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La Pisidie
 

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Localisation
Histoire
Bibliographie

 Pour plus de détails voir aussi les autres cités Pisidiennes :
Sagalassos, Termessos, Antioche de Pisidie

 

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Localisation

 

   La Pisidie (En Grec : Πισιδία, en Latin : Pisidia) fut une région d’Asie Mineure, actuellement la région des lacs, la province moderne d’Antalya en Turquie. Elle se situait au Nord de la Lycie et de la Paphlagonie, entre la Lycaonie au Nord-est, la Phrygie au Nord-ouest et la Cilicie à l’Est, ceci dit ses limites exactes sont mal définies. Elle renfermait l’Isaurie dans sa partie septentrionale.
 
   Le pays est morcelé en cuvettes où se sont formés les lacs de Burdur, d’Egridir (en Turc : Eğirdir Gölü) et de Kestel, la séparant des blocs montagneux. C’était un pays fertile et prospère qui permettait des cultures délicates comme le tabac, l’anis, les roses pour le parfum. Ses villes principales étaient : Antioche de Pisidie, Cibyra, Cremna, Etenna, Laodicée Combusta (Laodikeia Katakekaumenê), Néapolis (ou Kiyakdede), Olbasa, Philomelium (ou Akşehir ou Eskişehir), Sagalassos, Selge (ou Selga) Termessos, Tyriacum. Les Pisidiens, réputés belliqueux et pillards, se maintinrent longtemps indépendants. Seuls les Romains parvinrent à les dompter.
 
   La région fut évangélisée par l’apôtre Paul entre 45 et 49 ap.J.C. D’abord jointe à la Pamphylie, elle en fut séparée au IVe Siècle ap.J.C pour former deux provinces distinctes du diocèse d’Asie. Selge et Baris en étaient les villes principales et Antioche de Pisidie, la capitale. La Pisidie fut la patrie de George Pisida (Poète Byzantin, VIIe siècle ap.J.C). La langue de Pisidie est mal connue, mais est supposée être un dérivé de la branche Anatolienne des langues Indo-européennes.

 

L’histoire…….

 
   La région de Pisidie fut habitée depuis le Paléolithique supérieur (vers 10.000 av.J.C), avec quelques établissements connus allant du VIIIe au III millénaire av.J.C. Les ancêtres des Pisidiens classiques étaient probablement présents dans la région avant le XIVe siècle av.J.C. Ce sont peut-être eux dont les Hittites se réfèrent lorsqu’ils parlent d’un peuple des montagnes de Salawassa, que l’on va identifier plus tard avec le site de Sagalassos. À cette époque la Pisidie semble avoir été une partie de la région appelée par les Hittites, Arzawa.


 

Le Decumanus Maximus –
Antioche de Pisidie

 
    Ses habitants ne vivaient pas sous le joug des Hittites, mais au contraire ont combattu à leurs côtés contre les Égyptiens à la bataille de Kadesh (fin Mai 1274). Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425 av.J.C) mentionne dans ses textes qu’un peuple Pisidique était appelé "Lakuna", mais ce fut l’un des noms donnés aux tribus Pisidiques qui occupaient une région montagneuse un peu au Nord de la baie d’Antalya. Les Pisidiens, comme les Pamphyliens, sont connus pour être parmi les nations qui ont aidé les Perses dans leurs guerres contre la Grèce. De ce fait certains spécialistes pensent que Pisidiens et Pamphyliens étaient un même peuple.
 
   Hérodote d’ailleurs ne mentionne pas les Pisidiens dans son énumération des peuples d’Anatolie, par contre il cite les Pamphyliens, tandis qu’Éphoros (Historien Grec, v.400-v.330 av.J.C) mentionne les deux, et place la Pisidie parmi les nations de l’intérieur et la Pamphylie, parmi celles de la côte. La Pamphylie reçue très tôt des colonies Grecques, ceci combiné avec une plus grande fertilité de son territoire elle devint plus civilisée que sa voisine de l’intérieur des terres. La Pisidie est restée une région sauvage et montagneuse des plus difficiles d’accès, ce qui la protégea de l’invasion des puissances étrangères.
 
   Aussi loin que la période du Hatti, la Pisidie s’est fait l’hôte des communautés indépendantes, qui refusaient le joug Hittite. À la chute de ces derniers, vers 1200, elle résista dans la grande majorité de ses cités aux attaques des Phrygiens, la nouvelle puissance forte de la région. Connue pour ses factions guerrières, elle resta largement indépendante par la suite même lorsque les Lydiens, de vers 700 à 547/546, se rendirent maître de l’Asie Mineure, sauf quelques villes comme Sagalassos. Il en fut de même pour les Perses qui après avoir vaincu le Roi de Lydie Crésus (562-546 ou 561-547) et divisés son Empire en satrapies pour plus de contrôle, furent incapables de faire face à des soulèvements et des troubles constants en Pisidie. Plutôt que d’essayer de les combattre ils les enrôlèrent dans leurs armées.
 


 

Le bouleutérion de Sagalassos 

   Peu avant la chute des Perses, en 334, le Roi Macédonien, Alexandre le Grand (336-323) eut, non sans mal, plus de résultats avec ce peuple en arrivant dans la région. Celle-ci possédait déjà des cités de grandes importances comme Sagalassos, Selge ou Termessos qui résistèrent à ce nouvel envahisseur. Dans son compte rendu de la campagne d’Alexandre contre le Roi Perse Darius III (336-330), l’historien Arrien de Nicomédie (v.85-v.145) raconte comment Selge conclut un pacte avec Alexandre contre Termessos et Sagalassos. Arrien raconte, qu’en 333, le Roi Macédonien, qui assimilait la ville à un nid d’aigle, avait commencé un siège de Termessos, conscient de l’importance stratégique de la cité. Arrien note que même une petite force pouvait facilement la défendre en raison des barrières insurmontables naturelles qui entouraient la ville. Alexandre voulait gagner la Phrygie à partir de la Pamphylie et sa route passait forcément par Termessos.
 
   En fait, il existait d’autres passes beaucoup plus faciles d’accès et sans aucune résistance armée, alors pourquoi le Roi choisit de remonter le col raide de Yenice (ou Yenidje ou Yenidze) reste encore aujourd’hui un sujet de litige. Alexandre perdit beaucoup de temps et d’efforts à essayer de forcer le passage fermé par les Termessiens et lorsqu’il s’aperçut que cette ville s’avérait être imprenable, il abandonna toute agression envers la cité. Toutefois, au lieu de marcher vers le Nord il se tourna vers Sagalassos sur laquelle il déchargea toute sa colère. Dans la bataille qui s’en suivit, les Sagalassiens assistés par des archers de Termessos avaient pris position sur un plateau de la montagne en face de la ville. Bien qu’ils aient réussi à repousser l’attaque Macédonienne une première fois, ils furent finalement vaincus et Sagalassos fut saccagée. Plus tard, Sagalassos sera fière de son rôle dans la résistance contre la conquête de la région par Alexandre, représentant la bataille sur ses pièces de monnaies.
 
   Après la mort d’Alexandre, ses anciens Diadoques se disputèrent les parties de l’Empire et lors du premier partage des territoires, la Pisidie échut à Antigonos I Monophtalmos ("Le borgne", Roi 306-301), qui l’occupa durant une quinzaine d’années avec quelques intrusions du Roi de Thrace, Lysimaque (322-281). Après quoi Séleucos I Nikatôr (305-280), fondateur de la dynastie Séleucides, prit le contrôle de la région. Sous le règne des Séleucides des colonies Grecques furent fondées sur les lieux d’importance stratégique et la population locale fut hellénisée. Cependant, là encore, les Rois Hellénistiques ne vont jamais avoir un pouvoir total sur la région, en partie aussi parce que l’Anatolie va être contestée entre les Séleucides, les Attalides de Pergame et les Galates, envahissants Celtes venus d’Europe.
 


 

Le théâtre de Termessos

   Les villes de Pisidie furent parmi les dernières à l’Ouest de l’Anatolie à adopter pleinement la culture Grecque et à frapper leur propre monnaie. La région passa officiellement sous la dépendance du royaume de Pergame en 188 au Traité d’Apamée, après la chute du Roi Séleucide, Antiochos III Mégas (223-187). En 133, le dernier Roi de Pergame Attalos III Philométor (ou Attale, 138-133) légua son royaume à Rome qui intégra la Pisidie à la province d’Asie. Au moins pendant la première partie de la domination Romaine la région semble avoir connu une brève période de prospérité, au cours de laquelle de nombreuses villes de la région vont ériger des murailles défensives et des bâtiments politiques.
 
   Au début du Ier siècle av.J.C, cependant, cette période de prospérité prit fin. Rome avait donné la gérance de la région au royaume de Cappadoce qui se révéla incapable de gouverner et faire face aux rebellions. Dans le même temps le Roi du Pont, Mithridate VI (120-63) profita de la situation et déclare la guerre à la Cappadoce qui était soutenue par les Romains. Cela eut pour effet l’interruption presque immédiate du commerce maritime à cause des nombreux pirates sur les mers. Les Pisidiens liguèrent leur force aux pirates Ciliciens et Pamphyliens jusqu’à ce que la domination Romaine fut restaurée en 102 av.J.C et Mithridate VI repoussé pour un temps.
 
   Le Roi du Pont multiplia les attaques sur la Cappadoce, puis en 89 sur le royaume de Bithynie de Nicomède IV Philopator (94-74) qui contrôlait maintenant la région. Mithridate VI remporta deux victoires décisives, qui lui livrèrent toute la Bithynie, la Phrygie du Nord et la Mysie. Il pénétra ensuite dans la province d’Asie et la Pisidie où il fut accueilli comme un libérateur. Il se débarrassa des Romains qui se trouvaient en Asie et plus de 80.000 périrent en un seul jour, principalement à Éphèse. Cependant ses victoires et son Empire vont être de courte durée, les Romains reprirent possession de l’Asie Mineure après lui avoir infligé plusieurs lourdes défaites. La position géographique et stratégique de la région était difficile à contrôler. En 39 av.J.C, le Consul Romain Marc Antoine (83-30 av.J.C) confia la Pisidie au Roi de Galatie Amyntas (39-25 av.J.C) et lui demanda de réprimer les bandits d’Homonada (ou Hoinona), une cité des montagnes du Taurus, qui menaçaient les routes reliant la Pisidie à la Pamphylie.


 

Vestiges du théâtre de Selge

 
   Amyntas prit la ville et tua son Prince. Cependant la veuve de ce dernier décida de le venger et Amyntas fut victime en 25 av.J.C d’une embuscade où il trouva la mort. Après la mort du Galate la Pisidie redevint possession de Rome qui l’incorpora à sa nouvelle province de Galatie. Au cours de la période Romaine la Pisidie fut colonisée par des anciens combattants de ses légions qui la maintinrent sous contrôle. Pour les colons venus des régions pauvres d’Italie, l’agriculture devint l’activité principale. Sous la Pax Romana de l’Empereur Auguste (27 av.J.C -14 ap.J.C) huit colonies furent établies en Pisidie et Antioche et Sagalassos devinrent les centres urbains les plus importants. La province fut progressivement Latinisée et le Latin resta la langue officielle de la région jusqu’à la fin du IIIe s. ap.J.C.
 
   À la même période, la construction d’un bon réseau routier par Auguste, dont la via Sébaste reliant Antioche de Pisidie avec les ports Pamphyliens comme Pergé, qui traversait le territoire Sagalassien ouvrit des possibilités inattendues pour la ville et la région. Le territoire de Sagalassos extrêmement fertile produisait des excédents de céréales et sa production industrielle de céramique de haute qualité furent exportés via ce nouveau réseau routier. Rapidement, l’élite des propriétaires terriens locaux réalisèrent le potentiel économique de la nouvelle situation politique et immédiatement embrassèrent la cause Romaine. Les villes de Pisidie continuèrent de s’étendre au cours des trois premiers siècles de l’époque impériale. À Sagalassos la zone urbaine doubla en taille. Sous le règne de l’Empereur Claude (41-54) les membres de certaines de ces familles aristocratiques devinrent citoyens Romains. La Pisidie joua aussi un rôle important dans la propagation rapide du Christianisme. Elle fut évangélisée par l’apôtre Paul de Tarse entre 45/46 et 49 ap.J.C qui visita Antioche à chacun de ses voyages missionnaires, ce qui va aider considérablement à faire de la ville le centre de cette nouvelle croyance en Anatolie.


 

Le nymphée reconstitué de Sagalassos

 
   La période de prospérité et d’activité de construction pour les riches cités de Pisidie attint son apogée avec le règne de l’Empereur Hadrien (117-138) et se poursuivit jusqu’au début du IIIe siècle. Pendant cette période, l’élite locale utilisa la construction de monuments comme moyen de représentation et de promotion sociale. À Sagalassos au IIe siècle un riche citoyen de la ville, Titus Flavius Neon, finança la construction d’une grande bibliothèque. Même lorsque l’Empire Romain entra en crise, en 235 ap.J.C après la mort de l’Empereur Alexandre Sévère, avec la succession rapide des Empereurs et une instabilité sociale au bord de la guerre civile, le Sud-ouest de l’Anatolie et en particulier la Pamphylie et la Pisidie continua de prospérer en raison son importance stratégique comme avant-poste pour des interventions militaires en Méditerranée orientale.
 
   Au cours du IIIe siècle, un grand nombre de troupes et la flotte Romaine prirent cantonnement en Pamphylie à Sidé sur le golfe d’Antalya. Cette nouvelle possibilité économique pour les villes du Sud de la Pisidie, qui s’enrichirent de la vente de céréales et de l’approvisionnement des troupes, entraîne une nouvelle explosion de la construction dans les cités dura tout au long du siècle. Lors de la légalisation du Christianisme sous l’Empereur Constantin (305-337) Antioche de Pisidie joua un rôle important et devint la capitale de la province de Pisidie Chrétienne, fondée au IVe siècle. Un nombre croissant d’adeptes de la nouvelle religion réclamèrent alors une plus grande place dans la société. Les tensions qui en découlèrent entre les Chrétiens et les païens, apparemment vers l’an 400, amenèrent à la destruction des édifices considérés païens par les Chrétiens.


 

L’aqueduc à Antioche de Pisidie

 
    En dehors de la montée en puissance de l’Église, l’antiquité tardive dans la région vit l’émergence d’une élite provinciale formant une petite, mais très puissante, aristocratie. Son attachement à la cité diminua à mesure que que ses membres devinrent plus préoccupés par leur fortune personnelle à travers leurs terres disséminées sur toute la province. Des signes de tensions externes apparurent également autour de 400, lorsque des mercenaires se révoltèrent lors de raids d’Ostrogoths et d’Isauriens. Il devint alors urgent dans toute la région de fortifier lourdement par des murailles la plupart des villes.
 
   Cependant, la campagne autour des cités resta très densément peuplée à en compter le nombre de villages plus grands et mieux protégé, situés à proximité de sources d’eau en haute altitude. La région fut dévastée par un tremblement de terre en 518, une peste autour de 541-543, puis un autre tremblement de terre en 590, auxquels s’ajouteront les raids arabes dans le milieu du VIIe siècle, ce qui finit de la ruiner. De plus après la conquête musulmane de la Syrie, les routes commerciales furent perturbées et la région n’eut plus les moyens de se relever.

 

Bibliographie

 
    Pour d’autres détails sur la région voir les ouvrages de :
 
Klaus Belke et Norbert Mersich :
Phrygien und Pisidien, Tabula Imperii byzantini 7, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, Wien, 1990.
Hartwin Brandt :
Gesellschaft und wirtschaft Pamphyliens und Pisidiens im altertum, Asia Minor Studien 7, R. Habelt, Bonn, 1992.
Claude Brixhe :
La langue des inscriptions épichoriques de Pisidie, Peeters, Louvain-la-Neuve, 1988.
Kayhan Dörtlük :
Antalya : Lycie, Pisidie, Pamphylie : Guide des cités antiques, Keskin Color Kartpostalcilik Ltd., Istanbul, 1991.
Barbara Flemming :
Landschaftsgeschichte von Pamphylien, Pisidien und Lykien im spätmittelalter, Abhandlungen für die Kunde des Morgenlandes 35,1 Wiesbaden, 1964.
George Francis Hill etBarclay Vincent Head :
Catalogue of the Greek coins of Lycia, Pamphylia and Pisidia, Printed by order of the trustees, London, 1897.
Charles Lanckoronski :
La Pisidie, Firmin-Didot, Paris, 1893.
Stephen Mitchell :
Three cities in Pisidia, pp : 129-148, Anatolian Studies 44, 1994.
William Mitchell Ramsay :
Pisidia and the Lycaonian frontier, pp : 243-273, Annual 9, Session 1902/1903.
Xavier de Planhol :
De la plaine pamphylienne aux lacs Pisidiens : Nomadisme et vie paysanne, Bibliothèque Archéologique et Historique de l’Institut Français d’archéologie d’Istanbul 3, Paris, 1958.
Georges Radet et G.-R. Cheslay :
Les villes de la Pisidie, Ernest Leroux, Paris, 1893.
Hans Rott :
Kleinasiatische denkmäler aus Pisidien, Pamphylien, Kappadokien und Lykien, Studien über christliche Denkmäler, N.F.5/6, Leipzig, 1908.
Elmar Schwertheim :
Forschungen in Pisidien, Asia Minor Studien 6, R. Habelt, Bonn, 1992.
Bilge Umar :
Pisidia, Ak Yayınları Kültür ve Sanat Kitapları 48, Ak Yayınları, Istanbul, 1989.

 

 
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