Présentation
La Bataille de Ladé (ou Naumachia de Lades, en
Grec :
Ναυμαχία της Λάδης, en Persan :
جنگ لاده) fut une bataille navale qui eut lieu lors de la
révolte Ionienne au cours de l’été 494 av.J.C.
Elle se déroula près de l’île de Ladé, au large des côtes de
Milet, entre une alliance de cités
Ioniennes, rejointes par
Lesbos et l’Empire
Perse de
Darius I le Grand (522-486).
Elle aboutit à une victoire décisive des Perses qui
de ce fait mirent fin à la révolte. La révolte Ionienne
fut déclenchée par le mécontentement des cités Grecques
d’Asie Mineure contre les Tyrans nommés à leur tête
pour les gouverner par la Perse.
L’origine du soulèvement
Ionien date de l’époque du Tyran de
Milet,
Aristagoras (En
Grec :
Αρισταγόρας ο Μιλήσιος
Aristagoras de Milêtos) dans une tentative de renforcer sa position dans sa ville, après son attaque ratée sur
Naxos. (Voir : Contexte ci-dessus).
Par crainte de représailles de la part des Perses il souleva toute
l’Ionie contre leur maître
Darius I. En 498, les
Ioniens passèrent à l’offensive, soutenue par des troupes
d’Athènes et
d’Érétrie, prenant la capitale de
Lydie,
Sardes, avant de subir une grande défaite
à la bataille d’Éphèse. La révolte s’étendit ensuite à la
Carie et à
Chypre.
Trois ans de campagne Perse à travers
l’Anatolie suivirent, avec aucun effet décisif.
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En 494, l’armée Perse
et sa marine se regroupèrent, pour attaquer l’épicentre de la rébellion à Milet.
Les Ioniens cherchèrent à défendre
Milet par la mer.
Leur flotte se réunit au large de l’île de Ladé, près des côtes de Milet.
Les Samiens alliés des
Ioniens changèrent de camps et rejoignirent les
Perses,
provoquant l’effondrement de la ligne de bataille Ionienne
et la bataille fut perdue. Avec la défaite de Ladé, la
révolte Ionienne fut définitivement éradiquée.
L’année suivante, les Perses réduisirent les derniers bastions rebelles.
La révolte Ionienne constitue le premier conflit majeur entre la
Grèce et de la
Perse, et en tant que telle constitue la première phase des
Guerres Médiques
(499-479). Pratiquement la seule source sur la bataille de Ladé nous est
parvenue de l’historien Hérodote (Historien
Grec, 484-v.425).
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Le contexte
Le contexte découle de celui pour le siège de
Naxos ci-dessus.
L’expédition partit au printemps de 499, à rapidement tournée à la débâcle et les
Naxiens ont résistés aux attaques et au siège.
L’instigateur de cette campagne, le Tyran de Milet,
Aristagoras (En
Grec :
Αρισταγόρας ο Μιλήσιος
Aristagoras de Milêtos) se trouva alors dans une situation très
délicate et désespérée vis à vis des Perses.
Dans une tentative pour s’en sortir, il choisit d’inciter ses propres sujets, les
Milésiens, à se révolter contre leur maître le Roi
Perse
Darius I le Grand (522-486),
commençant ainsi la révolte Ionienne.
Bien qu’Hérodote (Historien
Grec, 484-v.425) présente la révolte comme une conséquence des motifs
personnels d’Aristagoras, il est clair que
l’Ionie devait être mûre pour la rébellion
de toute façon, le grief principal étant les Tyrans installés par les Perses.
Après avoir embarqué toute l’Asie Mineure
hellénique dans la révolte, Aristagoras se rendit compte que les
Grecs auraient besoin d’autres alliés afin
de lutter contre les Perses.
Durant l’hiver de 499, il navigua en Grèce continentale
pour essayer de recruter ces alliés. Il ne réussit malheureusement à persuader
qu’Athènes et
Érétrie
à accepter de soutenir la rébellion.
Au printemps de 498, une force Athénienne de 20 trirèmes, accompagnées
par 5 d’Érétrie faisait voile pour
l’Ionie.
Elle fut rejointe par les forces principales Ioniennes près
d’Éphèse. Le conflit que l’on appellera
“la révolte Ionienne” (499-493) avait bien commencé.
Cette force, guidée par les Éphésiens à travers les montagnes,
atteignit Sardes, la capitale
Satrapique de
Lydie d’Artapherne
(ou Artaphernès ou Artaphernês, neveu de Darius I).
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Les Grecs prirent les
Perses à l’improviste et furent capables de
s’emparer de la ville basse. Cependant celle-ci prit feu, alors, démoralisés, ils se retirèrent de la cité et commencèrent la route pour rentrer à
Éphèse.
Comme le précise Tom Holland, les troupes Perses
les suivirent et les rattrapèrent juste avant Éphèse.
Ils furent complètement mis en déroute dans la bataille qui suivit aux abords de la ville. Les
Ioniens qui échappèrent à la bataille regagnèrent leurs propres villes,
tandis que les Athéniens restants et
Érétriens réussirent à retourner à
leurs navires et a naviguer vers la Grèce.
Malgré ces revers, la révolte se propagea davantage. Les
Ioniens
envoyèrent des hommes vers l’Hellespont et la Propontide et prirent Byzance et des villes voisines.
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Ils réussirent également à convaincre les
Cariens et
Chypre de les rejoindre dans la rébellion.
Pendant les trois années qui suivirent, l’armée Perse et
sa marine furent entièrement occupées par la lutte contre les rébellions en
Carie et à
Chypre,
et l’Ionie semble avoir eu une paix fragile au cours de ces années.
Aristagoras,
sentant l’inconsistance de sa position en cas de contre-attaque Perse,
décida d’abandonner sa position de “leader” de Milet et de la révolte et
il quitta la ville. Hérodote (Historien
Grec, 484-v.425), qui a une vision plutôt négative de lui,
suggère qu’Aristagoras tout simplement perdit son
sang-froid et fuit.
En 494, les forces Perses se regroupèrent
et toutes les troupes terrestres disponibles furent rassemblées en une seule armée, accompagnée par une flotte fournie par
: Les
Chypriotes, qui avaient changé de camps, les
Égyptiens, les
Ciliciens et les
Phéniciens. Cette immense armée se dirigea directement sur
Milet, le siège de la contestation,
en accordant peu d’attention aux autres places fortes, dans l’idée sans doute de tuer la révolte en son épicentre. Dans le même temps, le Général
Mède Datis (En
Grec : Δᾶτις),
un expert des affaires Grecques, fut dépêché en
Ionie par
Darius I.
Il est possible qu’il fût aux commandes globales de cette offensive
Perse. Lorsqu’ils eurent connaissance de cette armada qui fondait sur eux, les
Ioniens réuni au Panionium
(ou Paniônion, sanctuaire central et point de rassemblement de la Confédération Ionienne), décidèrent de ne pas se battre sur terre, en laissant
Milet se défendre seule avec ses
murailles. Au lieu de cela, ils rassemblèrent tous les navires qu’ils pouvaient, proche de l’île de Ladé, au large des côtes de
Milet, afin de se battre en mer.
Le déroulement
Même si les chiffres fournis par
Hérodote (Historien Grec, 484-v.425)
sont à prendre avec précaution, ils rendent compte du rapport de force. Les
Perses voulaient en finir avec
Milet et concentrèrent tous leurs effectifs. Les
Grecs, de leur côté, jetèrent toutes leurs dernières
réserves dans une bataille qu’ils savaient décisive.
Hérodote donne ces chiffres assez précis sur les forces en présences.
Les villes Ioniennes furent rejointes dans cette bataille par les
Eoliens de
Lesbos.
L’auteur énumère le nombre de navires fournit par chaque État :
Chios 100 navires ;
Milet 80 ;
Lesbos 70 ;
Samos 60 ;
Téos 17 ;
Priène 12 ;
Erythrée 8 ;
Myonte 3;
Phocée 3, soit un total de 353 trières.
Il donne l’ordre de la ligne de bataille
Ionienne comme étant, d’Est en Ouest :
Milet –
Priène –
Myonte –
Téos –
Chios –
Erythrée –
Phocée –
Lesbos –
Samos.
En face, toujours selon l’auteur, la flotte
Perse commandée par le Général Mède Datis (En
Grec :
Δᾶτις) était composée de 600 navires : Des
Perses, fournit par les
Phéniciens (Surtout par les cités de
Tyr et
Sidon), des
Égyptiens, des
Ciliciens et des
Chypriotes, dont la propre révolte avait été récemment soumise.
Hérodote ne nomme pas d’autres commandants
Perses dans cette campagne.
Lorsque les Perses arrivèrent au large de la côte de Ladé
et apprirent le nombre de navires Ioniens,
ils commencèrent à s’inquiéter et pensèrent qu’ils ne seraient peut-être pas en mesure de vaincre les
Grecs, et craignaient la colère du Roi
Perse
Darius I le Grand (522-486) s’ils devaient échouer.
Les Tyrans Ioniens qui avaient été expulsés au début de la révolte
étaient présents, et selon Hérodote, ils reçurent des instructions
des Perses :
“Que chacun de vous montre maintenant qu’il rendra un bon service à la maison du Roi. Que chacun de vous essaye de séparer
ses propres compatriotes du reste de la puissance alliée….. Que chacun d’entre vous s’engage à ce qu’il ne leur soit fait aucun mal pour leur rébellion, et ni
leurs temples, ni leurs maisons ne seront brûlés, et ils ne seront en aucune façon traités plus violemment qu’auparavant. Mais s’ils n’en font pas parti et se sont
battus…. et qu’ils sont vaincus dans la bataille, ils seront réduits en esclavage. Nous ferons des eunuques de leurs garçons et leurs filles
seront menées captives à Bactres…”
Les Tyrans envoyèrent des messagers à leurs propres compatriotes, leur demandant de ne pas se battre, et d’abandonner la rébellion, mais les
Ioniens refusèrent les offres.
Chaque Tyran pensa que lui seul avait été approché et qu’il n’y avait pas eu de discussion de cette offre entre les différents contingents,
de ce fait la possibilité d’une trahison semblait irréalisable. Les
Ioniens toutefois tinrent des réunions pour discuter de la
conduite de la bataille. Denys (ou Denys le Phocéen ou Dionysos de Phocée, en
Grec : Διονύσιος
ο Φωκαεύς), le Général Phocéen, offrit de former et d’entraîner la force Grecque. Il commença ainsi un programme
d’entraînement intensif, menant la flotte tous les jours pour former les rameurs dans des manœuvres pour éperonner, et les marins au combat. Pendant sept jours,
les Ioniens
acceptèrent cette formation intense, mais étant usés à ce travail acharné, ils refusèrent d’un coup d’obéir et restèrent au repos dans le camp.
Selon Hérodote, en voyant le mécontentement dans le camp
Ionien et la division qui en résultait, les
Samiens décidèrent d’accepter l’offre de clémence des
Perses en échange de l’abandon du combat.
Il faut noter que certains historiens modernes rejettent la notion de dissidence dans le camp
Grec.
Ils avancent qu’Hérodote, dans son compte, aurait par cette histoire cherché
à excuser leur trahison. Juste après cette rébellion contre Denys, la flotte
Perse se déplaça pour attaquer les Ioniens,
qui naviguèrent à leur rencontre.
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La bataille qui suivit fut très confuse.
Hérodote admet qu’il ne serait dire si les Ioniens
furent des hommes courageux ou des lâches dans ce combat naval. Il est clair que très tôt dans la bataille, le contingent
Samien hissa les voiles, comme cela avait été convenu, et fuit le champ
de bataille. Cependant, 11 navires Samiens refusèrent
d’abandonner leurs alliés et restèrent dans la bataille. Plus tard ils érigeront une colonne dans leur île commémorant la bravoure et le
sacrifice de ces équipages.
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En voyant les Samiens quitter leurs voisins sur l’aile
Ouest, les navires de Lesbos prirent également la fuite.
De ce fait l’ensemble de la ligne de bataille Ionienne de l’aile
Ouest s’effondra rapidement. D’autres contingents
Ioniens également prirent la fuite et la situation devint désespérée.
Seule la grande marine de Chios tint bon,
peut-être accompagnée de quelques autres navires. Ils se battirent vaillamment, mais leurs pertes furent énormes et finalement les navires restants retournèrent à
Chios, mettant ainsi fin à la bataille.
Hérodote dit que les pertes de chaque côté furent de 246 navires pour l’alliance
Grecque et seulement 57 navires pour les
Perses.
Après la bataille
Avec la défaite de la flotte
Ionienne, ce fut la fin de la révolte.
Milet, la genèse de celle-ci, fut investie et étroitement surveillée par les
Perses. Ils utilisèrent tous les moyens en leur possession pour capturer les
deniers rebelles de la cité, qu’ils rasèrent. Selon Hérodote, la plupart des
hommes furent tués et les femmes et les enfants réduits à l’esclavage. Les preuves archéologiques justifient partiellement ces faits. Elles montrent des
signes généralisés de destruction et l’abandon d’une grande partie de la ville à la suite de Ladé. Cependant, il faut noter, que certains
Milésiens restèrent (ou retournèrent rapidement) à
Milet, bien que
la ville ne retrouva jamais son ancienne grandeur. Les Perses
prirent une partie des villes et des terres côtières qui appartenaient à
Milet pour eux-mêmes et donnèrent le reste du territoire aux
Cariens de Pédase (ou Pếdasos, en
Grec : Πήδασος, en Latin Pedasus, ville de Troade).
Les Milésiens captifs furent traduits devant le Roi
Perse
Darius I (522-486) à
Suse, qui les installa sur la côte du Golfe Persique, près de l’embouchure du Tigre.
Beaucoup d’habitants de Samos furent
consternés par les actions de leurs Généraux lors de la bataille de Ladé et ils accueillirent des
Milésiens qui avaient échappé aux
Perses.
Samos fut épargnée de la destruction par les
Perses en raison de la défection de certains
Samiens pendant la bataille.
Pendant ce temps, Denys de Phocée
s’allia à la Sicile et créa une flotte de pirates, s’enrichissant en pillant les navires Carthaginois. La plupart des cités de
Carie se rendirent aux
Perses au lendemain de Ladé, bien que certains bastions durent être
capturés par la force. La flotte Perse et son armée hiverna à
Milet, avant de partir en 493 pour enfin éteindre les dernières
braises de la révolte. Toute l’Asie Mineure
retourna fermement sous la domination Perse.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
Evelyn Abbott :
– A history of Greece. Part I. From the earliest times to the Ionian revolt, London, 1888.
Pierre Briant :
– Darius. Les Perses et l’Empire, Découvertes Gallimard, Paris, 1992.
– Histoire de l’Empire Perse : De Cyrus à Alexandre, Editions Fayard, Paris, 1996 – En Anglais, From Cyrus to
Alexander : A history of the Persian empire, Eisenbraun, Winona Lake, 2002.
Maria Brosius :
– The Persians : An introduction, Routledge, London, New York, 2006.
John V.A.Fine et Rogers D.Spotswood :
– The ancient Greeks : A critical history, Belknap Press of Harvard University Press, Cambridge, 1983.
–Alan M.Greaves :
– The land of Ionia : Society and economy in the archaic period, Wiley-Blackwell, Malden, Chichester, 2010.
Tom Holland :
– Persian fire : The first world empire and the battle for the west, Doubleday, New York, 2006.
Misty Denise Joyner et Anthony J.Papalas :
– The Ionian revolt, reconsidered, East Carolina University, Department of History, Greenville, 2010.
John Linton Myres :
– The battle of Lade 494 B.C, Oxford, 1954.
Jesse Russell :
– Battle of lade, Book On Demand Ltd, 2013.
Lionel Scott :
– Historical commentary on Herodotus, Book 6, E.J.Brill, Leiden, Boston, 2005.
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