:
Aÿ et son épouse recevant une
récompense de la part d’Akhénaton – Musée égyptien du Caire
|
Son règne
Il convient
en préambule de dire que ce Pharaon est pour les égyptologues une énigme car peu de documents portant son nom nous sont
parvenus, sa mémoire ayant été officiellement bannie, son nom n’est pas porté sur les
Tables d’Abydos.
C’est un vieux fonctionnaire lorsqu’il accède au pouvoir. Il avait été promu au poste de Vizir sous
Toutânkhamon et à la mort de ce dernier
il va prendre le pouvoir.
Aÿ II débute surement sa carrière sous le règne
d’Amenhotep III (1390-1353/52), bien que nous n’en ayons
aucune preuve et la finira, avant d’être Roi, avec le rang de "Père Divin". Les premiers
indices le concernant datent du début du règne d’Amenhotep IV/Akhénaton
(1353/52-1338). C’est au cours de cette période Amarnienne
qu’il va devenir un homme d’État important et sans aucun doute très puissant, voire même un conseillé du Roi.
Nous ne connaissons rien d’Aÿ durant la période Thébaine
d’Akhénaton.
Si Aÿ possédait plusieurs titres,
sa tombe à Amarna ne fait état que de quatre :
"Père Divin", "Scribe bien aimé du Roi", "Porte étendard à la droite du Roi"
et "Chef de toute la cavalerie du Roi". L’abandon de la construction de sa tombe, vers l’an 8 ou 9 du Règne
d’Akhénaton pose beaucoup d’interrogations aux égyptologues,
car on sait que des artisans travaillèrent dans d’autres tombes au moins jusqu’a l’an 12. De plus, de l’an 8/9 jusqu’à la
prise de pouvoir du jeune Roi Toutânkhamon, on perd toute trace
d’Aÿ II. Ce qui fait penser à quelques spécialistes que le futur souverain n’est plus à
Amarna et qu’il en a peut-être été banni suite à une
mésentente avec Akhénaton, dont il est le conseillé.
Le tombeau reconstitué d’Aÿ II – Tombe WV23
|
Pourtant dans les lettres
d’Amarna (Sceaux en langue
Akkadienne pour la plupart,
qui sont en fait les archives de la correspondance diplomatiques des règnes
d’Amenhotep III (1390-1353/52) et
d’Amenhotep IV
avec les autres dirigeants des royaumes de l’époque), un officiel Égyptien en mission diplomatique apparaît
sous le nom de Hai (et diverses autres variantes). Otto J.Schaden estime qu’il ne peut s’agir de la même personne
avec Aÿ pour des raisons de transcription de l’Égyptien en
Akkadien.
Aÿ "réapparaît" donc au début du règne de
Toutânkhamon, nous n’avons pas de document le citant pendant les presque trois années séparant la mort
d’Akhénaton
et le couronnement de Toutânkhamon.
Il obtient alors un poste important et jouit à nouveau d’une position privilégiée.
Sur un fragment
d’objet on voit Toutânkhamon massacrer un ennemi
non pas devant le Dieu Amon,
mais devant Aÿ et sur d’autres, provenant de la tombe
KV58
de la vallée des Rois, on voit le
cartouche seul d’Aÿ ou associé avec celui de
Toutânkhamon, ce qui fait penser
à quelques égyptologues que le "Père Divin" avait peut-être la fonction de Régent.
À cette même époque Horemheb (Roi, 1323-1295),
dont nous ne connaissons rien de la carrière avant
Toutânkhamon, apparait comme le second personnage du Royaume par ses titres,
mais bizarrement Aÿ est totalement absent des inscriptions de la tombe de ce Général,
y avait-il conflit d’intérêts entre les deux hommes ?.
La première question qui
vient c’est : À cette période, qui est le véritable dirigeant du pays, compte tenu du jeune âge du Roi ?.
Bien qu’aucun document ne vienne le confirmer, Otto J.Schaden penchent pour une régence d’Aÿ II.
Le fait de se faire représenter devant le Roi, comme son égal, dans la tombe de
Toutânkhamon prouve il est vrai son
importance et confirme qu’il fut proclamé Roi très rapidement après la mort du
jeune souverain, quelques jours. Mais pourquoi une telle rapidité ?, le pays était-il menacé par une guerre
comme le pensent quelques égyptologues, ou voulait-il tout simplement prendre
Horemheb de vitesse ?. On a pensé aussi à une possible
révolte de palais que le "Père Divin" voulait éviter.
Selon certains spécialistes, il
s’agissait d’un moyen d’assoir son trône. Pour d’autres c’est en épousant la veuve de
Toutânkhamon,
Ânkhesenamon
qu’il va légitimer son accession à ce trône. L’hypothèse de cette union repose sur un très
mince indice, une bague portant les cartouches d’Aÿ et de la jeune veuve. Nous
savons qu’une Reine, veuve d’un Roi d’Égypte, demanda à l’Empereur des
Hittites
de lui envoyer un de ses fils pour qu’il monte sur le trône des Deux Terres. Cet épisode, s’il est avéré,
pose un sérieux problème aux égyptologues qui débattent sur son positionnement chronologique. Âgée d’à peine 22 ans,
Ânkhesenamon
est l’héritière du pouvoir après la mort de
Toutânkhamon, n’ayant pas à ce moment d’enfant, mais elle sait qu’elle ne peut lutter contre les
conjurations.
Cartouche d’Aÿ II sur un fragment de stèle –
Musée Petrie
|
Plutôt que de s’associer à un des hauts
dignitaires Égyptiens, elle aurait alors proposé à l’Empereur des
Hittites (Les pires ennemis de l’Égypte),
Moursil II (1321-1295), d’épouser un de ses
fils pour régner à ses côtés. Ce dernier aurait d’abord refusé croyant à un piège.
Ces documents qui ont été retrouvés dans la capitale
Hittite,
Hattousa, étaient conservés dans les archives de la cité.
"Mon époux est mort. Je n’ai pas de fils. On dit que toi, tu en as plusieurs. Si tu m’envoyais l’un d’eux,
je l’épouserai. Jamais je n’accepterai un de mes serviteurs pour en faire mon mari….. J’ai peur."
Dans ces annales
Hittites, la Reine Égyptienne qui est citée porte le nom de "Dakhamunzu",
le problème est qu’à aujourd’hui, on ne peut pas identifier avec certitude à quelle personne il s’adresse.
Le nom est peut-être tout simplement une translittération du titre Égyptien "Tahemetnesu"
(Femme Reine) et non pas le nom d’une personne.
Certains égyptologues
avancent que la Souveraine auteur de cette lettre pourrait être la sœur aînée
d’Ânkhesenamon,
Méritaton,
pour d’autres il s’agit de
Néfertiti ?. Si ces faits datent bien de la mort de
Toutânkhamon, on comprend alors l’empressement d’Aÿ à se déclarer Pharaon pour contrer les négociations.
Ce qui est troublant c’est que, Aÿ au pouvoir, on perd toutes traces
d’Ânkhesenamon,
elle disparaît de la vie politique du jour au lendemain.
Si Toutânkhamon pour certains a
été tué, ce qui, à la lumière des dernières découvertes, n’est plus envisagé, puisqu’il serait mort de maladie,
subit-elle le même sort?, combien de temps après son époux est-elle morte ?,
quand et où est-elle enterrée ?, autant de question sans réponse à aujourd’hui.
Durant le règne d’Aÿ II on constate aussi qu’Horemheb disparaît
des textes. Il semble remplacé par un autre officier du nom de
Nakhtmin, dont l’origine prête aussi à
polémiques, il serait un fils d’Aÿ II ?.
Décoration dans la tombe (WV23) d’Aÿ II
|
Comme le précisent
Aidan Marc Dodson et
Dyan Hilton, le fait que
Nakhtmin fut l’héritier désigné
d’Aÿ II est fortement impliqué dans des inscriptions gravées sur une statue de
ce Prince qui a sans doute été faite sous le règne d’Aÿ II. Il y est clairement noté avec les titres de
"Prince héritier" et "Fils Frère du Roi". Toutefois la seule conclusion que l’on peut en
ici tirer est que Nakhtmin
fut, soit un fils légitime, soit un fils adoptif d’Aÿ II, soit comme le proposent certains le gendre du Pharaon.
Dodson et Hilton
qui ont étudié la statue, précisent qu’il y a toujours une incertitude de savoir si le titre :
"Fils Frère du Roi", indiquait un lien de parenté entre eux, ou si
Nakhtmin était vice-Roi de Kouch,
fonction qui avait cette appellation à l’époque. Toutefois, nous n’avons pas retrouvé à ce jour de trace d’un
vice-Roi de Kouch sous le nom de Nakhtmin. Au contraire nous avons celle d’un dénommé Paser qui occupait
ce poste pendant cette période. Selon
Hans Wolfgang Helck c’est de cette dernière constatation que l’on peut réduire
l’identification de Nakhtmin
au fils d’Aÿ II. Dans l’attente de plus de preuves le débat reste ouvert.
Tout au long de son règne,
Aÿ II va chercher tout de même à affirmer son trône en se rattachant à
Toutânkhamon.
Il va poursuivre l’œuvre de celui-ci, dont il était sûrement l’initiateur, compte tenu du jeune âge et du manque
d’expérience du Roi. Il poursuit ses travaux et lui bâtit un temple funéraire. Il est considéré comme le Roi ayant
mis un terme définitif à "l’époque
Amarnienne".
Il va consolider le retour à l’ancienne religion. Toutefois il garde son titre de "Père Divin"
et se dit même Père de Toutânkhamon.
À la mort d’Aÿ II, son "fils"
Nakhtmin
va se faire ravir le trône par Horemheb.
Certains spécialistes pensent que le Prince mourut avant Son père.
Horemheb recevra pour se faire,
l’aide des Prêtres d’Amon,
pressés d’effacer les dernières traces d’une période néfaste pour leur Dieu.
Aÿ II représenté dans le
tombeau de Toutânkhamon – Cérémonie de l’ouverture de la bouche
|
Ses constructions
De ses activités de bâtisseur
on ne retient, qu’une chapelle à
Abydos ; quelques bâtiments à Karnak, et il fait reprendre les travaux du temple de Louxor arrêtés sous
Amenhotep III (1390-1353/52).
On sait aussi qu’il commence la construction d’un temple funéraire consacré à
Toutânkhamon, sur
un emplacement choisi par le jeune Roi, dont les travaux se poursuivront après sa mort.
Ce temple se situe à Médinet Habou
(Thèbes Ouest), près d’un petit temple
d’Amon érigé par la Reine
Hatchepsout (1479-1457) et remanié sous
Thoutmôsis III (1479-1425).
Certains artéfacts firent croire un temps qu’Aÿ II usurpa ce monument, mais les dépôts des fondations
contredisent cette théorie.
Otto J.Schaden, note que ces dépôts portent pourtant uniquement le nom d’Aÿ II. Les Statues colossales
représentant Toutânkhamon et marquées au nom d’Aÿ II ont
contribuées à l’idée d’usurpation. Ce sera finalement
Horemheb qui
usurpera le tout et l’agrandira considérablement. Il y fit également effacer le nom d’Aÿ II.
Le monument le plus connu de ce dernier est son tombeau officiel, inachevé, à
Amarna (TA 25), dans la
nécropole des nobles,
Tombe du Sud,
construit sous Amenhotep IV/Akhénaton,
qui est l’un des plus grands de la cité.
Ses épouses et enfants
Aÿ II eut deux ou trois épouses en
fonction des spécialistes :
Haut de la statue de Moutnedjemet Musée de Turin
|
• Selon Cyril Aldred, Aÿ II
a une première épouse, dont on ne connait pas le nom par ailleurs, qui serait la mère de
Néfertiti. Elle pourrait aussi être
celle des enfants qui sont aujourd’hui attestés à
Tiyi II.
•
Tiyi II
(ou Tiy ou Tiye ou Teje – ¦jj)
dont on ne connait pas l’origine. On pense qu’elle était déjà l’épouse d’Aÿ II bien avant son accession au trône.
Le nom de Tiyi II a été retrouvé
plusieurs fois dans la tombe de son mari
(TA 25)
à Amarna et dans
celle (WV23)
de la vallée des Rois.
Son plus célèbre portrait est sur un bloc de bas-relief provenant de la tombe d’Aÿ II
d’Amarna,
qui est maintenant au musée Égyptien du Caire.
Nous ne connaissons rien de sa vie à Memphis
lorsque la cité deviendra la capitale et que son époux sera Pharaon.
Tiyi II peut avoir été enterrée avec lui
dans le tombeau TA 25 à
Amarna, des fragments d’ossements de femme ont été
trouvés dans la tombe,
Joyce Anne Tyldesley
pense qu’il s’agit des siens ?. Elle donne peut-être trois enfants à Aÿ II, mais aucun n’est attesté avec certitude :
▪ Nakhtmin qui
occupa le poste de Général en Chef pendant le règne de
Toutânkhamon. Ses titres sous le règne du jeune souverain furent : "Le vrai
serviteur qui est bénéfique à son seigneur" , "Scribe royal" ,
"Serviteur bien-aimé de son seigneur", "Porte-éventail à la droite du
Roi" et "Serviteur qui fait vivre le nom de son seigneur".
Ils ont été retrouvés sur cinq oushebtis que
Nakhtmin avait offerts comme cadeaux funéraires pour
Toutânkhamon.
Certains spécialistes, dont
Hans Wolfgang Helck, pensent que c’est à partir de ces titres que l’on peut l’attester comme fils d’Aÿ II
(Idée largement retenue).
D’autres proposent qu’il ne fût que son gendre, époux de
Moutnedjemet.
Cette théorie est attestée par une belle statue montrant les deux époux (ou frère et sœur ou demi-frère et demi-sœur), aujourd’hui au
musée du Caire, où
Nakhtmin
est appelé "le fils frère du Roi". On suppose qu’il est mort vers la fin
du règne de "son père", car il a apparemment disparu de tous les écrits vers cette période. Selon
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton, un autre homme appelé Nakhtmin fut marié à Moutemnebou (ou Moutemnub), la sœur de
Tiyi II.
Ils avaient un fils nommé aussi Aÿ, qui fut Grand Prêtre de
Mout et
Deuxième Prophète d’Amon.
Tête de statue de Nakhtmin – Musée Égyptien du Caire
|
▪ Néfertiti
dont aujourd’hui les égyptologues, en majorité, pensent qu’elle est la fille d’Aÿ II
et Tiyi II. Cette théorie s’appuyant sur
des représentations de Néfertiti en compagnie de
Tiyi II.
Cette idée est toutefois contestée par d’autres, dont
Cyril Aldred, qui avancent qu’il n’existe
aucune preuve que Tiyi II soit la mère de la
Grande Épouse Royale.
Pour eux Tiyi II n’a été seulement la mère que
de Moutnedjemet et elle fut la nourrice
de Néfertiti.
Il faut noter qu’à aujourd’hui, aucune preuve archéologique formelle ne vient certifier l’une ou l’autre des théories.
Ânkhesenamon – Ägyptisches Museum – Berlin
|
▪
Moutnedjemet
(ou Mutnedjmet ou Mutnodjmet –
Mwt-nDmt) qui pourrait
avoir été mariée à Horemheb (1323-1295)
un peu avant qu’il soit devenu Pharaon, à une époque où il n’est encore que Général et Scribe royal
d’Aménophis IV.
Il est possible que
Moutnedjemet
fut enterrée dans la magnifique sépulture de
Memphis construite
pour son époux. On y a retrouvé la momie d’une femme
d’une quarantaine d’années et les restes d’un fœtus mal formé, à côté de la
momie de la
première épouse d’Horemheb, Amenia (ou Amenye).
Moutnedjemet est connue de plusieurs objets et sur des inscriptions dans certains des
tombeaux des nobles à Amarna
et en particulier celui de son père (TA 25),
où elle est montrée en tant que jeune fille.
• Ânkhesenamon
(anx-sn-Jmn) ou Ânkhesenpaaton
(anx-sn-Jtn)
qui est la troisième fille de la Reine Néfertiti et
Amenhotep IV (ou Akhénaton, 1353/52-1338),
donc peut-être sa nièce. Elle nait en l’an 5/6 du règne de son père. On trouve aussi selon les spécialistes l’an 4 ou la fin
de l’an 7. Sa date de naissance n’est donc pas encore connue avec certitude.
Elle semble être née à Ouaset (ou Thèbes),
mais passe son enfance à Akhetaton
(Amarna). Elle épouse à l’âge de onze ans (On trouve aussi 12 ans) son père. Puis elle devient la
Grande Épouse Royale de son demi-frère, le Pharaon
Toutânkhamon (1336-1327).
À peine âgée de 22 ans, après la mort de
Toutânkhamon, elle devient l’héritière du trône
n’ayant pas à ce moment d’enfant. Selon Aidan Marc Dodson et
Dyan Hilton, elle est donc peut-être obligée d’épouser Aÿ II, véritable maître du pouvoir, qui prend le titre de Pharaon.
Cette hypothèse repose cependant sur un très mince indice, une bague portant les cartouches d’Aÿ II et de la jeune veuve.
Ânkhesenamon aurait eut un enfant,
Ânkhesenamon Tasherit, si cette éventualité était avérée, qui en serait le père ?.
|