Artaxerxès III sur son Char – British Museum |
Son origine
Artaxerxès III Okhos
(ou Ochos ou Artaserse ou Artajerje, en Persan :
اردشير سوم Ardeshir ou
Artachschaçā ou Artaxšaçrā "Celui dont l’empire est bien", en
Hébreu :
ארתחששתא השלישי,
en Grec :
Aρταξέρξης Γ’ Artaxérxês ou
Άρτοξέρξης Γ’ Artoxérxês, en
Babylonien : Artakshatsu,
en Latín : Artaxerxes) est appelé par
Manéthon Ôchus.
Il lui compte 2 ans de règne (Africanus) ou 6 ans (Eusebius de Cesarea). Il est le dixième souverain de la dynastie
Achéménide ou le
onzième s’il l’on compte Bardiya
et régna d’Avril (Selon Carsten Binder) 358 à l’été 338.
Jonas Lendering date sa prise de pouvoir entre Février et
mi-Mars de l’année 358. Il serait le quatrième fils d’
Artaxerxès II et de la Reine Stateira et serait né vers
425. Il prit le pouvoir après des lutes internes. Un de ses frères, Darius, fut exécuté après un complot contre leur père.
Le nouveau Prince Héritier devint Ariaspes, qui était très populaire auprès de la cour. Cependant des conspirateurs, qui
comprenaient Artaxerxès III et l’un des commandants de la garde royale nommé Tiribazus, accusèrent Ariaspes de trahison
ce qui poussa ce dernier au suicide. Les espoirs d’Artaxerxès II
s’orientèrent alors sur son troisième fils, Arsamès (ou Arsame) qui fut lui aussi assassiné. Artaxerxès III devint le
seul héritier et il instaura son autorité sur tout l’Empire en restaurant provisoirement la puissance des
Perses Achéménides. Selon John Lemprière, son premier ordre
en tant que Roi aurait été l’exécution de plus de 80 de ses plus proches parents afin d’assurer sa légitimité. Aucune
titulature
Égyptienne n’est connue pour ce Roi.
Fragment de bas-relief d’Égypte, montrant un Roi Achéménide, Probablement Artaxerxès
III – Musée Allard Pierson – Amsterdam |
Son règne
Les premières années de son règne
Avant de monter sur le trône Artaxerxès III occupa les postes de
Satrape et Commandant de l’armée,
en particulier il combattit en Syrie mais échoua dans la tentative de contrecarrer l’avancée des rebelles lors de la
“révolte des Satrapes“. En 359,
il fut à la tête d’une expédition de représailles contre
l’Égypte dans la région côtière
de la Phénicie.
En 358, lorsque son père décéda à l’âge de 90/94 ans, il lui succéda sur le
trône. De 358 à 350, il partit avec ses armées à la conquête de la
Syrie /
Palestine et il finit par soumettre les grands ports de
Phénicie comme
Sidon, où les
Satrapes s’étaient instaurés en
Principautés quasi-indépendantes. En 355, Artaxerxès III contraint
Athènes à conclure une paix qui exigeait à
la ville de quitter l’Asie Mineure
et de reconnaître l’indépendance des cités qu’elle dirigeait.
Il ordonna ensuite le renvoi de tous les mercenaires
Grecs des armées
des Satrapes
d’Asie Mineure
de façon à réduire les possibilités de rébellions.
Nombre d’entre eux retournent alors à
Athènes et à
Sparte. Sauf Artabaze de
Lydie qui demanda de l’aide à
Athènes dans sa
rébellion contre le Roi Perse.
La ville lui envoya des troupes
avec à leurs têtes les deux mercenaires
Grecs,
Mentor et
Memnon de Rhodes (v.380-333). Ils
furent rejoints par Oronte de Mysie qui unit ses forces aux leurs. Après une première défaite,
en 354, Artaxerxès III reprit le dessus en 353 et il défit la coalition. Oronte fut gracié par le Roi, qui chassa
Mentor et
Memnon, tandis qu’Artabaze s’enfuyait en
Macédoine à la cour du Roi
Philippe II (359-336).
La révolte de
Sidon et de Chypre
En 351, Artaxerxès III porta ses attaques vers
l’Égypte du Pharaon
Nectanébo II (360-342).
Le Roi marcha sur le pays et engagea le Pharaon. Après une année de lutte contre lui, une épidémie de peste se déclara dans son
armée. Il fut contraint de se retirer et de retarder son entreprise
Égyptienne. Immédiatement,
Artaxerxès III ordonna qu’une nouvelle armée fut assemblés à
Sidon,
mais la population de cette ville
Phénicienne ne fut pas en mesure de faire face au grand nombre d’étrangers et son Roi
Tabnit (ou Tennès, 358-346/345) se révolta.
Nectanébo II envoya 4.000 mercenaires,
commandés par Mentor de Rhodes, aider les
Sidoniens contre leur
suzerain Perse et la révolte s’étendit en gagnant
Chypre où elle
fut dirigée par Pnytagoras (351-332), le neveu du Roi
Chypriote
Évagoras II (361-351).
La même année, Artaxerxès III ordonna au souverain de
Carie Halicarnasse,
Idrieos (ou Idrieus, 351-343)
de lever une armée et une flotte pour la reconquête de
Chypre. Les Satrapes de
Cilicie et de
Syrie, Mazæos (ou Mazaeus) et Belesys (ou Belysis), furent eux chargés de contenir la rébellion de
Sidon. Toutefois, ils
furent repoussés par
Mentor et il est possible que la révolte se soit propagée en
Judée à
Samarie et dans le Sud.
En 346/345, Artaxerxès III excédé prit personnellement les choses en main et reprit
Sidon, dans laquelle il
fit de nombreux prisonniers, dont
Mentor. Conscient de la disproportion des forces ce dernier changea de camp.
Le tombeau d’Artaxerxès II à Persépolis
|
En 344/343,
Idrieos,
avec une armée de 8.000 mercenaires et 40 navires que dirigeait le commandant
Athénien Phocion
(ou Phokion, 402–318) et
Évagoras II débarquèrent à
Chypre
et mirent le siège devant Salamine. Mais
ils échouèrent et Évagoras II dut abandonner définitivement
Chypre. Pour le dédommager,
Artaxerxès III lui attribua le gouvernement de
Sidon. Toutefois, il est possible
qu’Idrieos
fut un peu responsable de la défaite et qu’il ne resta pas tout à fait fidèle à Artaxerxès III.
En effet, en 346, l’orateur
Athénien Isocrate adressa un discours au Roi de
Macédoine,
Philippe II (359-336) dans lequel il fit valoir
qu’il serait facile de renverser l’Empire Perse,
parce que l’Égypte, la
Phénicie et
Chypre étaient toujours en révolte et
qu’Idrieos de
Carie, qui est présenté
comme le dirigeant le plus riche en
Asie Mineure, serait un allié utile.
Peut-être Isocrate savait quelque chose que l’histoire moderne n’a pas retenu pour l’instant.
Après cette défaite Artaxerxès III décida de commander en personne la contre-attaque. Il leva une armée
de 330.000 hommes, dont 300.000 fantassins, 30.000 cavaliers, 300 trirèmes et 500 navires de transport. Les
Phéniciens, à qui
Sparte et
Athènes avaient refusé leur aide ne purent
aligner qu’une petite armée composée d’un millier
d’hoplites
Thébains
sous les ordres de Lacratès, 3.000 Argives sous les ordres de Nicostratès et 6.000
Ioniens et Doriens des villes
Grecques de
l’Asie Mineure,
à cela vinrent s’ajouter quelques mercenaire
Grecs d’Égypte.
Devant la puissance qui allait s’abattre sur lui Tabnit (ou Tennès) tenta d’acheter sa propre grâce en remettant une
centaine des principaux citoyens de
Sidon entre les mains du Roi de Perse, qui le chargea des
défenses de sa ville. Mais Sidon
fut brulée, soit par Artaxerxès III, soit par les citoyens même de la ville et 40.000 personnes moururent dans l’incendie.
Malgré sa trahison, Tabnit (ou Tennès) fut mis à mort par Artaxerxès III qui reprit
possession de ses anciens territoires.
La
campagne d’Égypte
Après cet épisode le Roi
Perse reprit son désir d’invasion de
l’Égypte. En 343/342, lors
d’une nouvelle campagne, Artaxerxès III aligna plus de 330.000 hommes. 14.000
Grecs furent fournis par les
cités Grecques
d’Asie Mineure, dont 4.000
commandés par Mentor de Rhodes
(3.000 envoyé par
Argos et 1.000
par
Thèbes), qui
depuis 346/345 après la chute de
Sidon combattait pour Artaxerxès III et 80 trirèmes.
Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur
Grec v.90-v.30 av.J.C) date de l’attaque de
l’Égypte,
à la fois dans la 18e Année du règne d’Artaxerxès III et de
Nectanébo II,
en Décembre 342.
Le Roi attaqua sur trois fronts et plaça à la tête de chacun un
Perse et un
Grec. Les commandants
Grecs étaient Lacratès
(ou Lakrates) de
Thèbes,
Mentor de Rhodes, et
Nicostratès (ou Nicostrate) d’Argos et les
Perses étaient Rhosacès
(ou Rhosakes), Aristazanes et Bagoas, le chef des eunuques. Le Pharaon
Nectanébo II obtient de l’aide de
Chypre et de la
Phénicie et fit
face avec une armée, qui selon Diodore de Sicile,
fut de 100.000 hommes, dont 20.000 étaient des mercenaires
Grecs et 20.000 des Libyens. Il occupa différentes branches du Nil avec des navires.
Deux servants portant nourriture
et boisson – Règne d’Artaxerxès III – Persépolis |
Le caractère du pays traversé par de nombreux canaux et
beaucoup de villes fortifiées lui permirent un premier succès où il réussit à repousser les armées
Perses. Artaxerxès III ne s’avoua pas vaincu et ses nouvelles
offensives allaient avoir raison des
Égyptiens et de leurs alliées. Il prit Péluse, qui protégeait l’entrée du Delta, puis la ville de
Bubastis.
Nectanébo II fut obligé de fuir à
Memphis, pensant être protégé par des garnisons
qu’il laissait dans des villages. Il s’agissait de troupes mixtes, en partie
Grecques et en partie
Égyptiennes, entre lesquelles les
jalousies et les suspicions furent facilement exploitées par les dirigeants
Perses.
Ces derniers s’avancèrent rapidement sur
Memphis qui tomba et
Nectanébo II dut fuir le
pays vers la Nubie. Les Perses finirent alors tranquillement
l’invasion et l’Égypte redevient une
satrapie. À ce moment, en 342,
Artaxerxès III se proclama Pharaon et commença un règne de terreur. Onze ans d’oppression suivirent, beaucoup de documents
qui nous sont parvenus indiquent que les violations des temples et les massacres étaient communs. La religion
fut persécutée et les livres sacrés furent volés. La Perse acquit
une quantité importante de richesse grâce à ces pillages. Avant de retourner dans son pays, Artaxerxès III nomma Pherendarès comme
Satrape de
l’Égypte.
La
fin de son règne
Après la conquête de l’Égypte, il
n’y eut plus d’émeute ou révolte d’importance contre Artaxerxès III.
Mentor de Rhodes
et Bagoas, les deux Généraux qui s’étaient illustrés lors de la campagne dans la vallée du Nil furent élevés à des postes
importants. Mentor eut le grade de Gouverneur
de la région du littoral Asiatique avec pour mandat de réprimer quelques révoltes mineures de son territoire, tandis que
Bagoas fut dans un premier temps responsable de la gestion des
satrapies orientales de
l’Empire, puis il devint le principal ministre d’Artaxerxès III à
Persépolis. On aurait pu penser que tout allait bien donc dans l’Empire
Perse. Toutefois Artaxerxès III était inquiet, en effet la monté
en puissance de la Macédoine
devenait préoccupante. En 341/340, il dépêcha une armée pour aider le Roi
Thrace,
Cersobleptès I (ou Kersobleptes, 359-341)
à maintenir son indépendance et porter assistance à Périnthe et Byzance assiégées par le Roi de
Macédoine
Philippe II et il fit alliance avec
Athènes
en lutte avec ce dernier. À partir de 341 le Roi serait retourné vivre à
Babylone dans l’ancien Palais de
Nabuchodonosor II (626-605)
qui fut agrandi. Artaxerxès III mourut pendant l’été 338, empoisonné par
l’eunuque Bagoas, mais ce fait est contredit par les textes cunéiformes.
Porte des Nations
|
Ses constructions
Son activité de bâtisseur est loin d’être extraordinaire et il existe peu de
preuves de nouvelles constructions ou d’une politique de rénovation architecturale à
Persépolis.
Vers la fin de sa vie Artaxerxès III y érigea un nouveau palais qui resta malheureusement inachevé et il y construisit son
propre tombeau dans la montagne derrière la plate-forme de la ville. On lui attribue aussi un des bâtiments de
Persépolis, la Chambre des 32 colonnes, dont l’utilité
est inconnue et la porte inachevée, menant à la
porte des nations et le Temple au cent colonnes.
Des sculptures ornant l’escalier de l’aile gauche du
Palais de Tachara
furent également ajoutées au cours de son règne. Selon
Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur
Grec v.90-v.30 av.J.C) il faut aussi lui créditer le commencement de la construction de l’apadana de
Babylone, dont la description est
présente dans ses œuvres et l’agrandissement du palais de
Nabuchodonosor II (626-605).
Sa famille
Artaxerxès III eut deux épouses :
• Une fille de son frère Ocha, d’autres sources avancent que ce serait une
fille de son neveu Oxathrès. Il n’y a pas d’enfant connu de cette union.
• Atossa qui lui donna trois enfants :
Deux fils :
▪
Arsès (Artaxerxès IV,
en Persan : Artaxšacā ou Aršaka ou Aršāma ou Arxes ou Oarses) qui succéda à son père
de 338 à 336.
▪ Bisthenès qui est donné par Jona Lendering.
Une fille :
▪ Parysatis.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur le Roi voir les ouvrages de :
Carsten Binder :
– Plutarchs Vita des Artaxerxes. Ein historischer Kommentar, de Gruyter, Berlin, 2008.
Pierre Briant :
– Histoire de l’Empire Perse : De Cyrus à Alexandre, Editions Fayard, Paris, 1996 – En Anglais, From Cyrus to
Alexander : A history of the Persian empire, Eisenbraun, Winona Lake, 2002.
Maria Brosius :
– Women in ancient Persia, 559-331 BC, en Français, Les femmes dans la Perse antique, 559-331 av.J.C,
Clarendon Press, Oxford, 1996-1998.
– The Persians. An introduction, Routledge, London, 2006.
John Manuel Cook :
– The rise of the Achæmenids and establishment of their Empire, pp : 200-291, Cambridge History of Iran 2, 1985.
Muhammed Abdulkadyrovič Dandamaev :
– A political history of Achaemenid empire, E.J.Brill, Leiden, New York, Köln, 1989.
Christina Girod :
– Artaxerxes III of the Achaemenid dynasty was the king of Persia during 359/358–338 BCE,
World History: Ancient and Medieval Eras, 2010.
Noah Calvin Hirschy :
– Artaxerxes III, Ochus and his reign with consideration of the Old Testament sources bearing upon the period,
University of Chicago Press, Chicago, 1909.
Heidemarie Koch :
– Achämeniden-Studien, Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 1993.
Amélie Kuhrt :
– The Persian Empire : A corpus of sources from the Achaemenid period, Routledge, New York, 2010.
Leo Mildenberg :
– Artaxerxes III Ochus (358-338 B.C.): A Note on the Maligned King, pp
: 201-227, Zeitschrift des Deutschen Palästina-Vereins 115, 1999.
Otto Mørkholm :
– A coin of Artaxerxes III, Royal Numismatic Society, London, 1974.
Albert Ten Eyck Olmstead :
– History of the Persian empire : Achaemenid period, University of Chicago Press, Chicago, 1948.
Christine Palou et Jean Palou :
– La Perse antique, Presses Universitaires de France, Paris, 1962.
Jean Perrot :
– La période Achéménide, Iran Bastan Museum, Téhéran, 1972.
Stephen Ruzicka :
– Trouble in the west : Egypt and the Persian Empire, 525-332 BCE, Oxford University Press, New York, 2012.
Rüdiger Schmitt :
– Achaemenid dynasty, Encyclopaedia Iranica vol.3, Routledge & Kegan Paul, London, 1983.
Rosemary B Stevenson :
– Fourth century Greek historical writing about Persia in the period between the accession of Artaxerxes II
Mnemon and that of Darius III (404-336 B.C.), University of Oxford, 1985.
Marc Van De Mieroop :
– A history of the ancient near east : Ca. 3000–323 BCE, Blackwell History of the Ancient World series, 2003.
Willem J.Vogelsang :
– The rise and organisation of the Achaemenid Empire : The eastern Iranian evidence, E.J. Brill, Leiden, 1992.
Daniel Josef Wiesehöfer :
– Ancient Persia : 550 BC to 650 AD, I.B. Tauris, London, New York, 1996 – 2001.
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