Quelques  grandes  villes :
El Kab
 

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Sommaire
 

▪  Noms, localisation
▪  La religion dans la cité
▪  La ville et ses monuments
▪  Les tombeaux rupestres

La tombe d’Ahmès
La tombe de Ahmès-Pennekhbet
La tombe de Pahéri
La tombe de Rani
La tombe de Sétaou
La tombe de Sobeknakht II

▪  Bibliographie

Entrée de la cité au
travers du mur
d’enceinte

 

ou  Nekheb
 
Nekheb      Nxb

 

Noms  et  localisation 

 
   El Kab (ou El-Kab, en arabe : ‏الكاب‎  al-Kāb, en Égyptien ancien : Nekheb) se situait en Haute-Égypte, entre le Nil et le désert, à l’embouchure du ouâdi Hilal (ou wadi Hellal), à 90km au Sud de Thèbes, sur la rive droite du fleuve en face de Hiérakonpolis. La cité fut la capitale religieuse du 3e nome de Haute-Égypte, le nome "de la Forteresse" ou "le Rural" ou "les deux plumes" (nxn). Les Grecs, avaient identifié la Déesse Égyptienne Nekhbet, la Déesse tutélaire de Nekheb, à leur Déesse des accouchements, Eileithyia et ils appelèrent la cité Eileithyaspolis. Nekheb compta dès la préhistoire pharaonique. Elle fut en effet l’un des premiers centres urbains de l’Ancien Empire (2647-2150) ainsi que sur une courte période au Nouvel Empire (1549-1080). Elle fut intégrée ensuite à la ville de Nekhen (ou Hiérakonpolis) sur la rive opposée. Ce fut à la fin du XIXe siècle, que la première fois le site fut fouillé scientifiquement par James Edward Quibell. Depuis 1937 il est étudié principalement par des archéologues Belges.  
 


 

Nekhbet –
Musée du Louvre

La  religion  dans  la  cité

 
   La divinité majeure de la cité fut la Déesse Nekhbet. Les Grecs, l’avaient identifié à leur Déesse des accouchements Eileithyia et ils appelèrent de ce fait la cité, Eileithyaspolis. La Déesse Nekhbet, représentée sous l’aspect d’un vautour blanc, eut un temple dans la cité qui lui fut dédié à partir du Nouvel Empire (1549-1080), mais dont la plus grande partie des bâtiments sera édifiée sous le règne du Pharaon Achôris (393-380, XXIXe dynastie). La Déesse de Nekheb porte souvent le titre de "Dame de la vallée" ou "Dame de la double vallée" car son domaine ne s’étendait pas seulement sur les bords du Nil, mais jusque dans les profondeurs de la montagne à l’Est.
 
   Nekheb fut la ville symbole de la royauté du Sud, sa Déesse tutélaire étant la pendante de la Déesse Ouadjet représentante de la royauté du Nord et de la ville de Bouto. Nekhbet fut associée avec Ouadjet dans la titulature des Rois et Pharaons sous le nom de Nebty "Les Deux Maîtresses". La Reine était censée être sa personnification. Lors des périodes où l’Égypte ne fut pas, ou plus unifiée, le rituel du couronnement des Rois de Haute-Égypte se faisait certainement dans le temple de Nekheb.

 

La  ville  et  ses  monuments

 
   On a retrouvé sur le site les vestiges d’une installation préhistorique avec des signes d’une industrie épipaléolithique remontant à environ 6500/5500 av.J.C (La datation au radiocarbone à ce jour donne 6400-5980 av.J.C). Bien que les lieux fussent occupés de manière plus conséquente depuis l’époque Pré-Dynastique (v.3500-v.3150), les vestiges de cette période sont peu nombreux. Nekheb fut l’un des premiers centres urbains de la période dynastique de l’Ancien Empire (2647-2150) ainsi que sur une courte période au Nouvel Empire (1549-1080).
 


 

Vue du site

   Les plus anciennes traces de construction mise au jour sont datées de la XIe dynastie (2134-1991). Les chercheurs de sebakh (Terme utilisé pour décrire des matériaux organiques décomposés qui peuvent être utilisés à la fois comme engrais agricole ou comme combustible) ont largement fait disparaître tout ce qui était en briques crues et les pierres des monuments furent retirées pour être réutilisées.
 
   Ces dégradations eurent pour effet de quasiment réduire à néant l’antique cité de Nekheb dont il ne reste aujourd’hui que les ruines des temples situés dans la partie Sud-ouest de la ville. La plupart des monuments de la cité furent érigés au Nouvel Empire. Touthmôsis IV (1401/00-1390) fit construire un petit sanctuaire que son fils Amenhotep III (ou Aménophis, 1390-1353/52) achèvera. Près du centre ville, on trouve le complexe du temple principal, construit en grès et dédié à la Déesse Nekhbet. La construction de ce temple remonte à la XVIIIe dynastie (1549-1295) sous le règne du Roi Amenhotep II (ou Aménophis, 1428/27-1401), mais on pense aujourd’hui que les fondations originelles sont presque certainement de la fin du IVe millénaire. Ces structures sont sur un plan typique du Nouvel Empire.
 


 

Partie des ruines du village mise au jour à partir
de 1967, avec au fond le mur d’enceinte de la cité

  Aavec une cour à ciel ouvert, un portique, un pronaos (Espace situé devant le temple qui désigne le vestibule ou l’entrée) et trois sanctuaires contigus. Un pylône attribué au Pharaon Ramsès II (1279-1213), formait l’entrée en face du temple de Thot. Au-delà du pylône, la cour ouverte a deux portiques, chacun avec quatre colonnes qui bordaient la voie processionnelle. Le temple vit des premières transformations au cours de la XXVe dynastie (747-656), probablement lancées par le Pharaon Taharqa (690-664), puis lors de la dynastie suivante avec les travaux de Psammétique I (664-610).
 
   Le monument sera considérablement agrandi à la Basse Époque (656-332) avec trois pylônes, une dissymétrique salle hypostyle avec deux rangées de quatre colonnes à l’Ouest et quatre rangées de quatre colonnes à l’Est, trois petites chambre à l’Est et un naos érigés par les Pharaons : Achôris (393-380, XXIXe dynastie) et Nectanébo I (380-362) et Nectanébo II (360-342) de la XXXe dynastie.
 
   Un autre temple, dédié au Dieu Thot, lui fut accolé sur son mur Ouest. Il fut construit par Sétaou (ou Setau) un Prêtre, scribe royal qui fut Nomarque, puis vice-Roi de Kouch dans la seconde moitié du règne du Pharaon Ramsès II, XIXe dynastie. Ce petit temple fut restauré sous la Période Ptolémaïque (305-30). Il fut aussi dédié à d’autres divinités.


 

Le petit temple de Thot

 
   Juste à l’Est du temple de Nekhbet il y avait un petit lac sacré. Au Sud de cette partie du complexe du temple se trouvait une maison natale qui contenait une chambre avec six colonnes et plus au Sud un ensemble de structures, notamment des pylônes et un kiosque qui sont attribués à Nectanébo I. Ces pylônes et kiosque représentaient le passage d’entrée au travers du mur d’enceinte. Juste à l’Est de l’entrée du pylône principal se trouve une autre ouverture appelée la "Porte des lions". Plus au Sud encore, il y a aussi les vestiges d’un petit temple Romain. Il est en butée contre le mur d’enceinte extérieur. On trouve également une chapelle dont la construction est attribuée au Roi Ptolémée VIII Evergète II Tryphon (144-116).
 
   Ce complexe de temples principaux et bâtiments se trouve à l’intérieur d’une enceinte en briques massives qui englobait au moins aussi une partie de la ville ancienne. Elle contient de nombreuses autres structures différentes qui sont difficiles à comprendre sans un plan de sol. Sous le règne du Pharaon Nectanebo II, la cité vit sa protection renforcée par d’immenses remparts en briques crues. Cette gigantesque enceinte carrée avait pour dimensions 530 m de côté, pour une hauteur de 6 m et une épaisseur de 12 m. Près des portes monumentales avaient été édifiées des rampes par lesquelles on accédait au sommet du rempart.

 

Le lac sacré Autre vue d’une partie des
ruines du temple de Nekhbet
Colonnes hathoriques de la
chapelle d’Amenhotep III
Vue de l’enceinte et d’une
rampe d’accès.
Autre vue du site

 


 

Chapelle reposoir d’Amenhotep III

   Hors de l’enceinte ont été mis au jour et identifiés d’autres vestiges :
 
• Un temple qui daterait de l’époque du Pharaon Nectanebo II.
 
• À l’Est du mur d’enceinte, un petit temple érigé sous le règne du Roi Thoutmôsis III (1479-1425).
 
• Une chapelle reposoir (ou temple) consacrée aux Déesses Nekhbet et Hathor, érigée dans le désert, à l’entrée du Ouâdi Hilal, dont la construction est attribuée au Roi Amenhotep III (ou Aménophis, 1390-1353/52) et à son père Thoutmôsis IV (1401/00-1390). C’est le monument le plus éloigné de l’enceinte principale, puisqu’il en est distant d’environ 3,5 kms. La chapelle est de forme presque carrée et le toit est soutenu par quatre colonnes à chapiteaux hathoriques. Elle a bénéficié d’une réalisation soignée, l’intérieur est décoré de peintures qui ont conservé encore aujourd’hui presque leur teinte d’origine. Devant l’entrée existait une petite salle hypostyle avec quatre colonnes. Sur la façade fut gravé un texte par le Prince Khâemouaset, un fils de Ramsès II annonçant le jubilé de son père en l’an 42, ainsi que des graffitis fait par d’autres voyageurs de passage.
 


 

Temple hémispéos

• Un hémispéos (Terme employé en architecture pour désigner une forme de temple creusé dans la roche pour sa partie intérieure) creusé dans la falaise et dédié à la Déesse Isis est daté du règne du règne du Pharaon Ramsès II (1279-1213). Il sera restauré par Ptolémée II Philadelphe (282-246) puis par Ptolémée VIII Évergète II Tryphon (ou X, 144-116). Il a deux vestibules qui conduisent dans une chambre voûtée. Il comporte une stèle de Ramsès II, taillées dans la façade. Les reliefs de l’intérieur du temple ne sont pas très bien conservés, mais ceux près de l’escalier et de la cour ont été restaurés. Au début de la période Chrétienne il sera transformé en un monastère Copte.
 
• Au delà de cet hémispéos, plus profondément dans l’oued, on trouve un affleurement rocheux connu sous le nom de "Rocher aux vautours". On y a relevé de nombreux pétroglyphes, graffiti ou stèles gravées datant de l’Ancien Empire (2647-2150), mais aussi certains remontants à la Période Pré-dynastique (v.3500-v.3150). Ils ont probablement été fait par des pèlerins de passage sur la route du désert. Sur le site, à environ 600 m de l’enceinte, se trouvent : Un important cimetière datant de l’époque Nagada III (Aujourd’hui Ombos), vers 3300 av.J.C ; Des mastabas de l’Ancien Empire, notamment ceux de Kiamon et Néfershemem de la IVe dynastie (2575/3-2465) ; et une nécropole de divers tombeaux rupestres, dont les textes et les représentations sur les bas-reliefs ont fourni de précieuses indications sur l’histoire et l’agriculture du pays.

 

Ramsès II avec Toth et Horus
– Temple de Thot
Colonnes hathoriques de la chapelle d’Amenhotep III Stèle en pierre de Ramsès II
à l’entrée de son temple

 


 

Le "Rocher aux vautours"

• En Décembre 2000 a été annoncée, par des archéologues Belges, la découverte d’un petit cimetière, presque intact, daté de la IIe dynastie (2828-2647). Les 35 tombes qui le composent, la plupart appartenant à des nourrissons, sont des structures circulaires en pierre, parfois disposées autour de rochers naturels, faisant entre 18 et 20 m de diamètre. Ce type de tombeau n’avait jamais été mis au jour auparavant en Égypte. Les archéologues les comparent à des tumuli néolithiques que l’on trouve en Europe. Le plus grand tombeau contenait des fragments d’un cercueil et de la poterie. Certains spécialistes suggèrent que ce nouveau cimetière représente le "chaînon manquant" de la fin de la Période Pré-dynastique (v.3500-v.3150) et du début de l’Ancien Empire (2647-2150), entre les cimetières trouvés dans la cité et un mastaba récemment découvert, qui a été daté de la IIIe dynastie (2647-2575).
 
• Enfin on trouve les vestiges d’une forteresse dont on voit encore les remparts. Elle est en briques crues et remonte probablement à l’Ancien Empire. C’est au cours de la période Gréco-romaine, que la ville a le plus prospéré et est devenue la cité connue sous le nom Eileithyiaspolis (En Latin : Lucinae Civitas). Nekheb restera une ville importante jusqu’à l’invasion des arabes au VIIIe siècle de notre ère. À cette époque, elle sera presque totalement détruite.  

 

Ruines du
temple Romain
Fresque de la chapelle
d’Amenhotep III
Autre vue du site Une des inscriptions
du “Rocher aux vautours”
Autre vue du
mur d’enceinte

 

Les tombeaux rupestres


 

Vue des tombeaux rupestres de l’Ancien Empire

 
   La nécropole rupestre de Nekheb se trouve à l’extérieur de l’ancienne ville, à environ 600 m de l’enceinte. Les fouilles ont permis de mettre au jour quelques tombes importantes qui nous livrent des renseignements primordiaux sur l’histoire et l’agriculture du pays et sur les débuts de la XVIIIe dynastie(1549-1295). Sur le versant Sud de la colline qui domine la ville, les tombes rupestres ont accueilli les sépultures des familles des Princes de la cité : Au Moyen Empire (2022-1650) et au Nouvel Empire (1549-1080) lors de la guerre contre les Hyksôs à la fin de la XVIIe dynastie (1625-1549).
 
   Ces tombes comportent des chroniques militaires uniques sur l’expulsion des Hyksôs du pays, notamment celles d’Ahmès fils d’Abana. Lors de la Deuxième Période Intermédiaire (v.1650-1550/49) une famille féodale importante tenait la cité, elle aurait apporté un soutien sans détour aux Princes Thébains de la XVIIe dynastie dans leur lutte contre les Hyksôs. Les Thébains, lorsqu’ils furent victorieux et arrivés au pouvoir, en remerciement des services rendus par cette famille, leur auraient offert ces tombeaux magnifiques.
 


 

Accès aux tombeaux

   Il était en effet capital pour ces souverains de conserver la ville de Nekhen dévouée au nouveau royaume, pour affermir la légitimité de leur pouvoir. Dans cette nécropole on peut trouver notamment :
La tombe d’Ahmès le fils d’Abana, un général qui lutta contre les Hyksôs.
La tombe d’Ahmès-Pennekhbet, le tuteur de la Reine Hatchepsout (1479-1457).
La tombe de Pahéri (ou Pahari), un haut fonctionnaire du Pharaon Thoutmôsis III (1479-1425).
La tombe de Rani, Grand Prêtre sous les règnes des Rois Amenhotep I (1525/24-1504), Thoutmôsis I (1504-1492) et Thoutmôsis II (1492-1479).
La tombe de Sétaou (ou Setau) un Prêtre, Scribe royal, qui fut Nomarque, puis vice-Roi de Kouch dans la seconde moitié du règne du Pharaon Ramsès III (1184-1153).
La tombe de Sobeknakht II, un haut fonctionnaire, Nomarque de Nekheb, qui sauva la dynastie Thébaine au XVIIe ou XVIe siècle, de la destruction par les forces d’invasion des Rois du pays de Kouch (Nubie).
Il y a de nombreuses autres tombes creusées dans la montagne, mais non accessibles au public.

 

La tombe d’Ahmès – EK5

 
   Ahmès, fils d’Abana, fut général (ou amiral ou commandant militaire en fonction des sources ?) sous les règnes des Rois Séqénenrê (ou Taâ II, 1558-1554), Ahmès I (ou Ahmôsis I, 1549-1525/24) et Amenhotep I (1525/24-1504). Il va notamment participer au succès du siège d’Avaris, la capitale des Hyksôs, dans le Delta du Nil et mener des expéditions militaires au Sud, en Nubie. Il ira jusqu’au au-delà de la troisième cataracte. Ahmès, dans ses textes biographiques, est décrit comme "Capitaine de marine".
 
   Pendant la guerre contre les Hyksôs, il décida de suivre les traces de son père Abana et s’enrôla dans la marine sous le règne de Séqénenrê. Il joua un rôle important, avec les Princes du Sud de la XVIIe dynastie, dans les guerres de libération contre les souverains Hyksôs. Son autobiographie a survécu intacte sur le mur de sa tombe et s’est avérée une source précieuse d’informations pour notre connaissance de la fin de la XVIIe dynastie et le début de la XVIIIe. Sa tombe se compose de deux chambres, la chambre principale, présente un plafond vouté et est ouverte sur l’extérieur :

Décoration du mur Est de la tombe d’Ahmès

 

 
• Sur le mur Ouest de la tombe on peu voir en haut, une frise qui montre Ahmès avec ses descendants ainsi que d’autres parents. On y voit aussi un personnage assis devant une imposante table d’offrandes et son petit fils, Pahéri, représenté debout, consacre des offrandes aux Dieux.
 
• Le mur Sud comporte la seconde partie de la biographie, les inscriptions et une scène illustrent la victoire du Roi Ahmès I sur les Hyksôs.
 
• Le mur Est est presqu’entièrement couvert de hiéroglyphes. La partie gauche de ce mur est aujourd’hui pratiquement complètement détruite par le passage fait pour accéder à la chambre funéraire. Juste après l’entrée on trouve un important texte, mais qui est incomplet, avec une représentation d’Ahmès grandeur nature et son petit-fils, Pahéri, plus petit à ses pieds au dessus duquel est inscrite dans un cadre, son inscription dédicatoire. Puis, dans le prolongement sur tout le restant du mur, est consignée l’autobiographie d’Ahmès en 31 colonnes de texte.
 
• Sur le mur Nord, qui est divisé en deux registres, on voit à droite deux représentations de couples assis. Le premier, le plus important en taille, dans le registre supérieur, est formé par Ahmès et son épouse Ipout. Dans le deuxième registre, on voit une table d’offrandes et un babouin sous le siège d’Ahmès entrain de manger un fruit. Devant se tient debout son petit fils, Pahéri, qui consacre les offrandes. Derrière ce dernier, en haut, on voit les enfants du défunt et en bas une femme désignée comme sa mère, mais le nom n’est pas complet. Le deuxième couple est formé toujours d’Ahmès mais avec une autre épouse nommée Kéma. Il y a toujours Pahéri debout, mais représenté plus petit, qui consacre les offrandes. 

 

  Pour voir plus de photos : La tombe d’Ahmès (egypt-kemet.com)

 
La tombe d’Ahmès Pennekhbet- EK2

 
   Ahmès-Pennekhbet fut l’Inspecteur et le Gardien du sceau du Pharaon au début de la XVIIIe dynastie (1549-1295). Son surnom Pennekhbet signifie qu’il venait de Nekheb. Des textes autobiographiques et des représentations d’Ahmès-Pennekhbet avec son fils et d’autres parents peuvent être observés autour des montants de porte. La tombe contient aussi des textes concernant l’histoire du Nouvel Empire (1549-1080) et le déroulement des règnes des Rois Ahmès I (ou Ahmôsis, 1549-1525/24), Amenhotep I (1525/4-1504), Thoutmôsis I (1504-1492), Thoutmôsis II (1492-1479) et le début du règne de Thoutmôsis III (1479-1425). Cette tombe est actuellement fermée au public.
 
   Ces textes nous apprennent qu’Ahmès naquit dans la ville d’El Kab et qu’après avoir été le fidèle compagnon courageux d’Amenhotep I, il fut le conseiller de Thoutmôsis I. Puis, ce dernier le nomma tuteur de sa fille Hatchepsout et lui demanda d’être le "Père nourricier" de sa petite-fille Néferourê. Il participa aux campagnes militaires d’Ahmès I, puis d’Amenhotep I, qui lui décerna "l’or de la vaillance" pour ses actions dans la campagne militaire en Nubie, et enfin de Thoutmôsis II. Pour beaucoup de spécialistes il fut l’époux d’Ipou (ou Ipu), qui occupait le poste de nourrice royale, qui lui donna une fille, Satiâh (ou Sitiah ou Sit-aoh ou Sit-Iah ou Sat-Iah) qui fut la Grande Épouse Royale de Thoutmôsis III.
 


 

Pahéri et son épouse

La tombe de Pahéri – EK3

 
   Pahéri (ou Pahery) fut le fils d’Atefrura et de Kem, la fille d’Ahmès fils d’Abana. Il fut Nomarque de Nekhen (ou Hiérakonpolis) sous le règne du Roi Thoutmôsis III (1479-1425, XVIIIe dynastie), Scribe et tuteur des Princes Amenmès (ou Amenmosé) et Ouadjmès (ou Ouadjmosé ou Wadjmose ou Wadjmès ou Wadj-Messu), deuxième et troisième fils du Roi Thoutmôsis I (1504-1492). Il épousa Henouterneneh qui lui donna dix enfants. Parmi ceux-ci on a connaissance de quelque uns de ses fils : Amenmosé, Rahotep et Téti et d’une fille, Taditès.
 
   Sa tombe est située sur une plateforme au-dessus de celle de son grand-père. Elle est remarquablement bien conservée et elle est de loin celle qui nous présente les décorations les plus intéressantes, avec des scènes d’offrandes au tombeau et son cortège funèbre et des scènes quotidiennes de la vie agricole. Dans ses parties les plus vastes, la tombe à une dimension de 8,30 m de long pour 3,80 m de large et 3,50 m de hauteur en son milieu. Elle est composée d’une chambre entièrement décorée de peintures avec au fond, une niche contenant trois statues : De Pahéri, son épouse Henouterneneh et sa mère. Par la suite une nouvelle entrée fut creusée dans la paroi Est et deux nouvelles chambres et un puits funéraire furent grossièrement aménagés. Ces chambres latérales sont d’exécution postérieure à Pahéri.
 


 

Pahéri et le Prince Ouadjmès

   La façade du tombeau est très endommagée, il y avait originellement des inscriptions contenant des prières à Amon-Rê et à diverses autres divinités. À droite de l’entrée on peut voir un bas-relief représentant Pahéri agenouillé adressant une prière à Nekhbet, mais l’inscription au-dessus est également endommagée, on distingue tout de même qu’il s’agit d’une prière à la Déesse : "Hommage à vous Maîtresse de la bouche des deux vallées, Maîtresse du ciel". Les deux colonnes de gauche avaient des inscriptions à Amon-Rê lui demandant "les doux souffles du Nord".
 
   Sur les parois de la chambre voutée, sur le mur Ouest à gauche de l’entrée, sont décrites des scènes de la vie quotidienne. À gauche on trouve des représentations qui nous renseignent sur les fonctions officielles de Pahéri en trois registres. Il inspecte l’agriculture, les domaines céréaliers et le dernier le montre surveillant les travaux dans les champs avec son bâton de commandement à la main. Le quatrième registre sur le mur, montre les bateaux contenant le grain, le texte dit : "Chargement des bateaux avec le blé et les céréales, les greniers sont pleins et débordent, les barques sont complètes …".
  


 

Scènes de la vie agricole

   Dans la partie médiane du mur Pahéri et son épouse sont assis sous un dais. Pahéri tient les deux reliques de son pouvoir, dont le Sceptre Sekhem dans sa main. Son épouse tient une fleur ouverte de lotus à la main, symbole de la renaissance.Les gens leur offrent toutes sortes de nourriture, mais aussi aux parents d’Henouterneneh qui sont également présents, ainsi que son fils Téti. Huit autres filles et fils sont représentés, mais les reliefs sont presque détruits.
 
   Sur l’autre paroi, Pahéri est montré avec le petit Prince Ouadjmès sur les genoux, dont il était le précepteur. On voit ensuite des scènes de chasse et de pêche sous les yeux de Pahéri et de sa femme représentés dans un petit pavillon. Sur la dernière paroi, à droite de l’entrée, la fresque montre la famille de Pahéri avec son épouse et sa mère.

 

  Plus de photos : La tombe de Pahéri (egypt-kemet.com)
 
                  et pour plus de détails sur la tombe :
                      El kab – Pahéri (Osirisnet.net)

 
La tombe de Rani – EK7

 
   Rani (ou Renni ou Renini) fut Grand Prêtre de Nekhbet et Nomarque de Nekheb sous les règnes des Rois Amenhotep I (1525/24-1504), Thoutmôsis I (1504-1492) et Thoutmôsis II (1492-1479). Son tombeau a pour dimensions 9,10 m, sans la niche, de longueur pour 3,40 m de largeur et une hauteur de 3 m. La tombe se présente comme un couloir voûté s’ouvrant au fond (mur Nord) sur une niche à plafond plat. Dans cette niche on trouve les vestiges d’une statue représentant le propriétaire de la tombe flanqué de deux chacals. De chaque côté, trois porteuses d’offrande se dirigent vers l’intérieur de la niche. À côté de celle-ci, à droite se trouve une ouverture donnant accès à une petite pièce d’environ 3 m de côté, dans laquelle le puits funéraire fut creusé.
 


 

Scènes agricoles du mur Ouest

   Le plafond de cette sépulture est magnifiquement peint pour représenter un toit en tissu d’une tente ou d’un auvent, avec des motifs différents, les carrés sont de couleur bleue, noire et jaune. Le plan en damier se poursuit sur le plafond de la niche. Le tombeau de Rani nous offre des décors variés dont les couleurs sont souvent assez bien conservées, cependant il a beaucoup souffert du temps et de larges pans de paroi sont manquants. Il dépeint :
 
• Sur le mur Ouest (gauche), les scènes agricoles habituelles en plusieurs registres, avec dans un de ceux-ci une particularité, puisque l’on voit une représentation d’un char attelé à deux chevaux, qui selon quelques spécialistes serait peut-être la plus ancienne représentation équestre trouvée dans le pays. Au-dessus de cette scène, on trouve une inscription en démotique qui apporte la preuve que la tombe était encore visitée à la période tardive. Puis, toujours sur ce même mur on voit des scènes de banquet en quatre registres. Tous les hôtes, membres de sa famille, sont nommés : Ses fils et filles, ses parents et grands-parents, ses frères et sœurs et ses tantes. Les deux rangs du haut sont réservés aux hommes et ceux du bas aux femmes.
 


 

Scènes de purification du mur Est

• Sur le mur Est (Droit), des scènes funéraires et de cortège funèbre, entrecoupées par une deuxième scène de banquet, mais qui est beaucoup moins développée que la première ; des scènes de navigation, un bateau descend le courant vers la ville sainte d’Abydos en tractant une barge où sont représentés d’autres personnages ; des scènes de momification, des Prêtres purifient le corps du défunt en versant de l’eau, ils portent le sarcophage protégé par l’œil d’Horus gravé sur le sarcophage. Un Prêtre portant le masque d’Anubis attend à l’entrée de la tombe pour faire le rite de l’ouverture de la bouche.
 

  Plus de photos : La tombe de Renini (Egypt-kemet.com)
 
                      et pour plus de détails sur la tombe :
                         El Kab – Renni   (Osirisnet.net)

 
              La tombe de Sétaou – EK4

 
   Sétaou (ou Setau) fut un Grand Prêtre au service de Nekhbet, Scribe royal qui fut Nomarque puis vice-Roi de Kouch dans la seconde moitié du règne du Pharaon Ramsès III (1184-1153). Sur le mur extérieur de sa tombe se trouve une stèle qui le montre avec sa femme adorant Rê-Horakhty et Khépri. Les peintures intérieures du mur Sud, à droite de l’entrée du tombeau, montrent le propriétaire avec sa famille et nous offrent différentes scènes dont une représentation de la barque de la Déesse Nekhbet.


 

Vue de la tombe dos à l’entrée

 
    Sur le mur Est (droite), qui a beaucoup souffert des ravages du temps, on peut voir dans sa première partie une scène où Sétaou avec sa famille sont devant des offrandes. Le défunt est enlacé par sa femme qui respire le parfum d’un lotus bleu. Ces gestes incarnent une invitation à l’amour et apportent la renaissance au défunt. On y voit aussi une représentation de Sétaou tenant les mêmes objets que Pahéri dans sa tombe, que l’on pense être des braséros.
 
   Dans la deuxième partie on voit une scène où le beau-fils de Sétaou, le Vizir Ramsèsnakht, offre aux défunts, sa femme et des parents, un banquet. Le mur du fond (Nord) est presque totalement détruit. Sur le mur Ouest (Gauche), lui aussi très endommagé, on trouve des scènes montrant le labourage, la récolte et les bateaux funéraires et des textes du jubilé du Roi Ramsès III en l’an 29 de son règne.

 

  Plus de photos : El Kab – Sétaou (Egypt-kemet.com) et
 
              La tombe de Setau  (Egypt-kemet.com)

 


 

Décoration de la tombe de Sobeknakht II

La tombe de Sobeknakht II

 
   Sobeknakht II fut un haut fonctionnaire, Nomarque de Nekheb à la fin de la XVIIe dynastie (1625-1549). Son tombeau fut nettoyé en 2003, par une équipe de restaurateurs dirigée par Vivian Davies, du British Museum. L’étude des textes mis au jour a révélé une inscription rapportant des attaques, jusque-là inconnues, sur l’Égypte par le Royaume de Kouch et leurs alliés de Punt. Le texte biographique raconte les raids Kouchites et une contre-attaque des Egyptiens. Il s’agit là d’une des inscriptions les plus importantes sur l’histoire militaire de la fin de la XVIIe dynastie trouvée à ce jour.
 
   Les Nubiens avaient envahi la Haute-Égypte et menaçaient alors très fortement Thèbes. Les textes soulignent également le rôle important de Sobeknakht II dans la protection de la dynastie Thébaine (XVIIe dynastie) l’empêchant d’être détruite au cours de cette période tumultueuse. Ces révélations sont contenues dans 22 lignes de hiéroglyphes déchiffrés par les égyptologues du British Museum. Bien que les spécialistes avaient su que des tensions existaient entre le royaume de Kouch, qui s’étendait le long du Nil au Soudan et le Sud et l’Egypte au cours de la période en question, ils n’avaient aucune preuve de ce genre d’affrontements signalés par l’inscription.


 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la cité voir les ouvrages de :
 
Jean Bingen et Willy Clarysse :
El kab III, les ostraca Grecs (O.Elkab gr.), FÉRÉ, Bruxelles, 1989.
Elkab VII, Die barkenkapelle des Königs Sobekhotep III. in Elkab, FÉRÉ, Bruxelles, 2002.
Jean Capart :
El Kab, Fouilles en Égypte, Impressions et souvenirs, FÉRÉ, Bruxelles, 1946.
Philippe Derchain et Pierre Marie Vermeersch :
Elkab, I, FÉRÉ, Bruxelles, 1971-2010.
Elkab, II, Elkabien, épipaléolithique de la vallée du Nil égyptien, Publications du comité des fouilles Belges, FÉRÉ, Bruxelles, 1978.
Somers Clarke et Joseph John Tylor :
Wall drawings and monuments of El Kab : The Tomb of Sebeknekht, Bernard Quaritch, London, 1895-1896-1900.
Wall drawings and monuments of El Kab. The tomb of Paheri, Egypt exploration fund, London, Boston, 1895.
Wall drawings and monuments of El Kab. The temple of Amenhetep III, Bernard Quaritch, London, 1898.
Wall drawings and monuments of El Kab. The tomb of Renni, Bernard Quaritch, London, 1900.
Report of certain excavations made at El Kab, Pits.-IV. El Kab, Foundations of the Great Wall, 1905.
Somers Clarke, James Edward Quibell et Joseph John Tylor :
El Kab, Bernard Quaritch, London,  1897-1898 – Histories and Mysteries of Man Ltd, Juin 1989 – Adamant Media Corporation, Février 2001 – BiblioBazaar, 2009.
Aidan Marc Dodson :
El Kab, city of the vulture-goddess, KMT Communications, San Francisco, 1996. 
Stan Hendrickx, Eugène Warmenbol et Dirk Huyge :
Elkab IV : Topographie : Archaeological-topographical surveying of Elbab and surroundings, FÉRÉ, Bruxelles, 1989.
Un cimetière particulier de la deuxième dynastie à El Kab, Archéo-Nil 12, Décembre 2002.
Stan Hendrickx et Veerle Van Rossum :
Elkab V, The Naqada III cemetery, FÉRÉ, Bruxelles, 1994.
Stan Hendrickx :
Status report on the excavation of the old kingdom rock tombs at Elkab, Vol. 1, pp : 255-257, Atti del VI Congresso Internazionale di Egittologia, Turin, 1992.

 

 

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