Lion de Léontopolis |
Léontopolis (En
Grec :
Λεόντων
πόλις ou Leonto : Leonto ou Λεοντώ,
en Egyptien : Taramw Taremou, en
Latin : Léontos Oppidum)
fut une ville de Basse-Égypte du Sud du Delta, qui est connue aujourd’hui sous le nom de Tell al Muqdam.
De son nom Égyptien Taremou "La terre des poissons", elle devint pour les
Grecs
Léontopolis "La ville des lions", parce que des fauves sacrés y
étaient élevés et vivaient à proximité de leur temple. Ils incarnaient la Déesse
Sekhmet et le
Dieu Mahes (ou Maahes), le lion Prince, fils de
Bastet. Léontopolis/Taremou ne
doit pas être confondue avec l’autre Léontopolis nommée par les
Grecs,
qui est aujourd’hui identifiée au site de
Tell el-Yahoudieh (ou Tell el-Yahûdîya) et qui se trouve dans le
nome
Héliopolite (Voir ci-dessous).
L’endroit du site de Léontopolis à longtemps fait controverse entre les spécialistes.
Les avis étaient très partagés sur l’attribution de telles ou telles ruines à la cité. Selon Jean-Baptiste Bourguignon d’Anville
(Géographe et cartographe Français, 1697-1782), la ville était à identifier avec Tel-Essabè (ou Tel es-sab).
Edme-François Jomard (Ingénieur-géographe
et archéologue Français, 1777-1862) soutenait lui qu’il fallait rattacher le site à certains tumuli près du village
d’El-Mengaleh dans le Delta.
Cette supposition convenant mieux avec les descriptions de la situation de la ville par Xénophon
d’Éphèse (ou Xénophon le Jeune, romancier
Grec, IIe-IIIe siècle ap.J.C).
Sir William Smith (Lexicographe Anglais, 1813–1893) quand à lui indiquait la ville à une latitude de 30° 6′ Nord, ce qui est
considérablement plus au Sud que la réalité du site. La plupart des chercheurs s’accordent aujourd’hui à dire que Léontopolis
est située à Tell al Muqdam, à une latitude de 30° 45′ Nord.
L’histoire…
Léontopolis fut située dans la partie centrale de la région du Delta du Nil.
Elle fut la capitale du 11e nome de Basse-Égypte,
le nome "Du Taureau recensé" et lui donna
son nom de Léontopolite. Strabon (Géographe
Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C)
fut le premier écrivain qui mentionna la cité. Celle-ci ne prit vraiment de l’importance que vers la fin du IXe siècle av.J.C.
À cette époque l’Égypte et Léontopolis sont sous l’autorité de la
XXIIe dynastie (945-715) Libyenne. Cependant l’accroissement de l’anarchie, la rivalité dynastique et les compétitions
entre différentes lignées de Rois pour le trône vont affaiblir la dynastie et amener à la guerre civile. Les
grandes villes du Delta vont profiter de ce cahot pour se rendre indépendantes et passer aux mains de grands chefs autonomes.
En 818, sous le règne du Roi
Sheshonq III (ou Chechanq III, 825-773),
un de ceux-ci, un Prince
Bubaste de la famille royale, Pétoubastis
I (ou Padibastet I, 818-793), fonda une dynastie rivale,
la XXIIIe dynastie, depuis
Léontopolis, où il se fit couronner Roi et prit le contrôle du Delta. Léontopolis
devint donc un royaume indépendant des souverains de
Tanis, mais l’hypothèse que toute la Dynastie fut Léontopolite est toujours discutable.
La chronologie traditionnelle veut que Pétoubastis I fut
le premier Roi de cette dynastie, mais certains égyptologues, dont
David Al Aston suggèrent une hypothèse
différente pour la liste des souverains. À leur avis, le fondateur de cette dynastie fut
Takélot II (850-825,
XXIIe dynastie),
qui précéda Pétoubastis I, puis
succède à ce dernier Ioupout I (804-803),
puis Osorkon III
(793-787) (Ils ne comptent pas Sheshonq IV comme Roi), puis
Takélot III (759-757) et
Roudamon
(757-754) qui serait le dernier Roi de la cité.
Ils ne comptent pas non plus
Ioupout II (754-715), fils de Roudamon qui exerça un pouvoir limité à
Léontopolis et à Thèbes et
Payeftjaouembastet (754-720) sur le trône
d’Héracléopolis qui
épousa Irbastnoubnefou, fille de Roudamon.
Ce qui est sûr c’est que la XXIIIe dynastie de
Léontopolis coexista, à son début, avec la
XXIIe dynastie, mais elle représente une tranche de l’histoire Égyptienne qui est assez mal connue.
À partir du règne d’Osorkon
III la fonction de Divines Adoratrices
d’Amon devint de plus en plus importante et les filles ou les sœurs du Roi eurent un pouvoir à
Thèbes égal à
celui du Pharaon.
En 747, trois nouveaux royaumes qui existaient déjà, en plus de celui de
Tanis et Léontopolis, prennent leur indépendance en Égypte.
Le premier depuis la ville d’Héracléopolis,
dirigé par
Payeftjaouembastet (754-720) qui adopta la
titulature royale. Le deuxième à
Hermopolis Magma, dirigé par
Nimlot III (747-725) et le troisième à
Lycopolis, dirigé par
Padimenti I (747-715).
L’Égypte ne compta alors pas moins de cinq Rois qui furent à peine reconnus par les Grands Chefs de la province du Nord.
Ioupout II de Léontopolis s’allia
avec le Roi de Tanis,
Osorkon IV (730-715,
XXIIe dynastie), puis au Roi de
Saïs,
Tefnakht I (727-716, XXIVe dynastie) pour tenter de contrecarrer
la monté en puissance du Roi de Napata,
Piânkhy (ou Piye, 747-716, XXVe dynastie) qui conduisait
l’invasion Éthiopienne du pays et souhaitait bien profiter du cahot qui s’y était installé.
Ce dernier fut le fils de
Kachta (760-747). Il partit avec son armée de sa capitale Napata et plaça rapidement sous son
contrôle la région de Thèbes.
Il y nomma sa sœur
Aménardis I comme Divine
Adoratrice d’Amon (v.740-720) afin de mieux contrôler le clergé. Il fut couronné à
Thèbes et devint "l’Horus qui
a unifié les Deux Terres".
Ioupout II
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En 720, il refoula dans le Delta la coalition Égyptienne menée par le Roi de
Saïs,
Tefnakht I qui tentait de réunifier le pays à son profit. Cette grande coalition comprenait :
Ioupout II de Léontopolis,
Osorkon IV de
Tanis et
Nimlot III
d’Hermopolis Magma.
Piânkhy tint le siège, puis
conquit le grand centre religieux de
Memphis, ce qui fit passer les "Roitelets" du Delta, dont Léontopolis, sous son autorité.
L’histoire de la conquête de
Piânkhy est révélée sur une stèle de la
victoire au Gebel Barkal. Il mourut en 716, sans vraiment avoir "maté" complètement l’Égypte,
ce que son successeur et demi-frère
Chabaka
(716-707/706) se chargera de faire. Léontopolis perdit ensuite de son importance et suivit l’histoire du pays sans
vraiment laisser de traces. (Pour plus de précisions sur les Rois voir :
La XXIIIe dynastie).
Tell el-Yahoudieh
ou Léontopolis |
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Tell el-Yahoudieh (ou Yahoudiyeh ou Tell el-Yahûdîya ou Tell el-Yahudiya ou
Tell el Yehudiye “Colline des Juifs“, en Grec :
Λεόντων πόλις, Léontopolis) est une localité du Sud de la
Basse-Égypte dans le Delta. Elle se nommait Nai-ta-hout (ou Ney-ta-hutte)
dans l’Antiquité et était rattachée au nome
Héliopolite. Le site fut fouillé la première fois en 1886-1887
par une équipe dirigée par
Henri Edouard Naville pour le compte de l’Egyptian Exploration Fund, puis en 1905-1906 par
William Matthew Flinders Petrie.
Dans les années 1950, ce fut Shehata Adam qui fouilla le site.
Il livra de nombreux vestiges qui couvrent une période d’occupation allant du
Moyen Empire (2022-1650) à l’époque Romaine.
Les archéologues ont mis au jour notamment un grand nombre de céramiques retrouvées par ailleurs que dans des sites du
Moyen-Orient. Ce fut William Matthew
Flinders Petrie qui, en 1906, fut le premier à l’identifier. Aujourd’hui en céramologie le terme type
Yahoudieh
qualifie l’ensemble de la production que l’on retrouve de la Nubie jusqu’en Syrie.
Les chercheurs ont également mis au jour les vestige de plusieurs bâtiments et d’une imposante enceinte
carrée de 515 m. x 490 m., identifiée comme étant une forteresse en raison de l’épaisseur des murs et de son
architecture remontant à la fin du
Moyen Empire. Elle avait été dans un premier temps
identifiée à une forteresse
Hyksôs en raison de son analogie avec d’autres structures
de Syrie et de Palestine et du nombre élevé de céramiques étrangères trouvées sur le site. Cette hypothèse est aujourd’hui
abandonnée. De plus on a découvert que par la suite à l’intérieur de l’enceinte un temple datant du
Nouvel Empire (1949-1080) y fut construit
dans lequel, dans la partie Nord-est, de grands colosses de
Ramsès II (1279-1213) s’élevaient.
Le Pharaon Mérenptah (1213-1203)
laissa un monument orné de colonnes papyriformes probablement à la suite de sa victoire sur les Libyens.
À l’Ouest du mur se trouvait un palais, ou un temple, édifié par
Ramsès III (1184-1153), sur les ruines duquel
des milliers de faïence furent mises au jour. Le Pharaon fit ériger également une porte monumentale. Elle permettait d’accéder
à un espace dans lequel furent retrouvés les vestiges d’un édifice qui fut probablement un temple .
Ce secteur fut mis au jour jour au début des années 1950 et les fouilles se
poursuivirent jusque dans les années 1980.
Tell el-Yahoudieh/Léontopolis fut aussi l’endroit où sous
le règne de Ptolémée VI Philométor
(176-170 et 163-145 av.J.C), un temple, sur le modèle de celui de
Jérusalem,
fut construit par le Grand Prêtre Juif Onias IV, fils du Grand Prêtre Juif Onias III. Une colonie
Hébraïque attirée par la création de leur culte à Léontopolis s’installa dans la ville. Elle devint importante
grâce à l’arrivé de réfugiés qui fuyaient l’oppression des Rois
Séleucides en
Palestine. Elle y
prospéra pendant plus de trois siècles.
Après la grande révolte des Juifs de 66 à 70 ap.J.C,
le temple de Léontopolis fut fermé en réaction contre le Judaïsme. Selon
Flavius Josèphe (ou Titus
Flavius Josephus ou Josèphe ben Mattathias, historien Juif, 37-v.100), le temple de Léontopolis exista pendant
343 ans (La guerre des Juifs contre les Romains, Livre VII. 10, § 4), l’opinion générale est que ce
chiffre devrait être ramené à 243.
Flavius Josèphe raconte que l’Empereur Romain Vespasien (69-79) craignait que par le biais de ce temple l’Égypte
puisse devenir un nouveau centre pour les juifs de rébellion et, par conséquent, il ordonna au gouverneur du pays,
Lupus de le démolir. Lupus mourut avant d’avoir réalisé l’ordre. Le pillage et la destruction du temple et la
suppression de toutes traces de culte divin sur le site, furent achevés par son successeur, Paulin qui data son
action durant la période mars à août 73 ap.J.C. Il est toutefois à noter qu’à ce jour les spécialistes n’ont toujours
pas retrouvé sur le site de trace du temple.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la cité et ses monuments voir les ouvrages de :
David Al Aston,
Manfred Bietak et Aren M.Maeir :
– The classification and chronology of Tell el-Yahudiya ware, Österreichische Akademie der Wissenschaften, Wien, 2012.
Manfred Bietak :
– Tell el-Yahudiya, Kathryn A. Bard (Hg.): Encyclopedia of the Archaeology of Ancient Egypt, London/New York, 1999.
Friedrich Wilhelm Bissing :
– Gefäbmodell aus Leontopolis, Akademieverlag, berlin, 1933.
Henri Peter Blok :
– Het huis der leeuwen in Leontopolis,
Vereenging tot Bevordering der Kennis van der Antieke Beschaving, Leyden, 2001.
Livia Capponi :
– Il tempio di Leontopoli in Egitto : identità
politica e religiosa dei giudei di Onia, c. 150 a.C.-73 d.C, Pubblicazioni
della Facoltà di lettere e filosofia dell’Università di Pavia 118, ETS, Pise, 2007.
John Ducey Cooney :
– The Lions of Leontopolis, Brooklyn Museum Bulletin 15, N° 2, Brooklyn Museum, New York, 1954.
Georges Daressy :
– Léontopolis métropole du XIXe nome de la Basse-Égypte, pp : 625-649,
BIFAO 30, Le Caire, 1931.
Henri Edouard Naville :
– The mound of the Jew and the city of Onias, Kegan Paul, Trench, Trübner, London, 1890.
Paul Perdrizet :
– Antiquités de Léontopolis, Ernest Leroux, Paris, 1922.
Alain-Pierre Zivie :
– Tell el-Yahoudieh : Il y a deux mille ans, un temple juif au cœur de l’Egypte
L’Association pour la Sauvegarde du Patrimoine Culturel des Juifs d’Egypte, Paris,
Janvier 1981.
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