Présentation
La deuxième bataille de Coronée (ou Coronea ou Koutoumoulas ou Naumachia tēs Koroneia, en
Grec :
Ναυμαχία της Κορώνειας)
fut une bataille au cour de la Guerre de Corinthe (395-386),
qui se déroula en 394 av.J.C. (Pour certains spécialistes, fin Août). Elle eut lieu près de la ville de Coronée (ou Koroneia ou Coronea),
cité de Béotie, située au pied du mont Hélicon (ou Helikồn, en
Grec :
‘Eλικών, “la montagne tortueuse“). Elle fut la confrontation entre
Sparte et la coalition de
Thèbes,
Argos et leurs alliés.
Elle se déroula peu après la bataille de Cnide et se termina par la victoire des
Spartiates dirigés par leur Roi
Agésilas II (ou Agesilaos, en
Grec : ‘Aγησίλαος
Β’, 398-360).
Contexte et prélude
Du fait de son approche impérialiste, après avoir vaincu
Athènes en 404, les
Spartiates s’aliénèrent beaucoup d’anciens alliés,
qui se virent privés des fruits de la victoire. En particulier, Corinthe
et Thèbes qui sont les cités qui s’éloignèrent le plus de
Sparte. La
Guerre de Corinthe commença en 395 av.J.C lorsque
Thèbes,
Argos, Corinthe et
Athènes, avec en plus le soutien financier des
Perses, s’unirent
et s’opposèrent à l’intervention Spartiate en Locride et en Phocide.
Le Roi de Perses,
Artaxerxès II Mnémon (404-359) désireux de se débarrasser de son ex alliée
Sparte, soutint cette coalition avec de l’or et une nouvelle flotte.
Au début de la guerre, un des Rois de Sparte
Agésilas II (ou Agesilaos, en
Grec : ‘Aγησίλαος
Β’, 398-360) était en Ionie, en campagne contre les
Perses. Lorsque les hostilités commencèrent,
il fut rappelé avec ses forces et débuta un retour terrestre à travers la Thrace
et la Grèce centrale vers le Péloponnèse.
L’adversaire le plus puissant de la
coalition était la ville de
Thèbes, c’est la raison pour laquelle les Spartiates cherchèrent
à prendre l’initiative et se saisir de la Béotie. Cependant, ils subirent une défaite à la bataille d’Haliarte.
De ce fait, en 394, les deux côtés recherchaient toujours une idée pour faire la différence.
Les États membres de la coalition voulaient avec une grande armée envahir le Péloponnèse, le cœur de
Sparte et avancer en Laconie.
Les Spartiates, voulaient eux arrêter cette avance vers
Corinthe et avec les troupes du Roi
Agésilas II ouvrir en
Grèce centrale un deuxième front contre
Thèbes, tandis que leur flotte devait empêcher la prise de
Rhodes et de de
Chypre par la flotte
Perse qui sillonnait la mer Egée.
La première partie de leur plan fut réalisé avec leur victoire sur la coalition d’Argos,
Athènes,
Corinthe et Thèbes à
la bataille de Némée.
Lorsqu’Agésilas II arriva en Béotie par la
Macédoine et la
Thessalie, une éclipse eut lieu, de sorte qu’il est
aujourd’hui donné comme date le 14 Août 394. Cependant, dans le même temps, il apprit de la défaite complète de sa flotte, sous le
commandement de l’Amiral (ou Navarque) Pisandre (ou Pisandros, en
Grec :
Πείσανδρος, † 394), à la bataille de Cnide. Il cacha ce message à ses troupes, et surtout à ses contingents
Ioniens, afin de ne pas les perturber.
Les troupes de l’alliance avaient accouru à la nouvelle de l’approche
d’Agésilas II pour aider les
Thébains basée à Coronée au pied du mont Hélicon (ou Helikồn,
en Grec :
‘Eλικών, “la montagne tortueuse“) qui protégeaient la route menant à leur ville.
|
Les Spartiates
et leurs alliés étaient environ 15.000 hommes. Les hoplites
Lacédémoniens représentaient environ la moitié des forces et ils étaient, augmentés par une troupe de Néodamodes (ou Neodamốdeis, en
Grec : νεοδαμώδεις,
Hilotes affranchis à la suite de leur service comme
hoplites dans l’armée Lacédémonienne). Il y avaient aussi des contingents
de mercenaires d’Ionie,
d’Éolide, de villes de l’Hellespont, et des combattants
d’Orchomène de Béotie et de Phocide
qui comme les Spartiates étaient des soldats professionnels.
En face d’eux, dans la plaine, au pied du mont Hélicon, l’armée en opposition était composée d’environ 20.000 hommes.
Des hoplites
Thébains,
Athéniens,
Argiens et
Corinthiens,
des Locriens et des habitants de l’île d’Eubée.
Les deux parties avaient des cavaleries à peu près aussi fortes, mais les
Spartiates possédaient plus de peltastes.
Avant la bataille, quelques-uns des soldats d’Agésilas II
avaient été perturbés par l’éclipse, gage à cette époque de mauvais présage. Mais le Roi avait remotivé
ses troupes en leur rappelant leur victoire peu avant
à la bataille de Némée. De plus il leur mentit en disant que
Pisandre (ou Pisandros) avait été tué, mais dans une victoire sur la flotte
Perse, alors qu’en fait la défaite fut écrasante.
Ces assurances, cependant, soutinrent le moral de son armée avant d’entrer dans la bataille.
Au sein de la coalition, la défaite à Némée pesait lourdement sur les
Argiens et les
Corinthiens.
Les Athéniens
eux était familiers des hauts et des bas dans des précédentes guerres longues et désastreuses contre
Sparte, et il avaient en plus
la hantise que les Perses changent de camp,
ce qui ne les encourageaient pas. Seuls les Béotiens semblaient confiants d’une victoire ultime.
|
Le déroulement
La formation de combat des deux parties ressemblait à celle habituellement utilisée. Les contingents les plus forts
occupaient les ailes droites. Les Spartiates pour les Péloponnésiens,
les Thébains pour la coalition.
Le Roi de Sparte
Agésilas II (ou Agesilaos, en
Grec : ‘Aγησίλαος
Β’, 398-360) commandait lui-même ses hoplites sur le flanc droit de son armée.
À côté des Spartiates, se trouvaient les
Grecs Asiatiques, puis venaient les
Phocidiens et les combattants d’Orchomène de Béotie
sur le flanc gauche. Les deux armées progressaient dans un silence total, mais tout à coup, à environ 200 mètres l’une de l’autre, les
Thébains sur leur aile crièrent leur cri de guerre
et foncèrent sur les combattants d’Orchomène.
À environ 100 mètres, les vétérans Spartiates,
commandés par Herippidas, et les Grecs Asiatiques chargèrent les troupes
opposées à eux dans la course qu’ils mirent rapidement en déroute. Les Argiens, face à
l’arrivée d’Agésilas II et ses hommes, n’attendirent même pas le
contact et prirent également la fuite vers le mont Hélicon (ou Helikồn).
Au centre, les peltastes
Asiatiques Péloponnésiens prirent d’assaut les troupes de la coalition qui selon
Xénophon (Philosophe,
historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355),
ont pris la fuite lorsqu’ils ont vu arriver sur eux les hoplites qui les
accompagnaient avec leur longues lances. À ce moment, des nouvelles du déroulement de la bataille de l’autre côté arrivèrent, les
Thébains
avaient brisé les rangs des combattants d’Orchomène
et avaient déjà commencé à s’emparer d’un butin qu’ils étaient en train de charger sur des chariots.
Dès qu’il vit cela, Agésilas II fit faire demi-tour
aux phalanges avec lui et se porta à leur secours contre les Thébains.
Ce fut à ce moment que ces derniers se rendirent compte qu’ils étaient seuls car leurs alliés avaient pris la fuite vers le mon
Hélicon (ou Helikồn). Ils prirent alors la décision désespéré de briser leurs lignes avant l’arrivée
d’Agésilas II
pour rejoindre le reste de leur armée. Le Roi décida de s’y opposer et il positionna ses phalanges directement sur leur route au
lieu de les prendre à revers ou sur les flancs, décision, qui peut avoir été influencée par son animosité de longue date envers
Thèbes.
|
S’en suivit évidemment un bain de sang pour les malheureux
Thébains,
un des pire massacre dans l’histoire des batailles d’hoplites.
Xénophon décrivit ce moment dans le détail.
En fin de compte, quelques Thébains réussirent à
gagner la protection du mont Hélicon (ou Helikồn), mais, selon les mots de
Xénophon : “beaucoup d’autres furent tués en chemin“. Plus de 600 hommes auraient ainsi perdu la vie.
Toutefois, alors qu’Agésilas II
avait été blessé dans la bataille et emporté en dehors de sa phalange, sa cavalerie accourut et l’informa que 80 Béotiens avaient
trouvé refuge dans un temple voisin.
Les Péloponnésiens avaient à se plaindre aussi de pertes importantes, alors le Roi décida qu’il y
avait eu assez de mort et il ordonna qu’ils soient épargnés et autorisés à aller où ils le souhaitaient.
Le lendemain matin, Agésilas II
ordonna aux Polémarque Gylis (ou Gyllis ou Gylus) de rompre l’ordre de bataille et donna des récompenses à ses soldats pour leur bravoure.
Bien que les Péloponnésiens aient gagné la bataille, l’objectif stratégique, la
destruction de la coalition adverse, ne fut pas atteint.
|
Les troupes Athéniennes,
Corinthiennes, Locriennes et
Eubéennes ayant quitté rapidement le champ de bataille ne souffraient que de peu
de perte. Le poids de la défaite était surtout assumé par les Thébains.
Agésilas II
reçut une de leur délégation et leur permit de recueillir leurs morts.
Cependant, les Péloponnésiens après plusieurs raids en Phocide et de Locride étaient épuisés par les dernières batailles et ils leur étaient très difficile
de maintenir leur position dans la région. L’armée Spartiate
se retira alors de Béotie à travers le golfe de Corinthe
et regagna le Péloponnèse.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
John Buckler et Hans Beck :
– Central Greece and the politics of power in the fourth century BC, Cambridge University Press, Cambridge, New York, 2008.
Paul A.Cartledge :
– Sparta and Lakonia : A Regional History 1300-362 BC, Routledge, 2001.
– The Spartans : The world of the warrior-heroes of ancient Greece, from utopia to crisis and collapse,
Overlook Press, Woodstock, New York, Janvier 2003.
Jean-Nicolas Corvisier :
– Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Nancy H.Demand :
– Thebes in the fifth century : Heracles resurgent,
Routledge & Kegan Paul, Londres, Boston, 1982.
Nic Fields :
– The Spartan way, Pen and Sword, Havertown, 2013.
John V.A.Fine et Rogers D.Spotswood :
– The ancient Greeks : A critical history, Belknap Press of Harvard
University Press, Cambridge, 1983.
John Francis Lazenby :
– The Spartan army, Aris & Phillips, Warminster, 1985.
|