Quelques Rois Importants :
Thoutmôsis IV
1401/00 – 1390
 

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….Retour à la XVIIIe dynastie

 

 
Sommaire
 

Sa titulature
Son origine
Sa durée de règne
Son règne
Ses constructions
Sa sépulture
Sa famille
Bibliographie

 

 

                   DATES  de  RÈGNE
             1401/00-1390
  N.Grimal, R.Krauss, W.J.Murnane, I.Shaw
1419-1386  P.A.Clayton, P.A.Piccione,
C.C.Van Siclen III, E.F.Wente
1419-1410  D.B.Redford
1413-1405  A.H.Gardiner
1413-1403  A.Eggebrecht, R.A.Parker
1412-1402  E.Hornung
1401-1391  D.Arnold, J.Kinnaer, J.Malek,
P.Vernus, J.Yoyotte
1401-1388  J.von Beckerath
1398-1388  A.M.Dodson
1397-1388  S.Quirke, C.Vandersleyen 
1396-1386  K.A.Kitchen
1394-1384  C.Aldred
1388-1379  H.W.Helck
1388-1378  D.Sitek

 

Sa titulature
 
  • Hr kA-nxt twt-xaw , mri-wAst
  • nbti Dd-nsyt mi-itm , Ddwj nyswt mj Itm
  • bik nbw wsr-xpS dr-psDt , wsr-xpS dr-pDt-A ,Dd-…-mi-[Hr]Axti
  • mn-xprw-ra mri.n-ra , iri.n-ra , stp.n-ra
  • DHwti-msi(w) xai-Haw
     
  • Thmôsis  ou  Tuthmôsis  (Manéthon)

 

Nom d’Horus Horus Kanekhet Toutkhâou
(Horus taureau victorieux, aux belles apparitions)
Hr kA-nxt twt-xaw
Nom de Nebty Nebty Djednésit Miatoum
(Nebty à la royauté durable comme celle d’Atoum)
nbti Dd-nsyt mi-itm
Nom d’Horus d’or Bik Nebou Ouserkhepesh Derpesedjet
(Le Faucon d’or, puissant par son glaive,
qui éloigne les Neuf Arcs [les ennemis])

bik nbw wsr-xpS dr-psDt
Nom de Roi
Abydos 72
Menkhéperourê Mérienrê
(Les manifestations de Rê demeurent, Aimé de Rê)
mn-xprw-ra , mri.n-ra
Nom de naissance Djéhoutymosé
(Celui qui est né de Thot)
DHwti-msi(w)

 

Son origine

 
   Thoutmôsis IV (ou Thoutmès ou Thutmose ou Thutmosis en Grec ou Djéhoutymosé en Égyptien) est le 8e Roi (7e si on ne compte pas régnante la Reine Hatchepsout) de la XVIIIe dynastie. Il est appelé par Manéthon, Thmôsis (Flavius Josèphe) ou Tuthmôsis (Africanus, Eusebius). Il est le fils de la Reine Tiâa I et du Roi Amenhotep II. Christian Leblanc avance qu’il naquit en l’an 6 du règne d’Amenhotep II. Quelques égyptologues réfutent cette filiation et pensent que Thoutmôsis IV ne serait pas un fils légitime et qu’il s’était approprié la qualité de Premier Fils royal. On pense généralement aujourd’hui qu’à sa naissance Thoutmôsis IV n’était pas forcément appelé à régner, car il avait trois frères aînés qui ont été attestés : Ouebsenou (ou Oubensénou ou Webensenu) dont on ne sait rien, mais qui meurt semble t-il jeune, Aménémopet (ou Amenhotep) qui est connu de la stèle C, trouvée dans le temple du Sphinx d’Amenhotep II où il est identifié comme un fils de ce dernier et Nedjem qui serait plus sûrement son demi-frère, issu d’une autre épouse d’Amenhotep II, mais dont on ignore le nom.


 

  Thoutmôsis IV – Musée du Louvre

 
   Ouebsenou et Nedjem sont nommés "Fils royaux, aimés de lui" sur la statue (CG638) du scribe royal Minmès. Dans la tombe KV35, dans la vallée des Rois, d’Amenhotep II, on a retrouvé des fragments de vase canope au nom d’Ouebsenou qui nous confirment sa filiation avec Amenhotep II. Sur ceux-ci il est nommé "Fils royal, aimé de lui, superviseur des chevaux". Donald Bruce Redford propose qu’Aménémopet soit le fils aîné. Cependant, comme le suggère Claude Vandersleyen, Ouebsenou et Nedjem ne sont pas des noms habituels que l’on trouvait à cette époque pour des Princes destinés à être Roi.
 
   Ce qui lui fait suggérer que leur mère était peut-être d’origine étrangère. Il faut signaler qu’à aujourd’hui la grande majorité des spécialistes ne remet pas en cause la légitimité de Thoutmôsis IV. Dans la tombe DB350 (ou TT350), située à Deir el-Bahari, de Nofretouah et son époux, sur une fresque qui la représente, elle porte le titre de "Nourrice du fils royal Menkhéperourê", qui est le nom de Roi de Thoutmôsis IV.
 
   Malheureusement on ne peut plus aujourd’hui étudier cette fresque car la tombe est inaccessible. Il y a toute fois d’autres documents qui nous confirment la légitimité de ce Roi. De la période où il était encore Prince on a découvert, entre autres, une statuette, provenant du temple de Mout à Karnak où il est représenté avec son tuteur Hekareshou. Ce dernier est nommé "Tuteur des enfants royaux". Il deviendra par la suite "Père divin" lorsque Thoutmôsis IV règnera.
 
   Les partisans de la non légitimité de Thoutmôsis IV, comme, entre autres, Étienne Drioton et Jacques Vandier, s’appuient sur la légende du songe (voir plus bas). Qui selon eux est une propagande du Roi pour justifier sa prise de pouvoir, et sur deux découvertes : Celle faite par Selim Hassan, des stèles dédicatoires Princières, qui ont fait l’objet, à l’époque du Roi, de dégradations volontaires, ce qui a conduit des spécialistes à supposer que Thoutmôsis IV n’était pas l’héritier légitime.
 
   Toutefois il convient de souligner que le Prince qui à fait l’objet de ces déprédations ne peut être identifié avec certitude. Ouebsenou semble le plus plausible. La deuxième découverte est la stèle d’Youti qui porte, elle aussi, des traces de mutilations. Le visage de Thoutmôsis IV fut complètement effacé ainsi que son nom.

 

Sa durée de règne

 

 Thoutmôsis IV – Musée du Louvre

   Manéthon lui compte  9 ans et 8 mois de règne (Josèphe Flavius) ou 9 ans africanus, Eusebius). Toutefois, comme le précise Betsy Morrell Bryan dans son étude sur le Roi, d’autres datations de Manéthon pour la XVIIIe dynastie se sont avérées incorrectes et il est préférable de se reporter aux monuments pour déterminer sa longueur d’un règne. Celle-ci n’est donc pas aussi claire qu’on le souhaiterait. La majorité, cependant, des spécialistes penchent pour une dizaine d’années. Toujours selon Bryan, de tous les monuments que Thoutmôsis IV fit construire, un est daté de son an 4, deux de son an 7 et la date la plus ancienne retrouvée est sur sa stèle à Konosso, en Nubie, datée de son an 8.
 
   Cependant quelques égyptologues, se basant sur deux objets, l’un daté de l’an 19 et l’autre de l’an 20 et suggérés comme lui appartenant, ont extrapolé cette durée comme celle de son règne. Il est aujourd’hui admis qu’ils ont commis une erreur de lecture, car le nom de Roi sur ces objets est Menkhéperrê, soit celui de Thoutmôsis III et nom Menkhéperourê, celui de Thoutmôsis IV. Enfin il convient de signaler la reconstitution chronologique d’Edward Frank Wente et Charles C.Van Siclen qui lui attribuent 34/35 ans de règne ?.

 

Son règne

 
   Aujourd’hui les spécialistes débattent sur le fait : Y a t-il eut ou pas une corégence avec son père Amenhotep II ?. La réponse est délicate car il y a des anomalies dans la célébration des jubilés d’Amenhotep II et de Thoutmôsis IV qui pencheraient pour une réponse positive. Cyril Aldred confirme l’hypothèse d’une corégence par l’interprétation de plusieurs objets, entre autres : Une sculpture qui se trouve dans le temple du jubilé d’Amenhotep II à Karnak qui représente pour certain un Dieu et un Roi, alors que Cyril Aldred y voit 2 Rois ? ; une statue royale, aujourd’hui au musée du Louvre, où le nom de Thoutmôsis IV est gravé sur la boucle de la ceinture et celui d’Amenhotep II sur la base. Un autre égyptologue, William Joseph Murnane, partisan de la non corégence, donne lui comme preuve une chapelle d’Amenhotep II, qui fut terminée par Thoutmôsis IV où le nom de ce dernier est inscrit sous la forme de Roi. Le débat reste ouvert.
 


 

Hall péristyle de Thoutmôsis IV à Karnak

   On sait peu de choses au sujet de ses dix années de règne. Thoutmôsis IV profite pendant cette période de la paix et de la stabilité acquise par ses prédécesseurs. À la différence de ces derniers, il n’est pas un guerrier. On ne lui connaît qu’une expédition vers la Syrie, mais sans aucune envergure et une en Nubie, en l’an 8, où il aurait réprimé une révolte. Ces faits sont attestés sur la stèle de Konosso, en Nubie. Betsy Morrell Bryan, qui a écrit une biographie de Thoutmôsis IV, souligne que la stèle de Konosso du Roi semble faire référence plus à des patrouilles mineures dans le désert, pour protéger les routes de certaines mines d’or et se prémunir de quelques attaques lancées par les Nubiens, qu’à une réelle action de force de la part du Roi.
 


 

Thoutmôsis IV et sa mère Tiâa I –
Musée Égyptien du Caire

   Par contre Thoutmôsis IV est connu pour avoir pratiqué une politique diplomatique particulièrement importante et très habile. Des hauts fonctionnaires qui servirent sous son règne on a connaissance de trois Vizirs : Hépou, Ptahhotep et Ptahmès. En Nubie, le Vice-Roi i i "Gouverneur des pays du Sud" porte pour la première fois le titre de "Fils royal de Kouch (Nubie)". Cette appellation, sera régulièrement utilisée jusqu’à la Troisième Période Intermédiaire. Sous son règne c’est un certain Amenhotep qui rempli cette fonction et porte ce titre prestigieux.
 
   À la fin du règne de l’Empereur du Mitanni Artatâma I (v.1410-v.1400), Thoutmôsis IV sera le premier Roi du Nouvel Empire à établir des relations amicales avec ce pays, l’ancien ennemi, avec qui il va conclure un traité de paix dans le but de contrecarrer l’avancée des Hittites. Ce traité sera scellé en épousant Moutemouia (ou Mutemwiya ou Mutemoueya ou Moutemouiya), une fille de l’Empereur Artatâma I.
 
   Comme le précise William L.Moran, le rôle de Thoutmôsis IV dans l’ouverture de l’Égypte vers l’ancien rival le Mitanni, sera documenté quelques décennies plus tard par une lettre d’Amarna (EA29), composée par un autre Empereur du Mitanni, Tushratta (v.1380-v.1350) et adressée à Amenhotep IV (Akhenaton, 1353/52-1338), petit-fils Thoutmosis IV. Cette lettre semble indiquer que Thoutmôsis IV supplia (7 fois consécutives) l’Empereur Artatâma I de lui donner une de ses filles en mariage. Attitude qui semble étrange compte tenu que c’est l’Égypte à l’époque qui était en position de force. Il serait donc plus logique que ce fut l’inverse, le Mitannien cherchant une alliance.
 
   C’est sous le règne de Thoutmôsis IV qu’est écrit le Livre des Morts. Le Roi serait décédé le 17e jour du 4e mois de la saison Peret (6 Mars, 1390) et son fils Amenhotep III lui aurait succédé le lendemain mais aurait été couronné le 27e jour du 2e mois de la saison Shemou (15 mai).

 


 

    Chapelle en albâtre de
Thoutmôsis IV –
Musée en plein air de Karnak

Ses constructions

 
   Son activité de bâtisseur comme pratiquement tous les Rois de cette dynastie va être à grande échelle. Elle se situe : Dans le Sinaï ; à Abydos ; à El Kab où il fonde un petit sanctuaire que son fils Amenhotep III achèvera ; à Héliopolis ; à Hermopolis Magma ; à Saqqarah et à Memphis où il fait ériger une porte monumentale ou un pylône. L’édifice est très endommagé, mais un certain nombre de stèles de particuliers nous a conservé le souvenir de ce monument qui devait se trouver, selon l’endroit où elles furent découvertes, à l’Ouest de l’enceinte du grand temple de Ptah. Les reliefs qui l’ornaient représentent le Roi devant le Dieu Ptah dans son naos. On trouve aussi beaucoup de constructions à Thèbes dans le temple de Karnak, où il fait ériger :
 

Une chapelle de calcite, qui selon Barry J.Kemp, était destinée "aux personnes" qui n’avaient pas le droit d’accès au temple. Il s’agissait d’un lieu de recueillement pour Amon où le Dieu "pouvait entendre les prières de la ville". Cette petite chapelle d’albâtre de Thoutmôsis IV, avec une salle unique, a aujourd’hui été soigneusement restaurée par des chercheurs Français du Centre Franco-Égyptien d’Étude des Temple de Karnak (CFEETK).
Une cour des fêtes à portiques, devant le IVe pylône. Elle occupait toute la façade Ouest du grand temple de Karnak. Elle possédait de chaque côté deux chapelles en albâtre destinées à recevoir les barques sacrées lors des grandes fêtes annuelles de Thèbes. Elles seront détruites par Thoutmôsis III pour servir de matériaux afin d’ériger le IIIe Pylône.
Il fait terminer l’obélisque inachevé de Thoutmôsis III. Avec 32 m de hauteur ce sera le plus grand obélisque jamais érigé en Égypte. Nicolas Grimal nous précise qu’il sera transporté en 357 ap.J.C à Rome par l’Empereur Constance II (337-361), et, plus tard, érigé de nouveau au Vatican, par le Pape Sixte V, en 1588, lors de la "Piazza San Giovanni", où il est aujourd’hui connu sous le nom "d’obélisque de Saint Jean de Latran.

 
   Son lieu favori de construction et rénovation sera Guizèh où le Roi fait édifier pas moins de 27 monuments, mais surtout il fait désensabler le Sphinx et ériger, entre ses pattes, une stèle, "la stèle du songe" dédiée à Horemakhet, relatant le songe qu’il avait fait : S’étant endormi près de lui le Dieu Horemakhet lui aurait promis la royauté.


 

Représentation de
Thoutmôsis IV à l’entrée
d’une chapelle de Karnak

  La légende du songe : Alors que Thoutmôsis, jeune Prince, était en voyage de chasse, il s’arrêta pour se reposer sous la tête du Sphinx entre ses pattes, ce dernier étant à cette époque enterré jusqu’au cou dans le sable. Très vite, il s’endormit et fit un rêve dans lequel le Sphinx, qui était en fait le Dieu Horemakhet, lui dit :

"Regarde-moi, jette les yeux sur moi, ô mon fils Thoutmôsis, je suis ton père Horemakhet-Khépri-Rê-Atoum. Je te donnerai ma royauté sur terre à la tête des vivants. Tu porteras la couronne blanche et la couronne rouge sur le trône de Geb, le Dieu héritier. Le pays sera tien dans sa longueur et dans sa largeur ainsi que ce sur quoi brille l’œil du Maître de l’Univers".

 
   Après avoir terminé la restauration du Sphinx, Thoutmôsis IV fit placer "la stèle du songe", entre ses deux pattes. Quelques spécialistes pensent que la restauration du Sphinx et le texte de la Stèle serait un morceau de propagande de Thoutmôsis IV, destiné à lui conférer une légitimité à son inattendue royauté. Pour protéger le Sphinx, qui à ses yeux était l’image du Dieu, le Roi fit construire trois murs espacés de dix mètres, dont le dernier englobait le temple de Khafrê (ou Khéphren, 2518-2492).
 
   Lors de son règne Thoutmôsis IV étendit le rôle du Dieu Horemakhet, comme Dieu Solaire, en Horemakhet-Khépri-Rê-Atoum. La présence sur plusieurs stèles de son épouse Néfertari fait penser aux spécialistes que Thoutmôsis IV voulait démonter son intention de faire de Guizèh un centre de culte majeur dans le Nord du pays. De tous les monuments que Thoutmôsis IV fit construire on en trouve, trois qui date de sa premier année de règne, un de sa quatrième année, un de sa cinquième année, un de sa sixième année, deux de sa septième année et enfin un de sa huitième année.

 

Sa sépulture

 
   Thoutmôsis IV serait mort autour de sa trentième année. Un examen de son corps montre qu’il était très malade et il aurait dépérit en quelques mois. Il fait édifier son temple funéraire au Sud-ouest de celui de son père, à l’écart de son tombeau, KV43, de la vallée des Rois. Sa momie fut trouvée en 1898 par Victor Loret dans la cachette de la tombe KV35 d’Amenhotep II, où elles avaient été transportée sous Pinedjem I (1070-1054, XXIe dynastie) par les autorités Thébaines.
 

Momie de Thoutmôsis IV

   Son tombeau est découvert le 18 janvier 1903 par Howard Carter, qui commence immédiatement les premières excavations. Cette tombe n’a pas trop souffert des inondations. Elle est semblable dans son plan à KV35 (Amenhotep II). Elle se compose de trois premiers couloirs qui donnent sur une salle à colonnes et à une chambre latérale. De cette dernière chambre part un couloir-antichambre, donnant accès à la chambre funéraire à colonnes et aux quatre chambres latérales.
 
  La tombe s’étend sur une longueur totale d’un peu plus de 105,70 m. Les peintures murales sont bien conservées. Elles représentent essentiellement des scènes sur fond jaune-or. Seules les premières pièces sont décorées. Dans le tombeau Howard Carter, lors des fouilles qu’il assura de 1903 à 1904, a trouvé des fragments du mobilier funéraire, des débris de poteries et quelques petits objets. Certains éléments sont aujourd’hui exposés au Metropolitan of Art de New York.

 


 

La stèle du songe

Ses épouses et enfants

 
   Thoutmôsis IV eut de trois à cinq épouses en fonction des spécialistes :
 
• Néfertari (Nfrt jrj), dont les origines sont inconnues, on pense qu’elle était sûrement une roturière. Elle fut représentée en plusieurs occasions auprès de la Reine mère Tiâa I, toutes deux sous les traits de Déesses accompagnant Thoutmôsis IV. On la voit aussi au côté de son époux, devant les Dieux, sur huit stèles à Guizèh. Elle est également montrée sur une stèle trouvée dans le temple de Louxor et elle est mentionnée sur un scarabée trouvé à Gourob. En l’an 7 du règne Thoutmôsis IV apparaît une nouvelle épouse, Iaret (ou Varet ou Jaret). Néfertari est peut-être alors déjà décédée, à moins qu’elle ne passa en second plan ?. On ignore si elle donna des enfants à Thoutmôsis IV.
 
Iaret (ou Varet ou Ouadjet ou Jaret – JArt), sa sœur. Elle porte les titres de : Grande Épouse Royale (HmT-nswt wrT), Fille du Roi (sAT-nswt) et Sœur du Roi (snt-nswt). Elle épouse Thoutmôsis IV vers l’an 7 de son règne. Selon Betsy Morrell Bryan, elle est représentée sur une stèle, datant de cette année, à Konosso, ainsi que dans le temple d’Amada en Nubie. Sur la stèle, elle apparait derrière Thoutmosis IV frappant l’ennemi. Iaret est vêtue d’une robe simple. Elle ne semble pas porter la dépouille de vautour, mais une "couronne" garnie de double plumes. Elle est représentée tenant ce qui ressemble à une massue dans sa main droite. On ne sait pas quand Iaret mourut, ni où elle fut enterrée. Quelques égyptologues avancent que Saatoum (ou Siatum ou Sitamon), généralement attestée comme un fils de la Reine Moutemouia, pourrait être le sien. D’autres (peu nombreux) avancent que Sitamon (ou Satamon ou Satamun), généralement donnée comme une fille d’Amenhotep III et de la Reine Tiyi I (ou Tiy ou Tiye ou Teje), pourrait également être la sienne, mais aucune preuve n’a été trouvée pour soutenir ces points de vue.
 


 

Barque de Moutemouia qui supportait
sa statue assise – British Museum

Moutemouia (ou Mutemwiya ou Mutemoueya ou Moutemouiya – Mwt-m-wjA) qui d’après quelques égyptologues, dont Claire Lalouette, serait une Princesse du Mitanni, fille de l’Empereur Artatâma I (v.1410-v.1400) et d’une concubine. Cependant, du fait qu’à aujourd’hui aucun début de preuve ne vient étayer cette théorie, elle est pour l’instant écartée et les spécialistes la situent plus de lignée royale et originaire de la ville d’Akhmîm. Il est supposé un lien de parenté avec le notable Youya, dont la famille jouera un rôle politique prépondérant sous les règnes suivants. Ce qui lui ferait également un lien de parenté avec la Reine Tiyi I, épouse de son fils Amenhotep III.
 
   Elle aurait pris le nom de Moutemouia, "Mout est dans la barque solaire", à son mariage, que l’on situe après l’an 7, après la disparition de la Reine Néfertari. Une statue, qui la montre dans une barque fut trouvée à Karnak et est maintenant au British Museum, à l’origine elle devait se trouver probablement dans son temple funéraire. Il faut souligner que Moutemouia n’est mentionnée dans aucun document du règne de Thoutmôsis IV. Avec sa fille Tiâa (ou Tiya), elle est également montrée sur les colosses de Memnon érigés par Amenhotep III. Elle donne six ou sept enfants à Thoutmôsis IV :
 
  Cinq ou six fils :

Amenemhat qui est représenté dans la tombe TT64, à Sheikh Abd el-Gourna, qui fut celle de sa nourrice Hekerneheh (ou Heqaerneheh). Selon Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton, il mourut jeune et fut enterré dans le tombeau de son père, KV43, dans la vallée des Rois, avec une de ses sœurs (ou demi-sœurs), Tanoutamon (ou Tente-Amon), où on retrouva sa momie et ses vases canopes.
Amenhotep III qui succède à son père à l’âge de dix/douze ans, Moutemouia assurant peut-être la régence.
Âakhéperourê.
Ahmose.
Maiherpéra (ou Maïherpra).
Saatoum (ou Siatum), dont certains spécialistes affirment qu’il est le fils de Iaret (ou Varet). Son existence est connue d’une inscription trouvée sur la momie de sa fille Nebetâh (ou Nebetia). C’est peut-être lui qui est représenté sur les genoux du Trésorier Mérirê (ou Meryre) dans sa tombe de Saqqarah.

 
  Une fille :

Tiâa (ou Tiya ou Tyâa – TjAA). Des vases canopes, qui probablement lui appartiennent, ont été trouvés dans la vallée des Reines. Elle mourut sous le règne de son frère Amenhotep III. Sa sépulture d’origine n’est pas connue. Sa momie fut inhumée de nouveau au cours de la XXIe dynastie dans la nécropole de Sheikh Abd el-Gourna, avec les momies de plusieurs autres Princesses royales : Aménémopet (ou Imenemipet ou Amenemipet) et Phyihia (ou Petepihou), qui sont probablement ses demi-sœurs, ses nièces Nebetâh (ou Nebetia) et Henouttaneb (ou Henutiunu) et des Princesses aux noms de : Tataou, Méritptah, Sithori et Ouiay. Sa momie portait une identification avec le titre de "Fille du Roi Menkhéperourê (Thoutmôsis IV)". Le tombeau a été découvert en 1857. Elle est surtout connue par des "étiquettes funéraires" découvertes par Alexander Henry Rhind dans la nécropole Thébaine. Son nom est également attesté dans le Fayoum où sa nourrice, une dénommée Dame Meryt, épouse de Sobekhotep, le Gouverneur de la région, exerçait une importante fonction au sein du harem.

 
• Certains spécialistes lui attribuent aussi comme épouse, une Princesse Mitannienne, fille de l’Empereur Artatâma I (v.1410-v.1400). Il y a peut-être là confusion avec Moutemouia si Claire Lalouette a raison.
 
• On a aussi connaissance d’une dénommée, Tenettepihou, originaire d’Atfieh, qui n’est connue que par une statue funéraire et un oushebti datant du règne de Thoutmosis IV et conservés au musée de la Vieille Charité à Marseille. Elle se vante d’avoir été aimée du Roi alors qu’il n’était qu’Inepou, c’est à dire jeune adulte pas encore couronné. Christian Leblanc pense qu’elle ne fut jamais Reine et que ces titres lui furent attribués à posteriori. Elle portait les titres de : Grande Épouse Royale (HmT-nswt wrT) , Princesse héréditaire (iryt-pat), Grande de Louanges (wrt-hzwt) , Douceur d’amour (bnrt-mrwt) , Épouse du Roi sa bien-aimée (hmt-nswt-meryt.f) , Douceur d’amour (bnrt-mrwt).
 
   Thoutmôsis IV eut également trois autres filles dont on ignore qui sont la ou les mères :

Phyihia (ou Petepihou ou Petepihu). Sa momie fut retrouvée avec celle de sa sœur (ou demi-sœur) Tiâa, découverte en 1857.
Tanoutamon (ou Tente-Amon ou Tentamon) qui est enterrée avec son frère (ou demi-frère), Amenemhat, dans la tombe de leur père (KV43) dans la vallée des Rois. Un fragment d’un vase canope à son nom a été trouvé dans la tombe et est aujourd’hui au musée Égyptien du Caire.
Aménémopet (ou Imenemipet ou Amenemipet) qui est mentionnée dans le tombeau TT78 de Sheikh Abd el-Gourna de de son tuteur Horemheb (TT78) (nom identique au Pharaon plus tard), qui servi sous le règne d’Amenhotep II, Thoutmôsis IV et Amenhotep III, de sorte que la Princesse aurait pu être la fille de l’un de ces trois Rois, mais Thoutmôsis IV est le plus probable. Sa momie a été retrouvée avec celle de sa sœur (ou demi-sœur) Tiâa, découverte en 1857.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur le Roi voir les ouvrages de :
 
Charles Frederick Aling :
A prosopographical study of the reigns of Thutmosis IV and Amenhotep III, University of Minnesota, 1976 et 1999.
The sphinx stela of Thutmose IV and the date of Exodus, Evangelical Theological Society, Wheaton, 1979.
Betsy Morrell Bryan :
Portrait Sculpture of Thutmose IV, pp : 3-20, JARCE 24, New York, 1987.
The reign of Thutmose IV, University Microfilms, Ann Arbor : 1984 – Johns Hopkins University Press, Baltimore, 1991.
Peter A.Clayton :
Chronicle of the Pharaohs : The reign-by-reign record of the rulers and dynasties of ancient Egypt, Thames and Hudson, New York, 1994, 1996, Novembre 2006 et janvier 2007 – American University in Cairo Press, Le Caire, 2006 – En Français, Avec Florence Maruéjol, Chronique des pharaons : L’histoire règne par règne des souverains et des dynasties de l’Égypte ancienne, Casterman, Paris, 1994 et 1995.
Georges Daressy :
Notes sur la momie de Thoutmôsis IV ; Ouverture des momies provenant de la seconde trouvaille de Deir el-Bahari, IFAO Le Caire, 1904.
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et Février 2010.
Etienne Drioton et Jacques Vandier :
L’Égypte, des origines à la conquête d’Alexandre, PUF, Paris, 1938 et …. 7e édition (posthume) Septembre 1989.
Dennis C.Forbes :
Imperial lives : Illustrated biographies of significant new kingdom Egyptians. v. 1. The late 17th dynasty through Thutmose IV, Calif. : KMT Communications, Sebastopol, 2005.
Raphael Giveon :
Thutmosis IV and Asia, JNES 28, n°1, Oriental Institute Press,  Chicago, Janvier 1969.
William Christopher Hayes :
Egypt : Internal affairs from Tuthmosis I to the death of Amenophis III Cambridge Ancient History, Revised edition, vol. 2, Cambridge University Press, 1962 et Janvier 1973.
Barry J.Kemp :
Ancient Egypt, anatomy of a civilization, Routledge, London, 1989, 1991, 2005 et 2006 – En Polonais, Starożytny Egipt : anatomia cywilizacji, Państwowy Instytut Wydawniczy, cop. Warszawa, 2009.
Claire Lalouette :
Pharaons, Thèbes ou la naissance d’un empire, Fayard, Paris, 1986.
Abraham Malamat :
Campaigns of Amenhotep II and Thutmose IV to Canaan, Jérusalem, 1961.
William L.Moran, Dominique Collon et Henri Cazelles :
The Amarna letters, Johns Hopkins University Press, Baltimore, 1987.
Les lettres d’El-Amarna : Correspondance diplomatique du pharaon, Littératures anciennes du Proche-Orient 13, Editions du Cerf, Paris, Janvier 1987.
Elio Moschetti et Mario Tosi :
Thutmosi IV : Un sogno all’ombra della Sfinge, Ananke impr., Torino, 2004.
Wilhelm Max Müller :
Die palästinaliste Thutmosis IV, Mitteilungen der Vorderasiatischen Gesellschaft, 1907.
Carl Nicholas Reeves :
The tomb of Tuthmosis IV : Two questionable attributions, pp : 49-56, GM 44, Göttingen, 1981.
Ian Shaw et Paul T.Nicholson :
The Dictionary of Ancient Egypt, The British Museum Press, Harry N. Abrams, Inc. 1995.
Grafton Elliot Smith, Percy Edward Newberry, Howard Carter et Gaston Maspero :
The tomb of Thoutmôsis IV, TMD’E, Bibân el Molûk 1, Archibald Constable & Co., Ltd, Westminster, 1904 – Gerald Duckworth & Co Ltd, Collection : Duckworth Egyptology Series (posthume) Février 2002.

 

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