Plan de la ville – Simon James
University of Leicester, School of Archeological Studies |
Archéologie
Les fouilles effectuées sur le site
ont permis de découvrir que la construction de Doura avait été faite sur le model des grandes villes de l’époque, selon un plan
Hippodamien. Elle s’étendait, à l’intérieur de ses remparts, sur une surface de 75 hectares et était aménagée autour d’une vaste agora centrale. La plupart des
vestiges actuellement visibles sur le site sont d’époque Romaine. Bien que l’existence de Doura Europos a longtemps été connue par le biais de sources
littéraires, elle n’a pas été retrouvée jusqu’à ce que les troupes Britanniques, sous les ordres du capitaine Murphy, y fassent la première découverte au cours
de la révolte arabe, au lendemain de la Première Guerre Mondiale.
Le 30 Mars 1920, un soldat qui était en train de creuser une tranchée découvre des mosaïques et des peintures murales. L’archéologue Américain
James Henry Breasted fut le premier sur le site. Des fouilles
majeures furent effectuées dans les années 1920 et 1930 par des équipes Française et Américaines. Le premier archéologue à identifier le site avec Doura Europos
et en faire la publication en 1922/1923, fut Franz Cumont. Plus tard, des campagnes de fouilles furent renouvelées, dont celle de Michael Rostovtzeff, qui
continua jusqu’en 1937. La Seconde Guerre Mondiale malheureusement stoppa les recherches. Depuis 1986, les fouilles ont repris grâce à une coopération
Franco-syrienne, la Mission Franco-syrienne d’Europos-Doura (MFSED), dirigée par Pierre Leriche, Directeur de recherche au CNRS (Paris).
Fresque d’Abraham dans la Synagogue
|
Outre les recherches archéologiques, la mission mena une politique de conservation, de mise en valeur et de
présentation du site. Celui-ci comporte désormais une salle d’exposition installée dans des "Maisons Romaines" reconstruites à l’identique
suivant les techniques de construction utilisée dans l’Antiquité. La mission a mis au jour, étonnamment bien conservées, les armes et les armures de
la garnison Romaine à l’époque du dernier siège
Sassanide de 256. On y trouve aussi des boucliers en bois peint et une armure complète de cheval.
Fresque de la synagogue, Scène du
livre d’Ester |
Doura Europos était une société, contrôlée par une aristocratie descendant des colons
Macédoniens. Au cours des fouilles, plus d’une centaine de parchemins
et de fragments de papyri et de nombreuses inscriptions ont révélé des textes en
Grec et en Latin, en
Araméen, en
Hébreu, en Syriaque, en
Palmyrénien et même en Pahlavi (ou Pahlevi) qui témoignent de la présence
d’Iraniens. Après l’attaque de 253 ap.J.C, par le Roi
Perse Sassanide
Châhpûhr I (ou Shapur, 241-272), afin d’assurer leur défense, les Romains renforcèrent la digue et les murs de la ville.
C’est la raison pour laquelle on trouve aujourd’hui le bon état de conservation des bâtiments et de leurs fresques qui est dû à
leur emplacement, à proximité du mur principal de la cité, à l’Ouest. Les
Sassanides, lors de leur attaque de la ville en 256, creusèrent des trous dans ces murs afin de les affaiblir.
Cependant, en tant que contre-mesure, la garnison Romaine avait décidé de sacrifier la rue et les bâtiments le long du
mur en les remplissant de gravats pour renforcer le mur, de sorte que la chapelle Chrétienne, la synagogue, le Mithraeum et de nombreux autres bâtiments
furent ensevelis. Ils avaient également renforcé les murs de l’extérieur avec un monticule de terre formant un glacis et scellé avec une enveloppe de briques
de terre pour empêcher l’érosion.
La maison de l’église avec l’espace d’une chapelle sur la droite |
La maison Chrétienne
Cette
"maison Église" ou "maison Chrétienne" a été identifiée comme la première maison de l’église Chrétienne. Elle est située près de la
17e tour et fut conservée, avec la synagogue, lors de l’opération défensive que menèrent les Romains en 256 ap.J.C. La présence de ce bâtiment au milieu
d’une grande ville de garnison Romaine révèle que l’histoire de l’Église primitive n’était pas simplement une histoire de la persécution païenne.
Les fresques de la salle de baptistère qui ont survécu, sont probablement les plus anciennes peintures de la Chrétienté. On peut voir des fresques nommées :
"Bon Pasteur", "la guérison du paralytique", "le Christ et Pierre marchant sur l’eau".
Ces premières représentations de Jésus-Christ remontent à 235 de notre ère. Une bien plus grande fresque représente deux femmes
(Probablement même trois) près d’un grand sarcophage. Le nom de Salomé a été peint près de l’une d’elles. Il y avait également des fresques d’Adam et Eve,
ainsi que de David et Goliath. Les fresques suivent
clairement la tradition iconographique Hellénistique Juive, mais elles sont plus grossièrement faites que les peintures à proximité de la synagogue.
Des fragments de rouleaux de parchemin en
Hébreu et des textes ont également été découverts.
Entrée d’une grande piscine utilisée
comme& baptistère – maison Chrétienne |
La synagogue
La synagogue est située à l’Ouest près
du mur entre les tours 18 et 19. Elle est datée par une inscription en Araméen
de 244 ap.J.C. Elle est la mieux conservée des nombreuses synagogues de l’époque qui ont été découvertes par les archéologues. Sa conservation vient du fait,
comme pour la maison Chrétienne, d’avoir été remplie avec de la terre pour renforcer les fortifications de la ville lors de l’agression
Sassanide en 256.
Elle fut découverte en 1932 par Clark Hopkins, qui constata que celle-ci avait de jointe une maison dont les murs
étaient décorés de fresques représentant des personnes et des animaux. Dans un premier temps, il l’a confondu avec un temple
Grec. Les peintures de la synagogue qui nous donnent le récit du cycle
Biblique sont conservées au musée de Damas, avec une armure de
cheval Romain.
Vue de la grande piscine – Maison Chrétienne |
Le Mithraeum
Il y avait un Mithraeum, comme on
pourrait s’y attendre dans une ville militaire Romaine. Situé près de la tour 2, il fut aussi en partie préservé lors de l’opération défensive que menèrent
les Romains en 256 ap.J.C. Il fut mis au jour en Janvier 1934 après des années de recherche pour savoir si Doura révélait des traces du culte de la Mithra
Romaine. Bien qu’il ne reste plus grand chose de la grotte artificielle, la zone du sanctuaire s’est avérée être très intéressante.
Il y avait un relief typique, montrant le meurtre du taureau, qui se trouve dans la plupart des Mithraeum Romains, cependant toutes les
images de Mithra portaient un costume Parthe. Clark Hopkins suppose
que le Mithraeum de Doura est notre meilleur exemple de la période intermédiaire entre le culte
Parthe et Romain. (Le culte de Mithra est généralement
considéré comme un phénomène Romain). Les premières traces d’un temple datent entre 168 et 171 ap.J.C, c’est-à-dire durant l’occupation Romaine,
mais les peintures sur les murs sont résolument dans le style Parthe.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
Jennifer A.Baird :
– The inner lives of ancient houses : An archaeology of Dura-Europos, Oxford University Press, Oxford, 2014.
Roberto Bertolino :
– Corpus des inscriptions semitiques de Doura-Europos, Istituto orientale di Napoli, Napoli, 2004.
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– Graffiti and Dipinti, pp : 89-97, Excavations at Dura-Europos, Final Report VIII, Part II. The Christian Building New Haven, 1967.
Lisa R.Brody et Gail L.Hoffman :
– Dura-Europos : Crossroads of antiquity, Yale University Art Gallery, McMullen Museum of Art, Boston College, Chicago,
the University of Chicago Press, Chestnut Hill, 2011.
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– Doura Europos sur l’Euphrate, Bonne Presse, Paris, 1966.
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– The Greek and Roman pottery, Yale University Press, New Haven, 1949.
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– New studies on the Seleucids, Jagiellonian University Press, Kraków, 2011.
Lucinda Dirven :
– The Palmyrenes of Dura-Europos. A Study of religious interaction in Roman Syria, E.J.Brill, Leiden, 1999.
Marie-Emmanuelle Duchâteau et Pierre Leriche :
– Les divinités d’Europos-Doura : Personnalité et identité : (301 av. N.È.-256 de N.È.),
Librairie Orientaliste Paul Geuthner, Paris, 2013.
Robert Du Mesnil Du Buisson :
– Les peintures de la synagogue de Doura-Europos, 245-256 ap.J.C, Pontificio Istituto Biblico, Rome, 1939.
– Inventaire des inscriptions palmyréniennes de Doura-Europos (32 avant J.-C. à 256 après J.-C.),
Librairie Orientaliste Paul Geuthner, Paris, 1939.
Peter Edwell :
– Between Rome and Persia : The middle Euphrates, Mesopotamia and Palmyra under Roman control,
Collection : Routledge monographs in classical studies, Routledge, London, 2008.
Clark Hopkins et Bernard Goldman :
– The discovery of Dura-Europos, Yale University Press, New Haven, 1979.
Simon James :
– The excavations at Dura Europos 1928-1937. Final report VII, The arms and armour and other military equipment,
Yale university, New Haven, The British Museum Press, cop., London, 2004. Pierre Leriche et Mathilde Gelin :
– Doura Europos : Études 1986, I, Librairie orientaliste Paul Geuthner, Paris, 1986.
– Doura Europos : Études, 1988, II, Librairie orientaliste Paul Geuthner, Paris, 1988.
– Doura Europos : Études, 1990, III, Librairie orientaliste Paul Geuthner, Paris, 1992.
Pierre Leriche, Mathilde Gelin et Pierre Leriche :
– Doura-Europos Etudes 1991-1993, IV, Institut Français du Proche-Orient (IFAPO),
Librairie Orientaliste Paul Geuthner, Paris, 1993 – Beyrouth, 1997.
– Doura-Europos Etudes 1994-1997, V, Mission franco-syrienne de Doura-Europos, Librairie Orientaliste Paul Geuthner, Paris, 2004.
Pierre Leriche, Gaèlle Coqueugniot et Ségolène de Pontbriand :
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Michael Ivanovitch Rostovtzeff :
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– Dura Europos A city for everyman, Twopenny Press, Diss, Norfolk, 2014.
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