Présentation
La première bataille de Qarqar (ou Karkar), au Nord-ouest de la Syrie sur l’Oronte, se déroula en 853 av.J.C.
Elle opposa l’armée d’Assyrienne, conduite par l’Empereur
Salmanasar III
(ou Shalmaneser ou Salmanaza, 859-824) contre une coalition de 11 Rois.
Cette bataille, incluse dans la conquête Assyrienne
de la Syrie (de 854 à 846), est remarquable dans le sens où elle réunit un plus grand nombre de combattants que toutes autres batailles précédentes.
La bataille est enregistrée sur le monolithe de Kurkh (Monument Assyrien
haut de 2,20 m., contenant, dans sa partie finale, une description de la bataille de Qarqar).
L’ancienne ville de Qarqar où la bataille eut lieu est généralement identifiée avec le site archéologique de Tell Qarqur près du village de Qarqur.
Statue de Salmanasar III –
Ancient Orient Museum – Istanbul
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Le contexte
L’Empereur d’Assyrie,
Salmanasar III
(ou Shalmaneser ou Salmanaza, 859-824) souhaitait réaliser ce que son père
Assur-Nasirpal II (ou Asurnasirpal ou Asurnazirpal ou Ashurnasirpal, 884-859) n’avait jamais réussi à faire : Prendre le contrôle de la Syrie du Nord
ainsi que du
Kizzuwatna (ou
Cilicie).
Ses armées atteignirent au Nord-ouest le lac de Van, à l’Est les monts Taurus et au Sud elles allèrent jusqu’à
Damas où le souverain entra en conflit avec les royaumes
Araméens
de Syrie.
En 856, il conforta son emprise sur le Nihriya (ou Nairi ou Mahri ou Nari), région proche du lac de Van, puis il
soumit l’Ourartou et le Royaume
Araméen
de Bit Adini (ou Beth Eden) dans la vallée de l’Euphrate sur la rive
gauche et sa capitale Til Barsip (Aujourd’hui Tell Ahmar, à 22 km au Sud de
Karkemish).
En 854 ce fut le tour de Mazamua (ou Zamua) au Sud du lac Ourmia et les Monts Kashiari (ou Kaššiari ou Kaschiari ou Kašiari
ou Tur Abdin) sur les contreforts Sud-ouest du Zagros.
Après avoir consolidé ses positions sur l’Euphrate au Nord par une série de forteresses, il réunit une grande armée pour la
conquête de la Syrie et du
Kizzuwatna (ou
Cilicie). Son armée pénétra en Syrie par les plaines de Syrie centrale et,
en 853, se heurta à une vaste coalition regroupant 11 Rois et Princes formée par :
▪ Le Pharaon Osorkon II (874-850)
d’Égypte (Appelée pays du Muzra’a,
identification discutée), qui envoya 1.000 soldats.
▪ Le Roi Mattanbaal I (ou Matinu-Baal ou Mattan Baal ou Matinu-Ba’al ou Mata’an ou Matinu-ba’li,
v.860-v.850) d’Arwad
(ou Aradus ou Arados ou Arvad ou Arpad ou Antioche en Pieria ou île de Ruad), qui envoya 200 soldats.
▪ Le Roi Ammonite Ba’sa
(ou Basha ben Ruhubi ou Baasa ou Ba’asa ou Basha, v.860 à v.845), qui envoya 1.000 hommes.
▪ Le Roi Irhuleni, d’Hamath (ou Hama, ville sur les rives de l’Oronte dans le centre de la Syrie), qui envoya 700 chars,
700 cavaliers et 10.000 soldats.
▪ Le Roi d’Israël
Achab (873-852), qui envoya 2.000 chars,
700 cavaliers et 10.000 soldats (chiffres discutés).
▪ Le Roi de Gubla (ou Gu-aa, parfois identifiée avec le
Kizzuwatna ou avec
Byblos) qui envoya 500 soldats.
▪ Le Roi d’Usannatu (ou Usannata ou Usunu, dans la région de Gabala [ou Jeble]) qui envoya 200 soldats.
▪ Le Roi Gindibu de l’Arabie, qui envoya 1.000 chameaux et autant de méharistes combattants.
▪ Le Roi Adunu-baal (ou Adunu-ba’li) de Shianu (dans la région de Gabala [ou Jeble])
qui envoya 30 chars et
10.000 soldats.
▪ Le Roi d’Irqanata (ou Irqanatu ou aujourd’hui Tell Arqa), qui envoya 10 chars et
10.000 soldats.
▪ Le Roi
Ben-Hadad II (ou Hadadezer ou Hadad VI ou Adad-Idri, 880-842) de
Damas, qui prit la direction de la coalition et envoya 1.000 chars, 1.200 cavaliers et 20.000 soldats.
Monolithe de Kurkh relatant la bataille – British Museum – Londres
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Chaque souverain envoya des forces en rapport avec ses possibilités et sa puissance dont la totalité énumérée dans les annales
Assyriennes
et dans la Bible se monte à : 69.200 fantassins, 1.900 cavaliers, 1.000 méharistes et près de 3.900 chars légers avec deux hommes d’équipage.
Les annales Assyriennes et Bibliques donnent des chiffres relativement
complets sur le nombre de combattants alignés par les coalisés, mais malheureusement très vagues sur les effectifs de l’armée
Assyrienne. Mais il est très probable que
Salmanasar III disposait d’effectifs au moins
équivalents à ceux de la coalition.
Certains spécialistes avancent des descriptions et des chiffres. Elle aurait compris une infanterie nombreuse et variée, de nombreux archers, de la cavalerie
et une charrerie constituée de chars lourds à 4 chevaux montés par trois ou quatre hommes. Les chiffres avancés sont de : 50.000 à 70.000
fantassins ; de 5.000 à 8.000 cavaliers ; de 1.500 à 2.000 chars.
Le déroulement
Le déroulement de cette bataille est encore aujourd’hui très imprécis et discuté.
Selon une inscription de Salmanasar III,
il avait commencé sa campagne annuelle, laissant Ninive
le 14e jour d’Iyar (En
Hébreu : אִייָּר,
est le 2e mois de l’année ecclésiastique et le 8e de l’année civile du calendrier Hébraïque. Selon les années, il correspond aux mois d’Avril et Mai).
Il traversa à la fois le Tigre et l’Euphrate sans incident et reçut la soumission et le tribut de plusieurs villes le long du chemin, y compris
d’Alep.
Une fois passé cette dernière, il rencontra sa première résistance de la part des troupes du Roi d’Hamath (ou Hama, ville sur les rives de l’Oronte
dans le centre de la Syrie), Irhuleni, qu’il battit et en représailles, il pilla les deux les palais et les villes du royaume.
Poursuivant sa marche après avoir pris Qarqar, il rencontra les forces coalisées près de l’Oronte.
Dans ses annales, l’Empereur Assyrien
s’attribua la victoire et affirma avoir abattu 14.000 soldats ennemis, prit d’innombrables chars et chevaux, et décrit en détail les dégâts qu’il
infligea à ses adversaires.
Cependant, les inscriptions royales de cette période sont notoirement peu fiables. Elles ne reconnaissent directement jamais les défaites et prétendent
parfois des victoires, qui ont effectivement été remportées, mais par les ancêtres ou prédécesseurs de celui qui les écrit.
Si Salmanasar III a remporté une nette victoire
à Qarqar, elle n’a pas conduit immédiatement à de nouvelles conquêtes
Assyriennes en Syrie.
Les documents Assyriens montrent clairement que l’Empereur
fit campagne dans la région plusieurs fois, mais dans la décennie suivante, engageant
le Roi de Damas,
Ben-Hadad II (ou Hadadezer ou Hadad VI ou
Adad-Idri, 880-842) six fois, qui fut soutenu par le Roi Irhuleni, d’Hamath (ou Hama), au moins deux fois.
Le fait est qu’après la bataille de Qarqar et un court séjour dans la région, l’armée
Assyrienne fit retraite vers ses bases et aucune capitale des royaumes
coalisés ne fut assiégée. Les adversaires de l’Empereur restèrent sur leur trône.
Si le Roi d’Israël
Achab mourut peu après dans une bataille, c’est
sans rapport, et Ben-Hadad II fut Roi de
Damas au moins jusqu’en 842.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
John A.Brinkman :
– A further note on the date of the battle of Qarqar and Neo-Assyrian chronology, pp : 173-175, Journal of Cuneiform Studies 30, N°3, 1978.
Michael David Coogan :
– A reader of ancient Near Eastern texts : Sources for the study of the Old Testament, Oxford University Press, New York, 2013.
Richard A.Gabriel :
– The great armies of antiquity, Conn. : Praeger, Westport, 2002.
Albert K.Grayson :
– Shalmaneser III and the Levantine states: The “Damascus coalition rebellion”, Journal of Hebrew Scriptures, University of Toronto, 2005.
The military, economic and political situation… de Janet L Johansen
Janet L.Johansen :
– The military, economic and political situation of Israel at the advent of the Battle of Qarqar, Baltimore Hebrew University, Baltimore, 2005.
Nadav Na’Aman :
– Was Ahab killed by an Assyrian arrow in the battle of Qarqa ?, p : 461, Ugarit-Forschungen 37, Kevelaer, Verlag Butzon & Bercker, 2005.
James B.Pritchard :
– Ancient near eastern texts relating to the Old Testament, Princeton University Press, Princeton, 1969.
William H.Shea :
– A note on the date of the battle of Qarqar, pp : 240-242, Journal of Cuneiform Studies 29, N°4, 1977.
Shigeo Yamada :
– The construction of the Assyrian empire : A historical study of the inscriptions of Shalmanesar III relating to his campaigns in the west,
E.J.Brill, Boston, 2000.
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