L’Arménie
La  dynastie  Arsacide
De  54  à  428
 

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Pour plus de détails voir aussi :   L’histoire de l’Arménie de Haik aux Orontides

                             Les capitales Arméniennes

 


 

Saint-Grégoire I l’Illuminateur
– Icône Byzantine – XIV siècle

   La dynastie Arsacide (ou Arshakuni) dirigea le Royaume d’Arménie de 54 à 428. Elle fut issue d’une branche des Parthes Arsacides. Les Rois Arsacides régnèrent par intermittence tout au long des chaotiques années qui suivirent la chute de la dynastie Artaxiade jusqu’en 62 ap.J.C, lorsque Tiridate I d’Arménie débuta son deuxième règne en Arménie. Un royaume complètement indépendant fut créé plus tard par Vologèse II (ou Valarsaces ou Valarses ou Vagharshak, 180-191) en 180. Deux des plus importants événements de la dynastie Arsacide dans l’histoire Arménienne furent la conversion de l’Arménie au Christianisme par Saint Grégoire l’Illuminateur, en 301, et la création de l’alphabet Arménien par Mesrop Mashtots, en 405.
 

L’histoire…..

 
   La première apparition d’un Arsacide sur le trône Arménien se situa en 12 ap.J.C, lorsque le Roi Parthe, Vononès I (12-15/16) fut exilé de Parthie en raison de sa politique proromaine et de ses manières Occidental. Vononès I monta sur le trône Arménien avec le consentement des Romains, mais en 15/16 le nouveau Roi Parthe Artaban III (10-38 ou 12-38/40) exigea sa déposition. Comme l’Empereur Auguste (27 av.J.C-14 ap.J.C) ne souhaitait pas commencer une guerre avec les Parthes, il retira Vononès I qu’il envoya en Syrie. Après la mort du Roi suivant Artaxias III, vassal des Romains, le Roi des Parthes, Artaban III imposa aux Arméniens comme souverain son fils aîné, Arsace I (34/35).
 
   L’Empereur Romain Tibère (14-37) refusa toutefois d’accepter cette remise en cause du protectorat Romain sur le pays et présenta un autre candidat au trône, issu de la dynastie Artaxiade d’Ibérie, au nom de Mithridate d’Arménie (35-37 et 42-51). À la cour d’Arménie, en 35, le parti proromain fit empoisonner Arsace I après moins d’un an de règne et proclama Mithridate Roi. Le pays tout entier devint alors une zone tampon où Romains et Parthes s’affrontent. En 35, Mithridate d’Arménie fut détrôné par un Roi Arsacide, Orodès I (35 et 37-42), un autre fils du Roi des Parthes Artaban III. L’Empereur Romain Tibère n’avait pas l’intention de renoncer à l’États tampon que formait l’Arménie à sa frontière orientale et il envoya son neveu et héritier Germanicus à l’Est, qui conclut un traité avec Artaban III, dans laquelle il reconnut Orodès I comme Roi et ami des Romains. Dans le même temps Mithridate d’Arménie appela à l’aide son frère, le Roi d’Ibérie Aderk (ou Pharasman I ou Pharzman ou Farasmanes, 1-58) qui lui envoya une grande armée de mercenaires Sarmates.


 

Rhadamiste tuant Zénobie –
Luigi Sabatelli – 1803

 
   Comme nous le précise Tacite (historien et philosophe Romain, 56/57-v.120), la même année Orodès I et les Parthes furent mis en fuite, vaincu dans une bataille rangée (Annales VI 32-35). Mithridate resta maître du royaume, jusqu’en 37 où l’Empereur Romain Caligula (37-41), sans raison, le déclara déchu et l’emprisonna. Le Parthes, Artaban III ne manqua pas de profiter de cette erreur Romaine pour réoccuper l’Arménie. Orodès I reprit alors le pouvoir jusqu’en 42, date où le nouvel Empereur Romain Claude (41-54) renvoya Mithridate en Arménie. Ce dernier, fort de la protection Romaine et des contingents de son frère Aderk (ou Pharasman I), reconquit le pays. Pour assurer le protectorat, une garnison Romaine s’installa à Gorneae (ou Gornae, probablement Garni, près d’Erevan). Orodès I s’enfuit alors définitivement auprès de son frère Vardanès I (40-47), le nouveau Roi des Parthes. Par la suite, les relations entre Mithridate et Aderk (ou Pharasman I) se détériorèrent et le Roi Ibérique incita son fils, Rhadamiste, à envahir l’Arménie et à renverser Mithridate.
 
   En 51, Rhadamiste (ou Rhadameste ou Radamisto ou Rhadamistus ou Rhadamistos ou Ghadam, 51 à 53 et 54), qui était l’époux de Zénobie, la fille de Mithridate d’Arménie (Donc sa cousine), détrôna son beau-père et le fit assassiner pour trahison et s’empara du pouvoir. La même année, le Procurateur Romain de Cappadoce, Julius Paelignus, envahit l’Arménie et ravagea le pays. Paelignus reconnut toutefois Rhadamiste en tant que nouveau Roi d’Arménie. Ce dernier ne régna pas longtemps, il fut attaqué à son tour par le Roi Parthe, Vologèse I (51-77/78) qui envahit à son tour l’Arménie. Il prit Artaxata, en 53 et il fit proclamer Roi son frère, Tiridate I. Cette action viola une nouvelle fois le traité conclut entre l’Empereur Romain Auguste (27 av.J.C-14 ap.J.C) et le Roi Parthe, Phraatès IV (38-2 av.J.C), qui attribuait aux Romains le droit de désigner et de couronner les Rois d’Arménie. Vologèse I considérait pour sa part que le trône d’Arménie était jadis la propriété de ses ancêtres et qu’il était maintenant occupé par un usurpateur à la suite d’un crime. Mais une épidémie hivernale et une insurrection menée par son fils Vardanès II (55-58) l’obligèrent à retirer ses troupes d’Arménie, permettant à Rhadamiste de revenir et de punir les nobles locaux, proparthe, en tant que traîtres. Ces derniers se révoltèrent et le remplacent par Tiridate I au début de l’année 54. Rhadamiste fuit alors l’Arménie et se réfugia dans les États de son père.
   


 

Statue de Tiridate I dans les
jardins du Château de
Versailles, par André (1687)

   Tiridate I (ou Trdat, en Latin : Tiridates, en Arménien : Տրդատ Ա, 53 et 54-58 et 62-73) est considéré comme le véritable fondateur de la dynastie. Dans un accord pour résoudre le conflit Romano-parthe pour la main mise sur l’Arménie, Tiridate I fut confirmé Roi d’Arménie par l’Empereur Romain Néron (54-68), moins la Sophène qu’il donna au Roi d’Émèse, Sohaemus I Caius Julius (ou Sohaimos, 54 à 73). Il fut un des cinq fils du Roi Parthe, Vononès II (50-51). Insatisfait de l’influence Parthe de plus en plus près de son Empire, Néron envoya le Général Gnaeus Domitius Corbulo (7-67) à l’Est afin de rétablir la domination Romaine. Au printemps 58, Corbulo entra en grande Arménie et avança vers Artaxata. Soutenu par son frère Vologèse I, Tiridate I envoya des escadrilles attaquer les Romains, mais Corbulo riposta. L’Arménien en difficulté, fuit la capitale et Corbulo brûla Artaxata. En été, il recommença à progresser dans la direction de Tigranocerta  qui ouvrit ses portes, à l’exception de l’une des citadelles, qui fut détruite au cours de l’attaque. À ce moment-là, en fin 58, début 59, Tiridate I fut détrôné et l’Empereur Néron donna la couronne au dernier descendant royal des Rois de Cappadoce, le petit-fils de Glaphyra, fille d’Archélaos de Cappadoce et Alexandre de Judée (Le fils d’Hérode le Grand, 41-4 av.J.C), qui prit le nom de Tigrane VI de Cappadoce (59-62).
 
   Une petite armée fut attribuée à Tigrane VI afin de défendre le pays. Le Roi Parthe, Vologèse I fut furieux de voir désormais un étranger assis sur le trône Arménien, mais il hésita à rétablir son frère et s’engager dans un conflit. En 61, Tigrane VI envahit le Royaume d’Adiabène (Royaume en Assyrie avec pour capitale à Arbela, Arbil aujourd’hui en Irak) et renversa son Roi, Monobazès II (ou Monobaze ou Monobaces, v.55-v.68), qui était un vassal des Parthes. Vologèse I prit cet acte pour une agression de la part de Rome et commença une campagne dans le but de rétablir Tiridate I sur le trône Arménien et d’expulser Tigrane VI du pays. Il plaça sous le commandement du Spahbod (ou Spahbed, ou Spāhbed, Commandant des cavaliers), Monesès, une armée.

 
   Le Romain fut informé de l’attaque imminente et envoya deux légions à l’aide de Tigrane VI, sous le commandement de Verulanus Sévère et Vettius Bolanus. Monesès marcha vers Tigranocerta, mais il savait qu’il ne parviendrait pas à démanteler la défense de la ville. Corbulo, de son côté, jugea prudent de ne pas attaquer directement le Parthe. Il envoya un centurion Romain du nom de Casperius au camp de Vologèse I à Nisibe (ou Nisibis ou Nusaybin ou Nisibia ou Nisibin, ville dans la province de Mardin, au Sud-est de la Turquie), située à environ 40 km de Tigranocerta avec la demande de lever le siège de la ville. En raison d’une épidémie et de la pénurie de fourrage pour ses chevaux Vologèse I accepta de relever le siège de Tigranocerta et demanda à ce que l’Arménie lui soit rattachée afin de parvenir à une paix ferme.
 
  Le Parthe exigea aussi que les troupes, aussi bien Romaines que Parthes, évacuent l’Arménie, que Tigrane VI soit détrôné et que Tiridate I soit reconnu. Le gouvernement Romain refusa d’adhérer et envoya Lucius Caesennius Paetus, Gouverneur de Cappadoce, régler la question en mettant l’Arménie sous l’administration directe des Romains. Cependant Paetus subit une humiliante défaite à la bataille de Rhandeia (ou Randeya) en 62. Le commandement des troupes fut remis alors à Corbulo, qui l’année suivante entra en Arménie et pratiqua l’élimination de tous les Gouverneurs régionaux qu’il soupçonnait être proparthe. À l’emplacement de la bataille de Rhandeia (ou Randeya) , où il battit les Romains, Tiridate I lança un appel à Corbulo en vu d’un accord de paix. Lorsque Tiridate I arriva au camp Romain, il retira son diadème royal et le plaça sur le sol près d’une statue de Néron. Corbulo accepta en retour de le recevoir à Rome. Tiridate I fut reconnu comme le Roi d’Arménie, vassal des Romains.
 
   Avec la paix les villes furent reconstruites et le commerce entre les deux continents fut également augmenté, ce qui permit à l’Arménie de garantir son indépendance de Rome. Rome pouvait maintenant compter sur l’Arménie comme un allié loyal. La paix fut une victoire considérable pour la politique de Néron. En 72, des guerriers nomades d’une tribu Sarmate, les Alains, firent une incursion en Médie Atropatène, ainsi que dans divers districts du Nord de l’Arménie. Tiridate I et son frère Pacorus II (ou Pakoros ou Pacoros ou Arsace XXIV), le Roi des Mèdes Atropatènes (Roi des Parthes, 78-105), leur firent face et livrèrent un certain nombre de batailles., leur firent face et livrèrent un certain nombre de batailles. Une inscription Araméenne retrouvée près de Tbilissi indique que Tiridate I au cours de ses dernières années de son règne aurait été en conflit avec le royaume d’Ibérie. On ne connaît pas la date exacte de sa mort, ainsi que les circonstances de sa succession. On sait par diverses sources qu’un nommé Sanadroug I lui aurait succédé.
  

Pour plus de détails sur le souverain voir : La vie de Tiridate I

 

Buste de l’Empereur Trajan –
Glyptothèque de Munich

 

   Sanadroug I (ou Sanatruk ou Sanatrukes, en Arménien : Սանատրուկ Ա, en Latin : Sanatruces ou Sanatrocès, 75 à 110 ? ou 72 à 105) est un Roi (S’il a régné) qui est très mal, voire inconnu. Pour certains spécialistes, comme Cyrille Toumanoff, il aurait également été Roi d’Osroène (91-109) et il aurait contrôlé l’Arménie méridionale vers 114/117 ?. Christian Settipani dit qu’il fut le fils de Mithridatès (Qu’il donne comme un éphémère Roi d’Arménie 72-76) et d’Awde, sœur du Roi Abgar VI bar Ma’Nu (71-91) d’Osroène ?. Il est attesté uniquement par la littérature de l’époque, ou par la numismatie qui le donne comme successeur de Tiridate I. Toutefois, par le biais de la collecte de diverses sources classiques Arméniennes, la majorité des spécialistes pensent que Sanadroug I est censé avoir régné. Certains proposent des dates entre 75 et 110, mais cette hypothèse pour laquelle il n’existe aucun élément de preuve est rejetée par d’autres. Arrien (ou Flavius Arrianus Xénophon, écrivain Grec, v.85-v.146), dans Parthica, vante les mérites du souverain et en fait un personnage au même niveau que les Grecs et les Romains les plus illustres. La tradition hagiographique (L’écriture de la vie et/ou de l’œuvre des saints) lui reproche le martyre de l’apôtre Saint Thaddée en Arménie. Toutefois, il pourrait y avoir confusion avec un disciple de Thaddée, appelé Addée par Moïse de Khorène (ou Movsès Khorenatsi ou Movsēs Xorenac‘i, historien Arménien, 410-v.490).
 
   En 110, on sait que le Roi Parthe, Khosrô I (ou Chosroès ou Osroes, 109-129) envahit l’Arménie et qu’il plaça sur le trône Axidarès (ou Axidares ou Ashkhadar ou Exedares ou Exedates, 73 à 113 ou 110 à ? ou 110 à 112 ou 110 à 113), neveu de Tiridate I et un des trois fils du Roi Parthe, Pacorus II (78-105), sans le consentement Romain. Peut-être en 113, le Parthe afin d’éviter une guerre avec l’Empereur Romain Trajan (98-117) décida de le remplacer par un autre fils de Pacorus II, Parthamasieris (ou Parthamasiris ou Partamasir ou Parthomasiris, ? à 114 ou 112 à 114 ou 113 à 114). Toutefois, cette initiative fut encore une fois faite sans consultation des Romains, ce qui vint violer le traité de Rhandeia (ou Randeya) conclu entre l’Empereur Néron et les Parthes. Cet acte fut à l’origine d’une nouvelle campagne militaire des Romains menée par Trajan. Un certain nombre de sources ont nommé Sanadroug I comme un des leaders de la révolte contre l’occupation de Trajan, il aurait donc peut-être été encore au pouvoir à cette époque. En 114, malgré les offres de paix du Roi Parthe, Khosrô I, Trajan envahit l’Arménie. La même année, à Élégia, près d’Erzurum, l’Empereur Romain reçut la visite de Parthamasieris qui vint solliciter de lui sa confirmation sur le trône d’Arménie. Trajan refusa de le reconnaître comme Roi et le fit mettre à mort par son escorte lorsqu’il rentrait à Artaxata. Le pays, à cette date devint province Romaine avec comme Gouverneur Lucius Catilius Severus (ou Iulianus Claudius Reginus). Cette situation dura jusqu’en 118 (ou 117 ou 116 en fonction des sources).
 


 

L’Empereur Adrien – Musée
archéologique de Venise

   À cette époque, un Prince Arsacide, Vologèse I (ou Vologases ou Valarsh ou Valagash ou Vagharsh ou Valarsaces ou Vologaeses, en Arménien : Վաղարշ Ա, 116 à 138 ou 117 à 136 ou 118 à ? ou 117/118 à 144), fils de Sanadroug (ou Sanatruk ou Sanatruces) avec l’appui des Parthes, prit la tête de la révolte des Arméniens contre Rome. Son père Sanadroug fut peut être le même que le Sanadroug I Roi (Voir ci-dessus). Vers 130, l’Empereur Hadrien (117-138), qui succéda à Trajan, signa un accord de paix avec les Parthes. Celui-ci fixa les frontières des deux Empires à l’Euphrate et impliqua l’abandon par les Romains des trois provinces créées par Trajan, l’Arménie, l’Assyrie et la Mésopotamie. De plus, Hadrien rétablit l’autonomie de l’Arménie et Vologèse I fut reconnu comme Roi d’Arménie et de Sophène par les Romains, mais restait leur vassal.
 
   On ignore les rapports qui existaient alors entre les Arsacides d’Arménie et ceux de Parthie et vers qui Vologèse I aurait pu donner son soutien entre les deux compétiteurs pour le trône Parthe, Khosrô I(ou Chosroês, 109-129) ou Vologèse III (105-147). Vers 136, Vologèse I envoya un Ambassadeur à Rome pour se plaindre de la complicité du Roi d’Ibérie Pharasman III (ou Pharzman, 135-185) avec les Alains qui multipliaient leurs incursions et dévastaient le Sud du Caucase en Arménie et en Médie. Les Romains restants sourds à sa demande, Vologèse I dut accepter de payer un tribut pour obtenir l’arrêt des raids.
 
   Au fil du temps, les historiens Arméniens on donné à Vologèse I la réputation d’avoir été un grand bâtisseur. Il serait le fondateur, près d’Artaxata d’une nouvelle capitale, Valarshapat-Kainepolis (ou Vagharchapat, en Arménien : Վաղարշապատ “Fondée par Valarsh”, en Russe : Эчмиадзин, située à une vingtaine de kilomètres d’Erevan, aujourd’hui Ejmiatsin ou Etchmiadzine). Il serait également le créateur des villes de : Valarshavan en Basean et Valarshakert (ou Vologesocerta) en Bagrévand (en Turquie occidentale). On ne connaît pas la date exacte de la fin de son règne, quelques sources indiquent qu’il prit fin un peu après l’avènement de l’Empereur Romain Antonin le Pieux (138-161).

Moïse de Khorène

 
   La succession de Vologèse I est très incertaine et, en fonction des sources, présente des chronologies différentes pour les deux Rois suivants qui ont régné à plusieurs reprises. La chronologie des souverains d’Arménie à cette époque est basée sur les sources Gréco-romaines qui restent très lacunaires et le texte de Moïse de Khorène (ou Movsès Khorenatsi ou Movsēs Xorenac‘i, historien Arménien, 410-v.490) qui présente, pour cette période, de graves confusions chronologiques.
 
   La grande majorité des sources donne un certain, Sohaemus (ou Caius [ou Gaius] Julius Sohaemus ou Sohemo ou Sohaimos ou Sohaemo, en Arménien : Սոհեմոս, en Grec : Γάϊος ούλιος Σόαιμος, 136 à 160 ou 140/144-161 et 163 ou 164 ou 165 à 180 ou 186) qui arriva au pouvoir, placé par les Romains. Il fut Prince d’Émèse et descendant des Achéménides et des Arsacides. Jamblique (ou Iamblichus ou Iamblicos, v.242-325, philosophe néo-platonicien de Rome) le décrit comme un régnant en tant que "successeur de ses ancêtres". Cette déclaration peut se référer à ses anciens ancêtres d’Émèse qui vécurent au Ier siècle ?. Sohaemus fut une personne importante de la Syrie Romaine d’Émèse, client de l’Empire Romain.
 
   On ne sait pratiquement rien sur sa famille et sa vie avant qu’il ne devienne Roi d’Arménie. On sait par un résumé de Photios (ou Photius ou Saint Photios, Catholicos de Constantinople, 810-893), qu’avant ce “poste” il fut un Sénateur Romain et servit comme Consul à Rome (Mais on ignore encore les dates précises de ces fonctions). En 140/144, il prit la succession de Vologèse I sur le trône d’Arménie. Les circonstances qui menèrent à sa nomination sont inconnues. Il fut un contemporain du règne des Empereurs Romains : Antonin le Pieux (138-161), Marc Aurèle (161-180), Lucius Verus (161-169) et Commode (177-192). On ne sait rien de la première partie de son règne, de 140/144 jusqu’à 161.  À cette date, le Roi des Parthes, Vologèse IV (147-191), dépêcha des troupes, menées par le Spahbod (ou Spahbed, ou Spāhbed, Commandant des cavaliers), Osroès, pour s’emparer de l’Arménie et éradiquer les légions Romaines stationnées dans le pays sous le commandement du Légat Caius Severianus (ou Gaius Severianus). Ce fut le début de la guerre Romano-parthique de 161-166. Après que l’Arménie fut envahit par les Parthes, Sohaemus s’enfuit en exil, peut-être à Rome.
 
   Il fut remplacé sur le trône d’Arménie par, Orelios Pacorus (ou Aurelios Pocoros ou Orelios Pakoros, 160 à 163 ou 161 à 163 ou 161 à 164 ou 161 à 165), dont on ne sait rien si ce n’est qu’il fut vassal des Parthes. Ce dernier, semble t-il, arriva à prendre le contrôle du pays après que le Roi Vologèse IV ait infligé, à Elégia (Dans la région d’Erzurum), une cuisante défaite aux troupes Romaines qui étaient venues défendre le protectorat Romain sur l’Arménie. Puis, en 163 (ou 164 ou 165), les Romains lancèrent une contre-offensive menée par le Général et Sénateur Marcus Statius Priscus (ou Marcus Statius Licinius Priscus Italicus, 132-162). Dans cette guerre, la ville de Séleucie du Tigre fut détruite et le palais de la capitale Parthe, Ctésiphon fut brûlé par un autre Général et Sénateur Romain, Avidius Cassius (ou Caius Avidius Cassus, v.130-175).
 


 

L’Empereur Marc Aurèle
– British Museum

    Les légions Romaines prirent aussi la Médie. Vologèse IV fut contraint de faire la paix avec l’Empereur Marc Aurèle. Il dut céder l’Ouest de la Mésopotamie aux Romains et Sohaemus fut remis sur le trône Arménien. Bien que lié par ses origines à la dynastie Arsacide, il fut totalement acquis aux Romains. La cérémonie pour ce deuxième couronnement eut lieu ou à Antioche, ou à Ephèse. Les dates exactes de ce second règne sont inconnues, pour certains spécialistes peut-être jusqu’en 186 ?. Son règne ne fut pas très paisible, il connut beaucoup de rébellions. Il ne put se maintenir au pouvoir que grâce à l’aide du Gouverneur Romain de Cappadoce, Publius Martius Verus. Par exemple, un homme appelé Tiridate agita le trouble en Arménie après avoir assassiné le Roi d’Osroène et jeté son épée au visage de Verus.
 
   L’intervention de ce dernier en Arménie est située par les historiens à différentes dates, 163, 168, 172 etc… À cette occasion, Martius Verus affermit le rôle de la nouvelle capitale Valarshapat-Kainepolis (ou Vagharchapat, aujourd’hui Ejmiatsin ou Etchmiadzine). Les rébellions matées les Romains laisseront une garnison dans la ville pour maintenir le calme et le pouvoir de Sohaemus. Il a été suggéré par quelques historiens, comme Anne Elisabeth Redgate, que le temple Garni (Près d’Erevan), ait pu abriter le tombeau de Sohaemus, idée basée sur la date de la reconstruction du temple, probablement en 175 ?. Selon Anthony Richard Birley, le Prince d’Émèse, Julius Alexander fut le fils de Sohaemus. Certains historiens avancent qu’un Roi Arsacide d’Arménie, Sanadroug II (ou Sanatruk ou Sanatrukes ou Sanatruces ou Sanatrocès, en Arménien : Սանատրուկ Բ,) aurait régné de 185 à 197 (ou de 178 à 216, les dates sont incertaines), sous suzeraineté Romaine. Il aurait succédé à Sohaemus ?. D’autres, comme Cyrille Toumanoff, ne le retiennent pas dans la liste des Rois d’Arménie.
 
   Le conflit entre Marc-Aurèle et le dirigeant Parthe va reprendre. Arrive alors au pouvoir sur le trône d’Arménie, Vologèse II (ou Vologases ou Valarsh ou Valagash ou Vagharsh ou Valarsaces ou Vologaeses, en Arménien : Վաղարշ Բ, 180 à 191 ou 186 à 198, puis Roi des Parthes sous le nom de Vologèse V), imposé par son père le Roi Parthe, Vologèse IV (147-191), qui va aussi remporter la succession de la maison Arsacide sur le trône de Parthie sous le nom de Vologèse V (191-207/8). En 186, il va imposer à son tour sur le trône de Karthlie/Ibérie, son fils Rev I le Juste (ou Rev, 189-216), qui fut vaincu et tué lors d’une révolte du peuple, né de son épouse la sœur du Roi Amazap II (185-189) d’Ibérie, Cyrille Toumanoff la donne comme la fille de Pharasman III (135-185).


 

Représentation de Khosrô I

 
   En 191, après la mort de son père, Vologèse II devint donc Roi des Parthes, il céda alors l’Arménie à l’un de ses fils, Khosrô I le Grand (ou Khosrov ou Chosroês ou Chosroes, en Arménien : Խոսրով Ա, 191 à 216/217 ou 190 à 214/16 ou 198 à 217) qui devint de fait son vassal. En Parthie Vologèse II (V) réprima une tentative d’usurpation du trône de la part d’Osroès II qui s’était proclamé Roi en Médie en 190. Il dut ensuite faire face, en 195, à l’attaque de l’Empereur Romain Septime Sévère (193-211) qui lui reprocha d’avoir soutenu son compétiteur, Pescennius Niger, lors de son accession au trône. L’Empereur Romain avança en Mésopotamie en 195 et occupa Nisibe (ou Nisibis ou Nusaybin). Vologèse II (V) repoussa son Général Lucius Verus, mais Septime Sévère fit le siège de la capitale Parthe, Ctésiphon, qu’il prit et pilla en 199, capturant des Parthes pour les vendre comme esclaves. Comme nous le précise, Rouben Paul Adalian, Khosrô I craignant pour son royaume envoya des cadeaux et des otages à Septime Sévère. Il fut considéré comme un monarque client de Rome et se retrouva sous la protection de Septime Sévère et son successeur Caracalla (198-217). Vologèse II (V) réussit à s’enfuir et tenta, en vain, de conquérir la forteresse arabe d’Hatra (ou Atra ou al-ar الحضر “l’agglomération”, dans la région d’Al-Jazirah). Dans les sources Arméniennes, Khosrô I est souvent confondu avec son célèbre petit-fils Khosrô II. On sait peu de chose sur sa vie avant qu’il ne devienne Roi d’Arménie. Les auteurs classiques le présentent comme un monarque neutre envers Rome.
 
   En 202, les Parthes rétablirent la paix avec Rome, qui conserva la Mésopotamie occidentale, mais laissa l’Arménie sous leur domination. Chez ces derniers, suite à de graves problèmes de succession entre les deux fils de Vologèse II (V) : Vologèse VI (207/8-218 ou 228) et Artaban V (216-224) une guerre civile éclata. Selon Richard G.Hovannisian, en Arménie, entre 214 et 216, sans que l’on en connaisse la raison, Khosrô I et sa famille furent retenus en détention par les Romains ce qui provoqua un soulèvement majeur dans le pays contre Rome. En 215, l’Empereur Caracalla avec son armée envahit l’Arménie pour mettre fin à l’insurrection. En 216/217, lorsque Khosrô I mourut, son fils Tiridate II se vu accorder la couronne Arménienne par l’Empereur Caracalla.
 
   Tiridate II d’Arménie (ou Trdat, en Latin : Tiridates, en Arménien : Տրդատ Բ, 217 à 252) succéda donc à son père, selon certains spécialistes le 8 Avril 217. L’Empereur Romain suivant, Macrin (217-218), accepta de libérer la mère de Tiridate II détenue en captivité par les Romains depuis onze mois. Selon Mark Chahin, en partie en raison de son long règne, Tiridate II devint l’un des monarques les plus puissants et les plus influents de la dynastie Arsacides. Sous son règne, vers 224 selon certaines sources, la région tomba sous la domination d’Ardachêr I (ou Ardeshir Babigan ou Artaxerxès I, 226-241), le fondateur de la dynastie Perse Sassanidede, la nouvelle puissance montante, qui mit fin à la dynastie Arsacide des Parthes. En 226-228, Ardachêr I, après l’annexion de la Parthie, voulut étendre son Empire et entreprit la conquête de l’Arménie. En deux ans de conflit, les armées Romaines, Scythes et Kouchanes furent expulsées.
 
   Tiridate II mit en place une résistance opiniâtre contre le Perse, et fut défait mais après pas moins de dix ans de lutte. L’Arménie ne fut toutefois pas soumise et après douze années de combats, Ardachêr I se retira et son armée quitta le pays. Cette résistance dans ce conflit avec les Sassanides souligne la force de l’Arménie à l’époque de Tiridate II. Selon la tradition Arménienne et les anciens historiens, Tiridate II fut tué en 252 par Anak (ou Anak Pahlavi), un seigneur Parthe de la Maison de Suren (ou Surena ou Suren-Pahlaw), l’une des sept branches de la dynastie Arsacide dirigeante de la Bactrianene. Ardachêr I avait incité Anak à assassiner Tiridate II en lui promettant qu’il lui donnerait son propre domaine comme récompense.
  


 

Monnaie de Châhpûhr I

   Après l’assassinat, les enfants de ce dernier, Khosrô II d’Arménie et Tiridate III d’Arménie, se réfugièrent auprès des Romains. Les Perses de Châhpûhr I (ou Shapur, 241-272) occupèrent le pays et le Roi installa sur le trône d’Arménie Artavazde VI (ou V ou Hormizd-Ardaschir, 252 à 270 ou 252 à 271 ou 252 à 287). Les Romains vinrent en aide aux Arméniens occupés, mais l’Empereur Valérien (253-260) fut capturé, en 260 à Edesse, par Châhpûhr I qui le mit à mort. La période qui suivit est très confuse et les sources se contredisent sur la chronologie et le nom des Rois. En général on admet qu’à la mort de Tiridate II, Artavazde VI lui succéda comme vassal des Perses Sassanides. Cyrille Toumanoff identifie ce Roi Artavazde avec le personnage de l’inscription, connue des historiens occidentaux sous le nom de "Res gestae divi Saporis", que le Roi Châhpûhr I nomme : "Immédiatement après notre fille la Reine des Reines Adour-Anâhîd, notre fils Hormizd-Ardaschir, grand Roi d’Arménie". Il s’agirait dans ce cas du fils aîné et Prince héritier de Châhpûhr I, le futur Roi Hormizd I (ou Ormizd ou Ormuz, 272-273) à qui l’Arménie aurait été donnée en apanage.
 

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Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur cette période de l’Arménie voir les ouvrages de :    
Krikor Jacob Basmadjian :
Chronologie de l’histoire de l’Arménie, p : 291, Revue de l’Orient Chrétien, Bureaux des œuvres d’Orient, Tome IX (XIX), Paris, 1914.
Paul Bedoukian :
Coinage of the Armenia kingdoms of Sophene and Commagene, Los Angeles : Armenian Numismatic Society, 1985.
Anthony Richard Birley :
Septimius Severus : The African emperor, Eyre and Spottiswoode, London, 1971 – Batsford, London, 1988 – Routledge, London, New York, Janvier 1999.
Mark Aurel : Kaiser und Philosoph, Beck, München, 1977 – Routledge, London, 2002.
Mark Chahin :
The kingdom of Armenia, Dorset Press, New York, 1991 – Routlege, 2001.
René Grousset : :
Histoire de l’Arménie des origines à 1071, Payot, Paris, 1947, 1973, 1984, 1995 et 2008.
Richard G.Hovannisian :
The Armenian people from ancient to modern times, vol. 1, The dynastic periods : From antiquity to the fourteenth century , St. Martin’s Press, New York, Janvier 1997.
Mihran Kurdoghlian :
History of Armenia, vol. III, Council of National Education Publishing, Athènes, 1996.
Theodor Mommsen, WWilliam Purdie Dickson et Francis John Haverfield :
The provinces of the Roman Empire : From Caesar to Domitian, University of Chicago Press, Chicago, 1968 – Gorgias Press LLC, 2004.
Stephen H.Rapp :
Studies in medieval Georgian historiography : Early texts and Eurasian contexts, Peeters Bvba, Louvain, 2003.
Anne Elisabeth Redgate : :
The Armenians, Malden, Blackwell Publishers, Oxford, 1999.
Christian Settipani :
Nos ancêtres de l’antiquité : Etudes des possibilités de liens généalogiques entre les familles de l’antiquité et celles du haut Moyen-Age européen, Editions Christian, Paris, 1991.
Cyrille Toumanoff : 
Manuel de généalogie et de chronologie pour le Caucase chrétien (Arménie, Géorgie, Albanie), 1976.
Les dynasties de la Caucasie chrétienne de l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle : Tables généalogiques et chronologiques, Rome, 1990.
 
Pour la bibliographie générale sur l’Arménie voir : Arménie – Bibliographie.

 

 
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