Statère or de Persée
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Présentation
La bataille de Callinique (Callinicus ou callinicos ou Naumachia tēs Kallinikos,
en Grec :
Ναυμαχία της Καλλίνικου) se déroula en
171 av.J.C.
Elle eut lieu sur une colline appelée Callinique (ou Callinicus ou Kallinikos ou Callinicos), à proximité du camp Romain de
Tripolis Larisaia, sur la rivière Pénée (ou Peneus), à 5 kilomètres au Nord de Larissa, en
Thessalie.
Ce fut une bataille entre les armées du royaume de
Macédoine menées par le Roi
Persée (ou Perseus, en
Grec : Περσεύς, 179-168) et
celle de la république Romaine dirigées par le Consul Publius Licinius Crassus (Consul en 171), au cours de la première année de la
Troisième Guerre Macédonienne (171-168),
qui vit la victoire des Macédoniens.
Ces derniers étaient soutenus par le Roi Odryse de Thrace,
Cotys IV (185-165 ou 171-167), par des mercenaires
Crétois et par des auxiliaires de nationalités diverses.
Les Romains avaient avec eux comme d’habitude, leurs alliés Italiens, des soldats amenés par le Roi de
Pergame,
Eumène II
(ou Eumènès ou Eumenês ou Euménès ou Eumene, 197-159), une force de cavalerie de
Thessalie et des alliés
Grecs.
Bien que la fin de la bataille fût en fait peu concluante parce que
Persée se retira avant d’arriver à faire la différence,
elle est considérée comme une victoire Macédonienne parce que les
Romains subirent de lourdes pertes.
S’ensuivirent deux années de guerre incertaines qui se soldèrent par une victoire décisive de Rome à la
bataille de Pydna le 22 Juin 168.
Le contexte
Avec le déclenchement de la de la
Troisième Guerre Macédonienne (171-168),
le Consul Romain Publius Licinius Crassus, qui avait appris la présence
Macédonienne en Thessalie,
navigua de l’Italie vers l’Épire sur la côte Ouest de la
Grèce.
Il traversa une grande partie de la Grèce par des cols de montagne
difficiles pour atteindre la Thessalie
et établit son campement à Tripolis Larisaia, sur la rivière Pénée (ou Peneus), à 5 kilomètres au Nord de Larissa.
Là, il fut rejoint par les forces du Roi de Pergame,
Eumène II (ou Eumènès), qui se composaient de 1.000
cavaliers et 4.000 soldats d’infanterie. Se joignirent à eux 500 frondeurs Étoliens, 400 cavaliers
Thessaliens, 300 cavaliers et 100 fantassins
d’Apollonie (ou Apollonia) d’Illyrie et 1.500 hommes infanterie légère de la
Ligue Achéenne.
Hastatus Romain contre pezhetairos Macédonien
Image :
pinterest.com |
Pendant ce temps, les armées du Roi de
Macédoine
Persée ravagèrent les terres du Nord de
la Thessalie,
à proximité de la frontière Macédonienne.
Les lignes d’approvisionnement Romaines étaient de Larissa, par Phères,
dans le Sud de la Thessalie, aux ports du
golfe Pagasétique (ou golfe Pélasgique ou Pagasitikos, en Magnésie) au Sud, par Crannon et Pharsale au centre de la
Grèce.
Persée mit en place son campement,
et se fondant sur la rapidité et l’efficacité de sa cavalerie (environ 4.000 cavaliers) et de son infanterie légère, il envoya un détachement ravager
les champs près de Phères,
pour couper les communications Romaines avec le golfe Pagasétique, dans l’espoir d’attirer les Romains loin de leur
campement. Cependant, comme le précise Tite-Live (ou Titus Livius, historien Romain, v.59 av.J.C-17 ap.J.C.), ceux-ci ne bougèrent pas.
Persée espionnait
le camp Romain avec un détachement tous les jours à 9 heures. Ces derniers en envoyaient un en reconnaissance dans le même temps.
Les deux forces se surveillaient sans s’affronter, mais la bataille se dessinait.
Pendant plusieurs jours
Persée se présenta au même endroit et à la même heure.
Les Romains à chaque fois se retiraient. Cependant, comme ils avaient omis d’établir des unités de cavalerie dans leur camp, le Roi déplaça son
campement et se positionna à 7/8 km. du camp Romain. Puis, à l’aube, il marcha vers eux avec toute sa cavalerie et son infanterie légère.
Cela prit les Romains par surprise qui furent obligés de réagir. Selon Tite-Live,
Persée aligna alors ses hommes environ 2,5 km. de la ligne Romaine.
Le déroulement
Le déploiement des forces Romaines et
Macédoniennes a été décrit par Tite-Live (ou Titus Livius, historien
Romain, v.59 av.J.C-17 ap.J.C.), qui dit que les deux armées étaient presque égales en nombre.
Les parties principales de la ligne Macédonienne se composaient de groupes
mixtes de cavalerie et d’infanterie légère, un détachement de troupes d’élite avec de l’infanterie lourde et légère (Persée Agema) et l’élite
de la cavalerie “sacré” au centre avec 400 lanceurs de javelot. L’aile gauche était occupée par l’ensemble
des troupes du Roi Odryse de Thrace,
Cotys IV, cavalerie et infanterie légère, tandis que sur l’aile droite se trouvaient la cavalerie
Macédonienne et l’infanterie de mercenaires
Crétois. Les deux ailes étaient flanquées de cavalerie et des auxiliaires
du Roi de diverses nationalités.
Les Romains avaient la même cavalerie entremêlée avec de l’infanterie légère sur les ailes, mais pas d’infanterie lourde,
Publius Licinius Crassus n’envoyant seulement que la cavalerie et l’infanterie légère.
Son aile droite avait l’infanterie légère et l’ensemble de la cavalerie des alliés Italiens.
L’aile gauche avait la cavalerie et l’infanterie légère des différentes cités
Grecques alliées. Le centre était occupé par un corps de cavalerie volontaire et 200 Galates et 300 Cyrtéens (Peuple de
Médie) apportés par le Roi de
Pergame,
Eumène II (ou Eumènès). 400 cavaliers
Thessaliens se tenaient à courte distance sur l’aile gauche.
Publius Licinius Crassus garda l’infanterie lourde aligné en arrière à l’intérieur de son camp.
Après quelques escarmouches près du camp Romain, qui permirent à
Persée de sonder les forces Romaines.
Au lever du soleil il lança toute son armée sur une colline du nom de Callinique (ou Kallinikos
ou Callinicos ou Callinicus), avec la cavalerie devant et derrière la phalange.
Les légions Romaines prirent position derrière leur cavalerie qui fit face à l’ennemi. La bataille fut lancée par les frondeurs et les lanceurs de javelot.
Puis les Thraces de Cotys IV lancèrent une charge furieuse contre la
cavalerie Italienne, qui en fut complètement désordonnée.
Persée, qui avait pris le commandement de la cavalerie d’élite
Macédonienne et soutenu par un bataillon d’infanterie royale chargea
la cavalerie Romaine d’élite et la plupart de la cavalerie Grecque,
à l’exception des 400 cavaliers Thessaliens qui restaient
en arrière-garde, et les repoussa. Dans cette partie de la bataille, les Romains perdirent 200 cavaliers et 2.000 fantassins et 600 furent faits
prisonniers et le reste se dispersa. Les Macédoniens
n’auraient perdu que 20 cavaliers et 40 hommes d’infanterie.
Cavalerie Macédonienne tardive |
Les Thessaliens, qui avaient été gardés en réserve,
formèrent alors une jonction avec les troupes d’Eumène II
(ou Eumènès) à l’arrière, en gardant leurs rangs compactes, afin d’offrir une retraite sûre pour la cavalerie Italienne désordonnée et les fantassins fugitifs.
Dans le même temps, l’infanterie lourde Romaine sortit du camp.
Les troupes du Roi s’étaient étalées dans leur poursuite des fugitifs et de ce fait avançaient dans une formation non compacte.
Alors qu’elle s’apprêtait à attaquer le camp Romain, la phalange Macédonienne
reçu alors l’ordre de Persée, sur les conseils de son Commandant
des mercenaires Crétois, de stopper et de se regrouper.
Celui-ci ne voulait pas encourir des pertes importantes dans ses Phalangistes contre un camp fortifié et la poursuite de la bataille était un risque inutile.
Le Roi décida de se retirer. Son armée prit comme butin les armes de ceux qui étaient tombés sur le champ de bataille et toute la compagnie revint triomphalement
à son camp.
Bien que la fin de la bataille fût en fait peu concluante parce que
Persée se retira avant d’arriver à faire la différence,
elle est considérée comme une victoire Macédonienne
parce que les Romains subirent de lourdes pertes. Eumène II
(ou Eumènès) exhorta le Consul Romain de déplacer le camp sur la rive Nord de la rivière Pénée (ou Peneus) pour obtenir la protection du cours d’eau,
ce qui fut fait de nuit.
Persée revint le lendemain pour entamer une autre bataille,
mais lorsqu’il vit que le camp Romain était de l’autre côté de la rivière, il pensa qu’il avait eu tort de ne pas poursuivre la bataille la veille et
d’être resté inactif pendant la nuit alors qu’il aurait pu empêcher la traversée de la rivière et anéantir l’ennemi.
De son côté le Consul Romain fit arrêter les commandants Étoliens des cinq escadrons de cavalerie, accusés d’avoir paniqué, provoquant la fuite de l’ensemble
de l’aile Grecque, et ils furent envoyés sans procès à Rome.
Les Thessaliens furent eux récompensés pour leur bravoure.
La bataille ne fit pas une grande différence au cours de la première année de la
Troisième Guerre Macédonienne.
La campagne tomba dans une impasse, même si ce faisant,
les Romains sacrifièrent leur contrôle sur la capitale de la
Thessalie, Larissa, qui se trouvait sur la rive Sud, et laissèrent leurs alliés dans la plaine centrale exposée aux incursions de la cavalerie
Macédonienne.
Le moral était bas, en particulier chez les alliés et les légions Romaines eurent peur de quitter leur camp pendant la bataille.
Persée
offrit la paix, mais Consul Romain Publius Licinius Crassus la rejeta, surtout qu’il reçut des renforts de Numidie. Le Consul semble s’être focalisé
sur la récolte du maïs local pour nourrir ses troupes. Il déménagea du Nord de Larissa à son Sud-est, à Crannon.
Persée réalisa quelques attaques,
mais celles-ci ne constituèrent que des escarmouches. Lorsqu’il perdit une de ces escarmouches, il quitta le Nord de la
Thessalie et rentra en
Macédoine. Alors que l’hiver approchait, il envoya ses troupes hiberner.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
Frank Ezra Adcock :
– The Greek and Macedonian art of war, University of California Press, Berkeley, 1957.
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
– Le monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
Lee L.Brice :
– Warfare in the Roman republic : from the Etruscan wars to the battle of Actium, California : ABC-CLIO, Santa Barbara, 2014.
Peter Connoly :
– Greece and Rome at War, Greenhill Books, Londres, 1981 et 1998.
Robert Malcolm Errington :
– A history of Macedonia, University of California Press, Berkeley, 1990.
Andrea Frediani :
– Le grandi battaglie di Roma Antica : I combattimenti e gli scontri che hanno avuto come protagonista la città eterna, Newton Compton, Roma, 2009.
– Le grandi battaglie tra Greci e Romani : Falange contro legione : Da Eraclea a Pidna, tutti gli scontri tra opliti e legionari,
Newton Compton, Roma, 2012.
Nicholas Geoffrey Lemprière Hammond et Frank William Walbank :
– A history of Macedonia : Volume III : 336-167 B.C., Clarendon Press, Oxford, 1972 et New York, 1988.
Jessica Homan Clark :
– Triumph in defeat : Military loss and the Roman republic, Oxford University Press, Oxford, New York, 2014.
John Thornton :
– Le guerre macedoniche, Carocci editore, cop., Roma, 2014
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