Monnaie de Darius III
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Son origine
Darius III Codoman (ou Dario ou
Dareios ou Codomanos, en
Grec :
Δαρεïος Γ’ Dareiôs,
en Persan :
داریوش Dāriūš
ou Dāriyūsch ou Dārayavahusch ou Dārayavausch, en
Hébreu :
דריווש השלישי),
fut le douzième souverain de la dynastie Achéménide ou le
treizième s’il l’on compte
Bardiya, de l’été 336 (on trouve aussi Mai 336) à Juillet 330. Manéthon
l’appelle Darius et lui compte 4 ans de règne (Africanus) ou 6 ans (Eusebius de Cesarea). Il
est issu d’une branche latérale des Achéménides. Il fut l’arrière petit-fils de
Darius II,
petit-fils d’Ostanes et fils d’Arsamès (ou Astamès) et de
Sisygambis (ou Sisygambes), la
fille d’Artaxerxès II (404-359)
et naquit probablement vers 380.
Après que l’ambitieux Ministre
Bagoas ait assassiné Artaxerxès III Okhos en 338, puis son fils
Arsès en 336, ce dernier
chercha à installer un nouveau monarque sur le trône qui serait plus facile à
contrôler. Il choisit alors Codoman, un parent éloigné de la maison royale, qui
s’était distingué au combat lors d’une guerre contre les Cadusii (Un peuple
vivant dans le Nord-ouest de l’Iran) et, selon
Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste
Grec, 46-v.125, "La vie d’Alexandre
18.7-8"), avait servi comme un messager royal.
Il semble que l’épithète Codoman fut l’adaptation
Grecque de son nom Perse d’origine,
et le nom de Darius lui fut apposé au moment de sa prise de pouvoir, probablement dans le but de lui fournir une plus grande
légitimité. Darius fut en effet le nom d’un des souverains les plus importants de l’histoire
Achéménide avec,
Darius I le Grand,
sous le règne duquel la dynastie connue son apogée. Selon Ernst Badian, qui se base sur des sources
Babyloniennes, il se nommait à
l’origine Artashata (ou Artašata) et prit, après sa prise de pouvoir le nom de trône de Darius.
Darique or de Darius III |
Son règne
Le début de son règne
Codoman prit le nom de règne de Darius III et semble
avoir été appuyé par une grande partie de l’aristocratie et de l’armée et rapidement il démontra son indépendance à l’égard
de son assassin bienfaiteur. Selon Diodore de Sicile
(Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30 –
Bibliothèque Historique, Livre XVII.5.6) Bagoas tenta alors d’empoisonner Darius III, mais celui-ci fut averti et contraint
Bagoas à boire le poison lui-même. Selon
Plutarque, une tradition en vigueur chez les
Macédoniens, prétendrait que Darius III aurait
été l’un des esclaves de Bagoas.
À son arrivé au pouvoir, Darius III, bien qu’auparavant
Satrape
d’Arménie, avait encore peu d’expérience politique,
de plus, le nouveau Roi se retrouva à régner dans un Empire instable, dont de vastes territoires étaient dirigés par des
Satrapes jaloux et habités par des sujets
mécontents et rebelles, comme en
Phénicie qui après de rudes combats sera intégrée dans la 5e
satrapie, ou en Égypte où
Khababach
(337-335) se proclama Roi.
La bataille d’Issos par Jan Brueghel
l’Ancien (1568-1625) – Musée du Louvre |
En 336, le Roi de
Macédoine
Philippe II (359-336) fut autorisé par la
Ligue de Corinthe, dont il
fut le Chef, à lancer une guerre sacrée afin de se venger des
Perses qui avaient profané et brûlé les temples
Athéniens lors de la
Seconde
Guerre Médique (480-479). Il envoya une force d’avant garde en
Asie Mineure sous le commandement
de ses Généraux Parménion et Attalos pour libérer les
Grecs vivant sous l’oppression des
Perses. Alors qu’ils avaient déjà pris les villes
Grecques
d’Asie Mineure depuis la cité de
Troie jusqu’au fleuve Méandre, Philippe II
fut assassiné et sa campagne fut suspendue.
La guerre contre Alexandre le Grand
Après la mort de
Philippe II
Darius III ne fut pas sauvé pour autant car il dut lutter contre le successeur de ce dernier, son fils
Alexandre le Grand (336-323).
En Avril 334, celui-ci fut confirmé comme nouveau chef de la
Ligue de Corinthe.
Il décida alors de reprendre la campagne militaire commencée par son père. Il traversa l’Hellespont
à la tête d’une immense armée de près de 35.000 fantassins et 5.000 cavaliers et débarqua en Troade. Darius III, n’intervint
pas durant la traversée.
Son armée, menée par
Memnon de Rhodes, elle, forte de 20.000 cavaliers et 18.000 fantassins, tenta d’arrêter les
Macédoniens sur les rives du Granique,
au mois de Mai 334. Cette
bataille
du Granique se solda par la victoire écrasante des
Macédoniens sur les
Satrapes
d’Asie Mineure. Les
Perses prirent la fuite, mais l’armée
Macédonienne
les affronta de nouveau le 1 (ou 5 ou 12) Novembre 333 alors que ceux-ci s’étaient
concentrées dans la plaine d’Issos (Entre les monts Taurus et la mer).
La tente, le trône et les magnifiques meubles
de Darius III récupérés par Alexandre après sa victoire |
Cette fois Darius III dirigea lui-même son armée.
Alexandre l’écrasa une nouvelle fois, malgré les efforts du souverain
Perse pour résister à l’assaut de la cavalerie lourde
Macédonienne.
Il s’enfuit au-delà de l’Euphrate, laissant son char et ses attributs royaux (Son arc, son bouclier et son manteau) et
aussi laissant sa famille avec sa mère Sisygambis
(ou Sisygambes), son épouse Stateira I, son fils de
cinq ans Ochus et ses filles Stateira II et Drypteis,
qui furent capturées par
Alexandre, ainsi qu’un immense butin. Cette scène est illustrée sur une mosaïque retrouvée à Pompéi, dans la maison du
Faune où l’on voit le Roi Perse prendre la fuite.
Alexandre le Grand bien que vainqueur traita avec déférence la Reine et sa famille.
Stateira I conserva son statut
royale et le Macédonien épousera
Stateira II lors des
Noces de Suse en 324 et Drypteis
épousera Héphestion (ou Héphaestion
ou Héphaistion ou Hêphaistíôn, 356-324), un Général
d’Alexandre.
Selon Wilhelm Bernhard Kaiser, le Roi Perse envoya
alors à son adversaire une lettre dans laquelle il lui offrit un traité d’amitié et lui demanda la libération
de sa famille.
Alexandre, qui avait pourtant renoncé à la poursuite immédiate de Darius III refusa cette demande.
Darius III, détail de la mosaïque Romaine
de Pompéi, représentant la bataille d’Issos – Musée National Archéologique de Naples
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Darius III ne put empêcher le Roi
Macédonien de conquérir la
Phénicie, dont difficilement la ville de
Tyr qui ne tomba
en 332 qu’après un siège
de 7 mois, puis l’Égypte, dont il prit
possession sans combattre et où il fut accueilli comme un libérateur par le peuple, heureux de s’être débarrassé de l’oppression
des Perses.
Darius III pendant ce temps reforma une nouvelle armée en intégrant
cette fois-ci un grand nombre de contingents des
satrapies orientales (Dont quelques éléphants de guerre). Il prit soin aussi de choisir un terrain favorable
à son innombrable cavalerie et à ses chars à faux.
Alexandre se remit en marche en Mai/Juin 331 vers la
Mésopotamie où il
franchit en Juillet l’Euphrate sur un pont de bateaux, puis le Tigre en Septembre, sans rencontrer de résistance.
Puis, il apprit que l’armée Perse,
de presque un million d’hommes selon certaines sources et 250.000 selon d’autres, l’attendait à
Gaugamèles.
L’affrontement intervint au matin du 01 Octobre 331.
Les troupes
Perses avaient un front qui s’étirait sur près de 4 km et les
Grecs étaient au minimum quatre fois moins
nombreux, mais malgré cela, grâce à une stratégie encore jamais utilisée sur un champ de bataille, Darius III connut encore une
fois la défaite. Ce succès ouvrit la route de
Babylone à
Alexandre. La cité se rendit suite à des négociations, après trois semaines de bataille, fin Octobre 331. Le
Macédonien y séjourna un mois.
Darius III à la bataille de Gaugamèles – Relief en ivoire
inspiré d’une peinture de Charles Le Brun – Museo Arqueológico Nacional – Madrid
Photo avant retouche :
wikipedia.org
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La fin de son règne
Darius III, prit une nouvelle fois la fuite et se réfugia
à Ecbatane.
Il tenta de réunir une nouvelle armée royale dans les hautes
satrapies de
Parthie, mais il ne réussit pas à lever
une force comparable à celle qui avait combattu à la
bataille de Gaugamèles, en partie parce que la défaite avait porté atteinte à son
autorité, et aussi parce que la politique libérale
d’Alexandre, par exemple en
Babylonie et en Perside
(Région du Far), offrait une alternative acceptable à la domination
Perse. Lorsqu’à Ecbatane, Darius III apprit
l’approche de l’armée d’Alexandre, il
décida de se retirer en Bactriane
où il pourrait mieux utiliser sa cavalerie et ses forces de mercenaires sur ces plaines d’Asie.
Il mena son armée à travers les Portes de la mer Caspienne, la route principale à travers les montagnes,
mais cela épuisa et ralentit considérablement ses troupes. De plus, les forces
Perses étaient de plus en plus démoralisées avec la menace
constante d’une attaque surprise du
Macédonien, ce qui conduisit à de nombreuses désertions.
Alexandre de son côté
prit la direction de Suse,
laquelle se rendit à son tour en Janvier 330, puis il franchit l’Araxe et parvint dans la ville la plus symbolique du pouvoir
Perse,
Persépolis qu’il fit incendier.
Trois des officiers de Darius III, Satibarzane (Nabarzane ou Nabarzanes),
Barsaentès (ou Barsaentes) et Bessos (ou Bessus ou Artaxerxès V, en Persan :
اردشیر پنجم Ardeshir V,
Grec : Βήσσος,
† été 329), le
Satrape de
Bactriane,
lui proposèrent de regrouper l’armée sous le commandement de Bessos (ou Bessus) et que le pouvoir
lui serait rendu lorsqu’Alexandre
serait défait. Darius III évidemment n’accepta pas ce plan et ses complices, devenus soucieux
après ses échecs successifs contre Alexandre, commencèrent à penser à le destituer.
La famille de Darius III aux pieds d’Alexandre –
Francesco Trevisani v.1737 – Musée du Louvre
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Un chef des mercenaires
Grecs,
encouragea alors Darius III à accepter un garde du corps
Grecs plutôt que de sa garde
habituelle pour le protéger des trois
Satrapes, mais le Roi n’accepta pas pour des raisons politiques.
Ce fut une mauvaise décision, en
Juillet 330 (on trouve aussi selon les sources Juin 330), Darius III, toujours
en fuite et de plus en plus seul, fut poignardé par les rebelles et Bessos (ou
Bessus) se proclama Roi sous le nom d’Artaxerxès V le même mois. Il sera ensuite capturé par
Alexandre,
torturé et exécuté. Un autre version raconte que les
Satrapes jetèrent
Darius III dans une charrette à bœufs,
après avoir blessé le Roi avec leurs javelots alors qu’il ordonnait aux forces
Perses de
continuer et le laissèrent mourir.
L’histoire nous dit que
lorsqu’Alexandre
trouva le corps de Darius III, il le couvrit avec son manteau et prit la chevalière
au doigt du Roi défunt. Ensuite, il envoya le corps du souverain à
Persépolis où il le fit enterrer dans la nécropole royale et lui donna des funérailles grandioses
avec les honneurs dus à son rang. Le tombeau du Roi ne fut jamais terminé, il est aujourd’hui en cours de restauration.
Le Roi
Macédonien se considéra alors comme son légitime successeur.
Sisygambis, Héphestion et Alexandre le Grand, après la défaite Perse à Issos – Francesco de Mura (1696-1782)
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Sa famille
Darius III n’a qu’une épouse attestée :
• Stateira I (ou Statira, en
Grec : Στατείρα A’
{Création des étoiles}, en Persan : استاتیرای ),
sa sœur (ou demi sœur). À la
bataille d’Issos, le
1 (ou 5 ou 12) Novembre 333, face à
Alexandre le Grand (336-323), son époux
fut vaincu et il fut obligé de battre en retraite. Il laissa sur place ses insignes royaux (manteau, arc, char etc..), mais
aussi sa famille avec sa mère
Sisygambis (ou Sisygambes) ainsi que
Stateira I, son fils de cinq ans Ochus et ses filles
Stateira II et Drypteis.
Elle donna entre trois et cinq enfants à Darius III (en fonction des sources).
Deux filles :
▪
Stateira II (ou Barsine, en
Grec : Στατείρα B’
{Création des étoiles}, en Persan : استاتیرای)
dont la date de naissance exacte est inconnue. Elle naquit probablement
entre 350 et 345. Elle épousa lors des Noces de
Suze en Février 324,
Alexandre le Grand,
celui-ci prenant de ce fait logiquement la suite de Darius III dans les chroniques impériales
Perses.
Alexandre dans un premier temps aurait refusé sa main
en prétextant que Stateira II était
déjà promise à un Général Perse du nom de Mazaeus.
Juste après la mort d’Alexandre,
en Juin 323, Stateira II, sa sœur et leurs familles
furent assassinées sur l’ordre de la première épouse
d’Alexandre,
Roxane, qui cherchait à veiller à ce que son fils fut le seul prétendant au trône.
Les mariages de Stateira II avec
Alexandre et de Drypteis avec Héphestion à Suse en 324 – Gravure du XIXe siècle |
▪ Drypteis
(En Persan :
دریپهتیس Drypetis, en
Grec :
Δρυπῆτις Drypêtis) qui épousa Héphestion
(ou Héphaestion) un Général
d’Alexandre,
lors des Noces de Suze en
Février 324. Elle naquit probablement entre 350 et 345. Beaucoup d’historiens acceptent le récit de
Plutarque
(Philosophe, biographe et moraliste
Grec, 46-v.125) qui nous dit que Drypteis fut tuée en 323 en même temps que sa sœur
Stateira II.
Trois fils :
▪ Okhos (ou Ochus ou Ochos) qui naquit en 339/338.
▪ Un dont le nom n’est pas connu, mais qui épousa une fille de Mithridate.
▪ Ariobarzane (ou Ario Barzan ou Aryo Barzan ou Ariobarzanês “exalter les Aryens“, en Persan :
آریوبرزن, en
Grec :
‘Aριoβαρζάνης) qui est donné par Alexander Demandt.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur le Roi voir les ouvrages de :
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– Darius III, pp : 241–267, Harvard Studies in Classical Philology 100, Cambridge, 2000 – pp. 51–54,
Encyclopædia Iranica 7, Routledge & Kegan Paul, London, Boston, 1996.
Pierre Briant :
– Histoire de l’Empire Perse : De Cyrus à Alexandre, Editions Fayard, Paris, 1996 – En Anglais, From Cyrus to
Alexander : A history of the Persian empire, Eisenbraun, Winona Lake, 2002.
– Darius dans l’ombre d’Alexandre, Fayard, Paris, 2003.
Maria Brosius :
– Women in ancient Persia, 559-331 BC, en Français, Les femmes dans la Perse antique, 559-331 av.J.C,
Clarendon Press, Oxford, 1996-1998.
– The Persians. An introduction, Routledge, London, 2006.
Muhammed Abdulkadyrovič Dandamaev :
– A political history of Achaemenid empire, E.J.Brill, Leiden, New York, Köln, 1989.
Paul K.Davis :
– 100 decisive battles : From ancient times to the present, Oxford University Press, New York, 2001.
Alexander Demandt :
– Alexander der Große : Leben und legende, C.H. Beck, München, 2009.
Bruno Jacobs :
– Die satrapienverwaltung im Perserreich zur zeit Darius III, L. Reichert, Wiesbaden, 1994.
Wilhelm Bernhard Kaiser :
– Der brief Alexanders des grossen an Dareios nach der schlacht bei Issos, Mainz, 1957.
Heidemarie Koch :
– Achämeniden-Studien, Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 1993.
Amélie Kuhrt :
– The Persian Empire : A corpus of sources from the Achaemenid period, Routledge, New York, 2010.
Eric William Marsden :
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Albert Ten Eyck Olmstead :
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Christine Palou et Jean Palou :
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– Envy of the Gods : Alexander the Great’s Ill-fated journey across Asia, Da Capo Press, Cambridge, 2004 –
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–“Panik” im heer – Dareios III., Die schlacht von Gaugamela und die mondfinsternis vom 20. September 331 v. Chr,
pp : 101-115, Iranica Antiqua 47, 2012.
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– Fourth century Greek historical writing about Persia in the period between the accession of Artaxerxes II
Mnemon and that of Darius III (404-336 B.C.), University of Oxford, 1985.
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– Dareios 3, pp. 2205–2211, Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft IV, 2, Stuttgart, 1901.
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– The rise and organisation of the Achaemenid Empire : The eastern Iranian evidence, E.J. Brill, Leiden, 1992.
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– Dekadenz, Krise oder überraschendes Ende ? Überlegungen zum zusammenbruch der Perserherrschaft, pp
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– Ancient Persia : 550 BC to 650 AD, I.B. Tauris, London, New York, 1996 – 2001.
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