Les grandes batailles de l’antiquité :
Siège d’Érétrie –
Bataille de Marathon
 

Nous avons besoin de vous

 

         Siège  d’Érétrie 490

 

Présentation

 
   Le siège d’Érétrie (En Grec : Πολιορκία της Ερέτριας, en Persan : محاصره ارتریا Artrya) eut lieu en 490 av.J.C., lors de la première invasion Perse de la Grèce. La ville d’Érétrie, une des principales cités de l’île d’Eubée, fut assiégée par une forte armée Perse sous le commandement du Général Mède Datis (En Grec : Δτις) et du Satrape de Lydie, Artapherne (ou Artaphernès ou Artaphernês, neveu de Darius I). La première invasion Perse fut une réponse à la participation des Grecs dans la révolte Ionienne, lorsque les Érétriens et les Athéniens avaient envoyé une force pour soutenir les villes d’Ionie dans leur tentative de renverser la domination du Roi Perse, Darius I le Grand (522-486).
 
   Les forces d’Érétrie et d’Athènes avaient réussi à prendre et brûler la capitale de la satrapie Lydienne, Sardes, mais ensuite elles furent forcées de battre en retraite avec de lourdes pertes. En réponse à ce raid, le Roi Perse, Darius I jura d’avoir sa revanche sur Athènes et Érétrie. Une fois la révolte Ionienne finalement écrasée par la victoire Perse à la bataille de Ladé (été 494), Darius I commença à planifier son attaque contre la Grèce. En 490, il envoya une force navale sous les ordres de Datis et Artapherne en mer Egée pour prendre les Cyclades, et ensuite faire des attaques punitives sur Érétrie et Athènes.
 
   Les Perses atteignirent l’île d’Eubée à la mi-été, après une campagne réussie en mer Egée et de suite ils procédèrent à la mise en place d’un siège d’Érétrie. Le siège dura six jours avant que des nobles de la ville trahissent et se rangent du côté des Perses. La ville fut pillée et la population réduite en esclavage sur les ordres de Darius I. Une grande partie fut déportée en Perse et installée comme colon en Susiane. Après le prise d’Érétrie, la force Perse navigua vers Athènes et accosta dans la baie de Marathon ouvrant sur la célèbre bataille qui allait mettre fin à la première invasion Perse. Pratiquement la seule source sur le siège d’Érétrie nous est parvenue de l’historien Hérodote (Historien Grec, 484-v.425).


 

Modèle reconstruit d’une galère,
utilisée par les Grecs et les Perses

Photo avant retouches : wikipedia.org

 

Le contexte

 
   La première invasion Perse de la Grèce voit ses racines immédiates dans la révolte Ionienne, en fait la première phase des Guerres Médiques (499-479). Cependant, elle fut aussi le résultat de l’interaction à long terme entre les Grecs et les Perses. En 500 av.J.C, l’Empire Perses était encore relativement jeune et très expansionniste, mais sujet à des révoltes parmi ses peuples soumis. Même avant la révolte Ionienne, le Roi Perse, Darius I le Grand (522-486) avait eu à éteindre en Europe quelques rebellions, prenant la Thrace, la Macédoine et les forçant à devenir des alliées de la Perse.
 
   Cependant, la révolte Ionienne avait directement menacé l’intégrité de l’Empire Perse et les états de la Grèce continentale restaient une menace potentielle à sa future stabilité. C’est ce qui poussa le Roi à vouloir pacifier la Grèce et la mer Egée et punir les cités qui s’étaient impliquées dans la révolte Ionienne, Athènes et Érétrie.
 
   La révolte Ionienne, avait commencé avec l’échec de l’expédition contre Naxos, du fait des relations entre un Général du Satrape Perse Artapherne (ou Artaphernès ou Artaphernês, neveu de Darius I) et le Tyran de Milet, Aristagoras (En Grec : Αρισταγόρας ο Μιλήσιος  Aristagoras de Milêtos). Dans la foulée, Artapherne décida de supprimer Aristagoras du pouvoir, mais avant qu’il puisse le faire, ce dernier abdiqua, déclara Milet une démocratie et poussa ses compatriotes à se rebeller contre leur maître Darius I. Les autres cités Ioniennes lui emboîtèrent le pas, déposant leurs Tyrans nommés par les Perses et de se déclarant des démocraties. Aristagoras appela les États de la Grèce continentale pour le soutenir, mais seulement Athènes et Érétrie offrirent d’envoyer des troupes.
 
  Les raisons qui poussèrent cette dernière à envoyer de l’aide aux Ioniens ne sont pas tout à fait claires. Peut-être des raisons commerciales ?. Érétrie était une ville marchande dont le commerce était menacé par la domination Perse de la mer Egée. Hérodote (Historien Grec, 484-v.425) suggère que les Érétriens soutinrent la révolte afin de rembourser l’aide que les Milésiens leur avaient apporté dans une guerre contre Chalcis. Malgré les forces que réussirent à regrouper les Grecs, ils furent écrasés par les Perses à la bataille de Ladé (été 494), ce qui mit fin à la révolte Ionienne,
 
   Cependant, le peu de Perse que les Grecs réussirent à atteindre furent autant de soldats perdus par ceux-ci, et en retour les cavaliers Perses poursuivirent sur la côte les Grecs qui perdirent beaucoup d’homme dans l’opération. Malgré le fait que leurs actions étaient finalement infructueuse, les Athéniens et Érétriens avaient gagné l’inimitié de Darius I, qui promit de punir les deux villes. En 492, une fois la révolte Ionienne complètement écrasée, Darius I envoya une expédition en Grèce sous le commandement de Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye‎‎, en Grec : Μαρδόνιος, † 479, son gendre époux de sa fille Artazostre [ou Artozastra ou Arta-zausri]).
 
   Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye‎‎) reconquit la Thrace et contraint le Roi de Macédoine Alexandre I Philhellène (498-454) à faire de son royaume un client de la Perse. En 490, Darius I décida d’envoyer une expédition maritime dirigée par Artapherne et le Général Mède Datis. Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye) qui ayant été blessé à la campagne précédente, était tombé en disgrâce. L’expédition avait pour but d’amener les Cyclades dans l’Empire Perse, puis forcer Érétrie et Athènes à se soumettre ou être détruites. Après un succès d’île en île en mer Egée, la force Perse arriva à l’île d’Eubée en plein été, prête à entreprendre son objectif majeur, punir Érétrie.

 

Le déroulement

 
   Lorsque les Érétriens découvrirent que l’armée Perse se dirigeait vers eux pour les attaquer, ils firent appel aux Athéniens qui envoyèrent des renforts. Ils chargèrent leurs 4.000 colons de Chalcis, ville voisine d’Érétrie, pour aider. Ces colons avaient été implantés sur des terres Chalcidiennes après qu’Athènes ait vaincu Chalcis quelques 20 ans auparavant. Cependant, lorsque ces Athéniens arrivèrent à Érétrie, ils furent informés par un citoyen de premier plan, Eschine (ou Aiskhínês ou Aeschynus, en Grec : Αiσχίνης, un des dix orateurs Attiques), des divisions parmi les Érétriens, et il leur conseilla de quitter cette alliance et de se sauver d’Eubée. Les Athéniens suivirent les conseils d’Eschine et embarquèrent pour Oropos (ou Oropus, ville portuaire de l’Attique située à la frontière de la Béotie) évitant ainsi le sort des Érétriens.
 
   Selon Hérodote (Historien Grec, 484-v.425), les Érétriens ne parvinrent pas à mettre en place un plan de défense clair. Il y avait trois plans concurrents : Un groupe voulaient se rendre aux Perses, cherchant à tirer profit de ce fait, d’autres voulaient fuir vers les collines au-dessus Érétrie, tandis que d’autres voulaient se battre. Toutefois, lorsque les Perses accostèrent sur leur territoire, un consensus fut bien évidemment trouvé et ce fut celui de ne pas quitter la ville et d’essayer de résister si possible à un siège.

 

   En ce qui concerne les forces en présence, les chiffres d’Hérodote sont encore aujourd’hui très contestés. Il ne donne d’ailleurs pas de nombre pour celle d’Érétrie. Les historiens pensent que vraisemblablement, la majorité du corps des citoyens aurait été impliquée dans la défense de la ville, mais la population de la cité au moment de l’attaque ne peut pas être clairement établie. Côté Perse, selon l’auteur, la flotte envoyée par Roi Perse, Darius I (522-486) était composée de 600 trirèmes. Hérodote n’estime pas la taille de l’armée terrestre Perse, disant seulement qu’ils étaient “Une grande infanterie“. Parmi les sources antiques, Simonide (ou Simonide de Céos [ou Kéa] ou Simônídês, poète lyrique Grec, 556-468), un autre quasi-contemporain, dit que la force Perse comptait 200.000 hommes.
 
   Le Romain Cornélius Nepos (100-29 ou 25, écrivain Latin) l’estime à 200.000 fantassins et 10.000 cavaliers, dont seulement 100.000 auraient combattu, tandis que le reste fut chargé dans la flotte qui partit pour le cap Sounion (à 45 km. au Sud-est d’Athènes), pour prendre Athènes à revers. Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125 ap.J.C) et Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180)  indépendamment donnent 300.000 hommes. Platon (Philosophe Grec, 427-346) et Lysias (Un des dix orateurs attique, 458 ou 440-vers 380), affirment eux 500.000 et Justin (ou Marcus Junianus Justinus, historien Romain, IIIe siècle ap.J.C.) 600.000 ?.

  Les historiens modernes proposent pour l’infanterie, entre 20.000 et 100.000 avec un consensus de peut-être 25.000 et des estimations pour la cavalerie dans les 1.000. La stratégie d’Érétrie était de défendre leurs murs et de résister à un siège. Fusse le seul plan qui pouvait convenir, ou l’est-il devenu par défaut lorsque qu’aucun plan ne fut trouvé ?. En tout cas, l’armée Perse qui avait seulement subi deux défaites dans le siècle dernier et du fait qu’une armée Grecque n’avait jamais combattu avec succès les Perses, ce fut probablement une stratégie raisonnable. De plus les Érétriens pensaient que du fait que les Perses étaient arrivés par bateau, il était probable qu’ils n’avaient que très peu de matériel de siège. Les Perses débarquèrent leur armée à trois endroits différents et de suite à terre ils partirent pour Érétrie.
 
   Sans rencontrer de résistance ils arrivèrent rapidement aux portes de la ville où toute la population s’était retranchée et ils commencèrent leur siège. Plutôt que d’assiéger passivement la cité, ils attaquèrent sans relâche les murs. Hérodote rapporte que les combats étaient féroces et les deux côtés subirent de lourdes pertes. Cependant, après six jours de rudes combats, deux Érétriens éminents, Euphorbe et Philagros, trahirent et ouvrirent les portes de la ville aux Perses. Une fois à l’intérieur de la cité, ces derniers la pillèrent, brûlant les temples et les sanctuaires en vengeance pour l’incendie de Sardes. Sur l’ordre de Darius I, les citoyens capturés furent réduits en esclavage.

 
   Après la victoire, les Perses séjournèrent quelques jours dans la cité, puis ils reprirent leur chemin vers le bas de la côte en direction de l’Attique. Ils déposèrent quelques prisonniers dans l’île d’Egilia (ou Aegilia), avant d’accoster la baie à Marathon en Attique. La prochaine cible des Perses était Athènes. Cependant, les Athéniens étaient sorti de leur ville pour faire face aux Perses, et bloquaient les sorties de la plaine de Marathon. Après plusieurs jours d’impasse, ils décidèrent finalement d’attaquer les Perses, ce fut la bataille de Marathon. Après cette bataille les Érétriens qui avaient été déposés dans l’île d’Egilia (ou Aegilia) furent envoyés à Ardericca, à quelques kilomètres de Suse. Ils y étaient toujours, en utilisant leur propre langue et leurs propres coutumes, lorsqu’Hérodote écrivit son Histoire et accueillirent Alexandre le Grand (333-326) lors de sa conquête de la Perse un siècle plus tard.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Evelyn Abbott :
A history of Greece. Part I. From the earliest times to the Ionian revolt, London, 1888.
Pierre Briant :
Darius. Les Perses et l’Empire, Découvertes Gallimard, Paris, 1992.
Histoire de l’Empire Perse : De Cyrus à Alexandre, Editions Fayard, Paris, 1996 – En Anglais, From Cyrus to Alexander : A history of the Persian empire, Eisenbraun, Winona Lake, 2002.
Maria Brosius :
The Persians : An introduction, Routledge, London, New York, 2006.
John V.A.Fine et Rogers D.Spotswood :
The ancient Greeks : A critical history, Belknap Press of Harvard University Press, Cambridge, 1983.
Alan M.Greaves :
The land of Ionia : Society and economy in the archaic period, Wiley-Blackwell, Malden, Chichester, 2010.
Peter Green :
The Greco-persian wars, University of California Press, Berkeley, 1970 – 1996 – 1998.
Tom Holland :
Persian fire : The first world empire and the battle for the west, Doubleday, New York, 2006.
Misty Denise Joyner et Anthony J.Papalas :
The Ionian revolt, reconsidered, East Carolina University, Department of History, Greenville, 2010.
Jesse Russell :
Siege of Eretria, Book On Demand Ltd, 2013.
Lionel Scott :
Historical commentary on Herodotus, Book 6, E.J.Brill, Leiden, Boston, 2005.

 

 

 

Sommaire
 

Présentation et datation
Le contexte
Le prélude
Les effectifs
Les stratégies
Le déroulement
Bibliographie

Bataille  de  Marathon

17 Sept.
490

 
 
Monticule (Soros) dans lequel les morts Athéniens
furent enterrés après la bataille

 

Présentation et datation

 
   La bataille de Marathon (ou Machē tou Marathōnos, en Grec : Μάχη το Μαραθνος, en Persan : نبرد ماراتون) eut lieu en Août ou Septembre 490 av.J.C, lors de la première invasion Perse de la Grèce. Elle opposa l’armée Perse de Darius I le Grand (522-486) aux hoplites Athéniens et Platéens. La bataille fut le point culminant de la première tentative Perse de soumettre la Grèce. L’armée Grecque vaincue de manière décisive celle des Perses, pourtant nettement plus nombreuse, marquant un tournant dans le conflit appelé les Guerres Médiques (499-479). La première invasion Perse fut une réponse à la participation Grecque dans la révolte Ionienne, lorsqu’Athènes et Érétrie avaient envoyé une force pour soutenir les villes d’Ionie dans leur tentative de renverser la domination Perse.


 

Hoplite Athénien
image avant retouches : cgsociety.org

 
   Selon Hérodote (Historien Grec, 484-v.425), Darius I prit son arc, il y plaça une flèche sur la corde et il déchargea vers le ciel, et comme il tirait en l’air, il aurait déclaré : “Zeus, accorde-moi de prendre ma vengeance sur les Athéniens“. Aussi chargea-t-il un de ses serviteurs, de lui dire, tous les jours avant le dîner, trois fois : “Maître, rappelez-vous les Athéniens“. Cette victoire Grecque mit fin à la Première Guerre Médique (499-490). Une nouvelle attaque eut lieu dix ans plus tard sous la direction du Roi Perse Xerxès I (486-465).
 
   La bataille de Marathon joua un rôle politique important avec l’affirmation du modèle démocratique Athénien et le début de grandes carrières pour ses chefs militaires, tels que Miltiade (ou Miltiade le Jeune ou Miltiadês, en Grec : Μιλτιάδης, 540-489) ou Aristide le Juste (ou Aristeidês ou Aristidès, en Grec : ‘Aριστείδης, 540-468). Marathon reste une des batailles les plus connues de l’antiquité, notamment grâce aux commémorations qu’elle suscita, telles que la course du marathon inventée à l’occasion des jeux olympiques de 1896 à Athènes. Pratiquement la seule source sur la bataille de Marathon nous est parvenue de l’historien Hérodote.
 
   La datation de la bataille est encore aujourd’hui discutée. Le problème est qu’Hérodote donne une date dans le calendrier luni-solaire dont chaque cité Grecque utilisait une variante. Des calculs astronomiques permettent toutefois d’obtenir une date dans le calendrier Julien. En 1855, Philipp August Böckh détermina pour la bataille la date du 17 Septembre 490, date qui est communément admise depuis par un grand nombre de spécialistes. On retient le 12 comme étant le jour du débarquement des troupes et donc l’affrontement lui-même aurait eu lieu le 17 Septembre. Toutefois, il faut souligner que selon Donald W.Olson, il est possible que le calendrier Spartiate ait eu un mois d’avance sur le calendrier Athénien, auquel cas il faudrait retenir la date du 12 Août ?.

 

Le contexte

 
   La première invasion Perse de la Grèce voit ses racines immédiates dans la révolte Ionienne, en fait la première phase des Guerres Médiques (499-479). Cependant, elle fut aussi le résultat de l’interaction à long terme entre les Grecs et les Perses. En 500 av.J.C, l’Empire Perses était encore relativement jeune et très expansionniste, mais sujet à des révoltes parmi ses peuples soumis. Même avant la révolte Ionienne, le Roi Perse, Darius I le Grand (522-486) avait eu à éteindre en Europe quelques rebellions, prenant la Thrace, la Macédoine et les forçant à devenir des alliées de la Perse. Cependant, la révolte Ionienne avait directement menacé l’intégrité de l’Empire Perse et les états de la Grèce continentale restaient une menace potentielle à sa future stabilité. C’est ce qui poussa le Roi à vouloir pacifier la Grèce et la mer Egée et punir les cités qui s’étaient impliquées dans la révolte Ionienne, Athènes et Érétrie.
 
   La révolte Ionienne, avait commencé avec l’échec de l’expédition contre Naxos, du fait des relations entre un Général du Satrape Perse Artapherne (ou Artaphernès ou Artaphernês, neveu de Darius I) et le Tyran de Milet, Aristagoras (En Grec : Αρισταγόρας ο Μιλήσιος  Aristagoras de Milêtos). Dans la foulée, Artapherne décida de supprimer Aristagoras du pouvoir, mais avant qu’il puisse le faire, ce dernier abdiqua, déclara Milet une démocratie et poussa ses compatriotes à se rebeller contre leur maître Darius I. Les autres cités Ioniennes lui emboîtèrent le pas, déposant leurs Tyrans nommés par les Perses et se déclarant des démocraties. Aristagoras appela les états de la Grèce continentale pour le soutenir, mais seulement Athènes et Érétrie offrirent d’envoyer des troupes.


 

Reconstitution d’une phalange


   La participation d’Athènes dans la révolte Ionienne naquit d’un ensemble complexe de circonstances, à commencer par l’établissement de la démocratie dans la cité à la fin du VIe siècle. En 514, avec l’aide de Cléomène I (ou Cléomènes ou Kleoménês, en Grec : Κλεομένης Α’, 520-490), Roi de Sparte, le peuple Athénien avait expulsé Hippias (En Grec : ‘Iππίας, 527-514), le Tyran d’Athènes. Il s’enfuit à Sardes (Capitale Lydienne) à la cour du Satrape Perse, Artapherne (ou Artaphernès ou Artaphernês, neveu de Darius I) et lui promit le contrôle d’Athènes s’il l’aidait à reprendre son trône.
 
   Dans l’intervalle, Cléomène I aida à installer la Tyrannie d’un de ses partisan dans la ville, en opposition à Clisthène (ou Klisthène ou Clisthenes ou Kleisthenēs, en Grec : Kλεισθένης, 570- † après 507), le chef démocrate de la puissante famille Alcméonides. Après avoir été un temps exilé de la ville du fait de l’intervention de Cléomène I, il fut restauré par le peuple en 507, et à une vertigineuse vitesse il commença à réformer l’État avec le but d’assurer sa position.
 
   Cela permit le développement d’un gouvernement pleinement démocratique. Cette nouvelle liberté et l’auto-gouvernance des Athéniens signifiait qu’ils étaient hostile au retour de la Tyrannie ou toute autre forme d’assujettissement extérieur, Sparte, la Perse, ou quelqu’un d’autre. Les tentatives de Cléomène I pour reprendre le contrôle d’Athènes se terminèrent par une débâcle et au lieu d’être restauré, Hippias fuit de nouveau à Sardes et essaya de persuader les Perses de prendre Athènes. Devenant ainsi l’ennemi de la Perse, Athènes se sentit dans l’obligation de soutenir les cités Ioniennes lorsqu’elles se rebellèrent contre leur maitre Darius I. Athènes et Érétrie envoyèrent une flotte de de 25 trirèmes en Asie Mineure pour le soutien à la révolte.
 
   Après une première victoire ou la coalition prit et brûla Sardes, ils furent ensuite repoussés et poursuivis par les cavaliers Perses, perdant beaucoup d’hommes dans la retraite. Malgré le fait que leurs actions étaient finalement infructueuse, les Athéniens et Érétriens avaient gagné l’inimitié de Darius I, qui promit de punir les deux villes. La bataille navale de Ladé en 494 mit fin à la révolte Ionienne. La pacification de l’Ionie permit aux Perses de commencer à planifier leurs prochaines actions pour éteindre la menace à leur Empire que faisait peser la Grèce et de punir Athènes et Érétrie. En 492, Darius I envoya une expédition en Grèce sous le commandement de Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye‎‎, en Grec : Μαρδόνιος, † 479, son gendre époux de sa fille Artazostre [ou Artozastra ou Arta-zausri]).
 
   Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye) reconquit la Thrace et contraint le Roi de Macédoine Alexandre I Philhellène (498-454) à faire de son royaume un client de la Perse. En 490, Darius I décida d’envoyer une expédition maritime dirigée par Artapherne et le Général Mède Datis. Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye) qui ayant été blessé à la campagne précédente, était tombé en disgrâce. L’expédition avait pour but d’amener les Cyclades dans l’Empire Perse, puis forcer Érétrie et Athènes à se soumettre ou être détruites. Après un succès d’île en île en mer Egée, la force Perse arriva à l’île d’Eubée en plein été, prête à entreprendre son objectif majeur, punir Érétrie. L’armée Perse atteignit la pointe Sud de l’île et mis le siège à la ville d’Érétrie. Elle prit et ravagea la ville et déporta la population près de Suse. Après ce succès le but était maintenant de punir Athènes.

 

Le prélude

 
   Le Roi Perse Darius I le Grand (522-486) avait pour projet d’attaquer Athènes par la mer. En 490, l’armée Perse, dirigée par les Généraux : Artapherne (ou Artaphernès ou Artaphernês, neveu de Darius I), Satrape de Lydie, pour l’armée de terre et le Général Mède Datis (En Grec : Δτις) pour la flotte, partant de l’île d’Eubée se dirigea sur l’Attique. Elle navigua le long des côtes et accosta, le 12 Septembre 490, sur la baie de Marathon. Elle débarqua, sur les conseils de l’ancien Tyran d’Athènes, Hippias (527-510), sur la côte orientale, sur la plage qui borde la plaine de Marathon, à environ 40 kilomètres d’Athènes qui devait affronter seule l’envahisseur.


 

Soldat Athénien avec
l’équipement militaire complet
– Musée archéologique national
– Athènes

 
   Les Athéniens n’attendirent pas l’ennemi derrière leurs remparts. Conduits par le Stratège Miltiade (540-489), qui avait la plus grande expérience de la lutte contre les Perses, les hoplites décidèrent de se rendre au-devant des Perses. L’armée Athénienne marcha rapidement pour bloquer les deux sorties de la plaine de Marathon et bloquer les Perses à l’intérieur des terres. Dans le même temps, le plus grand coureur d’Athènes, Philippidès (ou Pheidippides ou Philippides dans certains comptes) fut envoyé à Sparte pour demander que l’armée Spartiate vienne en aide à Athènes. Philippidès arriva pendant le festival de Karneia (ou Carneia ou Carnea ou Karnea, en Grec : Κάρνεα, festivités religieuses données en l’honneur d’Apollon), une période sacro-sainte de la paix, et fut informé que l’armée Spartiate ne pouvait pas marcher à la guerre jusqu’à ce que la pleine lune se leva. Athènes ne pouvait donc pas compter sur des renforts avant au moins dix jours. Elle devait tenir seule pour le moment dans cette plaine de Marathon, même si elle fut renforcée par un rassemblement de 1.000 hoplites envoyés par la petite ville de Platée, un geste qui gagna une reconnaissance Athénienne sans fin pour cette ville.

 

 
   Pendant cinq jours les armées s’affrontèrent à travers la plaine de Marathon sans résultat. Les flancs du camp Athénien était protégés par un bosquet d’arbres. Étant donné que chaque jour qui passait rapprochait l’arrivée des Spartiates, le temps travaillait en faveur des Athéniens. Dans son récit, Hérodote (Historien Grec, 484-v.425) nous dit que Miltiade était désireux d’attaquer les Perses, tout en sachant que les Spartiates arrivaient pour les aider, mais étrangement, il choisit d’attendre pour l’attaque. Ce passage pose problème aux historiens car les Athéniens avaient peu à gagner en attaquant avant que les Spartiates ne soient là. Cependant il ne semble pas y avoir eu de délai entre l’arrivée d’Athènes à Marathon et la bataille ?. Hérodote, qui croyait évidemment que Miltiade était impatient d’attaquer, a peut-être fait une erreur en cherchant à expliquer cette attente.
 
   Cela soulève alors la question de savoir pourquoi la bataille eut lieu. Hérodote nous dit explicitement que les Grecs attaquèrent les Perses, mais on ne sait pas pourquoi ils l’ont fait avant l’arrivée des Spartiates. Il y a deux théories qui expliquent cela. La première est que la cavalerie Perse quitta Marathon pour une raison quelconque et que les Grecs se déplacèrent en attaquant pour profiter de cet avantage. Cette théorie est basée sur l’absence de toute mention de la cavalerie dans le récit de la bataille d’Hérodote. Une idée répandue nous dit que la cavalerie fut embarquée de nouveau sur des navires et fut envoyée par voie maritime au cap Sounion (à 45 km. au Sud-est d’Athènes) pour prendre Athènes à revers. La deuxième théorie est tout simplement que la bataille eut lieu parce que les Perses finalement vinrent au-devant des Athéniens. Les deux théories impliquent toutefois qu’il y eut une sorte d’activité des Perses qui aurait eu lieu le (ou vers) le cinquième jour, qui finalement déclencha la bataille.

 

Les effectifs

 
   En ce qui concerne les effectifs, Hérodote (Historien Grec, 484-v.425) ne donne pas de chiffre pour l’armée Athénienne. Cependant, Cornelius Nepos (Écrivain Latin, 100-29 ou 25), Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180) et Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) donnent tous les trois le chiffre de 9.000 Athéniens et 1.000 Platéens, tandis que Justin (ou Marcus Junianus Justinus, historien Romain, IIIe siècle ap.J.C.), suggère qu’il y avait 10.000 Athéniens et 1.000 Platéens. Ces nombres, équivalents à ceux donnés par Hérodote pour la bataille de Platées, semblent probables. Ils sont généralement acceptés par les historiens contemporains. Pausanias nous dit que sur le monument commémorant la bataille, des noms d’anciens esclaves qui ont été libérés en échange de services militaires, sont indiqués.
 
   En ce qui concerne les Perses, Hérodote n’est guère plus précis. Déjà on trouve rarement des chiffres uniquement pour la bataille de Marathon. Ceux disponibles et couramment publiés sont ceux au début de la campagne avant le siège d’Érétrie. Selon l’auteur, la flotte envoyée par Darius I le Grand (522-486) était composée de 600 trirèmes. Il n’estime pas la taille de l’armée Perse, disant seulement qu’elle était “une grande infanterie“. Parmi les sources antiques, Simonide (ou Simonide de Céos [ou Kéa] ou Simônídês, poète lyrique Grec, 556-468), un autre quasi-contemporain, dit que la force Perse comptait 200.000 hommes. Le Romain Cornélius Nepos (100-29 ou 25, écrivain Latin) l’estime à 200.000 fantassins et 10.000 cavaliers, dont seulement 100.000 auraient combattu, tandis que le reste fut chargé dans la flotte qui partit pour le cap Sounion (à 45 km. au Sud-est d’Athènes) pour prendre Athènes à revers. Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125 ap.J.C) et Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180), indépendamment donnent 300.000 hommes. Platon (Philosophe Grec, 427-346) et Lysias (Un des dix orateurs attique, 458 ou 440-vers 380), affirment eux 500.000 et Justin (ou Marcus Junianus Justinus, historien Romain, IIIe siècle ap.J.C.) 600.000 ?.
 


 

Combat entre hoplite et cavalier Perse

   Les historiens modernes proposent pour l’infanterie, entre 20.000 et 100.000 avec un consensus de peut-être 25.000 et des estimations pour la cavalerie dans les 1.000. Pour l’historien Pierre Briant, leurs effectifs sont impossibles à quantifier, mais l’armée de Datis était de toute façon de faible ampleur. Cependant il faut noter que l’extrémité inférieure de cette fourchette contredirait la déclaration faite par Hérodote d’une “grande infanterie“. Une force de 25.000 combattants ne peut en aucun cas être ni grande, ni intimidante pour les Grecs, en particulier dans le scénario (comme dit plus haut) que la moitié de l’armée Perse fit le tour du cap Sounion pour prendre Athènes à revers, laissant ainsi sur le terrain une force presque égale numériquement à l’armée de Miltiade (ou Miltiade le Jeune ou Miltiadês, en Grec : Μιλτιάδης, 540-489).
 
   Les historiens arrivent à cette déduction : Dans l’hypothèse (peu probable) que les 600 navires d’Hérodote représentent toute la force navale Perse, à la fois de combat et la flotte de transport de troupes, et que chaque navire transportait un équipage total de 230 à 240 hommes (en considérant les 30 marins-soldats supplémentaires que l’auteur mentionne) nous avons un minimum de 138.000 à 144.000 hommes. Afin d’emporter les fournitures pour deux mois et transporter leurs 1.800 cavaliers, les Perses avaient en plus 200 navires de ravitaillement et 70 pour le transport des chevaux, ainsi une flotte totale de 870 bateaux.
 
   Selon quelques spécialistes, la flotte Perse de Marathon pourrait être la suivante :
600 navires de combat (aphraktae ou trirèmes ouvertes) de généralement 30 à 40 marins-soldats. Les galères à Marathon furent embarquées avec 30 marins supplémentaires, à la fin de la campagne. Elles comprenaient : 170 rameurs, 15 marins et officiers, 60 marins-soldats.
400 navires de transports (kataphraktae ou trirèmes fermés). Avec moins de rameurs et un poids supplémentaire, ces trirèmes étaient lentes et lourdes donc totalement inutiles dans le combat naval et en plus avaient besoin d’escorte. Elles comprenaient : 70 rameurs, 15 marins et officiers, 160 troupes terrestre.
70 navires de transports de cavalerie (kataphraktae ou trirèmes modifiées). Ils comprenaient : 70 rameurs, 15 marins et officiers, 25 chevaux avec leurs cavaliers et des engins complets de siège.
300 navires de ravitaillement, qui étaient des navires de commerce normaux, transportant des fournitures (principalement céréales) pendant les guerres. Ils comprenaient : 22 rameurs, 10 marins, 50 tonnes de fournitures (grain).
Ce qui donnerait un total général de 257.500 à 155.750 rameurs et marins, 100.000 soldats et marins-soldats, 1.750 cavaliers, 1.370 navires. Ainsi, le décompte de Simonide (ou Simonide de Céos [ou Kéa] ou Simônídês) de 200.000 hommes, serait le plus proche de la vérité.

 

Les stratégies

 
   Les stratégies des armées Grecque et Perse ne sont pas connues avec certitude, les écrits des auteurs anciens étant parfois contradictoires, de plus plusieurs hypothèses sont possibles. Les mécanismes du déclenchement de la bataille découlant de ces différentes possibilités, ceux-ci ne sont également que des hypothèses. D’un point de vue stratégique, les Athéniens avaient quelques inconvénients à Marathon. Afin de faire face aux Perses dans la bataille, ils avaient recruté tous les hoplites disponibles et malgré cela, les Perses étaient encore plus nombreux, on estime à probablement au moins 2 contre 1. En outre, soulever cette grande armée dénudait la ville d’Athènes de défenseurs, et donc toute attaque secondaire sur ses arrières pouvait couper l’armée de la ville, et toute attaque directe contre la cité ne pouvait pas être défendue. De plus, une défaite à Marathon signifierait la défaite complète d’Athènes, puisque aucune autre armée n’existait.
 
   La stratégie Athénienne était donc de ne pas attendre derrière les remparts de la cité mais de garder l’armée Perse bloquée à Marathon, en fermant les deux sorties de la plaine. Ils furent rejoints sur place par leurs alliés Platéens. Toutefois, ces inconvénients pour les Athéniens étaient équilibrés par quelques avantages. Ils n’avaient pas besoin de chercher la bataille, car ils avaient réussi à confiner les Perses dans la plaine de Marathon. En outre, le temps travaillait en leur faveur, car chaque jour qui passait les rapprochaient de l’arrivée de l’aide Spartiate. Ayant tout à perdre en attaquant trop tôt, et beaucoup à gagner en attendant, les Athéniens restèrent sur la défensive dans la perspective de la bataille et réalisèrent ainsi leur premier objectif. Sur le plan tactique, les hoplites Athéniens étaient vulnérables face aux attaques d’une cavalerie, et les Perses possédaient une cavalerie redoutable, ce qui annulait toute manœuvre offensive des Athéniens, renforçant leur idée de stratégie défensive. De plus le camp Grec était protégé sur ses flancs par un petit bois (ou par un abattis de pieux selon les traductions).
 

 

   La stratégie côté Perse fut principalement déterminée par des considérations tactiques. Selon Edmond Lévy, ils souhaitent vider la cité de ses défenseurs, les fixer à Marathon en débarquant la moitié de leurs troupes et contourner les hoplites pour prendre Athènes par la mer, ses portes étant ouvertes par les hommes d’Hippias. C’est une des raisons pour lesquelles, bien qu’en supériorité numérique, les Perses n’auraient pas attaqué immédiatement. Une autre était qu’ils se méfiaient des hoplites, beaucoup plus puissants que leur infanterie légère dans une confrontation directe. De plus, les Athéniens avaient pris une forte position défensive dans la plaine, ce qui explique aussi l’hésitation Perse à les attaquer de front.


 

Buste de Thémistocle
Musée archéologique d’Ostie

 
   Quel que fut l’événement qui finit par déclencher la bataille, il est évident qu’il modifia l’équilibre stratégique, ou tactique, suffisamment pour inciter les Athéniens à changer de stratégie et à attaquer les Perses. En fonction des deux théories développées ci-dessus, l’absence de cavalerie Perse enlevait le principal inconvénient tactique des Athéniens, et la menace d’être débordé, il était donc impératif d’attaquer. En revanche, si la deuxième théorie est correcte, alors les Athéniens réagirent normalement à un mouvement d’attaque des Perses. Mais dans ce cas pourquoi ces derniers ont-ils attendu et hésité pendant 5 jours avant d’attaquer ?.

 

Le déroulement

 
   Avant la bataille, les armées étaient séparées d’au moins 1.500 mètres. Miltiade (ou Miltiade le Jeune ou Miltiadês, en Grec : Μιλτιάδης, 540-489) ordonna aux deux tribus qui formaient le centre de la formation Grecque, la tribu des Léontides conduite par Thémistocle (ou Themistokles, en Grec : Θεμιστοκλς, v.525-v.460/459) et la tribu Antiochides dirigée par Aristide le Juste (ou Aristeidês ou Aristidès, en Grec : ‘Aριστείδης, 540 à 468), de se disposer dans la profondeur sur quatre rangs tandis que le reste des tribus, sur les flancs, se mirent sur huit rangs. Certains commentateurs modernes ont suggéré que ce fut un stratagème délibéré afin de pouvoir envelopper le centre Perse, car la grande force des phalanges Grecques était leur impact frontal capable de disloquer les lignes de fantassins adverses. Pour certains, comme John Francis Lazenby, cela suggérait un niveau de formation que les Grecs ne possédaient pas. Ces phalanges éraient peu manœuvrables et donc très vulnérables sur les flancs. Il était donc crucial pour les Grecs en infériorité numérique de ne pas se faire déborder en particulier par la cavalerie ennemie.

 
   Lorsque la ligne Athénienne fut prête, selon une source, sur un simple signal donné par Miltiade : “À l’attaque“, la bataille commença. Mais avant cela, il est difficile de savoir ce qui la déclencha. Pourquoi alors que les armées guerroyaient sans succès depuis 5 jours, elles décidèrent cet affrontement ?. Dans toutes les hypothèses (comme exposé ci-dessus), un mouvement des troupes Perses le cinquième jour après le débarquement aurait poussé les Grecs à passer à l’attaque. D’après Hérodote (Historien Grec, 484-v.425), les Grecs coururent toute la distance qui les séparaient des Perses en hurlant leur cri de guerre : “Ελελευ ! Ελελευ !” “Eleleu! Eleleu!”. Cette action héroïque est remise en question par de nombreux spécialistes. En effet l’armure au complet des Athéniens était d’au moins 20 kg, et donc bien trop lourde pour courir toute la distance. Plus probablement, cette course fut plutôt une marche rapide, en rangs serrés, qui s’accéléra jusqu’à ce qu’ils atteignent la limite de l’efficacité des archers ennemis “la zone de battue” (environ 200 m.) et là ils partirent en pleine course afin d’arriver à grande vitesse sur l’ennemi.
 
   Miltiade, connaissait la faiblesse de l’armée Perse pour avoir combattu avec eux, en 512, lors de l’offensive contre les Scythes. L’armement Perse ne permettait pas les combats au corps à corps, car ils étaient équipés avec des boucliers en osier et des piques courtes. Contrairement à celui des Grecs ou les hoplites, avec une épée ou une longue lance, étaient protégés par un casque, un bouclier, une cuirasse, des jambières et des brassards en airain (bronze). De plus la technique de combat des hoplites en rangs serrés (La phalange) était un énorme avantage.


 

Carte montrant principaux mouvements
des armées pendant la bataille

 
   Hérodote nous dit que ce fut la première fois qu’une armée Grecque courut vers son adversaire, et que cela surprit les Perses pour qui cette charge relevait de la folie car ils n’avaient ni cavalerie ni archers pour les épauler. En effet, sur la base de leurs expériences précédentes contre les Grecs, les Perses étaient plutôt habitués à ce que leurs adversaires aient peur d’eux et s’enfuient plutôt qu’ils avancent ainsi. Les Grecs traversèrent sans problème les volées de flèches lancées par l’armée Perses, protégés par leurs armures et entrèrent en collision avec la première ligne ennemie.
 
   Les Perses furent surpris par l’impact dévastateur. Ils s’attendaient à ce que leurs adversaires soient des cibles faciles et donc facilement arrêtés dans leur progression. Les hoplites Athéniens avaient aiguisé leur style de combat en combattant avec d’autres phalanges, boucliers contre boucliers. Ils étaient tous en contact via leurs lances et leurs épaules et dans ces premières terribles secondes de collision, l’énergie cinétique de la masse totale de la phalange arrivant à pleine vitesse, était telle qu’elle renversait sans problème les fantassins adverses.
 
   Dans les combats entre Grecs, les boucliers s’entrechoquaient et les lances rencontraient les armures de bronze. Là, les Perses n’avaient ni véritable armure ni véritable bouclier. Les flancs Grecs, commandés par l’Archonte et Général Athénien Callimaque, avec les Platéens, dispersèrent facilement les troupes des flancs Perses qui leur étaient opposées composés de troupes éparses qui se disloquèrent et remontèrent dans la panique à bord des navires. Les Grecs renoncèrent à poursuivre les troupes Perses en déroute, ils changèrent alors de direction et s’abattirent sur le centre Perse en l’encerclant en une parfaite manœuvre de tenaille. Celui-ci résista mieux, car composé de troupes d’élite (les Immortels), mais devant une telle charge, il finit tout de même par céder et il se replia en désordre vers les navires, poursuivit par les Grecs qui les massacrèrent jusque dans l’eau.
 
   Selon Peter Green, dans la confusion, les Athéniens perdirent plus d’hommes qu’au moment de l’impact entre les deux armées. Un nombre important de soldats Perses, en fuite vers les marais, se noya. Les Grecs se rendirent maitre de 7 navires Perses tandis que les autres parvinrent à s’enfuir. Hérodote raconte que Cynégire, le frère d’Eschyle, poursuivit les vaisseaux Perses et en saisit un avec sa main droite. Cette main étant coupée par un marin Perse, il saisit le vaisseau de la gauche. Celle-ci ayant eu le même sort, il s’accrocha au bâtiment avec les dents. Il mourut peu après.
 
   Selon la tradition, qu’Hérodote récuse, ce fut lors de cette débâcle Perse qu’un messager au nom de Philippidès (ou Pheidippides ou Philippides dans certains comptes) courut annoncer la victoire aux habitants d’Athènes. Il mourut d’épuisement en arrivant sur l’Agora, au pied de l’Acropole, après quatre heures de course. Il eut tout juste eu le temps de prononcer un seul mot avant de s’effondrer : "Nenikamen" (ou Nenikikame), "Nous avons gagné". Son souvenir serait à l’origine de l’épreuve des Jeux Olympiques moderne, le marathon. 
 
   Hérodote nous dit que 6.400 Perses furent tués sur le champ de bataille, et on ne sait combien d’autres périrent dans les marais. Les Athéniens n’auraient perdu que 192 hommes et les Platéens 11 ?. Parmi les morts il y eut l’Archonte et Général Athénien Callimaque et le Général Stésiléos. Il semblerait que la tribu des Aiantides ait payé le plus lourd tribut. Chez les Perses, selon Ctésias de Cnide (Médecin Grec d’Artaxerxès II, historien de la Perse et de l’Inde, mort v.398) le Général Mède Datis fut tué, selon Hérodote il s’enfuit après la bataille ?. Une telle différence de chiffre dans les pertes semble extraordinaire. Même si le nombre des pertes Perses est vraisemblablement exagéré, on constate fréquemment, dans les diverses batailles les opposant aux peuples d’Asie, que les Grecs de l’époque ont 1 à 2 tués pour 20 à 30 morts dans les armées orientales.
 

 
Soldats Perses

   Il y a plusieurs explications à la réussite Grecque. La plupart des chercheurs pensent qu’ils avaient un meilleur équipement et utilisèrent des tactiques supérieures. La formation en phalange avait fait ses preuves parce que les hoplites avaient une longue tradition du combat au corps-à-corps, tandis que les soldats Perses étaient habitués à un genre très différent de conflit. John Francis Lazenby avance que la raison ultime de la réussite des Grecs fut leur courage affiché.
 
   Pour l’armée Grecque vainqueur, le travail n’était pas terminé. En effet la seconde offensive des Perses, qui visait la cité, avec l’attaque des meilleurs éléments de leur armée qui avaient rembarqué après la bataille selon Hérodote, avant celle-ci selon les historiens contemporains, était en route. Les Léontides et les Antiochides, les tribus placées au centre et qui avaient le plus souffert, restèrent sur le champ de bataille, commandées par Aristide le Juste.
 
   La flotte Perse avait besoin d’une dizaine d’heures pour doubler le cap Sounion et atteindre Phalère. Juste après la bataille, par une marche forcée de sept ou huit heures, les hoplites Grecs arrivèrent environ une heure avant la flotte ennemie. Les Perses voyant la ville largement en état de défense, constatèrent l’échec de leur manœuvre. Ils renoncèrent à débarquer et rentrèrent en Asie. Ce qui mit fin à la Première Guerre Médique. Quelques jours plus tard, les renforts Spartiates (2.000 hoplites) arrivèrent enfin après avoir parcourus les 220 km., en seulement trois jours et ne purent que constater la victoire des Athéniens et des Platéens, qui ne les avaient pas attendu.
 
   Les morts de Marathon furent enterrés sur le champ de bataille. Sur la tombe des Athéniens cette épigramme composée par Simonide (ou Simonide de Céos [ou Kéa] ou Simônídês, poète lyrique Grec, 556-468) fut écrit : ‘Aθηναĩοι Μαραθẅνι Ҳλλήνωνχρυσοφόρων Μήδων στόρεσαν δύναμιν En combattant au premier rang des Grecs les Athéniens à Marathon ont terrassé l’armée des Mèdes. Darius I (522-486) voulait préparer sa revanche et une nouvelle expédition. Mais, en 486, les paysans Égyptiens dirigés par le Satrape, Aryandès (ou Ariandes) de Memphis, se révoltèrent, ce qui occupa les derniers mois du Roi, qui mourut la même année. Son fils Xerxès I (486-465) allait reprendre la lutte et commencer l’épopée de la deuxième invasion Perse de la Grèce.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
Le Monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
Richard A.Billows :
Marathon : How one battle changed Western civilization, Gerald Duckworth, Londres, 2010.
Arthur Boucher :
Marathon, d’après Hérodote, Berger Levrault, Paris, nancy, 1920.
Patrice Brun :
La bataille de Marathon, Larousse imprimerie, Paris, 2009.
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Peter Green :
The Greco-Persian wars, University of California Press, Berkeley, 1996.
Les Guerres Médiques, Librairie Jules Tallandier,‎ Paris, 2008.
Peter Green et Denis-Armand Canal :
Les Guerres Médiques, Tallandier, Paris, 2008.
Konstantinos P.Kontorlis :
Graeco-Persian wars : Marathon, Thermopylae, Salamis, Plataeae, K. Kontorlis, Athens, 1963.
Peter Krentz :
The battle of Marathon, Yale University Press, New Haven, 2010.
John Francis Lazenby :
The defence of Greece, 490-479 B.C., Aris & Phillips, Warminster, 1993.
Edmond Lévy :
La Grèce au Ve siècle : De Clisthène à Socrate, Points Seuil, Paris, 1997.
Alan Brian Lloyd : 
Marathon : The story of civilizations on collision course, Souvenir Press, 1st edition Oct 1974 – New American Library, 1975.
Compton Mackenzie :
Marathon and Salamis, Readers Union, Londres, 1941.
Jacques Marseille et Guy Michel :
Marathon : Grecs contre Perses, la victoire de la liberté, 490 av.J.C, Hachette, Paris, 1988.
Donald W.Olson :
The Moon and the Marathon, pp : 34-41, Issue of Sky & Telescope magazine, Septembre 2004.
Basile Petrákos :
Marathon, The Archaeological Society at Athens, Athènes, 1996.
Johan Henrik Schreiner :
Two battles and two bills : Marathon and the Athenian fleet, Norwegian institute at Athens, Athènes, 2004 – The University of Oslo, Oslo, Janvier 2004.
Nick Sekunda :
Marathon, 490 BC : The first Persian invasion of Greece, Conn. : Praeger, Westport, 2005.

 

 

 Copyright © Antikforever.com