Alexandre III le Grand – British Museum
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Présentation
La bataille et le siège de Thèbes (ou Naumachia tēs Thễbai, en
Grec :
Ναυμαχία της Θῆβαι)
fut un conflit qui se déroula en Août 335. Elle eut lieu à l’extérieur et dans la ville proprement dite. Ce fut une confrontation entre la cité de
Thèbes et le Roi de
Macédoine
Alexandre le Grand (336-323), qui vit la victoire de ce dernier.
Après avoir été nommé Hégémon (En Grec :
ἡγεμών, chef militaire) de la
Ligue de Corinthe,
Alexandre marcha vers le Nord pour faire face à des révoltes en
Illyrie et en
Thrace, qui le forcèrent à retirer beaucoup de troupes
Macédoniennes qui maintenaient la pression sur les cités
Grecques du Sud afin de les garder soumises.
Bien que le Roi ne veuille pas détruire Thèbes,
après l’envoi de plusieurs Ambassadeurs qui demandèrent sa soumission, celle-ci refusant, il décida finalement de détruire la ville
afin de faire un exemple pour toutes autres cités qui auraient des prétentions de révolte.
Le contexte
Depuis sa défaite à la
bataille de Chéronée en 338, la cité de
Thèbes était sous l’occupation
Macédonienne, ce qui avait anéanti également son état de cité
prééminente de la Grèce méridionale.
Les Thébains avaient accepté à
contrecœur cette situation et leur affiliation obligatoire à la Ligue
de Corinthe, qui était auparavant commandée par Philippe II (359-336) de
Macédoine, le père
d’Alexandre le Grand (336-323).
L’expédition contre la Perse avait été longue à mettre en place et
Alexandre ne cachait pas son intention de se venger des attaques
contre la Grèce par la
Perse un siècle et demi auparavant et du fait que son royaume
avait dû être un vassal de l’Empire Perse.
Ce fut au début de cette expédition que le Roi Perse
Darius III (336-330) commença à distribuer de l’argent aux cités
Grecques avec l’espoir qu’elles se soulèvent contre leur nouveau
Suzerain.
En plus de cela, il envoya son Général le plus compétant, Memnon de Rhodes
(ou Memnôn de Rhodes, en Grec :
Μέμνωνὁ Ῥόδιος, v.380-333), contre des troupes
Macédoniennes qui étaient stationnées en
Ionie à ce moment-là.
De son côté Alexandre était occupé au siège de
Pélion (ou Pelium) en
Illyrie, ville essentielle car elle fournissait un accès facile de
l’Illyrie à la
Macédoine, où
une rumeur circulait comme quoi le jeune Roi aurait été tué au cours du siège. L’homme politique
Athénien
Démosthène (384-322) prétendait avoir été présent au siège et
affirmait qu’Alexandre était mort.
Le Roi avait, en effet, été blessé au cours de ce siège, ce n’était donc pas une affirmation tout à fait invraisemblable à faire.
Buste de Démosthène –
Copie Romaine d’un original de Polyeucte – Musée du Louvre |
En apprenant la mort présumée d’Alexandre des exilés
Thébains à
Athènes, regagnèrent rapidement leur ville natale en Béotie et cherchèrent à
provoquer une révolte contre la domination Macédonienne
en place. La Cadméa (ou Kadmeia, en Grec :
Καδμεία), la citadelle (Acropole Thébaine) de
Thèbes située sur une colline, était occupée par une garnison
Macédonienne, et ce fut là que les
Thébains cherchèrent à attaquer. À cet effet, ils tuèrent deux officiers
Macédoniens qui étaient de passage dans la ville et déclarèrent
leur indépendance vis à vis de la Macédoine.
Le prélude
Certains de la mort du Roi de
Macédoine,
Alexandre le Grand
(336-323), leur Suzerain, les Thébains révoltés, après avoir tué deux
officiers Macédoniens de la garnison
stationnée dans leur ville, occupèrent celle-ci, mais pas la Cadméa (ou Kadmeia, en Grec :
Καδμεία), la citadelle (Acropole Thébaine) de
Thèbes située sur une colline toujours aux mains de la garnison, et déclarèrent la guerre à la
Macédoine afin de se libérer de son joug.
Afin de leur apporter son soutien, l’homme politique Athénien
Démosthène
(384-322) leur fournit des armes fiancées sur ses propres fond et de l’argent
donné par le Roi de Perse
Darius III (336-330).
Les dirigeants Athéniens tolérèrent cet engagement privé de l’homme politique,
parce qu’ils pouvaient aider de cette façon Thèbes sans rompre leurs
accords précédemment conclus avec la Macédoine.
Les Arcadiens, qui étaient sur l’isthme déclaraient également qu’ils étaient prêts à fournir une assistance militaire.
Après sa victoire sur les Illyriens à Pélion (ou Pelium),
Alexandre, qui n’était pas mort du tout,
appris les nouvelles de Thèbes et il fut immédiatement préoccupé par
la situation, car il avait seulement obtenu l’allégeance des cités-États au début de son règne, parce qu’il avait une armée présente pour les maintenir
sous pression. Cependant, cette fois, il n’y avait pas d’armée présente dans le Sud de la
Grèce. En conséquence, de nombreuses villes rejetèrent le joug
Macédonien.
Sa campagne dans les Balkans étant terminée, au lieu de rentrer dans sa capitale
Pella, il décida donc de marcher avec ses troupes directement vers le Sud,
atteignant la Béotie par les Thermopyles et une marche forcée de douze jours. Son arrivée fut tellement rapide que les dirigeants politiques
Thébains surpris de le voir à une telle proximité pensèrent
qu’il ne s’agissait pas de lui, mais d’un de ses Généraux, Antipatros
(ou Antipater, Général et de 321 à 319 Régent de Macédoine).
Les Arcadiens et les habitants d’Élis, qui avaient soutenu la cause rebelle, dans le doute, préférèrent se retirer de l’isthme et
retournèrent dans leurs ville. Lorsqu’Alexandre arriva en Béotie
de nombreuses villes immédiatement désertèrent la cause de l’indépendance
Grecque. Il reçut le soutien de villes de Phocide et de Béotie comme :
Orchomène de Béotie,
Thespies (ou Thespiai) et Platées, qui virent là une chance de se venger d’une longue oppression
Thébaine. Abandonnés par leurs alliés, isolés en
Grèce et la garnison de la Cadméa (ou Kadmeia)
derrière eux, les dirigeants Thébains étaient néanmoins
déterminés à poursuivre leur résistance. Cependant cet état de grâce était simplement dû à une surestimation de leurs propres forces.
Le déroulement
Le déroulement exacte de la suite des évènements en particulier le rôle du Roi de
Macédoine,
Alexandre le Grand
(336-323) est difficile à reconstruire, parce que les deux rapports des auteurs Arrien (ou Lucius Flavius Arrianus Xénophon, historien Romain, v.86-v.175)
et Diodore de Sicile
(Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30) sont en désaccord,
dans leurs descriptions. On sait qu’Athènes, dirigées par
Démosthène (384-322), un adversaire invétéré du père
d’Alexandre,
Philippe II (359-336), incita contre l’hégémonie
Macédonienne et vota en faveur de
Thèbes.
En dépit de ce soutien moral, et que Démosthène ait fourni à la ville des armes,
Athènes retint ses forces, en décidant d’attendre le cours des événements.
Les Spartiates avaient eux aussi envoyé des forces jusqu’à
l’isthme de Corinthe, mais les retinrent également lorsqu’ils apprirent
l’arrivée d’Alexandre.
L’Assemblée Thébaine avait beau garder beaucoup d’enthousiasme,
car Thèbes était entourée d’un mur circulaire, qui permettait de bien se
défendre contre l’agresseur, Alexandre avait un très grand nombre de troupes
expérimentées aux portes de la ville à ce moment. Le Roi n’était toutefois nullement désireux de détruire la cité.
Il approcha de celle-ci très lentement et campa d’abord loin d’elle, dans l’espoir de lui faire comprendre sa situation dangereuse.
Il offrit même des conditions de reddition clémentes si on lui livrait Phoenix et Prothytès, les hommes au centre de l’insurrection et il
garantit qu’aucun mal ne serait fait à personne. Cependant, les
Thébains répondirent qu’il devrait leur donner en échange ses deux
Généraux, Antipatros
(ou Antipater, Général et de 321 à 319 Régent de Macédoine) et
Philotas (ou Philôtas, † 330). Cette demande ne fut bien sûr pas acceptée.
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La garnison de la Cadméa (ou Kadmeia) était justement commandée par ce Philotas (ou Philôtas) et avait,
elle-même, été fortifiée contre les Thébains qui pouvaient venir de la ville.
Ces derniers, à leur tour, avaient mis en branle une série de travaux avec des douves et des remparts autour de la citadelle,
car leur enceinte avait sur son côté Sud une vulnérabilité que la Cadméa (ou Kadmeia) bordait directement.
Cette défense leur permettait de veiller à ce que des raids ne puissent pas facilement être menés par cette garnison.
De plus, de cette façon, ils coupaient à la Cadméa (ou Kadmeia) son accès direct avec le monde extérieur.
À ce stade, les écrits commencent à être en désaccord. Diodore
dit qu’il fallut à Alexandre trois jours pour préparer l’assaut général
qui était sur le point d’avoir lieu contre la ville. Lorsque les choses furent enfin prêtes, il divisa ses forces en trois parties.
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En avant des murs, à un point où les
Thébains
pensaient que devrait avoir lieu les combats, ils positionnèrent leur phalange et derrière leur cavalerie.
À la première partie de sa force, Alexandre ordonna d’attaquer les murailles
qui étaient autour de la ville elle-même. La seconde se forma en ordre de bataille et fit face à l’infanterie
Thébaine. La troisième partie était une réserve pour
éventuellement appuyer une des deux premières. Les Thébains
avaient prévu leur défense de la manière suivante. Ils émancipèrent leurs esclaves et les firent se mettre en face de la partie de la force
Macédonienne qui attaquait la muraille avec, comme dit
plus haut, derrière eux la cavalerie. Ils étaient conscients que les Macédoniens
ne feraient pas de quartier, mais les Thébains étaient prêts à se battre jusqu’au
dernier homme et ils mirent les femmes et les enfants dans les temples de la ville.
Une fois le siège commencé, les Thébains
se battirent avec acharnement, craignant pour leurs maisons, leurs femmes et leurs enfants. La résistance de ces hommes fut inattendue pour les
Macédoniens et ils subirent de lourdes pertes.
La bataille durant pendant un certain temps le doute s’installa dans leurs rangs.
Alexandre décida alors d’envoyer sa troisième force,
retenue comme réserve et la situation commença à s’améliorer. Malgré la vaillance
Thébaine, le Roi remarqua qu’une unité de garde avait abandonné
l’une des portes de la muraille devant le temple d’Amphion. Alexandre
était conscient du danger mais il avait là une chance de rentrer dans la ville. Il ordonna à
Perdiccas (ou Perdíkkas, en
Grec :
Περδίκκαςn), Général, puis Régent de
Macédoine
323-321) et ses troupes une attaque immédiate sur cet objectif, qui réussirent la percée décisive dans la cité.
Selon Arrien (ou Lucius Flavius Arrianus Xénophon, historien Romain, v.86-v.175)
Perdiccas fut blessé par une flèche et dut être
emporté au camp, ce qui explique pourquoi ses hommes durent avancer sans lui contre la porte lors d’une deuxième attaque.
À ce stade, se rendant compte que la lutte pour les murs de la ville était une cause perdue, les
Thébains se retirèrent et commencèrent
la bataille finale dans la ville elle-même. Ce fut à ce moment que Philotas (ou Philôtas) et sa garnison, dans la Cadméa
(ou Kadmeia) rentrèrent dans la bataille eux aussi. Les Thébains
se retrouvèrent alors pris en tenaille. Ils ne pouvaient plus résister et de nombreux guerriers furent massacrés.
La ville en panique fut saccagée copieusement par l’ennemi, et surtout les troupes de Béotiens vengeurs ne tinrent pas compte des civils,
seuls quelques-uns réussirent à s’échapper du temple.
Après la bataille, Alexandre
remit la décision sur le sort de la ville dans les mains du Conseil de la
Ligue de Corinthe.
Il y avait dans cette Ligue majoritairement
des cités de Béotie, où Thèbes avait exercé dans les années précédentes
un règne oppressif, et le verdict fut rapide et clair. La ville fut détruite, ses terres divisées parmi les autres cités de Béotie et sa population
qui n’avait pas été tuée dans les combats (30.000 personnes) vendue en esclavage.
Alexandre fut ravi que les
Thébains soient punis sévèrement pour leur rébellion,
souhaitant envoyer un message aux autres cités-États
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
Theodore Ayrault Dodge :
– Alexander : A history of the origin and growth of the art of war from the earliest times to the battle of Ipsus,
301 BC, with a detailed account of the campaigns of the great Macedonian,
Da Capo Press, New York, 1996.
John Buckler et Hans Beck :
– Central Greece and the politics of power in the fourth century BC, Cambridge University Press, Cambridge, New York, 2008.
Jean-Nicolas Corvisier :
– Guerre et société dans les mondes Grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Paul K.Davis :
– 100 decisive battles : From ancient times to the present, Oxford University Press, New York, 2001.
Alexander Demandt :
– Alexander der Große : Leben und legende, C.H. Beck, München, 2009.
Maurice Dessemond et Jean Lartéguy :
– Alexandre Le Grand : l’homme-dieu, Georges Naef, Genève, 2001.
Andrea Frediani :
– Les grandes batailles d’Alexandre le Grand, Newton Compton, 2004.
Robin Lane Fox :
– Alessandro Magno, Einaudi, Turin, 1981-2004- En Anglais, Alexander the Great, Penguin, London, 2005.
Phillip Harding :
– From the end of the Peloponnesian War to the battle of Ipsus, Cambridge University Press, Cambridge, New York, 1985.
Dominique Joly et Antoine Ronzon :
– La fabuleuse Histoire d’Alexandre le Grand, Collection : La fabuleuse histoire, Tourbillon, Paris, 2005.
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