Cartouche d’Osorkon II dans sa tombe |
Son origine
Osorkon II est le
5e Pharaon de la XXIIe dynastie (si l’on compte
Sheshonq II comme régnant). Manéthon,
selon la traduction de Julius Africanus, compte 25 ans de règne pour
Sheshonq II et
Takélot I, avant lui et
son successeur. Il fut le fils de Takélot I et de la Reine
Kapes (ou Kapous). Il est aujourd’hui supposé par quelques spécialistes avoir eut un règne de plus de 30 ans, plutôt que
de 25/26 ans comme généralement admis. Comme le fait remarquer
Edward Frank Wente, la date, dans son grand temple de
Bubastis, des célébrations d’un jubilé
Heb-Sed, qui est traditionnellement considérée
comme ayant eu lieu dans sa 22e année, est endommagée et peut être aussi bien lu comme l’an 30.
Sa durée de règne
Le fait que son petit-fils,
Takélot, servit comme
Grand Prêtre d’Amon à
Thèbes, comme
les murs du temple l’indiquent, avance l’hypothèse d’un plus long règne pour Osorkon II.
Gérard P.F.Broekman a récemment démontré que pour des raisons paléographiques, les textes des crues du Nil N°14, datés
de l’an 29 d’un Roi Ousermaâtrê Setepenamon, appartiendraient à Osorkon II. Ce résultat suggère que le souverain
aurait bien fêté sa fête Sed (ou Heb-Sed)
sa 30e année de règne comme c’était la coutume. En outre, un an 22 sur une stèle de son règne
ne conserve aucune mention de célébration de cette fête lors de cette année, comme on pourrait s’y
attendre compte tenu de l’importance de l’évènement.
Osorkon II – British Museum |
Bien que la longueur précise du règne
d’Osorkon II reste inconnue, certains égyptologues comme
Jürgen von Beckerath et
Aidan Marc Dodson ont suggéré
une fourchette comprise entre 38 à 39 ans. Cependant, à aujourd’hui, ces chiffres beaucoup plus élevés ne sont pas
confirmés par une quelconque preuve monumentale. Gérard P.F.Broekman donne un peu plus court, un règne de 34 ans.
L’égyptologue Anglais Kenneth
Anderson Kitchen accepte maintenant que si le texte du niveau du Nil N°14
est correctement attribué à Osorkon II, on peut penser que le Pharaon serait
mort peu après, dans sa 31e année de règne.
Son Règne
Le début du règne d’Osorkon II fut marqué par le redressement du pouvoir
royal en Haute-Égypte, que son père avait complètement perdu. Osorkon II plaça ses fils aux postes clés du pays
afin d’affermir son pouvoir. Il est clairement certifié comme Pharaon à
Thèbes seulement en l’an 12 de son règne,
ce qui montre que la reprise en main de la région n’a pas du se faire facilement.
Cependant très vite sa zone d’influence va se restreindre. Face aux Pontifes de
Thèbes, qui
rejetaient sa légitimité, Osorkon II dut démontrer qu’il était le vrai souverain. Mais sous la pression, il édicta
un décret par lequel il reconnut à la ville un statut de principauté autonome et accepta que son cousin
Harsiesi I (874-860) succéda à son père
Sheshonq II à la charge de
Grand Prêtre d’Amon.
Cette concession, qui instaura un précédent de transmission héréditaire de charges, affaiblit le pouvoir du Pharaon.
Sa décision condamna l’Égypte à rester scindée en deux et amorça la scission, car en 870,
Harsiesi I se proclama Roi de
Thèbes. Dès la génération suivante, les héritiers se
disputèrent le pouvoir entre lignées différentes. Osorkon II se rendit compte que ce contre pouvoir allait poser un problème pour
la royauté et son autorité, et lorsque le "fils" et successeur
d’Harsiesi I mourut, en 855, il
veilla à ce que ce problème ne se reproduise plus en nommant son propre fils
Nimlot II
comme Grand Prêtre d’Amon à
Thèbes.
Pendentif au nom d’Osorkon II dit "Triade d’Osorkon"
– Musée du Louvre
|
Il faut souligner que selon un article de Karl Jansen-Winkeln,
Harsiesi I et son fils
n’auraient été que simplement Prêtres d’Amon et
non pas Grand Prêtre d’Amon, comme cela est attesté
aujourd’hui. Il précise que les inscriptions, comme celle de
Coptos du fils
d’Harsiesi I, ne donnent jamais
une seule fois le titre de Grand Prêtre, le sujet
reste débattu. Cette consolidation de l’autorité du Pharaon sur la Haute-Égypte, signifiait qu’Osorkon II régnait maintenant
sur une Égypte unifiée. Le règne d’Osorkon II aurait pu alors devenir un des plus glorieux de l’histoire de la dynastie,
mais Nimlot II se proclama Roi de
Thèbes et Roi
d’Héracléopolis,
comme ses prédécesseurs, ce qui provoqua de nouveau de graves problèmes internes. De nombreux fonctionnaires sont connus
avoir officiés sous le règne d’Osorkon II, dont : Ânkhkherednefer qui fut Inspecteur du palais ; Djeddjehoutyiouefânkh
qui fut le 4e Prophète Amon ; Bakenkhons, un autre Prophète d’Amon.
En politique extérieure ça n’allait guerre mieux puisque le traité
d’alliance avec Byblos
fut menacé par l’expansion des Rois
d’Assyrie,
Assur-Nasirpal II
(884-859) et son fils
Salmanasar III (859-824).
Ceux-ci étendirent leurs frontières du Nord de la
Mésopotamie (Au Moyen Euphrate),
jusqu’en Syrie, à l’Oronte et à la côte
d’Amourrou.
Les royaumes de
Damas et
d’Israël s’allièrent pour
protéger la Syrie du Nord des nouveaux envahisseurs, mais au prix de lourdes pertes.
En 853, l’Égypte soutint une coalition des Rois Asiatiques, notamment ceux
d’Israël et de
Byblos,
avec un contingent de 1000 soldats. Cette alliance résista à la bataille de Karkar, dans la vallée de l’Oronte,
à l’attaque des soldats de
Salmanasar III,
stoppant de ce fait pour un temps l’expansion
Assyrienne
en Canaan. Les royaumes
de Syro-palestine constituaient désormais le dernier rempart qui protégeait l’Égypte de l’invasion
Assyrienne.
Entrée de la tombe d’Osorkon II
|
Ses constructions
L’activité de bâtisseur
d’Osorkon II, sans être extraordinaire, fut relativement importante, on retient :
▪ La restauration du
temple de Khnoum
d’Éléphantine contrôlée par le vice-Roi de Kouch
(Son petit-fils).
▪ L’embellissement du
temple de Bastet dans
sa ville de Bubastis en l’an 22. Il présentait
à l’entrée une nouvelle salle décorée de scènes illustrant sa
fête Sed (ou Heb-Sed) et des images de
la Reine Karoma II. Le portail monumental construit tout en granit fut orné d’une colonnade à chapiteaux hathoriques.
▪ Des travaux de restauration à
Léontopolis.
▪ Des travaux à Tanis,
où il fit prolonger
le temple
d’Amon, ajouter une passerelle et à l’Est de ce
complexe de temples il fit bâtir un autre temple, “Le temple oriental” entre les deux enceintes et un autre pylône.
▪ À Memphis, où il fit
édifier une chapelle funéraire en l’honneur des Dieux de la ville et de son fils le
Prince Sheshonq, qui est située à
l’Ouest du grand temple de Ptah. Elle fut
découverte et identifiée en 1942 par l’égyptologue Égyptien Ahmed Badawy.
Sa sépulture
Osorkon II fut enterré à
Tanis dans le complexe du temple
d’Amon, tombeau NRT I, qui fut découvert
complètement pillé le 27 février 1939 par
Pierre Montet. L’égyptologue indiqua
qu’Osorkon II fut enterré dans un sarcophage massif de granit. Il mit au jour également quelques fragments d’un cercueil
et les vases canopes qui permirent l’identification du souverain. Osorkon II est en parti connu par un magnifique pendentif
d’or et lapis-lazuli, dite “Triade d’Osorkon” ou “Triade Osirienne“, qui se trouve aujourd’hui au
musée du Louvre. Il représente au centre le
Dieu Osiris, à sa gauche
Isis et à droite leur fils
Horus.
Une inscription comporte la titulature du Pharaon.
Sa famille
Osorkon II eut quatre épouses :
• Isetemkheb (ou Isetemhebet ou Isetemhekhbet ou Isiemkheb ou Isetemachbit –
Astmxb) qui lui donna une fille :
▪ Tjesbastperet (ou Tjesbastperu –
nsw.t sA.t Ts BAstt pr.t
"La fille du Roi, Tjesbastperet", qui, selon
Aidan Marc Dodson et
Dyan Hilton serait née à la fin du règne d’Osorkon II et qui épousa son neveu Takélot, Grand Prêtre de
Ptah, fils de son demi-frère
Sheshonq, Grand Prêtre de
Ptah.
• Une femme dont le nom n’est pas connu qui lui donna un fils :
▪
Takélot II (ou Takélot Mériamon –
tklt mri-imn) “Takélot aimé d’Amon” qui succéda à son père de 850 à 825.
Détail d’un relief représentant Osorkon II pendant les cérémonies
de son jubilé – Bubastis – Musée du Louvre
Photo avant retouche :
Wikipédia
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• Djedmoutesânkh (ou Djedmoutiousânkh ou Dyedmutesanj ou Djedmutiues) qui lui donna un fils :
▪
Nimlot II
(nmlt), qu’Osorkon II nomma
Grand Prêtre d’Amon, mais qui se proclama
Roi de Thèbes et Roi
d’Héracléopolis de 855 à 845.
• Karoma II Méritmout (ou Karomama), qui est donnée par quelques
spécialistes, comme
Joyce Anne Tyldesley, comme sa sa sœur. Cette Reine est
principalement connue de scènes du
temple de Bastet à
Bubastis que son époux fit
construire. Elle y est généralement représentée derrière Osorkon II et y porte
notamment les titres de Princesse héréditaire (iryt-pat)
et Épouse du Roi (Hmt-nswt).
Selon Aidan Marc Dodson
et Dyan Hilton, elle donna cinq ou six enfants à Osorkon II :
Trois filles :
▪ [Ta?]lirmer, Karoma (ou Karomama), Tashakhéper (ou Taschacheper) dont on ne sait rien.
Juste sur les deux dernières qui furent peut-être Épouse
d’Amon.
Certains spécialistes assimilent Karoma à la
Divine
Adoratrice d’Amon,
Karoma Méretmout (870-840).
Deux ou trois fils :
▪
Sheshonq qui fut fait Grand Prêtre de
Ptah à
Memphis. Il présida à l’enterrement du 27e taureau
Apis
à Saqqarah.
Sheshonq fut enterré à Saqqarah. Son tombeau fut
découvert en 1942. Un bloc de statue qui lui est attribué donne ses titres et ses
relations familiales, on trouve entre autres : Grand Prince en chef de Sa Majesté, Grand Prêtre Sem de Ptah, Fils
du Grand Roi Seigneur des Deux terres Ousermaâtrê Setepenamon, Fils de Rê.
▪
Hornakht qui fut fait Grand Prêtre
d’Amon à
Tanis, mais qui,
selon
Nicolas Grimal, mourut avant l’âge de 10 ans.
(Voir Hornakht
pour les détails de sa tombe). Karoma II est mentionnée à plusieurs reprises dans sa tombe inviolée.
▪ Karoma II serait, selon certains spécialistes, la mère de
Sheshonq III (ou Sheshonq Mériamon Netjer Heqaiounou –
SSnq mri-imn nTr HqA-iwnw) “Sheshonq l’aimé d’Amon, Dieux
Seigneur d’Héliopolis“, Pharaon de 825 à 773.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur le Pharaon voir les ouvrages de :
Klaus Baer :
– The Libyan and Nubian Kings of Egypt : Notes on the chronology of dynasties XXII to XXVI, pp. 4-25,
JNES 32, N° 1/2, Chicago, Janvier
/ Avril 1973.
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Leiden, 2009 – Peeters, Leuven, 2009.
Gérard P.F.Broekman :
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JEA 88, London, 2002.
Peter A.Clayton :
– Chronicle of the Pharaohs : The reign-by-reign record of the rulers and dynasties of ancient Egypt, Thames and Hudson,
New York, 1994, 1996, Novembre 2006 et janvier 2007 – American University in Cairo Press, Le Caire, 2006 – En Français, avec
Florence Maruéjol, Chronique des pharaons : L’histoire règne par règne des souverains et des
dynasties de l’Égypte ancienne, Casterman, Paris, 1994 et 1995.
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
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– Handbook of ancient egyptian chronology, Handbook of Oriental Studies : Section 1, the Near & Middle East,
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Karl Jansen-Winkeln :
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Kenneth Anderson Kitchen :
– The third intermediate period in Egypt (1100-650 BC), 3rd Édition. Warminster :
Aris Phillips Limited, Warminster, 1996.
Robert Kriech Ritner :
– The Libyan anarchy : Inscriptions from Egypt’s Third Intermediate Period,
Society of Biblical Literature, Atlanta, 2009.
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– The Sed-Festival of Osorkon II at Bubastis – New Investigations, The
Libyan Period in Egypt. Historical and chronological problems of the Third
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Henri Edouard Naville :
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Kegan Paul, London, 1892.
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– Lexikon der Pharaonen, Artemis, Zuürich, 1994 – Avec Arne
Eggebrecht, Deutscher Taschenbuch, München, 1996 – Artemis & Winkler,
Düsseldorf, 1997 – Albatros, Düsseldorf, 2002.
Martin Sieff :
– The Libyans in Egypt : Resolving the third intermediate period,
Catastrophism & Ancient History, Los Angeles, 1986.
Serop Simonian :
– Untersuchungen zum Bilderschmuck der ägyptischen Holzsµärge der XXI.-XXII. Dynastie,
Éditeur inconnu, Göttingen, 1973-1974.
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