Autres  royaumes  et  villes :
Alep  et  le 
Yamkhad
 

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Vue des ruines d’Alep

   Vers 1800 av.J.C, la Syrie et la Palestine comptaient plusieurs royaumes Amorrites, dont Byblos et Ougarit, mais le plus étendu était le Yamkhad (ou Yam-Khad) qui avait pour capitale Alep (ou Aleppo ou Beroea, déjà nommée alab à cette période). Il s’étendit, lors de son apogée, du Mont Taurus à l’Euphrate et la Syrie du Nord. On pense qu’il exista de vers 2000 à vers 1595. Ses Rois, Yarim-Lim I à III (ou Iarim-Lim), Niqmepa (ou Niqmepuh) etc… gouvernèrent par l’intermédiaire de vassaux tel que les Rois d’Alakhtum (ou Alalah) quand ils n’étaient pas eux mêmes Roi de cette ville.
 
   Les Rois du Yamkhad dominèrent aussi les riches cités d’Emar et Ougarit. Leurs grands rivaux furent les souverains du royaume de Qatna, situé au Sud du Yamkhad. L’antique Alep se situait au même endroit que la ville actuelle du même nom. De ce fait il a été impossible aux archéologues d’atteindre des niveaux de fouilles datant de cette période. Les seuls renseignements sur l’histoire de ce royaume nous parviennent donc de sources extérieures. Pour la plupart de la cité de Mari, pour la période qui va de 1810 à vers 1760 et d’Alalah pour les décennies qui suivirent. Le royaume du Yamkhad est cité dans ces sources comme l’un des plus puissants du Proche-Orient, même sans doute le plus puissant. Alep est l’une des plus anciennes villes habitées de Mésopotamie. Des tablettes cunéiformes retrouvées, mentionnent un centre urbain datant de 5000 ans.

 

L’histoire…….

 
   Le premier Roi attesté du royaume est, Sumu-Epukh (ou Sumu-Epeh, 1810 à 1780 ou ? à 1781). La façon dont il monta sur le trône est inconnue. Il fut l’un des plus puissants Rois de son époque. Il apparaît dans les sources de la ville de Mari, lorsqu’il est mentionné par son Roi Yahdun-Lim (1815-1796) comme l’un des dirigeants qui lutta contre lui. Yahdun-Lim rejeta une alliance que lui proposait Sumu-Epukh au profit de celle qu’il passa avec la cité d’Eshnunna. Sumu-Epukh, soutint alors une révolte de nomades des tribus Yaminites centrées à Tuttul (Aujourd’hui Tell Bi’a, en Syrie dans la région du Moyen-Euphrate) contre le Roi de Mari, qui finalement fut matée. Mais Yahdun-Lim fut bientôt tué, semble t-il, suite à une révolte provoquée par ses serviteurs. Son fils (ou frère selon les spécialistes), Sumu-Ianam (ou Sumu-Yaman ou Samsi-Addu ou Sûmû-Yamam ou Sumu-Adad, 1796-1794) lui succéda. Dans son expansion, il venait de se heurter au Roi Amorrite d’Ekallāté (ou Ekallatum), futur Empereur d’Assyrie, Shamshi-Adad I (ou Samsi-Addu, 1814-1775). Ce fut ce moment que choisit ce dernier pour envahir la région.
 
   Dans le même temps, Sumu-Epukh, aidé par Hassuwa (ou Hassum ou Hassu ou Khashshum ou Hazuwan), cité-État Hourrite située dans le Sud de la Turquie actuelle, sur l’Euphrate au Nord de Karkemish, attaqua un royaume en Zalmakum (Une région marécageuse entre l’Euphrate et La Balikh [ou Belikh]). Mais Khashshum changea d’alliance et rejoignit Shamshi-Adad I, qui encercla alors le Yamkhad grâce à une coalition avec la cité-État Hourrite d’Urshu (ou Warsuwa ou Urshum), probablement située non loin de Khashshum et le Roi Aplahanda (v.1790-v.1770 ou 1786-1766 ou 1786-1762) de Karkemish. L’Assyrien conquit Mari, en 1794, qui passa sous son contrôle et dont il donna en 1790 le trône à son fils Iamash-Adad (ou Iasmakh-Addu ou Yasmakh-Addu ou Jasmah-Addu, 1790-1775).
 
   Sumu-Epukh, voulant toujours rester maître de la région, combattit le Roi de Qatna, Isbi-Adad (ou Ishbi Adad ou Ishkhi-Addu, v.1795). Celui-ci choisit de s’allier avec Shamshi-Adad I, et confirma l’alliance en donnant sa fille Beltum en mariage à Iamash-Adad (ou Iasmakh-Addu ou Yasmakh-Addu). Le Yamkhad se retrouva à ce moment prit entre ces deux adversaires. Sumu-Epukh accueillit alors Zimri-Lim (1775-1761/60), l’héritier légitime du trône de Mari, qui fuyait vers le Yamkhad, dans l’espoir de trouver une alliance pour reprendre son trône à l’Assyrien. Shamshi-Adad I (ou Samsi-Addu) et sa coalition attaquèrent Alep, mais échouèrent dans la prise de la ville. Sumu-Epukh s’allia avec des tribus de Sutéens (vivants dans la région du Moyen-Euphrate) et de Turukkéens (ou Turukkū, vivants dans l’actuel Kurdistan Irakien et Iranien) et attaquèrent à leur tout l’Assyrien, simultanément à l’Est et au Sud. Il conquit la forteresse Assyrienne de Dur-Shamshi-Adad, qu’il rebaptisa Dur-Sumu-Epukh. La guerre ne vit donc aucun vainqueur. Sumu-Epukh mourut peu après apparemment tué lors de son combat contre Shamshi-Adad I. Il épousa Sumunna-Abi dont il eu un fils qui lui succéda.
 
   Yarim-Lim I (ou Iarim-Lim ou Jarimlim, 1781 à 1765 ou 1780 à 1765 ou 1780 à 1764) arriva sur le trône. Durant les premières années de son règne, la lutte contre le Royaume de Haute-Mésopotamie de Shamshi-Adad I et ses fils reprit. Lorsque ce dernier mourut en 1775, son royaume s’effondra et Yarim-Lim I, soutint une grande révolte contre ses deux fils qui lui permit de récupérer Alalah. Il aida notamment Zimri-Lim (1775-1761/60) à prendre le pouvoir à Mari et gagna ainsi un fidèle allié. Les cités de Kahat et Ashlakka dans le haut pays en lutte pour leur indépendance contre Zimri-Lim, après plusieurs campagnes lui rendirent allégeance. Pour sceller son alliance avec celui-ci, il lui donna sa fille Shiptu (ou Šiptum ou Shibtu ou Šibtum), de son union avec la Reine Gashera, en mariage. Yarim-Lim I apporta également son soutien à Zimri-Lim et à Hammourabi (1792-1750) de Babylone lorsque ceux-ci firent face à l’invasion des Élamites. Il mourut peu après, et son fils qu’il eut, selon Daniel E.Fleming, de son union avec Gashera lui succéda.

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   En 1765 monta donc sur le trône du Yamkhad, Hammourabi I (ou Hammurapi ou Ammurapi, 1765 à v.1755 ou 1764 à 1750). Comme les archives de Mari, qui sont notre seule source de connaissance de l’histoire du Yamkhad, s’arrêtent peu après sa montée sa prise de pouvoir, on est encore à aujourd’hui très peu renseigné sur les évènements qui se sont produits sous son règne. Dès sa prise de pouvoir, il envoya des troupes pour aider le Roi de Babylone, Hammourabi (1792-1750), contre le Roi d’Élam, Siwe-Palar-Khuppak (ou Siwepalarhuhpak ou Siwe-Palar-Huppak, 1770-1745) qui, bien que suzerain de ce dernier, avait lancé une attaque en Basse-Mésopotamie dans le but de s’emparer du royaume d’Eshnunna. Hammourabi fut vainqueur et devint une des puissances de la région et il chercha alors à étendre son territoire.
  
   Il semble qu’Hammourabi I n’ait pas cherché à porter secours à son beau-frère (?) Zimri-Lim lorsqu’en, en 1761/60, celui-ci se fit attaquer par son ex-allié le Roi de Babylone, qui prit et détruisit Mari en 1759. Ceci n’a pas nui aux intérêts du Yamkhad et les relations économiques avec Babylone on continuées. On sait par les archives de Shekhna (Tell Leilan), postérieures à cet évènement, que le Roi d’Alep étendit son autorité jusque dans la région du Khābūr (ou Habur), qui appartenait auparavant au Roi de Mari. Il donna la ville d’Irridu (Identifiée à Tell Bender, au Nord-ouest de la Mésopotamie) à son fils Yarim-Lim II. À sa mort, ses deux fils lui succédèrent.
 
   Le premier, l’aîné, Abbân (ou Abba ou Abba’el, v.1755 à v.1720 ou v.1750 à v.1720) a un nom en écriture cunéiforme qui a longtemps posé un problème d’interprétation aux historiens. Les spécialistes ont depuis opté pour une lecture phonétique de son nom. Ce Roi Abbân apparaît dans les archives de Mari, parmi les personnes participant au voyage du Roi Zimri-Lim (1775-1761/60) à Ougarit. On sait qu’il est monté sur le trône d’Alep et du Yamkhad, par un texte retrouvé à Alalah, dans lequel il dit avoir donné en apanage le royaume d’Alalah à son frère Yarim-Lim II. On sait également que son royaume s’étendait à l’Est au-delà de l’Euphrate, dans l’ancien royaume de Mari. Lors de son règne apparait aussi un autre fis d’Hammourabi I nommé Nakkusse, dont le nom fut retrouvé sur un sceau à Alalah, qui détenait une position élevée à la cour. Le règne d’Abbân fut relativement pacifique et selon William James Hamblin, il maintint de bonnes relations commerciales avec Babylone.
 
   L’événement principal de cette période fut la rébellion de Zitraddu, le Gouverneur de la ville d’Irridu, qui appartenait à son frère Yarim-Lim II. Une tablette découverte à Alalah explique les circonstances qui conduisirent à la réorganisation du royaume d’ Alalah. Elle révèle qu’Abbân détruisit Irridu et pour compenser son frère lui donna la ville en apanage, mais qu’elle serait confisquée si Yarim-Lim II ou ses descendants trahissaient le Yamkhad. Selon Nadav Na’aman, en contrepartie, Abbân prêta serment de ne pas confisquer le nouveau royaume de son frère et qu’il pourrait être maudit si jamais il le faisait. À sa mort il fut remplacé par Yarim-Lim II. Il faut noter que certains spécialistes, comme Horst Klengel et Beatrice Teissier, avancent que ce dernier était son fils et différent donc de Yarim-Lim Roi d’ Alalah (qui serait bien son frère).


 

Tablette cunéiforme juridique de
Niqmepa – British Museum

 
   Yarim-Lim II (ou Iarim-Lim, v.1720 à v.1700) succéda donc à son frère (ou père). Pour lui, comme pour les Rois suivants, leurs noms nous sont avérés seulement par les archives administratives d’Alep, mais les faits historiques entourant leur règne sont mal connus. En ce qui concerne Yarim-Lim II, son existence est confirmée par une inscription découverte à Alalah, qui selon Beatrice Teissier et Horst Klengel, le désigne comme le “fils d’Abbân bien-aimé du Dieu Hadad“. Cette même inscription nous indique qu’un de ses ministres se nommait Ini-Kubaba. Moshe Weinfeld suggère que Yarim-Lim II est le même Yarim-Lim d’Alalah, il avance que l’inscription qui mentionne que Yarim-Lim était un fils d’Abbân est en fait la preuve qu’Abbân aurait adopté son frère pour en faire un Roi. Cette théorie est contestée par certains faute de preuve. On sait par les archives de Shekhna (ou Shubat-Enlil ou Tell Leilan) qu’Alep étendit sa domination sur les Rois de la région du triangle du Khābūr, dont ceux des villes de Nagar et Urkesh. Il est possible que le Qatna et Karkemish aient été soumis à leur tour.
 
   Yarim-Lim II fut succédé par son fils Niqmepa (ou Niqmepuh, en Akkadien : Nikmi-epu, v.1700-v.1680 ou v.1700 à v.1675). Le peu de connaissances sur ce Roi viennent également de tablettes retrouvées à Alalah. Son existence est aussi confirmée par un certain nombre de sceaux, dont un avec la mention “Yarim-Lim Roi d’Alalah, oncle de Yarim-Lim II et vassal du Yamkhad, est mort pendant le règne Niqmi-Epuh et fut succédé par son fils Ammitakum“. Une autre tablette nous informe de son retour de Nishin, un endroit qui n’est pas encore identifié, mais qui se trouve, selon Horst Klengel, certainement à l’intérieur du territoire du Yamkhad parce que la tablette semble se référer à un voyage et non pas à une campagne militaire. L’acte le plus important de son règne semble être la conquête de la ville de Karkemish. Niqmepa eut un certain nombre de fils dont Irkabtum, qui lui succéda, le Prince Abba-El et éventuellement, selon Wilfred Van Soldt, Yarim-Lim III. Douglas Frayne évoque qu’Hammourabi III, le dernier Roi avant la conquête Hittites, en 1619, aurait pu être aussi son fils ?.
 
   Irkabtum (v.1680 à v.1650 ou v.1675 à ?) fut donc le souverain suivant. Il est mentionné dans un fragment d’une ancienne lettre Hittite, mais il est surtout connu à travers les sceaux retrouvés à Alalah. Ces derniers nous indiquent que le Roi s’engagea avec son Roi vassal Ammitakum (ou Ammitaqu, XVIIe siècle) d’Alalah, dans la vente et l’achat de villes et de villages afin d’ajuster les frontières communes entre eux. On y apprend aussi qu’il fit campagne dans la région de Nashtarbi à l’Est de l’Euphrate, contre des Princes qui se seraient rebellés contre le Yamkhad. La campagne fut semble-t-il de grande importance. Irkabtum est connu pour avoir conclu un traité de paix avec le Roi Apirou (ou Hapiru ou Habiru ou Abirou ou Hapirou ou Habirou ou Ha biru ou Apiru, groupe de personnes qui vivaient comme des nomades dans les régions du Croissant fertile de la Mésopotamie du Nord et l’Iran aux frontières de l’Égypte), Semuma, au nom de son vassal d’Alalah.
 
   Les sources sont incertaines mais Irkabtum est aussi donné comme le père de Yarim-Lim III. Toutefois, les spécialistes s’accordent aujourd’hui sur le fait qu’il fut succédé par Hammourabi II (ou Hammurapi ou Ammurapi, v.1650 à v.1625) dont la filiation est inconnue. Il ne doit pas être confondu avec Hammourabi III (plus bas) comme c’est souvent le cas. Comme preuve, il est mentionné dans des sceaux retrouvés à Alalah (Alt 21 et Alt 22) faits avant la destruction de la ville, tandis que le Hammourabi mentionné dans les annales Hittites (Après la destruction d’Alalah) a été attesté comme le fils de Yarim-Lim III. Cela dit, rien sur son règne n’est connu et comme dit plus haut de même pour sa filiation.


 

Char de guerre Hittite –
Bas relief trouvé à Karkemish

 
   Lui succéda Yarim-Lim III (ou Iarim-Lim, v.1625 à ?) qui monta sur le trône à un moment de pleine désintégration interne du Yamkhad, qui de plus fut combiné avec la menace étrangère représenté par la montée en puissance des Hittites. Dans les premières années de son règne on sait que Yarim-Lim III lutta victorieusement contre le royaume de Qatna, mais il resta toutefois assez faible. Faiblesse dont profita le Roi d’Alalah, Ammitakum (ou Ammitaqu) qui affirma son autonomie mais sans se rendre indépendant. Cet acte a probablement joué un rôle dans la décision d’Alep de ne pas envoyer de renforts pour protéger Alalah lors de l’attaque du Yamkhad par le Roi Hittite, Labarna II (v.1650-v.1620, qui prit le nom d’Hattousili I ou Hattusili).
 
   Celui-ci, lors d’une campagne, franchit les monts Taurus, attaqua la ville, qu’il prit et dévasta vers 1650 (on trouve aussi v.1625 ?). Puis, partant d’Alalah il conquit le Nord de la Syrie, région importante pour ses routes commerciales et l’accès aux ports méditerranéens de Byblos et Ougarit. Labarna II attaqua ensuite Urshu (ou Warsuwa ou Urshum, cité-État Hourrite et Amorrite dans le Sud de l’Anatolie, probablement située sur la rive ouest de l’Euphrate) et Karkemish. Yarim-Lim III envoya de l’aide à cette dernière, mais en vain, le Hittite la détruisit. Il s’allia alors aux Hourrites et attaqua Labarna II alors qu’il faisait campagne contre l’Arzawa, avec cette fois la volonté d’entreprendre directement la lutte contre Alep.

 

 
    Dans la cinquième année de ses campagnes Syriennes Labarna II se dirigea vers Hassuwa (ou Khashshum, cité-État Hourrite au Nord de Karkemish), Yarim-Lim III envoya son armée sous la direction des Généraux Zukraši (ou Zukrassi) et Zaludis (ou Zaludi). L’armée était composée d’une centaine de chars et des milliers de fantassins. La bataille eut lieu près du mont Atalur (ou Adalur, situé au Nord d’Alep pas très loin de l’Amanus [ou monts Nur], il peut être identifié avec le mont Kurd-Dagh). Le Hittite sortit victorieux. La même année il marcha contre la ville de Tawanaga, il captura son Roi qui fut décapité. Il détruisit ensuite les villes Hourrites de Zippasna (ou Zippašna) et de Hahhu (ou Hakhkhu ou aḫḫu), au Sud près d’Hassuwa, sur l’Euphrate, puis il retourna à Hattousa. La sixième année de campagne du Hittite fut une deuxième campagne contre l’Arzawa et directement contre Alep.
 
   La date exacte de la mort de Yarim-Lim III n’est pas connue, il fut succédé par Hammourabi III (ou Hammurapi ou Ammurapi,  ? à v.1600), son fils possible ou cousin ?. Celui-ci du affronter le Roi Hittite Moursil I (ou Mursili ou Mursilis ou Muršili, v.1620-v.1590) dans son attaque directe sur la ville d’Alep qu’il finit par prendre, ce qui mit fin au grand royaume du Yamkhad. Cependant la date exacte de la chute d’Hammourabi III et ce qu’il devint sont inconnus. Les Hittites se servirent ensuite de la ville comme base de lancement pour leur campagne militaire de grande envergure contre la Mésopotamie. Moursil I, par exemple, marcha le long de l’Euphrate, surprit et pilla Babylone et y fonda la IIe dynastie de Babylone. Ce fut la fin de la domination Amorrite sur le Proche-Orient. Après ces succès, les Hittites ne réussirent pas à garder le contrôle de la Syrie. Dès lors Alep poursuivit son histoire seule. Elle devint une grande étape pour les caravanes entre la Syrie et la Mésopotamie.


 

Vue des fouilles le long de la citadelle

 
   Dans la période très mal connue qui va de v.1595 à v.1450, un nouveau royaume s’affirma à Alep et un Prince du Yamkhad semble avoir retrouvé le trône après la mort de Moursil I vers 1590. Ce “souverain”, du nom de Sarra-El, est connu par le sceau de son fils, Abba-El II, utilisé plus tard par Niqmepa (ou Niqmepuh, v.1430- ?), Roi d’Alalah, comme sceau dynastique. Le sceau décrit Abba-El II comme "le bien-aimé d’Hadad", titre utilisé par les Rois du Yamkhad. Niqmepa était le fils d’Idrimi (V.1490-v.1450) qui était un descendant des anciens Rois du Yamkhad. Beaucoup de spécialistes pensent que le père d’Idrimi, Ilim-Ilimma I (Roi d’Alalah et Roi du Yamkhad, v.1530-v.1490) était en fait le fils d’Abba-El II ?. Ces faits confirmeraient donc que Sarra-El était un Prince du Yamkhad. Son nom est également mentionné dans deux sceaux, retrouvés à Alalah (Alt 79 et Alt 95). Dans ces inscriptions, son nom vient après le nom de la Princesse Bintikidiya et d’un Prince Hammourabi, l’héritier d’Alalah, indiquant l’état royal de Sarra-El. Michael C.Astour avance que Sarra-El est le fils probable de Yarim-Lim III ?. À cette période, Alep fut reconstruite et devint de nouveau la capitale, mais le nom Yamkhad sortit de l’utilisation courante. Le titre des monarques devint Roi d’Halab. Moursil I mourut autour de 1590, la restauration ne se serait pas passée très longtemps après sa mort, ce qui pour les spécialistes met le "règne" de Sarra-EL (s’il fut Roi) dans le premier quart du XVIe siècle.
 
   La date de la mort de Sarra-El n’est pas connue, mais ce qui est sûr c’est que son successeur sur le trône du Royaume d’Halab fut son fils Abba-El II. Il est confirmé dans cette fonction par son sceau royal, réutilisé par Niqmepa (voir ci-dessus) comme gouvernant Alep, Ama’u, Niya et Mukis, dans la région d’Alalah, au Nord de la Syrie. Selon Trevor Bryce Alep fut restaurée par son père Sarra El, mais d’autres historiens comme Michael C.Astour considèrent que ce fut Abba-El II qui restaura le royaume, son père n’en étant pas le Roi ?. Lors de cette période, Alep récupéra de l’invasion Hittite et élargit son territoire à certaines de ses anciennes terres, y compris Alalah, Niya et Ama’u. Le successeur d’Abba-El II, à la fois sur le trône d’Halab et celui d’Alalah, fut son fils probable, Ilim-Ilimma I (v.1530-v.1490), qui est donné par beaucoup de spécialistes comme le père d’Idrimi (v.1490-v.1450), qui constitua une dynastie à Alalah après qu’Alep fut tombée aux mains des Mitanniens vers 1525. Dès lors, la cité n’occupera plus une place importante avant longtemps.
 
   Vers 1000 la ville devient la plate-forme tournante du marché du savon dans le monde, position qu’elle garda jusqu’aux temps modernes. En 738, elle fut rattachée à l’Assyrie sous le nom de Halman. Elle fut conquise en 333, par Alexandre le Grand (336-323) et passa ensuite possession des Rois Séleucides. Philippe I Épiphane Philadelphe (95-83) et son frère jumeau Antiochos XI Philadelphe Épiphane (95-93/92) en firent la capitale de leur partie du royaume de Syrie et la rebaptisent Beroia (ou Bérée ou Beroea). Puis elle fut occupée par les Romains en 65 av.J.C qui la gardèrent jusqu’à l’époque Byzantine ou elle leur fut quelques fois disputées par les Sassanides. Enfin, elle fut conquise par les arabes en 637.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur le Royaume et la ville voir les ouvrages de :
 
Fayssal Abdallah et Paul Garelli :
Les relations internationales entre le royaume d’Alep Yamhad et les villes de Syrie du Nord (1800 à 1594 av.J.C.), Hist. et civilis. de l’Antiquité, Paris 1, 1985.
Michael C.Astour :
Hittite history and absolute chronology of the bronze age, P. Åström, Partille, 1989.
Trevor Bryce :
The Routledge handbook of the peoples and places of ancient western Asia, Routledge, London, New York, 2009.
Ancient Syria : A three thousand year history, Oxford University Press, New York, 2014.
Eileen Eddy Darrah :
Ancient Aleppo, the great kingdom of Yamkhad and its king, Yarimlim : The textual evidence, San Jose State University, 1981.
Anne Draffkorn Kilmer :
Was King Abba-An of Yamḫad a vizier for the King of Ḫattuša ?, American Schools of Oriental Research, Durham, 1959.
William James Hamblin :
Warfare in the ancient Near East to 1600 BC : holy warriors at the dawn of history, Routledge, London, New York, 2006.
Daniel E.Fleming :
– Democracy’s ancient ancestors : Mari and early collective governance, Cambridge University Press, Cambridge, New York, 2004.
Horst Klengel :
Syria, 3000 to 300 B.C. : A handbook of political history, Akademie Verlag, Berlin, 1992.
Jacob Lauinger :
Following the man of yamhad : Settlement and territory at old Babylonian Alalah, Brill, 2015.
Nadav Na’aman :
Canaan in the second millennium B.C.E., Eisenbrauns, Winona Lake, 2005.
Beatrice Teissier :
Egyptian iconography on Syro-Palestinian cylinder seals of the middle bronze age, University Press, Fribourg, 1996 – Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen, 1996.
Charles Leonard Woolley :
A forgotten kingdom, being a record of the results obtained from the excavation of two mounds, Atchana and Al Mina, in the Turkish Hatay, Penguin Books, Baltimore, 1953.

 

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