Vue des remparts de Ninive – La porte Adad
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Noms et localisation
Ninive (ou Nineveh, en
Akkadien : Ninua ou Ninuwa, en
Syriaque : ܢܸܢܘܵܐ;, en
Araméen : Nīnwē ou Ninwe ܢܝܢܘܐ, en
Hébreu :
Nīnəwē נינוה “Celle qui dépasse
les grandes villes”, comme on l’appelle dans le Livre de Jonas, en
Grec :
Nineuē Νινευή, en Latin : Nineve, en Kurde : Nînewa,
en Persan : Nainavā نینوا,
en Turc : Ninova, en arabe : Naynuwa ou Nīnawā
نينوى), se situait sur la rive Est (Gauche) du Tigre, au confluant
du Khoser (ou Khosr, Koussour aujourd’hui) à proximité de la ville moderne de Mossoul, en Irak qui se trouve de
l’autre côté du fleuve. Aux quatre coins d’un quadrilatère irrégulier se trouvent les ruines de
: Kourjaindjik
(ou Kuyunjik), Nimrud (ou Kulkhû), Karamles et
Dûr-Sharrukîn (ou Khorsabad).
Ces quatre grands sites en ruines, avec l’ensemble de la zone qu’ils comprennent, sont considérés par
certains comme composant l’ensemble des ruines de Ninive. Les sites de Ninive, connus sous le nom de
Kourjaindjik (Kuyunjik ou Quyunjik) et Nebi Yunus (ou Nabī Yūnus ou Nebi Jenus ), sont situés dans la plaine
et couvre une surface de 750 ha. Ils sont entourés de rempart en brique sur une longueur de 12 km. L’ensemble de ce vaste
espace est aujourd’hui une superposition de ruines et il est recouvert à certains endroits par les nouvelles banlieues de
la ville de Mossoul. Ninive est l’une des plus anciennes cité de Mésopotamie. On trouve des traces sur le site remontants
à la protohistoire (IIIe millénaire). Ninive fut un important carrefour de routes commerciales traversant le Tigre.
Elle occupa une position stratégique sur la grande route entre la mer Méditerranée et l’océan Indien, ce qui lui conféra de
nombreuses richesses, ce qui fit qu’elle devint l’une des plus grandes cité de toute la région.
L’origine du nom de Ninive est obscure. Peut-être que cela signifiait à l’origine le siège d’Ishtar, car Nina fut l’un des
noms Babyloniens de cette Déesse.
L’idéogramme signifie “Maison (ou le lieu) de poisson“, peut-être en raison de l’étymologie populaire.
L’histoire…….
Le début de l’existence de la cité remonte au IIIe millénaire, époque où est attestée
sa divinité principale, Ishtar. Selon les historiens
Grecs écrivant à la période Hellénistique, le
fondateur éponyme serait Ninus (en Grec :
Νίνος, aussi appelé Νίνου πόλις ville de
Ninive). Sa première mention écrite remonte aux environs de 2280. Elle fut ensuite intégrée dans l’Empire
Akkadien dont le Roi
Manishtusu (ou Man-Istusu, 2270-2255)
y reconstruisit le temple. La cité est mentionnée ensuite aux environs de 1800 comme le plus important lieu de culte d’Ishtar.
Puis elle fut un moment, au milieu XIVe siècle, suzeraine du royaume du
Mitanni.
Un de ses Rois enverra au Pharaon Amenhotep III
(ou Aménophis, 1390-1353/52) une statue de la Déesse Ishtar. Elle repassa ensuite sous la domination des Rois
Assyriens sous le règne
d’Assur-Uballit I (1366-1330).
Bas-relief d’une partie de chasse au
taureau, frise de Ninive en albâtre – Musée de Pergame – Berlin |
De cette époque il n’existe pas de preuve que les souverains
Assyriens y construisirent des monuments. Par contre plus tard
l’Empereur Salmanazar I (1275-1245) s’y fit
ériger un palais et embellit la cité de nombreux monuments. Ninive dut attendre l’époque de l’Empire
néo-Assyrien (912-609), en particulier à partir du règne
d’Assurnasirpal II (ou Ashurnasirpal, 884-859)
pour connaître une expansion architecturale considérable. L’apogée de sa splendeur fut à partir de l’Empereur
Sennachérib (705-681) qui en fit la capitale de l’Empire.
La ville s’étendait alors sur 730 ha et elle était protégée par une double enceinte de 12 km, avec une hauteur pouvant atteindre 25 m.
dans laquelle étaient aménagées 15 portes. La plus belle était celle de Nergal. Sennachérib
redéfini de nouvelles rues et places et construisit en son sein le fameux "Palais sans rival".
Le plan de construction, qui a été récupéré lui donne des dimensions d’environ 210 m. x 200 m.
Il comprenait au moins 80 pièces, dont beaucoup furent décorées de sculptures. Un
grand nombre de tablettes furent retrouvées dans ce palais. Un système élaboré de dix-huit canaux amenaient l’eau à partir
des collines de Ninive et plusieurs sections d’un aqueduc construit par
Sennachérib furent mises au jour à Jerwan, à environ 40 km. de
distance. L’espace clos de la ville accueillait plus de 100.000 habitants (Peut-être, selon certains spécialistes,
plus proche de 150.000), soit environ deux fois plus que
Babylone à l’époque, ce qui place Ninive parmi les plus grandes cité du monde antique.
Les successeurs de Sennachérib,
Assarhaddon (ou Esarhaddon, 681-669) et
Assurbanipal (ou Assur-Banapliou, 669-631 ou 626), poursuivirent
les travaux.
Ils fondèrent de nouveaux palais et des temples dédiés à Sin (ou Sîn), Nergal, Shamash (ou Šamaš), Ishtar
et Nabiu de Borsippa. Le nombre de palais, de riches demeures et de parcs augmentait à mesure que les
richesses affluaient dans la ville, capitale du vaste Empire Assyrien.
La grandeur de Ninive fut de courte durée. En 633, l’Empire Assyrien
commença à montrer des signes de faiblesse et Ninive fut attaqué par les
Mèdes. Ils furent
rejoints par les Babyloniens et
Suse en 625 et attaquèrent de nouveau la cité.
Malgré ses fortifications, la ville fut prise et fut détruite en 612.
Bas-relief des Gardes
d’Assurbanipal, palais de Ninive – Musée du Louvre. |
Les habitants qui
n’avaient pas pu s’échapper et rejoindre les derniers bastions
de l’ex Empire Assyrien dans l’Ouest du pays,
furent soit massacrés, soit déportés. De nombreux squelettes ont été découverts sans sépulture sur le site par les archéologues.
Après l’anéantissement de l’Empire Assyrien, le site de Ninive
resta inoccupé pendant des siècles jusqu’à la période des
Perses Sassanides (224-637
ap.J.C). La ville est mentionnée pour une nouvelle bataille en 627 ap.J.C, lors de la guerre entre l’Empire Romain d’Orient et
l’Empire Sassanides, près de la
cité antique. Après la conquête des arabes, en 637, la ville de Mossoul, sur la
rive opposée du Tigre, devint le “successeur” de l’ancienne Ninive.
La Ninive biblique
Dans
la Bible, Ninive est mentionnée pour la première fois dans la Genèse (10:11) qui attribue sa création à
Nimrod, arrière-petit-fils de Noé,
"Il (Nimrod) régna d’abord sur Babel, Érec, Accad et Calné, au pays de Schinear.
De ce pays-là sortit Assur ; il bâtit
Ninive, Rehoboth Hir, Calach et Résen entre Ninive et Calach …" Genèse (10:10-11-12).
Bien que le Livre des Rois et
le Livre des Chroniques parlent beaucoup de l’Empire Assyrien, Ninive
elle-même ne sera remarquée qu’à l’époque de Jonas (ou Yonah) vers 850, quand elle est décrite (Livre de Jonas 3:3 ff; 4:11)
comme "La grande ville nécessitant trois jours de voyage" (Probablement dans le cadre d’un circuit). Cela
donnerait une circonférence d’environ 100 km. Il est aussi possible qu’il ait fallu trois jours pour couvrir la totalité de ses
quartiers en marchant, ce qui correspondrait à la taille de l’ancienne Ninive. Il est dit qu’elle est la
florissante capitale de l’Empire Assyrien (Deuxième Livre des Rois
19:36; Isa. 37:37).
Il a également été mentionné dans Jonas que les habitants de Ninive se comportaient mal et devaient être
condamnée. Pour résoudre ce problème, Dieu aurait envoyé à Ninive pour prêcher, Jonas et ils se repentirent. Le livre du
Prophète Nahoum (ou Nahum) est presque exclusivement composé par des dénonciations prophétiques contre cette ville.
Ses ruines et sa destruction totale
sont prophétisés (Nahum 1:14, 3:19, etc.) "Avec une fin soudaine et tragique". Selon la Bible, c’est Dieu qui
fit le jugement de l’Assyrie. Il prédit la destruction de la
ville ainsi que la chute de l’Empire dont elle fut la capitale. Ninive est aussi rappelée dans l’Evangile de Matthieu (12:41)
et celui de de Luc (11:32 ). Elle fut appelée la ville sanguinaire par le prophète
Hébreu Nahoum (ou
Nahum, 3.1).
Le site archéologique
Aujourd’hui, l’emplacement de Ninive est marqué par deux grands monticules,
Kourjaindjik (ou Kuyunjik) et Nebi Yunus (ou Nabī Yūnus ou Nebi Jenus) et les vestiges des murs de la ville (Environ 12 km. de
circonférence). Les niveaux de la période néo-Assyrienne
de Kourjaindjik ont été longuement étudiés. L’autre butte, Nebi Yunus, n’a pas encore été explorée parce qu’il y a
un sanctuaire musulman dédié à ce prophète sur le site qui en gène hélas les fouilles. Toutefois, les travaux
d’excavation de Nebi Yunus en 1990 ont dégagé un grand nombre de sculptures
néo-Assyriennes qui semble être l’entrée d’un palais.
La porte Mashki reconstituée
|
En 1843, le consul de France à Mossoul, Paul Émile Botta fit commencer à
fouiller sur le site de
Dûr-Sharrukîn (ou Khorsabad) le grand monticule qui se jettent le long de la rive opposée de la rivière. Il
mit au jour des statues monumentales qui furent envoyées au Louvre, sauf quelques unes d’entre elles englouties lors d’un
naufrage. À sa grande surprise, les fouilles dégagèrent aussi les ruines d’un bâtiment qui par la suite s’avéra
être le palais d’été de Sargon II (722-705). Il a depuis été
largement étudié pour ses sculptures et autres précieuses reliques.
Les premiers éléments de la découverte dessinés par Eugène Flandin ont été publiés dans
l’ouvrage "Monument de Ninive, découvert et décrit par Paul Émile Botta",
publié en 1848-1849, qui décrit les plans du palais de Sargon II.
En 1847, le Britannique Sir Austen Henry Layard explora les ruines. En 1849, dans le monticule Kourjaindjik (ou Kuyunjik),
Layard découvrit le palais de Sennachérib
(705-681) avec ses 71 pièces et ses immenses bas-reliefs. Il mit également en
lumière le palais et la célèbre bibliothèque d’Assurbanipal
(ou Assur-Banapliou, 669-631 ou 626), avec ses 22.000 tablettes d’argile en écriture cunéiforme.
L’étude archéologique de Ninive révèle la richesse et la gloire de
l’Assyrie sous des souverains tels que :
Assarhaddon (ou Esarhaddon, 681-669) et
Assurbanipal. Par la suite un travail de prospection fut mené par
George Smith, Hormuzd Rassam et d’autres et un vaste trésor de spécimens uniques d’objets
Assyriens fut progressivement exhumés pour les musées Européens. Avec
la découverte des palais, leurs décorations et leurs dalles sculptées nous ont révélé la vie et les mœurs de ce peuple antique,
les arts de la guerre, les particularités de leur religion, le style de leur architecture et la splendeur de leurs monarques. Le
monticule de Kourjaindjik (ou Kuyunjik) fut fouillé à nouveau par les archéologues du British Museum, dirigé par
Leonard William King, au début du XXe siècle. Leurs efforts se sont concentrés sur le site du temple de Nabû (Dieu de l’écriture
et du savoir) où une autre bibliothèque était censée exister.
La porte Nergal reconstituée
|
Toutefois, elle n’a jamais été trouvée, il semble probable, qu’elle
fut détruite par les activités des résidents. Les fouilles ont recommencé en 1927, sous la direction de Campbell Thompson,
mais ont été plutôt malheureuses. Certains travaux ont été réalisés à l’extérieur de Kourjaindjik (ou Kuyunjik),
par exemple sur la butte de Nabī Yūnus, qui était l’ancien arsenal de Ninive ou le long des murs extérieurs. Près de
l’angle Nord-ouest de la paroi, au-delà de la chaussée d’un édifice, les archéologues ont trouvé des fragments de près de 300
prismes.
Après la seconde guerre mondiale, plusieurs fouilles furent menées par des archéologues Iraquiens. Ninive fut
revisitée par l’archéologue et assyriologue Britannique David Stronach, de l’Université Berkeley de Californie. Il mena une série
d’enquêtes et de fouilles sur le site à partir de 1987 jusqu’à 1990, en concentrant son attention sur plusieurs portes et sur les
murs en briques, ainsi que sur le système qui fournissait l’eau à la ville en temps de siège.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
Richard David Barnett, Erika Bleibtreu et Geoffrey Turner :
– Sculptures from the southwest palace of Sennacherib at Niniveh (668-627 B.C.), British Museum Press, Londres, 1976-1998.
Carl Bezold :
– Catalogue of the cuneiform tablets in the Kouyunjik collection of the British Museum : Volume I-V,
British Museum, London, 1889-1899.
– Ninive und Babylon, Velhagen & Klasing, Bielefeld, 1926.
Paul-Émile Botta et Eugène Flandin :
– Monuments de Ninive, en 5 volumes, Imprimerie nationale, Paris, 1849-1850.
Arnold C.Brackman :
– The luck of Nineveh : Archaeology’s great adventure, McGraw-Hill, New York, 1978 –
Eyre Methuen, London, 1980.
Reginald Campbell Thompson et Richard Wyatt Hutchinson :
– A century of exploration at Nineveh, Luzac & Co.London, 1929.
Félicien De Saulcy :
– Sur les inscriptions Assyriennes de Ninive. (Khorsabad, Nimroud, Koioundjouk), A. Leleux, Paris, 1850.
Walter Dietrich :
– Ninive in der Bibel, Theopolitik. Studien zur Theologie und Ethik des Alten Testaments, Neukirchener,
Neukirchen-Vluyn, 2002.
Léon Feer :
– Les ruines de Ninive : Description des palais détruits des bords du Tigre,
suivie d’une description du musée Assyrien du Louvre, Société des écoles du dimanche, Paris, 1864.
Meik Gerhards :
– Ninive im Jonabuch, Einen Altar von Erde mache mir, Festschrift für Diethelm Conrad zu seinem siebzigsten
Geburtstag. Hartmut Spenner, Waltrop, 2003.
Sven Anders Hedin :
– Bagdad, Babylon, Ninive, F.A. Brockhaus, Leipzig, 1918.
Austen Henry Layard :
– Nineveh and its remains, George P.Putnam, New York, 1849 – John Murray, London, 1867 – Praeger, New York, 1969/1970 –
En Français, Les ruines de Ninive, Éditions de l’Unesco, Paris, 1999.
– Illustrations of the monuments of Nineveh, John Murray, London, 1849-1853.
– The monuments of Nineveh, John Murray, London, 1849-1853 – Gorgias Press, New Jersey, 2004.
– Discoveries in the ruins of Nineveh and Babylon, John Murray, London, 1853.
– The Ninevah court in the crystal palace, John Murray, London, 1854.
Gwendolyn Leick :
– Città perdute della Mesopotamia, Newton & Compton, Milano, 2002.
Carlo Lippoli :
– Ninive : Il palazzo senza eguali di Sennacherib, Silvana, Cinisello Balsamo (Milano), 2007.
Paolo Matthiae :
– Ninive, Electa, Milano, 1998.
– Ninive, glanzvolle hauptstadt Assyriens, Hirmer, München, 1999.
Joachim Menant :
– Ninive et Babylone, Hachette et Cie, Paris, 1888.
André Parrot
– Ninive et l’Ancien Testament, Delachaux & Niestlé, Neuchâtel, Paris, 1953.
– Nineveh and Babylon, Thames and Hudson, London, 1961.
Victor Place et Félix Thomas :
– Ninive et l’Assyrie, en 3 volumes, Imprimerie Impériale, Paris, 1867-1970.
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– Sennacherib’s palace without rival at Nineveh, University of Chicago Press, Chicago, 1991.
– The final sack of Nineveh : The discovery, documentation, and destruction of King Sennacherib’s
throne room at Nineveh, Yale University Press, New Haven, Janvier 1998.
Louise M.Scott et John Mac Ginnis :
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– Babylone, Ninive et le monde assyrien, Minerva, Genève, 1975.
David Stronach et Kim Codella :
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New York, 1997.
Marc Van De Mieroop :
– Nineveh, Iraq 66 – 67, British school of archaeology in Iraq, London, 2004-2005.
Hermann Johann Christian Weissenborn :
– Ninive und sein gebiet, Druck von Gerhardt & Schreiber, Erfurt, 1851-56.
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