Statue en bronze de Pépi I jeune, ou de Mérenrê I, mise au
jour à Hiérakonpolis |
Sa durée de règne
Pépi Ier est un Roi de la
VIe dynastie. Il est appelé par
Manéthon,
Phius ou Phios. Il lui compte 53 ans de règne (Africanus). La
Pierre de Saqqarah Sud, qui retrace les annales de la
VIe dynastie, est très
endommagée, mais elle lui donne un règne de 48/49 ans. Ce qui n’est pas confirmé
par le
Papyrus de Turin (4.3), qui a une lacune sur le nom, mais lui compte vingt ans.
L’égyptologue
Kim Steven Bardrum Ryholt lit 44 ans sur ce même document.
Comme pour tous les Rois de cette dynastie nous sommes donc loin d’un consensus
en ce qui concerne la durée de règne. Les appréciations vont de 20 ans pour certains spécialistes, comme
Hans Wolfgang Helck, jusqu’à 66 ans pour d’autres, comme
Ian Shaw. Les plus lointaines dates trouvées sont celles concernant les 21e et 25e enregistrements
du recensement national du bétail aux fins de la collecte des impôts. Normalement ces
recensements avaient lieu tous les deux ans, cependant à une certaine période
(que l’on ignore) ils furent fait tous les ans !. Donc la durée maximum du règne
de Téti I ne devrait pas dépasser 48/50 ans ?.
Ce dont nous sommes sur, c’est que le Roi bénéficia d’une
fête Sed
(ou Heb-Sed) comme le
confirme une inscription à l’Ouâdi
Hammamât, fête qui normalement avait lieu lors de la trentième année de règne.
Son origine
En ce
qui concerne son origine, il y a pratiquement l’unanimité entre les spécialistes
pour dire qu’il est le fils de Téti I et
de la Reine Ipout I. Ce qui est par contre moins clair, c’est son
accession au trône. En effet, à la mort de son père, qui fut selon
Manéthon assassiné par ses gardes
du corps, ce n’est pas lui qui prend le pouvoir, mais un usurpateur (Bien que là aussi il n’y ait
pas de preuve formelle qu’il en fut un) au nom
d’Ouserkarê.
Certains spécialistes, dont
Peter Jánosi,
donnent Téti I et la Reine
Khouit II
comme parents d’Ouserkarê.
Pépi I aurait donc pu être un demi-frère cadet de ce dernier. Le fait que le
nom d’Ouserkarê
apparaisse entre le règne de Téti I et celui
de Pépi I peut indiquer qu’il y eut peut-être une corégence pendant la minorité de ce Roi.
La théorie faisant d’Ouserkarê un obscur usurpateur
qui écarte Pépi I à la mort de son père est soutenue entre autres par
Hans Wolfgang HelcK et elle est retenue par une grande partie des historiens.
Nicolas Grimal en présente une autre,
Ouserkarê aurait partagé le trône, en tant que
Régent au nom du jeune Pépi I, avec la veuve de
Téti I, la Reine Ipout I.
Son règne
Pendant son règne,
Pépi I change son nom de Roi de : Néfersahor en Meryrê. Il
semble bien qu’il soit à l’origine de la colonisation de la Nubie.
Cinq campagnes contre des insurgés Bédouins son identifiées.
En confiant à Kar, Nomarque d’Edfou,
le titre de "Préposé à l’ouverture de la porte
d’Éléphantine",
il recevait ainsi toutes les nouvelles des pays Nubiens et
pouvait, de ce fait, mener une politique d’expansion vers le Sud. Les échanges
entre la Nubie et l’Égypte vont donc s’intensifier et les Princes
d’Assouan vont devenir
de véritables ambassadeurs. Pépi Ier mène une sixième campagne avec son chef des armées Ouni
(ou Weni), avec des expéditions à
Byblos, au Sinaï et en pays de
Canaan, afin de s’assurer l’exploitation des carrières et des mines.
La quarantaine d’années de règne de Pépi I va connaître
plusieurs soulèvements, il devra réprimer une conjuration dans le harem.
Mais le plus important, il va poursuivre le développement des provinces
(Nomes)
en leur conférant une plus grande autonomie. Les hautes charges de l’État,
notamment celle de Nomarque (Chef de
Nome) deviennent héréditaires et ces
hauts fonctionnaires vont faire alliance dans des petites provinces et s’opposer au pouvoir du Roi.
Ils vont même le pousser à accorder à certaines grandes institutions religieuses du pays des privilèges,
les exemptant par exemple de verser l’impôt. Pépi I va assister impuissant à
la montée du courant indépendantiste, qui va marquer le déclin de la
VIe dynastie.
Sa sépulture, ses constructions
Chambre funéraire de Pépi I
|
Pépi I est le premier Roi de la VIe
dynastie qui établi son
complexe funéraire à
Saqqarah Sud. Ses deux prédécesseurs immédiats,
Ounas (2356-2323) et
Téti I (2321-2291), avaient choisi la proximité du
complexe pyramidal de
Djoser (2628-2609), à
Saqqarah Nord, pour leur dernier endroit de repos.
Pépi I va préférer le haut désert au Nord-ouest de la
pyramide de
Djedkarê
Isési (2389-2357), de la
Ve dynastie.
Sa pyramide est
le monument royal le plus au Nord de
Saqqarah Sud.
Le nom de ce complexe, mn-nfr-ppi,
"Mennefer-Pepi" "Le beau monument de Pépi" plus tard sera employé pour la ville qui
s’y étend à l’Est, construite autour du
temple de Ptah et
qui est connu sous le nom
Grec de
Memphis.
Le
complexe funéraire de
Pépi I se compose de tous éléments devenus maintenant standards au cours la
VIe dynastie : Une
pyramide principale avec
à son entrée au Nord une chapelle, à l’Est sont localisés
un temple funéraire et une petite
pyramide
satellite. Une longue chaussée reliait le
temple funéraire (ou temple Haut) au
temple de vallée (ou temple d’accueil ou temple bas) au Sud-est de
la pyramide.
La chaussée, comme le temple de vallée, n’ont jamais été dégagés.
C’est à partir de l’année 1988 que des énormes monticules de débris situés au Sud de la
pyramide principale ont
été examinés par une équipe Française d’archéologues qui comptait trouver une
pyramide d’une Reine du côté
Sud de la pyramide du Roi.
À aujourd’hui, ils en ont découvert huit avec leurs propres temples funéraires et quelques fois leur
pyramide satellite,
et ils pensent encore en découvrir d’autres dans les campagnes de fouilles à venir.
Les pyramides sont
toutes attribuées
aux Reines de Pépi I. Outre son complexe funéraire le Roi bâtit aussi des
temples à : Armant,
Abydos,
Bubastis,
Coptos,
Dendérah (ou
Tentirys) Edfou,
Éléphantine,
Héliopolis,
Hiérakonpolis et
Tanis.
Vase en albâtre au nom de Pépi I –
Walters Art Museum de Baltimore
|
Sa famille
Pépi I eut huit ou neuf épouses,
voire plus. Il est difficile de savoir combien de fois il se maria. Reste qu’il fit construire au moins huit
pyramides de Reine près de la sienne à
Saqqarah. Cependant comme les
pyramides sont réservées aux épouses les plus importantes ou aux mères de
Roi on peu supposer qu’il se maria beaucoup plus de fois. Certains spécialistes,
comme
Joyce Anne Tyldesley, proposent même qu’il prit autant de femmes qu’il y avait
de nômes afin de consolider son pouvoir :
• Ânkhesenpépi I (ou Ânkhesenmérirê ou Ankhnespepy –
anx n=s ppj – "Elle vit pour le Roi Pépi"),
peut-être sa demi-sœur ou selon certains spécialistes, la fille de Khoui et Nebet,
une grande famille d’Abydos,
donc la sœur d’Ânkhesenpépi II.
Elle a très longtemps été confondue avec cette dernière. Aujourd’hui encore nous savons très peu de
chose sur cette Reine. Elle serait mentionnée avec sa sœur et leur frère, le Vizir Djaou (ou Djau ou Zau), sur une stèle à
Abydos et également dans
la pyramide de Pépi I sur
une inscription, aujourd’hui au Musée de Berlin et enfin sur un décret trouvé à
Abydos. La Reine possédait une
petite pyramide à côté de celle de son époux à
Saqqarah.
Dans les débris de la chambre funéraire du tombeau un énorme sarcophage de
basalte a été mis au jour. Elle serait morte après la naissance de son fils.Elle portait les titres :
Grande de louanges (wrt-hzwt) ;
Grande (Dame) au sceptre Hetes (wrt-Hts) ;
Celle qui voit Horus et Seth (mAAt-@r-¤tx) ;
Mère du Roi de Haute et Basse-Égypte Kha-Nefer-Mérenrê
(mwt -nswt-biti-kh-nfr-mr-nr) ;
Mère du Roi Kha-Nefer-Mérenrê (mwT-nswt-kh-nfr-mr-nr) ;
Mère du Roi (mwt-nswt) ;
Épouse du Roi Men-nefer-Meryre (Hmt-nswt-mn-nfr-mry-ra) ;
Épouse du Roi sa bien-aimée (Hmt-nswt meryt.f ) ;
Première Grande Servante (kht-wr) ;
Intime d’Horus (tist @r) ;
Compagne d’Horus (smrt-@r) ;
Sœur du Roi (snt-nswt).
Elle donna deux enfants à Pépi I :
▪ Une fille
Neith et un fils
Merenrê I.
Neith épousera
Merenrê I et son demi-frère
Pépi II.
•
Ânkhesenpépi II (ou
Ânkhesenmérirê II ou Mériré-Ankhémes II ou Ankhnespepy –
anx n=s ppj
– "Elle vit pour le Roi Pépi"), 2e fille de Khoui et de Nebet,
une grande famille d’Abydos,
donc la sœur d’Ânkhesenpépi I. Elle épouse le Roi déjà âgé, puis à
la mort de ce dernier son successeur, (son beau-fils et neveu ?)
Mérenrê I.
Le choix de Pépi I de faire alliance avec une famille
d’Abydos,
correspond probablement à la volonté de se rapprocher de la Moyenne et de la
Haute-Égypte, qui étaient très importantes pour les voies caravanières. Elle lui donna un fils,
Pépi II.
À la mort de Mérenrê I, son fils
Pépi II étant encore très jeune elle assurera la régence.
La Reine possédait une
petite pyramide à côté
de celle de son époux à Saqqarah.
(Voir à
Ânkhesenpépi II
pour ses titres).
Autre statue de Pépi I – Brooklyn Museum
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• Nebouenet (ou Noubounet ou Nebojeftet ou Nubwenet ou Nubtune –
Nbw-wn.tj "L’or est ouvert"),
dont on ne lui connaît pas d’enfant. Pépi I fit construire pour la Reine
une
petite pyramide au Sud de
la sienne à Saqqarah.
Elle fut découverte en 1988 par des archéologues Français. Ils mirent au jour
les débris de son sarcophage en granit rose et des fragments en bois provenant du mobilier funéraire.
Son complexe funéraire est aujourd’hui en grande partie détruit.
Sa pyramide fut construite à partir de calcaire,
tandis que le temple funéraire fut érigé à partir de terre crue (ou banco ou adobe).
Des sources indiquent qu’elle joua un rôle important à la fin du règne de Pépi I. Elle portait les titres :
Grande de louanges (wrt-hzwt) ;
Grande (Dame) au sceptre Hetes (wrt-Hts) ;
Celle qui voit Horus et Seth (mAAt-@r-¤tx) ;
Épouse du Roi (Hmt-nswt) ;
Épouse du Roi, sa bien-aimée (Hmt-nswt meryt.f) ;
Épouse aimée du Roi Pepy-Mennefer (Hmt-nswt-nt-ppa-mn-nfr-meryt.f) ;
Compagne d’Horus (smrt-@rw).
Pépi I – Brooklyn Museum
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• Haaherou (ou Haaheru), qui fut très longtemps confondu avec la
demi-sœur de Pépi I, Méhaâ, du au fait d’une erreur de lecture de son nom. Pépi I fit construire pour la Reine
une petite pyramide au Sud de
la sienne à
Saqqarah.
Elle est maintenant presque entièrement détruite. Dans la chambre funéraire, se
trouve encore les vestiges de la décoration murale et quelques inscriptions.
Cette Reine était totalement ignorée avant la découverte d’une inscription et d’une
représentation dans la tombe de son fils, Horneterikhet.
Celui-ci, vraisemblablement mort avant d’avoir pu accéder au trône, fut conduit dans la
tombe par sa mère (Travaux de la Mission archéologique Française de
Saqqarah –
1999). On ne lui connaît pas d’autre d’enfant. Elle eut les titres :
Épouse du Roi, sa bien-aimée (Hmt-nswt meryt.f) ;
Intime d’Horus (tist-@r).
• Inenek (ou Inenek-Inti – Jnnk (Jnn-k [ˁ=j]) –
“(Mon) Ka s’attarde ?”) pour qui Pépi I fit construire
une petite pyramide au Sud de
la sienne à
Saqqarah,
à l’Ouest du complexe de Nebouenet. Le complexe d’Inenek était entouré par un mur d’enceinte.
Il fut découvert en 1988 par des archéologues Français. Ils mirent au jour le sarcophage
et quelques récipients et ustensiles. L’existence d’Inenek était inconnue avant la découverte de
sa pyramide.
Son temple funéraire comprenait une petite salle hypostyle et une cour ouverte qui possédait plusieurs tables d’offrandes.
L’ampleur de son complexe funéraire suggère qu’elle ait joué un rôle important. Elle porta en effet, le titre
de Vizir. De plus, on a découvert certains témoignages de piété devant
son temple et on peut penser qu’elle fut l’objet d’un culte. On ne lui connaît
pas d’enfant avec le Roi mais la descendance de Pépi I n’étant pas certaine
entre toutes ses épouses il est probable qu’elle eût des enfants. Elle eut les titres :
Princesse héréditaire (iryt-pat) ;
Épouse du Roi (Hmt-nswt) ;
Épouse du Roi sa bien-aimée (Hmt-nswt meryt.f) ;
Fille de Merehu (s3T-mrhw) ;
Fille de Geb (s3T-Gb).
• Méritâtès (IV) (ou Mérititès ou Meryetiotes –
Mrj.t-jt = s –
"La bien aimée de son père")
qui est peut-être une de ses filles. Il est possible qu’elle fût une épouse de
Pépi II. Cependant ce fut
Pépi I qui fit construire pour elle, sur une colline naturelle,
une petite pyramide au Sud de
la sienne à Saqqarah.
Elle fut découverte en 1995 par des archéologues Français. Méritâtès (IV) eut les titres :
Grande de louanges (wrt-hzwt) ;
Grande (Dame) au sceptre Hetes (wrt-Hts) ;
Celle qui voit Horus et Seth (mAAt-@r-¤tx) ;
Épouse du Roi (Hmt-nswt) ;
Épouse du Roi, sa bien-aimée (Hmt-nswt meryt.f) ;
Fille du Roi de son corps Pepi-Mennefer (sAT-nswt-nt-kht.f-ppa-mn-nfr) ;
Compagne d’Horus (smrt-@r).
Il n’y a pas d’enfant connu de cette union.
• Nedjeftet (NDf tt),
cette Reine n’est pas attribuée avec certitude à Pépi I, mais comme
sa pyramide
fut retrouvée, par des archéologues Français, à proximité de
celle du Roi à
Saqqarah,
comme celle des autres Reines de Pépi I. On peut supposer qu’elle fut
bien une de ses épouses. Il n’y a pas d’enfant connu de cette union. Elle eut les titres :
Grande de louanges (wrt-hzwt) ;
Grande (Dame) au sceptre Hetes (wrt-Hts) ;
Celle qui voit Horus et Seth (mAAt-@r-¤tx) ;
Épouse du Roi (Hmt-nswt) ;
Épouse du Roi sa bien-aimée (Hmt-nswt meryt.f) ;
Servante d’Horus (kht-@r).
• Béhénou (ou Behenu – Bhnw), cette
Reine n’est pas attribuée avec certitude à Pépi I mais comme
sa pyramide fut
retrouvée en 2007, par des archéologues Français, à proximité de celle du Roi à
Saqqarah, comme celle des autres Reines de Pépi I, on peut supposer qu’elle fut
bien une de ses épouses. Il n’y a pas d’enfant connu de cette union. Le nom de
la Reine a été retrouvé sur le côté Sud de son temple funéraire ainsi que sur
celui de
sa petite pyramide de culte. Dans la tombe ont été mis au jour des
fragments de végétaux, des
Textes des Pyramides et la tête d’une statue de la
Reine. Ce n’est que la deuxième fois connue que des textes anciens religieux furent utilisés
en association avec une Reine à la place du souverain.
Début 2010 la chambre funéraire a été fouillée. Elle mesure 10 m × 5 m et
contenait des restes de décoration murale, ainsi que le sarcophage de Béhénou. Un seul titre est connu :
Grande (Dame) au sceptre Hetes (wrt-Hts).
• Ouretimtès (ou Ouretaimtès ou Ouret-Imtès –
wrt-hmts – "Grande
(Dame) au sceptre"). Il n’est
pas certain qu’elle ne fut pas une des Reines ci-dessus, quelques spécialistes la donnent même comme une épouse de
Téti I. La seule référence connue à Ouretimtès,
vient de la chapelle funéraire d’un courtisan nommé Ouni (ou Ouna) à
Abydos, où
cette "Reine" apparait dans un bref épisode de la longue biographie de ce personnage. Elle
fut impliquée dans un complot de harem visant à renverser Pépi I, mais
apparemment, elle fut démasquée et échoua dans ses projets. Ouni raconte : "Une
affaire vint en jugement dans le harem contre la Grande Épouse Ouretimtès, une
affaire tout à fait secrète…. Jamais personne avant moi n’avait entendu un
secret du harem royal, mais Sa Majesté me le fit entendre….". Le récit
s’interrompt malheureusement avant la fin et bien que l’autobiographie d’Ouni
continue, on ignore les faits exactes reprochés à la Reine, ni le châtiment qui
lui fut infligé. On ne connait même pas son véritable nom, car celui d’Ouretimtès,
donné par Ouni, est plutôt un titre utilisé pour préserver la dignité royale.
Elle portait le titre de :
Grande (Dame) au sceptre Hetes (wrt-Hts).
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