Jéricho (En
Hébreu :
יְרִיחוֹ
Yériho, en
Grec : Iεριχώ, en arabe : أريحا
Arīhā) est une ville de Cisjordanie, située sur la rive Ouest du Jourdain. Son nom est dérivé
du mot Hébreu qui signifie "lune" et
indique que la ville fut l’un des premiers centres de culte des divinités lunaires. Jéricho a été mentionnée pour la première
fois dans le Livre des Nombres. Elle est considérée comme une des plus anciennes villes habitées dans
le monde et les archéologues ont mis au jour les restes de plus de 20 établissements successifs. La
cité à aujourd’hui une population d’environ 25.000 habitants. Jéricho a été décrite comme la "ville des
palmiers" où d’abondantes sources d’eau tiède et d’eau froide jaillissent et donnent lieu à la culture de citrons,
d’oranges, de bananes, de plantes oléagineuses, de melons, de figues et de raisins. La culture de la canne à sucre
a été amenée par les croisés. Jéricho est la ville la plus basse du monde avec une altitude proche de
moins 240 m. Dans le Nouveau
Testament, Jésus-Christ guérit deux aveugles à Jéricho (Matthieu 20).
L’histoire…….
Vue du site de Jéricho |
Jéricho
est considérée comme une des plus anciennes villes habitées dans le monde. Les premières traces remontent à 10000/9000 av.J.C,
à une période où le niveau de la mer Morte était beaucoup plus élevé qu’aujourd’hui.
Des habitations sédentaires ont émergé, que les archéologues ont appelé “Néolithique précéramique A” (en abrégé PPNA).
Les villages PPNA sont caractérisés par de petites habitations
circulaires, avec des sépultures pour les morts dans les étages des bâtiments.
On note aussi une extension de la culture des céréales sauvages ou domestiques,
et aucune utilisation de la poterie. À Jéricho, les habitations circulaires
furent construites de briques d’argile et de paille séchées au soleil, qui
furent assemblées avec un mortier de boue. Chaque maison mesurait environ cinq mètres de diamètre.
Des foyers étaient situés à l’intérieur et à l’extérieur des maisons.
Vers 9400 av.J.C, les spécialistes pensent que la ville avait plus de 70 habitations. Ce
qui est étonnant c’est que cette bourgade se dota dès
le début d’un mur de protection de pierre massive sur 3,60 m. de hauteur et 1,80 m. de large à la base.
À l’intérieur de ce mur se trouvait une tour plus de 3,80 m. de hauteur, contenant un escalier intérieur avec 22 marches de pierre.
Le mur et la tour n’ont pas de précédent connu dans la culture humaine.
On ne sait pas s’il fut construit comme moyen de défense, ou contre les inondations avec la tour utilisée à des fins cérémonielles.
Après quelques siècles, la première colonie fut abandonnée.
Une deuxième s’établie vers 6800 av.J.C. Certains spécialistes pensent qu’elle fut le résultat d’un peuple
d’invasion qui absorba les habitants de leur culture dominante.
Les artefacts trouvés, datant de cette période, comprennent dix crânes humains en plâtre, peints de manière à reconstituer les
caractéristiques des individus. Selon David Noel Freedman, ils représentent le premier exemple de portrait dans l’histoire
de l’art et il pense qu’ils étaient gardés dans les maisons des défunts tandis que leur corps était enterré.
Une succession de colonies suivit à partir de 4500 av.J.C. La plus importante construite fut vers 2600 av.J.C.
À l’âge du bronze, des preuves archéologiques indiquent que, dans la deuxième moitié (MBE, vers 1700 av.J.C), la ville connut
une certaine prospérité, ses murs ayant été renforcés et élargis.
La période MBE et l’histoire sur les siècles suivants, ont engendré une controverse en raison de leur importance dans
le récit biblique de la conquête de la “Terre Promise” par les Israélites, au cours de laquelle les murs de la cité sont censés
s’être effondrés, permettant aux Israélites, dirigés par
Josué (Fils de Nun, de la tribu d’Éphraïm
et successeur de Moïse, d’entrer dans la ville.
Autre vue du site |
La cité fut, selon le récit biblique, vers 1250, la première ville du pays de
Canaan conquise par
Josué
et les Hébreux. Le livre de
Josué relate la prise de Jéricho et comment,
le septième jour après l’arrivée des Hébreux, les
murailles de la ville s’effondrèrent par la simple volonté divine après le défilé sept fois autour de la cité, pendant sept jours,
de l’arche d’alliance et de sept Prêtres sonnant sept chofars (Sorte de trompettes). Lors de cette guerre Jéricho fut
rasée intégralement et la ville et son butin furent alors maudits.
Josué aurait déclaré : "Maudit soit
devant l’Éternel l’homme qui se lèvera pour rebâtir la ville de Jéricho… Il en posera les portes au prix de son plus jeune
fils".
John Garstang, qui fouilla le site dans les années 1930, annonça qu’il avait trouvé des murs tombés datant de l’époque où la
Bible situe la bataille de Jéricho.
Cependant, quelques temps plus tard, il révisa ses propos et plaça
chronologiquement la destruction à une période beaucoup plus tôt. L’archéologie jusqu’en 1960 tendait à prouver que le récit
Biblique était juste, cependant
l’amélioration et la sophistication de plus en plus grande des techniques d’analyse de datation ont progressivement mis le
doute sur la réalité historique du récit. Un des plus grands spécialistes le remettant en cause est
l’archéologue Pierre de Miroschedji qui est Directeur de Recherche au CNRS et Directeur du Centre de Recherche Français de
Jérusalem. Les fouilles et
datations donnent désormais une image précise de la situation sur le terrain.
Kathleen Mary Kenyon, se basant sur les celles de 1952-1956, date la destruction de la ville fortifiée au milieu du XVIe siècle,
trop tôt donc pour correspondre à l’histoire biblique (En se basant sur les dates traditionnelles).
Elle fut cependant contestée par Bryant G.Wood, en 1990, en grande partie sur l’argument que Kenyon avait mal interprété la preuve
en céramique qu’elle possédait. Enfin, en 1995, Hendrik J.Bruins et Johannes Van Der Plicht annoncèrent la datation au
radiocarbone de la destruction de la ville entre 1617 et 1530 av.J.C, en accord donc avec Kathleen Mary Kenyon.
Après cet épisode, à partir de 1400, Jéricho devint une petite bourgade sans mur d’enceinte et elle fut progressivement
abandonnée. Donc, à l’époque où le récit biblique situe sa conquête, vers 1250, la ville était inoccupée depuis 150 ans et était
tombée en ruine ?. En fait, les archéologues n’y ont jamais d’ailleurs relevé aucune trace de destruction guerrière.
Le récit biblique de sa prise par les Hébreux
serait donc une pure invention et ne peut refléter le déroulement d’une réelle bataille.
Les spécialistes sont assez unanimes pour dire que l’occupation de la ville fut mineure jusque vers le XIe siècle.
Fondations de logements découverts au Tell es-Sultan à Jéricho |
À l’âge du fer, au VIIIe siècle av.J.C, les
Assyriens envahirent la région. Ils furent
suivit par les
Néo-Babyloniens et Jéricho fut dépeuplée entre 586 et 538 av.J.C, la période de l’exil des Juifs à
Babylone. Puis ce fut le tour des
Perses Achéménides à prendre possession
de la région. Cyrus II le Grand (559-529),
refonda la ville à environ 1,5 km. au Sud-est de son site historique, au monticule de Tell es-Sultan et y
réinstalla les exilés Juifs après avoir conquis
Babylone en 539 av.J.C.
Jéricho fut l’un des centres administratifs de la province
Perses Achéménides de Yehoud Medinata
(ou Yahud Medin’ta ou Yahud Medinsa, “La province de Juda“), puis après leur chute, entre 336 et 323 av.J.C, elle fut
un domaine privé d’Alexandre le Grand, (336-323)
après sa conquête de la région.
Dans le milieu du IIe siècle av.J.C Jéricho tomba sous la dominance de l’Empire
Séleucide.
La cité fut l’endroit où Bacchides aurait construit un certain nombre de forts pour renforcer les défenses de la zone autour de
Jéricho. Bacchides (En
Grec : Βακχίδης) était un Général
Grec ami du Roi
Séleucide,
Démétrios I Sôter (162-150).
Il régnait dans "le pays au-delà de la rivière" (L’Euphrate).
Démétrios I lui aurait envoyé en
161 une grande armée afin de conquérir la Judée.
La ville fut ensuite gouvernée par les
Hasmonéens (ou Asmonéen ou Hasmoneans, en Hébreu :
חשמונאים, Hashmonaiym),
une dynastie qui fut au pouvoir de 140 à 37 av.J.C sur un État Juif autonome dans l’ancien territoire de
Juda. La dynastie
Hasmonéenne fut créé sous la direction
de Simon Maccabée (ou Macchabée ou Maccabaeus), deux décennies après
que son frère
Judas Maccabée ait
vaincu les Séleucides au cours de la révolte armée
Maccabéenne en 165, commencée en 167. Ce statut restera ainsi jusqu’à l’arrivé des Romains.
Les premiers développements importants de Jéricho semblent dater du règne du
Grand Prêtre et Ethnarque de
Judée,
Jean Hyrcan I (134-104) qui
entreprit la construction d’un long canal afin de détourner l’eau du Ouadi Qelt (ou Wadi al-Qult) vers la ville.
Il fit de la cité un domaine royal et construisit la première phase d’un palais d’hiver.
Jean
Hyrcan I était Roi et Grand Prêtre de
Juda (Judée) et Ethnarque de Juda. Il fut le fils et successeur du Grand Prêtre et Ethnarque
Simon Maccabée (142-135). Il dut d’abord reconnaître la souveraineté du Roi
Séleucide,
Antiochos VII
Évergète Sidêtês (138-129) puis, après 129, se révolta.
Plus tard, au cours de son règne,
Hérode le Grand (Tétrarque de
Judée 41-40, Roi de
Judée 40-37 et Roi d’Israël 37-4) y construisit trois palais indépendants sur le même site, qui finalement fonctionnèrent
comme un seul. Ils furent utilisés jusque vers la fin du IVe siècle ap.J.C par des descendants de
la famille Hasmonéenne.
L’un des forts, construit par Bacchides à l’entrée de Ouadi Qelt (ou Wadi al-Qult) fut
fortifié de nouveau par Hérode le Grand,
qui le nomma Cypros (ou Kypros) d’après le nom de sa mère.
Ce fut à Jéricho, comme le raconte l’historien Romain
Flavius Josèphe (ou Titus Flavius Josephus ou Josèphe ben Mattathias, 37-100),
qu’Aristobule III de Judée
(ou Aristobulus, né en 53, mort en 35 av.J.C, Grand Prêtre des Juifs, en 36/35 av.J.C) fut noyé sur l’ordre d’Hérode.
Il était le frère de Mariamne I, l’épouse
d’Hérode le Grand.
Sa mère
Alexandra
l’Hasmonéenne (63-28), par l’intercession de la Reine
d’Égypte
Cléopâtre VII Théa Philopator
(51-30 av.J.C) et du Romain Marc Antoine (83-30 av.J.C), avait contraint
Hérode le Grand à retirer Hérode Hananel de la fonction de Grand Prêtre et de nommer
Aristobule III à sa place.
Pour s’assurer contre le danger que pouvait représenter
Aristobule III,
Hérode mit en place un réseau d’espionnage contre
Aristobule III et sa mère. Cette surveillance fut si lourde que la mère et le fils cherchèrent à obtenir leur liberté en se
réfugiant près de Cléopâtre
VII. Leur plan fut déjoué et sa divulgation eut pour effet d’accroître les soupçons
d’Hérode contre eux.
Comme il n’osait pas recourir directement à la violence, il le fit noyer lors d’une baignade à Jéricho.
Vestiges du palais d’Hérode le Grand
Photo avant retouches :
wikipedia.org
|
En 33, Jéricho fut prise à
Hérode le Grand et transférée en cadeau par Marc Antoine, au contrôle de la Reine
Cléopâtre VII.
Après leur suicide conjoint en 30 av.J.C, Octave (Futur Empereur Auguste, 27 av.J.C-14 ap.J.C) prit le contrôle de l’Empire
Romain et accorda de nouveau à Hérode
un pouvoir absolu sur Jéricho. Ce dernier reprit les travaux d’embellissement de la cité et supervisa la construction
d’un hippodrome, d’un théâtre pour divertir ses invités et de nouveaux aqueducs pour irriguer la zone où se trouvait son palais
d’hiver (Construit sur le site d’al-Tulul Alaiq).
La ville, depuis la construction de ses palais, fonctionnait non seulement comme un centre
agricole et comme un carrefour de routes commerciales, mais aussi comme un refuge d’hiver de l’aristocratie de
Jérusalem.
La Bible affirme que Jésus Christ traversa Jéricho où il guérit deux aveugles et convertit un percepteur local nommé Zachée
(Matthieu 20). Hérode fut succédé en
Judée par son fils,
Hérode Archélaos
(Ethnarque de
Judée et de Samarie et de
l’Édom (ou Idumée), 4 av.J.C-6 ap.J.C.) qui construisit un
village voisin de Jéricho, dont le nom Archélaïs fut issus du sien, pour loger les travailleurs de sa
plantation de dattiers.
Au premier siècle Jéricho fut décrite par
Strabon (Géographe
Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C).
Les tombes rupestres du cimetière de l’époque
d’Hérode et des
Hasmonéens dans la partie la plus basse de la
falaise entre Nuseib al-Aweishireh et Jebel Quruntul à Jéricho furent utilisés entre 100 av.J.C et 68 ap.J.C.
Après la chute de Jérusalem face aux armées de
l’Empereur Romain Vespasien (69-79) dans la grande révolte de la
Judée de 70 ap.J.C, Jéricho déclina
rapidement, et vers 100 ap.J.C, elle ne fut plus qu’une petite ville de garnison Romaine. Un fort fut construit en 130
et joua un rôle en 133 dans la répression de la révolte de Shimon Bar-Kokheba (ou bar Kokhba ou bar Kochba ou Bar-Kokhva, en
Hébreu :
בר כוכבא),
après la décision de l’Empereur Hadrien (117-138) de faire de
Jérusalem une colonie
Romaine et de faire construire un temple dédié à Jupiter sur l’emplacement du temple de
Jérusalem (détruit en 70 par Titus).
Jéricho est cité par un Chrétien pèlerin en 333. Peu de temps après l’agglomération de la ville fut abandonnée.
Elle fut reconstruite, à environs 1,5 km. à l’époque Byzantine et le Christianisme s’y implanta. Un certain nombre de
monastères et d’églises furent construits, y compris St George de Koziba en 340 et une église en forme de dôme dédiée
à Saint Elisée (ou Saint Eliseus). Au moins deux synagogues furent également construites au VIe siècle.
Les monastères furent abandonnés après l’invasion Perse de 614.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
Edward Bacon :
– The great archaeologists, Bobbs-Merrill, Indianapolis, 1976.
John R.Bartlett :
– Jericho, Lutterworth Press, Surrey, Guildford, 1982.
Hendrik J.Bruins et Johannes Van Der Plicht :
– Tell es-Sultan (Jericho): Radiocarbon results of short-lived cereal and multiyear charcoal samples
from the end of the Middle Bronze Age, pp : 213–220, Radiocarbon 37, 1995.
Israel Finkelstein et Neil Asher Silberman :
– Keine posaunen vor Jericho. Die archäologische wahrheit über die Bibel, Beck, München, 2006.
David Noel Freedman, Allen C.Myers et Astrid Biles Beck :
– Eerdmans dictionary of the Bible, W.B. Eerdmans, Grand Rapids, 2000.
John Garstang :
– The story of Jericho, Hodder & Stoughton, Janvier 1940.
Charles Gates :
– Ancient cities : The archaeology of urban life in the Ancient near east and Egypt, Greece and Rome,
Routledge, London, New York, 2003.
Dirk Husemann :
– Tell Brak – Die älteste stadt der welt, pp : 74, Bild der Wissenschaft, Heft 10, Deutsche Verlags-Anstalt, Stuttgart, 2012.
Kathleen Mary Kenyon :
– Digging up Jericho, the results of the Jericho excavations, 1952-1956, Ernest Benn, Londres, 1957 –
Praeger, New York, 1957.
– Excavations at Jericho. Bd. 3. The architecture and stratigraphy of the Tell, British School of Archaeology in
Jerusalem, London, 1981.
– Excavations at Jericho. Bd. 5. The pottery phases of the tell and other finds, British School of Archaeology in
Jerusalem, London, 1983.
Nicolò Marchetti et Lorenzo Nigro :
– Scavi a Gerico, 1997 : Relazione preliminare sulla prima campagna di scavi e
prospezioni archeologiche a Tell es-Sultan, Palestina, Università di Roma “La Sapienza”, Rome, 1998.
Mordecai Schreiber :
– The shengold Jewish encyclopedia, Shengold Books, Rockville, 1998.
Ernst Sellin et Carl Watzinger :
– Jericho, J.C. Hinrichs, Leipzig, 1913.
Louis Speleers :
– Jéricho, musées royaux d’art et d’histoire, v. 6, Brussels, 1934.
Hamdān Tāhā et Ali H Qleibo :
– Jericho : A living history : Ten thousand years of civilization,
Palestinian Ministry of Tourism and Antiquities, Ramallah, 2012.
Bryant G.Wood :
– Did the Israelites conquer Jericho ?, pp : 44–59, Biblical Archaeology Review 16 (2), 1990.
|