Bouto (ou Buto ou Butus ou Boutos ou Butosus en
Grec :
Βουτώ ou
Βοũτος, ou Djebout ou Per-Ouadjet au
Nouvel Empire en Égyptien :
pr WADy.t) est une ville du Delta du Nil, qui se situait dans le
6e nome de Basse-Égypte,
le nome "Du taureau montagnard"
(ou Taureau du désert – kA Dw), à environ
90 km à l’Est d’Alexandrie.
La ville se trouvait sur le bras de la Sebennytique du Nil,
près de son embouchure, sur la rive Sud du lac Boutic (ou Boutikē Limnē, en
Grec :
Βουτικñ λίμνη) près de l’endroit de la moderne ville de Kem Kasir
entre Desouk et Kafr el-Cheikh (Gouvernorat de Gharbîya).
Bouto est son nom hellénisé, Per-Ouadjet (ou Per-Ouadjyt) était son nom en Égyptien ancien.
La ville est identifiée pour la première fois à l’actuel site de Tell el-Farâ’ûn (ou Tell el-Farain
"La colline des Pharaons") par Sir
William Matthew Flinders Petrie en 1886. Bouto fut un site important de la Basse-Égypte dont elle devint la capitale à la
Période Pré-dynastique (v.3500-v.3150). À cette
époque la cité fut un des lieux saints les plus importants du Delta. Après cette période il est à noter que le site connaîtra
d’importants vides d’occupation, en particulier de l’Ancien
Empire (2647-2150) jusqu’à l’époque Saïte (À partir de 664),
comme en témoignent les fouilles.
Représentation de la Déesse Ouadjet |
Les plus anciens textes trouvés mentionnent l’existence
d’une ville qui était découpée en deux bourgs jumeaux : Pê et Dép qui se faisait face. Ils étaient séparées par un des bras
du Delta du Nil. Ces deux "villes jumelles" ou deux quartiers, étaient la demeure des Âmes de Pê,
qui avec les Âmes de Hiérakonpolis
(ou Nekhen) accompagnaient le Roi dans ses processions. Plus tard la double ville prit le nom Égyptien de Per-Ouadjet
(ou Ouadjyt), qui signifie "Le domaine d’
Ouadjet". La ville de Bouto, était symbolisée par la
couronne rouge et avait pour emblème l’abeille.
La Déesse Ouadjet fut la Déesse tutélaire
protectrice de la cité et de la Basse-Égypte.
Alors qu’au Sud (Haute-Égypte) la ville de
Hiérakonpolis (ou Nekhen) symbolisée par la
couronne blanche, est représentée par le roseau et protégée par la Déesse vautour
Nekhbet. Des preuves archéologiques montrent qu’au
début de l’ère dynastique, lorsque les deux Pays furent unifiés (Haute-Égypte et Basse-Égypte), les deux cultures se mêlèrent
et les Déesses Ouadjet et
Nekhbet furent regroupées en une seule entité connue
sous le nom des "Deux Maîtresses". Ces deux Déesses sont présentes dans la
titulature du Roi ou du Pharaon sous le
Nom de Nebty
("Les Deux Maîtresses").
Le sanctuaire principal de la cité dédié à la Déesse
Ouadjet est aujourd’hui complètement en ruine et ne
présente que quelques vestiges et statues. Son oracle était situé dans son temple qui était célèbre dans tout le pays. Un festival
annuel se tenait dans la ville pour célébrer la divinité.
Ouadjet était symbolisée sous la forme d’un cobra dressé que le souverain portait sur son front. Celui-ci
menaçait de souffler le feu sur ses ennemis. On la trouvait aussi sous la forme d’une femme portant la
couronne rouge de Basse-Égypte. De ce fait, ce cobra
femelle était vénéré comme Dame de Pê et de Dép et la Déesse présidait à la destinée de la royauté en tant que
protectrice de la couronne rouge. D’après les
Textes
des Pyramides, Bouto fut le cadre du combat légendaire entre les Dieux
Horus et
Seth.
La ville fut très souvent citée par les auteurs anciens. Selon
Hérodote (Historien
Grec, v.484-v.425), ce fut durant
l’Égypte Ptolémaïque (305-30) que la ville fut appelée Bouto
et qu’elle devint la principale cité du Delta dans le nome qu’il
appelle "le nome Chemmite". Selon Ptolémée (ou Claudius Ptolemaeus, astronome et astrologue
Grec, v.90-v.168), la cite faisait parti d’un
nome qu’il appelle "le nome Phthenothite" et
Pline l’Ancien (ou Caius Plinius Secundus, écrivain et naturaliste Romain, 23-79) l’appelle Pténetha. Dans leurs
écrits ils font aussi remarquer que Bouto avait un sanctuaire d’
Horus (Associé par les
Grecs à Apollon) et de
Bastet (Associé à Artémis).
Les fouilles
La ville est identifiée pour la première fois à l’actuel site de Tell el-Farâ’ûn
(ou Tell el-Farain "La colline des Pharaons") par Sir
William Matthew Flinders Petrie en 1886. Il s’agit de l’un des rares sites bien préservés du Delta. Il est entouré
actuellement d’une importante activité agricole où alterne la culture du riz et du coton, ce qui fait que le périmètre
archéologique n’est pas menacé par l’urbanisation. Trois grandes collines entourent le site de Tell el-Farâ’ûn : Au Nord,
le Kôm A, à l’Est le Kôm B qui accueille le temple et sa puissante enceinte de briques crues et au Sud le Kôm C.
Les premières fouilles sur le site, furent dirigées par l’EES (Egypt
Exploration Society). Elles commencèrent en 1963/64 et durèrent jusqu’en 1969. Lors de ces fouilles, interrompues
par la guerre des Six Jours, furent mis au jour principalement des monuments de l’époque
ramesside
(XXe dynastie, 1186-1069) et de la
Basse Époque (656-332), mais aussi
les ateliers céramiques de Bouto, qui figuraient parmi les plus florissants de l’Égypte Gréco-romaine, réputés pour leurs
céramiques fines noires et rouges.
Pendant cinq ans, de 1982 à 1987, l’Université de Tantah poursuivit les recherches,
découvrant de nombreux vestiges de la XVIIIe dynastie (1549-1295),
de la XXVIe dynastie (664-525), de la
XXIXe dynastie (399-380) et de la
et XXXe dynastie (380-342), dont une stèle importante datant du règne
de Thoutmôsis III (1479-1425). Dans le même temps, depuis
1984, l’Institut Allemand d’Archéologie du Caire (DAIK, Deutsches archäologisches institut Kairo) engagea des fouilles régulières sur le site.
En 1985/86, les restes d’un bâtiment de la
Période Pré-dynastique (v.3500-v.3150), datant du IVe
millénaire, furent mis au jour dans la partie Ouest du tell. Depuis 2001 c’est la Mission Française de Bouto qui travaille sur
le site, dans le cadre d’une collaboration scientifique avec le DAIK détenteur de la concession. La reprise des travaux portant
sur l’industrie céramique du site est reconduite depuis cette date.
Au Nord-est du site, trois autres secteurs ont fait l’objet
de fouilles, permettant de mieux comprendre la nature des structures révélées par la prospection géophysique (secteurs P2, P4)
et de mettre au jour un atelier de céramique commune d’époque impériale (secteur P3). Les recherches de l’équipe Allemande
portent aujourd’hui essentiellement sur les phases les plus anciennes de la ville
(Pré-Dynastique et protodynastique), à l’emplacement
présumé de Pê et de Dép.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la cité voir les ouvrages de :
Hartwig Altenmüller :
– Buto, Lexikon der Ägyptologie. 7 Bände (in 12), Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 1975 et 1992.
Peter Kaplony :
– Archaische Siegel und Siegelabrollungen aus dem Delta : Die Arbeit an den
Siegeln von Buto, pp. 23-30, The Nile Delta in Transition, Edwin C.M van den Brink, Tel-Aviv, 1992.
Thomas Von Der Way :
– Tell el-Fara’in : Buto : 4. Bericht, Philipp Von Zabern, Mainz, 1989.
– Excavations at Tell el-Fara’in/Buto in 1987-1989, pp: 1-10, The Nile Delta in Transition,
Edwin C.M. van den Brink, Tel-Aviv, 1992.
– Indications of Architecture with Niches at Buto, pp : 217-226, The Followers of Horus, Studies
Hoffman, Oxbow Books, Oxford, 1992.
– Ergebnisse zum frühen Kontext : Kampagnen der Jahre 1983 – 1989, Archäologische Veröffentlichungen 83,
Tell el-Fara’în – Buto / [Deutsches Archäologisches Institut, Abteilung Kairo] 1, Philipp von Zabern,
Mainz, Janvier 1997.
– Palestinian features on pottery from Buto, Lower Egypt, Alcalá University de Alcalá, 1997.
– Tell el-Fara’în – Buto : 1. Ergebnisse zum frühen Kontext, Kampagnen der Jahre 1983 – 1989,
Archä;ologische Veröffentlichungen 83, Philipp von Zabern, Mainz, Janvier 1997.
Marjory Veronica Seton-Williams :
– The Tell El-Farâ’în Expedition, 1964-1965, pp : 9-15,
JEA 51, Décembre 1965.
– The Tell El-Farâ’în Expedition, 1966, pp :163-171,
JEA 52, Décembre 1966.
– The Tell El-Farâ’în Expedition, 1967, pp :146-155,
JEA 53, Décembre 1967.
– The Tell El-Farâ’în Expedition, 1968, pp :5-22,
JEA 55, Décembre 1969.
– The Tell El-Farâ’în Expedition, 1969, pp :19-28,
JEA 56, Décembre 1970.
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