Cavalerie lourde Achéménide
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Présentation
La bataille de Counaxa (ou Cunaxa ou Kounaxa, en Persan :
نبرد کوناکسا Kvnaksa, en
Grec : Κούναξα)
se déroula le 3 Septembre 401 av.J.C. Ce fut une confrontation entre
Cyrus le Jeune (En Grec :
Κũρος Kyros, en Persan : Kurach ou Kuruš ou Kūruš, v.424-401) et son armée hétéroclite de mercenaires
Grecs et Asiatiques contre son frère ainé Arsace qui s’était emparé en 404
du trône Perse sous le nom
d’Artaxerxès II Mnémon
(ou Arsace ou Artaserse ou Artajerje, en Persan : Artaxšaçrā ou Ŗtachschaçā
ou Ardaschīr, en Grec : Artaxerxês
Αρταξέρξης Β’, 404-359).
Elle se déroula à Counaxa sur la rive gauche de l’Euphrate, à environ 70 km au Nord de
Babylone.
La source principale de cette bataille est un témoin soldat Grec,
Xénophon (Philosophe,
historien et maître de guerre
Grec, v.430-v.355).
Le contexte
Cyrus le Jeune
fut un Prince
Achéménide. Il fut le fils de
Darius II (423-404) et de la Reine
Parysatis. En 408, après des soulèvements en
Asie Mineure il fut envoyé par son père comme commandant des armées
Perses et
Satrape de Lydie, de
Phrygie et de
Cappadoce. Il donna un soutien
important à Sparte, au détriment
d’Athènes, espérant obtenir son aide pour prendre
le pouvoir sur son frère Artaxerxès II Mnemon. Il fut
encouragé dans cette action par sa mère qui le préféra toujours à son frère. En 405,
Darius II tomba malade et la mère de
Cyrus,
l’appela pour qu’il revienne à Suse avec l’espérance qu’elle
obtiendrait du Roi qu’il le nommât son successeur au trône. Mais
Darius II déclara son fils aîné Roi, sous le nom d’Artaxerxès II et
laissa à
Cyrus le gouvernement de la Lydie et des provinces maritimes de
l’Empire, avec les titres de Satrape et de Général.
Cyrus poussé par sa mère, se rebella.
Son père décédé, l’ambitieux Cyrus
tenta d’assassiner son frère Artaxerxès II,
le jour de son couronnement. Tissapherne
(Satrape de
Carie, v.413-395)
dénonça à temps les plans de Cyrus
contre son frère et celui-ci fut arrêté. Cependant grâce à l’intermédiaire de sa mère, il fut gracié et renvoyé dans sa
satrapie de
Lydie.
Cyrus ne souhaitait pas en rester
là et il conspira de nouveau pour renverser son frère. Sous couvert d’une querelle avec
Tissapherne sur les villes
Ioniennes et d’une expédition
contre les Pisidiens, une tribu montagnarde
du Taurus qui n’obéit jamais à l’Empire, il leva une importante armée. Le gouvernement
Spartiate lui donna tout le
soutien possible dans son opération, mais sans entrer en guerre ouverte contre le Roi
Perse.
Cléarque (ou Clearchus, Général
Spartiate), condamné à mort en raison de crimes atroces qu’il avait commis
en tant que Gouverneur de Byzance, gagna la Chersonèse de Thrace et rassembla
une armée de mercenaires qui se joignit à
Cyrus.
Dans le même temps, en
Thessalie,
Ménon de Pharsale, chef d’un parti qui était lié à
Sparte, monta une autre armée et enfin toujours à cette époque,
Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre
Athénien, v.430-v.355) réunit lui aussi une troupe de mercenaires composée
de soldats indigènes Perses,
mais aussi un grand nombre de Grecs, qu’il considérait comme des
combattants de qualité supérieure et se joignit à eux.
Au printemps 401, Cyrus unis ses propres forces à toutes ces aides,
soit une armée hétéroclite de mercenaires Grecs et Asiatiques commandée par
Cléarque et
il quitta la capitale Lydienne,
Sardes pour attaquer son frère. Bien que prévenu au dernier moment par
Tissapherne,
Artaxerxès II rassembla tout de même lui aussi une armée en toute hâte. En
Septembre de la même année ses troupes allaient rencontrer celles de
Cyrus à Counaxa (ou Cunaxa ou Kounaxa) au Nord de Babylone.
Le prélude
Cyrus le Jeune
rassembla une armée de mercenaires Grecs
qui allait rencontrer Artaxerxès II Mnémon
à Counaxa. Les chiffres selon les sources sont très différents. On retient en général qu’elle était composée de 10.400
hoplites et 2.500 hommes d’infanterie légère et peltastes qu’il plaça sous
le commandement du Général Spartiate
Cléarque
(ou Clearchus).
Il avait aussi une autre grande force de soldats Perses,
des troupes sous le commandement de son second Ariaeus (Général
Perse, 401-394), dont 1.000 cavaliers Paphlagoniens ;
600 gardes du corps de cavalerie et 20 chars à faux. Selon Xénophon (Philosophe,
historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355),
la force totale était de 100.000 hommes.
La bataille de Counaxa par Adrien Guignet (1816-1854) – Bouzeghaia (Chassériau)
– Musée du Louvre |
De son côté, l’armée Achéménide
de son frère était entre 40.000 et 50.000 hommes. Lorsque Cyrus appris
qu’Artaxerxès II, approchait avec son armée,
il mit la sienne en ordre de bataille. Il plaça les mercenaires
Grecs sur son aile droite, près de la rivière.
Ceux-ci étaient renforcés par la cavalerie, comme cela était la tradition de l’ordre de bataille à cette époque.
Pour les Grecs, c’était la place d’honneur.
Cyrus lui-même, avec 600 gardes du corps
se trouvait au centre, à gauche des mercenaires Grecs,
l’endroit où les monarques Perses
traditionnellement se plaçaient dans une bataille. Ses troupes asiatiques étaient sur le flanc gauche.
Inversement, Artaxerxès II positionna
son aile gauche sur la rivière, avec aussi une unité de cavalerie de soutien. Lui se trouvait au centre de ses lignes avec 6.000 cavaliers
Perses qui étaient de loin supérieur à tous ceux que
Cyrus ou les
Grecs pouvaient aligner sur un champ de bataille.
Ce qui fait que sa ligne était beaucoup plus longue que celle de l’aile gauche de
Cyrus. Ce dernier ordonna alors à
Cléarque (ou Clearchus), le chef des
Grecs qui commandait la phalange stationnée sur la droite,
de se déplacer dans le centre pour aller au contact d’Artaxerxès II.
Cependant, Cléarque (ou Clearchus), refusa de le faire, par crainte
de dégarnir son flanc droit et, selon Xénophon,
il promit à Cyrus,
qu’il “veillerait à ce que tout aille bien“.
Cyrus voulait le placer au centre car les
Grecs étaient son unité la plus capable, et étaient donc plus
en mesure de vaincre la cavalerie d’élite Perse de son frère
et dans le même temps, si possible, le tuer. Le fait que Cléarque
(ou Clearchus), n’obéisse pas à cet ordre est un signe du niveau de contrôle que
Cyrus avait sur son armée, comme d’autres faits, à d’autres
occasions tout au long de cette campagne avant cette bataille, le révèlent aussi.
Avant le début de l’attaque finale, Xénophon, le rapporteur principal
des événements à Counaxa, qui était sans doute à l’époque une sorte d’agent de liaison,
se rapprocha de Cyrus pour veiller à ce que tous ses ordres
et les dispositions appropriées qu’il commandait soient bien exécutés. Ce dernier lui dit que les sacrifices qui, traditionnellement,
étaient faits avant une bataille, lui promettaient le succès.
Le déroulement
Les
Grecs, se déployèrent sur l’aile droite de
Cyrus, mais infériorité numérique, pour charger le flanc gauche
d’Artaxerxès II, qui rompit les rangs et fuit.
Cependant, sur l’aile droite des Perses le combat contre l’armée de
Cyrus fut beaucoup plus long et difficile.
Cyrus, personnellement, chargea les gardes du corps de son frère,
mais il fut tué par un javelot, envoyé par un soldat battant en retraite.
L’homme qui lança le javelot est connu sous le nom de Mithridate, il sera plus tard exécuté parce qu’il tenta de tuer
Artaxerxès II.
Seuls les mercenaires Grecs, qui n’avaient pas connaissance de la
mort de Cyrus et étaient lourdement armés, restèrent à combattre.
Cléarque (ou Clearchus) avança contre l’aile droite de l’armée
d’Artaxerxès II.
Pendant ce temps, les troupes de ce dernier prirent le camp
Grecs et détruisirent leurs approvisionnements alimentaires.
Selon Xénophon les troupes
Grecques réussirent à tenir une opposition à deux reprises,
mais finir par s’éparpiller. De plus lorsqu’ils apprirent que Cyrus
était mort ils se rendirent compte que l’expédition était un échec. Ils décidèrent alors de rentrer chez eux. Les troupes
Perses, au lieu d’attaquer les
Grecs par l’intermédiaire d’un assaut directe, les entraînèrent dans
un piège en les amenant au centre du pays, au-delà du Tigre, puis frappèrent par la ruse et
Cléarque (ou Clearchus) fut capturé. Ils étaient au milieu d’un
très grand Empire sans nourriture et sans alliés fiables. Ils offrirent alors leurs services à Ariaeus
(Général Perse, 401-394), le second de
Cyrus, lui promettant de l’aider à monter sur le trône.
Mais ce dernier refusa au motif qu’il n’était pas de sang royal et ainsi ne serait pas en mesure de trouver suffisamment de soutien chez les
Perses pour réussir.
Les mercenaires Grecs entamèrent alors
des négociations avec Tissapherne
(Satrape de
Carie, v.413-395) pour être graciés.
Tissapherne s’engagea à ce qu’ils
rentrent chez eux et à les ramener vers la Grèce.
Il leur fournit de la nourriture et, après une longue attente, il les laissa partir vers le Nord pour rentrer et dans le même temps il rappela Ariaeus et ses troupes légères. Avant leur départ
Tissapherne invita les officiers
Grecs à une fête et ceux-ci acceptèrent l’invitation.
Là, il les fit prisonniers et fit assassiner Cléarque
(Certaines sources disent décapité) avec de nombreux officiers de son état-major.
Il s’agissait d’un plan solide et intelligent de la part des Perses,
mais les Grecs réussissent à forcer le passage
et à s’enfuir. En 400, Xénophon
fut alors élu commandant de l’arrière-garde de l’armée de mercenaires, qui se retrouva seule à marcher vers le Nord sur les plaines entre le Tigre et l’Euphrate.
Il conduisit la retraite des 13.600 Grecs
restants, connue sous le nom célèbre de "retraite des Dix Mille".
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
Joan M.Bigwood :
– The ancient accounts of the battle of Cunaxa, pp : 340-357, The American Journal of Philology 104, N°4, 1983.
Pierre Briant :
– Histoire de l’Empire Perse : De Cyrus à Alexandre, Editions Fayard, Paris, 1996 – En Anglais, From Cyrus to
Alexander : A history of the Persian empire, Eisenbraun, Winona Lake, 2002.
Georges Cousin :
– Kyros le Jeune en Asie Mineure (Printemps 408-Juillet 401 avant Jésus-Christ), Berger-Levrault, Paris, 1905.
Henry H.Davis
– The battle of Cunaxa, and the death and character of Cyru, John Taylor, London, 1833.
Joseph William Hewitt :
– The second phase of the battle of Cunaxa, pp : 83-93, The Classical Journal 15, N°2, 1919.
Steven W.Hirsch :
– The friendship of the barbarians : Xenophon and the Persian Empire,
Published for Tufts University by University Press of New England, Hanover, 1985.
Otto Lendle :
– Kommentar zu Xenophons Anabasis, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, Darmstadt, 1995.
Marie Charlotte Pancritius :
– Studien über die Schlacht bei Kunaxa, A. Duncker, Berlin, 1906.
Rüdiger Schmitt :
– Cyrus the Younger, pp : 524–526, Encyclopaedia Iranica 6, New York, 1993.
Robin Waterfield et Tim Rood :
– The expedition of Cyrus, de Xenophon, Oxford University Press, Oxford, New York, 2005.
Robin Waterfield :
– Xenophon’s retreat : Greece, Persia and the end of the golden age, Faber and Faber, London, 2006.
Graham Wylie :
– Cunaxa and Xenophon, pp : 119-134, L’Antiquité Classique 61, 1992.
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