Nedjemet (ou Nodjmet ou Nodymet –
NDmt) est une “Reine” d’Égypte sous la XXIe dynastie.
Elle fut la fille de Ramsès X (1108-1099)
et de la Reine Tyti (ou Titi).
Certains spécialistes la donnent comme une fille du
Grand Prêtre d’Amon, Amenhotep ?, mais il semble
qu’il y ait là confusion avec la Nedjemet épouse de
Piânkh (1074-1070).
Comme nous le précise
Joyce Anne Tyldesley, lors de cette dynastie, les souverains
du Nord et les Grands Prêtres d’Amon du Sud cohabitèrent en
bons termes. Leurs relations “amicales” furent celées par une série de mariages diplomatiques qui finirent par les réunir au
sein d’une famille élargie.
Malheureusement, pour les égyptologues aujourd’hui, ces mariages incessants et l’usage des mêmes
noms pour les Reines et Princesses (On compte six Henouttaoui en même temps, par exemple) rendent la généalogie entre les deux
cours difficiles à éclaircir, d’où les différences nombreuses entres auteurs. Dans la grande majorité des cas, on connaît le
nom de ces femmes, mais guère plus. Seules cette Nedjemet et une
Henouttaoui I (ou Duathathor-Henttaouy),
épouse du Pharaon Pinedjem I (1070-1032), ont laissé
suffisamment d’informations pour nous permettre de reconstituer relativement leur histoire.
Nedjemet et Hérihor dans le
Livre des morts découvert dans la cachette de la tombe DB320 à Deir el-Bahari
|
Nedjemet épousa le
Grand Prêtre
d’Amon de Thèbes,
Hérihor (1080-1074). Quelques spécialistes,
dont
Joyce Anne Tyldesley, avancent qu’il s’agit de la même Nedjemet qui fut l’épouse de
Piânkh ?, pour eux les indices en notre
possession vont dans ce sens. Selon leur théorie, il semble que Nedjemet, une fois veuve, ait épousé le successeur de
son époux. Le temple de
Khonsou à Karnak, où
Hérihor apparaît en Pharaon, montre des
images de ses enfants, à savoir une liste de 19 garçons désignés par leur nom et de 5 filles.
Toutefois, rien ne vient
confirmer qu’ils sont tous nés de la Reine Nedjemet, ce que leur nombre rend d’ailleurs impossible. En réalité, la
présentation de cette progéniture s’inspire de celle des enfants de
Ramsès II ou de
Ramsès III sous le
Nouvel Empire. Ces égyptologues
pensent qu’Hérihor
acquiert non seulement les titres royaux, mais aussi un harem. Dans leur
théorie, il faut voir la succession dans ce sens,
Piânkh, puis
Hérihor,
ce qui est loin d’être l’avis de la majorité des historiens aujourd’hui comme le
précise Karl Jansen-Winkeln.
Momie de la Reine |
Techniquement Nedjemet ne fut jamais une Reine d’Égypte, mais elle porta quand même le titre de
Grande Épouse Royale (Hmt-nswt wrt). La cour de
Thèbes, très éloignée de celle de
Tanis, en profita pour développer sa propre famille royale.
Dans l’avant-cour du temple de
Khonsou, elle est
présentée avec ce titre. Une représentation du
Livre des Morts (ou Livre
pour Sortir au Jour), préparé
en vue des funérailles communes d’Hérihor et de
Nedjemet, fut mis au jour dans la cachette de la tombe
DB320 de
Deir el-Bahari, Nedjemet, dont le nom est inscrit
dans un cartouche, y est désignée comme : “Epouse du Roi, Mère du Maître des Deux Terres, Mère du Dieu Khonsou l’Enfant,
Souveraine du harem d’Amon, Souveraine des Dames de la Cour, Dame des Deux Terres, Nedjemet”.
Nedjemet vécut environ cinq ans de plus
qu’Hérihor, elle décéda à un âge entre 30
et 35 ans. On n’a mis au jour ni le corps, ni la sépulture du souverain, mais la
momie de Nedjemet, deux sarcophages et un coffre
à vases canopes furent découvert dans la cachette de
Deir el-Bahari.
Joyce Anne Tyldesley nous dit que comme pour de nombreuses
momies de la
XXIe dynastie, le corps de
la Reine fut rembourré de sciure, dans le but de lui donner une apparence plus réaliste.
Le jour de la découverte, elle présentait des joues pleines, des yeux artificiels et de faux sourcils faits
de cheveux humains. Elle portait aussi une perruque tressée de couleur brune recouvrant ses propres cheveux
gris. Toute cette préparation lui donnait une importante impression de vie et de jeunesse.
Sa momie fut dépouillée en
partie de ses bandelette par Gaston Maspero en 1886
et examinée de nouveau par
Grafton Eliot Smith en 1906. Elle se trouve aujourd’hui au
musée du Caire.
Nedjemet eut plusieurs enfants avec
Hérihor
qui sont donnés en fonction des spécialistes :
▪
Smendès I
(ou Nesoubanebdjedet Mériamon – ni-sw-bA-nb-Ddt mri-imn)
“Celui qui appartient à Bâ seigneur de Mendès, Aimé d’Amon”, qui fut Pharaon de 1070/69 è 1043.
▪
Amenemnesout (ou
Amenemnesout Mériamon – imn-m-nsw mri-imn)
“Amon est le Roi, Aimé d’Amon”, qui fut Pharaon de 1043 à 1039. il faut signaler qu’il est aussi donné par
d’autres comme un fils de Smendès II et
de la Reine Tentamon I.
Si elle fut l’épouse également de
Piânkh,
il faut rajouter à cette progéniture cinq enfants :
Quatre fils :
▪
Pinedjem I,
qui hérita d’abords de son père, en 1070, la charge de premier
Grands
Prêtres d’Amon à
Thèbes et de Généralissime, puis de Gouverneur de la Haute-Égypte
et vers l’an 15 ou 16 de
Smendès I,
soit vers 1054, il se proclama Pharaon sur la Haute-Égypte.
▪ Heqanéfer, Heqamaât, Ânkhefenmout, dont nous ne savons rien.
Une fille :
▪ Faienmout, dont nous ne savons rien.
Pour plus de détails sur la Reine voir les ouvrages de :
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
– The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et Février 2010.
Willem Jan de Jong :
– Herihor, een omstreden farao : Smendes en Pianch, Sjemsoethot, Amsterdam, 1981.
John Henry Taylor :
– Nodjmet, Payankh and Herihor : The early twenty-first dynasty reconsidered, Proceeding of the Seventh International
Congress of Egyptologists, 3–9 September 1995, ed. C.J. Eyre, Leuven, 1998.
Joyce Anne Tyldesleyy,
Aude Gros de Beler et Pierre Girard :
– Chronicle of the queens of Egypt : From early dynastic times to the death of Cleopatra, Thames & Hudson Ltd,
Octobre 2006 et Janvier 2007 – En Français, Chronique des Reines d’Egypte : Des origines à la mort de Cléopâtre, Éditions :
Actes Sud, Collection : Essais Sciences, Juillet 2008 – En Allemand, Die königinnen des alten Ägypten : Von den frühen
dynastien bis zum tod Kleopatras, Koehler + Amelang Gmbh, Février 2008.
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