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Jéricho

 
   Jéricho (En Hébreu : יְרִיחוֹ  Yériho, en Grec : Iεριχώ, en arabe : أريحا Arīhā) est une ville de Cisjordanie, située sur la rive Ouest du Jourdain. Son nom est dérivé du mot Hébreu qui signifie "lune" et indique que la ville fut l’un des premiers centres de culte des divinités lunaires. Jéricho a été mentionnée pour la première fois dans le Livre des Nombres. Elle est considérée comme une des plus anciennes villes habitées dans le monde et les archéologues ont mis au jour les restes de plus de 20 établissements successifs. La cité à aujourd’hui une population d’environ 25.000 habitants. Jéricho a été décrite comme la "ville des palmiers" où d’abondantes sources d’eau tiède et d’eau froide jaillissent et donnent lieu à la culture de citrons, d’oranges, de bananes, de plantes oléagineuses, de melons, de figues et de raisins. La culture de la canne à sucre a été amenée par les croisés. Jéricho est la ville la plus basse du monde avec une altitude proche de moins 240 m. Dans le Nouveau Testament, Jésus-Christ guérit deux aveugles à Jéricho (Matthieu 20).
 

L’histoire…….


 

Vue du site de Jéricho

 
   Jéricho est considérée comme une des plus anciennes villes habitées dans le monde. Les premières traces remontent à 10000/9000 av.J.C, à une période où le niveau de la mer Morte était beaucoup plus élevé qu’aujourd’hui. Des habitations sédentaires ont émergé, que les archéologues ont appelé “Néolithique précéramique A” (en abrégé PPNA). Les villages PPNA sont caractérisés par de petites habitations circulaires, avec des sépultures pour les morts dans les étages des bâtiments. On note aussi une extension de la culture des céréales sauvages ou domestiques, et aucune utilisation de la poterie. À Jéricho, les habitations circulaires furent construites de briques d’argile et de paille séchées au soleil, qui furent assemblées avec un mortier de boue. Chaque maison mesurait environ cinq mètres de diamètre. Des foyers étaient situés à l’intérieur et à l’extérieur des maisons.
 
   Vers 9400 av.J.C, les spécialistes pensent que la ville avait plus de 70 habitations. Ce qui est étonnant c’est que cette bourgade se dota dès le début d’un mur de protection de pierre massive sur 3,60 m. de hauteur et 1,80 m. de large à la base. À l’intérieur de ce mur se trouvait une tour plus de 3,80 m. de hauteur, contenant un escalier intérieur avec 22 marches de pierre. Le mur et la tour n’ont pas de précédent connu dans la culture humaine. On ne sait pas s’il fut construit comme moyen de défense, ou contre les inondations avec la tour utilisée à des fins cérémonielles. Après quelques siècles, la première colonie fut abandonnée.
 
   Une deuxième s’établie vers 6800 av.J.C. Certains spécialistes pensent qu’elle fut le résultat d’un peuple d’invasion qui absorba les habitants de leur culture dominante. Les artefacts trouvés, datant de cette période, comprennent dix crânes humains en plâtre, peints de manière à reconstituer les caractéristiques des individus. Selon David Noel Freedman, ils représentent le premier exemple de portrait dans l’histoire de l’art et il pense qu’ils étaient gardés dans les maisons des défunts tandis que leur corps était enterré. Une succession de colonies suivit à partir de 4500 av.J.C. La plus importante construite fut vers 2600 av.J.C. À l’âge du bronze, des preuves archéologiques indiquent que, dans la deuxième moitié (MBE, vers 1700 av.J.C), la ville connut une certaine prospérité, ses murs ayant été renforcés et élargis. La période MBE et l’histoire sur les siècles suivants, ont engendré une controverse en raison de leur importance dans le récit biblique de la conquête de la “Terre Promise” par les Israélites, au cours de laquelle les murs de la cité sont censés s’être effondrés, permettant aux Israélites, dirigés par Josué (Fils de Nun, de la tribu d’Éphraïm et successeur de Moïse, d’entrer dans la ville.


 

Autre vue du site

 
   La cité fut, selon le récit biblique, vers 1250, la première ville du pays de Canaan conquise par Josué et les Hébreux. Le livre de Josué relate la prise de Jéricho et comment, le septième jour après l’arrivée des Hébreux, les murailles de la ville s’effondrèrent par la simple volonté divine après le défilé sept fois autour de la cité, pendant sept jours, de l’arche d’alliance et de sept Prêtres sonnant sept chofars (Sorte de trompettes). Lors de cette guerre Jéricho fut rasée intégralement et la ville et son butin furent alors maudits. Josué aurait déclaré : "Maudit soit devant l’Éternel l’homme qui se lèvera pour rebâtir la ville de Jéricho… Il en posera les portes au prix de son plus jeune fils". John Garstang, qui fouilla le site dans les années 1930, annonça qu’il avait trouvé des murs tombés datant de l’époque où la Bible situe la bataille de Jéricho.
 
   Cependant, quelques temps plus tard, il révisa ses propos et plaça chronologiquement la destruction à une période beaucoup plus tôt. L’archéologie jusqu’en 1960 tendait à prouver que le récit Biblique était juste, cependant l’amélioration et la sophistication de plus en plus grande des techniques d’analyse de datation ont progressivement mis le doute sur la réalité historique du récit. Un des plus grands spécialistes le remettant en cause est l’archéologue Pierre de Miroschedji qui est Directeur de Recherche au CNRS et Directeur du Centre de Recherche Français de Jérusalem. Les fouilles et datations donnent désormais une image précise de la situation sur le terrain. Kathleen Mary Kenyon, se basant sur les celles de 1952-1956, date la destruction de la ville fortifiée au milieu du XVIe siècle, trop tôt donc pour correspondre à l’histoire biblique (En se basant sur les dates traditionnelles). Elle fut cependant contestée par Bryant G.Wood, en 1990, en grande partie sur l’argument que Kenyon avait mal interprété la preuve en céramique qu’elle possédait. Enfin, en 1995, Hendrik J.Bruins et Johannes Van Der Plicht annoncèrent la datation au radiocarbone de la destruction de la ville entre 1617 et 1530 av.J.C, en accord donc avec Kathleen Mary Kenyon.
 
   Après cet épisode, à partir de 1400, Jéricho devint une petite bourgade sans mur d’enceinte et elle fut progressivement abandonnée. Donc, à l’époque où le récit biblique situe sa conquête, vers 1250, la ville était inoccupée depuis 150 ans et était tombée en ruine ?. En fait, les archéologues n’y ont jamais d’ailleurs relevé aucune trace de destruction guerrière. Le récit biblique de sa prise par les Hébreux serait donc une pure invention et ne peut refléter le déroulement d’une réelle bataille. Les spécialistes sont assez unanimes pour dire que l’occupation de la ville fut mineure jusque vers le XIe siècle.
 


 

Fondations de logements découverts au
Tell es-Sultan à Jéricho

  À l’âge du fer, au VIIIe siècle av.J.C, les Assyriens envahirent la région. Ils furent suivit par les Néo-Babyloniens et Jéricho fut dépeuplée entre 586 et 538 av.J.C, la période de l’exil des Juifs à Babylone. Puis ce fut le tour des Perses Achéménides à prendre possession de la région. Cyrus II le Grand (559-529), refonda la ville à environ 1,5 km. au Sud-est de son site historique, au monticule de Tell es-Sultan et y réinstalla les exilés Juifs après avoir conquis Babylone en 539 av.J.C. Jéricho fut l’un des centres administratifs de la province Perses Achéménides de Yehoud Medinata (ou Yahud Medin’ta ou Yahud Medinsa, “La province de Juda“), puis après leur chute, entre 336 et 323 av.J.C, elle fut un domaine privé d’Alexandre le Grand, (336-323) après sa conquête de la région.
 
   Dans le milieu du IIe siècle av.J.C Jéricho tomba sous la dominance de l’Empire Séleucide. La cité fut l’endroit où Bacchides aurait construit un certain nombre de forts pour renforcer les défenses de la zone autour de Jéricho. Bacchides (En Grec : Βακχίδης) était un Général Grec ami du Roi Séleucide, Démétrios I Sôter (162-150). Il régnait dans "le pays au-delà de la rivière" (L’Euphrate). Démétrios I lui aurait envoyé en 161 une grande armée afin de conquérir la Judée.
 
   La ville fut ensuite gouvernée par les Hasmonéens (ou Asmonéen ou Hasmoneans, en Hébreu : חשמונאים, Hashmonaiym), une dynastie qui fut au pouvoir de 140 à 37 av.J.C sur un État Juif autonome dans l’ancien territoire de Juda. La dynastie Hasmonéenne fut créé sous la direction de Simon Maccabée (ou Macchabée ou Maccabaeus), deux décennies après que son frère Judas Maccabée ait vaincu les Séleucides au cours de la révolte armée Maccabéenne en 165, commencée en 167. Ce statut restera ainsi jusqu’à l’arrivé des Romains. Les premiers développements importants de Jéricho semblent dater du règne du Grand Prêtre et Ethnarque de Judée, Jean Hyrcan I (134-104) qui entreprit la construction d’un long canal afin de détourner l’eau du Ouadi Qelt (ou Wadi al-Qult) vers la ville. Il fit de la cité un domaine royal et construisit la première phase d’un palais d’hiver. Jean Hyrcan I était Roi et Grand Prêtre de Juda (Judée) et Ethnarque de Juda. Il fut le fils et successeur du Grand Prêtre et Ethnarque Simon Maccabée (142-135). Il dut d’abord reconnaître la souveraineté du Roi Séleucide, Antiochos VII Évergète Sidêtês (138-129) puis, après 129, se révolta.
 
   Plus tard, au cours de son règne, Hérode le Grand (Tétrarque de Judée 41-40, Roi de Judée 40-37 et Roi d’Israël 37-4) y construisit trois palais indépendants sur le même site, qui finalement fonctionnèrent comme un seul. Ils furent utilisés jusque vers la fin du IVe siècle ap.J.C par des descendants de la famille Hasmonéenne. L’un des forts, construit par Bacchides à l’entrée de Ouadi Qelt (ou Wadi al-Qult) fut fortifié de nouveau par Hérode le Grand, qui le nomma Cypros (ou Kypros) d’après le nom de sa mère. Ce fut à Jéricho, comme le raconte l’historien Romain Flavius Josèphe (ou Titus Flavius Josephus ou Josèphe ben Mattathias, 37-100), qu’Aristobule III de Judée (ou Aristobulus, né en 53, mort en 35 av.J.C, Grand Prêtre des Juifs, en 36/35 av.J.C) fut noyé sur l’ordre d’Hérode. Il était le frère de Mariamne I, l’épouse d’Hérode le Grand. Sa mère Alexandra l’Hasmonéenne (63-28), par l’intercession de la Reine d’Égypte Cléopâtre VII Théa Philopator (51-30 av.J.C) et du Romain Marc Antoine (83-30 av.J.C), avait contraint Hérode le Grand à retirer Hérode Hananel de la fonction de Grand Prêtre et de nommer Aristobule III à sa place. Pour s’assurer contre le danger que pouvait représenter Aristobule III, Hérode mit en place un réseau d’espionnage contre Aristobule III et sa mère. Cette surveillance fut si lourde que la mère et le fils cherchèrent à obtenir leur liberté en se réfugiant près de Cléopâtre VII. Leur plan fut déjoué et sa divulgation eut pour effet d’accroître les soupçons d’Hérode contre eux. Comme il n’osait pas recourir directement à la violence, il le fit noyer lors d’une baignade à Jéricho.
 


 

Vestiges du palais d’Hérode le Grand
Photo avant retouches : wikipedia.org

   En 33, Jéricho fut prise à Hérode le Grand et transférée en cadeau par Marc Antoine, au contrôle de la Reine Cléopâtre VII. Après leur suicide conjoint en 30 av.J.C, Octave (Futur Empereur Auguste, 27 av.J.C-14 ap.J.C) prit le contrôle de l’Empire Romain et accorda de nouveau à Hérode un pouvoir absolu sur Jéricho. Ce dernier reprit les travaux d’embellissement de la cité et supervisa la construction d’un hippodrome, d’un théâtre pour divertir ses invités et de nouveaux aqueducs pour irriguer la zone où se trouvait son palais d’hiver (Construit sur le site d’al-Tulul Alaiq). La ville, depuis la construction de ses palais, fonctionnait non seulement comme un centre agricole et comme un carrefour de routes commerciales, mais aussi comme un refuge d’hiver de l’aristocratie de Jérusalem. La Bible affirme que Jésus Christ traversa Jéricho où il guérit deux aveugles et convertit un percepteur local nommé Zachée (Matthieu 20). Hérode fut succédé en Judée par son fils, Hérode Archélaos (Ethnarque de Judée et de Samarie et de l’Édom (ou Idumée), 4 av.J.C-6 ap.J.C.) qui construisit un village voisin de Jéricho, dont le nom Archélaïs fut issus du sien, pour loger les travailleurs de sa plantation de dattiers.
 
   Au premier siècle Jéricho fut décrite par Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C). Les tombes rupestres du cimetière de l’époque d’Hérode et des Hasmonéens dans la partie la plus basse de la falaise entre Nuseib al-Aweishireh et Jebel Quruntul à Jéricho furent utilisés entre 100 av.J.C et 68 ap.J.C. Après la chute de Jérusalem face aux armées de l’Empereur Romain Vespasien (69-79) dans la grande révolte de la Judée de 70 ap.J.C, Jéricho déclina rapidement, et vers 100 ap.J.C, elle ne fut plus qu’une petite ville de garnison Romaine. Un fort fut construit en 130 et joua un rôle en 133 dans la répression de la révolte de Shimon Bar-Kokheba (ou bar Kokhba ou bar Kochba ou Bar-Kokhva, en Hébreu : בר כוכבא), après la décision de l’Empereur Hadrien (117-138) de faire de Jérusalem une colonie Romaine et de faire construire un temple dédié à Jupiter sur l’emplacement du temple de Jérusalem (détruit en 70 par Titus). Jéricho est cité par un Chrétien pèlerin en 333. Peu de temps après l’agglomération de la ville fut abandonnée. Elle fut reconstruite, à environs 1,5 km. à l’époque Byzantine et le Christianisme s’y implanta. Un certain nombre de monastères et d’églises furent construits, y compris St George de Koziba en 340 et une église en forme de dôme dédiée à Saint Elisée (ou Saint Eliseus). Au moins deux synagogues furent également construites au VIe siècle. Les monastères furent abandonnés après l’invasion Perse de 614.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
 
Edward Bacon :
The great archaeologists, Bobbs-Merrill, Indianapolis, 1976.
John R.Bartlett :
Jericho, Lutterworth Press, Surrey, Guildford, 1982.
Hendrik J.Bruins et Johannes Van Der Plicht :
Tell es-Sultan (Jericho): Radiocarbon results of short-lived cereal and multiyear charcoal samples from the end of the Middle Bronze Age, pp : 213–220, Radiocarbon 37, 1995.
Israel Finkelstein et Neil Asher Silberman :
Keine posaunen vor Jericho. Die archäologische wahrheit über die Bibel, Beck, München, 2006.
David Noel Freedman, Allen C.Myers et Astrid Biles Beck :
Eerdmans dictionary of the Bible, W.B. Eerdmans, Grand Rapids, 2000.
John Garstang :
The story of Jericho, Hodder & Stoughton, Janvier 1940.
Charles Gates :
Ancient cities : The archaeology of urban life in the Ancient near east and Egypt, Greece and Rome, Routledge, London, New York, 2003.
Dirk Husemann :
– Tell Brak – Die älteste stadt der welt, pp : 74, Bild der Wissenschaft, Heft 10, Deutsche Verlags-Anstalt, Stuttgart, 2012.
Kathleen Mary Kenyon :
Digging up Jericho, the results of the Jericho excavations, 1952-1956, Ernest Benn, Londres, 1957 – Praeger, New York, 1957.
Excavations at Jericho. Bd. 3. The architecture and stratigraphy of the Tell, British School of Archaeology in Jerusalem, London, 1981.
Excavations at Jericho. Bd. 5. The pottery phases of the tell and other finds, British School of Archaeology in Jerusalem, London, 1983.
Nicolò Marchetti et Lorenzo Nigro :
Scavi a Gerico, 1997 : Relazione preliminare sulla prima campagna di scavi e prospezioni archeologiche a Tell es-Sultan, Palestina, Università di Roma “La Sapienza”, Rome, 1998.
Mordecai Schreiber :
The shengold Jewish encyclopedia, Shengold Books, Rockville, 1998.
Ernst Sellin et Carl Watzinger :
Jericho, J.C. Hinrichs, Leipzig, 1913.
Louis Speleers :
Jéricho, musées royaux d’art et d’histoire, v. 6, Brussels, 1934.
Hamdān Tāhā et Ali H Qleibo :
Jericho : A living history : Ten thousand years of civilization, Palestinian Ministry of Tourism and Antiquities, Ramallah, 2012.
Bryant G.Wood :
Did the Israelites conquer Jericho ?, pp : 44–59, Biblical Archaeology Review 16 (2), 1990.

 

 

Massada

  


 

Vue de la forteresse de Massada

   Massada (ou Masada) est une romanisation de l’Hébreu : מצדה   Mitzada et de מצודה  Mitzuda "forteresse". C’est le nom d’une ancienne cité forteresse dont le site laisse apercevoir plusieurs anciens palais et des fortifications perchés sur un socle de granite. Elle se situe dans le district Sud d’Israël au-dessus d’un plateau rocheux isolé, sur l’extrémité orientale du désert de Judée et surplombe la mer Morte.
 
   Les falaises du côté Est qui surplombent la mer, sont hautes d’environ 450 m. Celles à l’Ouest font environ 100 m. de hauteur. L’accès au sommet du piton est très délicat. Trois chemins, étroits et sinueux, menaient aux portes fortifiées. Le sommet du plateau, de forme triangulaire de près de 18 hectares, est plat. Il est protégé par un rempart de 1.400 m. de long et d’une épaisseur de 4 m. flanqué de nombreuses tours.
 
   La forteresse comprenait : Des palais, des bâtiments de casernement avec une armurerie, des entrepôts et des citernes qui étaient alimentées par l’eau de pluie. Massada devint célèbre après la première guerre Judéo-romaine, qui est également connue sous le nom de la Grande Révolte Juive, quand un siège de la forteresse par les troupes de l’Empire Romain conduisit à un suicide collectif des Juifs résidants sur le site lorsque la défaite fut imminente. Aujourd’hui, Massada est une destination touristique très populaire.

 


 

Autre vue du site

L’histoire…….

 
   À l’origine, Massada était une simple garnison fortifiée par les premiers Princes Hasmonéens (ou Asmonéens). Presque toutes les informations historiques sur cette forteresse proviennent de l’historien Juif de langue Grecque Flavius Josèphe (ou Titus Flavius Josephus ou Josèphe ben Mattathias, 37-100). Le site fut fortifié la première fois par Alexandre I Jannée (En Hébreu : Yannaï, en Grec : Jannæus, Roi et Grand Prêtre de Juda (Judée) de 103 à 76 av.J.C.). Par la suite, au cours de son règne, Hérode le Grand (Tétrarque de Judée 41-40, Roi de Judée 40-37 et Roi d’Israël 37-4) fit fortifier Massada pour lui-même, comme un refuge dans le cas d’une révolte. Il aménagea la forteresse en trois vagues successives de travaux, entre 37 et 15 av.J.C.
 
   En 66 ap.J.C, au début de la première guerre Judéo-romaine contre l’Empire Romain, un groupe de rebelles extrémistes Judaïque appelé les Sicaires de Massada prit ce poste de garnison Romain à l’aide d’une ruse. Lors des deux ans qui suivirent les Sicaires de Massada utilisèrent la forteresse comme base pour leurs raids et pillages des territoires Romains. Les travaux et conclusions de Flavius Josèphe sont aujourd’hui contestés. Mais néanmoins, ils sont les seuls enregistrements d’événements qui ont eu lieu pendant le siège. Selon les interprétations modernes de Flavius Josèphe, les Sicaires étaient un groupe extrémiste dissident des Zélotes (ou zélés, Qiniim en Hébreu), groupes qui combattaient le pouvoir Romain les armes à la main pendant la Première guerre Judéo-romaine.  


 

Ruines du plateau de Massada

 
   Ces derniers étaient également opposés à la fois aux Romains, mais aussi aux autres groupes Juifs. Les Zélotes (Selon Flavius Josèphe), contrairement aux Sicaires, portaient le fardeau principal de la rébellion de la Judée (La province Romaine de Iudaea, de son nom latinisée), qui s’opposa à la domination Romaine. Les Sicaires de Massada étaient commandés par Eléazar Ben Ya’ir (Qui est la même personne que Eléazar Ben Simon). En 70, après la destruction du Second Temple de Jérusalem, ils furent rejoints par d’autres Sicaires et leurs familles qui avaient été expulsés de la ville peu avant la destruction de la cité, par la population Juive qui y vivait. Ce qui porta leur effectif à environs 1.000 hommes. En 72, le Gouverneur Romain de Judée (ou Iudaea), Lucius Flavius Silva marcha sur Massada avec la légion Romaine X Fretensis et 6 cohortes auxiliaires, soit environ 8.000 hommes et assiégea la forteresse de Massada.
 
   Après des tentatives ratées de détruire le mur de la forteresse, ils construisirent un mur parallèle d’encerclement, puis une rampe de siège de 100 m. de haut contre la face Ouest du plateau, en utilisant des milliers de tonnes de pierres et de terre battue. Flavius Josèphe ne note pas de tentative par les Sicaires de contre-offensive contre les assiégeants au cours de ces constructions. Il enregistre un raid sur une colonie Juive à proximité d’un lieu appelé Ein-Gedi pendant le siège où les Sicaires auraient tués 700 de ses habitants. Certains historiens pensent également que les Romains ont utilisé des esclaves Juifs pour construire le rempart, dont les Zélotes, les Sicaires ne pouvant se résoudre à tuer les leurs pour empêcher la construction. Selon les observations géologiques de Dan Gill, les investigations géologiques, au début des années 1990, ont confirmé les observations antérieures que la rampe d’accès des Romains atteignait 114 m. de haut en vue d’atteindre les défenses de Massada.


 

Les grands bains au sommet de Massada

 
   Cette découverte devrait apporter des précisions à la fois sur l’ampleur des constructions, mais aussi sur le conflit entre les Sicaires et les Romains. Les Sicaires étaient sûrs que la forteresse était imprenable. Ils possédaient seulement les armes prises à l’ancienne garnison Romaine, des citernes d’eau et beaucoup de vivres. La forteresse avait été conçue pour soutenir un long siège. La rampe fut terminée au printemps 73, après environ deux à trois mois de siège, ce qui permit enfin aux Romains d’attaquer, le 16 Avril, la paroi de la forteresse avec un bélier géant. Les Romains en plus de la légion X Fretensis et 6 cohortes auxiliaires possédaient un certain nombre d’unités auxiliaires et des prisonniers de guerre juifs, totalisant quelques 15.000 hommes de troupes pour écraser la résistance Juive à Massada.
 
   Les murs de la forteresse cédèrent et Selon Flavius Josèphe, lorsqu’après de rudes efforts les Romains réussirent à pénétrer dans la forteresse, ils découvrirent que 936 (on trouve aussi 960 ?) de ses habitants s’étaient suicidés se voyant battus. Ils avaient préférés la mort plutôt que de faire face à l’humiliation, l’esclavagisme ou l’exécution par leurs ennemis. Avant de se tuer ils avaient mis le feu à tous les bâtiments et magasins qui renfermaient les réserves de nourriture.
 
   Flavius Josèphe a écrit deux discours d’agitation que le chef Sicaire avait faits pour convaincre ses camarades de se tuer. Le récit du siège de Massada par l’auteur est lié à deux femmes qui ont survécu au suicide collectif en se cachant dans une citerne avec cinq enfants. Parce que le Judaïsme décourageait vivement le suicide, Flavius Josèphe indiqua que les Sicaires s’étaient tirés et tués les uns contre les autres, jusqu’au dernier homme, qui serait le seul à réellement avoir mis fin sa propre vie. Certains historiens pensent que le suicide collectif serait une invention de Flavius Josèphe. Ils affirment qu’il est peu probable, car les défenseurs n’avaient ni la possibilité ni l’obligation d’unanimité.
 
   Flavius Josèphe dit d’ailleurs qu’Eléazar Ben Ya’ir avait ordonné à ses hommes de détruire tout sauf les denrées alimentaires, ce qui semble plutôt montrer une volonté de vivre. Cependant les fouilles archéologiques ont montré que les magasins qui contenaient les denrées furent brûlés. Flavius Josèphe a également signalé que les Romains avaient trouvé suffisamment d’armes pour équiper 10.000 hommes, ainsi que du fer, du cuivre et du plomb, ce qui jette encore un doute sur le récit. Il existe donc un désaccord entre les historiens quant à la véracité de l’histoire de Flavius Josèphe, qui fonda sans doute sa narration sur les commentaires de terrain des commandants Romains qui lui étaient accessibles. Il y a des divergences significatives entre les découvertes archéologiques et les écrits de l’auteur.
 

Représentation d’un soldat Zélote
Illustration de Stéphane Lagrange

© Spangenhelm Magazine

   Il ne mentionne qu’un seul palais, alors que deux furent excavés et se réfère à un seul feu, tandis que de nombreux bâtiments montrent des dégâts d’incendie. Il affirme que 960 personnes furent tuées, tandis que les restes de seulement 28 corps ont été retrouvés. L’année elle-même du siège pourrait être 74. Il y a également une grande controverse dans les rapports archéologiques. Certains spécialistes pensent après l’étude des documents de travail et des transcriptions qu’il aurait été fourni un faux récit historique de l’héroïsme des Sicaires. Le débat sur tout ça reste ouvert. Massada fut occupée jusqu’au cours de la dernière période Byzantine (Empire Romain d’Orient), et une petite église fut construite sur le site.
 

Archéologie

 
   Le site de Massada fut identifié en 1838 par les Américains Edward Robinson et Eli Smith, et en 1842, le missionnaire Américain Samuel W.Wolcott et le peintre anglais W.Tipping furent les premiers à y accéder. Après avoir visité le site plusieurs fois dans les années 1930 et 1940, Shamaryahu Gutman mena une fouille poussée en 1959. Massada fut largement excavée entre 1963 et 1965 par une expédition menée par l’archéologue Israélien Yadin Yigael. En raison de l’éloignement des habitations actuelles et de son environnement aride, le site est resté en grande partie intact de l’homme ou de la nature pendant deux millénaires. La rampe d’attaque Romaine se trouve toujours sur le côté Ouest et peut être montée sur pied. Beaucoup de bâtiments anciens ont été restaurés à partir de leurs vestiges, comme pour les peintures murales des deux palais principaux d’Hérode le Grand.
 
   Les synagogues, magasins et maisons des rebelles Juifs ont également été identifiés et restaurés. Le mur que les Romains construisirent autour de Massada peut être vu, avec onze casernes pour les soldats, juste à l’extérieur de ce mur. Furent aussi mises au jour des citernes d’eau, aux deux tiers de la hauteur de la falaise, à proximité des oueds qui étaient drainés par un système complexe de canaux, ce qui explique comment les rebelles ont réussi à conserver suffisamment d’eau pour une si longue période.
 
   À l’intérieur de la synagogue, un ostracon portant l’inscription me’aser cohen (dîme pour le Prêtre) a été trouvé, de même que des fragments de deux rouleaux : Une partie du Deutéronome 33-34 et une partie d’Ezekiel 35-38, dissimulés dans des fosses creusées sous le plancher d’une petite chambre construite à l’intérieur de la synagogue. Dans la zone en face du palais du Nord, onze petits ostraca ont été récupérés, portant chacun un nom unique. Il a été suggéré que les noms sont ceux des hommes choisis par tirage au sort pour tuer les autres puis se donner la mort, comme l’a raconté Flavius Josèphe.
 
   Les restes de squelettes de 28 personnes ont été découverts à Massada. Ceux d’un homme de 20/22 ans, une femme de 17/18 ans et d’un enfant âgé d’environ 12 ans ont été mis au jour dans le palais. Les restes de deux hommes et une tête pleine de cheveux, avec des tresses, appartenant à une femme ont également été trouvés dans la maison des bains. Une analyse médico-légale a montré que la femme avait été scalpée avec un instrument tranchant alors qu’elle était encore en vie (Une ancienne coutume pour les femmes capturées) tandis que les tresses ont indiqué qu’elle était mariée. Les rares restes des 24 autres personnes ont été retrouvés dans une grotte à la base de la falaise. Bien qu’au début on ne fut pas sûr de leur appartenance ethnique, l’établissement Rabbinique a conclu qu’ils étaient bien les restes des défenseurs juifs, et en Juillet 1969, ils ont été inhumés en tant que Juifs dans une cérémonie organisée par l’État. La datation au carbone de textiles trouvés avec les restes dans la grotte indiquent qu’ils sont contemporains de la période de la révolte, mais on a également retrouvé des restes d’ossement de porc, cela indiquerait que les squelettes pourraient appartenir à des soldats Romains, non-juifs, ou encore à des civils qui occupèrent le site avant ou après le siège. Selon Shaye Cohen, l’archéologie montre bien que le récit de Flavius Josèphe est “incomplet et inexacte”. Les vestiges d’une église Byzantine datant des Ve et VIe siècles ont également été fouillés sur le sommet de Massada.

  


 
Vue des vestiges de la rampe Romaine

 
Vestiges du camp Romain

 
Ruines du palais Nord

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur Massada voir les ouvrages de :
 
Joseph Aviram :
– Masada : The Yigael Yadin excavations, 1963-1965 : Final reports, Israel Exploration Society : The Hebrew Univ. of Jerusalem, Jerusalem, 1989.
Amnon Ben-Tor :
Back to Masada, Israel Exploration Society, Jerusalem, 2009 – Biblical archaeology Society, cop., Washington, 2009.
Nachman Ben-Yehuda :
– The Masada myth : Collective memory and mythmaking in Israel, University of Wisconsin Press, Madison, 1995.
Charles Gates :
Ancient cities : The archaeology of urban life in the Ancient near east and Egypt, Greece and Rome, Routledge, London, New York, 2003.
Dan Gill :
A natural spur at Masada, pp : 569–570, Nature 364, DOI 10, 1993.
Francis Gilbert :
Le siège de Massada, Revue Prétorien 5, Janvier-Mars 2008.
Mireille Hadas-Lebel :
Massada : Histoire et symbole, A. Michel, Paris, 1995.
Gilah Hurvits :
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