thoutmosis III, il a détenu sa charge au moins jusqu’en l’an 32, d’après le papyrus économique (E 3226) du musée du Louvre. Siamon serait donc bien un fils de Thoutmosis III.
 
Aménémipet (ou Imenemipet), qui est donné entre autre par Florence Maruéjol, qui nous dit qu’il est connu par une stèle provenant de Guizèh, aujourd’hui disparue. Ce monument s’apparente à deux stèles, mises au jour également près du Grand Sphinx, qui figurent deux fils d’Amenhotep II. Mais il présente une forme et un style un peu différents. Contrairement au nom de ces deux princes, qui a peut-être été effacé après l’accession au trône de leur frère Thoutmosis IV, celui d’Aménémipet est intact. Faut-il le considérer comme un fils de Thoutmosis III plutôt que d’Amenhotep II ?. La question reste ouverte.
 
Ouebsenou (ou Oubensenou) et Nedjem (ou Nedjmi). Toujours selon Florence Maruéjol, il en va de même pour ces deux Princes. Minmès, Scribe royal et Directeur des travaux dans les temples de tous les Dieux de la Haute et de la Basse-Égypte, les a englobés dans une statue-cube le représentant (CG 638). Leur tête est aujourd’hui détruite. Sur la même statue, Minmès se vante de faire partie de l’entourage du Roi Thoutmosis III depuis son enfance. II a donc sensiblement le même âge que le souverain. À la mort de celui-ci, c’est un homme âgé. Il est possible qu’Ouebsenou (ou Oubensenou) fut un fils de Thoutmosis III ou d’Amenhotep II. Pour Catharine H.Roehrig, le fait que Minmès ait longtemps servi Thoutmosis III et qu’il ait atteint un âge avancé sous son règne ferait pencher la paternité des deux Princes en faveur de ce Pharaon.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur le Roi voir les ouvrages de :
 
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Filmographie

Rois et Reines d’Egypte : Sur les pas des grands pharaons, Réalisation : History channel,  DVD vidéo, Éditeur : Polygram direct et History channel cop, Janvier 2008.

 

….Retour à la XVIIIe dynastie

 

 

 
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