Présentation et datation
La bataille de Marathon (ou Machē tou Marathōnos, en
Grec : Μάχη τοῦ Μαραθῶνος,
en Persan : نبرد ماراتون)
eut lieu en Août ou Septembre 490 av.J.C, lors de la première invasion
Perse de la
Grèce. Elle opposa l’armée
Perse de
Darius I le Grand
(522-486) aux hoplites
Athéniens et Platéens.
La bataille fut le point culminant de la première tentative
Perse de soumettre la
Grèce. L’armée
Grecque vaincue de manière décisive celle des
Perses, pourtant nettement plus nombreuse, marquant
un tournant dans le conflit appelé les Guerres Médiques (499-479).
La première invasion Perse
fut une réponse à la participation Grecque dans la révolte
Ionienne,
lorsqu’Athènes et
Érétrie avaient envoyé une force pour
soutenir les villes d’Ionie dans leur tentative de renverser
la domination Perse.
Selon Hérodote (Historien
Grec, 484-v.425),
Darius I prit son arc, il y plaça une flèche sur la corde et il déchargea vers le ciel, et comme il tirait en l’air,
il aurait déclaré : “Zeus, accorde-moi de prendre ma vengeance sur les Athéniens“. Aussi chargea-t-il un de ses serviteurs, de lui dire, tous les jours avant
le dîner, trois fois : “Maître, rappelez-vous les Athéniens“. Cette victoire
Grecque mit fin à la
Première Guerre Médique (499-490).
Une nouvelle attaque eut lieu dix ans plus tard sous la direction du Roi Perse
Xerxès I (486-465).
La bataille de Marathon joua un rôle politique important avec l’affirmation du modèle démocratique
Athénien et le début de grandes carrières pour ses chefs militaires,
tels que Miltiade (ou Miltiade le Jeune ou Miltiadês, en
Grec : Μιλτιάδης, 540-489) ou Aristide le Juste (ou Aristeidês ou Aristidès, en
Grec : ‘Aριστείδης, 540-468).
Marathon reste une des batailles les plus connues de l’antiquité, notamment grâce aux commémorations qu’elle suscita,
telles que la course du marathon inventée à l’occasion des jeux olympiques de 1896 à
Athènes.
Pratiquement la seule source sur la bataille de Marathon nous est
parvenue de l’historien Hérodote.
La datation de la bataille est encore aujourd’hui discutée. Le problème est
qu’Hérodote donne une date dans le calendrier luni-solaire
dont chaque cité Grecque utilisait une variante.
Des calculs astronomiques permettent toutefois d’obtenir une date dans le calendrier Julien. En 1855, Philipp August Böckh détermina pour la bataille la date
du 17 Septembre 490, date qui est communément admise depuis par un grand nombre de spécialistes.
On retient le 12 comme étant le jour du débarquement des troupes et donc l’affrontement lui-même aurait eu lieu le 17 Septembre.
Toutefois, il faut souligner que selon Donald W.Olson, il est possible que le calendrier
Spartiate ait eu un mois d’avance sur le calendrier
Athénien, auquel cas il faudrait retenir la date du 12 Août ?.
Le contexte
La première invasion
Perse de la
Grèce voit ses racines immédiates dans la révolte
Ionienne, en fait la première phase des
Guerres Médiques (499-479).
Cependant, elle fut aussi le résultat de l’interaction à long terme entre les
Grecs et les
Perses.
En 500 av.J.C, l’Empire Perses était encore relativement jeune et
très expansionniste, mais sujet à des révoltes parmi ses peuples soumis.
Même avant la révolte Ionienne, le Roi
Perse,
Darius I le Grand (522-486) avait eu à éteindre
en Europe quelques rebellions, prenant la Thrace, la
Macédoine
et les forçant à devenir des alliées de la Perse.
Cependant, la révolte Ionienne
avait directement menacé l’intégrité de l’Empire Perse et les états de la
Grèce continentale restaient une menace potentielle à sa
future stabilité. C’est ce qui poussa le Roi à vouloir pacifier la Grèce
et la mer Egée et punir les cités qui s’étaient impliquées dans la
révolte Ionienne,
Athènes et
Érétrie.
La révolte Ionienne, avait commencé avec l’échec
de l’expédition contre Naxos, du fait des relations entre un Général du
Satrape
Perse Artapherne
(ou Artaphernès ou Artaphernês, neveu de Darius I)
et le Tyran de Milet,
Aristagoras (En
Grec :
Αρισταγόρας ο Μιλήσιος Aristagoras de Milêtos).
Dans la foulée, Artapherne décida de supprimer Aristagoras
du pouvoir, mais avant qu’il puisse le faire, ce dernier abdiqua, déclara
Milet une démocratie et poussa ses compatriotes à se rebeller
contre leur maître Darius I.
Les autres cités Ioniennes lui emboîtèrent le pas, déposant leurs
Tyrans nommés par les Perses et se déclarant des démocraties.
Aristagoras appela les états de la
Grèce continentale pour le soutenir,
mais seulement Athènes et
Érétrie offrirent d’envoyer des troupes.
Reconstitution d’une phalange
|
La participation d’Athènes dans la
révolte Ionienne naquit d’un ensemble complexe de circonstances,
à commencer par l’établissement de la démocratie dans la cité à la fin du VIe siècle. En 514, avec l’aide de
Cléomène I (ou Cléomènes ou Kleoménês, en
Grec : Κλεομένης Α’,
520-490), Roi de Sparte, le peuple
Athénien avait expulsé
Hippias (En
Grec : ‘Iππίας, 527-514),
le Tyran d’Athènes. Il s’enfuit à
Sardes (Capitale
Lydienne) à la cour du
Satrape
Perse, Artapherne (ou Artaphernès ou Artaphernês, neveu de
Darius I) et lui promit le contrôle
d’Athènes s’il l’aidait à reprendre son trône.
Dans l’intervalle, Cléomène I aida
à installer la Tyrannie d’un de ses partisan dans la ville, en opposition à
Clisthène (ou Klisthène ou Clisthenes ou Kleisthenēs, en
Grec : Kλεισθένης,
570- † après 507), le chef démocrate de la puissante famille Alcméonides. Après avoir été un temps exilé de la ville du fait de l’intervention de
Cléomène I, il fut restauré par le peuple en 507,
et à une vertigineuse vitesse il commença à réformer l’État avec le but d’assurer sa position.
Cela permit le développement d’un gouvernement pleinement démocratique. Cette nouvelle liberté et l’auto-gouvernance des
Athéniens signifiait qu’ils étaient hostile au retour de la Tyrannie
ou toute autre forme d’assujettissement extérieur, Sparte,
la
Perse, ou quelqu’un d’autre.
Les tentatives de Cléomène I pour reprendre le
contrôle d’Athènes se terminèrent par une débâcle et au lieu d’être restauré,
Hippias fuit de nouveau à
Sardes et essaya de persuader les
Perses de prendre
Athènes. Devenant ainsi l’ennemi de la
Perse,
Athènes se sentit dans l’obligation de soutenir les cités
Ioniennes lorsqu’elles se
rebellèrent contre leur maitre Darius I.
Athènes et
Érétrie envoyèrent une flotte de de 25 trirèmes en
Asie Mineure pour le soutien à la révolte.
Après une première victoire ou la coalition prit et brûla Sardes,
ils furent ensuite repoussés et poursuivis par les cavaliers Perses,
perdant beaucoup d’hommes dans la retraite.
Malgré le fait que leurs actions étaient finalement infructueuse, les Athéniens et
Érétriens
avaient gagné l’inimitié de Darius I, qui promit de punir les deux villes.
La bataille navale
de Ladé en 494 mit fin à la révolte Ionienne.
La pacification de l’Ionie
permit aux Perses
de commencer à planifier leurs prochaines actions pour éteindre la menace à leur Empire que faisait peser la
Grèce et de punir
Athènes et
Érétrie.
En 492, Darius I envoya une expédition en
Grèce sous le commandement de
Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye, en
Grec : Μαρδόνιος,
† 479, son gendre époux de sa fille Artazostre [ou Artozastra ou Arta-zausri]).
Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye) reconquit la Thrace et contraint le Roi de
Macédoine
Alexandre I Philhellène (498-454) à faire de son royaume
un client de la Perse.
En 490, Darius I décida d’envoyer une expédition maritime dirigée
par Artapherne et le Général Mède Datis.
Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye) qui ayant été blessé à la campagne précédente, était tombé en disgrâce. L’expédition avait pour but d’amener les Cyclades dans l’Empire
Perse, puis forcer
Érétrie et
Athènes à se soumettre ou être détruites.
Après un succès d’île en île en mer Egée, la force Perse arriva
à l’île d’Eubée en plein été, prête à entreprendre son objectif majeur, punir
Érétrie. L’armée
Perse atteignit la pointe Sud de l’île et
mis le siège à la ville d’Érétrie. Elle prit et ravagea la ville et déporta la population près de
Suse.
Après ce succès le but était maintenant de punir Athènes.
Le prélude
Le
Roi Perse
Darius I le Grand (522-486)
avait pour projet d’attaquer Athènes par la mer. En 490,
l’armée Perse, dirigée par les Généraux :
Artapherne (ou Artaphernès ou Artaphernês, neveu de Darius I),
Satrape de
Lydie,
pour l’armée de terre et le Général Mède Datis (En
Grec :
Δᾶτις) pour la flotte, partant de l’île
d’Eubée
se dirigea sur l’Attique. Elle navigua le long des côtes et accosta, le 12 Septembre 490, sur la baie de Marathon.
Elle débarqua, sur les conseils de l’ancien Tyran d’Athènes,
Hippias (527-510), sur la côte orientale, sur la plage qui borde la
plaine de Marathon, à environ 40 kilomètres d’Athènes qui devait
affronter seule l’envahisseur.
Soldat Athénien avec l’équipement militaire complet – Musée archéologique national – Athènes
|
Les Athéniens
n’attendirent pas l’ennemi derrière leurs remparts. Conduits par le Stratège
Miltiade (540-489), qui avait la plus grande expérience de la lutte contre
les Perses,
les hoplites décidèrent de se rendre au-devant des
Perses.
L’armée Athénienne marcha rapidement pour bloquer les deux sorties de la plaine de
Marathon et bloquer les Perses
à l’intérieur des terres. Dans le même temps, le plus grand coureur d’Athènes,
Philippidès (ou Pheidippides ou Philippides dans certains comptes) fut envoyé à
Sparte pour demander que l’armée
Spartiate vienne en aide à
Athènes. Philippidès arriva pendant le festival de
Karneia (ou Carneia ou Carnea ou Karnea, en
Grec : Κάρνεα, festivités religieuses
données en l’honneur d’Apollon), une période sacro-sainte de la paix, et fut informé que l’armée
Spartiate
ne pouvait pas marcher à la guerre jusqu’à ce que la pleine lune se leva. Athènes
ne pouvait donc pas compter sur des renforts avant au moins dix jours. Elle devait tenir seule pour le moment dans cette plaine de Marathon,
même si elle fut renforcée par un rassemblement de 1.000 hoplites
envoyés par la petite ville de Platée, un geste qui gagna une reconnaissance
Athénienne sans fin pour cette ville.
Pendant cinq jours les armées s’affrontèrent à travers la plaine de Marathon sans résultat.
Les flancs du camp Athénien était protégés par un bosquet d’arbres.
Étant donné que chaque jour qui passait rapprochait l’arrivée des
Spartiates, le temps travaillait en faveur des
Athéniens.
Dans son récit, Hérodote (Historien
Grec,
484-v.425) nous dit que Miltiade était désireux d’attaquer les
Perses, tout en sachant que les
Spartiates arrivaient pour les aider,
mais étrangement, il choisit d’attendre pour l’attaque. Ce passage pose problème aux historiens car les
Athéniens avaient peu à gagner en attaquant avant que les
Spartiates ne soient là. Cependant il ne semble pas y avoir eu
de délai entre l’arrivée d’Athènes à Marathon et la bataille ?.
Hérodote, qui croyait évidemment que
Miltiade était impatient d’attaquer, a peut-être fait une
erreur en cherchant à expliquer cette attente.
Cela soulève alors la question de savoir pourquoi la bataille eut lieu.
Hérodote nous dit explicitement que les
Grecs attaquèrent les
Perses, mais on ne sait pas pourquoi ils l’ont fait avant l’arrivée des
Spartiates.
Il y a deux théories qui expliquent cela. La première est que la cavalerie
Perse quitta Marathon pour une raison quelconque et que les
Grecs se déplacèrent en attaquant pour profiter de cet avantage.
Cette théorie est basée sur l’absence de toute mention de la cavalerie dans le récit de la bataille
d’Hérodote. Une idée répandue nous dit que la cavalerie fut embarquée de nouveau
sur des navires et fut envoyée par voie maritime au cap Sounion (à 45 km. au Sud-est
d’Athènes)
pour prendre Athènes à revers.
La deuxième théorie est tout simplement que la bataille eut lieu parce que les
Perses finalement vinrent au-devant des
Athéniens.
Les deux théories impliquent toutefois qu’il y eut une sorte d’activité des
Perses qui aurait eu lieu le (ou vers) le cinquième jour, qui finalement
déclencha la bataille.
Les effectifs
En ce qui concerne les effectifs,
Hérodote (Historien
Grec,
484-v.425) ne donne pas de chiffre pour l’armée
Athénienne. Cependant, Cornelius Nepos (Écrivain Latin, 100-29 ou 25),
Pausanias (Géographe
Grec,
v.115-v.180) et Plutarque
(Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) donnent tous les
trois le chiffre de 9.000 Athéniens et
1.000 Platéens, tandis que Justin (ou Marcus Junianus Justinus, historien Romain, IIIe siècle ap.J.C.), suggère qu’il y avait 10.000
Athéniens et 1.000 Platéens. Ces nombres, équivalents à ceux donnés par
Hérodote pour la
bataille de Platées, semblent probables. Ils sont
généralement acceptés par les historiens contemporains.
Pausanias
nous dit que sur le monument commémorant la bataille, des noms d’anciens esclaves qui ont été libérés en échange de services militaires,
sont indiqués.
En ce qui concerne les Perses,
Hérodote n’est guère plus précis.
Déjà on trouve rarement des chiffres uniquement pour la bataille de Marathon. Ceux
disponibles et couramment publiés sont ceux au début de la campagne avant le
siège d’Érétrie. Selon l’auteur, la flotte envoyée par
Darius I le Grand (522-486) était composée de 600 trirèmes.
Il n’estime pas la taille de l’armée Perse,
disant seulement qu’elle était “une grande infanterie“. Parmi les sources antiques, Simonide (ou Simonide de Céos [ou Kéa] ou Simônídês, poète lyrique
Grec, 556-468), un autre quasi-contemporain, dit que la force
Perse comptait 200.000 hommes.
Le Romain Cornélius Nepos (100-29 ou 25, écrivain Latin) l’estime à 200.000 fantassins et 10.000 cavaliers, dont seulement 100.000 auraient combattu, tandis
que le reste fut chargé dans la flotte qui partit pour le cap Sounion (à 45 km.
au Sud-est d’Athènes)
pour prendre Athènes à revers.
Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste
Grec,
46-v.125 ap.J.C) et Pausanias (Géographe
Grec,
v.115-v.180), indépendamment donnent 300.000 hommes. Platon
(Philosophe Grec,
427-346) et Lysias (Un des dix orateurs attique, 458 ou 440-vers 380), affirment eux 500.000 et
Justin (ou Marcus Junianus Justinus, historien Romain, IIIe siècle ap.J.C.) 600.000 ?.
Combat entre hoplite et cavalier Perse |
Les historiens modernes proposent pour l’infanterie, entre 20.000 et 100.000
avec un consensus de peut-être 25.000 et des estimations pour
la cavalerie dans les 1.000. Pour l’historien Pierre Briant, leurs effectifs sont impossibles à quantifier, mais l’armée de Datis était de toute façon de
faible ampleur. Cependant il faut noter que l’extrémité inférieure de cette fourchette contredirait la déclaration faite par
Hérodote d’une “grande infanterie“.
Une force de 25.000 combattants ne peut en aucun cas être ni grande, ni intimidante pour les
Grecs, en particulier dans le scénario (comme dit plus haut)
que la moitié de l’armée
Perse fit le tour du cap Sounion pour prendre Athènes à revers,
laissant ainsi sur le terrain une force presque égale numériquement à l’armée de Miltiade (ou Miltiade le Jeune ou Miltiadês, en
Grec : Μιλτιάδης, 540-489).
Les historiens arrivent à cette déduction : Dans l’hypothèse (peu probable) que les 600 navires
d’Hérodote représentent toute la force navale
Perse,
à la fois de combat et la flotte de transport de troupes, et que chaque navire transportait un équipage total de 230 à 240 hommes (en considérant les 30
marins-soldats supplémentaires que l’auteur mentionne) nous avons un minimum de 138.000 à 144.000 hommes. Afin d’emporter les fournitures pour deux
mois et transporter leurs 1.800 cavaliers, les Perses
avaient en plus 200 navires de ravitaillement et 70 pour le transport des chevaux, ainsi une flotte totale de 870 bateaux.
Selon quelques spécialistes, la flotte Perse
de Marathon pourrait être la suivante :
▪ 600 navires de combat (aphraktae ou trirèmes ouvertes) de généralement 30 à 40 marins-soldats.
Les galères à Marathon furent embarquées avec 30 marins supplémentaires, à la fin de la campagne.
Elles comprenaient : 170 rameurs, 15 marins et officiers, 60 marins-soldats.
▪ 400 navires de transports (kataphraktae ou trirèmes fermés). Avec moins de rameurs et un poids supplémentaire,
ces trirèmes étaient lentes et lourdes donc totalement inutiles dans le combat naval et en plus avaient besoin d’escorte. Elles comprenaient :
70 rameurs, 15 marins et officiers, 160 troupes terrestre.
▪ 70 navires de transports de cavalerie (kataphraktae ou trirèmes modifiées). Ils comprenaient :
70 rameurs, 15 marins et officiers, 25 chevaux avec leurs cavaliers et des engins complets de siège.
▪ 300 navires de ravitaillement, qui étaient des
navires de commerce normaux, transportant des fournitures (principalement
céréales) pendant les guerres. Ils comprenaient : 22 rameurs, 10 marins, 50
tonnes de fournitures (grain).
Ce qui donnerait un total général de 257.500 à 155.750 rameurs et marins, 100.000 soldats et marins-soldats, 1.750 cavaliers, 1.370 navires.
Ainsi, le décompte de Simonide (ou Simonide de Céos [ou Kéa] ou Simônídês) de 200.000 hommes, serait le plus proche de la vérité.
Les stratégies
Les stratégies des armées
Grecque et
Perse ne sont pas connues avec certitude,
les écrits des auteurs anciens étant parfois contradictoires, de plus plusieurs hypothèses sont possibles.
Les mécanismes du déclenchement de la bataille découlant de ces différentes possibilités, ceux-ci ne sont également que des hypothèses.
D’un point de vue stratégique, les Athéniens avaient quelques inconvénients à Marathon.
Afin de faire face aux Perses dans la bataille,
ils avaient recruté tous les hoplites disponibles et malgré
cela, les Perses étaient encore plus nombreux, on estime à
probablement au moins 2 contre 1. En outre, soulever cette grande armée dénudait la ville
d’Athènes de défenseurs, et donc toute attaque secondaire sur ses arrières
pouvait couper l’armée de la ville, et toute attaque directe contre la cité ne pouvait pas être défendue.
De plus, une défaite à Marathon signifierait la défaite complète
d’Athènes, puisque aucune autre armée n’existait.
La stratégie Athénienne était donc de ne pas attendre derrière
les remparts de la cité mais de garder l’armée Perse bloquée à Marathon,
en fermant les deux sorties de la plaine. Ils furent rejoints sur place par leurs alliés Platéens.
Toutefois, ces inconvénients pour les Athéniens étaient équilibrés par quelques
avantages. Ils n’avaient pas besoin de chercher la bataille, car ils avaient réussi à confiner les
Perses dans la plaine de Marathon.
En outre, le temps travaillait en leur faveur, car chaque jour qui passait les rapprochaient de l’arrivée de
l’aide Spartiate.
Ayant tout à perdre en attaquant trop tôt, et beaucoup à gagner en attendant, les
Athéniens
restèrent sur la défensive dans la perspective de la bataille et réalisèrent ainsi leur premier objectif.
Sur le plan tactique, les hoplites
Athéniens étaient vulnérables face aux attaques d’une cavalerie, et les
Perses possédaient une cavalerie redoutable,
ce qui annulait toute manœuvre offensive des Athéniens,
renforçant leur idée de stratégie défensive. De plus le camp
Grec était protégé sur ses flancs par un petit bois
(ou par un abattis de pieux selon les traductions).
La stratégie côté Perse fut principalement
déterminée par des considérations tactiques. Selon Edmond Lévy, ils souhaitent vider la cité de ses défenseurs, les fixer à Marathon en débarquant
la moitié de leurs troupes et contourner les hoplites pour prendre
Athènes par la mer, ses portes étant ouvertes par les hommes
d’Hippias.
C’est une des raisons pour lesquelles, bien qu’en supériorité numérique, les
Perses n’auraient pas attaqué immédiatement.
Une autre était qu’ils se méfiaient des hoplites, beaucoup plus puissants que leur
infanterie légère dans une confrontation directe.
De plus, les Athéniens
avaient pris une forte position défensive dans la plaine, ce qui explique aussi l’hésitation
Perse à les attaquer de front.
Buste de Thémistocle Musée archéologique d’Ostie
|
Quel que fut l’événement qui finit par déclencher la bataille, il est évident qu’il modifia l’équilibre
stratégique, ou tactique, suffisamment pour inciter les Athéniens
à changer de stratégie et à attaquer les Perses.
En fonction des deux théories développées ci-dessus, l’absence de cavalerie
Perse enlevait le principal inconvénient tactique des
Athéniens, et la menace d’être débordé, il était donc impératif d’attaquer.
En revanche, si la deuxième théorie est correcte, alors les Athéniens
réagirent normalement à un mouvement d’attaque des Perses.
Mais dans ce cas pourquoi ces derniers ont-ils attendu et hésité pendant 5 jours avant d’attaquer ?.
Le déroulement
Avant la bataille, les armées étaient séparées d’au moins 1.500 mètres.
Miltiade (ou Miltiade le Jeune ou Miltiadês, en
Grec : Μιλτιάδης, 540-489) ordonna aux deux tribus qui formaient le centre de la formation
Grecque, la tribu des Léontides conduite par
Thémistocle (ou Themistokles, en
Grec :
Θεμιστοκλῆς, v.525-v.460/459) et la tribu
Antiochides dirigée par Aristide le Juste (ou Aristeidês ou Aristidès, en Grec :
‘Aριστείδης, 540 à 468), de se disposer dans la profondeur sur quatre rangs tandis que le reste des tribus,
sur les flancs, se mirent sur huit rangs. Certains commentateurs modernes ont suggéré que ce fut un stratagème délibéré afin de pouvoir envelopper le centre
Perse,
car la grande force des phalanges Grecques était leur impact frontal
capable de disloquer les lignes de fantassins adverses. Pour certains, comme John Francis Lazenby, cela suggérait un niveau de formation que les
Grecs ne possédaient pas.
Ces phalanges éraient peu manœuvrables et donc très vulnérables sur les flancs.
Il était donc crucial pour les Grecs en infériorité numérique
de ne pas se faire déborder en particulier par la cavalerie ennemie.
Lorsque la ligne Athénienne fut prête, selon une source,
sur un simple signal donné par Miltiade : “À l’attaque“, la bataille commença. Mais avant cela, il est difficile de savoir ce qui la déclencha.
Pourquoi alors que les armées guerroyaient sans succès depuis 5 jours, elles décidèrent cet affrontement ?.
Dans toutes les hypothèses (comme exposé ci-dessus), un mouvement des troupes
Perses le cinquième jour après le débarquement aurait poussé les
Grecs à passer à l’attaque. D’après
Hérodote (Historien
Grec, 484-v.425), les
Grecs coururent toute la distance qui les séparaient des
Perses en hurlant leur cri de guerre :
“Ελελευ ! Ελελευ !” “Eleleu! Eleleu!”.
Cette action héroïque est remise en question par de nombreux spécialistes. En effet l’armure au complet des
Athéniens était d’au moins 20 kg, et donc bien trop lourde pour
courir toute la distance. Plus probablement, cette course fut plutôt une marche rapide, en rangs serrés, qui s’accéléra
jusqu’à ce qu’ils atteignent la limite de l’efficacité des archers ennemis “la zone de battue” (environ 200 m.) et là
ils partirent en pleine course afin d’arriver à grande vitesse sur l’ennemi.
Miltiade, connaissait la faiblesse de l’armée Perse
pour avoir combattu avec eux, en 512, lors de l’offensive contre les Scythes. L’armement
Perse
ne permettait pas les combats au corps à corps, car ils étaient équipés avec des boucliers en osier et des piques courtes. Contrairement à celui des
Grecs ou les
hoplites, avec une épée ou une
longue lance, étaient protégés par un casque, un bouclier, une cuirasse, des jambières et des brassards en airain
(bronze). De plus la technique de combat des hoplites en rangs serrés (La
phalange) était un énorme avantage.
Carte montrant principaux mouvements des armées pendant la bataille
|
Hérodote nous dit que ce fut la première fois qu’une armée
Grecque courut vers son adversaire,
et que cela surprit les Perses pour qui cette charge relevait
de la folie car ils n’avaient ni cavalerie ni archers pour les épauler.
En effet, sur la base de leurs expériences précédentes contre les Grecs,
les Perses étaient plutôt habitués à ce que leurs adversaires aient
peur d’eux et s’enfuient plutôt qu’ils avancent ainsi. Les Grecs
traversèrent sans problème les volées de flèches lancées par l’armée Perses,
protégés par leurs armures et entrèrent en collision avec la première ligne ennemie.
Les Perses furent surpris par l’impact dévastateur. Ils s’attendaient à ce que
leurs adversaires soient des cibles faciles et donc facilement arrêtés dans leur progression.
Les hoplites Athéniens
avaient aiguisé leur style de combat en combattant avec d’autres phalanges, boucliers contre boucliers. Ils étaient tous en contact via leurs lances et
leurs épaules et dans ces premières terribles secondes de collision, l’énergie cinétique de la masse totale de la phalange arrivant à pleine vitesse,
était telle qu’elle renversait sans problème les fantassins adverses.
Dans les combats entre Grecs,
les boucliers s’entrechoquaient et les lances rencontraient les armures de bronze. Là, les
Perses n’avaient ni véritable armure ni véritable bouclier.
Les flancs Grecs,
commandés par l’Archonte et Général Athénien
Callimaque, avec les Platéens, dispersèrent facilement les troupes des flancs
Perses qui leur étaient opposées
composés de troupes éparses qui se disloquèrent et remontèrent dans la panique à bord des navires.
Les Grecs renoncèrent à poursuivre les troupes
Perses en déroute, ils
changèrent alors de direction et s’abattirent sur le centre Perse
en l’encerclant en une parfaite manœuvre de tenaille. Celui-ci résista mieux, car composé de troupes d’élite (les Immortels), mais devant une telle charge,
il finit tout de même par céder et il se replia en désordre vers les navires, poursuivit par les
Grecs qui les massacrèrent jusque dans l’eau.
Selon Peter Green, dans la confusion, les Athéniens
perdirent plus d’hommes qu’au moment de l’impact entre les deux armées.
Un nombre important de soldats
Perses, en fuite vers les marais, se noya. Les Grecs
se rendirent maitre de 7 navires Perses
tandis que les autres parvinrent à s’enfuir. Hérodote raconte que Cynégire,
le frère d’Eschyle, poursuivit les vaisseaux Perses et en saisit
un avec sa main droite. Cette main étant coupée par un marin Perse,
il saisit le vaisseau de la gauche. Celle-ci ayant eu le même sort, il s’accrocha au bâtiment avec les dents. Il mourut peu après.
Selon la tradition, qu’Hérodote récuse,
ce fut lors de cette débâcle
Perse qu’un messager au nom de Philippidès (ou Pheidippides ou Philippides dans certains comptes) courut annoncer la victoire aux habitants
d’Athènes. Il mourut d’épuisement en arrivant sur l’Agora, au pied de
l’Acropole, après quatre heures de course. Il eut tout juste eu le temps de prononcer un seul mot avant de s’effondrer : "Nenikamen"
(ou Nenikikame), "Nous avons gagné". Son souvenir serait
à l’origine de l’épreuve des Jeux Olympiques moderne, le marathon.
Hérodote
nous dit que 6.400
Perses furent tués sur le champ de bataille,
et on ne sait combien d’autres périrent dans les marais. Les
Athéniens n’auraient perdu que 192 hommes et les Platéens 11 ?.
Parmi les morts il y eut l’Archonte et Général Athénien Callimaque et le
Général Stésiléos. Il semblerait que la tribu des Aiantides ait payé le plus lourd tribut. Chez les
Perses, selon Ctésias de
Cnide (Médecin
Grec
d’Artaxerxès II, historien de la Perse et de l’Inde, mort v.398)
le Général Mède Datis fut tué, selon
Hérodote il s’enfuit après la bataille ?.
Une telle différence de chiffre dans les pertes semble extraordinaire. Même si le nombre des pertes
Perses est vraisemblablement exagéré,
on constate fréquemment, dans les diverses batailles les opposant aux peuples d’Asie, que les
Grecs de l’époque ont 1
à 2 tués pour 20 à 30
morts dans les armées orientales.
Soldats Perses
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Il y a plusieurs explications à la réussite
Grecque.
La plupart des chercheurs pensent qu’ils avaient un meilleur équipement et utilisèrent des tactiques supérieures.
La formation en phalange avait fait ses preuves parce que les
hoplites avaient une longue tradition du combat au corps-à-corps, tandis que les soldats
Perses étaient habitués à un genre très différent de conflit.
John Francis Lazenby avance que la raison ultime de la réussite des
Grecs fut leur courage affiché.
Pour l’armée Grecque vainqueur,
le travail n’était pas terminé. En effet la seconde offensive des Perses,
qui visait la cité, avec l’attaque des meilleurs éléments de leur armée qui avaient rembarqué après la bataille selon
Hérodote, avant celle-ci
selon les historiens contemporains, était en route. Les Léontides et les Antiochides, les tribus placées au centre et qui avaient le plus souffert,
restèrent sur le champ de bataille, commandées par Aristide le Juste.
La flotte Perse avait
besoin d’une dizaine d’heures pour doubler le cap Sounion et atteindre Phalère. Juste après la bataille, par une marche forcée
de sept ou huit heures, les hoplites
Grecs arrivèrent environ une heure avant la flotte ennemie.
Les Perses voyant la ville largement en état de défense,
constatèrent l’échec de leur manœuvre. Ils renoncèrent à débarquer et rentrèrent en
Asie. Ce qui mit fin à la Première Guerre Médique.
Quelques jours plus tard, les renforts Spartiates (2.000 hoplites) arrivèrent enfin
après avoir parcourus les 220 km., en seulement trois jours et ne purent que constater la victoire des
Athéniens et des Platéens, qui ne les avaient pas attendu.
Les morts de Marathon furent enterrés sur le champ de bataille. Sur la tombe des
Athéniens cette épigramme composée par
Simonide (ou Simonide de Céos [ou Kéa] ou Simônídês, poète lyrique Grec,
556-468) fut écrit : ‘Aθηναĩοι Μαραθẅνι
Ҳλλήνωνχρυσοφόρων Μήδων
ἐστόρεσαν δύναμιν
En combattant au premier rang des Grecs les Athéniens à Marathon ont terrassé l’armée des Mèdes.
Darius I (522-486) voulait préparer sa revanche et une
nouvelle expédition. Mais, en 486, les paysans Égyptiens dirigés par le
Satrape,
Aryandès (ou Ariandes) de Memphis,
se révoltèrent, ce qui occupa les derniers mois du Roi, qui mourut la même année. Son fils
Xerxès I (486-465) allait reprendre la lutte et commencer
l’épopée de la deuxième invasion
Perse de la Grèce.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la
bataille voir les ouvrages de :
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
– Le Monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
Richard A.Billows :
– Marathon : How one battle changed Western civilization, Gerald Duckworth, Londres, 2010.
Arthur Boucher :
– Marathon, d’après Hérodote, Berger Levrault, Paris, nancy, 1920.
Patrice Brun :
– La bataille de Marathon, Larousse imprimerie, Paris, 2009.
Jean-Nicolas Corvisier :
– Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Peter Green :
– The Greco-Persian wars, University of California Press, Berkeley, 1996.
– Les Guerres Médiques, Librairie Jules Tallandier, Paris, 2008.
Peter Green et Denis-Armand Canal :
– Les Guerres Médiques, Tallandier, Paris, 2008.
Konstantinos P.Kontorlis :
– Graeco-Persian wars : Marathon, Thermopylae, Salamis, Plataeae, K. Kontorlis, Athens, 1963.
Peter Krentz :
– The battle of Marathon, Yale University Press, New Haven, 2010.
John Francis Lazenby :
– The defence of Greece, 490-479 B.C., Aris & Phillips, Warminster, 1993.
Edmond Lévy :
– La Grèce au Ve siècle : De Clisthène à Socrate, Points Seuil, Paris, 1997.
Alan Brian Lloyd :
– Marathon : The story of civilizations on collision course, Souvenir Press, 1st edition Oct 1974 – New American Library, 1975.
Compton Mackenzie :
– Marathon and Salamis, Readers Union, Londres, 1941.
Jacques Marseille et Guy Michel :
– Marathon : Grecs contre Perses, la victoire de la liberté, 490 av.J.C, Hachette, Paris, 1988.
Donald W.Olson :
– The Moon and the Marathon, pp : 34-41, Issue of Sky & Telescope magazine, Septembre 2004.
Basile Petrákos :
– Marathon, The Archaeological Society at Athens, Athènes, 1996.
Johan Henrik Schreiner :
– Two battles and two bills : Marathon and the Athenian fleet, Norwegian institute at Athens, Athènes, 2004 –
The University of Oslo, Oslo, Janvier 2004.
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– Marathon, 490 BC : The first Persian invasion of Greece, Conn. : Praeger, Westport, 2005.
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