Ce
fut une période de développement culturel et politique très rapide. Ce fut au VIIIe siècle qu’apparut l’organisation de l’État
la plus caractéristique de la Grèce antique, avec les bouleversements politiques qui amènèrent aux
cités-États ou Polis (ou Pólis, en Grec : πόλις "cité", au
pluriel Poleis). Quelques historiens n’accordent le titre de polis (Poleis) qu’aux organisations du VIe siècle,
avec la formulation généralisée des droits et devoirs des citoyens. Ces cités-États furent diviser en deux groupes : Les cités
royales et aristocratiques, qui étaient principalement Doriennes, surtout sur la Béotie et le Péloponnèse
(Sparte etc…) et les cités commerçantes et “démocratiques”
(Mégare,
Athènes etc.).
Il est à noter qu’Henri Van Effenterre, en citant le cas d’une ville, Gortyne (En
Crète, située sur les bords du fleuve Léthée, au pied du
mont Ida) soutient que cette dernière était déjà, dès l’âge de bronze, une cité-État et que cette organisation coexista avec la
société palatiale. Le grand nombre de cités-États indépendantes fut la principale cause des guerres
et de la rareté de toute action panhellénique (Volonté de réunir tous les Grecs au sein d’une même union) comme il s’en déroula
lors de l’invasion Perses Achéménides.
Chaque cité se distinguait par un panthéon différent, une politeia différente.
Hoplite
|
Les cités se construisirent lentement, par synœcisme (Communauté de maisons).
Puis par l’association de plusieurs villages proches en un centre commun. Ce lieu fut très souvent dominé par une colline,
qui devint vite une citadelle (ou Acropole : "t;t;t;Point le plus haut de la ville"). L’évolution
fut différente selon chaque cité. Le territoire poliade était divisé en deux entités :
• L’astu ou asty, qui était la partie de la cité (polis) où étaient regroupés les cultes
civiques et les instances politiques. En fait il s’agissait de la ville principale du territoire de la cité, avec ses
édifices publics, politiques, religieux, commerciaux, ses habitations privées du centre et sa place du marché (Agora).
• La chôra, qui désignait la zone périphérique qui entourait la polis. C’était le plus souvent une zone rurale
qui pouvait être néanmoins composé de villages (Ou petites villes qui n’avaient pas le statut de cité) et de sanctuaires. Elle
réunissait aussi les pâturages, les bois, les montagnes. Des remparts marquaient la limite entre l’agglomération et la campagne.
Hoplite
|
Une troisième entité la paralia, n’existait que dans les cités qui
se trouvaient en bordure de mer, elle comprenait la côte et le port. À l’origine la plupart des cités étaient dirigées par des
grandes familles aristocratiques (Les aristoi, "les meilleurs"), qui possédaient les meilleures parts de terre,
tandis que la crise agraire augmentait l’appauvrissement des paysans.
Cependant au cours du VIIIe siècle cette domination fut progressivement remise en cause. Avec le développement
de l’instruction, les citoyens pouvaient lire et critiquer les lois. Une classe moyenne de commerçants et d’artisans vit le jour
et s’enrichit. On assista alors à la création de corps de fantassins, les
hoplites,
signifiant que la guerre n’était plus le privilège des nobles, ce qui accrut les tensions sociales.
Dans certaines villes, les lois restreignirent le pouvoir de l’aristocratie, dans d’autres, celui-ci échoua
à des Tyrans qui s’appuyèrent parfois sur des
hoplites. Au début de nombreux Tyrans
furent populaires parce qu’ils annulaient la dette des fermiers et procédaient à une nouvelle répartition des terres. Dans
certaines cités, l’aristocratie fut remplacée par des petits groupes de riches marchands qui fondèrent des oligarchies.
Pendant la période archaïque de vers 700 à 500, deux cités finirent par s’imposer dans chacun des
groupes, en suivant des voies complètement différentes et devinrent de plus en plus puissantes.
• La première, Sparte était Dorienne. Elle fut dirigée
par deux Rois et contrôlait la plus grande partie du Péloponnèse. Elle fut dominée par une caste guerrière, les citoyens-soldats,
qui possédaient des terres et des esclaves,
les Hilotes.
Buste de Solon
|
• La deuxième,
Athènes était
Ionienne et fut orientée vers le commerce
maritime. On y vit naître la “démocratie” avec les réformes de
Dracon en 621 et
Solon (640-558) en 594, réformes qui furent cependant
combattues. De 540 à 527, la cité fut soumise au Tyran
Pisistrate (560-527), ses fils lui succédèrent
et continuèrent sa politique, mais un fut tué et l’autre, en 510, obligé de s’exiler. Le nouveau dirigeant,
Clisthène dota alors la ville d’institutions
que beaucoup qualifient de véritablement démocratiques (Bien qu’il existait encore beaucoup de choses loin de ce que l’on estime
être une démocratie aujourd’hui).
Athènes
prospéra rapidement grâce au commerce et à ses mines d’argent. Dans le même temps, le monde Grec s’étendit sur le littoral
Asiatique de la mer Égée et de l’Hellespont
(Asie
Mineure) où se développèrent de florissantes cités comme :
Éphèse,
Halicarnasse,
Milet ou bien
Sardes en
Lydie. Les
Grecs y diffusèrent leur propre culture et au fur et à mesure glorifièrent leur civilisation. Ils considéraient tous ceux qui ne
parlaient pas leur langue comme des "Barbares". (Le rejet de l’autre étant loin d’être démocratique).
Bouclier d’Hoplite
|
Cette Grèce très riche attirera un ennemi qui avait déjà conquis la
Mésopotamie
et bientôt l’Égypte,
les Perses Achéménides. Les Poleis perdirent
beaucoup de leur force avec la disparition de leur indépendance, après les conquêtes
Macédoniennes, notamment celles de
Philippe II (359-336) et de son fils
Alexandre le Grand (336-323) et l’émergence des
royaumes hellénistiques à la fin du IVe siècle av.J.C.
Claire Préaux dit que la cité Grecque est morte à Chéronée, en 338, lorsque
Philippe II y remporta
la victoire sur la coalition de cités Grecques. Par contre Richard Billows prétend que la période hellénistique constitua une
période centrale dans la vie des cités. Le débat reste ouvert…
Le principal changement se mesure en fait dans la politique
extérieure des cités qui dans ce cas perdirent une large part de leur autonomie. Par opposition, elles gagnèrent en
sophistication dans la gestion des affaires internes, dans la culture, la vie civique et les aménagements urbains.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur les cités-États voir les ouvrages de :
Moché Amit :
– Great and small poleis : A study in the relations between the great powers and the small cities in ancient Greece,
Revue d’Etudes Latines, Latomus, Bruxelles, Janvier 1973.
Pierre Brulé :
– La cité Grecque à l’époque classique, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 1995.
Ida Calabi :
– Ricerche sui rapporti tra le poleis, Nuova Italia, Firenze, 1953.
Paul Demont :
– La cité Grecque archaïque et classique et l’idéal de tranquillité, Belles Lettres, Paris, 1990.
François De Polignac :
– La naissance de la cité grecque : Cultes, espace et société, VIIIe-VIIe siècles,
La Découverte, Paris, 1995.
Henri Francotte :
– La polis grecque. Recherches sur la formation et l’organisation des cités, des ligues et des confédérations dans la
Grèce ancienne, F. Schöningh, Paderborn, Janvier 1907.
Gustave Glotz :
– La cité Grecque, A. Michel, Paris, 1968.
Volker Grieb :
– Hellenistische demokratie : Politische organisation und struktur in freien griechischen poleis nach
Alexander dem Grossen, Steiner, Stuttgart, Janvier 2008.
Mogens Herman Hansen et Thomas Heine Nielsen :
– An inventory of archaic and classical poleis, Oxford University Press, Oxford, New York, 2004.
Mogens Herman Hansen :
– Stad en staat : De antiek-Griekse poleis en andere stadstaatculturen,
Amsterdam University Press, Salomé, Amsterdam, 2006.
– Polis : Une introduction à la cité grecque, Belles lettres, Paris, 2008.
Lilian Hamilton Jeffery :
– Archaic Greece : the city-states, c. 700-500 B.C, E. Benn, London, Tonbridge, 1976 – Martin’s Press, New York, 1976.
Raoul Lonis :
– La cité dans le monde grec, structures, fonctionnement, contradictions, Nathan Université, 2e édition, 2000.
Claude Mossé :
– Les institutions Grecques à l’époque classique, A. Colin, Paris, 2008.
Thomas Heine Nielsen :
– Arkadia and its poleis in the archaic and classical periods, Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen, 2002.
Henri Van Effenterre :
– La cité; grecque : Des origines à la défaite de Marathon, Hachette, Paris, 1985.
Elisabeth Charlotte Welskopf :
– Hellenische Poleis; Krise, Wandlung, Wirkung, Akademie-Verlag, Berlin, 1974.
|