Les grandes batailles de l’antiquité :
Bataille d’Haliarte –
Bataille de Némée –
Bataille de Coronée
 

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           Bataille  d’Haliarte  395

 

Présentation

 
   La bataille d’Haliarte (ou Haliartus ou Naumachia tēs Aliartos, en Grec : Ναυμαχία της Αλίαρτος) fut une bataille qui marqua le début de la Guerre de Corinthe (395-386), qui se déroula en 395 av.J.C. Elle eut lieu près de la ville d’Haliarte en Béotie, à 109 km. d’Athènes. Elle fut une confrontation entre Sparte et Thèbes. Les Thébains écrasèrent une force Spartiate qui essayait de prendre la ville d’Haliarte et l’avait assiégé, tuant le Commandant Spartiate Lysandre (ou Lýsandros, en Grec : Λύσανδρος).
 

Contexte  et  prélude

 

   En 396/395, Timocratès de Rhodes (ou Timocrate, en Grec : Τιμοκράτης), un Ambassadeur du Satrape Perse de l’Hellespont et de Phrygie, Pharnabaze, arriva en Grèce. Il fut envoyé comme négociateur auprès des principales villes Grecques pour offrir une aide financière dans le cas d’une déclaration de guerre de ces dernières contre Sparte. Celle-ci, du fait de sa politique agressive, souffrait depuis déjà pas mal de temps du mécontentement d’autres villes, qui à ce moment acceptèrent volontiers cette offre. De plus, la perspective d’un soutien Perse était suffisant pour induire un certain nombre d’États, et en particulier Thèbes, à faire la guerre à Sparte. Plus précisément Thèbes était intéressée de garder pour elle toute la Grèce centrale, afin d’élargir sa propre position.

  Cependant, plutôt que de prendre immédiatement les opérations offensives contre les Lacédémoniens, les Thébains persuadèrent les Locriens, d’attaquer la Phocide, alliée de Sparte et ainsi précipiter une guerre indirecte. Lorsque le conflit commença Thèbes y entra sous prétexte de soutenir ses alliés Locriens. La Phocide, quant à elle, fit appel immédiatement à son allié, Sparte. Les Spartiates prenant conscience de la tournure des opérations virent là une opportunité de châtier les Thébains et de prendre possession de la Grèce centrale. Ils choisirent donc de lancer une campagne contre Thèbes. Dans le même temps Thèbes envoya des émissaires à Athènes qui demandèrent une aide et une alliance fut conclue entre la ville et la Béotie.

 
   Les Spartiates et leurs alliés du Péloponnèse (sans Corinthe) montèrent une armée, dont le Roi Agiade de Sparte Pausanias I (En Grec : Παυσάνιας Α’, 409-395) prit le commandement et marchèrent en direction du Nord. Simultanément le Commandant Spartiate Lysandre (ou Lýsandros, en Grec : Λύσανδρος) partit avec une armée de Phocide et quelques alliées du Nord-ouest de la Grèce, comme, Orchomène de Béotie et marcha en direction du Sud. Les deux armées avaient pour mission de faire jonction à Haliarte et ensuite fondre ensemble sur Thèbes. Cependant Pausanias I fut retardé dans la Péloponnèse et lorsque Lysandre arriva à Haliarte avec son armée la jonction était très loin de se faire.
 

Le déroulement

 
   La stratégie des Spartiates pour cette campagne étaient simple, attaquer avec deux armées. Une commandée par le Roi Agiade de Sparte Pausanias I (En Grec : Παυσάνιας Α’, 409-395) composée de troupes Spartiates et d’alliées du Péloponnèse. L’autre, commandée par Lysandre (ou Lýsandros, en Grec : Λύσανδρος) composée de Phocidiens et d’autres alliées de la Grèce du Nord-ouest, comme Orchomène de Béotie. L’idée était d’avoir une attaque coordonnée sur la ville d’Haliarte pour en prendre rapidement possession. Cependant, Pausanias I fut retardé dans le Péloponnèse et Lysandre arriva à Haliarte alors que le Roi était encore à plusieurs jours de le rejoindre.
 
   Refusant d’attendre l’arrivée de son souverain pour commencer les hostilités, Lysandre marcha sur Haliarte et exhorta la population à renoncer à l’alliance avec Thèbes et de lui remettre la ville. Les citoyens d’Haliarte refusant, il marcha avec son armée jusqu’aux murs de la ville sans trop se préoccuper d’une éventuelle garnison Thébaine en place ou aux abords la cité et il attaqua les fortifications. Toutefois, comme il aurait dû s’y attendre, à proximité de la cité se trouvait une force Thébaine importante composée d’hoplites et de cavalerie. Les spécialistes se demandent encore aujourd’hui comment cette armée put se former sans qu’il en fût informé.

 

  Cette force se précipita contre Lysandre, à l’aide des défenseurs de la ville. Dans des combats d’une grande violence, l’armée Spartiate fut mise en déroute et Lysandre fut tué. Les Thébains cependant, ne poursuivirent pas les fuyards trop loin, le terrain devenant accidenté et raide. Les soldats en fuite, voyant cela, firent alors demi-tour et engagèrent à nouveau les Thébains qui subirent de lourdes pertes. Ce renversement découragea brièvement ces derniers qui avec le reste de leur armée se retirèrent à Haliarte.
 
   Toutefois, leurs forces étant trop faibles, les chefs Spartiates après avoir dissous chacun des contingents, les renvoyèrent chez eux. Plusieurs jours après la bataille, Pausanias I atteignit enfin Haliarte avec son armée. Arriva aussi une armée de secours venant d’Athènes. L’équilibre du pouvoir était maintenant déplacé de façon permanente au détriment de Sparte, mais il n’attaqua pas Haliarte. Désireux de récupérer le corps de Lysandre et des autres tués dans la bataille, il demanda une trêve, que les Thébains lui accordèrent à la seule condition qu’après il parte de Béotie.

  Selon Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355), Pausanias I aurait consulté ses Généraux et ces derniers, compte tenu du moral des troupes, du nombre d’homme déjà perdu sans compter la mort de Lysandre, lui aunaient conseillé de ne pas reprendre la guerre. De plus les Béotiens bénéficiaient d’une forte cavalerie. Pausanias I accepta donc cette condition. Il recueillit les corps des morts et retourna à Sparte.
 
   À son retour, la faction pro-Lysandre demanda de lui faire un procès pour être arrivé en retard et de ne pas avoir attaqué. Pausanias I se rendant compte qu’il allait être condamné et exécuté, préféra partir en exil. L’exil de Pausanias I, ainsi que la mort de Lysandre, retira deux des trois principaux acteurs de la scène politique Spartiate, ne laissant qu’Agésilas II (ou Agesilaos, en Grec : ‘Aγησίλαος Β’, 398-360), qui dictera la politique de la ville pour les années à venir. La bataille d’Haliarte lança la Guerre de Corinthe, qui durera de 395 à 387 av.J.C. et les combats reprirent dès l’année suivante.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Jean-François Bommelaer :
Lysandre de Sparte. Histoire et traditions, Bibliothèques de l’École Française d’Athènes et de Rome, volume 240, Athènes, 1981.
Paul A.Cartledge :
Sparta and Lakonia : A Regional History 1300-362 BC, Routledge, 2001.
The Spartans : The world of the warrior-heroes of ancient Greece, from utopia to crisis and collapse, Overlook Press, Woodstock, New York, Janvier 2003.
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Nic Fields :
The Spartan way, Pen and Sword, Havertown, 2013.
John V.A.Fine et Rogers D.Spotswood :
The ancient Greeks : A critical history, Belknap Press of Harvard University Press, Cambridge, 1983.

 

 

          Bataille  de  Némée  394

 

Présentation

 
   La bataille de Némée (ou Nemea ou Naumachia tēs Nemea, en Grec : Ναυμαχία της Νεμέα) fut une bataille qui se déroula en 394 av.J.C (Certains spécialistes avancent le mois de Mars ?), dans le cadre de la Guerre de Corinthe (395-386). Elle eut lieu dans le lit à sec de la rivière Némée près de la ville du même nom, sur le territoire de Corinthe, dans la partie Nord-est du Péloponnèse. Ce fut une confrontation entre Sparte et la coalition d’Argos, Athènes, Corinthe et Thèbes. La bataille fut une victoire décisive Spartiate, qui, associée à la bataille de Coronée plus tard dans la même année, donna à Sparte l’avantage dans les combats en Grèce continentale.
 

Contexte  et  prélude

 
   La campagne d’une armée Spartiate en Asie Mineure, grâce en grande partie à des offres financières des Perses, est caractérisée par le Roi Agésilas II (ou Agesilaos, en Grec : ‘Aγησίλαος Β’, 398-360) et son armée hétéroclite de mercenaires et de Néodamodes (ou Neodamốdeis, en Grec : νεοδαμώδεις, Hilotes affranchis à la suite de leur service comme hoplites dans l’armée Lacédémonienne), qui fit de nombreuses prises de villes, mais provoqua la colère de grandes cités, comme Athènes, Argos et Thèbes qui finirent par avoir un but commun, la chute de Sparte. Les hostilités de la Guerre de Corinthe ont commencé en 395 av.J.C., avec des raids dans le Nord-ouest de la Grèce, pour aboutir finalement à un affrontement entre Sparte et Thèbes à la bataille d’Haliarte et une victoire Thébaine. Dans le sillage de cette bataille, Athènes, Argos, Thèbes et Corinthe se réunirent pour former une coalition anti-Spartiate, avec leurs forces commandées par un conseil à Corinthe.
 

   En 394 av.J.C, le conseil réunit son armée à Corinthe. La même année les Thébains et les Argiens prirent, dans une attaque surprise du Péloponnèse, la colonie Spartiate de Trachis (ou Herakleia Trachinia, en Grec : Ηράκλεια Τραχινία), capitale des Maliens (Peuple Grec à l’embouchure de la rivière Spercheios). Ainsi, le conflit avec Sparte devenait inévitable. Une armée Spartiate, commandée par Aristodème (ou Aristodemos ou Aristódêmos, en Grec : ‘Aριστόδημος), le Régent de l’enfant Roi Agiade, Agésipolis I (ou Agêsípolis, en Grec : ‘Aγησίπολις Α’, 395-380), fut envoyé au Nord de Sparte pour contrer les alliés.
 
   Dans le même temps l’autre Roi Spartiate, Agésilas II fut rappelé d’Asie Mineure. L’armée alliée, quant à elle, attendait à Corinthe, car le conseil débattait sur qui devait commander. Avant qu’une décision fût prise, l’armée Spartiate entra sur le territoire de Corinthe, brûlant et pillant tout le long de sa route. Les alliés finirent par se porter à la rencontre des Spartiates et les deux armées se rencontrèrent près du lit asséché de la rivière Némée, près de la ville du même nom, dans la partie Nord-est du Péloponnèse.

  Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355), donne des détails sur les troupes en opposition et leur formation. L’armée Spartiate était composée de 18.000/19.000 hoplites : 6.000 hoplites Lacédémoniens ; 2.400 de Tégée ; 3.000 des villes alliées d’Argolide Épidaure, Trézène, Hermione et Halieis et 3.000 de Mantinée ; 3.000 hoplites d’Élis et Achéens et le reste provenant d’autres États de la Ligue du Péloponnèse dont au-moins 1.500 de Sicyone. Il y avait aussi leur cavalerie d’environ 600 hommes et près de 300 archers et frondeurs Crétois.
 
   La ligne de front Spartiate était apparemment, en raison de sa profondeur, inférieure de 12 hommes, mais plus large que celles des adversaires. Du côté des alliés les forces étaient d’environ 24.000 hoplites et troupes légères venant de : 6.000 hoplites Athéniens ; 7.000 Argiens ; 5.000 Thébains ; 3.000 Corinthiens et 3.000 de l’île d’Eubée. Ils avaient aussi 1.550 cavaliers (800 Thébains, 600 Athéniens, environ 100 de Chalcis en Eubée, et 50 Locriens) et un nombre non restituable d’infanterie légère. Un avantage numérique donc pour la coalition.

 

Le déroulement

 
   Selon certains spécialistes, au mois de Mars, les deux armées s’affrontèrent. Les Péloponnésiens s’alignèrent pour la bataille avec les Spartiates sur le flanc droit et leurs alliés sur le flanc gauche. Du côté de la coalition par contre il régnait une certaine confusion et les différents Commandants étaient partagés quant à la bonne formation à adopter. Les Athéniens voulaient s’aligner sur la droite, mais en fin de compte ils adhérèrent à la demande des Béotiens et prirent l’aile gauche, tandis que ces derniers prenaient la droite. Cela signifiait que les Athéniens se retrouvèrent face aux Spartiates, tandis que les Béotiens et les autres alliés étaient confrontés aux autres Péloponnésiens.
 

   Lorsque les deux phalanges, bien compacte, avancèrent pour la bataille, elles se déplacèrent vers la droite. C’était un phénomène courant chez les hoplites car ils portaient leur bouclier sur leur bras gauche, ce qui fait que les hommes se déplaçaient naturellement vers la droite pour obtenir la double protection, du bouclier de leur voisin, ainsi que du leur. Cet état de fait fit qu’au moment où les armées se rencontrèrent, les côtés droits des deux armées passèrent le flanc gauche de leurs adversaires.
 
   Ce qui eut pour conséquence que chaque flanc droit de chaque partie eut l’impression d’être victorieux, tandis que les flancs gauches eurent celui d’être vaincus. Les Spartiates réagirent les premiers et fort de sa “victoire” sur les Athéniens qui fuyaient, leur Commandant Aristodème (ou Aristodemos ou Aristódêmos, en Grec : ‘Aριστόδημος), fit pivoter ses hommes pour qu’ils se retrouvent face aux troupes de l’aile droite des alliés, qui, ayant eux aussi l’impression d’être victorieux, poursuivaient les alliés des Spartiates.

    Ces troupes de l’aile droite de la coalition se retrouvèrent donc, alors qu’ils pensaient être vainqueur et poursuivre des fuyards, face à une force importante phalange Spartiate. Les Hoplites Spartiates atteignirent d’abord les Argiens, puis les Corinthiens et enfin les Béotiens, infligeant de très lourdes pertes aux trois formations qui prirent la fuite. Les avis sur les pertes sont partagés. Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355), prétend que les Spartiates tuèrent 2.800 coalisés alors qu’ils n’eurent que 1.100 morts ?.
 
   Aristodème a apparemment eut le plus de perte sur son aile gauche mais sa manœuvre aurait difficilement pu être réalisée avec une autre phalange. À cette époque, les armées connaissaient pourtant une règle à ne pas utiliser, ne pas casser leur formation pour attraper les ennemis en fuite ce qui aurait permis à la coalition de ne pas se retrouver au dépourvu face à la phalange Spartiate. Reste à savoir aujourd’hui encore si cette manouvre d’Aristodème était préparée ou s’il bénéficia de bonnes circonstances qu’il sut exploiter.

 
   Bien que les Spartiates occupaient le terrain à la fin de la bataille, ils furent incapables de se frayer un chemin jusqu’à Corinthe et entrer en Grèce centrale. En conséquence, ils rentrèrent chez eux. L’armée coalisée, après plusieurs mois d’inactivité, allait rencontrer de nouveau, la même année, les forces Péloponnésiennes à la bataille de Coronée. Ces deux batailles marquèrent les seuls combats terrestres à grande échelle qui eurent lieu durant la guerre jusqu’en 386. Tactiquement, les deux côtés à partir des résultats de la bataille ont essayé d’en tirer des points positifs. Les Spartiates renouvelèrent apparemment leur tactique à la bataille de Leuctres, mais les Thébains avaient tiré l’expérience de leur échec.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Paul A.Cartledge :
Sparta and Lakonia : A Regional History 1300-362 BC, Routledge, 2001.
The Spartans : The world of the warrior-heroes of ancient Greece, from utopia to crisis and collapse, Overlook Press, Woodstock, New York, Janvier 2003.
Ronald Cohn et Jesse Russell :
Battle of Nemea, VSD, Indigo.ca, Janvier 2012.
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Thomas James Dunbabin et Antony J.S.Spawforth :
Nemea, Oxford University Press, Oxford, 2001.
Nic Fields :
The Spartan way, Pen and Sword, Havertown, 2013.
John V.A.Fine et Rogers D.Spotswood :
The ancient Greeks : A critical history, Belknap Press of Harvard University Press, Cambridge, 1983.
John Francis Lazenby :
The Spartan army, Aris & Phillips, Warminster, 1985.
Nemea, battle of (394 bc), Oxford University Press, Oxford, 1992.

 

 

     Deuxième  bataille  de  Coronée 

394

 

Présentation

 
   La deuxième bataille de Coronée (ou Coronea ou Koutoumoulas ou Naumachia tēs Koroneia, en Grec : Ναυμαχία της Κορώνειας) fut une bataille au cour de la Guerre de Corinthe (395-386), qui se déroula en 394 av.J.C. (Pour certains spécialistes, fin Août). Elle eut lieu près de la ville de Coronée (ou Koroneia ou Coronea), cité de Béotie, située au pied du mont Hélicon (ou Helikồn, en Grec : ‘Eλικών, “la montagne tortueuse“). Elle fut la confrontation entre Sparte et la coalition de Thèbes, Argos et leurs alliés. Elle se déroula peu après la bataille de Cnide et se termina par la victoire des Spartiates dirigés par leur Roi Agésilas II (ou Agesilaos, en Grec : ‘Aγησίλαος Β’, 398-360).
 

Contexte  et  prélude

 
   Du fait de son approche impérialiste, après avoir vaincu Athènes en 404, les Spartiates s’aliénèrent beaucoup d’anciens alliés, qui se virent privés des fruits de la victoire. En particulier, Corinthe et Thèbes qui sont les cités qui s’éloignèrent le plus de Sparte. La Guerre de Corinthe commença en 395 av.J.C lorsque Thèbes, Argos, Corinthe et Athènes, avec en plus le soutien financier des Perses, s’unirent et s’opposèrent à l’intervention Spartiate en Locride et en Phocide. Le Roi de Perses, Artaxerxès II Mnémon (404-359) désireux de se débarrasser de son ex alliée Sparte, soutint cette coalition avec de l’or et une nouvelle flotte. Au début de la guerre, un des Rois de Sparte Agésilas II (ou Agesilaos, en Grec : ‘Aγησίλαος Β’, 398-360) était en Ionie, en campagne contre les Perses. Lorsque les hostilités commencèrent, il fut rappelé avec ses forces et débuta un retour terrestre à travers la Thrace et la Grèce centrale vers le Péloponnèse.
 

  L’adversaire le plus puissant de la coalition était la ville de Thèbes, c’est la raison pour laquelle les Spartiates cherchèrent à prendre l’initiative et se saisir de la Béotie. Cependant, ils subirent une défaite à la bataille d’Haliarte. De ce fait, en 394, les deux côtés recherchaient toujours une idée pour faire la différence. Les États membres de la coalition voulaient avec une grande armée envahir le Péloponnèse, le cœur de Sparte et avancer en Laconie.
 
   Les Spartiates, voulaient eux arrêter cette avance vers Corinthe et avec les troupes du Roi Agésilas II ouvrir en Grèce centrale un deuxième front contre Thèbes, tandis que leur flotte devait empêcher la prise de Rhodes et de de Chypre par la flotte Perse qui sillonnait la mer Egée. La première partie de leur plan fut réalisé avec leur victoire sur la coalition d’Argos, Athènes, Corinthe et Thèbes à la bataille de Némée.
 
   Lorsqu’Agésilas II arriva en Béotie par la Macédoine et la Thessalie, une éclipse eut lieu, de sorte qu’il est aujourd’hui donné comme date le 14 Août 394. Cependant, dans le même temps, il apprit de la défaite complète de sa flotte, sous le commandement de l’Amiral (ou Navarque) Pisandre (ou Pisandros, en Grec : Πείσανδρος, † 394), à la bataille de Cnide. Il cacha ce message à ses troupes, et surtout à ses contingents Ioniens, afin de ne pas les perturber. Les troupes de l’alliance avaient accouru à la nouvelle de l’approche d’Agésilas II pour aider les Thébains basée à Coronée au pied du mont Hélicon (ou Helikồn, en Grec : ‘Eλικών, “la montagne tortueuse“) qui protégeaient la route menant à leur ville.

  Les Spartiates et leurs alliés étaient environ 15.000 hommes. Les hoplites Lacédémoniens représentaient environ la moitié des forces et ils étaient, augmentés par une troupe de Néodamodes (ou Neodamốdeis, en Grec : νεοδαμώδεις, Hilotes affranchis à la suite de leur service comme hoplites dans l’armée Lacédémonienne). Il y avaient aussi des contingents de mercenaires d’Ionie, d’Éolide, de villes de l’Hellespont, et des combattants d’Orchomène de Béotie et de Phocide qui comme les Spartiates étaient des soldats professionnels. En face d’eux, dans la plaine, au pied du mont Hélicon, l’armée en opposition était composée d’environ 20.000 hommes. Des hoplites Thébains, Athéniens, Argiens et Corinthiens, des Locriens et des habitants de l’île d’Eubée. Les deux parties avaient des cavaleries à peu près aussi fortes, mais les Spartiates possédaient plus de peltastes.
 
   Avant la bataille, quelques-uns des soldats d’Agésilas II avaient été perturbés par l’éclipse, gage à cette époque de mauvais présage. Mais le Roi avait remotivé ses troupes en leur rappelant leur victoire peu avant à la bataille de Némée. De plus il leur mentit en disant que Pisandre (ou Pisandros) avait été tué, mais dans une victoire sur la flotte Perse, alors qu’en fait la défaite fut écrasante. Ces assurances, cependant, soutinrent le moral de son armée avant d’entrer dans la bataille. Au sein de la coalition, la défaite à Némée pesait lourdement sur les Argiens et les Corinthiens. Les Athéniens eux était familiers des hauts et des bas dans des précédentes guerres longues et désastreuses contre Sparte, et il avaient en plus la hantise que les Perses changent de camp, ce qui ne les encourageaient pas. Seuls les Béotiens semblaient confiants d’une victoire ultime.

 

Le déroulement

 
   La formation de combat des deux parties ressemblait à celle habituellement utilisée. Les contingents les plus forts occupaient les ailes droites. Les Spartiates pour les Péloponnésiens, les Thébains pour la coalition. Le Roi de Sparte Agésilas II (ou Agesilaos, en Grec : ‘Aγησίλαος Β’, 398-360) commandait lui-même ses hoplites sur le flanc droit de son armée. À côté des Spartiates, se trouvaient les Grecs Asiatiques, puis venaient les Phocidiens et les combattants d’Orchomène de Béotie sur le flanc gauche. Les deux armées progressaient dans un silence total, mais tout à coup, à environ 200 mètres l’une de l’autre, les Thébains sur leur aile crièrent leur cri de guerre et foncèrent sur les combattants d’Orchomène. À environ 100 mètres, les vétérans Spartiates, commandés par Herippidas, et les Grecs Asiatiques chargèrent les troupes opposées à eux dans la course qu’ils mirent rapidement en déroute. Les Argiens, face à l’arrivée d’Agésilas II et ses hommes, n’attendirent même pas le contact et prirent également la fuite vers le mont Hélicon (ou Helikồn).
 

   Au centre, les peltastes Asiatiques Péloponnésiens prirent d’assaut les troupes de la coalition qui selon Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355), ont pris la fuite lorsqu’ils ont vu arriver sur eux les hoplites qui les accompagnaient avec leur longues lances. À ce moment, des nouvelles du déroulement de la bataille de l’autre côté arrivèrent, les Thébains avaient brisé les rangs des combattants d’Orchomène et avaient déjà commencé à s’emparer d’un butin qu’ils étaient en train de charger sur des chariots.
 
   Dès qu’il vit cela, Agésilas II fit faire demi-tour aux phalanges avec lui et se porta à leur secours contre les Thébains. Ce fut à ce moment que ces derniers se rendirent compte qu’ils étaient seuls car leurs alliés avaient pris la fuite vers le mon Hélicon (ou Helikồn). Ils prirent alors la décision désespéré de briser leurs lignes avant l’arrivée d’Agésilas II pour rejoindre le reste de leur armée. Le Roi décida de s’y opposer et il positionna ses phalanges directement sur leur route au lieu de les prendre à revers ou sur les flancs, décision, qui peut avoir été influencée par son animosité de longue date envers Thèbes.

   S’en suivit évidemment un bain de sang pour les malheureux Thébains, un des pire massacre dans l’histoire des batailles d’hoplites. Xénophon décrivit ce moment dans le détail. En fin de compte, quelques Thébains réussirent à gagner la protection du mont Hélicon (ou Helikồn), mais, selon les mots de Xénophon : “beaucoup d’autres furent tués en chemin“. Plus de 600 hommes auraient ainsi perdu la vie. Toutefois, alors qu’Agésilas II avait été blessé dans la bataille et emporté en dehors de sa phalange, sa cavalerie accourut et l’informa que 80 Béotiens avaient trouvé refuge dans un temple voisin.
 
   Les Péloponnésiens avaient à se plaindre aussi de pertes importantes, alors le Roi décida qu’il y avait eu assez de mort et il ordonna qu’ils soient épargnés et autorisés à aller où ils le souhaitaient. Le lendemain matin, Agésilas II ordonna aux Polémarque Gylis (ou Gyllis ou Gylus) de rompre l’ordre de bataille et donna des récompenses à ses soldats pour leur bravoure. Bien que les Péloponnésiens aient gagné la bataille, l’objectif stratégique, la destruction de la coalition adverse, ne fut pas atteint.

 
   Les troupes Athéniennes, Corinthiennes, Locriennes et Eubéennes ayant quitté rapidement le champ de bataille ne souffraient que de peu de perte. Le poids de la défaite était surtout assumé par les Thébains. Agésilas II reçut une de leur délégation et leur permit de recueillir leurs morts. Cependant, les Péloponnésiens après plusieurs raids en Phocide et de Locride étaient épuisés par les dernières batailles et ils leur étaient très difficile de maintenir leur position dans la région. L’armée Spartiate se retira alors de Béotie à travers le golfe de Corinthe et regagna le Péloponnèse.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
John Buckler et Hans Beck :
Central Greece and the politics of power in the fourth century BC, Cambridge University Press, Cambridge, New York, 2008.
Paul A.Cartledge :
Sparta and Lakonia : A Regional History 1300-362 BC, Routledge, 2001.
The Spartans : The world of the warrior-heroes of ancient Greece, from utopia to crisis and collapse, Overlook Press, Woodstock, New York, Janvier 2003.
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Nancy H.Demand :
Thebes in the fifth century : Heracles resurgent, Routledge & Kegan Paul, Londres, Boston, 1982.
Nic Fields :
The Spartan way, Pen and Sword, Havertown, 2013.
John V.A.Fine et Rogers D.Spotswood :
The ancient Greeks : A critical history, Belknap Press of Harvard University Press, Cambridge, 1983.
John Francis Lazenby :
The Spartan army, Aris & Phillips, Warminster, 1985. 

 

 

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