Les Reines d’Égypte
 

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Sommaire
 

La Reine, définition
Son rôle divin
Les Reines au cours de l’histoire
La Grande Épouse Royale
Les concubines
Liste alphabétique des Reines
Bibliographie
Filmographie
 

Représentation de Néfertari sur une des parois de son tombeau

 

Hemout nesout ouret
Hmt-nswt wrt
{Maîtresse [souveraine] de naissance divine}

 

La Reine : définition

 
   Dès les origines le Roi est polygame, ce qui le différentie des Dieux et du peuple. La polygamie offrait au souverain un certains nombres d’avantages et était pour lui un signe extérieur de richesse. Seul une personne fortunée pouvait entretenir épouses et enfants. Cela permettait au Roi de conclure aussi des alliances avec d’autres souverains, par des mariages diplomatiques. Dans la langue Égyptienne on ne trouve pas de signe spécifique qui désigne la fonction de "Reine". On rencontre quelque fois le terme ny-sw-yt, qui est l’équivalent féminin de my-sw.t (Roi de Haute-Égypte), sur des listes, mais il ne sera utilisé couramment qu’à l’époque Ptolémaïque (305-30).
 
   Au Moyen Empire (2022-1650), l’épithète iryt-pat (Princesse ou appartenant à l’élite) sera attribué à toutes les femmes appartenant à la famille royale, mariées ou non. Jusqu’à la fin de l’Ancien Empire (2647-2150) la Souveraine est désignée uniquement par une série de titres et d’épithètes. Ces derniers, qui forment sa titulature, nous renseignent sur ses fonctions sacerdotales et sur son lien de parenté avec le Roi régnant. Sa position au sein de la famille royale était ainsi définie par les termes : "Mère du Roi", "Épouse royale", "Mère des enfants du Roi" ou encore "Sœur ou Fille du Roi". Au cours de l’Ancien Empire, plusieurs "Mère du Roi" furent aussi dénommées "Fille du Dieu".


 

Portrait en marbre de Paros
de Cléopâtre VII –
Antikensammlung – Berlin

 
   Les spécialistes interprètent aujourd’hui ce terme comme l’épithète associant la Reine à la Déesse Hathor. À cette même période le titre de "Fille aînée du Roi" laisse penser qu’il existait peut-être une hiérarchie entre les Princesses. Ces "Filles du Roi" qui ne devenaient pas "Épouses du Roi" ou "Mères du Roi" prenaient le titre de "Prêtresse d’Hathor". À Partir du Moyen Empire, sa puissance augmentant, la titulature de la Reine va changer et va se renforcer de nouveaux épithètes comme : Maîtresse [Souveraine] des Deux Terres ou Maîtresse de toutes les Terres, ceci afin de l’associer plus seulement avec le Roi, mais aussi avec le pays. Le titre de "Grande Épouse Royale" apparaît pour la première fois sous le règne de Sésostris III (1878-1843).
 
   Plus tard, au cours de la XVIIIe dynastie (1549-1295), on constate trois sortes de titre dans la titulature de la Reine qui pouvait être soit : "Épouse Divine" et "Grande Épouse Royale" ou "Grande Épouse Royale" ou juste "Épouse Royale". Malheureusement, lors de la Troisième Période Intermédiaire (1080-656), la Reine va voir la plupart de ses fonctions sacerdotales, puis politiques, prises par les Divines Adoratrices d’Amon. Rôle assuré par les Sœurs, ou les filles du souverain, qui faisaient vœux de célibat et consacraient leur vie au culte du Dieu Amon. Cette importance des Divines Adoratrices d’Amon fera repasser les Reines dans l’ombre de leurs époux.
 
   À tel point qu’à l’époque tardive les Reines furent même presque totalement absentes des représentations de la royauté. Leurs fonctions étaient confiées aux Divines Adoratrices dont la figuration reprenait celle de la statuaire royale féminine que l’on trouvait au Nouvel Empire (1549 ou 1540-1080). Les Reines ne reprendront vraiment de l’importance qu’à l’époque Ptolémaïque.

 


 

Isis à l’époque
ptolémaïque

Son rôle divin

 
   Durant toute l’histoire Égyptienne les Reines vont être très liées au monde divin. Leur titulature va servir, entre autres, à assimiler leur rôle d’épouse et de mère du Roi, aux fonctions de certaines divinités féminines. Ces dernières vont être assez nombreuses, citons les principales : Hathor, Isis, Bastet, Mout, Tefnout, Nekhbet, Ouadjet etc… La Déesse Isis, épouse et sœur d’Osiris, est celle qui incarne le mieux le rôle de la Reine d’Égypte. Le mythe, qui est associé à ce couple, nous révèle une règle fondamentale de la royauté Égyptienne, avec l’importance majeure du rôle de l’épouse royale, garante du trône de son mari, mais aussi de son successeur légitime.
 
   Dans les titres de la souveraine on trouvait très fréquemment des liens avec la Déesse Hathor. Ceux-ci démontraient un élément fondamental de sa mission et ses titres sacerdotaux vont conserver l’intégrité de ce lien durant tout le Moyen Empire (2022-1650). À partir du Nouvel Empire (1549 ou 1540-1080) l’association de la Reine et de la Déesse se consolida dans son rôle d’épouse du Roi, la Déesse allant jusqu’à se confondre avec elle. L’assimilation entre Déesse et Reine se traduisit par une série d’emblèmes, surtout à partir de la XVIIIe dynastie (1549-1295). On trouvait notamment : La couronne à deux plumes (ou Chouty), le cobra Hathorique, l’uræus double etc…

 

Les Reines au cours de l’histoire

 


 

Stèle au nom de Merneith
– Musée du Louvre

   Selon Manéthon, la loi Égyptienne avait prévu dès la IIe dynastie (2828-2647) qu’une Reine puisse monter sur le trône, ce qui est en contradiction avec la tradition textuelle et le mythe d’Osiris. Dans la réalité très peu de femmes vont réussir à accéder au pouvoir suprême. La première à exercer cette fonction fut la Reine Merneith (v.2914-v.2900, mr-nit [forme masculine du nom]), dont l’identification nous est fournie par des documents datant de la Ière dynastie (v.3040-2828). Elle fut l’épouse du Roi Horus Djet (2927-2914) et la Mère du Roi Horus Den (2914-2867). Son tombeau à Abydos est l’un des plus grands et des plus raffinés construits dans la nécropole royale à cette époque. Elle possédait aussi une tombe à Saqqarah (S3503).
 
   Cependant, outre le fait qu’elle régna sûrement en tant que “Roi” (Sujet encore débattu) Merneith ne fut pas l’unique femme de la période archaïque à avoir son monument funéraire royal. On a retrouvé plusieurs tombes appartenant à des Reines. Celle de Neith-Hotep (ou Neithhotep), épouse du Roi Narmer (v.3040-v.2995) qui possédait une tombe en "façade de palais" à Nagada (ou Ombos). On attribue à la Reine Herneith, l’épouse d’Horus Djer (2974-2927), la tombe royale S3507 à Saqqarah et le mastaba S3477 à Shepsestipet (ou Chepsestipet – IIe dynastie) dans lequel fut mise au jour une stèle portant son nom et où se trouvait le corps d’une femme d’une soixantaine d’années.
 
   La fin de la période archaïque est marquée par une autre Reine Nimaâthâpy I (ou Nimaâtapis), épouse du Roi Khâsekhemoui (2674-2647), qui est citée dans beaucoup de documents de l’époque et qui fera l’objet d’un culte posthume au début de la IVe dynastie (2575-2465), sans doute du fait qu’elle donna naissance au futur Roi Djoser (2628-2609), premier souverain de la IIIe dynastie (2647-2575). À coté de la pyramide de Khoufou (ou Khéops, 2551-2528), dans la pyramide (G1a) de sa mère, la Reine Hetephérès I, fut mis au jour en février 1925 par l’équipe Américaine dirigée par George Andrew Reisner, un trésor inviolé dont le mobilier funéraire est actuellement dans au Musée Égyptien du Caire.
 


 

Sobeknéferourê –
Musée de Louxor

   À la fin de la IVe dynastie une autre Reine, Khentkaous I va marquer l’histoire. Elle est la fille de Menkaourê (ou Mykérinos, 2492-2472). Elle occupe une place importante entre les deux dynasties, mais il y a une polémique entre les égyptologues sur son histoire. Soit elle fut l’épouse de Shepseskaf (2472-2467), soit celle d’Ouserkaf (2465-2458, Ve dynastie), qui est aussi donné comme son fils. Autre question amenée par sa titulature, a t’elle ou non régné ? comme le laisserait supposer aussi la modification de son image sur la porte de granit de sa pyramide qui constitue un argument en faveur de cette hypothèse.
 
   Elle y est représentée avec l’uræus et la barbe postiche. L’Ancien Empire est encore marqué par deux femmes. La première est Ânkhesenpépi II (ou Ânkhesenmeryrê II ou Mériré-Ankhémes II), l’épouse de Pépi I (2289-2255), qui fut Régente de son fils Pépi II (2246-2152). La deuxième est la dernière souveraine de la VIe dynastie (2321-2150) et la première "Pharaon" de l’histoire Égyptienne, la Reine Nitocris (2151-2150).


 

Vue du tombeau de Khentkaous I à Guizèh

 
   Après la Première Période Intermédiaire (2140-2022) des sculptures raffinées et de riches tombes témoignent de l’existence et de l’importance de certaines épouses royales durant le Moyen Empire (1549 ou 1540-1080). Les tombes les plus spectaculaires en matière de mobilier funéraire appartiennent aux Reines de la XIIe dynastie (1991-1783).
 
   Les épouse royales à cette époque sont ensevelies dans des petites pyramides à proximité de celle de leur époux et vont contenir de véritable trésor : Colliers, bracelets, boucles d’oreilles anneaux, couronne en or etc…. C’est à la fin de cette XIIe dynastie que l’on compte la deuxième Reine "Pharaon" de l’histoire, la Reine Sobeknéferourê (1787-1783).
 
   Après la Deuxième Période Intermédiaire (v.1650-1550/49), la documentation de la XVIIIe dynastie (1549-1295) met en évidence le rôle primordial joué par les Reines, que ce soit dans la guerre de reconquête du pays, ou dans la réorganisation du gouvernement. À partir de cette époque leur titulature va comprendre systématiquement les épithètes de Maîtresse [Souveraine] des Deux Terres (Hnwt tAwy) ou Maîtresse [Souveraine] de Haute et de Basse-Égypte (Hnwt Smaw mHw). Les souverains de cette dynastie vont faire preuve d’un grand respect à l’égard de leurs épouses et leur élever des monuments. On trouve notamment la stèle de la Reine Iâh-Hotep I (ou Ahhotep I), mère d’Ahmès I (ou Ahmôsis, 1549-1525/24), qui va exercer une régence jusqu’à la vingtième année de son fils et sera pour beaucoup dans la libération du pays contre les Hyksôs.


 

Ahmès-Néfertari I –
Musée du Louvre

 
   Le règne de ce Roi est aussi marqué par une autre personnalité féminine, son épouse et sœur r r r Ahmès-Néfertari I devenue "Grande Épouse Royale", puis "Mère du Roi". Certains spécialistes pensent qu’elle exerça une sorte de "corégence" avec Ahmès I, tant son implication et association au pouvoir avec son époux fut importante. Peu de temps après une autre femme marqua l’histoire Égyptienne, la Reine Hatchepsout (1479-1457) qui fut la troisième Reine-Pharaon du Pays. Elle est à l’évidence celle qui a suscité le plus grand intérêt parmi les égyptologues de tous temps.
 
   Puis viendra la Reine Tiyi "Grande Épouse Royale" d’Amenhotep III (ou Aménophis, 1390-1353/2). Ce dernier l’associa étroitement au pouvoir et à la fin de sa vie, alors qu’il était très malade, la Reine l’aida énormément dans la gestion de l’État. Elle entretiendra également une correspondance diplomatique avec les puissances étrangères. Juste après elle, arrive une des femmes les plus connues de l’histoire Égyptienne, la Reine Néfertiti.
 
   Cette Reine sera pour part égale avec son époux Amenhotep IV (Aménophis ou Akhénaton, 1353/52-1338) dans la révolution religieuse et politique lors du règne de celui-ci. Après la confusion de la fin de la XVIIIe dynastie (1549-1295), il faudra attendre le règne de Ramsès II (1279-1213) pour voir apparaître une nouvelle grande Reine, Néfertari Mérienmout, sa "Grande Épouse Royale", qui à l’instar de Tiyi I et Néfertiti ne sera pas Divine Épouse d’Amon. Lors du Nouvel Empire (1549 ou 1540-1080) il était très courant que des Princesses étrangères soient envoyées aux Pharaons afin qu’elles deviennent leurs épouses, jamais en sens inverse. Il ne nous ait connu qu’un cas de Princesse Égyptienne mariée à un souverain étranger.
 
   Nous avons très peu de documents en notre possession qui nous permettent de reconstituer la vie et le statut, qui n’était surement pas très élevé, de ses Reines étrangères. En témoigne la lettre du Roi de Babylone, Kadashman-Enlil I (1388-1375) qui écrit à Amenhotep III (ou Aménophis, 1390-1353/52) pour savoir ce que devient sa tante (ou sœur ?) dont il est sans nouvelle. Il est vraisemblable qu’un grand nombre de ces Princesses, avec leurs serviteurs, avait des tâches particulières au Palais. Une seule exception est connue, c’est une épouse Hittite de Ramsès II, qui une fois épousée prit le titre Égyptien de Maâthor-Néferourê et obtint même le rang de "Grande Épouse Royale".
 
   Pendant la période, dite Troisième période Intermédiaire (1080-656), les pouvoirs et responsabilités des Reines vont pratiquement disparaître au profit des Divines Adoratrices d’Amon. Sœurs ou filles du Roi, elles vont jouer un rôle similaire à celui des épouses royales. Elles vont même jusqu’à partager leurs titres : Maîtresse [Souveraine] des Deux Terres, Maîtresse des couronnes. Toutefois les Divines Adoratrices, vierges consacrées au culte d’Amon, ne représentaient plus la famille royale, il s’agissait de Prêtresses et non de Reines. Ce n’est qu’à la fin de l’Époque tardive (656-332), après la conquête d’Alexandre le Grand (336-323) et du partage de son Empire, qu’avec la dynastie des Ptolémée (305-30), la Reine va reprendre de l’importance. Les Lagides vont remettre au goût du jour l’ancienne notion de royauté sacrée Égyptienne. À cette époque, puis à la période Gréco-romaine, la divinité féminine appelée à représenter la Reine sera Isis.


 

Arsinoé II – Metropolitan
Museum

 
   Le règne des Ptolémée va être marqué par une volonté de s’intégrer aux traditions Égyptiennes. Parallèlement la figure féminine royale se transforme, s’identifiant de plus en plus à Isis. La première grande Reine Ptolémaïque fut Arsinoé II Philadelphe (280-272), sœur et épouse de Ptolémée II Philadelphe (282-246), qui se fit représenter comme un Pharaon de sexe féminin d’après le canon Égyptien. Elle bénéficia d’une titulature qui fut ensuite reprise par les autres Reines : Maîtresses [Souveraine] des Deux Terres, Celle qui réjouit le Roi et que les Dieux aiment, Fille d’Amon, Maîtresse des Diadèmes, Qui aime son frère, Celle qui fait se réjouir le cœur de Maât et que les Dieux aiment.
 
   Ptolémée III Évergète I (246-222) et Bérénice II de Cyrène franchirent un nouveau pas dans le rôle des Reines, qui apparaissent désormais derrière le Roi dans la célébration du culte divin. Bérénice II exerça une corégence avec son époux entre 246 et 222, où elle prendra le titre et un Nom d’Horus (Horus Satheqa Iretenheqa, "La fille du Roi", "Créée par le Roi" Hr sAt-HqA irt-n-HqA). Un peu plus tard, Ptolémée V Épiphane (204-180) et Cléopâtre I Syra furent désignés comme "les Pharaons Ptolémée et Cléopâtre". En septembre 180, à la mort de Ptolémée V, Cléopâtre I dut assurer le rôle de Régente jusqu’à la majorité de son enfant mineur Ptolémée VI, mais elle mourut en 178/177.
 
   Cléopâtre II Philométor Soteira Évergète, qui règne en corégence lors de ses deux règnes (176-170 et 163-145) avec son frère et époux Ptolémée VI Philométor, sera qualifiée de "Soleil féminin". La dernière des grandes Reines Ptolémaïque et aussi la dernière Reine et Pharaon de l’histoire Égyptienne fut Cléopâtre VII Théa Philopator qui régna sur le pays de 51 à 30. Elle aussi dans sa titulature prit le Nom d’Horus,  Horus Ouret Nebetnéferou Akhetseh : La Grande Dame [Maîtresse] de perfection, Excellente en conseil (hrwr(t) nb(t)-nfrw Ax(t)-sH).

 

La  Grande  Épouse  Royale

 
   Le titre de "Grande Épouse Royale" était donné à la Reine, première épouse du Roi, ou du Pharaon. Il apparaît pour la première fois sous le règne de Sésostris III (1878-1843). D’après les spécialistes c’est à la Reine Méretseger (ou Mereretséger ou Mertseger ou Meretseger ou Mertseger ou Mert-Seger) qu’il fut la première fois attribué. Ce titre permettait de la différencier des autres épouses, dites "Épouses secondaires". Il semble que dans la majorité des cas, jusqu’à la fin du Nouvel Empire (1549 ou 1540-1080), le titre était réservé uniquement à des femmes de filiation Égyptienne. Bien que Ramsès II l’attribua à son épouse Maâthor-Néferourê, fille de l’Empereur Hittite, Hattousili III (1264-1234) et de la Reine Poudoukhépa (ou Poudouhepot ou Puduheba ou Puduhepa).
 


 

Hetephérès II et sa fille
Méresânkh III –
Musée de Boston

   Au cours de la XVIIIe dynastie (1549-1295) le titre évolue et l’on constate des changements dans la titulature de la Reine qui pouvaient être soit : "Épouse Divine" et "Grande Épouse Royale", ou "Grande Épouse Royale" , ou juste "Épouse Royale". La Grande Épouse Royale ne disposait pas, à la différence du Roi, ou du Pharaon, d’insignes particuliers. Lors de l’Ancien Empire (2647-2150), les "Mères royales" furent représentées portant sur la tête une dépouille de vautour. Puis au Nouvel Empire, elles sont assimilées à Sothis et dans l’iconographie elles vont alors porter une coiffure sous la forme d’une couronne formée d’un disque solaire et de deux faucons encadrés par des cornes (De gazelles ?).
 
   Seule la Grande Épouse Royale avait le privilège de concevoir le futur héritier au trône lors d’un "mariage sacré", appelé théogamie, avec le Dieu Amon, qui pour l’occasion prenait l’apparence de son époux. Elle devenait alors, "Mère de Dieu", l’Incarnation de Mout. À ce titre elle secondait le Roi dans les manifestations religieuses et dans la pratique du culte. À partir de la XVIIIe dynastie la Grande Épouse Royale prendra aussi le titre et la fonction "d’Épouse du Dieu Amon" et elle possèdera un domaine, avec tout le personnel nécessaire, qui lui permettra de diriger un collège de Prêtresses, géré par un intendant aidé de plusieurs scribes. La Reine Ahmès–Néfertari I, Grande Épouse Royale d’Ahmès I (ou Ahmosis, 1549-1525/24), sera la première à exercer officiellement cette fonction sacerdotale.
 
   Elle fera édifier une stèle célébrant l’instauration de cette fonction. Fonction qui évoluera lors de la Troisième Période Intermédiaire (1080-656) où le ministère "d’Épouse du Dieu Amon" sera attribué en priorité à une des filles du Pharaon. (Voir les Divines Adoratrices d’Amon) Cette "Première Reine" avait une mission très importante dans la politique et dans certains cas dans la gestion du royaume, elle avait un rôle de conseillère auprès du Pharaon. C’est la grande Épouse Royale qui gérait les affaires de l’État lorsque le souverain était en campagne. Elle était chargée de l’éducation de son fils dans ses futures fonctions.
 
   Lorsque l’héritier du trône était trop jeune pour régner c’est elle qui assurait la régence. Un Prince né d’une épouse secondaire, pouvait accéder au trône, mais il devait se faire légitimer, en épousant par exemple l’une de ses demi-sœurs, fille de la Grande Épouse Royale. Parmi les Grandes Épouses Royales qui marquèrent l’histoire de l’Égypte, autre que celles qui devinrent Roi ou Pharaon comme : Nitocris, Sobeknéferourê, Hatchepsout I Maâtkarê, Ânkh-Khéperourê ou encore Taousert, on compte : Hetephérès II, Khentkaous I, Iâh-Hotep I, Ahmès–Néfertari I, Tiyi I, Néfertiti, Moutemouia, Néfertari, et quelques Bérénice, Cléopâtre et Arsinoé.

 

Les  concubines


 

Néfertiti –
Metropolitan Muséum

 
   D’un rang nettement inférieur aux Grandes Épouses Royales, les concubines n’en furent pas moins importantes dans la vie de la cour. Elle étaient logées généralement dans le palais et constituaient le harem du Roi. Certaines prirent une telle importance, notamment dans les cas de crise de successions où les héritiers mâles des Reines principales faisaient défaut, qu’elles se virent attribuer le titre de Mère du Roi (mwT-nswt) et leur "rejeton" promu au rang de Prince héritiers. Les harems étaient des institutions économiquement indépendantes qui hébergeaient également toutes les parentes du souverains.
 
   Comme le précise Joyce Anne Tyldesley : Les sœurs, les tantes, bien sur les épouses et, comme le voulait la tradition, toutes autres femmes héritées par le Roi à la mort de son père, ainsi que les enfants de toutes ces personnes, leurs serviteurs et personnel qui composait leur suite. Bien que toutes les concubines furent Reines, elles ne jouirent pas du même statut. Certaines furent les propres filles, ou sœurs du souverains, d’autres furent des Princesses de haut rang envoyées en Égypte pour conclure des mariages diplomatiques. Enfin la dernière catégorie étaient des femmes d’origine plus modeste, que les auteurs modernes qualifièrent souvent de "maitresses". Ces dernières n’avaient bien sur pas grande chance d’accéder aux affaires de l’État. Toutes ces femmes dans le harem menèrent une vie très différente de celle de l’Épouse Royale, ce qui provoqua très souvent de graves tentions.
 
   Les concubines étaient dispensées d’obligations officielles et n’avaient pas non plus de bien à gérer ce qui faisait qu’elles n’avaient que peu d’influence sur la vie politique et religieuse du pays. Elles n’apparurent que rarement dans les écrits et dans les représentations (peintures ou statues). Toutefois, au cours de l’histoire, notamment lors des périodes de troubles, certaines sortirent de l’ombre et firent jeu égal avec les Épouses Royales en agissant sur les évènements.
 

Voir  la  liste  Alphabétique  des  Reines  et  Princesses  

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la Reine d’Égypte voir les ouvrages de :
 
Dorothée Arnold, Lynn Green et James Peter Allen :
The royal women of Amarna. Images of beauty in ancient Egypt, Harry N. Abrams, New York Metropolitan Museum of Art, 1996.
Janet R.Buttles :
The queens of Egypt, A. Constable, London, 1908.
Anne K.Capel et Glenn Markoe :
Mistress of the House, Mistress of Heaven : Women in ancient Egypt, Cincinnati Art Museum, Brooklyn Museum, Hudson Hills Press in association with Cincinnati Art Museum, Central and South America by National Book Network, Canada, Mexico, New York, 1996.
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et Février 2010.
Aidan Marc Dodson :
The Takhats and some other royal ladies of the Ramesside period, pp : 224-29, JEA 73, London, 1987.

Dennis C.Forbes :
Imperial lives : Illustrated biographies of significant new kingdom Egyptians. v. 1. The late 17th dynasty through Thutmose IV, KMT Communications, Sebastopol, Janvier 2005.
Michel Gitton :
Les divines épouses de la XVIIIe dynastie, Centre de recherches d’histoire ancienne, Annales littéraires de l’université de Besançon, Les Belles-Lettres, Paris, 1984 et 1989.
Jean-Claude Goyon et Mohamed A.El-Bialy :
Les Reines et Princesses de la XVIIIe dynastie a Thèbes-Ouest, Atelier national de reproduction des thèses, Lille, 2005.
Wolfram Grajetzki :
Die Töchter Echnatons, pp : 17–18, Kemet 1, 2002.
Ancient Egyptian Queens : A hieroglyphic dictionary, Golden House Publications, London, 2005.
Audran Labrousse et Marc Albouy :
Les pyramides des Reines : Une nouvelle nécropole à Saqqarah, Hazan, Paris, 1999.
Christian Leblanc :
Reines du Nil au Nouvel Empire, Bibliothèque des introuvables, Juillet 2010.
Sarah M.Nelson :
Ancient queens – Archaeological explorations, Rowman Altamira, Lanham, Maryland, 2003.
Rosanna Pirelli, préface de Suzanne Moubarak : (Sources)
Les Reines de l’Égypte ancienne, Édition Wite Star S.p.A, Vercelli, Italie, 2008.
Gay Robins :
Women in ancient Egypt, Harvard University Press, Cambridge, Mass., 1993.
Silke Roth :
Die Königsmütter des Alten Ägypten von der Frühzeit bis zum Ende der 12. Dynastie, Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 2001.
Wilfried Seipel :
Les études sur les reines égyptiennes de la période de début et de l’Ancien Empire (Untersuchungen zu den ägyptischen Königinnen der Frühzeit und des Alten Reiches), Éditeur inconnu, 1980.
Barbara Switalski Lesko :
The remarkable women of Ancient Egypt, B.C. Scribe Publications, Berkley, 1978.
Lana Kay Troy :
Patterns of queenship in ancient egyptian, myth and history, Acta universitatis Upsaliensis.boreas 14, Uppsala studies in ancient mediterranean and near eastern civilisations, R. Holthloer, T. Linders, Uppsala, 1986.
Joyce Anne Tyldesley, Aude Gros de Beler et Pierre Girard :
Chronicle of the queens of Egypt : From early dynastic times to the death of Cleopatra, Thames & Hudson Ltd, Octobre 2006 et Janvier 2007 – En Français, Chronique des Reines d’Egypte : Des origines à la mort de Cléopâtre, Éditions : Actes Sud, Collection : Essais Sciences, Juillet 2008 – En Allemand, Die königinnen des alten Ägypten : Von den frühen dynastien bis zum tod Kleopatras, Koehler + Amelang Gmbh, Février 2008.
Christiane Ziegler, Hartwig Altenmüller et Marine Yoyotte :
Reines d’Égypte : D’Hetephérès à Cléopâtre, et en Anglais, Queens of Egypt : From Hetepheres to Cleopatra, Somogy, Paris, Juillet 2008 et Grimaldi forum, Monaco, Octobre 2008.
 
Pour voir les titres de la plupart des Reines d’Égypte :  joanlansberry.com/setfind/queens  (www.joanlansberry)

 

 
Filmographie

 
Egypt’s great Queen, Réalisation : David Ackroyd, Greg Goldman, Greystone Communications, History Channel (Television network) et Arts and Entertainment Network,  DVD vidéo, Éditeur : A & E Television Networks, New York, Distributed by New Video, 2002.
Reines d’Egypte : Sur les pas des grands Pharaons,  DVD vidéo, Éditeur : Polygram direct et History channel, cop. 2008.

 

 

 
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